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  • 06/06/2025
On a toujours soupçonné les jeunes de ne pas trop aimer travailler. Si l’on en croit les clichés, les jeunes seraient fainéants, cupides ou encore insolents. Mais qu’en est-il vraiment ? À quoi aspirent les jeunes au travail ? Réponses en vidéo.

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Transcription
00:00On dit que les jeunes sont allergiques au travail, quelle est votre opinion ?
00:03Non, moi je crois qu'il faut travailler !
00:05On a toujours soupçonné les jeunes de ne pas trop aimer travailler.
00:08Alors aujourd'hui je vais vous apprendre à vous faire virer de votre CDI pour pouvoir toucher le chômage.
00:12Pourtant, être jeune aujourd'hui, c'est aussi s'engager en refusant de travailler pour une entreprise polluante.
00:18Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d'être fière et méritante d'obtenir ce diplôme à l'issue d'une formation
00:23qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours.
00:27Et pour beaucoup, c'est aussi faire face au chômage.
00:29Dans l'actualité ce soir, le chômage repart à la hausse une fois de plus.
00:34Ce sont les jeunes qui sont les plus touchés.
00:36Les chiffres le confirment, être jeune sur le marché du travail, ça n'est pas forcément facile.
00:42Alors les jeunes ont-ils vraiment un problème avec le travail ?
00:46Avant de répondre à la question, il faut déjà se demander de quels jeunes on parle.
00:55D'un point de vue économique, une catégorie s'en sort mieux que les autres.
01:00Les jeunes les plus diplômés.
01:05Lorsqu'on regarde l'insertion des jeunes trois ans après leur sortie d'études, mesurée par le CEREC,
01:11on voit que pour les jeunes diplômés d'un bac plus 5, tous les voyants sont au vert.
01:15Le taux de chômage de ces derniers est nettement plus bas que celui de l'ensemble des jeunes diplômés
01:21et leur salaire plus élevé.
01:24Le rapport de force employeur-employé est favorable aux jeunes les plus diplômés.
01:28Dès lors, pas étonnant qu'ils en profitent pour demander de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de travail.
01:34Tu sais en entretien d'embauche qu'il a demandé 150k à l'année et deux mois de vacances pour l'été ?
01:39Dans ce contexte, les entreprises n'hésitent pas à sortir le grand jeu pour attirer et conserver les jeunes diplômés.
01:46Hélène Cloître, ancienne commerciale chez un géant de la grande distribution, peut en témoigner.
01:51J'avais quand même un très bon salaire pour mon âge.
01:5423 ans, je devais gagner 40 000 euros par an.
01:57J'étais cadre, j'avais une voiture de fonction, j'avais tous les midis 17 euros pour manger en plus de mon salaire.
02:04Il y avait beaucoup d'avantages, c'était la vie de château.
02:08Mais parfois, la vie de château ne suffit plus.
02:11Dans mon métier de tous les jours, je devais faire consommer aux gens les produits dont ils n'avaient pas forcément besoin.
02:16Par exemple, quelqu'un qui voulait acheter une lessive, je faisais en sorte qu'il achète la lessive,
02:22mais aussi l'assouplissant, les perles de linge.
02:25Donc je contribuais à faire surconsommer les gens.
02:27En 2020, Hélène décide de tout plaquer pour lancer une conserverie anti-gaspi à la campagne.
02:34Dans les faits, rares sont ceux qui opèrent une bascule aussi radicale que celle d'Hélène.
02:40Selon une étude de l'APEC, 31% des cadres de moins de 35 ans ont déjà envisagé une reconversion.
02:47Mais seuls 8% entament réellement des démarches.
02:50Et dans plus de la moitié des cas, ils souhaitent se réorienter vers un métier proche de leur métier actuel.
02:56Alors que veulent vraiment les jeunes au travail ?
02:58En réalité, leur critère numéro 1 pour choisir un emploi reste le salaire.
03:04À la question « Qu'est-ce qui est le plus important à vos yeux dans votre vie professionnelle ? »,
03:08les 18-29 ans sont 55% à répondre « Avoir des revenus réguliers ou élevés ».
03:15Soit autant que les autres tranches d'âge.
03:17On a voulu faire croire il y a quelques années que comme ils étaient en quête de sens,
03:21c'était le sens ou le salaire.
03:24Et en fait, c'est le sens et le salaire.
03:26Manuel Malot est directrice carrière de l'EDEC et fondatrice d'un centre d'expertise
03:31sur les comportements des jeunes diplômés de moins de 30 ans.
03:34Ce qu'elle observe, c'est que la plupart des jeunes n'ont pas besoin de sortir du système
03:39pour donner un sens à leur travail.
03:41Pour elles, contrairement aux idées reçues,
03:43ils ne sont pas plus en quête de sens que leurs aînés.
03:45Mais ce qui change, c'est que…
03:48Ils veulent que l'entreprise, leur employeur, soit le reflet de la société
03:53et du monde qui les entoure.
03:54Ce n'est pas un élément qui était très fort dans les générations précédentes.
03:58Les plus anciens, ils n'attendaient pas que leur travail
04:01ou que leur employeur réponde à cette quête de sens.
04:06Ils allaient trouver cette quête de sens dans leur vie familiale,
04:09dans leur vie sociale, en s'investissant dans des associations.
04:12Contrairement à leurs aînés, les jeunes adressent leur quête de sens à l'entreprise.
04:17Mais ça veut dire quoi, le sens, pour eux ?
04:19On dit toujours que les générations ne sont pas les enfants de leurs parents,
04:25ils sont les enfants de leur époque.
04:26Donc oui, cette quête de sens, elle tourne autour de l'impact environnemental de l'entreprise,
04:32de l'employeur, autour de l'impact sociétal, social de l'employeur,
04:37diversité, inclusion.
04:38Parmi ces critères, certains pèsent plus lourd dans la balance.
04:41Ce qu'on observe, c'est que chez les Bac plus 5,
04:44les engagements sociaux de l'entreprise,
04:46comme le respect du bien-être au travail, de la mixité
04:49ou encore de l'égalité salariale, arrivent en tête.
04:52Et ce, bien avant les engagements environnementaux,
04:55qui sont même en perte de vitesse de 10 points.
04:58Je suis une Gen Z.
04:59Bien sûr qu'on n'arrête pas de me dire que ma génération ne veut pas bosser,
05:02alors qu'en réalité, c'est juste qu'on n'accepte pas de se faire marcher dessus par les entreprises.
05:05Elodie Gentina a écrit plusieurs ouvrages sur la génération Z.
05:10Pour les jeunes, le travail, ce n'est plus une fin en soi,
05:12ce qui pouvait être peut-être le cas pour les anciennes générations.
05:15Le travail, c'est un moyen de se construire, moyen d'expérimenter,
05:18moyen de se sentir heureux, moyen de se sentir bien.
05:21Et ça, ça implique de nouveaux rapports avec la hiérarchie.
05:24On voit qu'aujourd'hui, un jeune ne va plus respecter un manager
05:28uniquement en se disant « il est plus âgé que moi ».
05:30Pour eux, un bon manager, c'est un manager qui est doté de soft skills,
05:33c'est-à-dire de compétences humaines.
05:35C'est un manager qui, bien évidemment, aura des hard skills,
05:38mais qui sera aussi bienveillant, empathique.
05:41Les jeunes ont besoin de beaucoup de feedback,
05:43ils ont besoin de beaucoup de reconnaissance existentielle,
05:46de beaucoup d'encadrement.
05:47Vous voyez, l'autorité, on l'a toujours,
05:49mais l'autorité est en train d'évoluer.
05:51Et si l'entreprise ne respecte pas le contrat ?
05:53Alors c'est vrai, les jeunes n'hésitent pas à claquer la porte.
05:56Et pour preuve, la durée moyenne du premier emploi
06:02chez les jeunes diplômés ne cesse de dégringoler.
06:05Elle était de 3 ans pour la génération X,
06:07aujourd'hui, pour la génération Z, elle n'est plus que de 18 mois.
06:15Ce qu'il est important de comprendre,
06:17c'est que ces nouveaux comportements au travail
06:19sont moins le reflet de l'âge
06:21que celui de l'environnement professionnel qui évolue.
06:23Le marché de l'emploi est favorable aux jeunes diplômés,
06:27ce qui explique qu'ils changent plus souvent d'entreprise.
06:30La crise du Covid-19 les a durement touchés.
06:33Et c'est pour cela, entre autres,
06:35qu'ils sont aussi attentifs au respect de leur bien-être au travail.
06:39La pandémie a aussi amplifié les exigences de télétravail
06:42et de flexibilité des salariés, jeunes ou pas jeunes.
06:46Autre spécificité, depuis les années 80,
06:48le travail s'est intensifié.
06:49Les actifs sont soumis à des rythmes élevés,
06:52à des objectifs chiffrés et au contrôle de leur performance.
06:56Résultat, un manque d'autonomie
06:57et parfois un sentiment d'absurdité.
07:00Je m'appelle Maximilien Lobtu,
07:02je suis Human and Resource and Talent and People Acquisition Equity Associates
07:07chez Doleys,
07:08un cabinet de conseil en stratégie, communication
07:10et shrinkative intelligence.
07:12Les nouvelles générations ont grandi
07:13avec Internet et les réseaux sociaux.
07:16Ils ont vu la parole s'y libérer
07:17sur les questions de santé mentale
07:19et de conditions de travail toxiques.
07:22Ils ont accès à plus d'informations que leurs parents,
07:24leurs grands-parents ou leur boss sur le droit du travail.
07:28Dans ces conditions,
07:29pas étonnant que les jeunes élèvent la voix
07:31et paraissent rebelles aux yeux de leur manager.
07:36En réalité, les jeunes sont plus nombreux
07:39que leurs aînés à considérer leur travail
07:41comme autant, voire plus importants
07:43que les autres pans de leur vie.
07:45Mais attention à ne pas mettre tous les jeunes
07:47dans le même panier.
07:48Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a pas une jeunesse,
07:50probablement.
07:51Il y a des jeunesses
07:52et les CSP,
07:54donc les niveaux sociaux professionnels,
07:56ou le niveau de diplôme
07:57influencent tout de même
07:58le lien au travail
07:59et la satisfaction dans le travail.
08:02C'est ce que montre l'étude
08:03APEC Terra Nova
08:04qui distingue plusieurs types
08:05de rapports au travail
08:06chez les jeunes actifs de moins de 30 ans.
08:09Et la première place
08:09revient, et de loin,
08:11aux ambitieux.
08:12Issus majoritairement d'un milieu aisé,
08:15diplômés du supérieur,
08:16ils occupent pour la plupart
08:17des postes de manager et de cadre.
08:20En deuxième position
08:20viennent les combatifs.
08:22Ils entretiennent un rapport
08:23plus conflictuel avec leur travail
08:25et se battent
08:26pour gagner en responsabilité
08:28et en rémunération.
08:31Très nombreux chez les ouvriers,
08:32ils sont issus de milieux moins aisés
08:34et ont pour la plupart
08:35un diplôme de niveau bac ou inférieur.
08:38Les distanciers
08:39n'arrivent qu'en dernière position.
08:42Peu engagés dans leur travail,
08:43ils donnent la priorité
08:44à d'autres pans de leur vie.
08:46Ils ont, pour la plupart,
08:48un diplôme de niveau bac
08:49ou bac plus 2
08:49et occupent des professions intermédiaires.
08:52Bref,
08:53avant d'être une histoire d'âge,
08:55le rapport au travail
08:56est surtout
08:56une histoire
08:57de catégorie
08:58socio-professionnelle
09:00et une histoire d'époque.
09:01La société a évolué
09:02et le travail avec elle.
09:05Et si ces évolutions
09:06vont dans le sens
09:06d'un monde du travail
09:07plus inclusif,
09:08plus respectueux,
09:09de l'environnement,
09:10du bien-être des salariés,
09:11alors où est le problème ?
09:13Sous-titrage Société Radio-Canada
09:14...

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