Dette publique : comment la France peut-elle s'en sortir ?
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00:00Et bienvenue comme chaque samedi dans les informés de l'écho, votre émission de débat autour de l'actualité économique et sociale.
00:14Avec vous Emmanuel Cuny, bonjour mon cher Emmanuel.
00:16Bonjour à tous.
00:17Et avec nos deux invités ce matin, bonjour Anne-Sophie Alsif.
00:21Bonjour.
00:21Enseignante en économie à la Sorbonne, chef économiste de la société d'études BDO français.
00:27Bonjour Patrice Joffron.
00:28Bonjour.
00:28Membre du cercle des économistes et professeur à l'université Paris-Dauphine.
00:33On s'attaque à un Himalaya, comme dirait François Bayrou.
00:37La dette publique, comment la France peut s'en sortir ?
00:40La question se pose, même si on a encore eu un petit peu d'air hier soir.
00:44Pas de dégradation de la note par l'agence américaine Standard & Poor's, S&P.
00:51Et donc, on garde notre 17 sur 20.
00:53Oui, grosso modo, c'est ça.
00:5417 sur 20, c'est la note scolaire.
00:56On est à A à moins précisément.
00:58Alors, c'est le classement, en fait, que S&P avait déjà établi pour la dette souveraine française en février dernier.
01:05Mais là, cette fois-ci, divine surprise.
01:08Pas touche, pas touche.
01:09Mais quand même, on reste sous perspective négative.
01:11Ça, c'est important.
01:12C'est ce qu'avait dit S&P il y a quelques mois.
01:17Pas de commentaires particuliers cette fois-ci, dans un sens comme dans l'autre.
01:22Et il faut rappeler quand même qu'en février, S&P parlait quand même de finances publiques sous pression.
01:28Alors, depuis, on ne peut pas vraiment dire que l'État et que le gouvernement aient fait des efforts substantiels en matière de défense.
01:34Le pays, la France, reste donc d'évidence sous surveillance avec ce gros chantier, très gros chantier du rétablissement des finances publiques qui est devant nous.
01:43J'ai un petit peu de mal à comprendre, Anne-Sophie Alsif.
01:45On est placé par ces agences qui sont quand même importantes, sous perspective négative.
01:50La dette, comme le disait Emmanuel, est toujours sous pression.
01:54Et pourtant, on ne nous dégrade pas.
01:56Que se passe-t-il ?
01:57Alors, moi, je pense qu'en effet, depuis la crise de 2008, les agences ont changé et prennent beaucoup plus en compte le contexte politique macroéconomique que juste, on va dire, leur modèle qui est l'appréciation des finances publiques.
02:09C'est vrai qu'avant la crise financière, il faut se rappeler, la dégradation passe.
02:13Est-ce que vous êtes en déficit ?
02:15Vous avez le niveau d'endettement.
02:16Et vraiment, le niveau des finances publiques, c'est vraiment ce qui est le plus important dans l'appréciation.
02:21Là, on voit qu'on a changé, que les aspects politiques sont beaucoup plus pris en compte.
02:26Et puis surtout, ces agences ne veulent pas être accusées de mettre le feu aux poudres en disant, voilà, on a des États en difficulté.
02:31On voit ce qui se passe au niveau international.
02:33On ne veut pas encore allumer la brèche.
02:34C'est ce qui leur a été très reproché pendant la crise.
02:36Donc là, je pense qu'on est vraiment dans une situation.
02:38On apprécie la situation politique.
02:40On ne sait pas comment sera le budget 2026.
02:42Donc, avant de dire on dégrade, on regarde, on voit s'il y a des économies qui vont être faites.
02:47Et à ce moment-là, il y aura sûrement ou une dégradation ou un statu quo.
02:50Mais Patrice Joffron, pardon de me faire l'avocat peut-être du diable,
02:53mais si une agence, elle prend en compte l'intégralité du contexte
02:57et qu'en fait, à chaque fois, elle trouve entre guillemets des excuses,
03:00quelle est sa crédibilité ?
03:03Oui, alors bon, on va se revoir à l'automne.
03:07Oui, je vous confirme.
03:08Il se passera sans doute des choses à ce moment-là.
03:10Le samedi matin, on a souvent l'occasion.
03:11Parce que c'est à ce moment-là, au moment de la discussion budgétaire pour le budget 2026,
03:18qu'on y verra plus clair sur la capacité en France.
03:20Et il y a de bonnes raisons d'être très pessimiste à prendre des mesures,
03:25qu'il soit des mesures claires et des mesures qui aillent dans le sens de la réduction du déficit.
03:30D'ailleurs, tous les instituts dans ce domaine, aucun d'entre eux ne prévoit une décrue du déficit
03:35et donc, à partir de là, une décrue de la dette.
03:39Ce que l'on peut comprendre de la décision de la S&P,
03:41encore une fois, Emmanuel l'a dit, il n'y a pas de commentaire.
03:43Donc, c'est difficile de faire des commentaires sur une absence de commentaire.
03:46Mais c'est en fait...
03:47C'est assez éloquent aussi qu'il n'y ait pas de commentaire, malgré tout.
03:50Oui, alors il y a un autre élément, on en parlait précédemment,
03:54c'est que le contexte international écrase tout.
03:58et qu'en fait, la capacité de la France à l'avenir, à s'en sortir,
04:02à prendre des décisions cohérentes au-delà des difficultés politiques du moment,
04:07et sans doute durables, est quand même liée à ce qui se passe aux Etats-Unis,
04:10au bazar ambiant, à l'impact sur l'économie européenne, etc.
04:14Et donc, ce qu'on peut comprendre, à nouveau,
04:17on fait l'exégèse d'une absence de commentaire, donc ce n'est pas évident,
04:20mais c'est de considérer que la capacité de la France,
04:24parce qu'in fine, c'est ça qui est important, à rembourser sa dette,
04:27va dépendre de la sortie du flou avec les Etats-Unis,
04:31de l'impact sur la zone euro, et naturellement, au-delà de tout ça,
04:35mais ça renvoie à l'automne, des décisions à l'Assemblée,
04:39et de la manière dont on pourra établir un budget ou non.
04:41Eh bien oui, parce qu'Emmanuel Cuny, malgré ce 17 sur 20 que l'on conserve,
04:45avec Cocorico, les finances publiques ne sont pas complètement au top.
04:48Effectivement, d'ailleurs, on le voit très bien, il va falloir se serrer la ceinture,
04:53et le Premier ministre François Béroud l'a dit clairement encore en début de semaine,
04:57il va demander des efforts à tous les Français.
05:00Alors, je rappellerai que selon les projections économiques révisées par la Commission européenne,
05:04la France enregistrera le pire déficit public de la zone euro cette année,
05:09l'année prochaine, avec toujours près de 6% du PIB, un petit peu moins,
05:12alors que son objectif, on le rappelle, est d'atteindre 3% en 2029.
05:16Et d'ailleurs, la ministre en charge des Comptes publics, Amélie de Montchalin,
05:19l'a rappelé, a tenu cet objectif.
05:22En tout cas, il faut arriver à 3% du PIB en 2029.
05:27Le Premier ministre, effectivement, ne cache pas la montagne qu'il a devant lui.
05:31Il était interrogé à ce sujet cette semaine au Sénat.
05:35La situation des finances publiques du pays,
05:39celle de l'action publique comme celle de la solidarité, est catastrophique.
05:46Nous sommes devant un mur, devant une falaise,
05:52que nous n'avons pas le droit d'ignorer,
05:55et devant des problèmes que nous n'avons pas le droit d'éluder.
05:58J'ai dit qu'avant le 14 juillet,
06:02le gouvernement proposerait un plan général
06:05de retour à l'équilibre des finances publiques.
06:09Ce plan, aucune des mesures qui le composeront n'est arrêtée.
06:14Le Premier ministre François Béroux, c'était mercredi précisément au Sénat.
06:18Alors on le voit, le programme des réjouissances est à venir.
06:21Très probablement un feu d'artifice, mais pas celui qu'on attend pour le 14 juillet.
06:25Les mesures à prendre, difficiles, pas difficiles.
06:29Et avec cette mise en garde récente de la Cour des comptes,
06:32selon laquelle la sécurité sociale risque une crise de liquidité.
06:37Ce sont les termes employés précisément par la Cour des comptes.
06:40Plus d'argent dans les caisses, comment va-t-on faire ?
06:42On va revenir sur cette question de la crise des liquidités.
06:44D'abord, je pense que nos auditeurs,
06:46quand ils entendent que François Béroux parle,
06:48Anne-Sophie Alsif, d'un effort pour tous les Français,
06:51qu'est-ce que ça veut dire ?
06:52Ça ne sonne pas forcément très bien.
06:55Ça veut dire que les impôts vont augmenter, les taxes vont augmenter.
06:57En clair, on va tous devoir payer.
06:59Sûrement. Alors c'est compliqué parce que c'est vrai,
07:01on a cette déclaration, mais derrière, on n'a pas de mesures.
07:04Et c'est quand même une petite musique qu'on entend.
07:06On s'en souvient, François Fillon,
07:08même Nicolas Sarkozy,
07:10Emmanuel Macron qui devait rétablir les finances publiques.
07:12À chaque fois, on a toujours ce totem de la dette.
07:15Et finalement, on voit qu'il y a très peu de mesures
07:17et on ne s'y attaque pas vraiment sur le fond.
07:19Donc moi, ça va que je suis assez pessimiste.
07:20Je pense qu'on est beaucoup plus dans un jeu politique
07:22où le Premier ministre essaie de reprendre la main,
07:24peut-être en faisant un référendum sur cette question,
07:26qui est encore une fois fondamentale.
07:28Mais ce qu'il faudrait, c'est avoir beaucoup plus
07:29une vision de moyen long terme.
07:30Nous, en effet, on fait de la prévision chez BDO.
07:32On n'est pas du tout à un retour à 3%.
07:34C'est vraiment des prévisions qui sont beaucoup trop optimistes.
07:37On est plutôt à 2031, 2032,
07:39dans l'aspect positif des choses.
07:41Oui, parce qu'on a une croissance qui est faible.
07:44Donc on n'y est pas.
07:45Et donc l'idée, c'est d'avoir vraiment un plan
07:47de désendettement avec des augmentations d'impôts,
07:50des baisses de dépenses, plus de croissance,
07:52mais sur 10-15 ans.
07:53Et un plan qui soit réaliste et mis en place.
07:56Parce que là, ce qui se passe, c'est qu'il n'y a que des annonces.
07:58On parle de 30-40 milliards il y a un an.
08:00On ne les a pas trouvés.
08:01Vu le contexte politique, on ne trouvera pas plus, à mon sens.
08:03Et à mon sens, le vrai juge de paix,
08:06ce sera le taux obligataire.
08:08C'est-à-dire que si on a vraiment des taux d'intérêt,
08:10c'est-à-dire que quand la France est là sur les marchés
08:12et qu'on va payer plus cher, c'est là, à mon sens,
08:14qu'il y aura vraiment un vrai sujet.
08:16Avant, politiquement, je pense que ça restera
08:18l'être mort, qu'on restera beaucoup plus dans l'annonce
08:20que dans les faits, malheureusement.
08:21Même si les taux ont augmenté et qu'on arrive quand même
08:24à placer notre dette.
08:25On reste à des taux qui sont quand même tout à fait soutenables.
08:27Patrice Geoffron, la Cour des comptes qui parle de risque,
08:30de crise, de liquidité pour l'assurance maladie.
08:33Qu'est-ce que ça veut dire ?
08:35Est-ce que ça veut dire que demain,
08:36on pourrait ne plus pouvoir financer
08:38les dépenses de santé ?
08:40Très rapidement, sans entrer dans des considérations
08:42trop techniques,
08:43on finance la dette de la Sécu
08:46via des emprunts qui sont des emprunts à long terme
08:49et avec un plafond.
08:50Et on est proche de ce plafond.
08:52Ça veut dire qu'il va falloir qu'on se finance
08:54plutôt via
08:55un marché à court terme
09:00qui est bien plus tendu,
09:01avec des taux qui sont incertains
09:03et avec une capacité...
09:04Ça coûte plus cher peut-être aussi ?
09:05Et ça peut coûter plus cher.
09:06Donc, il y a différentes solutions
09:07qui peuvent être imaginées,
09:08notamment d'augmenter la durée de la dette
09:11à long terme de telle manière,
09:12à étirer le temps
09:13et à réduire un peu la contrainte.
09:15Mais en tout cas,
09:16c'est une difficulté
09:17qui est une difficulté réelle.
09:19On avait déjà eu cette difficulté,
09:21je crois, par le passé,
09:21en 2020, brièvement ?
09:22Oui, on avait déjà eu cette difficulté.
09:24Donc, on y revient
09:25et ce n'est pas très étonnant,
09:26encore une fois,
09:27compte tenu du contexte.
09:29Et à nouveau,
09:29avec une épée d'amoclès
09:30qui est la croissance française,
09:32les prévisions ont déjà baissé.
09:34Et dans le bazar ambiant,
09:36il y a des motifs de craindre
09:38que l'impact des tensions
09:41avec les États-Unis
09:42ait un effet sur la zone euro
09:44et donc mécaniquement sur la France,
09:45ce qui pourrait encore globalement
09:47complexifier l'équation budgétaire
09:50et notamment sur la sécu.
09:52Vous restez avec nous.
09:53On va se demander aussi
09:55quelles peuvent être les conséquences
09:57en cas de dérapage,
09:58vraiment, de cette dette française.
10:00On a commencé à l'évoquer.
10:01C'est juste après votre fil.
10:02Info à 9h51,
10:04Etienne Cholaise.
10:06PSG Inter Milan,
10:07l'affiche de la finale
10:08de la Ligue des champions de football.
10:10Coup d'envoi à 21h ce soir
10:12à Munich, en Allemagne.
10:13Conclusion peut-être en apothéose
10:15pour cette équipe parisienne
10:17dont tout le monde
10:18loue la qualité de jeu,
10:19emmenée notamment par son entraîneur,
10:21l'Espagnol Luis Enrique.
10:23Une centaine de nouveaux cas
10:24de chikungunya à Mayotte.
10:26Ça en fait 560
10:28depuis le début de l'épidémie
10:29en mars sur l'archipel
10:31de l'océan Indien.
10:32La préfecture continue
10:33d'encourager à la vaccination
10:35contre cette maladie
10:36transmise par les moustiques.
10:38Le Royaume-Uni interdit
10:39les cigarettes électroniques
10:41jetables.
10:41La Belgique et la France
10:43l'ont déjà fait.
10:44Le gouvernement britannique
10:45explique qu'elles souillent
10:46les rues et rendent
10:47les enfants accros
10:48à la nicotine.
10:50Ces cigarettes,
10:51souvent prisées des jeunes,
10:52ont des goûts sucrés
10:53et sont à usage unique.
10:56France Info
10:59Les informés de l'écho
11:02Emmanuel Cuny
11:04Adrien Bec
11:05Toujours avec Anne-Sophie Alcif,
11:07enseignante en économie
11:08à la Sorbonne
11:09et Patrice Joffron,
11:10professeure à l'université
11:11Paris-Dauphine.
11:13Emmanuel, nous parlons
11:14ce matin à nouveau
11:15de la dette française,
11:17de la manière
11:17pour essayer d'en sortir.
11:19On a vu que c'était pas
11:20si simple
11:22avec effectivement
11:24cette note,
11:26cette note de la France
11:27qui n'a pas été dégradée
11:28hier soir par Standard & Poor's.
11:29Oui, S&P
11:30laisse inchangé
11:32et ne fait aucun commentaire.
11:34En tout cas,
11:34ne dégrade pas la note
11:35de la France.
11:36Répit pour le gouvernement
11:37et l'État français,
11:38mais bien sûr,
11:38ça ne règle en rien
11:39la gestion des comptes publics.
11:41Et figurez-vous
11:42que même le FMI,
11:43le Fonds Monétaire International,
11:45donc là,
11:45on parle au niveau planétaire,
11:46le FMI s'emmêle
11:48dans cette question
11:49de la dette française.
11:50des décisions difficiles
11:51sont nécessaires en France
11:53pour rétablir les finances,
11:54dit le FMI,
11:56qui met en garde
11:56contre des hausses
11:58d'impôts excessives
11:59au détriment
11:59de la baisse
12:00des dépenses publiques.
12:01On ne peut être plus clair
12:03de la part
12:04de l'instance internationale,
12:06sachant qu'il nous faut
12:06trouver encore
12:0740 milliards d'euros
12:08pour boucler le budget
12:092026.
12:10Bon courage.
12:11Patrice Geoffron,
12:11quand le FMI,
12:13dont certains pays
12:14ont un souvenir
12:15assez douloureux,
12:17on va dire,
12:18commence à s'en mêler,
12:19est-ce qu'il ne donne
12:22qu'un avis,
12:22mais est-ce qu'il faut craindre
12:23que ça puisse aller
12:24plus loin en cas de difficulté
12:26ou est-ce que ceux
12:26qui agitent l'hypothèse
12:27« le FMI va finir
12:28par intervenir en France
12:29et nous imposer
12:30de faire des réformes »
12:30sont complètement
12:31à côté de la plaque ?
12:33Ce n'est pas le FMI
12:34qui est préoccupant.
12:35On fait référence par ailleurs
12:36à la Grèce
12:37et ce qui a pu se passer
12:37il y a une bonne dizaine d'années.
12:39La situation de la Grèce
12:40était extraordinairement
12:41plus dégradée
12:42que celle de la France.
12:43Je pense que la comparaison
12:45en l'occurrence
12:45ne vaut pas.
12:46En revanche,
12:47la réalité,
12:47c'est que nous sommes
12:48dans une crise politique profonde,
12:50vraiment profonde
12:51et nous sommes pour le moins,
12:52je ne sais pas comment le dire,
12:53borderline en termes
12:54de finances publiques.
12:55Et donc,
12:55moi,
12:55ce qui me préoccupe,
12:56c'est moins le FMI
12:57que ce qui va se passer
12:59à l'Assemblée
12:59à l'automne
13:00et au chemin très escarpé
13:03jusqu'à,
13:04espérons-le,
13:04qu'en 2027,
13:05une élection présidentielle
13:07parvienne
13:08et ce n'est pas du tout garanti
13:09à établir un récit commun.
13:12Il faut encore deux budgets
13:13avant la présidentielle.
13:14Il faut encore deux budgets
13:16avec éventuellement,
13:17on n'est pas à l'abri
13:18que dans l'intermède,
13:19il y ait une dissolution
13:22de l'Assemblée,
13:22qu'on n'aille plus encore
13:23dans le chaos,
13:24qui peut bien le dire.
13:26Une éventualité,
13:27Anne-Sophie l'a dit,
13:28ce serait que,
13:29finalement,
13:30on parvienne à contourner
13:31ces difficultés
13:32avec un référendum,
13:33mais très compliqué
13:34à établir
13:34parce que,
13:36évidemment...
13:36Et pas certain
13:36d'avoir un oui,
13:37par ailleurs.
13:37Et pas certain
13:38d'avoir un oui.
13:39Donc là,
13:40on est dans un corridor,
13:41espérons-le,
13:42qui arrivera à son terme
13:43en 2027
13:44avec une élection présidentielle
13:46qui établira
13:47clairement les choses.
13:48Mais on peut,
13:49y compris sur ce point,
13:50avoir des doutes.
13:51Donc moi,
13:51ce qui ne me préoccupe pas,
13:52dans ce contexte,
13:53le FMI me semble être
13:54un épiphénomène
13:56parce que,
13:56si nous en arrivions là,
13:58c'est que notre économie
14:00serait en grave danger
14:01du fait de cette crise politique.
14:02Anne-Sophie Alsif,
14:04est-ce que,
14:05comme le laissait suggérer
14:06Patrice Geoffron,
14:07le FMI n'est pas encore
14:08effectivement à Paris,
14:09mais s'il y a des difficultés
14:12pour obtenir un budget
14:13en 2025
14:14pour l'année 2026,
14:17avec encore des renoncements,
14:18etc.,
14:19peut-être un renversement
14:20du gouvernement,
14:20est-ce que là,
14:21on va rentrer dans quelque chose
14:22d'un peu plus dur quand même ?
14:24Oui,
14:24notamment sur les taux.
14:26C'est vraiment tout à fait...
14:26Les taux,
14:27je répète,
14:27c'est les taux d'emprunt
14:28dont vous parliez tout à l'heure.
14:29C'est ça qui est quand même
14:30très compliqué,
14:31il faut bien le dire
14:31et d'où l'intérêt
14:32de la dissolution
14:33et de ce qui se passe
14:33à l'Assemblée
14:34en disant que ça a des conséquences
14:35économiques très graves.
14:36Certes,
14:37la situation de la France
14:38en termes de finances publiques
14:39est dégradée,
14:39mais quand vous regardez
14:40au niveau international,
14:41c'est le cas d'autres pays,
14:42on parle du Japon,
14:42du Canada,
14:43les États-Unis qui sont très endettés.
14:45La France a un taux d'épargne colossal,
14:47un 18% de taux d'épargne,
14:48on a 3600 milliards d'épargne
14:51alors qu'on a 3200 milliards de dettes.
14:56Donc,
14:56on est robuste,
14:58bien sûr,
14:58on ne va pas prendre l'épargne,
14:59mais en tout cas,
14:59on a de l'épargne,
15:01on fait partie de la zone euro,
15:02donc derrière,
15:02on a la Banque centrale européenne,
15:04donc on a des choses
15:04qui sont positives,
15:06donc c'est pour ça
15:06qu'il faut faire attention
15:06de ne pas faire peur,
15:07etc.
15:08Mais ce que dit le FMI,
15:09c'est ça qui est assez intéressant,
15:10c'est de dire,
15:11alors qu'en fait,
15:11on a les moyens
15:12d'avoir un plan ambitieux,
15:14on peut se désendetter
15:15sur 10-15 ans
15:15si encore on a la volonté politique,
15:17et bien c'est ça,
15:18en fait,
15:19le vrai risque.
15:19Donc le risque,
15:20il est franco-français,
15:21il est interne,
15:22il est politique.
15:23Et c'est vraiment ça,
15:24à mon sens,
15:24ce que dit le FMI,
15:25de dire,
15:26il faut avoir des mesures ambitieuses
15:27sur le long terme
15:28en réduisant,
15:29par exemple les dépenses,
15:30et en disant justement,
15:31politiquement,
15:32comme on le sait,
15:33comme personne ne va se mettre d'accord
15:34et que personne ne veut faire d'efforts
15:35pour essayer de se faire réélire
15:36dans deux ans,
15:37et bien on va sûrement taper
15:38sur des hausses d'impôts.
15:39C'est un peu ça
15:40le message politique du FMI,
15:41à mon sens,
15:41qui très justement
15:42prend notre situation politique
15:45pour dire,
15:45c'est ça le vrai risque,
15:47beaucoup plus que les chiffres,
15:48on va dire,
15:48macro-économiques.
15:49Mais d'un mot,
15:50Emmanuel,
15:50il y a tout le sujet aussi
15:51du consentement,
15:52quelque part.
15:53Alors c'est le consentement à l'impôt,
15:54le consentement
15:55aux efforts budgétaires.
15:59Il y a quand même le retour
16:00des gilets jaunes.
16:01C'est vrai qu'il y a certains politiques
16:02aux extrêmes
16:02qui aimeraient bien remettre
16:03un petit peu de l'huile sur le feu,
16:05mais on n'en est pas là.
16:05En tout cas,
16:06le gouvernement,
16:06et François Béroux,
16:07le gouvernement le sait très bien
16:09que le risque est là
16:10d'un nouveau mouvement social.
16:12Il y a un point important quand même,
16:13c'est le dialogue
16:14avec les partenaires sociaux.
16:15Actuellement,
16:15on est en conclave,
16:16les partenaires sociaux
16:17sont en conclave.
16:18Le mot n'a jamais été
16:19autant d'actualité d'ailleurs
16:20cette année à bien des égards.
16:22Et cette discussion,
16:24eh bien il faut en profiter.
16:25Le gouvernement devrait profiter.
16:26On ne pourra rien faire.
16:29En tout cas,
16:29pas des réformes pragmatiques
16:30sans dialogue social
16:32avec les partenaires sociaux
16:32qui eux-mêmes sont
16:33des personnes responsables
16:35et des organisations responsables.
16:37Il faut discuter.
16:38C'est une des portes de sortie.
16:40Qui veut répondre à Emmanuel ?
16:42Anne-Sophie, en un mot ?
16:43Et surtout, à mon sens,
16:44il faut commencer à avoir
16:46justement des discussions
16:46sur comment baisser les dépenses
16:48dans un moment où la situation,
16:50alors pas politiquement
16:51au niveau international,
16:52mais macro-éconiquement,
16:53n'est pas négative.
16:54On voit que l'inflation
16:55est au plus bas,
16:56que les salaires augmentent
16:57plus vite que l'inflation.
16:58On l'a dit,
16:58on a 18% de taux d'épargne.
17:00Donc si on ne fait jamais d'effort
17:01au moment où ça s'améliore
17:02un petit peu,
17:03on n'en fera vraiment jamais.
17:03Mais avec toute la question
17:04de l'acceptabilité.
17:05L'acceptabilité,
17:06à nouveau du récit commun.
17:07On est dans une crise politique
17:08plus sûrement
17:10qu'une crise économique,
17:12un peu aux confins
17:12de la Ve République.
17:14Et c'est ce qui me paraît
17:15le plus préoccupant.
17:15Merci à vous Patrice Geoffron,
17:17membre du Cercle des économistes,
17:18professeur à l'Université
17:19Paris-Dauphine,
17:20Anne-Sophie Alsif,
17:22enseignante en économie
17:23à la Sorbonne
17:23et chef économiste
17:24de BDO France.
17:25Et merci bien sûr,
17:26Emmanuel Cuny.
17:27Merci d'avoir suivi
17:28les informés de l'éco.
17:30Et très bonne journée.