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  • il y a 5 mois
La pétition contre la loi Duplomb et sa mesure très contestée de réintroduction d'un pesticide a atteint l'objectif des 500.000 signatures sur le site de l'Assemblée nationale, l'une des plus plébiscitées de l'histoire. Elle rouvre donc la voie à une discussion sur le bien-fondé de cette loi mais pas à son réexamen. On en parle avec : Mathieu Coache, journaliste politique de BFMTV. Et Benoît Biteau, député "Les Ecologistes" de Charente-Maritime, agriculteur.

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Transcription
00:00Elle avait été lancée le 10 juillet dernier.
00:02Une pétition contre la loi Duplon totalise actuellement plus de 500 000 signatures
00:06sur le site de l'Assemblée nationale.
00:08Loi adoptée le 8 juillet du nom du sénateur Laurent Duplon.
00:12Et elle vise à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur.
00:15On va en reparler avec vous, Mathieu Coache.
00:17Merci d'être avec nous, journaliste au service politique de BFMTV.
00:21De quoi parle-t-on très précisément tout d'abord, Mathieu ?
00:24Alors d'abord, c'est l'une des pétitions les plus plébiscitées de l'histoire.
00:27On en est à 549 000 signatures.
00:31A chaque fois que je réactualise, il y en a 5 000 de plus.
00:33C'est assez impressionnant.
00:35Et le député qui était avec nous nous disait que tout ça était sécurisé.
00:38D'ailleurs, la page de cette pétition, elle est régulièrement inaccessible.
00:42La loi en question, elle a été adoptée le 8 juillet.
00:45Et elle prévoit la réintroduction d'un pesticide qui est interdit en France,
00:49mais qui est autorisé en Europe jusqu'en 2033, dans d'autres pays d'Europe.
00:53Ce pesticide, il est donc réclamé par des agriculteurs,
00:56notamment les producteurs de betteraves ou de noisettes,
00:59qui disent ne pas avoir d'option contre les ravageurs
01:03et subir de fait une concurrence déloyale.
01:06Mais cette pétition qui a été lancée seulement deux jours plus tard
01:09après l'adoption de la loi par une étudiante en master de 23 ans,
01:12elle dit que cette loi représente une attaque contre la santé publique,
01:16contre la biodiversité et contre la cohérence des politiques climatiques.
01:21Les choses, vous le voyez, sont allées extrêmement vite.
01:23Qu'est-ce que ça peut changer ?
01:25Parce qu'on se dit que c'est inédit sur le site de l'Assemblée nationale,
01:28mais aussi à l'Assemblée nationale, cette pétition qui a franchi les 500 000 signatures.
01:34Voilà, un demi-million de personnes, c'est vrai que c'est pas mal.
01:36Mais potentiellement, il ne va pas se passer grand-chose, Anne.
01:39D'abord parce qu'il va falloir vérifier que les signatures sont issues
01:42d'au moins 30 départements ou collectivités d'outre-mer.
01:45Ça, c'est la règle pour que ça bouge un peu.
01:48Et ensuite, si c'est le cas, la conférence des présidents de l'Assemblée nationale
01:52peut décider, si elle le souhaite, d'organiser un débat en séance publique.
01:56Mais attention, c'est seulement la pétition qui sera débattue.
01:59La loi, elle, ne sera pas examinée sur le fond, encore moins abrogée.
02:03Les députés, ils peuvent aussi tout simplement classer cette pétition,
02:06faire comme si elle n'existait pas, ils n'ont aucune obligation.
02:09Alors, il y a quand même une autre carte qui va se jouer,
02:12c'est vis-à-vis du gouvernement.
02:13Parce que vous savez qu'Emmanuel Macron est très fâché
02:17contre l'Assemblée nationale qui détricote son bilan écologique.
02:21C'est ce qu'il dit, en tout cas, depuis plusieurs semaines.
02:23Donc, il pourrait, à travers cette pétition,
02:26essayer peut-être de s'adresser aux Français,
02:29de faire quelque chose pour cette pétition
02:32et pour qu'elle soit entendue.
02:33On va voir ça. On en parle avec vous.
02:35Merci Mathieu.
02:36On en parle avec vous, Benoît Abito.
02:37Vous êtes député et vous êtes agriculteur,
02:40député écologiste et social de la Charente-Maritié.
02:43Vous vous présentez comme agriculteur paysan bio.
02:45Une réaction tout d'abord à la popularité de cette pétition.
02:50Oui, merci de votre invitation.
02:52Oui, la popularité est assez incroyable
02:54parce qu'on avait prévenu la ministre de l'Agriculture
02:56que décider de politique agricole
02:59uniquement avec le monde agricole,
03:01dans la sphère agricolo-agricole,
03:02sans jamais convoquer les attentes sociétales,
03:05les attentes citoyennes.
03:06Parce que quand on parle d'agriculture,
03:07on parle de l'alimentation de tout le monde.
03:09On parle de l'eau qu'on boit tous les jours.
03:11On parle de l'air qu'on respire à chaque instant.
03:13On parle de la nourriture qu'on met dans nos assiettes.
03:15Et on parle aussi de beaucoup d'argent public.
03:17C'est-à-dire que les citoyens ont leur mot à dire
03:19sur les orientations des politiques publiques
03:21parce que la PAC, c'est 10 milliards d'euros
03:24affectés au monde agricole.
03:26Et parce qu'une fois qu'on a utilisé cet argent public
03:28avec des pratiques agricoles qui dégradent la nourriture,
03:31qui dégradent l'eau, qui dégradent l'air,
03:33qui dégradent la santé,
03:34il faut engager des politiques publiques extrêmement coûteuses
03:36pour réparer la ressource en eau,
03:38pour réparer la biodiversité
03:39et pour réparer aussi la santé de ceux qui sont victimes.
03:44Et donc, il fallait installer un débat de société.
03:48Madame Gennevard, ministre de la Culture,
03:49a préféré préparer cette loi
03:51uniquement avec le monde agricole.
03:53Et on voit où ça nous mène.
03:54C'est-à-dire qu'on avait dit
03:55qu'il ne fallait pas faire ça
03:57sans consulter la société et les citoyens.
04:01et en vérité, elle a fait l'exact inverse.
04:04Et donc voilà, le retour de bâton, il est là.
04:05C'est ce qu'on appelle un effet stressant.
04:07C'était prévisible.
04:08Je lui ai dit à la tribune
04:09quand j'ai pris la parole.
04:11Benoît Biteau, on reviendra justement
04:13sur ce que ça peut changer.
04:14Mais tout d'abord, il faut bien expliquer
04:15aux téléspectateurs qui nous regardent
04:16qu'il y a une mesure justement
04:18qui fait beaucoup parler.
04:19C'est la réintroduction d'un pesticide,
04:22l'acétamipride,
04:23pesticide de la famille des néonicotinoïdes
04:26interdit en France mais autorisé en Europe.
04:28C'est ça vraiment le cœur du sujet.
04:29Qu'est-ce que ce pesticide peut changer
04:32si vous, vous le réintroduisez ?
04:34Est-ce que vous ne nous ferez pas
04:34parce que vous êtes agriculteur bio ?
04:35Mais qu'est-ce que vous vous dites ?
04:37Est-ce que s'il a été interdit justement en France
04:40avant qu'il soit autorisé en Europe,
04:42c'est qu'il y avait de bonnes raisons ?
04:44Alors ce qui s'est passé sur les néonicotinoïdes,
04:46c'est déjà la réglementation
04:48qu'a mis la France en place dès 2016
04:51qui a fait que la majorité des pesticides
04:53de la famille des néonicotinoïdes
04:55ont été interdits en Europe.
04:56L'acétamipride est encore autorité
04:58mais je veux apporter une petite nuance.
05:01L'acétamipride est inscrit sur la liste des produits
05:05à substituer.
05:07Ça veut dire que l'EFSA,
05:08l'Agence sanitaire européenne,
05:10dit que cette molécule est dangereuse,
05:12que pour le moment,
05:13on n'a pas trouvé de bonne raison
05:15de l'interdire.
05:16Sauf que là,
05:16il y a une réouverture du dossier
05:18depuis décembre
05:19qui risque de l'interdire
05:21bien avant 2033.
05:22et de toute façon,
05:24le constat est que cette molécule est dangereuse.
05:26On parle d'une molécule
05:27qui franchit la barrière placentaire.
05:29On parle d'une molécule
05:30qu'on trouve dans le liquide
05:31rachidocéphalien
05:32des enfants
05:33qui ont des troubles de croissance,
05:35qui ont des troubles de développement.
05:37Donc, on est en train
05:37de mettre en danger
05:38la santé de nos concitoyens
05:40au premier rang desquels
05:42les enfants.
05:42Et pour les agriculteurs,
05:44en vérité,
05:45quand on essaie de chercher
05:46des alternatives
05:47à l'acétamipride,
05:48ce n'est pas la recherche
05:49d'une autre molécule,
05:50c'est de mettre en place
05:51les infrastructures agroécologiques.
05:52Pour les betteraves,
05:53par exemple,
05:54il faut remayer les parcelles,
05:56replanter des...
05:57faire des parcelles
05:58qui font environ 7 hectares
06:00en courrier de haies
06:01avec des arbres au milieu,
06:02ce qu'on appelle
06:03de l'agroforesterie,
06:04qui créent les conditions
06:05d'hébergement,
06:06des chrysopres
06:07qui prédatent les pousserons,
06:08des cyrphes
06:09qui sont des petites abeilles
06:10qui prédatent les pousserons.
06:12Et des coccinelles
06:13que tout le monde tourne.
06:14Et donc,
06:15les alternatives existent.
06:17Et c'est dommage
06:17que Mme Genevert
06:18ne travaille qu'avec ceux
06:20qui sont en addiction
06:21avec les pesticides.
06:22Merci Benoît Huitaud.
06:23Et on verra
06:23si la conférence des présidents
06:24de l'Assemblée nationale
06:24décidera d'organiser ou pas
06:26un débat en séance publique
06:27puisque,
06:28et Mathieu nous le disait,
06:29Mathieu Coche,
06:30seule la pétition est débattue
06:31et la loi ne sera pas réexaminée.
06:33C'est ça Mathieu ?
06:33Effectivement.
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