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  • il y a 2 jours
Une formule à ne pas perdre de vue, elle est inscrite dans notre loi commune depuis 1848.

Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique

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Transcription
00:00L'heure de l'édito politique. Bonjour Patrick Cohen. Bonjour Marion. Au nom du peuple français.
00:05Une formule à ne pas perdre de vue. Elle est inscrite dans notre loi commune depuis 1848.
00:10Ainsi, puisque la justice est rendue au nom du peuple, ces décisions devraient immédiatement susciter l'adhésion,
00:16sinon du peuple tout entier, ne rêvons pas, au moins du plus grand nombre.
00:19Il ne s'agit pas de se substituer au magistrat, mais dans une affaire qui envoie un ex-président en prison
00:24et concerne à ce titre chaque citoyen de pouvoir suivre le raisonnement des juges,
00:28de comprendre quels sont les éléments, indices et preuves qui les ont conduits à condamner
00:32et à le faire aussi sévèrement. Il aurait fallu, hélas, que le jugement rendu hier réponde à de telles exigences.
00:39Vous, vous ne le comprenez pas.
00:40On parle d'un jugement complexe sur une affaire qui ne l'est pas moins.
00:43Je le comprends, pour y avoir passé des heures, mais je comprends parfaitement ceux qui ne comprennent pas.
00:48Pour résumer le dossier, que les plus proches de Sarkozy et fricotés avec l'un des plus proches de Kadhafi
00:53et le moins fréquentable, le chef terroriste Abdallah Sénoussi, c'est une certitude.
00:57Que Guéant et Hortefeux aient été infichus de livrer une version crédible de ces rendez-vous clandestins à Tripoli
01:03avec l'auteur de l'attentat du décédiste d'UTA, condamné et recherché en France, c'est accablant.
01:08Qu'il n'en ait pas parlé à Nicolas Sarkozy, c'est invraisemblable.
01:12Que la Libye ait décaissé des millions d'euros au profit d'intermédiaires Taquedine et Djouri,
01:16qui devaient alimenter la campagne Sarkozy, c'est avéré.
01:20Mais que cet argent soit arrivé à destination, c'est non.
01:23La procédure, écrivent les juges, n'a pas permis de fonder une démonstration que l'argent parti de Libye
01:29ait in fine été utilisé dans un financement occulte.
01:32Pas d'argent, répète Nicolas Sarkozy depuis 13 ans, pas un seul centime.
01:37Le tribunal lui donne raison et il donne tort au parquet financier.
01:41C'est la grande faiblesse du dossier.
01:44Mais l'association de malfaiteurs, couramment utilisée contre les voyous,
01:46ou jamais encore contre les politiques, condamne l'intention, le projet,
01:51peu importe sa réalisation effective.
01:53En d'autres termes, moins juridique, c'est la magouille qui est sanctionnée.
01:56Le tribunal lui parle de fait d'une gravité exceptionnelle,
02:00de nature à altérer la confiance des citoyens.
02:02La confiance à l'égard des politiques ?
02:03Bien sûr, mais la justice aussi a besoin de confiance.
02:07Et il n'est pas sûr que celle-ci se soit renforcée hier,
02:09sous le déluge de critiques et d'accusations de complots des juges.
02:12A ce propos, une anomalie du système français fait que, hors des enceintes judiciaires,
02:17seuls les procureurs ont droit à la parole.
02:19Jamais les magistrats du siège.
02:21C'est ainsi que le chef du parquet national financier
02:23avait longuement défendu l'accusation contre Nicolas Sarkozy
02:26au matin de l'ouverture de son procès, le 6 janvier.
02:29Parquet qui d'ailleurs, malgré des charges plus lourdes,
02:32n'avait pas requis le mandat de dépôt.
02:34Tandis qu'aujourd'hui, il n'y a personne pour expliquer devant le peuple français
02:37la décision historique, inouïe, à la fois exemplaire et infamante,
02:42de faire incarcérer un ancien président sans attendre son procès d'appel,
02:46sans égard pour sa présomption d'innocence.
02:49Compte tenu de l'énormité de l'accusation,
02:51de la qualité du principal condamné,
02:53de la radicalité du jugement,
02:55de la déflagration politique qui en résulte,
02:58il eut fallu une démonstration éclatante.
03:00Hélas, elle ne l'est pas.
03:02L'édito politique de Patrick Cohen.
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