La pétition contre la loi Duplomb connaît un succès surprenant, plus 1 400 000 signataires, et ce n’est pas terminé sur le site de l’Assemblée nationale. Rappelons que cette loi autorise la réintroduction sous condition d’un pesticide, utilisé par les producteurs de betteraves et de noisettes. La gauche promet de maintenir la pression, même si le débat parlementaire provoqué par cette mobilisation sera sans vote. Marine Le Pen, elle-même, se dit favorable à un débat au parlement. On en parle avec : Léa Balagel El Mariky, députée Écologiste et Social de Paris, porte-parole du groupe à l’Assemblée. Loïc Kervran, député Horizons du Cher. Et Daniel Labaronne, député Ensemble pour la République d’Indre-et-Loire.
00:00Maintenant on va parler du succès d'une pétition, succès surprise à pétition contre la loi Duplon.
00:06Plus d'un million quatre cent mille signataires et ce n'est pas terminé sur le site de l'Assemblée nationale.
00:12Rappelons que cette loi Duplon autorise la réintroduction sous condition d'un pesticide
00:17utilisé par les producteurs de betteraves et de noisettes.
00:21La gauche promet de maintenir la pression, même si le débat parlementaire provoqué par cette mobilisation sera sans vote.
00:27Marine Le Pen elle-même se dit favorable à un débat au Parlement.
00:31On va découvrir d'ailleurs la réaction de la chef de file des députés RN à l'Assemblée nationale.
00:37Elle est favorable au débat mais elle veut un débat pour justement contrer ce qu'elle appelle la bouillie gauchiste
00:44qui salit la science et manipule les inquiétudes légitimes des peuples.
00:48J'en parlerai tout à l'heure d'ailleurs avec mon invité, l'ancienne ministre de l'Environnement, Ségolène Royal.
00:51On va ouvrir le débat avec mes invités.
00:54Loïc Carverand, bonsoir.
00:55Vous êtes députée Horizon du Cher.
00:57Bonsoir Léa Ballage L. Mariki, députée écologiste sociale de Paris.
01:01Tout d'abord sur le succès de cette pétition.
01:03Vous y attendez quand même 1,4 million.
01:06Écoutez, je crois que oui.
01:09On s'y attendait parce qu'on a vu tellement de reculs environnementaux.
01:14De reculs sur la question de la protection des enfants, sur la pollution de l'air par exemple.
01:20Des reculs environnementaux sur simplement l'argent qu'on peut mettre pour aboutir à une transition écologique qui soit juste dans toutes les collectivités territoriaires.
01:28Il y a une telle colère qui s'exprime dans le pays qu'il est normal que les gens s'informent, débattent et se mobilisent.
01:35C'est une très belle chose cette pétition.
01:37Moi, ça me rappelle un peu l'affaire du siècle qui avait été une pétition signée à près de 2 millions de personnes, un peu plus de 2 millions de personnes,
01:44qui se mobilisait aussi pour que le climat soit mis au cœur de l'agenda politique français.
01:51Et là encore, on a une très belle mobilisation citoyenne autour de la question environnementale.
01:55Et donc, on s'y attendait.
01:56Et je crois que ça va continuer tout l'été.
01:58– Alors, ça va aboutir à quoi ? Vous qui êtes député, expliquez-moi.
02:01Parce qu'il y a une pétition, on nous dit qu'on pourrait faire un débat organisé.
02:05Alors, ce n'est pas encore évident parce qu'il faut qu'une commission valide,
02:08qu'ensuite les présidents de groupe l'acceptent.
02:10Donc, il y aurait de nouveau un débat à l'Assemblée, mais il n'y aurait pas de vote.
02:13– Non, un débat sans vote.
02:15– Ça sert à quoi ?
02:16– Si vous le permettez, déjà, je pense qu'il y a besoin sans doute aussi de ce débat.
02:20Parce que moi, ce que je déplore, c'est l'état justement du débat démocratique sur le sujet.
02:24Et j'en veux un petit peu à la gauche là-dessus.
02:25Parce que vous savez, moi, on m'écrit et on me souhaite d'avoir le cancer.
02:30On souhaite à mes enfants d'avoir le cancer.
02:32– Parce que vous avez voté la loi du plomb ?
02:33– Parce que j'ai voté la loi du plomb.
02:35On placarde des affiches dans ma commune et dans celle où mes enfants allaient à la crèche et à l'école, etc.
02:39C'est vraiment un niveau de débat démocratique et un nombre de fake news
02:43et d'utilisation de l'émotion et de ce thème du cancer qui est insupportable.
02:49– Mais quels, par exemple ?
02:51– On dit par exemple que ce pesticide qui s'appelle l'acétamipride peut donner le cancer.
02:57– Par exemple, il n'y a aucune étude fiable qui démontre le lien entre l'acétamipride et un effet qui soit cancérigène pour l'être humain.
03:08Ça, c'est un des exemples.
03:10Même chose sur la question des abeilles.
03:11– Ah oui, les apiculteurs, ils sont vendebots parce qu'ils disent que ça tue les abeilles.
03:15C'est un tueur d'abeilles ce pesticide.
03:16– Mais l'ESSA, donc l'organisme européen, qui d'ailleurs c'est la base,
03:20c'est pour ça que c'est autorisé dans tous les autres pays européens
03:22et d'ailleurs dans la plupart des pays du monde,
03:24a revu l'ensemble des études scientifiques.
03:26C'est un boulot énorme qui a été fait.
03:28Et il n'y a rien qui démontre un effet sur le cancer chez l'être humain.
03:33– Donc on joue avec nos peurs ?
03:35– Je crois qu'effectivement, je crois qu'on joue avec nos peurs.
03:38Moi, je pense qu'une partie de la crèche…
03:40– Ça marche, 1,4 million ?
03:41– Bien sûr, mais parce que la peur, ça marche.
03:43C'est un moteur puissant en politique.
03:44Et une partie de la classe politique est en train de se refaire une santé
03:47sur la base de ces peurs et d'arguments qui sont aberrants
03:50d'un point de vue scientifique.
03:51– Alors les fake news que vous, visiblement, déployez ?
03:55– Il n'y a aucune fake news en réalité.
03:57Cette loi, elle a été écrite pour les lobbies et contre la science.
04:00La science nous dit très clairement, ce sont plus de 1000 médecins,
04:04ce sont les chercheurs du CNRS qui nous disent que ce pesticide,
04:08l'acétamipride, traverse la barrière placentaire,
04:11a un incident sur le neurodéveloppement des fœtus et des bébés à naître.
04:16Il y a, là où on utilise beaucoup de pesticides,
04:18des cancers pédiatriques qui se développent le plus.
04:21Je crois que lorsqu'on autorise ou non une substance toxique,
04:25on doit appliquer un principe qui est très simple,
04:27celui du principe de précaution.
04:29– Et pourquoi il n'y a que nous que l'appliquons alors ?
04:30– Alors, je vais en venir sur la dimension européenne.
04:33Quels sont les bénéfices ? Quels sont les risques ?
04:36Et ensuite, sur la question européenne.
04:38Cette agence européenne que vous citez, elle ne dit pas qu'il n'y a pas de danger.
04:41Elle dit qu'il faut pouvoir mener des études complémentaires.
04:43Et je crois que l'honneur de la France, c'est plutôt d'être à l'avant-poste,
04:46à l'avant-garde de la protection de notre…
04:47– Quitte à sacrifier des agriculteurs et leurs revenus.
04:51– Alors, deux éléments.
04:54La première question, est-ce qu'il y a des alternatives ?
04:57Oui, pour toutes les autres filières qui utilisaient l'acétamiepride
05:00avant son interdiction effective en 2020.
05:03Entre 2020 et 2025, ces filières se sont engagées
05:06avec des transitions de leur agriculture.
05:08– Oui, mais les producteurs de noisettes et de betteraves
05:10disent qu'il n'y en a pas pour l'instant pour leur production.
05:12– Ce qui est partiellement faux, notamment sur la question des betteraves,
05:15puisque ces pucerons qui véhiculent des virus, c'est un peu technique,
05:18mais en fait, on peut réduire la charge virale des espaces,
05:21notamment en détruisant les stocks de betteraves de l'année précédente.
05:24– Est-ce que vous entendez quand même le fait que c'est le travail des gens ?
05:27– Bien sûr, bien sûr.
05:28Et moi, j'aurais préféré que cette loi,
05:31elle porte sur un revenu décent des agriculteurs.
05:33Il y a une proposition de loi qui fixe un prix plancher
05:38qui avait été adopté à l'Assemblée nationale.
05:40Le Sénat, la droite sénatoriale, aurait très bien pu reprendre cette loi.
05:44– Oui, mais on est en concurrence.
05:45– La concurrence, c'est la noisette turque ou italienne.
05:50– Non, mais là, en l'occurrence, c'est qu'on parle de souveraineté alimentaire.
05:54Est-ce qu'on est capable de produire en France pour consommer en France de manière…
05:58– Si vous interdisez tout, visiblement…
06:00– Non, on peut produire plus de 130…
06:02– On produit moins en moins en France.
06:03– Non, ceci est totalement faux.
06:05– Les noisettes, si.
06:06– Non, on peut produire plus de 130% de nos besoins.
06:09On a la surface agricole pour pouvoir le faire.
06:11– Le problème, c'est qu'on se retrouve avec des cultures qui sont extrêmement fragiles
06:16d'un point de vue du réchauffement climatique et fragiles aussi parce que…
06:18– Oui, mais vous ne répondez pas sur le problème de la concurrence éloyale.
06:20– Et sur la question, alors si, les écologistes, par exemple,
06:23ont toujours été contre le traité où il n'y a pas de close miroir.
06:25– Vous n'empêcherez pas les noisettes italiennes de venir chez nous ?
06:28– Mais est-ce qu'on peut protéger nos sols ?
06:30Est-ce qu'on peut protéger l'eau que nous buvons ?
06:33– Et moi, j'ai un enfant comme vous, monsieur…
06:35– On a tous des enfants, je ne sais pas avec ça, parce qu'on a tous des enfants.
06:38– Exactement, et on mange des noisettes avec de l'acétamipride,
06:42on préférerait qu'elles soient bio.
06:43Et bien en fait, quand on se pose cette question, on le souhaite aussi pour tout le monde.
06:46– Mais le bio, ça ne marche pas, ça coûte trop cher.
06:48– Mais c'est pas vrai, ça ne coûte pas trop cher, ça coûte ce qui est…
06:51– Le Nutella bio, ça coûte le même prix que le Nutella normal.
06:53– Alors je ne vais pas vous parler de Nutella, mais par contre…
06:57– C'est là où les enfants en mangent ?
06:58– Le secteur est ultra-conventionné et ultra-financé par le niveau européen.
07:03– Le souci qu'on a aujourd'hui, moi, l'impression que j'ai,
07:07c'est que l'écologie est utilisée contre une arme, contre ceux qui nous nourrissent aujourd'hui.
07:11Parce que même, admettons, l'acétamipride, madame,
07:14visiblement a une attention extrêmement forte sur cette molécule-là.
07:19Mais le premier usage, ce n'est pas agricole, c'est domestique,
07:23c'est ce que vous utilisez pour lutter contre les fourmis, les cafards,
07:25c'est le collier antipuce du chien, etc.
07:29Moi, je n'ai pas vu madame Balagène-Mariki ou d'autres se mobiliser
07:33contre ces utilisations-là, qui sont les premières utilisations en France,
07:36où vous avez les enfants qui mettent leurs mains dans le pelage des animaux, etc.
07:40Et donc la question que je me pose, c'est,
07:41est-ce que madame a un problème avec la molécule acétamipride
07:44ou est-ce qu'elle a un problème avec nos agriculteurs ?
07:46C'est ça la question qui est.
07:47Est-ce qu'on veut que nos agriculteurs, ils puissent continuer à produire en France ?
07:52Après, il faut essayer de trouver un remplaçant à ce pesticide.
07:55Il faut s'en donner les moyens aussi, il faut faire de la recherche.
07:57Bien sûr, mais vous savez qu'aujourd'hui, et vous le disiez vous-même tout à l'heure,
08:01il y a toute une série de choses qu'on ne sait pas faire autrement.
08:04Et la seule chose qu'on sait faire autrement, c'est importer des produits
08:06qui sont traités non seulement avec ça, mais en plus avec d'autres pesticides.
08:10On parlait des menaces qui pèsent sur les députés,
08:13notamment ceux qui ont voté pour cette loi du plomb.
08:18C'est le cas de Daniel Labaronne qui est avec nous,
08:20député Ensemble en République d'Indre-et-Loire.
08:22Bonsoir, monsieur le député.
08:23Oui, bonsoir.
08:24Qu'est-ce que vous est arrivé, en fait ?
08:27Écoutez, j'ai été la cible d'attaques, de menaces, d'insultes et d'affiches
08:33disant que je mettais en danger la vie d'autrui à propos d'un vote relatif à un pesticide.
08:41Or, l'acétamipride n'est pas un pesticide, c'est un produit qui lutte contre les pucerons,
08:47donc c'est un insecticide.
08:49Donc déjà, il y a une confusion au niveau de l'affiche elle-même.
08:54D'accord, mais une fois qu'on a dit ça, on voit bien qu'il y a eu un manque de débat à l'Assemblée nationale.
08:58Sinon, la pétition ne marcherait pas aussi bien.
09:01Le problème, c'est que ces insultes sont le prolongement de ce que nous vivons tous les jours à l'Assemblée nationale.
09:09C'est-à-dire que nous sommes en permanence victimes d'outrages, victimes d'insultes,
09:16parce que nous ne pensons pas comme certains qui veulent imposer leur point de vue dans le débat politique.
09:23Moi, j'en appelle à plus de respect des élus de la République que nous sommes.
09:27Nous sommes les représentants de la nation et je pense que nous pourrions avoir un débat plus apaisé
09:32si nous considérions que la science doit être au cœur de notre projet politique.
09:40Et ce que j'entends de ma collègue députée écologiste, c'est tout sauf de la science.
09:44– Bah si, elle dit justement qu'elle a des études scientifiques qui lui donnent raison.
09:49Alors c'est en fait chacun ses études en fait, on a du mal à s'y retrouver.
09:52– Non, non, ce n'est pas chacun ses études.
09:54Nous avons en France une agence très très rigoureuse de la sécurité sanitaire et alimentaire
10:01qui autorise cette molécule qui, comme le disait mon collègue Loïc Carvran,
10:08qui n'a pas démontré de toxicité de l'acétamépride.
10:12Par conséquent, on fait un faux procès en définitive à ce vote de la loi Duplon.
10:18Et en fin de compte, tout cela parce que ce sont les agriculteurs qui l'utilisent.
10:23Et on voit bien la démarche qui consiste à s'acharner contre ceux qui nourrissent notre pays,
10:29qui font des efforts considérables en matière de protection de l'environnement.
10:33Nous avons l'agriculture la plus durable des pays européens.
10:36Malgré cela, les agriculteurs sont victimes d'un acharnement de la part de l'extrême gauche
10:41et des écologistes qui ne veulent pas en définitive que notre pays ait une souveraineté alimentaire
10:47nous permettant de s'acheter de nos importations venant de tous les pays européens
10:52qui utilisent en particulier cette molécule, qu'ils interdisent.
10:56D'accord. Merci, M. le député. Merci, M. le député.
10:59On va continuer d'en parler puisque dans un instant,
11:01je recevrai l'ancienne ministre de l'Environnement, Ségolène Royal.
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