00:00Europe 1 Soir. 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Et on revient justement sur ce que vous disiez Rudy à propos de cette menace djihadiste à l'approche du 7 octobre.
00:10Écoutez, le ministre de l'Intérieur, il était l'invité ce matin de Radio Luxembourg.
00:15La menace djihadiste est un haut niveau, je peux vous le dire.
00:18Sur les 8 premiers mois de l'année, on a une augmentation de 181% des actes antisémistes.
00:24Et là, ce mois d'octobre est un mois de danger dans la mesure où vous avez l'anniversaire du 7 octobre, du pogrom.
00:30Vous avez les 4 grandes fêtes juives qui ont commencé par l'an juif au début octobre.
00:36Et vous avez la déstabilisation notamment au Moyen-Orient, au Proche-Orient.
00:40Donc vous voyez bien que cette conjonction peut créer un arc électrique favorable à un terro-islamiste et un terro-terroriste.
00:46Jean-Claude Dassier, ces menaces djihadistes, elles sont là, elles sont présentes.
00:53Les actes antisémites ont explosé et Bruno Retailleau est au travail.
00:56Je crois que le ministre Retailleau a raison de percevoir une menace plus forte encore que d'habitude.
01:02Le 7 octobre va être une date, ce ne sera pas la seule, mais c'est une date très forte
01:08qu'on va tous à la fois célébrer et redouter parce qu'on a une communauté importante de religieux musulmans,
01:18si évidemment tous ne sont pas ce qu'on peut redouter et heureusement.
01:24Mais on a aussi une fragilité à nos frontières qui est redoutable, donc on peut entrer à peu près dans ce pays comme on le souhaite.
01:32Donc j'espère de tout cœur que, je ne dirais pas qu'on va s'en tenir aux actes antisémites parce que c'est insupportable,
01:40mais au moins qu'on échappera à des violences telles que les conséquences peuvent en être redoutables.
01:49Mais enfin on a déjà, avec une communauté juive très importante en France, avec ce qui s'est passé et ce qui continue de se passer,
01:56avec des gens qui divergent fortement sur la politique israélienne, on a une situation qui est politiquement extraordinairement compliquée.
02:04Et je redoute, on redoute tous, je pense, que cet anniversaire du 7 octobre se passe dans les meilleures conditions possibles.
02:11Il ne serait pas acceptable qu'on ait à lutter contre des manifestations de soutien à tel ou tel.
02:20Il faut s'incliner devant les victimes quand même, ça me paraît indispensable.
02:24Et quand je dis ça, je n'en suis pas trop sûr.
02:27Je vais être un peu moins pessimiste que Jean-Claude.
02:29D'abord, on vient de traverser la période des Jeux Olympiques, qui était une période qui, sur le plan de la menace terroriste,
02:35était extrêmement tendue et qui offrait une grande vulnérabilité à la France à d'éventuels attentats.
02:42Rien ne s'est passé et tout s'est bien déroulé, notamment grâce aux forces de l'ordre qui ont fait un travail remarquable, je dois dire,
02:48et qui étaient extrêmement présentes sur le terrain.
02:51Je pense que la France et les services de sécurité aujourd'hui sont suffisamment armés et très conscientisés sur ces menaces-là.
02:58Il est du ressort du ministre de l'Intérieur, effectivement, de rappeler à tout le monde que la vigilance la plus forte doit être dans tous les esprits.
03:05Et quand je dis tous les esprits, c'est aussi chaque citoyen.
03:09C'est-à-dire qu'il y a quelque chose de frappant quand vous allez en Israël, c'est que tout le monde est conscientisé d'une menace permanente.
03:16Les gens vivent avec ça et ont parfois des réflexes qui consistent à désarmer un assaillant.
03:20Je crois que dans l'attentat récent dans le bus, d'ailleurs, ça a été le cas.
03:23Et donc, ce qui est important, je pense, c'est que chacun soit vigilant pour son voisin et autour de lui.
03:29Ça ne veut pas dire qu'il faut vivre dans la paranoïa, mais ça veut dire qu'effectivement, il y a une vigilance à avoir
03:33et que ça n'est pas le seul ressort des forces de l'ordre.
03:36Et gageons que cet anniversaire du 7 octobre, effectivement, se passera bien.
03:40Je rejoins Jean-Claude sur un point.
03:42J'espère surtout que les forces politiques, et notamment celles de la France Insoumise et d'une partie de la gauche,
03:48ne vont pas se saisir de cette opportunité pour déballer des messages dégueulasses sur Twitter et autres réseaux sociaux
03:54pour exciter les plus radicalisés ou les plus faibles d'esprit, parce que ça, ce serait une faute politique supplémentaire.
04:00Avec eux, on n'est jamais sûr de rien.
04:02Mais il y a une porosité incontestable, très forte, des événements du Proche-Orient
04:08sur les deux communautés que nous avons accueillies sans la moindre problème
04:13avec la communauté juive qui est installée en France depuis très longtemps
04:16et qui, je veux le croire...
04:18Et qui est en pleine fête, d'ailleurs.
04:20Oui, qui va fêter, en effet, c'est une fête religieuse, mais qui, je crois...
04:23Bon, c'est bien que la France n'est pas fondamentalement antisémite,
04:26mais néanmoins, vous avez une porosité de ces événements qui sont jugés tel ou tel,
04:32on peut le juger différemment,
04:34et vous allez vous risquer d'avoir, en effet, quelques manifestations de jeunes musulmans
04:38qui ne sont pas tout à fait ce qu'on peut souhaiter ce jour-là.
04:41Bruno Retailleau qui a dit également ce matin à nos confrères
04:44qu'un attentat avait été déjoué juste avant l'été,
04:47donc avant, effectivement, la période des Jeux Olympiques,
04:50qui, par chance, s'est bien passé.
04:51Les attentats sont régulièrement déjoués.
04:52Exactement, les renseignements le savent, ils sont sur les dents tous les jours.
04:55Et d'ailleurs, il faut les saluer, ici même, encore ce soir.
04:58Il a également approché l'autre thème,
05:03qui sont les moyens pour convaincre les pays récalcitrants
05:07de reprendre les résidents dans les échanges des visas consulaires.
05:11On écoute.
05:12Pour les pays qui vont être récalcitrants, il y a trois leviers.
05:15Il y a la politique des visas.
05:17L'Alzérie, on délivre plus de 200 000 visas,
05:20et on a un peu moins de 2 000 laissés-passer consulaires en retour,
05:23totalement déséquilibrés.
05:24Je veux la réciprocité.
05:25Première chose, les visas.
05:26Deuxième chose, un certain nombre de pays, on les subventionne,
05:29on fait de l'aide au développement.
05:31Eh bien, conditionnons notre aide au développement à la réciprocité.
05:34Une telle robinet, s'il vous plaît.
05:35Et troisième chose, on est en train de négocier à Bruxelles
05:38ce qu'on appelle le mécanisme de préférence commerciale.
05:41C'est-à-dire qu'on doit pouvoir jouer, y compris sur les tarifs douaniers,
05:45vous m'entendez bien, pour les pays qui ne respecteraient pas leurs engagements
05:48pour les laisser passer consulaires.
05:50Voilà, Bruno Retailleau qui redit en substance ce qu'il avait dit
05:53dans le Figaro Magazine.
05:55Et alors, je ne sais pas, mais Jean-Claude Dassier,
05:57moi j'ai l'impression d'entendre Marine Le Pen aussi
06:01à la tribune de l'Assemblée Nationale,
06:04qui disait, bon, très bien, mais est-ce que vous allez vraiment le faire ?
06:08Ah ben là, il joue sa chemise, M. Retailleau.
06:10Parce que poser, j'irais presque en principe,
06:13que si l'Algérie, la Tunisie, le Maroc mettent de l'ordre
06:18dans leur politique de délivrance des visas,
06:20en gros, donner à peu près l'équivalent en visa vers la France
06:25et accepter un nom à peu près équivalent
06:29d'individus douteux sur leur sol,
06:32il est évident que s'ils réussissaient cela,
06:37politiquement, champagne.
06:39Il n'y a pas que ça, il y a bien d'autres choses,
06:41mais ça va être extrêmement difficile.
06:43Mais c'est vrai que Retailleau et même Michel Barnier
06:46vont jouer une partie de leur crédibilité
06:49sur un dossier qui est...
06:51Moi, j'ai toujours été convaincu, peut-être à tort,
06:53que l'effondrement de la côte,
06:55enfin l'effondrement, les graves difficultés de la côte
06:57du Président de la République sont dues
06:59à la faiblesse de ses postures sur l'immigration
07:03et sur le cortège qui va avec.
07:06Je peux me tromper.
07:08Si c'est le cas, et si Michel Barnier réussit à,
07:11comment dire, je dirais pas l'inverse,
07:13mais à corriger largement cette trajectoire,
07:16bon, peut-être qu'il ne va pas rester au pouvoir trois mois,
07:19mais que les Français vont l'approuver durablement
07:22et que les députés auront bien eu mal
07:24à se séparer de lui jusqu'en 2027.
07:27Ce qui est vrai, c'est que
07:30même pour des gens de gauche et sociaux-démocrates,
07:34la marge qui permet de durcir et de renforcer
07:38la lutte contre l'immigration est très grande.
07:40Et là où je rejoins Jean-Claude,
07:42c'est précisément qu'Emmanuel Macron n'a jamais pris à bras-le-cœur
07:44ces sujets d'immigration, de laïcité, de sécurité.
07:48Rappelez-vous, il considérait, lui, dans son logiciel,
07:51que par la réussite économique, par l'attractivité,
07:54par les salaires et la baisse du chômage,
07:56on résolvait les problèmes sociaux et les problèmes de vivre ensemble.
07:59Il s'est lourdement trompé.
08:00Et à chaque fois qu'il y a eu des sujets régaliens sur la table,
08:03Emmanuel Macron ne les a jamais pris à bras-le-cœur.
08:05Vous voulez dire qu'il voulait enrichir tout le monde et tout le monde s'est appauvri ?
08:07C'est pas ça, c'est que je pense...
08:09Non, non, c'est pas ce que je veux dire.
08:10Parce que je pense qu'il faut le créditer, l'attractivité de la France a gagné.
08:13Le chômage a baissé.
08:15On considère comme un acquis que le chômage ait baissé.
08:17Il a baissé, donc il y a des réussites économiques.
08:19Là où il s'est trompé, c'est que la France,
08:21ce n'est pas juste des gens qui viennent chercher un salaire ou un guichet.
08:24C'est des gens qui vivent ensemble.
08:25Et ces sujets-là sont des sujets affectifs, parfois irrationnels,
08:28mais qu'on ne peut pas négliger.
08:30Et la gauche les a négligés pendant des années, sans s'en saisir.
08:34Emmanuel Macron ne s'y est pas intéressé.
08:36Et aujourd'hui, même quand on est de gauche et qu'on regarde ce que font nos voisins,
08:40c'est-à-dire la durée de rétention administrative en Allemagne,
08:44ce qui ne sont pas des dangereux pays despotiques,
08:46sont beaucoup plus longs, sont mieux armés.
08:48Donc la chance, j'allais dire, de Bruno Retailleau,
08:50c'est qu'il y a du grain à moudre.
08:52Et qu'effectivement, il peut concrètement faire progresser les choses.
08:56Et s'il n'y arrive pas, ce sera un drame,
08:58parce que pour lui, d'abord,
09:00parce que quand on est monté aussi fort sur ce sujet,
09:02si on n'a pas de résultat, évidemment, c'est la dérive.
09:04Est-ce que vous n'avez pas l'impression,
09:06si, puisque je vais vous poser la question,
09:08est-ce que vous n'avez pas l'impression
09:10qu'il avance tout seul, quand on entend,
09:12ne serait-ce que Mme Givernais, tout à l'heure,
09:14quand on est 40 dans un gouvernement.
09:18Oui, mais c'est un drôle de gouvernement.
09:20Vous savez ce qui s'est passé à Marseille aux législatives ?
09:24Vous voyez Sabrina Gresty-Roubach en début de semaine,
09:26qui était élue là-bas, qui est une amie d'Emmanuel Macron.
09:28Marseille, aujourd'hui,
09:30vous n'avez que des députés LFI
09:32et des députés RN.
09:34De deux choses l'une.
09:36Et vous savez que dans les quartiers
09:38où Sabrina Gresty-Roubach vivait
09:40et où elle était populaire,
09:42les quartiers, y compris musulmans
09:44de première génération, votent RN.
09:46Donc, le sujet est là.
09:48C'est-à-dire que l'insécurité
09:50et la pression migratoire,
09:52le ressenti qu'on en a,
09:54concernent aujourd'hui tous les Français.
09:56Alors, soit on s'en occupe,
09:58et effectivement, on sortira peut-être un peu
10:00d'une civilisation qui nous fatigue d'une certaine façon
10:02parce qu'on n'a pas envie de s'affronter
10:04les uns les autres, soit on ne le fait pas
10:06et à ce moment-là, on ne sortira pas de cette espèce d'étau.
10:08Je suis d'accord, c'est pour ça que
10:10Marine Le Pen croit, dur comme fer,
10:12qu'elle a des sérieuses chances de gagner
10:14en 2027, et c'est pour ça, en même temps,
10:16qu'elle doit avoir un peu
10:18l'angoisse aux tripes, si j'ose dire,
10:20lorsqu'elle va tous les jours
10:22devant les juges, en sachant
10:24qu'ils peuvent éventuellement...
10:26Notre angoisse aux tripes, en se disant que
10:28c'est sa dernière chance.
10:30J'imagine mal
10:32une autre tentative
10:34en 32.
10:36Merci beaucoup,
10:38Antonin André et Jean-Claude Dassier.
10:40Dans un instant, pour la deuxième heure,
10:42Vincent Roy, Georges Fenech, nous accueillerons Henri Guaino,
10:44au fonctionnaire ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy.
10:46A tout de suite sur Europe 1.