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  • 15/07/2025
Pierre-Antoine Capton, président du groupe audiovisuel Mediawan, était l'invité de France Inter mardi 15 juillet, au lendemain de la mort de Thierry Ardisson.

Retrouvez « L'invité de 7h50 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00Notre invité est l'un des producteurs les plus puissants dans le monde du divertissement.
00:04Président du groupe MediaOne, premier groupe audiovisuel indépendant en Europe.
00:0780 sociétés de production, plus d'un milliard et demi d'euros de chiffre d'affaires.
00:12À la télé et sur les plateformes, ce sont les émissions C'est dans l'air ou C'est à vous,
00:17les séries HPI ou Adolescence, au cinéma Le Conte de Monte Cristo, L'Amour Ouf ou F1,
00:23l'un des cartons de l'été avec Brad Pitt en pilote de Formule 1 vieillissant.
00:27Pierre-Antoine Capeton, bonjour.
00:28Bonjour Timon.
00:29On va parler de tout cela évidemment, mais d'abord un mot de Thierry Ardisson qui nous a quitté hier à 76 ans,
00:35monument de la télé. Qu'est-ce que vous retenez ? Quelles traces il laisse dans l'histoire de la télé française ?
00:41C'est une page qui se tourne aujourd'hui avec le départ de Thierry.
00:44On a tous été très émus hier en apprenant sa mort.
00:46D'abord il a réussi à produire son départ jusqu'au bout puisqu'il avait donné aux journalistes une liste d'invités à contacter pour son départ.
00:54C'était la personne la plus créative de la télévision.
00:58Il était extrêmement exigeant.
01:01Vous n'aviez pas réussi votre carrière dans l'audiovisuel si vous n'étiez pas engueulé ou si vous n'aviez pas eu une polémique avec Thierry Ardisson.
01:07Oui, il m'a insulté dès le démarrage, mais on était devenu très proche.
01:10On avait produit cette émission qui s'appelle L'Hôtel du Temps.
01:13Voilà Thierry, c'était pour moi le dernier qui aujourd'hui voulait être créatif.
01:17voulait mettre énormément d'argent à l'écran pour que ça soit beau, pour que ça soit riche, pour que le programme donne envie.
01:24On se rappelle évidemment tous de nos samedis soirs devant tout le monde en parle.
01:27Et je pense qu'aujourd'hui, on me dit beaucoup que la télévision se meurt.
01:31Aujourd'hui avec le départ de Thierry Ardisson, pour moi, c'est un symbole assez fort de cette transition.
01:35Vous parliez de sa puissance créative, il était très jaloux de ses idées.
01:38Il vous avait accusé en effet d'avoir volé un de ses concepts puisqu'il faisait un dîner dans 93 Faux-Bourg Saint-Honoré.
01:44Vous faisiez un dîner dans cet avou et vous avez traité de voleur.
01:49Exactement, il avait eu des mots très durs sur Europe 1 et puis on en avait beaucoup ri.
01:53Ensuite, il m'avait invité en me disant « Captain, t'es le meilleur, j'aurais dû bosser avec toi depuis très longtemps et puis faisons cette émission ensemble ».
02:00Il considérait L'Hôtel du Temps comme sa plus belle production et pour moi, ça a été un vrai choc.
02:05J'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec lui.
02:07Il avait une exigence absolument incroyable.
02:10Ce n'est pas moi qui en parlerai le mieux, mais je suis très ému.
02:12Je reviens sur ce film avec Brad Pitt, produit aussi par la société de production de Brad Pitt que vous avez racheté avec MediaOne.
02:22F1 qui vient d'être dépassé au box-office par Superman et Jurassic World.
02:26Mais c'est un carton, vous avez de quoi être heureux malgré tout ?
02:29On est extrêmement heureux.
02:30D'abord, 400 millions de dollars au box-office, on va les dépasser là aujourd'hui.
02:35C'est un score absolument exceptionnel.
02:37Les films de sport sont très compliqués.
02:40Brad Pitt y avait consacré beaucoup d'énergie.
02:42C'était un défi pour tout le monde, pour le monde de la Formule 1.
02:45Le monde de la Formule 1, en 2012, avait besoin de se renouveler parce qu'il y avait moins d'intérêt.
02:49Et ils ont créé la série documentaire « Drive to Survive ».
02:52Et il y a quelques années, Brad Pitt et les réalisateurs du film avaient très envie de créer une œuvre ultime autour de la Formule 1.
02:59C'est l'œuvre ultime ?
03:00Autour de la Formule 1, ça sera difficile de faire mieux.
03:02Il peut difficilement faire mieux ?
03:03De ce qui a été fait aujourd'hui.
03:04Je pense que ça sera très compliqué.
03:06Il y a toujours des grandes références sportives au cinéma.
03:09Rocky pour la boxe, c'est compliqué de le dépasser aujourd'hui.
03:12Je pense que ce sera difficile de faire mieux que Formule 1 en termes de film.
03:16Avec la vitesse, avec toutes les prouesses technologiques qui ont été mises en place.
03:20Un travail de Brad Pitt qui a été incroyable puisqu'il a, pendant 4 mois, il était au volant d'une Formule 2.
03:26Il a fait un travail musculaire, de préparation.
03:29C'est lui qui conduit les voitures à plus de 300 km heure.
03:33Je ne vois pas comment on peut faire mieux aujourd'hui.
03:35Et j'invite évidemment tout le monde à aller le voir dans les salles.
03:37Donc il n'y aura pas de suite si on ne peut pas faire mieux ?
03:39Pour l'instant, il n'y aura pas de suite.
03:40Après, Hollywood a ce génie de pouvoir inventer des histoires incroyables.
03:44Le réalisateur de Formule 1 est aussi celui de Top Gun, Maverick.
03:50Très proche de Tom Cruise.
03:51Et donc, il y a plein de fantasmes et d'histoires à Hollywood de se dire
03:54« Est-ce qu'on ne pourrait pas réunir les deux personnages ? »
03:56Est-ce que c'est ça la recette de votre réussite ?
03:58Des blockbusters ?
04:00C'est-à-dire, je rappelle qu'on est sur une chaîne où les auditeurs n'aiment pas les anglicismes.
04:05Donc des films spectaculaires à gros budget.
04:07C'est ça le secret, en tout cas, votre recette pour grandir ?
04:10Alors, le secret de Média One, c'est à la fois d'être capable.
04:13Alors, je ne fais pas tout tout seul.
04:15On a des producteurs extrêmement talentueux qui sont à la tête de ces films.
04:19Formula One, c'est Plain B, la société de Brad Pitt,
04:22qui produit à la fois la série Adolescence, des films comme...
04:26Netflix, qui était une série, pour le coup, indépendante, en tout cas d'auteur, j'allais dire,
04:32et avec un vrai concept fort, c'est-à-dire un plan-séquence sur quatre épisodes,
04:37en tout cas quatre plans-séquences d'une heure,
04:39et un discours très fort, effectivement, sur les effets des réseaux sociaux sur les adolescents, etc.
04:44Donc rien à voir avec un film...
04:45Rien à voir. Notre savoir-faire, c'est d'accompagner des producteurs de talent.
04:49Dans les salles en France, cette semaine, on a « I love Peru », le film de Raphaël,
04:52« Kenard » produit par Hugo Selignac, « On a « 13 jours, 13 nuits » produit par Dimitri Rassam,
04:57on a « Rapace » produit par 24-25, et on a « Formula One », « Notre secret »,
05:01et on a le film de Quentin Dupieux, produit par Hugo Selignac aussi, « L'accident de piano ».
05:05On est capable d'accompagner des producteurs et des réalisateurs,
05:08et de les pousser à accomplir leurs rêves et de faire des films extrêmement...
05:12Voilà, les plus indépendants possibles, c'est ça.
05:14C'est pas le budget qui est important, c'est leur capacité à les laisser s'exprimer.
05:19Adolescence est le parfait exemple, puisque c'est une série qui est née
05:22de l'idée des équipes de Brad Pitt, et cette série n'était pas financée aux Etats-Unis,
05:27elle a été refusée par Amazon, elle s'est ensuite transformée dans ce succès
05:31qu'on connaît grâce à Netflix en Angleterre,
05:34mais c'est souvent les échecs qui font des grands succès.
05:36En tout cas, ma vie aujourd'hui de producteur montre qu'à chaque fois
05:39qu'on défend une idée, qu'on va au bout, on arrive à faire les plus grands succès possibles.
05:43Qu'est-ce que la France et l'Europe, plus largement, ont apporté aux Etats-Unis en matière de création ?
05:51Je pense qu'on a les plus grands talents créatifs aujourd'hui en France.
05:54Je pense que ce n'est pas un hasard si chaque année, on retrouve aux Oscars
05:57des réalisateurs français, des scénaristes français,
06:01Jacques Audiard, Florian Zeller, qui a gagné quand même deux Oscars pour son premier film.
06:07Aujourd'hui, on est capable d'avoir cette création,
06:09on doit être capable de mieux la défendre en France.
06:12Le marché a tellement changé qu'aujourd'hui, vous vous rendez compte que les grands diffuseurs,
06:17les grandes plateformes et les chaînes de télé doivent s'opposer à ça.
06:22Ce sont les plus grandes boîtes technologiques, Amazon, Apple, Netflix,
06:28ou Google avec YouTube, c'est quand même absolument incroyable.
06:32Il faut défendre ce modèle créatif français, c'est ce que vous dites.
06:36Est-ce que vous êtes inquiet ?
06:37Il y a quelques jours, l'Observatoire des politiques culturelles a publié un baromètre
06:40qui montre que les budgets de la culture baissent dans la moitié des collectivités locales,
06:45donc partout en France.
06:46Est-ce que vous êtes inquiet pour ce modèle à l'heure où on cherche des économies ?
06:49Moi, je pense que c'est une catastrophe que la culture doit se défendre.
06:52On vit une période très compliquée.
06:54On voit que c'est compliqué de faire venir les gens dans les salles.
06:57On voit que les budgets des émissions de télévision baissent.
06:59On a participé à l'effort demandé, notamment par France Télévisions,
07:03puisque tous les budgets des émissions de télévision ont baissé mécaniquement de 5%,
07:06ce qui est quelque chose de difficile, puisque c'est un impact fort sur les programmes.
07:10Ce serait fortement déplu à Thierry Ardisson.
07:13On est obligé de s'adapter avec ça, mais il y a une certaine limite aujourd'hui.
07:16Si la France est aussi compétitive et talentueuse dans le cinéma,
07:20c'est parce qu'on a un modèle français qui est exceptionnel.
07:23Si on l'abîme, d'une façon ou d'une autre, on verra les conséquences dans quelques années.
07:27Donc il faut avoir la volonté politique de préserver ce modèle.
07:29Exactement. On a lancé un plan qui s'appelle France 2030,
07:31qui permet d'avoir plein de studios de tournage.
07:33Si c'est pour les laisser vite, ça n'a aucun sens.
07:35Il faut continuer à défendre ce système français.
07:38Puisqu'on parle de politique, et puisque vous évoquiez la puissance des grands groupes
07:42qui détiennent les plateformes aujourd'hui,
07:44est-ce que vous pensez que le projet de holding,
07:47donc censé regrouper notamment Radio France et France Télévisions,
07:50l'INA aussi sous une même structure,
07:54est à même, comme le prétend la ministre de la Culture, Rachida Dati,
07:59de permettre à l'audiovisuel public de résister face à ces grandes plateformes ?
08:03On se parlait de ces grandes plateformes, on est tous en train de travailler autrement.
08:07Les chaînes traditionnelles se réinventent,
08:09on parlera peut-être de la façon de consommer le sport à la télévision avec la chaîne de la ligue,
08:14ça se réinvente.
08:15Aujourd'hui, c'est normal que le service public se pose la question
08:18de comment il doit s'organiser dans ce nouveau monde totalement digital
08:21et face à ces grandes plateformes.
08:23Donc oui, pour la réforme de l'audiovisuel,
08:25à une condition, c'est qu'elle soit vraiment bien financée,
08:27parce que l'enjeu est dans le financement.
08:29Et si la BBC est citée en exemple de tout le monde,
08:32c'est par son modèle aussi de financement.
08:33Donc il faut qu'on donne les moyens.
08:35Ce n'est pas assez sécurisé pour l'instant, l'État ?
08:36Non, absolument pas.
08:37Il faut garantir ce financement.
08:39Il faut garantir ce financement et permettre à France Télévisions
08:41et à Radio France de continuer à se développer comme ils le font aujourd'hui.
08:44Vous parlez de sport également, vous avez créé Media One Sport,
08:48puisque la ligue de football professionnel vous a choisi pour créer,
08:53pour piloter la future chaîne qui transmettra les matchs de Ligue 1 la saison prochaine.
08:59Huit matchs sur neuf, en tout cas, tous les week-ends, c'est ça ?
09:01Exactement.
09:02À quoi elle ressemblera cette chaîne ?
09:04Alors on est en train d'y travailler.
09:05En fait, Media One Sport est le partenaire de la ligue de football professionnel.
09:09On est au service de Nicolas Taverneau et de ses équipes
09:11et on est extrêmement fiers et heureux de pouvoir accompagner le football
09:14dans cette nouvelle transition.
09:17Jamais le championnat de Ligue 1 ne s'est aussi bien porté.
09:19Le travail de Vincent Labrune a payé puisqu'on voit que le PSG a quand même gagné
09:22la Ligue des champions pour la première fois cette année.
09:25J'ai vu à travers le film de la Formule 1 que quand on arrivait à pouvoir pénétrer
09:30les coulisses de ces sports, la Formule 1 par exemple, on entend tout.
09:34Les discussions entre un ingénieur et un pilote sont diffusées en direct à l'antenne.
09:38Le football, on doit encore révolutionner tout ça.
09:41Un film sur le foot, est-ce que Brad Pitt aurait pu faire un match de la Coupe du Monde en direct
09:45comme il a été sur un circuit de Formule 1 ?
09:47Je ne suis pas totalement certain.
09:48On doit révolutionner et permettre à des caméras d'entrer dans les vestiaires,
09:52de rapporter...
09:52Humaniser un peu tout ça.
09:53Oui, on doit changer, essayer d'innover.
09:55Et donc aujourd'hui, c'est le début.
09:56Il y a une chaîne qui doit se lancer pour le 14 août.
09:58Pour 15 euros par mois, c'est ça ?
09:5914,99 euros exactement, vous diriez Nicolas Taver.
10:03Le centime est important.
10:05En un mot, c'est vrai que les dernières expériences en termes de diffusion de la Ligue 1
10:09ont été des échecs, voire des fiascos.
10:11La saison dernière avec Dazon, qu'est-ce qui vous garantit ?
10:14En tout cas, vous êtes confiant à l'idée de mieux réussir ?
10:17D'abord, le championnat va bien, il y a des très grandes équipes.
10:21On a une équipe de professionnels à la tête aujourd'hui de cette chaîne.
10:24Et chez MediaOne Sport, Eric Enzo, Frédéric Devincel,
10:27toutes les équipes sont à fond pour faire du mieux possible
10:29en termes de narration et d'innovation.
10:32Donc je suis persuadé aujourd'hui que le programme Ligue 1,
10:34et puis on repart de loin, sera très bon dans les semaines qui arrivent.
10:37Merci beaucoup Pierre-Antoine Capeton, président du groupe MediaOne.
10:41Il est 8h moins 5.

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