Un jour avec Hugo Marchand - Vidéo Dailymotion

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il y a 6 mois

"À l'âge de 9 ans, j'ai ressenti un besoin viscéral de me tourner vers la danse. Je ne l'explique pas vraiment."

Un jour avec le danseur étoile Hugo Marchand.

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Sport

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00:00À l'âge de 9 ans, j'ai ressenti un besoin viscéral de me tourner vers la danse.

00:08Je ne l'explique pas vraiment.

00:09J'ai dansé en étant dans des collèges normaux à Nantes et c'est vrai que ce n'était

00:16pas si simple.

00:17Je sais que ça arrivait toutes les semaines qu'on me traite de pédé, de tapette, de

00:21tafiole parce que j'étais danseur.

00:23C'est des blessures d'enfant, maintenant ça ne me touche plus mais c'est des choses

00:29qui restent un peu ancrées et qui restent difficiles à digérer sur une vie d'adulte.

00:36On va à l'Opéra Bastille, c'est pas très loin donc on y va à pied et je vais

00:47prendre mon cours de danse ce matin.

00:49On y va !

00:50Il y a un petit protocole de mec sclérosé si tu veux, qui quand même se ressemble un

01:02peu tous les jours.

01:03Tu vois là, je vais avoir 27 ans.

01:04J'arrive une heure à l'avance donc je te laisse compter à quelle heure je vais

01:08arriver quand j'aurai 42 ans.

01:09Moi, danser au quotidien, c'est malgré tout un plaisir même si maintenant c'est

01:21un training.

01:22C'est tous les jours la même chose, c'est assez laborieux comme travail, le travail

01:27du cours.

01:28Malgré tout, c'est quand même du plaisir parce que j'ai de la musique, je peux m'exprimer,

01:34c'est aussi une forme d'introspection donc c'est méditatif, ça me calme, ça

01:39me permet de me recentrer, de retrouver les choses essentielles.

01:44Quand on devient danseur étoile, ce n'est pas la fin, je n'ai pas attrapé la queue

01:47du Mickey, ce n'est pas le Graal, je veux dire, c'est le début.

01:50Donc en fait, moi je vais continuer à progresser jusqu'à la fin, j'ai encore plein de

01:55progrès à faire.

01:56Mon travail au quotidien, c'est quand même toujours vouloir chercher à faire mieux,

02:00à sculpter mon corps encore différemment, le rendre plus fort, plus souple, plus expressif

02:06et puis surtout aussi entretenir la machine.

02:08Si j'arrête de prendre mon cours le matin, dans six mois, je ne suis plus danseur.

02:18À l'âge de 13 ans, je suis parti à l'école de danse de l'Opéra de Paris où j'ai intégré

02:22l'école après les auditions.

02:23C'est difficile la danse, de faire le choix de la danse parce qu'on doit faire le choix

02:26de la danse à un âge où la seule envie qu'on a, c'est de se fondre dans la masse,

02:30c'est d'être comme tout le monde, c'est de ne pas sortir des sentiers, on a juste

02:36envie d'être invisible et faire le choix de la danse, c'est faire le choix d'être

02:41visible.

02:42Déjà, faire le choix d'être visible sur scène mais parce que c'est différent.

02:44Plus je mûris, plus j'ai plaisir à être différent et curieux et un extraterrestre.

02:54J'espère que les mentalités sont en train de changer par rapport à ça.

02:57La danse, ce n'est pas genré, tout le monde danse.

03:12J'ai été nommé dans le Danseur étoile le 3 mars 2017, c'était très surprise pour

03:16moi.

03:17Certaines fois, les nominations, on peut entendre, il y a des petits bruits.

03:21Moi, je n'avais pas vraiment eu d'indice que ça allait arriver.

03:26J'étais à la fois tellement ému que presque anesthésié.

03:32Vous savez, quand les émotions sont tellement fortes, certaines fois, on ne les ressent

03:35plus, on est complètement perdu.

03:38J'ai des grandes pattes, donc je marche vite.

03:43Là, on va chez Dimitri Gracia qui est un excellent kiné que je vois régulièrement

03:50une ou deux fois par semaine pour faire la révision de la machine.

03:54Je travaille sur son ligament externe, il s'est fait mal il y a 3-4 jours sur une réception

04:03de saut.

04:06Rien de grave en somme, mais on est en train de travailler sur la gestion de sa blessure.

04:12Moi, c'est la pire chose qui puisse m'arriver en termes professionnels, c'est de me faire

04:16une grosse blessure.

04:17C'est un deuil, la blessure c'est un deuil, il faut accepter et ça prend du temps.

04:24Mais souvent, on en revient meilleur parce qu'on apprend à travailler différemment

04:31et en cherchant, on découvre de nouvelles choses et on progresse.

04:35Je trouve que c'est beau quand même.

04:44Tu vois, ça fait peur quand tu te retrouves devant 3000 personnes, c'est très effrayant.

04:50Je pensais que cette peur allait s'estomper au fur et à mesure de la prise de confiance

04:57et de l'expérience et je me rends compte qu'elle ne s'efface pas du tout.

05:00Elle a presque tendance à s'accentuer.

05:05La scène, c'est des moments de liberté intense, c'est extrêmement grisant.

05:09C'est des moments où j'ai l'impression d'être totalement moi, où je ne me pose

05:15pas du tout la question de qui je suis et je n'ai pas des doutes sur ma personne.

05:21Ça met du sens dans ma vie, beaucoup de sens dans ma vie de danser sur scène.

05:24Le rapport au public est un peu mystique.

05:26Quand on est tout seul sur scène, c'est comme si on arrivait à capter l'énergie

05:30de chaque spectateur et qui nous arrivait un peu de plein fouet.

05:33La scène, c'est de la drogue, donc on a des grosses montées d'hormones,

05:39des grosses montées d'adrénaline et d'endorphine.

05:42On vit des choses très, très intenses, très, très fortes qui,

05:45certaines fois, ne se passent pas bien.

05:47Ça peut être aussi terrible.

05:48On peut faire des bad, presque, quand on est en scène.

05:51Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'après le spectacle,

05:54même si ça s'est très, très bien passé, qu'on en a énormément profité,

05:58les jours et les heures qui vont suivre, ça va être une redescente quand même.

06:01Quand on monte très, très haut, on descend quand même assez bas

06:04pour que ça se rééquilibre.

06:05Je n'arrive pas à banaliser la scène.

06:07Ça reste toujours un moment sur le fil.

06:10L'expérience de la scène, c'est quelque chose de tellement intense

06:12et unique et singulier que les gens qui ne vont pas sur scène

06:15ne savent pas ce que c'est.

06:17Il y a plein de fois où on sort de scène totalement enthousiaste

06:24et avec des émotions assez exacerbées.

06:28Quand on essaie de les partager avec les gens qu'on aime en sortant,

06:31qui ne sont pas des gens qui vont sur scène, on n'arrive pas.

06:34Et on se sent seul, alors qu'on est entouré.

06:37La danse, je trouve que c'est un métier qui rend seul, quand même.

06:42Le grade d'étoile rend seul.

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