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Avec Benjamin Morel, Politologue et maître de conférences en droit public à l'Université Paris II

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00:00Sud Radio, le grand matin week-end, 7h10, Laurence Garcia.
00:04Bienvenue à vous qui nous rejoignez ou vous réveillez tout de suite sur Sud Radio.
00:08A suivre à 8h10, on sera en ligne avec François-Olivier Gisbert.
00:11Non pas en tant qu'éditorialiste politique cette fois-ci, mais en tant qu'écrivain et directeur artistique du Festival du Livre de Nice qui a lieu aujourd'hui.
00:20Mais tout de suite à 7h33, la question qu'on poste sur nos réseaux.
00:25« Pensez-vous que le macronisme survivra après l'élection présidentielle de 2027 ? »
00:30Pour l'instant, c'est sans appel, c'est un gros nom à 87%.
00:34Justement, on en parle tout de suite.
00:40Bonjour Benjamin Morel.
00:42Bonjour.
00:43Merci d'être avec nous.
00:45Vous êtes politologue et maître de conférence en droit public à l'Université Paris 2.
00:49Alors, notre sondage refraite un peu celui du dernier sondage d'OXA, Backbone Consulting pour le Figaro.
00:568 Français sur 10 considèrent le macronisme comme un échec.
01:02Pour 59% des Français, le macronisme n'est pas un courant de pensée politique.
01:07Constat sévère.
01:08Comment vous analysez-vous ces résultats ?
01:12C'est quelque chose qui est, je dirais, relativement évident.
01:17C'est-à-dire que vous n'avez aujourd'hui pas une ligne, une idéologie, quelque chose de construit
01:23qui permettrait au macronisme de survivre, comme Naguère, ce qu'on a pu appeler le bonapartisme,
01:28qui avait été théorisé d'ailleurs plus par Napoléon III que par Napoléon Ier,
01:32le gaullisme évidemment, etc.
01:34Donc, il n'y a pas d'idéologie macronienne.
01:37Il y a peut-être une pratique du pouvoir, mais il y a surtout un individu.
01:40Et un individu qui, à la différence peut-être de De Gaulle, n'a pas construit de succession.
01:45De Gaulle, on a dit souvent, n'aimait pas les partis, etc.
01:48Mais De Gaulle n'a passé toute sa vie à construire des partis politiques.
01:50Et ces partis politiques, ils ont été structurels et structurants dans les politiques françaises.
01:54De Gaulle était un homme de parti.
01:56Alors que du côté d'Emmanuel Macron, la construction du parti, ça a toujours été une arlésienne.
02:00Et in fine, Renaissance, aujourd'hui, est plus un mouvement structuré autour d'un homme que vraiment un parti.
02:07Si Renaissance survit, ce sera grâce à un Gabriel Attal ou à quelqu'un d'autre.
02:11Bref, quelqu'un qui fera le seul du macronisme pour reprendre le véhicule à sa charge et à son profit.
02:16Ou Elisabeth Borne.
02:18Ou Elisabeth Borne, ou bien d'autres qui sont dans les starting blocks.
02:22C'est ça.
02:22Est-ce qu'on peut dire qu'au-delà de ce constat que vous faites, Benjamin Morel,
02:26j'ai pas les chiffres en tête, époque peut-être Hollande ou même Sarkozy,
02:31mais est-ce que jamais un président n'a été aussi impopulaire ou pas ?
02:36Alors, on a pu avoir des records plus forts d'impopularité pour François Hollande.
02:40Ce qui est vrai pour Emmanuel Macron, c'est qu'il y a une impopularité,
02:45mais il y a également une très forte défiance.
02:50C'est-à-dire que ce n'est pas simplement une forme d'indifférence.
02:53On a quelque chose qui est quand même très structurant dans l'opinion.
02:56Naguère, vous aviez des soutiens extrêmement à la fois solides
03:03et en même temps extrêmement motivés.
03:05Et vous aviez des opposants tout aussi solides et tout aussi motivés.
03:09Ce qui change ces derniers temps, c'est que la base de soutien d'Emmanuel Macron,
03:13qu'il avait soutenue même au moment de la crise des Gilets jaunes,
03:16commence réellement à fondre.
03:19Et ça, c'est le marqueur en effet plutôt d'une fin de quinquennat.
03:23On peut peut-être parler aussi de l'usure de deux mandats aussi, non ?
03:26Alors, il y a l'usure de deux mandats et il y a des choses qui n'ont pas été comprises
03:30par sa propre base électorale, notamment la dissolution.
03:33Et donc, quand vous faites votre politique et que vous êtes impopulaire pour ça,
03:38ceux qui malgré tout vous en portent à l'Élysée sont quand même plutôt contents
03:41que vous teniez vos promesses.
03:42En revanche, quand vous tirez une balle dans votre propre camp, si vous voulez,
03:46quand vous vous sabordez d'une certaine façon, vous sabordez votre politique,
03:50vous sabordez votre majorité,
03:51ça c'est quelque chose qui n'a toujours pas été compris par le lectorat centriste.
03:54Oui, mais ce qu'on note dans ce sondage-là, 59%, c'est ça,
03:57de sympathisants de Renaissance qui considèrent eux aussi que le macronisme disparaîtra en 2027.
04:04C'est ça, tout bêtement, parce que là encore, il n'y a pas de véhicule,
04:07il n'y a pas de construction, et ce que l'on semble voir,
04:10c'est qu'en fait, l'électorat entre Bercaille, c'est quoi le macronisme de 2017 ?
04:13C'est deux tiers d'un électorat de centre-gauche qui est relativement orphelin,
04:18et un tiers d'électorat de centre-droit qui est pris sous les difficultés de l'affaire Sillon.
04:22Ensuite, aujourd'hui, on est plus à deux tiers centre-droit, un tiers centre-gauche.
04:26Mais demain, si le macronisme disparaît,
04:29on voit qu'il est assez probable que cet électorat rentre au Bercaille,
04:33c'est tout le pari de la droite, avec des candidatures comme Philippe ou Retailleau,
04:36de récupérer l'électorat de centre-droit.
04:39Quant au pari de Renaissance ou d'autres,
04:43c'est d'essayer au moins de capitaliser sur ce qu'il reste d'électorat de centre-gauche.
04:47Sondage, je le marque aussi, vous le disiez,
04:49bon là, un centrisme, effectivement, peut-être qu'il ne fonctionne plus.
04:53Peut-être un appétit des Français pour un retour du bon vieux clivage droite-gauche ?
04:59Ce n'est pas si évident, tout bêtement, parce qu'on a une tripolarisation.
05:02Alors certes, il y a un sentiment d'appartenance d'une partie de la population à la droite ou à la gauche,
05:09mais cette partie de la population, elle n'est pas non plus tout à fait hégémonique.
05:13Par exemple, l'électorat RN ne peut pas vraiment être qualifié d'électorat de droite complètement,
05:19notamment pour ce qui est l'électorat populaire.
05:21Par ailleurs, dans ce cadre-là, vous avez des vraies divergences au sein de l'électorat.
05:27Qu'est-ce qui unit aujourd'hui l'électorat social-démocrate à une partie de l'électorat mélanchoniste ?
05:35Du point de vue des valeurs, pas grand-chose. Qu'est-ce qui unit l'électorat de Marine Le Pen,
05:40l'électorat populaire de Marine Le Pen et l'électorat de centre-droit ?
05:44Il y a de vraies divergences aussi, notamment sur l'économie.
05:47Et donc, dans ce cadre-là, l'idée qu'on aurait une repripolarisation avec deux grands camps,
05:53c'est tout sauf évidence que ce à quoi on s'attend, que l'on voit dans la sociologie électorale aujourd'hui,
05:59c'est beaucoup plus une tripolarisation entre un bloc RN, un bloc centre et un bloc gauche.
06:06C'est ça.
06:09Tripolarisation et un macronisme qui aura été peut-être, on verra, d'ici deux ans, une phase de transition.
06:17Oui, mais après, c'est en effet une forme de phase de transition.
06:21C'est-à-dire que la force électorale d'Emmanuel Macron, c'était d'avoir uni les centres.
06:25Et en ça, il peut y avoir une forme d'héritage pérenne.
06:29C'est-à-dire que si ces centres restent unis, ils peuvent demeurer unis à géométrie variable.
06:34Cette tripolarisation, d'une certaine façon, aura été l'un des héritages d'Emmanuel Macron,
06:39qu'il n'aura pas non plus tout à fait créé.
06:41C'est-à-dire que si vous regardez aujourd'hui un peu partout en Europe,
06:44y compris dans des pays qu'on pensait nécessairement radicalement bipolaire,
06:47comme la Grande-Bretagne, on voit cette tripolarisation de la vie politique.
06:51Donc là-dessus, Emmanuel Macron était un révélateur et un accélérateur.
06:54Après, on dit qu'il n'y aura plus de macronisme derrière lui.
06:57Mais il n'y a pas non plus vraiment de hollandisme, il n'y a plus vraiment non plus de sacronisme, de chiracisme, etc.
07:02Merci beaucoup Benjamin Morel, folitologue et maître de conférences en droit public à l'Université Paris 2.
07:08Merci d'avoir été avec nous.
07:09Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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