Les Pionnières du Business : Athina Argyriou

Capital

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00:00Pour ces jeunes femmes qui souhaitent rentrer dans l'automobile,

00:03ce qui compte, ce n'est pas la difficulté, c'est l'envie.

00:09Je m'appelle Atina Argerio, je suis la présidente déléguée de la SIAM

00:13qui représente les intérêts de tous les secteurs automobiles,

00:17les véhicules industriels, bus et cars et les motos.

00:22Je ne viens pas du secteur automobile, j'ai pris cette fonction il y a trois ans.

00:27Je trouve que c'est un secteur passionnant parce que ça représente beaucoup d'opportunités,

00:32pas uniquement des femmes comme moi, mais également pour le renouveau de nos économies

00:39et également des questions de souveraineté.

00:43C'est un secteur qui s'est réinventé totalement après le Green Deal,

00:50la décision qu'on a prise de cette transition écologique.

00:53Et aujourd'hui, c'est un secteur qui n'est pas uniquement orienté vers l'objet,

01:00les produits ou la performance, mais c'est un secteur qui représente la mobilité,

01:06du coup des questions sociales, économiques et géopolitiques.

01:11Alors pour moi, il y avait tous les composants pour pouvoir m'épanouir dans ce secteur.

01:15La vie, en tout cas la mienne, s'est faite pour de curiosité,

01:18beaucoup de travail, mais également tout ça a amené des opportunités.

01:24Moi, c'est souvent les métiers qui m'ont choisi plus que moi.

01:28Je l'étais la seule femme autour de la table et je le suis encore.

01:33Par contre, il ne faut pas faire des raccourcis,

01:36puisque mes adhérents m'ont choisi et ils m'ont choisi doublement,

01:40parce que j'ai deux fonctions.

01:42J'ai la fonction du directeur général pour la gestion quotidienne,

01:49administrative, financière ou l'exécution du plan stratégique.

01:53Mais ils m'ont choisi également pour être leur porte-parole,

01:56parce que la fonction du président délégué, c'est une fonction d'élu

02:00et c'est une fonction qui garantit la neutralité au niveau de la prise de position,

02:06alors qu'on a même un bureau qui est composé de trois présidents,

02:11un pour chaque secteur que nous représentons ici.

02:14Alors, oui, ça reste encore un univers très masculin,

02:19mais la confiance est là.

02:21J'ai voulu compenser justement ce déséquilibre qu'on peut retrouver autour de la table

02:26par une équipe féminine, mais extrêmement engagée, motivée et performante.

02:33Quand je suis arrivée, la mission, c'était également le renouveau de la SIAM,

02:39c'est repositionner, créer plus de services pour les adhérents,

02:45prendre plus de place, nouer des meilleures relations,

02:48plus qualitatives avec les parties prenantes.

02:52Et l'équipe faisait partie de cette mission.

02:55Alors non, avant, il n'y avait pas une équipe de femmes,

02:59il y avait une toute petite équipe qui s'est engrandie,

03:02notamment avec des femmes de qualité.

03:04Notre stratégie de recrutement n'est pas discriminante

03:10vis-à-vis des hommes ou des femmes.

03:15Le processus est exactement le même, transparent,

03:19les étapes sont les mêmes,

03:20mais les femmes, peut-être dans le contexte dans lequel on évolue,

03:24nous, des plaidoyers, d'affaires publiques,

03:29c'est là où elles performent le plus, où elles se distinguent le plus.

03:34C'est souvent des profils assez complexes.

03:36Le management, c'est un management de proximité,

03:40mais avec beaucoup de latitude pour que chacun puisse s'approprier du sujet

03:48et avoir l'espace pour donner un peu de sa personnalité, de son empreinte.

03:56Là où j'interviens très souvent,

03:58c'est pour les aider à prendre confiance en elles-mêmes,

04:02à ne pas douter ou à ne pas être déstabilisé,

04:05parce qu'on est quand même encore dans un environnement extrêmement hostile envers les femmes.

04:10C'est important de prendre la parole pour personnaliser la possibilité d'y accéder.

04:18Ce n'est peut-être pas ce qui me correspond le plus.

04:23Je préfère agir plus dans le backstage

04:27et de mettre en avant les équipes

04:30pour pouvoir leur donner la lumière

04:32et par cette lumière également la confiance d'eux.

04:35On a parlé tout à l'heure du rôle de management,

04:38un management de proximité, d'empathie.

04:41Ça n'enlève pas en fait les difficultés

04:46de aussi devoir orienter ou réorienter quand ça ne va pas.

04:53Ça c'est extrêmement important.

04:55De ne pas rentrer dans un management

04:59en fait de proximité, d'amitié,

05:03mais de rester dans un management

05:06avec la responsabilité de guider,

05:09de devoir intervenir les bons moments,

05:11avec les bons messages,

05:12les bons langages

05:13pour rappeler l'objectif.

05:18Je dirais que c'est des choses

05:19qu'on peut peut-être pas apprendre.

05:22C'est des choses qui viennent

05:23avec l'éducation, avec la culture

05:26et ils sont bien ancrés chez nous.

05:30Je ne suis pas sûre qu'on devienne leader.

05:33J'ai appris par mon passé, oui.

05:34Je suis tombée, je me suis élevée,

05:36j'ai regardé, j'ai écouté, j'ai corrigé.

05:40Je ne sais pas si je suis leader,

05:41mais je suis quelqu'un de visionnaire

05:42et ça me plaît en fait

05:44de transmettre la vision

05:47et de guider les équipes

05:50et les fédérer autour de cette vision.

05:55Il faut aussi apprendre à être contesté

05:57et à apprendre de persévérer

06:00ou bien d'écouter.

06:02Ça c'est difficile

06:03de savoir qu'on a vraiment raison.

06:06Il faut aller au bout malgré

06:07le vin et le marais.

06:10Quelqu'un qui guide en tout cas,

06:11c'est quelqu'un qui est plutôt seul.

06:15Je regarde autour de moi

06:16et je trouve parfois

06:19les limites de ma tolérance

06:21quand dans la moindre difficulté

06:24on va se retourner vers l'extérieur

06:27pour trouver un fautif à l'extérieur.

06:29Moi spontanément,

06:30je me suis toujours retournée

06:31envers moi pour dire

06:33toi comment tu peux faire mieux.

06:34Ça c'est mon rapport avec l'échec

06:37ou la difficulté ou les défis

06:39et comment ça se tourne en opportunité.

06:42Je pense que notre société

06:44a trop tendance finalement

06:45de se protéger de cet échec

06:47et de renvoyer la responsabilité

06:49à l'extérieur.

06:50Il y a toujours une responsabilité partagée

06:51mais il y a aussi une responsabilité

06:53à prendre en compte soi-même.

06:56C'est normal et c'est humain

06:58de douter, de se questionner.

07:01C'est ça qui nous fait avancer.

07:02C'est vrai que les femmes souffrent plus

07:04par rapport à leur éducation

07:06et par rapport à l'environnement

07:07socio-culturel.

07:10C'est la maturité

07:11et petit à petit aussi

07:13quelques réussites.

07:15Finalement, quand je me suis battue

07:17contre le courant

07:19et j'ai vu les projets aboutir

07:21et prendre de l'ampleur

07:23et les équipes derrière,

07:24je n'ai pas pu en fait dire

07:27non, ce n'était pas moi.

07:29Il fallait à un moment donné aussi

07:30prendre part de ces succès.

07:33Petit à petit,

07:34ça consolide la confiance,

07:36ça avance

07:37mais ils font une force de caractère

07:39hors norme.

07:42Les défis que je relève tous les jours,

07:45c'est d'abord de s'imposer

07:46en tant que femme dans ce secteur

07:48et aider mes équipes

07:50à se surpasser

07:52et préparer cette femme

07:53pour des métiers de leadership.

07:55Moi, j'ai 55 ans

07:56autour de cette table

07:57qui me soutiennent

07:58dans le quotidien

08:01dans les conseils d'administration

08:03et ils m'ont fait confiance

08:04avec l'évolution de la SIEM.

08:06Mais je n'ai pas commencé

08:06par la difficulté,

08:08j'ai commencé par l'envie

08:08et comment je vais être la meilleure.

08:10On peut discuter

08:11en fait sur les biens fondés

08:13des quotas ou pas.

08:14En tout cas,

08:15pour les conseils d'administration,

08:17c'est une démarche

08:17qui me paraît indispensable.

08:20C'est la façon

08:20de procéder

08:22pour avoir des résultats

08:24un peu plus rapidement

08:25et donner l'exemple

08:27aux autres femmes,

08:29mais aussi ouvrir

08:30cette voie d'apprentissage.

08:32Parce qu'un conseil d'administration,

08:34ce n'est pas comme un autre travail

08:35ou un autre poste.

08:37C'est extrêmement spécifique

08:39et il n'y a pas d'école pour ça.

08:41L'école, c'est y être

08:42et participer

08:43et prendre ses responsabilités

08:45très en sérieux.

08:46Et effectivement,

08:47les femmes n'ont pas

08:48jusqu'à aujourd'hui

08:49ou très récemment

08:50eu cette expérience

08:51pour pouvoir en parler

08:52et transmettre.

08:53Un dirigeant

08:54a l'obligation

08:56d'échanger,

08:57a l'obligation

08:58de confronter

08:59ses opinions,

09:00pas forcément

09:01avec les raisons

09:02comme on l'entend aujourd'hui.

09:04D'ailleurs,

09:05on a aussi

09:06des questions

09:08de conformité,

09:09de compliance

09:10aujourd'hui

09:11qui ne nous permettent pas

09:11forcément

09:12d'échanger

09:13sur des choses

09:13extrêmement opérationnelles.

09:15Mais c'est une obligation

09:16en fait

09:17de confronter ses opinions.

09:19Les dirigeants,

09:20globalement,

09:20c'est quelqu'un

09:21qui est extrêmement seul.

09:22Moi, je ne suis pas

09:23de la génération

09:24des réseaux

09:25comme on l'entend aujourd'hui.

09:27Notre réseau,

09:27c'était beaucoup plus fidèle,

09:29c'était beaucoup plus

09:30sous la parole,

09:31c'était des amitiés

09:32ou des relations

09:34beaucoup plus solides.

09:35Maintenant,

09:36on définit les réseaux

09:37comme un ensemble

09:38de connaissances

09:39avec des intérêts

09:41convergents

09:43ou communs

09:45et plutôt spéculatifs.

09:47Je ne me retrouve pas.

09:48C'est vrai

09:48qu'on a complexifié

09:49le monde.

09:52C'est vrai

09:52qu'il faut créer

09:53des passerelles

09:54avec les nouvelles générations.

09:56La facilité

09:57ne fait pas partie

09:58de mon vocabulaire.

09:59Et c'est là

10:00où je peux faire

10:01plein de choses,

10:02mais peut-être

10:02pas faciliter,

10:03peut-être expliquer

10:04peut-être donner des outils,

10:09des orientations

10:10à notre regard.

10:12Mais c'est à chacun

10:13de faire son chemin.

10:14Pour moi,

10:15la réussite

10:15est déjà

10:15de pouvoir

10:17remplir

10:19l'objectif

10:20pour lequel

10:22on est

10:23mandatés

10:25dans des très

10:25bonnes conditions.

10:26pour les équipes

10:28dans un contexte

10:30qui porte

10:33pour les équipes

10:34et pour les gens

10:35qui nous ont fait confiance.

10:36La réussite personnelle,

10:38c'est d'arriver

10:38à un équilibre

10:39aussi personnel.

10:40C'est un moment

10:41critique

10:42pour le secteur automobile

10:43et je prends très,

10:44très au sérieux

10:44cette responsabilité.

10:46C'est un moment

10:48qui devrait

10:48être

10:50tourné

10:52avec

10:52toutes les opportunités

10:53pour que ces secteurs

10:55puissent rebondir,

10:56être encore plus innovants

10:58et perdurer.

11:00Et à travers

11:00les politiques publiques

11:01et la mauvaise compréhension

11:03de cet écosystème,

11:05on met en péril

11:06cet équilibre

11:07et la viabilité

11:08de ces secteurs.

11:09Et j'avoue,

11:11parfois,

11:11je ne peux pas

11:12faire abstraction

11:12et ne pas amener

11:13cela

11:14à la maison

11:16ou

11:16les moments

11:18de repos

11:18ou même

11:19de sommeil.

11:20Il y a des années,

11:20on n'est plus

11:21sur la performance.

11:22C'est là où je me suis mise

11:24à apprendre

11:25à piloter

11:26et à être pilote d'avion.

11:27Il y a eu d'autres moments

11:28où j'avais besoin

11:29de plus de rétrospection.

11:31Je pense que suivant

11:32l'âge,

11:33on évolue un peu.

11:35Les degrés de stress,

11:38c'est chacun

11:39de trouver

11:39un peu son équilibre

11:41et encore,

11:43également,

11:43par des moments

11:44de solitude

11:46ou de quiétude

11:47sans avoir

11:48cette culpabilité

11:48de ne pas produire.

11:50C'est un conseil

11:51que je donnerais

11:51à tout le monde,

11:52à toutes les mères,

11:53à toutes les femmes

11:54qu'elles culpabilisent

11:55toute la journée.

11:56Il faut déculpabiliser,

11:58il faut faire son mieux

11:59et accepter

12:00qu'il soit mieux

12:01peut-être

12:01n'est pas l'idéal.

12:02Dans mon parcours,

12:03il y a des personnes

12:04qui m'ont marquée,

12:06qui m'ont donné envie

12:07et espoir

12:08en même temps.

12:10Je vais citer

12:10une femme remarquable,

12:12elle s'appelle

12:12Farah Mohamed

12:13et elle vient

12:15d'être nommée

12:15sénataire au Canada.

12:18Fille de parents

12:19immigrés

12:20parcours

12:21pas du tout

12:22évident

12:23et quand j'ai su

12:25il y a deux semaines

12:27de sa nomination,

12:30j'ai eu

12:30les larmes aux yeux

12:31de joie

12:32pour ses parents,

12:33pour elle.

12:34Si vous interviewez

12:35en anglais,

12:36je vous recommande

12:37vivement

12:37et je vous ferai

12:38l'introduction

12:42de Farah Mohamed.

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