C’est l’une des suggestions du gouvernement pour répondre à « l’exaspération » des Français, selon le mot de François Bayrou, face aux violences des soirs de foot. Répondre surtout au sentiment d’impunité né des premières condamnations prononcées, qui ont infligé surtout de la prison avec sursis.
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique Patrick Cohen, politique pénale ce matin, le sursis est-il en sursis ?
00:06C'est l'une des suggestions du gouvernement pour répondre à l'exaspération des Français selon le mot de François Bayrou face aux violences des soirs de foot.
00:14Répondre surtout au sentiment d'impunité née des premières condamnations prononcées qui ont infligé surtout de la prison avec sursis.
00:21Gérald Darmanin considère que ces peines ne sont pas à la hauteur, que le code pénal n'est plus adapté
00:25et il reprend les propositions qu'il avait formulées à la mi-mai pour le réformer.
00:30Comment ? En créant une condamnation minimum systématique une fois la culpabilité connue.
00:35C'est reconnu, c'est un cran au-dessus des peines planchées du quinquennat Sarkozy qui ne s'appliquait qu'aux récidivistes.
00:41Mais encore, supprimer les aménagements obligatoires pour les peines de moins d'un an de prison,
00:46ce qui revient à incarcérer effectivement les condamnés à quelques mois.
00:49Et enfin, jamais entendu jusqu'ici, la suppression du sursis, qu'il n'y ait plus d'avertissement, explique Gérald Darmanin,
00:57mais que ce soit tout de suite, dès la première condamnation, de la prison ferme ou une peine ferme.
01:01Et là, parler de révolution pénale ne serait pas abusif.
01:05Parce que le principe du sursis, Patrick, est inscrit dans notre droite depuis longtemps.
01:101891, c'est l'une des lois Béranger du nom de cet ancien procureur et avocat devenu député puis sénateur.
01:15René Béranger, inlassable réformateur de notre politique pénale,
01:20on lui doit au moins trois mesures toujours en vigueur.
01:22La libération conditionnelle, le sursis à exécution et l'ensellulement individuel
01:27qui, faute de moyens, n'a jamais été appliqué.
01:30Le sursis résulte des mêmes problématiques qu'aujourd'hui.
01:33Plus les prisons sont pleines, plus la récidive augmente.
01:36Et inversement, cercle vicieux que Béranger et les criminologues de son temps ont voulu casser
01:41en distinguant les délinquants d'habitude et les délinquants par accident.
01:45Les premiers sont incorrigibles et bons pour la prison.
01:48Les seconds, délinquants primaires qui se sont laissés entraîner et se montrent repentants,
01:53peuvent être ramenés dans le droit chemin à condition de leur éviter la prison
01:55qui pourrait en faire de vrais délinquants et en agitant la crainte d'une future punition.
02:00C'est la mesure de sursis.
02:01Élimination d'un côté, prévention de l'autre, incarcération ou avertissement,
02:06les deux logiques sont toujours à l'œuvre.
02:08Mais comme Gérald Darmanin, beaucoup de Français trouvent qu'il y a trop d'avertissement
02:12et pas assez de punition.
02:13Les peines individuelles ne sont pas au niveau du désastre collectif, c'est certain et c'est inévitable.
02:18Chacun ne peut répondre que de ses actes.
02:20Mais pour l'exemple, pour les faits dissuasifs, faudrait-il envoyer en prison
02:25tous les pilleurs et tous les tireurs de mortiers, même avec un casier vierge,
02:29même s'ils sont insérés, avec un travail, et qu'ils risquent d'ailleurs de perdre,
02:33même au risque de les désocialiser et d'en faire des voyous ?
02:36C'est une question à la fois de justice et d'efficacité.
02:39En tout cas, sur ces explosions de violences, symptômes d'une société malade
02:43et de défaillances multiples, le débat s'est engagé comme si seule la justice
02:47était en mesure de ramener le calme et de prévenir d'autres débordements.
02:51Et c'est évidemment une illusion.
02:52Patrick Cohen
02:53Merci d'avoir regardé cette vidéo !
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