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Le FMI lance un avertissement à la France ! L’institution plaide pour des efforts "significatifs" sur la baisse de la dépense publique et met en garde contre des hausses d'impôts excessives. En effet, tous les indicateurs sont au rouge : dette publique à 7 500 milliards € en comptant le hors bilan, déficit à au moins 5,6% en 2025, hausse des taux d'intérêts (3,3% pour les obligations d'Etat à 10 ans), inflation (+0,9% sur les 3 derniers mois), croissance prévue à 0,7% selon le gouvernement cette année...
Le PIB italien vient pour la première fois de dépasser celui de la France en parité de pouvoir d'achat. Même l'agence Moody's a renoncé a noté la dette française en raison de l'instabilité politique. Cerise sur le gâteau, la Cour des comptes annonce que la Sécurité sociale pourrait tomber en défaut de paiement à partir de 2027.
- L’exécutif français saura-t-il enfin prendre le taureau par les cornes ?
- Quelle va être l'évolution du taux d'intérêts des obligations françaises à 10 ans ?
- Une dissolution peut-elle débloquer la situation ?
- Une mise sous tutelle de la France est-elle envisageable à court terme ?
Laurent Izard, agrégé d'économie-gestion et diplômé de droit, dresse le tableau d'une France en plein déclin jusqu'au bord de l'abîme...
A la suite de "Politique & Eco", retrouvez la chronique financière de Philippe Béchade intitulée :"Français, faites des efforts !".

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:02Bonjour à tous, ravis de vous retrouver pour Politique & Éco.
00:00:21Alors, le FMI a lancé un nouvel avertissement à la France.
00:00:25L'institution plaide pour des efforts significatifs sur la baisse de la dépense publique
00:00:31et met en garde contre des hausses d'impôts excessives.
00:00:35L'exécutif français saura-t-il enfin prendre le taureau par les cornes ?
00:00:40Parlons-en avec notre invité Laurent Isard.
00:00:43Bonjour, monsieur.
00:00:44Bonjour.
00:00:45Laurent Isard, vous êtes agrégé d'économie gestion et diplômé en droit.
00:00:49Vous êtes l'auteur de plusieurs ouvrages.
00:00:51Le dernier, le voici, 365 raisons d'aimer la France et les Français.
00:00:57Et vous êtes aussi l'auteur de deux ouvrages précédents,
00:01:03« À la sueur de ton front » et « La France vendue à la découpe ».
00:01:07Alors, commençons cet entretien avec vous, Laurent Isard.
00:01:11Est-ce que vous pouvez nous expliquer, nous donner un panorama général
00:01:15de l'État, de l'économie française ?
00:01:19Est-ce que vous avez connu une telle situation par le passé ?
00:01:23Écoutez, la France a connu de nombreuses crises dans son passé.
00:01:27Il y en a eu au XIXe siècle, au XXe siècle, on a connu la crise de 1929,
00:01:32même si on a été moins touché que d'autres pays.
00:01:34Et puis les guerres mondiales nous ont aussi fait beaucoup de mal,
00:01:37d'un point de vue économique.
00:01:38Et on a subi ensuite la crise pétrolière, la crise financière.
00:01:42Mais je vais vous dire une chose, moi je pense que l'état de l'économie
00:01:46aujourd'hui fait que nous ne sommes pas en crise, nous sommes en déclin.
00:01:50Et c'est profondément différent, parce qu'une crise on en sort, si vous voulez.
00:01:53Là, il faut être clair, tous les indicateurs économiques sont au rouge aujourd'hui.
00:01:58Et par exemple, la dette qui atteint des sommets faramineux,
00:02:03le déficit budgétaire, mais aussi les perspectives d'évolution du chômage
00:02:07qui sont très négatives.
00:02:08Il y a eu une communication de l'INSEE qui prévoit une augmentation très forte
00:02:13du chômage pour les mois à venir.
00:02:15– Jusqu'à 10% à la fin de l'année.
00:02:16On en est à 7,3% aujourd'hui, ça va continuer ?
00:02:19– Exactement.
00:02:20Alors, il faut toujours se méfier quand on fait des annonces comme ça.
00:02:25Mais en réalité, tous les organismes qui, je dirais, ont un certain poids
00:02:31et une certaine assise vont dans le même sens, si vous voulez.
00:02:34Alors, il n'y a pas que ça. Les faillites d'entreprise qui se multiplient,
00:02:39l'indice de confiance des ménages qui est très mauvais,
00:02:42l'indice de l'activité qui est mauvais. En fait, tous les indicateurs sont rouges,
00:02:46même si on essaye un petit peu de les camoufler quand même, vous voyez.
00:02:50– C'est-à-dire ?
00:02:50– C'est-à-dire, par exemple, pour la dette que l'on évoquait tout à l'heure,
00:02:54on vous dit que la dette française, c'est 3 305 milliards d'euros aujourd'hui.
00:02:59Mais en réalité, si on ajoute les engagements de l'État qui ne sont pas comptabilisés,
00:03:04on arrive à plus de 7 000 milliards, si vous voulez.
00:03:07Le taux de chômage, on vous répète partout…
00:03:09– Les engagements, pardon, c'est par exemple l'obligation pour l'État
00:03:13de payer la retraite des fonctionnaires.
00:03:15– Par exemple, voilà. C'est le poste le plus important.
00:03:18C'est un engagement sur lequel on ne peut pas revenir en réalité.
00:03:20Mais il n'est pas comptabilisé, si vous voulez.
00:03:23Je vous prends un autre exemple.
00:03:24Sur le taux de chômage, on vous dit, on est sur la crête des 7,8, 7,9.
00:03:31Alors, moi, je m'inscris absolument en faux contre ce chiffre.
00:03:34En réalité, ce chiffre, il sort des études de l'INSEE
00:03:37fondées sur le Bureau international du travail
00:03:39et c'est fait à partir de sondages.
00:03:41Mais ça ne prend en compte qu'une conception extrêmement restrictive
00:03:44de la notion de chômeur.
00:03:46– Que la catégorie A.
00:03:47– Oui. Alors, même si, voilà, ça c'est la catégorie A baissée,
00:03:51ça c'est la comptabilisation de Pôle emploi, si vous voulez.
00:03:54– Quand on nous dit 7,3, c'est la catégorie A.
00:03:56– Oui, ça revient à ça pratiquement, oui.
00:03:57– Si on prend tout le monde, c'est 16,5.
00:03:59– Voilà, ça fait à peu près entre 5 et 6 millions de chômeurs en France
00:04:02sur une population active de 30 millions à peu près.
00:04:05Donc, c'est énorme, si vous voulez, c'est énorme.
00:04:08Voilà. On pourrait prendre d'autres exemples encore.
00:04:11Mais enfin, bon, on voit bien ici qu'on camoufle qu'en réalité,
00:04:15la réalité, on est beaucoup plus en difficulté
00:04:20que ne laissent apparaître les chiffres les plus récents publiés officiellement.
00:04:23– Et on a appris récemment que le PIB, excusez-moi, de l'Italie
00:04:29dépasse celui de la France en parité de pouvoir d'achat.
00:04:33C'est tout nouveau, ça vient de passer.
00:04:35– C'est le PIB par habitant, effectivement.
00:04:38Alors, il faut partir d'un peu plus loin.
00:04:41Si on repart, par exemple, de l'an 2000, il y a 25 ans,
00:04:47on était à PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat
00:04:50à égalité avec les Etats-Unis.
00:04:52Vous voyez ?
00:04:52Aujourd'hui, les Etats-Unis, toujours PIB par habitant
00:04:55en parité de pouvoir d'achat, c'est 50% de plus que la France.
00:04:58Vous voyez ?
00:04:59Alors, l'Italie était aussi très loin derrière.
00:05:01On était à moins 20% pour l'Italie.
00:05:04Et là, l'Italie nous rejoint.
00:05:05Alors, ça veut dire quoi ?
00:05:07Ça veut dire, en réalité, que c'est un nouvel élément,
00:05:09si vous voulez, un nouvel exemple du déclin de la France
00:05:12dont je parlais tout à l'heure.
00:05:13– Oui.
00:05:14Alors, le FMI, je le disais en introduction de cet entretien,
00:05:17a adressé un avertissement à la France concernant ses finances publiques.
00:05:21Est-ce qu'une mise sous tutelle de la France
00:05:23est envisageable à court ou moyen terme ?
00:05:26– Bon, alors, on n'en est pas encore tout à fait là aujourd'hui,
00:05:29fort heureusement, mais c'est vrai que ce qu'a fait le FMI récemment,
00:05:36c'est de nous dire, attention, si on continue sur la lancée actuelle,
00:05:40on peut arriver à avoir, effectivement, des difficultés du même ordre
00:05:43que celles qu'a connues l'Argentine ou qu'a connues la Grèce récemment.
00:05:47Donc, c'est quand même un avertissement extrêmement violent
00:05:49et qui contraste un petit peu avec les agences de notation
00:05:52qui nous ont pour l'instant un petit peu épargnés.
00:05:54Alors, qu'est-ce qui se passe si on ne fait rien ?
00:05:57– L'agence Moody, je le rappelle à nos téléspectateurs,
00:05:59a quand même renoncé à noter la France en raison de l'instabilité politique
00:06:05à cause du fait qu'il n'y ait pas de majorité à l'Assemblée nationale.
00:06:08– Ce qui est un tout petit peu surprenant quand même, voilà.
00:06:10Bon, mais enfin, la France est quand même globalement encore bien notée
00:06:14et puis on a un potentiel économique industriel qui n'est pas comparable
00:06:17avec celui de la Grèce.
00:06:19Avant qu'on arrive à une intervention active du FMI,
00:06:22il faudrait déjà que la BCE n'ait pas pu intervenir.
00:06:25Bon, il y a quand même de la marge.
00:06:27Mais, ceci dit, cette perspective n'est pas nulle.
00:06:30Il faut être extrêmement méfiant.
00:06:32Parce que si nous continuons les dérives actuelles que l'on a sur les finances publiques,
00:06:37on va arriver finalement à une situation où on ne pourra plus arriver
00:06:41à emprunter à des taux raisonnables pour combler les déficits.
00:06:44Et ça peut être extrêmement ennuyeux.
00:06:46– Mais est-ce que vous pensez, Laurent Isard,
00:06:48qu'un François Bayrou, Premier ministre de la France,
00:06:51sans majorité à l'Assemblée, pourra prendre le taureau par les cornes ?
00:06:56– Non. Non, je vais vous dire non, je ne crois pas.
00:06:58– Et vous nous évoquiez le rôle de la BCE
00:07:00avant que cette mise sous tutelle puisse intervenir.
00:07:03Quel serait son pouvoir à ce moment-là ?
00:07:06– Alors, la BCE, c'est son rôle.
00:07:08Elle peut intervenir pour, effectivement, combler un certain nombre de déficits,
00:07:11pour aider les pays à emprunter lorsqu'ils sont en difficulté financière.
00:07:15Mais son pouvoir est relativement limité.
00:07:17Et la BCE n'ira pas continuellement jusqu'à combler tous les déficits
00:07:23qui pourraient se présenter au niveau français.
00:07:25– On a vu que la BCE, par le passé, n'a pas hésité à renier
00:07:29ses propres statuts pour racheter des dettes souveraines d'État.
00:07:34– Oui, mais il faut faire attention, là,
00:07:36parce qu'on est quand même, aujourd'hui, au niveau mondial,
00:07:39dans une tendance tout à fait nouvelle.
00:07:41Alors, quand les investisseurs n'ont plus confiance dans un pays,
00:07:46si vous voulez, bon, ça se traduit dans un premier temps
00:07:49par une remontée des taux d'intérêt,
00:07:50les taux des obligations émises par l'État.
00:07:52Et là, il faut comprendre déjà qu'en France,
00:07:55on est sur une traîne qui tourne autour de 3,4, 3,5.
00:07:59Bon, c'est-à-dire qu'on emprunte au même prix que l'Espagne,
00:08:03que le Portugal ou qu'la Grèce aujourd'hui.
00:08:05Vous voyez.
00:08:06Il y a un autre signe qui est quand même extrêmement préoccupant.
00:08:11Le Japon a émis des titres obligataires à 20 ans, très récemment.
00:08:15Des titres qui n'ont pas trouvé preneur,
00:08:18alors que l'économie japonaise est quand même extrêmement solide.
00:08:21Vous voyez.
00:08:22Alors, ça veut dire qu'il faut faire attention.
00:08:24Il ne faut pas croire que les prêteurs vont nous prêter indéfiniment,
00:08:28quel que soit le niveau de la dette,
00:08:30quel que soit le niveau de nos déficits budgétaires.
00:08:32Donc, c'est à nous, en fait, d'agir pour essayer d'inverser la tendance.
00:08:37Alors, vous me posez la question sur M. Béroud.
00:08:40Bon.
00:08:42Je vous dirais, pour faire les réformes structurelles qui s'imposent en France,
00:08:46et qu'on fait d'autres pays déjà,
00:08:48Eh bien, il y a une condition, à mon avis sine qua non,
00:08:51c'est qu'il faut que le gouvernement qui ose prendre ces mesures,
00:08:53qui, par définition, seront un populaire,
00:08:56puisse avoir une majorité forte, une majorité stable,
00:08:59et puisse avoir le courage d'entreprendre des réformes,
00:09:02en réalité, qui seront forcément douloureuses.
00:09:05Je ne vois pas M. Béroud, dans le contexte actuel,
00:09:08entreprendre de telles réformes.
00:09:09Alors, effectivement, il a évoqué,
00:09:12il essaye de préparer les Français à un plan,
00:09:14bon, il dit, voilà, il faudra que tout le monde fasse un effort, etc.
00:09:17Mais on a bien vu, quand on demande, par exemple,
00:09:20au chauffeur de taxi de faire un petit effort,
00:09:22quelques millions, sur la prise en charge
00:09:24des frais de déplacement sanitaire,
00:09:26immédiatement, on a des manifestations.
00:09:28Je ne vois pas le gouvernement Béroud se lancer
00:09:31dans un grand plan permettant de juguler les déficits.
00:09:35Ça me paraît complètement irréaliste.
00:09:37– François Bayrou a d'ailleurs annoncé
00:09:39pour la préparation du prochain budget, l'année prochaine,
00:09:42plusieurs dizaines de milliards d'économies.
00:09:45Est-ce qu'il a déjà lancé des pistes ?
00:09:47– Il a lancé des ballons-sondes, on va dire, voilà.
00:09:51Il a parlé des retraites, il a parlé de différentes choses.
00:09:55Bon, mais en réalité, pour moi, ce ne sont que des annonces médiatiques
00:09:58pour voir un peu comment réagit la population.
00:10:01En réalité, moi, je me demande comment il va les trouver,
00:10:03ces 40 milliards, vous voyez.
00:10:05Et encore, 40 milliards, ce n'est qu'un début, c'est pour une année.
00:10:09Après, il faut continuer le processus.
00:10:11Le vrai fond du problème, c'est que l'État, la France,
00:10:16vit au-dessus de ses moyens.
00:10:18– Depuis 40 ans ?
00:10:19– Oui, depuis un peu plus de 40 ans, en réalité.
00:10:22Le dernier budget équilibré, ça remonte à Valéry Giscard d'Estaing.
00:10:25Bon, ça commence à faire bien loin.
00:10:30Non, la réalité, c'est ça.
00:10:32On vit au-dessus de nos moyens, vous voyez, pour prendre un exemple
00:10:36qui, à mon avis, est parlant, sur le budget de l'État.
00:10:39Chaque fois que l'État gagne 2 euros, il en dépense 3.
00:10:43On est à peu près sur ce rapport, si vous voulez.
00:10:45C'est évident que ça ne peut pas durer continuellement.
00:10:49Alors là, on a un déficit budgétaire qui a plus de 6%.
00:10:52Normalement, on est censé le ramener à 3% avant 2009.
00:10:56Bon, on peut se demander comment on va faire.
00:10:59Mais les solutions existent quand même.
00:11:01Mais il faut avoir un courage politique,
00:11:03une force politique importante pour les mettre en œuvre.
00:11:05Il faut réduire le budget de fonctionnement de l'État.
00:11:07C'est la première chose.
00:11:08On a des dépenses publiques, aujourd'hui, qui sont à 57% du PIB.
00:11:15C'est beaucoup trop.
00:11:16C'est beaucoup plus que la moyenne européenne.
00:11:17– L'Italie est à 50%.
00:11:19– Oui, l'Italie doit être autour de 50%.
00:11:22Mais elle était à plus de 50%.
00:11:24– Oui, ils ont fait le travail.
00:11:25– Ils ont fait le travail.
00:11:26Ce qu'a fait aussi l'Espagne, ce qu'a fait le Portugal.
00:11:28Alors, là encore, ce sont des réformes douloureuses
00:11:31parce que ça ne passe pas inaperçu, ce genre de choses.
00:11:34Jusqu'à présent, on a toujours vécu avec des expédiants.
00:11:37Que ce soit en termes de recettes
00:11:39ou en termes de quelques petites réductions de dépenses.
00:11:42Aujourd'hui, ce n'est plus possible.
00:11:43Aujourd'hui, il faut tailler dans le vif.
00:11:45Il faut avoir le courage de dire, voilà,
00:11:46on ne peut plus continuer à vivre au-dessus de nos moyens.
00:11:49Et il va falloir trouver des solutions pour stopper le processus.
00:11:53– La France a enregistré l'an dernier, pas moins,
00:11:56de 66 000 faillites d'entreprises.
00:12:00On arrive vraiment, c'est l'impression que cela donne,
00:12:02à la fin d'un cycle.
00:12:04Qu'est-ce qui nous attend ?
00:12:05Qu'est-ce qui attend les Français pour les 10 prochaines années ?
00:12:09Est-ce qu'on peut faire une projection, imaginer quelque chose ?
00:12:12– C'est difficile de faire des projections,
00:12:13mais en tout cas, les faillites d'entreprises qui se multiplient,
00:12:17c'est un indicateur qui est aussi extrêmement, extrêmement préoccupant.
00:12:21Alors, je vous dirais deux choses.
00:12:23La première chose, il y a un économiste qui a dit récemment,
00:12:30l'avenir d'une entreprise française, c'est soit de faire faillite,
00:12:33soit de se faire acheter.
00:12:35Et c'est effectivement extrêmement négatif.
00:12:39Mais qu'est-ce que veut dire cet économiste ?
00:12:41Il veut dire la chose suivante, il veut dire que nos entreprises
00:12:43ne sont pas structurellement compétitives, aujourd'hui, au niveau mondial.
00:12:48Et dans une économie capitaliste ouverte, si on n'est pas compétitif, on disparaît.
00:12:56Alors, c'est le deuxième point, on a fait des erreurs…
00:12:59– C'est quoi ? Le manque de compétitivité de nos entreprises est lié à quoi ?
00:13:02Est-ce que c'est les charges ? Est-ce que c'est l'euro ?
00:13:05– C'est plusieurs facteurs, il n'y a pas un seul facteur.
00:13:07Il y a effectivement les coûts de production, le coût du travail, les charges,
00:13:11mais aussi toute une réglementation extrêmement contraignante
00:13:14qui pèse sur nos entreprises.
00:13:16Bon, il y a aussi les mauvais choix que nous avons faits.
00:13:19Parce que quand on regarde, par exemple, au niveau de l'industrie,
00:13:23on se rend compte qu'en France, on a une part de l'industrie dans le PIB
00:13:28qui est plus faible que celle des pays qui nous entourent.
00:13:31Plus faible que l'Allemagne, ça en le sait, mais plus faible aussi que la Suisse,
00:13:34plus faible que les pays nordiques et même plus faible que l'Italie.
00:13:37On a fait de mauvais choix industriels.
00:13:40On s'est positionné sur des industries milieu de gamme ou bas de gamme
00:13:43qui sont facilement concurrençables.
00:13:45Et puis, il faut bien dire une chose, on a délibérément abandonné notre industrie.
00:13:51Dans les années 90-2000, il y avait une espèce de consensus global
00:13:56de la fois des économistes, des politiques et puis aussi des grands patrons.
00:14:01Alors on cite toujours M. Turuc, mais il n'est pas le seul.
00:14:04On rêvait en fait d'une France sans usine, une France faiblesse.
00:14:09Et on se disait, nous on va se concentrer sur quelques petits secteurs industriels
00:14:12sur lesquels on a des avantages structurels perpétuels.
00:14:17– La voiture, le luxe.
00:14:19– Et oui, voilà.
00:14:20– Sauf que toutes ces industries donnaient du travail à tout un tas de sous-traitants,
00:14:24ce qu'on appelle des PME, qui sont cœur vivant de l'économie.
00:14:26– Et oui, parce qu'il y a tout un tissu industriel, vous voyez.
00:14:29Et ça, c'est une très grave erreur que nous avons faite.
00:14:31Parce que, vous citez par exemple l'automobile.
00:14:34On a cru qu'en France, on aurait toujours un marché avec des entreprises françaises fortes,
00:14:42une clientèle un petit peu captive et des innovations comme Citroën au temps des années 60-70,
00:14:48qui nous permettraient d'être en tête et de conserver des parts de marché suffisantes.
00:14:52On ne se rend pas compte que les entreprises chinoises, aujourd'hui,
00:14:57sont prêtes à envahir le marché français.
00:14:59Alors, elles ont commencé à le faire d'ailleurs.
00:15:01On voit des marques qui apparaissent, un BYD par exemple.
00:15:04Et puis, on nous dit que, oui, mais les entreprises chinoises, les voitures chinoises, d'accord,
00:15:09elles ne sont pas très chères, mais elles sont de mauvaise qualité.
00:15:10Ce n'est pas vrai.
00:15:11Aujourd'hui, elles ont atteint un niveau de qualité égal aux voitures françaises.
00:15:16On nous dit, oui, mais ils n'ont pas de réseau de distribution en France, ça ne marchera pas.
00:15:20Sauf que, ça y est, vous prenez une entreprise comme Leapmotor par exemple,
00:15:23ils ont passé un contrat avec Stellantis, donc Peugeot, Fiat, Citroën.
00:15:29Et Stellantis va commercialiser des voitures dans son réseau Leapmotor,
00:15:33avec un accord de partenariat.
00:15:35Donc, en réalité, on a davantage perpétuel sur rien.
00:15:39Donc, nos entreprises ne sont pas compétitives.
00:15:41Elles ne peuvent pas l'être, compte tenu des boulets aux pieds qu'elles se traînent
00:15:44et que n'ont pas les entreprises chinoises ou même les entreprises américaines.
00:15:49– On peut évoquer le volet social.
00:15:53C'était le 26 mai dernier.
00:15:56Laurent Isard, la Cour des comptes, a annoncé que la sécurité sociale
00:15:59pourrait tomber en défaut de paiement à partir de 2027.
00:16:03C'est la première fois qu'on entend parler la Cour des comptes donner une telle information.
00:16:11Les recettes de la sécurité sociale, on le rappelle, représentent 12% du PIB,
00:16:16mais ses dépenses, c'est 22%.
00:16:18Donc, qu'est-ce qui pourrait arriver si, en effet,
00:16:21la sécurité sociale arrêtait de fonctionner correctement ?
00:16:25– Alors, juste un petit peu…
00:16:26– Enfin, elle a déjà cessé d'arrêter de fonctionner correctement,
00:16:29mais elle a cessé de verser ses indemnités.
00:16:32– Elle fonctionne mal depuis très longtemps.
00:16:34Bon, et encore, quand vous citez 22%,
00:16:36ce ne sont que les prestations stricto sensu de la sécurité sociale.
00:16:39En réalité, l'ensemble des dépenses des prestations sociales en France,
00:16:43ça représente 32% du PIB.
00:16:46Voilà, un tiers, un tiers du PIB français.
00:16:49Alors, les difficultés de la sécurité sociale, on les connaît.
00:16:53C'est un problème de recettes et un problème de dépenses.
00:16:57Ça n'a pas commencé aujourd'hui, ça n'a pas commencé aujourd'hui,
00:16:59mais pendant très longtemps, qu'est-ce qu'on a fait ?
00:17:01On a laissé filer les dépenses,
00:17:03et puis on arrivait à combler les déficits au coup par coup,
00:17:07avec des emprunts de court terme.
00:17:09Et puis on s'est dit, ça c'est plus tenable.
00:17:11On a créé un organisme qui s'appelle la CADES,
00:17:12qui permet d'emprunter à long terme.
00:17:14Voilà, et on a créé des…
00:17:18Alors, ce ne sont pas des impôts, mais des taxes supplémentaires.
00:17:21La CSG qui devait rester à 1% au départ, et puis qui a beaucoup augmenté.
00:17:25La CRDS, voilà.
00:17:26– Ça, c'était sous Rocard et sous Juppé.
00:17:28– Alors, la CSG sous Rocard, oui.
00:17:30Effectivement, la CRDS, c'est un peu plus tard.
00:17:32Voilà.
00:17:32Mais aujourd'hui, même avec ces emprunts à long terme, on arrive au bout du processus.
00:17:37C'est-à-dire qu'on n'arrive plus à financer nos prestations sociales.
00:17:41Donc, il faut s'attaquer, il faut s'attaquer aux dépenses.
00:17:45C'est ça, le cœur du problème.
00:17:47Et je pense que ça, ça va peut-être être le plus douloureux.
00:17:50Parce que ces dépenses, en réalité, elles sont utiles, pour plein de raisons.
00:17:54à la fois pour les personnes qui les reçoivent,
00:17:56mais aussi pour le fonctionnement global de l'économie, pour la consommation, etc.
00:18:00Mais on ne peut plus continuer sur un système comme ça,
00:18:03qui effectivement va aboutir aux défauts si on ne fait rien.
00:18:07– J'entendais, il y a quelques jours, l'ancien ministre de l'Économie,
00:18:11de François Hollande, Arnaud Montebourg, en commission parlementaire,
00:18:14affirmer que quand on arrive au gouvernement, en tant que ministre,
00:18:19on ne peut pas forcément mettre en œuvre les réformes prévues
00:18:25par le gouvernement en place, qu'il y a ce que l'on peut appeler
00:18:30l'État profond qui empêche, c'est-à-dire la haute fonction publique,
00:18:34qui empêche les réformes d'aboutir.
00:18:37– Oui, mais enfin, je suis d'accord.
00:18:39– On peut avoir du courage, mais derrière, il y a cet obstacle.
00:18:43– C'est un peu facile de tout mettre sur le dos de la technocratie.
00:18:47Bon, effectivement, c'est une force d'inertie,
00:18:49parfois, c'est aussi une force de proposition un peu curieuse
00:18:52dans d'autres situations.
00:18:54Mais bon, justement, le courage de l'homme politique,
00:18:57c'est d'aller au-delà.
00:18:59Or, qu'est-ce qu'on constate ?
00:19:01On constate que le nombre de technocrates, de fonctionnaires,
00:19:04n'a pas arrêté d'augmenter.
00:19:06L'État a fait un petit effort depuis quelques années,
00:19:08mais au niveau des collectivités locales, c'est une catastrophe.
00:19:11Donc, on n'arrive pas à réduire les dépenses de fonctionnement,
00:19:15on n'a pas le courage politique ou la possibilité politique
00:19:18d'entreprendre des réformes, et on aboutit au système actuel.
00:19:21C'est quand même assez incroyable.
00:19:23– Ce qu'on voit, vous le disiez tout à l'heure,
00:19:25c'est quand même par l'Assemblée que le budget est voté,
00:19:29et aucun budget n'a été voté à l'équilibre depuis 1974.
00:19:33Donc, il y a la complicité des députés qui sont les représentants des Français
00:19:39à ne pas voter des budgets équilibrés.
00:19:43– Vous savez, pour un député, s'il veut se faire élire,
00:19:46ce n'est pas facile pour lui de voter des mesures contraignantes ou douloureuses.
00:19:50Donc, on a une espèce de laisser-aller.
00:19:52Et puis, je vais vous dire, finalement, avoir des déficits,
00:19:58les combler par l'emprunt, quitte à accroître la dette,
00:20:01eh bien, ça a quelque chose de très confortable.
00:20:04Parce que ça a un impact positif sur l'économie, à court terme, si vous voulez.
00:20:08Ça encourage la consommation, ça encourage les investissements des entreprises.
00:20:12Mais en fait, pour paraître à peu près en bonne santé sur le court terme,
00:20:17on sacrifie le moyen et long terme.
00:20:18Et c'est ce que tous nos dirigeants ont fait depuis des années et des années.
00:20:22– Qui ça favorise, ces budgets déséquilibrés ?
00:20:27Ça ne favorise pas les Français,
00:20:28puisqu'on voit maintenant les déficits accumulés
00:20:31qui donnent une dette à au moins 3 300 milliards,
00:20:347 500 si on ajoute le hors-bilan,
00:20:37qui bénéficient dans l'ombre, j'ai envie de penser,
00:20:42de ces déficits de la France.
00:20:44– Je dirais avant tout les politiques,
00:20:46parce qu'eux, ils sont élus pour mettre la France dans un ordre de marche
00:20:49et ils ne le font pas.
00:20:50– Ensuite, une chose quand même qu'il faut remarquer,
00:20:55quand on regarde dans les dépenses de l'État,
00:20:58la part du remboursement de la dette,
00:21:01on se rend compte que ça a évidemment énormément augmenté.
00:21:04Et d'après les principales projections,
00:21:06très bientôt, le remboursement de la dette va être le premier poste
00:21:11de dépense du budget de l'État.
00:21:12– Ça représente combien aujourd'hui ?
00:21:14C'est 60 milliards ?
00:21:15– 70.
00:21:15– 70 milliards par an ?
00:21:16– 70 milliards, on va arriver à 70 milliards…
00:21:18– C'est déjà plus que le budget de la défense.
00:21:20– Oui, oui, on va dépasser très bientôt
00:21:22le budget de l'Éducation nationale.
00:21:24– On parle déjà de 100 milliards dans quelques années,
00:21:27parce qu'on prévoit déjà que rien n'interviendra,
00:21:31rien ne se passera.
00:21:32– Voilà, voilà.
00:21:33Alors, je veux dire, c'est une situation un petit peu de confort mou,
00:21:38mais pour faire une comparaison peut-être un petit peu hasardeuse,
00:21:40c'est exactement comme un malade qu'on drogue.
00:21:43Si vous voulez, on ne le soigne pas, on drogue.
00:21:45Alors, il ne se sent pas mal, mais ça ne résout pas le problème de fonds.
00:21:48C'est exactement ce qu'on est en train de faire.
00:21:50Alors après, on a évidemment des prêteurs
00:21:52qui ont encore confiance dans la dette française
00:21:57et qui trouvent des moyens de placer,
00:22:00bon, les fonds de pension américains et quelques autres,
00:22:02qui trouvent moyen d'acheter de la dette.
00:22:04– Est-ce que ce n'est pas cela, Laurent Hezard,
00:22:06à qui ces déficits profitent ?
00:22:08– Un petit peu.
00:22:08– Les banques, les grands fonds de pension ?
00:22:11– Oui, ils trouvent effectivement…
00:22:13Les fonds de pension, qu'est-ce qu'ils cherchent en fait ?
00:22:15– Est-ce qu'il n'y a pas une connivence, quelque part,
00:22:17entre ces grandes organisations bancaires et les gouvernements,
00:22:21quand on voit que Jean-François Cyréli,
00:22:23le responsable de BlackRock France,
00:22:25reçoit la Légion d'honneur des mains du chef de l'État ?
00:22:28– Connivence, je ne sais pas,
00:22:29mais en tout cas, une proximité d'intérêt, oui, à minima.
00:22:32– Des indicateurs de l'économie française,
00:22:36vous en avez donné quelques-uns,
00:22:37ils sont tous dans le rouge,
00:22:39il y a ce terme un peu technique,
00:22:41c'est la stagflation.
00:22:43Donc, la stagflation, c'est quoi ?
00:22:45C'est quand le pays n'a pas de croissance,
00:22:48ou croissance faible,
00:22:50et avec de l'inflation.
00:22:52On connaît ces deux facteurs.
00:22:56– Alors, quel est aujourd'hui l'indicateur de l'économie française
00:22:58qui vous inquiète le plus ?
00:23:00– Écoutez, c'est un indicateur qu'on n'a pas encore cité, je crois,
00:23:04c'est un indicateur de moyen et long terme,
00:23:06c'est le taux de natalité en France,
00:23:08qui est en chute libre.
00:23:10On était à 1,9 enfant par femme,
00:23:12bon, jusqu'à il y a quelques années,
00:23:14et pour différents facteurs, pour différentes raisons,
00:23:17eh bien, on tombe à 1,6, 1,5 aujourd'hui.
00:23:21Et vous savez, un pays qui ne renouvelle pas sa population,
00:23:24c'est un pays qui meurt,
00:23:25on va dire les choses très clairement.
00:23:27Alors, on commence d'ailleurs à en voir les premiers effets aujourd'hui.
00:23:30On voit que le nombre d'étudiants dans les grandes écoles
00:23:35ou dans les facs commence à diminuer,
00:23:36et c'est encore pire dans les écoles primaires.
00:23:40On voit qu'on a de plus en plus de difficultés
00:23:42dans certains secteurs à recruter.
00:23:45Et puis, surtout, c'est les jeunes générations,
00:23:48dans le système de retraite que l'on a actuellement,
00:23:50c'est les jeunes générations qui vont payer les retraites,
00:23:52des futurs retraités.
00:23:53Et quand on voit le rapport entre le nombre d'actifs
00:23:56et le nombre de retraités,
00:23:57ça évolue défavorablement depuis maintenant des années.
00:24:01Donc, c'est un vrai, vrai problème.
00:24:04– Comment vous voulez expliquer, justement,
00:24:05cette absence de renouvellement des générations ?
00:24:08– Écoutez, il y a plusieurs facteurs, là aussi.
00:24:12Moi, je crois que le premier facteur, c'est une peur de l'avenir,
00:24:14parce que les Français, ils ne sont pas dupes.
00:24:16Ils voient bien que l'économie se porte mal.
00:24:18Ils envisagent mal l'avenir.
00:24:21Il y a des bruits de bottes un petit peu partout.
00:24:22Et ils se disent, ben voilà, dans quel monde je vais mettre au monde des enfants.
00:24:28Il n'y a pas que ça.
00:24:29Il y a d'autres facteurs aussi.
00:24:31Et il y en a un qui est mal identifié,
00:24:34mais que je crois relativement important.
00:24:36C'est, comment vous dire, un certain nédodisme
00:24:39qui fait qu'aujourd'hui, ben voilà, avoir des enfants, c'est contraignant.
00:24:43Avoir des enfants, c'est un coup.
00:24:44– Il y en a certains qui disent que c'est polluant.
00:24:46– Ah ben oui, il y a l'aspect écologique aussi.
00:24:48Certains, moi, j'ai des étudiants, je les ai interrogés là-dessus,
00:24:51est-ce que vous voulez avoir des enfants ou pas ?
00:24:53Et beaucoup m'ont répondu, un tiers, plus d'un tiers m'ont dit non,
00:24:56jamais d'enfants, parce que la planète est à bout de souffle.
00:24:59Donc vous voyez, on bourre le crâne un petit peu des jeunes
00:25:01avec des problèmes qui sont réels.
00:25:03Mais bon, ne pas faire d'enfants, le problème est encore pire, si vous voulez.
00:25:07Voilà, donc, et puis c'est une évolution sociétale, vous voyez,
00:25:11on parlait récemment, j'ai entendu, des restaurants, des hôtels
00:25:15qui veulent des clients sans enfants, vous voyez.
00:25:18Et puis les enfants, ça a un coût.
00:25:19Alors dans une économie qui est, je dirais, un peu exsangue,
00:25:22ben voilà, faire des enfants, c'est un risque, c'est un risque pour les parents.
00:25:27Donc voilà, on est dans une situation aujourd'hui où, pour toutes ces raisons,
00:25:32et puis je dirais pour mieux profiter de la vie, voilà.
00:25:35On a plus cette notion de devoir, si vous voulez, de revenu à une grande génération
00:25:39qui était quelque chose de tout à fait naturel jusqu'à il y a encore quelques années.
00:25:42Donc aujourd'hui, ben voilà, on est dans cette situation qui est un petit peu dramatique
00:25:46et qui aura des effets, parce que la pyramide des âges,
00:25:48ça ne se bouge pas en quelques années.
00:25:51Ça a des répercussions sur des dizaines d'années.
00:25:54Et je pense que le problème va se poser de façon encore plus accrue dans 10 ou 20 ans.
00:25:58– La France a fait le pari depuis des années d'avoir recours à l'immigration
00:26:04pour, d'ailleurs je ne sais pas très bien pourquoi,
00:26:08quelles sont les retombées aujourd'hui de l'immigration pour l'économie française ?
00:26:13– Alors c'est un petit peu compliqué, parce que déjà on n'a aucun chiffre fiable sur l'immigration
00:26:19et on a très peu de stats sociologiques sur les personnes qui viennent.
00:26:24Bon, ça c'est la première chose.
00:26:26Deuxième chose, les politiques sont très partagées sur cette question.
00:26:30Et ce n'est pas forcément une question de clivage gauche-droite,
00:26:33c'est beaucoup plus compliqué que ça.
00:26:35Le MEDEF par exemple est très favorable à une poursuite de l'immigration,
00:26:39parce qu'effectivement dans de nombreuses entreprises,
00:26:42on a beaucoup de mal à recruter, et puis recruter une personne immigrée,
00:26:45ça coûte beaucoup moins cher, c'est moins contraignant
00:26:47que recruter un Français qui aura peut-être davantage d'exigences.
00:26:51– On était déjà sous Nicolas Sarkozy passé à 200 000 entrées légales par an,
00:26:56on est aujourd'hui à 500 000.
00:26:58– Alors oui, pour moi ce chiffre est un tout petit peu exagéré quand même,
00:27:01parce qu'effectivement on est à 500 000 entrées,
00:27:04mais on ne tient pas compte des sorties, il y a aussi des sorties.
00:27:07– Oui, mais qui s'en va ? Qui arrive et qui sort ?
00:27:08– Alors, les étudiants par exemple, l'étranger qui repartent,
00:27:12il y en a quand même, vous voyez, il y en a parmi les 500 000 qui arrivent.
00:27:14– Oui, donc l'avenir c'est les étudiants et les étudiants ils s'en vont.
00:27:19– En tout cas, il y a une chose qui est certaine,
00:27:21c'est qu'il y a un indicateur qui ne me plaît pas du tout.
00:27:23– C'est celui qu'on met en avant très souvent,
00:27:27c'est le rapport entre les entrées et les sorties,
00:27:29parce que, de population, quand un Français part à l'étranger,
00:27:33ce n'est pas la même chose que quand un étranger rentre en France,
00:27:35vous voyez, voilà.
00:27:37En fait, le vrai problème c'est qu'on ne tient pas compte du fait
00:27:40que la population immigrée en France, le taux de chômage c'est 50%.
00:27:43C'est un vrai problème, si vous voulez.
00:27:47Et puis, on minimise tous les problèmes d'intégration,
00:27:52les problèmes de différentiel culturel, c'est une évidence.
00:27:55Voilà, donc l'idée selon laquelle on peut combler le déficit naturel
00:28:01des naissances en France par une main d'œuvre immigrée,
00:28:03c'est une idée qui me paraît extrêmement dangereuse quand même.
00:28:05– Ce qu'on entend avec cet avertissement, en tout cas du FMI à la France,
00:28:11Laurent Isard, c'est que la France est en effet à la merci
00:28:14d'une remontée des taux d'intérêt.
00:28:16Le taux d'intérêt des obligations d'État françaises à 10 ans
00:28:20est à 3,3% en mai.
00:28:23Quelle évolution est-ce qu'on peut prévoir dans les mois à venir ?
00:28:27– Si effectivement on n'entreprend pas de réformes,
00:28:30si on continue sur la tendance actuelle,
00:28:32si on n'arrive pas à juguler les déficits,
00:28:36il y a fort à parier que la France va être moins bien notée
00:28:38par les agences internationales.
00:28:40Ça va entraîner une augmentation des taux d'intérêt,
00:28:43ce qui est grave en soi.
00:28:45Et vous savez, il y a beaucoup de collectivités locales
00:28:47qui se sont endettées, qui continuent sur des taux variables.
00:28:49Donc il y a des risques de…
00:28:52Je vais mettre entre guillemets, mais de faillite de collectivités locales.
00:28:56Ça c'est un vrai souci.
00:28:57Puis il y a un autre point de vue aussi qui est important,
00:28:59c'est parce que quand même on est dans l'Union européenne
00:29:02et nos principaux concurrents, ils sont chez nous.
00:29:04C'est aussi l'Allemagne, c'est l'Espagne, c'est l'Italie.
00:29:06Or quand on regarde ce qu'on appelle le spread,
00:29:08c'est-à-dire l'écart de taux d'intérêt entre les différents pays,
00:29:11on se rend compte que nous en France, on en prenne plus cher
00:29:14ou aussi cher que les Espagnols, que les Portugais ou maintenant que les Grecs.
00:29:18Mais on en prenne beaucoup plus cher que les Allemands,
00:29:20beaucoup plus cher aujourd'hui que les Italiens.
00:29:22Donc ça impacte sur la compétitivité de notre pays,
00:29:26sur la compétitivité des entreprises,
00:29:27parce qu'il faut bien rembourser, on rembourse plus cher.
00:29:29Et donc dans la logique actuelle, qu'est-ce qu'on fait ?
00:29:32On n'arrête pas d'accroître la fiscalité, c'est vraiment obligatoire.
00:29:35– Vous disiez tout à l'heure que les investisseurs,
00:29:39en tout cas ceux qui rachètent la dette de l'État français,
00:29:42continuent d'avoir confiance dans l'État,
00:29:46avec sa production, avec ses actifs, on pourra en parler tout à l'heure.
00:29:50Qu'est-ce qui pourrait faire croire aux investisseurs
00:29:54que la France ne mérite plus leur confiance ?
00:29:58Et qu'est-ce qu'il arrivera ensuite ?
00:30:00– Moi je crois qu'effectivement…
00:30:01– Philippe Béchade nous dit un krach obligataire
00:30:04avec le Japon n'est pas à exclure.
00:30:06– Non, ça peut arriver, ça peut arriver en France.
00:30:08– Qu'est-ce qui permettrait, j'aimerais comprendre,
00:30:11et nos téléspectateurs aussi,
00:30:13l'instant où les marchés cessent de faire confiance à l'État ?
00:30:17– Vous savez, les marchés ce n'est pas quelque chose de monobloc,
00:30:21si vous voulez, et ce n'est pas un événement précis
00:30:24qui peut faire changer la donne.
00:30:26Ce qui peut faire changer la donne c'est une évolution,
00:30:28une évolution lente, dans laquelle on est actuellement malheureusement.
00:30:33Et moi je pense par exemple que si on n'arrive pas
00:30:36dans les années à venir à juguler les déficits,
00:30:40si effectivement on a des difficultés pour financer nos dépenses sociales,
00:30:45on en parlait tout à l'heure,
00:30:46je pense que si on a un certain nombre de grosses entreprises
00:30:49qui partent à l'étranger, ça peut être un indicateur important.
00:30:53Si on a une crise politique qui dure,
00:30:55parce qu'on est en crise politique actuellement,
00:30:58ça peut aussi décourager les investisseurs étrangers
00:31:00qui n'ont plus confiance dans notre pays.
00:31:03Et on va voir aussi, moi j'attends les notations des agences,
00:31:08parce que pour l'instant, on l'a dit tout à l'heure,
00:31:10elles ont été relativement clémentes pour la France,
00:31:12mais ça n'avait peut-être pas duré.
00:31:13On écoute beaucoup les agences de notation au Moody's et les autres.
00:31:17Donc les investisseurs sont rivés là-dessus.
00:31:19S'ils n'ont plus confiance dans la capacité de la France
00:31:21à rembourser à 10 ans, à 15 ans,
00:31:25il y a un risque par effet d'enchaînement,
00:31:27effectivement, de crac obligataire.
00:31:29– Est-ce que vous pensez que la nouvelle politique commerciale
00:31:34de Donald Trump, qui veut réindustrialiser son pays,
00:31:38va réellement inciter des entreprises françaises à partir aux États-Unis ?
00:31:42C'est en tout cas ce qu'a fait Sanofi avec cet investissement
00:31:46de 20 milliards jusqu'en 2030.
00:31:48– Oui, mais alors, moi j'ai regardé un petit peu là-dessus,
00:31:51parce que c'est intéressant, Sanofi, effectivement, 20 milliards,
00:31:54mais la CMA-CGM, 20 milliards aussi aux États-Unis.
00:31:58LVMH, 15 milliards, vous voyez ?
00:32:00Total, 15 milliards.
00:32:01– Ça commence, ça commence.
00:32:03– Saint-Gobain, 40 milliards investis aux États-Unis.
00:32:05Et même Stelantis vient d'annoncer un investissement
00:32:07de 4 milliards aux États-Unis.
00:32:09Autrement dit, nos entreprises investissent à l'étranger,
00:32:13principalement aux États-Unis.
00:32:14Alors, c'est dû en partie, effectivement, aux droits de douane,
00:32:17une prévision des droits de douane à l'importation,
00:32:20j'allais dire décidée par Trump, mais c'est tellement en aller-retour
00:32:24qu'on ne sait plus trop où on en est.
00:32:25Mais peu importe, les entreprises, elles, les anticipent.
00:32:28Et puis, c'est dû aussi à une perte de confiance
00:32:31dans la France et dans l'Union européenne.
00:32:35On trouve que les facteurs de croissance
00:32:38sont beaucoup plus importants hors de l'Europe.
00:32:40Donc, on investit à l'étranger.
00:32:42C'est quand même dramatique.
00:32:43– On entend souvent dire que la France a des actifs
00:32:48susceptibles de résorber la dette.
00:32:51Est-ce qu'on doit s'attendre dans les années à venir
00:32:53à voir l'État français vendre des biens,
00:32:57du patrimoine français,
00:32:59ou même à se servir dans l'épargne des Français ?
00:33:02On l'a déjà entendu dans la bouche de certains dirigeants,
00:33:05notamment d'Éric Lombard.
00:33:07– Oui, tout à fait, oui.
00:33:08– À se servir dans cette réserve, l'épargne et le patrimoine.
00:33:12– Alors, sur le patrimoine, ça a déjà commencé.
00:33:16Et dans mon livre, La France vendue aux découpes,
00:33:19je cite quand même beaucoup d'exemples de vente du patrimoine français.
00:33:22Alors, parfois, c'est très visible quand c'est un monument,
00:33:25quand c'est des immobiliers.
00:33:27Parfois, ça se voit beaucoup moins quand c'est des parts de société,
00:33:29suite à des privatisations, par exemple.
00:33:31Mais le processus continue aujourd'hui.
00:33:35On essaye, mais c'est un pansement, c'est un sparadrap, si vous voulez.
00:33:40Ce n'est pas ça qui va résorber les déficits sur le long terme.
00:33:44Quand appuiser dans l'épargne des Français,
00:33:46effectivement, il en est question aujourd'hui.
00:33:48Je pense que c'est une mesure qui, politiquement,
00:33:50serait presque un suicide.
00:33:52Même si juridiquement, c'est tout à fait possible.
00:33:54– C'est-à-dire ?
00:33:54– En cas de crise ?
00:33:55– Juridiquement, l'épargne des Français n'est pas en sécurité ?
00:33:59– Oui, non, elle n'est pas en sécurité.
00:34:00En cas de crise, avec certaines limites qui sont fixées par la loi,
00:34:04effectivement, on peut puiser dans l'épargne des Français.
00:34:06Maintenant, je pense que ça serait un acte,
00:34:09si ça se produisait, ça serait un acte politiquement désespéré, si vous voulez.
00:34:13– Suicideur ?
00:34:13– Ah oui, moi, je n'y crois pas du tout.
00:34:15– D'accord.
00:34:17Le déficit pour 2025 était prévu initialement à 5,3.
00:34:22Il a été finalement révisé à 5,6.
00:34:26Donc, cela représente 200 milliards de déficit.
00:34:31– Oui, c'est ça.
00:34:31– On était déjà à 170 l'année dernière,
00:34:34avec une croissance attendue cette année,
00:34:36selon le gouvernement et la Banque de France, à 0,7%.
00:34:40On sera, parce qu'ils sont très optimistes, ces gens-là,
00:34:43visiblement plus à 0,5.
00:34:47Est-ce qu'on peut encore s'attendre à un dérapage budgétaire,
00:34:50comme en 2003 avec Bruno Le Maire,
00:34:53qui nous avait annoncé un déficit à 4,4 et finalement à 6,1 en octobre ?
00:35:01– Oui, on ne tient pas.
00:35:02On ne tient pas nos engagements, on ne tient pas nos prévisions.
00:35:04Et ça n'a rien de surprenant.
00:35:06Bon, la réalité, c'est qu'aujourd'hui, on est quasiment en récession.
00:35:10Ça, c'est la première chose.
00:35:11Deuxième chose, effectivement, est-ce que ça va se poursuivre ?
00:35:14Écoutez, je ne vois pas pourquoi ça ne se poursuivrait pas.
00:35:17– On peut s'attendre à voir Éric Lombard comme Bruno Le Maire
00:35:20sur les sièges d'une commission parlementaire en lui disant
00:35:24« Mais M. le ministre, vous nous avez raconté des bêtises ».
00:35:26– Moi, ce que je vois aujourd'hui, c'est qu'il y a un projet de référendum.
00:35:31On va demander l'avis des Français.
00:35:33On va leur demander « Est-ce que vous êtes d'accord de faire des efforts ? »
00:35:36On va leur demander « Est-ce que vous êtes d'accord d'avoir moins de prestations ? »
00:35:39Est-ce que vous êtes d'accord ?
00:35:39Bon, moi, je serais très surpris que les Français applaudissent
00:35:42à des deux mains et disent « Bravo, c'est super ».
00:35:44Voilà.
00:35:45Donc, si vous voulez, je ne vois pas aujourd'hui de moyens
00:35:49de s'en sortir durablement, efficacement,
00:35:53avec le gouvernement qu'on a actuellement.
00:35:55Parce qu'il faut avoir les mains libres pour faire ça.
00:35:58Comme le disait, il faut avoir une majorité forte.
00:36:00Il faut être politiquement fort.
00:36:02Et ce n'est pas le cas aujourd'hui.
00:36:03Donc, je pense que ces dérapages, que vous constatez très justement,
00:36:07ont des chances de se poursuivre.
00:36:09– On nous demande, à nous, Français, de faire des efforts
00:36:13avant même de nous annoncer des réductions dans la dépense publique.
00:36:18Ce à quoi le FMI incite l'État français.
00:36:22Est-ce que c'est la bonne méthode ?
00:36:23– Mais les Français, ça fait des efforts.
00:36:25– Venant d'un François Bayrou, excusez-moi l'absence révélateur,
00:36:28qui nous demande de faire des efforts.
00:36:30– Mais les Français, ils en font depuis des années, des efforts.
00:36:33Quand on voit le taux de prélèvement obligatoire,
00:36:35les impôts que payent les Français,
00:36:37mais ils font des efforts extrêmement importants.
00:36:39Voilà.
00:36:40Donc, alors évidemment, on dit, bon, ok, après tout,
00:36:45on est à 20% de TVA, et si on passait à 21 ou 22,
00:36:48ça ne changerait pas grand-chose ?
00:36:49Eh bien si, moi je pense que ça change les choses,
00:36:51parce qu'on a atteint aujourd'hui, si vous voulez,
00:36:54un niveau de prélèvement obligatoire qui devient insupportable,
00:36:57qui pénalise notre économie,
00:36:59qui réduit le pouvoir d'achat des Français.
00:37:01Et du coup, cette idée, par exemple, de créer une TVA sociale
00:37:05qui court depuis quelques jours, moi m'inquiète,
00:37:08parce qu'on ne sait pas trop ce qu'il y a dedans en réalité.
00:37:10Mais s'il s'agit d'augmenter la TVA, à mon avis c'est catastrophique.
00:37:13On est le pays au monde le plus fiscalisé.
00:37:16Et c'est une espèce de fuite en avant, si vous voulez.
00:37:18– C'est combien aujourd'hui les prélèvements obligatoires en France ?
00:37:21– On est à 50 et quelques, donc on est à égalité à peu près
00:37:27avec le Danemark et la Suède, ça atteint un niveau
00:37:31qui est quasi insupportable en réalité,
00:37:33parce que ça pénalise nos entreprises, ça pénalise la consommation,
00:37:36si vous voulez, voilà.
00:37:38On a le plus mauvais ratio en Europe, dépenses publiques sur PIB.
00:37:43Vous voyez ? On est le plus mauvais d'Europe, c'est pas compliqué.
00:37:46Et en même temps, on est les plus mauvais en termes de déficit budgétaire.
00:37:49– Mais d'où ça vient ?
00:37:50– Ça questionne quand même.
00:37:51– Moi je pense que c'est beaucoup la question que se posent les Français,
00:37:55cette incapacité de l'État français à se remettre en question
00:38:01ce qu'ont fait les Italiens, ce qu'ont fait les Espagnols, les Portugais.
00:38:05– Écoutez, toujours plus d'impôts pour toujours plus de dépenses publiques.
00:38:09C'est quoi dans l'histoire ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:38:11– Non mais surtout qu'est-ce qui ne s'est pas passé ?
00:38:13Parce que, je vous prends juste un exemple,
00:38:17le Portugal a fait des efforts importants.
00:38:19Bon, tout le monde a dit que c'est très bien, bravo.
00:38:21– Les Portugais, ils sont excédentaires cette année sur leur budget.
00:38:24– Absolument, absolument, vous avez raison.
00:38:25Mais qu'est-ce qu'ils ont fait ?
00:38:26Ils ont par exemple décidé de réduire toutes les retraites de plus de 10%.
00:38:30Mais vous imaginez une mesure comme ça en France ?
00:38:32Vous imaginez François Béroud dire,
00:38:34on va diminuer toutes les retraites de 10% en France.
00:38:36C'est absolument inimaginable, si vous voulez.
00:38:39Donc en fait, on s'est laissé, si vous voulez,
00:38:41le vrai problème français à mon avis,
00:38:42c'est qu'on s'est laissé bercer par une petite musique
00:38:45disant qu'on peut toujours augmenter le pouvoir d'achat,
00:38:48on finance par la dette, il n'y a aucun problème.
00:38:52Mais on ne se rend pas compte que nous vivons largement au-dessus de nos moyens.
00:38:56Et c'est très difficile de revenir en arrière, si vous voulez.
00:38:58– Vous parliez tout à l'heure justement de TVA sociale, de consommation.
00:39:04Justement, les prix à la consommation repartent à la hausse de près de 1%
00:39:10ces trois derniers mois, malgré une baisse des prix de l'énergie.
00:39:16Comment est-ce qu'on peut expliquer cette reprise ?
00:39:18– Il y a plusieurs éléments qui jouent là-dessus.
00:39:21Cette reprise est toute récente, c'est depuis trois mois,
00:39:24donc il faut attendre voir si elle se confirme ou pas.
00:39:26Mais si elle se confirme, c'est dû à plusieurs facteurs.
00:39:29Il y a l'augmentation effectivement du coût des matières premières.
00:39:34Il y a aussi des questions de droits de douane qui interviennent,
00:39:37parce que ça a aussi bougé un petit peu là-dessus.
00:39:40Sur l'énergie, c'est assez particulier, parce qu'effectivement,
00:39:43la guerre en Ukraine et d'autres facteurs ont joué un petit peu là-dessus.
00:39:48– Oui, elle a augmenté l'énergie de 37% entre 2021 et avril 2025.
00:39:54– Oui, oui, oui. Mais alors là, il faut quand même dire une chose.
00:39:57On a en France la capacité de produire l'énergie la moins chère au monde.
00:40:01– Grâce au nucléaire.
00:40:02– Oui.
00:40:02– Oui. Mais seulement, nos entreprises, parce que c'est ça qui compte,
00:40:06nos entreprises, quand elles achètent de l'énergie,
00:40:08elles la payent deux fois et demi plus chère que les Américains
00:40:11ou trois fois plus chère que les Chinois.
00:40:13Vous voyez, quand je dis qu'il y a un problème structurel de compétitivité,
00:40:16c'est aussi ça.
00:40:17Alors, effectivement, aujourd'hui, on a une inflation qui repart.
00:40:21Je voudrais juste faire une petite remarque.
00:40:24Moi, j'étais peut-être plus inquiet quand l'inflation tendait vers 0 ou 0,5,
00:40:29que maintenant qu'on y repart. Pourquoi ? Parce qu'une inflation faible,
00:40:32ça peut être aussi le signe d'une atonie totale de l'économie,
00:40:36d'un recul de la consommation.
00:40:37Bon. Donc, il faut attendre un petit peu de voir comment vont évoluer les chiffres
00:40:41pour se positionner là-dessus.
00:40:42Mais ce qui est vrai, c'est que de toute façon, on ne reviendra pas sur des prix bas
00:40:47parce que la demande mondiale en matières premières,
00:40:51la demande mondiale en produits finis, augmente.
00:40:53Parce que nous, on a une croissance qui est entre 0 et 1.
00:40:56Mais dans beaucoup de pays, on a une croissance qui est bonne, qui est forte.
00:41:00Donc, des personnes qui consomment davantage pour une production quasi identique.
00:41:03C'est très inflationniste.
00:41:04– Mais il n'y a pas que le marché des matières premières qui est en cause
00:41:08puisqu'on voit que ce marché européen de l'énergie,
00:41:13l'Espagne, le Portugal l'ont suspendu
00:41:15et ça leur a permis de relancer la machine.
00:41:18– Oui, bien sûr.
00:41:19Ils ont obtenu effectivement cette mesure de l'Union européenne
00:41:21que nous, nous n'avons pas cherché à obtenir.
00:41:23Et voilà.
00:41:25Et je pense que c'est tout à fait dommage aujourd'hui.
00:41:27Alors, ceci dit, c'est une question qui est très complexe.
00:41:30Le marché européen de l'énergie a aussi des avantages.
00:41:33Il ne faut pas non plus tout nier en bloc.
00:41:37Mais ceci dit, aujourd'hui, au jour d'aujourd'hui,
00:41:39c'est vrai qu'il nous pénalise.
00:41:41Et que c'est fort dommage qu'on n'ait pas pu sortir de ce marché
00:41:46quand c'était le moment.
00:41:47Et c'est fort dommage que les règles européennes nous imposent aujourd'hui.
00:41:50Parce que c'est ça, ce sont les règles européennes
00:41:52qui nous imposent de vendre l'énergie plus chère,
00:41:54beaucoup plus chère que le coût de production.
00:41:57– On voit une Assemblée nationale bloquée aujourd'hui,
00:42:01sauf en matière d'euthanasie, puisque l'euthanasie,
00:42:05on pourra en parler juste après, a été votée par les députés.
00:42:09Est-ce qu'on peut s'attendre à une nouvelle dissolution
00:42:13organisée par le chef de l'État cette année, après l'été ?
00:42:17– J'imagine, on ne va pas envoyer les Français en plein juillet-août
00:42:21aller aux urnes.
00:42:22– Non, difficile.
00:42:23Le problème qu'on a aujourd'hui, d'un point de vue institutionnel,
00:42:26c'est que nos institutions ont été conçues pour faire émerger
00:42:34deux grandes forces politiques, une à gauche, une à droite.
00:42:37Et ça a fonctionné très bien comme ça pendant pas mal d'années.
00:42:39– Ça fonctionne comme ça partout d'ailleurs, aux États-Unis, en Angleterre…
00:42:43– Beaucoup, beaucoup, mais en France, le principe même
00:42:46de l'élection présidentielle, avec deux candidats au second tour,
00:42:49effectivement, un peu comme aux États-Unis,
00:42:50favorise un peu ce processus plus qu'en Allemagne ou dans d'autres pays.
00:42:54Bon, tant qu'on était dans ce schéma-là, ça a plutôt bien fonctionné.
00:43:00Moi, je trouve que nos institutions de la 5e République
00:43:01ont très bien fonctionné.
00:43:03Là, on est face à un blocage,
00:43:05parce qu'on a trois grandes forces politiques.
00:43:06– Alors, ce blocage, bon, on l'a bien senti,
00:43:11on l'a bien perçu aux dernières élections,
00:43:13bon, mais il ne faut pas croire que la solution,
00:43:18ça serait de recommencer et de dissoudre l'Assemblée nationale
00:43:20et tout va s'arranger.
00:43:22Moi, je pense que ce qui est le plus probable,
00:43:25c'est que s'il y a une dissolution, ça serait à l'automne,
00:43:28on risque d'avoir à nouveau trois forces politiques
00:43:30à peu près équivalentes à l'Assemblée nationale.
00:43:32Il n'y a pas de raison que ça ait changé de façon majeure en un an.
00:43:35Donc, là, il y a un vrai problème institutionnel
00:43:38et je vous dirais que la source de ce problème, c'est quoi ?
00:43:42C'est que jusqu'à présent, on est toujours arrivé à avoir deux blocs,
00:43:45un bloc de gauche, socialiste, communiste,
00:43:47un bloc de droite, droite libérale et puis droite gaulliste.
00:43:51Aujourd'hui, ce qui pose problème véritablement,
00:43:54c'est que la droite, elle est scindée en deux.
00:43:56Alors, c'est vrai qu'il y a des différences importantes
00:43:57entre les différentes tendances.
00:44:00La droite purement libérale n'est pas du tout la même
00:44:03que la droite plus patriotique et interventionniste.
00:44:06Mais, ceci dit, c'est la droite quand même.
00:44:08Et c'est cette scission en deux de la droite
00:44:10qui interdit d'obtenir une majorité.
00:44:13Donc, ça, c'est un réel souci.
00:44:15Et je pense que si l'on veut sortir de ça,
00:44:18il va falloir repenser les alliances politiques,
00:44:22repenser un certain nombre de choses
00:44:24pour pouvoir sortir de cette situation qui est en réalité dramatique
00:44:27parce qu'elle interdit toute réforme.
00:44:29– Revenons-y, on évoquait à l'instant ce fameux droit à l'aide à mourir,
00:44:35autrement appelé l'euthanasie.
00:44:38La proposition de loi a été votée par les députés le mardi 27 mai.
00:44:44Quel est le but de cette loi ?
00:44:47Est-ce que ça n'est pas financier tout cela ?
00:44:49– Non, pas seulement.
00:44:51Pas seulement.
00:44:53Je pense qu'il y a eu un lobbying extrêmement fort
00:44:56de la part d'un certain nombre d'associations et autres
00:44:58pour aller dans ce sens.
00:45:01– Des mutuelles ?
00:45:02– Ah oui, pas que.
00:45:04Il y a aussi les associations de l'aide à mourir.
00:45:07Mais ce qui est vrai, c'est qu'il y a un aspect économique, évidemment.
00:45:13On sait très bien, ça, ce n'est pas un secret.
00:45:15Les personnes en fin de vie, elles coûtent cher.
00:45:17Mais si vous voulez, je vais vous dire ce que je pense en tant qu'économiste.
00:45:22Je pense que s'il y a un sujet en France
00:45:24où il faut mettre de côté l'économie,
00:45:27c'est bien la question de la vie,
00:45:28et notamment de la fin de vie, si vous voulez.
00:45:32La fameuse expression « quoi qu'il en coûte »,
00:45:34là, pour le coup, elle trouve une application, si vous voulez.
00:45:37Donc je pense, si vous voulez,
00:45:38que s'il y a pu avoir des influences, je dirais,
00:45:42économiques ou financières dans cette loi, c'est vraiment scandaleux.
00:45:45– On renonce à la sacralité du corps.
00:45:49On fait du corps une marchandise comme une autre.
00:45:51– Exactement, moi, je pense que c'est même, ça va même plus loin.
00:45:55C'est-à-dire que pour moi, c'est un changement,
00:45:57c'est une mutation anthropologique majeure de notre société.
00:46:01Notre société est toujours fondée sur des assises judéo-bibliques et grecques.
00:46:08Le fameux « tu ne tueras point » dans le décalogue,
00:46:10« tu n'administreras pas point de médicaments mortels »
00:46:13dans le serment d'Hippocrate.
00:46:14Vous voyez, on est depuis toujours sur cette logique-là.
00:46:19Et là, on est en train de dire, ben voilà, des personnes,
00:46:22on va les aider à partir.
00:46:23Alors évidemment, on met en avant la liberté de choix,
00:46:26on met en avant la dignité humaine.
00:46:28Autant de principes qui, à mon sens, sont dévoyés.
00:46:30Parce que pour qu'il y ait liberté de choix,
00:46:33il faut vraiment qu'il y ait un choix.
00:46:35Si on dit aux personnes malades,
00:46:37ben écoutez, on n'a pas les moyens de vous soigner correctement,
00:46:41il n'y a pas de place dans les unités de soins palliatifs.
00:46:44Donc vous allez souffrir pendant des semaines.
00:46:46Ou alors, on peut mettre fin à vos jours.
00:46:48Le choix, il est vite fait.
00:46:49Mais est-ce que c'est un choix libre, si vous voulez ?
00:46:51Ce n'est pas un vrai choix.
00:46:52Il n'y a pas d'alternative.
00:46:54Bon, on a aussi faussé, à mon avis,
00:46:57la question de la dignité humaine, si vous voulez.
00:46:59Parce que moi, je fais partie des personnes
00:47:01qui pensent que la dignité humaine,
00:47:03c'est quelque chose qui est intrinsèque à la personne humaine.
00:47:05Quel que soit son état, quelle que soit sa santé,
00:47:07quelle que soit sa richesse.
00:47:08Dire qu'une personne est moins digne parce qu'elle souffre,
00:47:11pour moi, c'est un non-sens, si vous voulez.
00:47:13Alors, effectivement, ce qu'on peut redouter
00:47:15d'un point de vue économique,
00:47:16pour terminer de répondre à votre question,
00:47:17c'est qu'effectivement, on voit par exemple aux Pays-Bas,
00:47:21plus de 7% des morts, c'est par euthanasie.
00:47:23Et c'est vrai que ça permet de faire des économies
00:47:26à la sécurité sociale.
00:47:27Et puis c'est vrai que, bon,
00:47:30parfois on peut imaginer dans les familles,
00:47:32certains héritiers seraient peut-être incités
00:47:34à dire à l'ancêtre,
00:47:35ça serait bien que tu partes.
00:47:37Voilà.
00:47:37On arrive, je dirais, à des horreurs,
00:47:39à des horreurs sociologiques.
00:47:41Voilà.
00:47:43L'économique, là-dedans, est un élément,
00:47:45mais ce n'est pas le seul.
00:47:47Vous parliez tout à l'heure de déclin,
00:47:49Laurent Isard.
00:47:49On arrive d'ailleurs bientôt à la fin
00:47:51de cet entretien,
00:47:53le déclin de la France.
00:47:54Face à cela, on voit au sommet de l'État,
00:47:57un Emmanuel Macron se gargariser
00:48:00avec son sommet Choose France
00:48:02et ses fameux 37 milliards d'euros
00:48:04d'investissement en France.
00:48:06À l'échelle de l'Union européenne,
00:48:07cette fameuse Ursula von der Leyen
00:48:09avec son projet Réarme Europe
00:48:11avec 800 milliards pour relancer
00:48:14l'industrie de défense européenne.
00:48:16Qu'est-ce qu'on doit penser de tout cela ?
00:48:18Bon, alors, pour moi,
00:48:20Choose France, déjà, c'est une façade.
00:48:23Une belle façade, hein.
00:48:24Parce que 37 milliards qui arrivent chez nous,
00:48:26enfin, ils ne sont pas arrivés encore.
00:48:27C'est des engagements, des promesses,
00:48:29mais voilà, c'est plutôt bon à prendre.
00:48:31Bon, mais derrière cette façade,
00:48:33la réalité, elle est beaucoup moins belle,
00:48:36si vous voulez.
00:48:37Alors, effectivement, l'année dernière,
00:48:38c'était 15 milliards, si je ne me trompe pas.
00:48:39Cette année, on a 37 milliards d'engagement.
00:48:41Mais l'ensemble des investissements
00:48:43des entreprises en France, c'est combien ?
00:48:45C'est 355 milliards d'euros.
00:48:48Donc, 37 milliards, c'est bien,
00:48:51mais ce n'est pas énorme.
00:48:53Voilà.
00:48:53Et il faut relativiser ces investissements
00:48:56en prenant des chiffres plus globaux,
00:48:59si vous voulez.
00:48:59Quel est le montant des investissements
00:49:01français à l'étranger ?
00:49:03J'ai regardé ce que dit la Banque de France,
00:49:051483 milliards d'euros.
00:49:08À l'inverse, quel est le montant
00:49:09des investissements étrangers en France ?
00:49:11919 milliards d'euros.
00:49:13Ça veut dire que les entreprises françaises
00:49:14investissent davantage à l'étranger
00:49:15que les entreprises étrangères
00:49:16investissent en France.
00:49:18Là encore, c'est assez significatif,
00:49:20représentatif d'une perte de confiance,
00:49:22en réalité, des investisseurs étrangers
00:49:24à l'égard de notre économie.
00:49:26Voilà.
00:49:27Et puis alors, on nous a aussi dit et redit,
00:49:30vous avez certainement entendu,
00:49:31qu'on était le premier pays d'accueil
00:49:33des investissements étrangers en Europe.
00:49:35– C'est ce que raconte Emmanuel Macron.
00:49:37– Alors, ce n'est pas faux
00:49:38en nombre de projets d'investissement.
00:49:41Mais si on regarde, par exemple,
00:49:42les projections en termes d'emplois créés,
00:49:44on n'est plus du tout les premiers.
00:49:45Et puis, il faut voir aussi ce que ça veut dire,
00:49:48un investissement étranger.
00:49:49– On arrive plutôt 6 ou 7ème.
00:49:50– Oui, oui, oui.
00:49:52Mais regardez, je vais vous prendre un exemple.
00:49:54Intermarché vient de dire qu'ils allaient
00:49:56abandonner 8 usines.
00:49:58Bon, imaginez que ces usines soient rachetées
00:50:00par des investisseurs étrangers.
00:50:02On va dire, c'est génial,
00:50:03c'est un investissement étranger en France.
00:50:05Oui, bon, c'est mieux que rien.
00:50:07Il vaut mieux ça qu'autre chose.
00:50:09Mais enfin, bon, moi, je suis persuadé
00:50:11qu'il faut faire la distinction
00:50:12entre les investissements étrangers en France
00:50:14vraiment créateurs d'emplois
00:50:16qui apportent de l'activité économique
00:50:18et puis les investissements étrangers en France
00:50:20que j'appelle de prédation.
00:50:22C'est-à-dire, on vient acheter
00:50:24une entreprise française qui existe,
00:50:26qui parfois est en très bonne santé
00:50:27et ça entraîne, je dirais,
00:50:31des tas de conséquences
00:50:32en termes de souveraineté,
00:50:34en termes de sortie des dividendes
00:50:37de l'Union européenne.
00:50:39C'est dramatique.
00:50:40Puis, il y a un autre élément,
00:50:41si je peux me permettre de rajouter,
00:50:42c'est que toutes ces entreprises étrangères
00:50:45qui investissent en France,
00:50:47si on regardait un petit peu
00:50:49sur le moyen et long terme,
00:50:50souvent, elles repartent
00:50:51au bout de quelques années.
00:50:52Parce qu'une fois qu'elles ont épuisé
00:50:54les avantages fiscaux qu'on leur accorde,
00:50:56souvent, c'est sur 5 ans,
00:50:57il y a des exonérations fiscales
00:50:57sur 5 ans,
00:50:59après, elles ont tendance à repartir.
00:51:01Donc, ce n'est pas forcément stable.
00:51:03Et on a bien vu
00:51:04qu'il y a une certaine instabilité
00:51:07d'entreprises qui sont installées
00:51:08même depuis un certain temps en France.
00:51:10Vous avez entendu parler
00:51:11du problème des continentales,
00:51:13Whirlpool et quelques autres.
00:51:15C'est dramatique.
00:51:16Pourquoi ?
00:51:16Parce que les investisseurs étrangers,
00:51:17aujourd'hui,
00:51:18ils ont une logique mondialiste totale.
00:51:20Donc, ils vont venir s'installer en France
00:51:21si ça les intéresse.
00:51:22Et puis, si 5 ans après,
00:51:23ou 3 ans après,
00:51:24ou 10 ans après,
00:51:25ça ne les intéresse plus,
00:51:25ils repartent.
00:51:26Il n'y a plus de stabilité.
00:51:28Donc, si vous voulez,
00:51:29il faut être très méfiant
00:51:30à l'égard des investissements étrangers
00:51:31dans notre pays.
00:51:31– Merci Laurent Isard
00:51:34d'avoir accepté notre invitation.
00:51:36– Merci à vous.
00:51:37– Que vous êtes l'auteur de cet ouvrage,
00:51:39365 raisons d'aimer la France
00:51:41et les Français,
00:51:42avec en couverture
00:51:43le magnifique château de Chambord,
00:51:45peut-être qu'on vendra
00:51:46dans quelques années
00:51:47pour s'en sortir.
00:51:48C'est édité aux éditions
00:51:50via Romana.
00:51:52Tout de suite après cet entretien,
00:51:54vous pouvez retrouver
00:51:55la chronique économique et financière
00:51:57de Philippe Béchade.
00:51:58Et quant à nous,
00:51:59on se retrouve la semaine prochaine.
00:52:01D'ailleurs, ce sera plutôt
00:52:02avec Olivier Pichon.
00:52:03À bientôt et salut.
00:52:04Bonjour et bienvenue
00:52:26pour ce rendez-vous hebdomadaire
00:52:28de décryptage de l'actualité économique
00:52:30et géopolitique en mode affranchi.
00:52:33Je salue tous les abonnés
00:52:35de TV Liberté
00:52:37pour cet épisode
00:52:37que je vais intituler
00:52:39« Faites des efforts ».
00:52:42Mais supporter Béroux,
00:52:44c'est déjà surhumain.
00:52:48Oui, François Béroux nous dit
00:52:50« Les Français vont devoir
00:52:51faire des efforts. »
00:52:52Tous les Français.
00:52:54Alors des Français
00:52:57qui font des efforts
00:52:58depuis 30 ans
00:52:59que la France est dans le rouge,
00:53:01j'en connais beaucoup.
00:53:04D'ailleurs,
00:53:05pour une majorité,
00:53:06ce ne sont même plus des efforts.
00:53:08Ce sont des sacrifices
00:53:10au quotidien.
00:53:12Les gens qui ne peuvent plus
00:53:13se loger
00:53:14du fait de l'inflation démentielle,
00:53:17du coût des loyers
00:53:19ou des mensualités
00:53:20pour acheter un bien immobilier,
00:53:23rajouter à cela
00:53:24les coûts prohibitifs
00:53:26et absurdes de l'énergie.
00:53:28Là, on n'a pas dit
00:53:29aux Français
00:53:30« Faites un effort ».
00:53:31Non, on leur a collé
00:53:32le doublement
00:53:32du prix de l'électricité
00:53:33et l'État,
00:53:35il est bien content,
00:53:35lui, d'encaisser la TVA
00:53:37qui va dessus
00:53:38et qui a aussi remonté
00:53:40les forfaits
00:53:42sur l'abonnement électrique.
00:53:45Là encore,
00:53:46on aimerait savoir
00:53:46si ça correspond véritablement
00:53:48à une amélioration
00:53:50du service.
00:53:52Mais quand François Béroux
00:53:53nous dit que
00:53:54tous les Français
00:53:55vont devoir faire un effort,
00:53:57allez, je vais faire
00:53:58du mauvais esprit,
00:53:59mais pour que tous
00:54:00les Français
00:54:01du SDF
00:54:03qui devraient avoir
00:54:04un toit sur la tête,
00:54:05nous avez promis
00:54:05Macron à Bernard Arnault,
00:54:08un des meilleurs amis
00:54:09de Macron,
00:54:10pour que tout le monde
00:54:12participe,
00:54:13il n'y a que la TVA.
00:54:15Il n'y a que la TVA
00:54:16que tout le monde
00:54:17paye du SDF
00:54:19jusqu'au multi-archi
00:54:22milliardaire.
00:54:23sinon je ne vois pas
00:54:25très bien.
00:54:27Ou alors on va peut-être
00:54:27demander enfin
00:54:28de faire des efforts
00:54:30aux députés
00:54:30qui se sont augmentés,
00:54:32je ne sais plus,
00:54:33c'était 400 euros
00:54:33par mois
00:54:34ou les sénateurs,
00:54:37750.
00:54:39Ils auraient pu
00:54:39arrondir à 1000,
00:54:41comme ça,
00:54:41ça aurait été plus facile
00:54:42à mémoriser.
00:54:44Quant aux Français
00:54:46de base,
00:54:48celui qu'on croise
00:54:49dans une gare
00:54:50et qui n'est rien,
00:54:52eh bien lui,
00:54:53les efforts aujourd'hui,
00:54:55ça consiste,
00:54:57soit à annuler
00:55:00un restaurant
00:55:02pour un anniversaire,
00:55:04une sortie avec les gosses,
00:55:06aller le moins loin possible
00:55:08parce que faire le plein
00:55:09de la voiture,
00:55:10ça coûte trop cher.
00:55:12Et celui-là aussi
00:55:13devra faire un effort.
00:55:15Alors c'est vrai
00:55:16qu'il n'y a plus
00:55:18que 44,8%
00:55:21des Français
00:55:21qui payent l'impôt
00:55:22sur le revenu.
00:55:24Autrement dit,
00:55:2555% des Français
00:55:28sont devenus
00:55:28tellement pauvres
00:55:30qu'on ne leur demande
00:55:31plus d'en payer.
00:55:33C'est souvent
00:55:33parmi ces 55,
00:55:35d'ailleurs,
00:55:35qu'on retrouve
00:55:35tous ceux
00:55:36qui bénéficient
00:55:37des minimas sociaux,
00:55:38des APL,
00:55:39de toutes les aides.
00:55:40aides payées
00:55:42par les 44 autres
00:55:43pourcents
00:55:44qui, eux,
00:55:45sont soumis
00:55:46à l'impôt.
00:55:46Et je rappelle
00:55:47que 3%
00:55:48parmi ces 44%
00:55:50payent 50%
00:55:52de l'encours
00:55:53de l'impôt
00:55:54sur le revenu.
00:55:55C'est-à-dire que,
00:55:56quand même,
00:55:56il y a un petit peu
00:55:56de progressivité,
00:55:58enfin,
00:55:59de pyramide
00:56:00des revenus.
00:56:03L'État obèse,
00:56:05l'État sommé
00:56:06de faire des économies
00:56:07par le FMI
00:56:08qui nous promet
00:56:0940 milliards.
00:56:11Pouf !
00:56:12À la fin de l'année,
00:56:13on découvrira probablement
00:56:14que les déficits
00:56:16à combler
00:56:16sont supérieurs
00:56:17à 100 milliards.
00:56:20Quand on arrive
00:56:20à ce genre d'échelle,
00:56:21effectivement,
00:56:22il ne reste plus
00:56:22que la TVA.
00:56:24Ou alors,
00:56:25ou alors,
00:56:26demander aux entreprises
00:56:28qui bénéficient
00:56:29depuis des décennies
00:56:30d'exemptions
00:56:31sur le versement
00:56:33de leur écho
00:56:34à la Sécurité sociale
00:56:35de mettre,
00:56:36enfin,
00:56:37l'argent
00:56:37qu'on leur demande
00:56:38pour boucher les trous.
00:56:40Eh oui,
00:56:41parce qu'il y a un moment,
00:56:42il faut arrêter de dire
00:56:43que les Français
00:56:43dépensent trop
00:56:44d'une année sur l'autre.
00:56:47Les dépenses
00:56:47de santé
00:56:48progressent
00:56:48bon an,
00:56:50mal an de 2%,
00:56:51ce qui est normal
00:56:51vu le vieillissement
00:56:52de la population.
00:56:53Par contre,
00:56:53le trou de la sécu,
00:56:54lui,
00:56:54se creuse
00:56:55beaucoup plus vite.
00:56:56Non,
00:56:57pas parce que les Français
00:56:58passent trop de temps
00:56:59aux urgences.
00:57:00De toute façon,
00:57:01aujourd'hui,
00:57:02ils n'y sont plus
00:57:03accueillis.
00:57:04Non,
00:57:05c'est ceux
00:57:06qui ne versent pas
00:57:07l'argent
00:57:08qui sont responsables
00:57:10du trou
00:57:11de la sécu.
00:57:12Et ceux qui ne versent pas,
00:57:13ce sont ceux
00:57:13qui ont réussi
00:57:14à négocier
00:57:15avec l'État
00:57:16des exemptions
00:57:17qui sont reportées
00:57:18d'année en année
00:57:20depuis des décennies.
00:57:21Oui,
00:57:22parce que chaque année,
00:57:23le budget de la sécu
00:57:25est en théorie
00:57:25équilibré.
00:57:27Il y a des recettes,
00:57:28il y a des dépenses.
00:57:29Les dépenses
00:57:30progressent un peu,
00:57:32les recettes
00:57:32baissent.
00:57:33Allez vous demander
00:57:34pourquoi
00:57:35et qui fait ça ?
00:57:37Le jour
00:57:38où on a la réponse,
00:57:40on a peut-être
00:57:40aussi une piste
00:57:41pour permettre
00:57:43à la France
00:57:44de conserver
00:57:45un système
00:57:46de santé
00:57:47digne
00:57:48de ce nom.
00:57:49Il faudrait aussi
00:57:50qu'à un moment,
00:57:51on fasse passer
00:57:52une loi
00:57:53qui interdise
00:57:53à la France
00:57:54de manquer
00:57:55de certains médicaments.
00:57:57Je crois qu'il y a
00:57:57entre 2500
00:57:58et 3000 références
00:57:59qui sont manquantes.
00:58:01Ah oui,
00:58:01parce que la France
00:58:01n'a plus l'argent
00:58:03pour acheter
00:58:03des médicaments.
00:58:05Curieusement,
00:58:06la Bulgarie,
00:58:07la Croatie,
00:58:08je ne parle pas
00:58:09du Portugal
00:58:09et de l'Espagne,
00:58:10eux ont les moyens
00:58:11mais plus la France.
00:58:14Alors attention
00:58:14parce qu'on est
00:58:16également sous
00:58:17surveillance
00:58:18des agences
00:58:18de notation
00:58:19et vous savez,
00:58:21quelles conséquences
00:58:23auraient eu
00:58:23une dégradation.
00:58:25On risque
00:58:26de ne pas rigoler.
00:58:28Il y a un autre pays
00:58:28qui est quand même
00:58:29en grande difficulté.
00:58:30Il n'y a pas que nous.
00:58:31Allez,
00:58:31allez.
00:58:33Le Japon
00:58:33est au bord
00:58:34lui aussi
00:58:35de la faillite
00:58:35avec un président
00:58:37ou plutôt
00:58:38premier ministre
00:58:39du Japon
00:58:39qui a déclaré
00:58:40le Japon,
00:58:41c'est la Grèce
00:58:42mais en pire.
00:58:44Et c'est vrai
00:58:44que depuis le début
00:58:45du mois de mai,
00:58:46le pays subit
00:58:47un crac obligataire.
00:58:48vous n'en avez pas
00:58:49entendu parler
00:58:50parce que pour l'instant
00:58:51ce crac n'a pas
00:58:52contaminé
00:58:53les autres marchés
00:58:54mondiaux.
00:58:55Il n'a même pas
00:58:56contaminé
00:58:56le marché des actions
00:58:57alors que quand vous avez
00:58:58un crac obligataire,
00:58:59c'est-à-dire des taux
00:59:00qui s'enflamment,
00:59:01vous avez généralement
00:59:01les actions qui chutent.
00:59:03Oui, tout simplement
00:59:03parce que la Banque centrale
00:59:04du Japon a décidé
00:59:05d'assumer jusqu'au bout
00:59:07de tirer les ficelles,
00:59:10de manipuler
00:59:12totalement
00:59:13la bourse japonaise
00:59:15en maintenant
00:59:16les cours
00:59:17par une camisole
00:59:20algorithmique.
00:59:21Si les cours
00:59:22n'ont pas chuté,
00:59:23c'est que la BOJ
00:59:24est derrière.
00:59:25Mais
00:59:25elle n'a pas encore
00:59:27résolu le problème
00:59:28de sa dette,
00:59:30pas plus que la France.
00:59:32Et
00:59:33les pertes
00:59:34s'accumulent.
00:59:35Pour la Banque centrale
00:59:36du Japon,
00:59:37vu son encours
00:59:38avec la chute
00:59:39des obligations
00:59:40depuis le 25 mars dernier,
00:59:42on est à 500 milliards
00:59:43de pertes.
00:59:43Et depuis le début
00:59:45de l'année,
00:59:45pour l'ensemble
00:59:46des institutionnels
00:59:47japonais,
00:59:49banques,
00:59:49compagnies d'assurance
00:59:51et organismes
00:59:52de gestion de retraite,
00:59:53on serait à 80 milliards
00:59:56de pertes.
00:59:57Et
00:59:57ces pertes,
00:59:58c'est de l'argent
00:59:59que ces banquiers
01:00:00ne peuvent plus prêter,
01:00:02que les assureurs
01:00:02ne peuvent plus verser
01:00:03à leurs assurés
01:00:04et que les fonds de pension
01:00:05ne peuvent plus distribuer
01:00:06aux retraités.
01:00:08Alors,
01:00:08j'évoque le cas
01:00:09du Japon
01:00:10parce qu'en réalité,
01:00:12la France,
01:00:13c'est quelque chose
01:00:14qui est assez semblable.
01:00:16Pour l'instant,
01:00:17on échappe
01:00:17au krach obligataire,
01:00:19mais pour combien de temps ?
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