00:00L'édito politique Patrick Cohen, « La République se meurt ».
00:04C'était le titre du premier livre que le grand historien Michel Vinocq a consacré il y a près de 50 ans à l'agonie de la 4ème République.
00:12Impossible de ne pas y penser ce week-end, la guerre d'Algérie en moins, face aux dernières convulsions d'un système politique miné par l'impuissance, les divisions, les invectives et le discrédit.
00:21Difficile de ne pas croire, après 27 jours de consultation pour un gouvernement qui ne fait que des mécontents, qu'on est parvenu au bout de l'impasse créée par la dissolution et par cette assemblée éclatée en trois blocs irréconciliables.
00:33Vendredi, en renonçant au 49-3, Sébastien Lecornu avait pourtant amorcé un changement de régime, une vraie rupture, mais en donnant le pouvoir au Parlement,
00:41il l'a aussi livré à des dirigeants de partis, obnubilés par les calculs électoraux, les ambitions présidentielles et les rivalités personnelles.
00:50Avec un aléa supplémentaire, le psychodrame Bruno Le Maire, le retour surprise de l'ancien ministre de l'économie, presque un an jour pour jour après son départ du gouvernement,
00:59deux semaines après avoir affirmé à l'usine Nouvelle qu'il était totalement exclu qu'il redevienne ministre, et donc qu'il interrompt sa traversée du désert pour une traversée du bac à sable.
01:09D'où le coup de colère Patrick de Bruno Retailleau.
01:12Du jamais vu, à peine reconduit, le ministre de l'Intérieur flingue le gouvernement dont il fait partie et ne s'imagine pas siéger avec l'autre Bruno, chiffon rouge,
01:22pour toutes les oppositions antimacronistes déjà dénoncées par Marine Le Pen comme l'homme qui a mis la France en faillite.
01:28Or, l'obsession des dirigeants LR, c'est de ne pas apparaître comptable du bilan d'Emmanuel Macron.
01:33« Participer, c'est cautionner », disait Laurent Wauquiez dans l'après-midi devant les instances LR avant d'être mis en minorité.
01:40Trois heures plus tard, c'est Bruno Retailleau lui-même qui veut faire exploser le socle commun.
01:45La gauche n'est guère plus coopérative.
01:47Le parti socialiste qui réclamait sur tous les tons l'abandon du 49-3,
01:50s'est soudain aperçu que sans accord avec le Bloc central, ses 66 députés le rendaient incapable d'imposer quoi que ce soit à l'Assemblée.
01:58Olivier Faure a aussitôt troqué le retrait du 49-3 pour celui de la réforme des retraites.
02:02Le même PS qui avait exigé du Premier ministre qu'il n'y ait pas de débauchage dans ses rangs,
02:08se plaignait hier soir de l'allure très droitière, très Sarkozy-Fillon de l'équipe Le Cornu.
02:13Tout cela, Patrick, ne donne pas une grande espérance de vie à ce gouvernement.
02:17Non, les nouveaux ministres seraient imprudents d'installer leur cadre photo et de défaire leur carton.
02:22Désormais, malgré les quatre semaines passées par Le Cornu à tenter de faire baisser la température,
02:27toutes les logiques partisanes poussent à une nouvelle censure, sans doute à une deuxième dissolution
02:33et sûrement au succès du seul parti qui, dans l'état actuel de l'opinion, tirerait avantage d'un retour aux urnes.
02:40Ses dirigeants, ceux du PS en tête, sont-ils prêts à assumer la responsabilité d'une majorité RN à l'Assemblée nationale ?
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