Laure Lavalette, députée RN, invitée de franceinfo le mardi 1er octobre 2024.
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00:00France Info soir, l'invité, Agathe Lambret.
00:05Bonsoir Laura Bellet.
00:06Bonsoir Agathe Lambret.
00:07Vous êtes députée du Var, porte-parole du Rassemblement National,
00:10l'ERN d'ailleurs ne censurera pas le gouvernement Barney,
00:13a confirmé Marine Le Pen à l'issue de la déclaration de politique générale,
00:17même si on s'en doutait.
00:18Ça signifie quoi ? Qu'il a achevé de vous convaincre le Premier ministre ?
00:22Non, on ne censurera pas tout de suite, ça n'est pas un chèque en blanc.
00:25Vous savez, Marine Le Pen l'a dit, la politique du chaos est la pire des politiques.
00:29Je pense qu'on est dans une crise de régime, un contexte de crise de régime complètement inédit.
00:33Je pense qu'il faut effectivement, voilà, agir pour la France et les Français.
00:38Après avoir menacé de censurer pendant plusieurs semaines, finalement on ne censurera pas tout de suite.
00:43Mais bien sûr, vous savez, si nos lignes rouges sont franchies, Agathe Lambret,
00:45nous censurons ce gouvernement.
00:47Vous avez bien vu, on a eu droit à un discours de politique générale assez polissé quand même.
00:51Il n'y a pas de révélation fracassante.
00:53Nos lignes rouges, nous les martelons depuis déjà trois semaines.
00:57Donc évidemment, nous n'allons pas être franchis dans l'après-midi.
01:00Nous voulons un sursaut sécuritaire, un sursaut en politique migratoire.
01:04Et nous ne voulons évidemment pas de hausse d'impôts.
01:06Nous ne voulons pas que les Français qui travaillent
01:08payent les mauvais choix politiques de nos dirigeants de ces dernières années.
01:13Justement, l'une de vos lignes rouges, c'était effectivement les hausses d'impôts.
01:17Or, il y aura des hausses d'impôts, a confirmé le Premier ministre.
01:20S'il réclame un effort ciblé sur les très grandes entreprises
01:25et une contribution exceptionnelle aussi aux Français les plus fortunés,
01:28ça, ça ne vous dérange pas si on s'en prend aux Français les plus riches, c'est ça ?
01:31Alors, Marine Le Pen l'a bien dit.
01:32Il faudra que ces hausses d'impôts soient compensées
01:34par des mesures, effectivement, pour les classes moyennes
01:37et pour, encore une fois, les Français qui travaillent.
01:39Il n'est pas question qu'elles ne soient pas compensées
01:41et que ça ne ramène pas du pouvoir d'achat tout de suite.
01:44Vous avez entendu des mesures de compensation dans le discours ?
01:46En tout cas, vous savez, en fait, il y a une grande différence
01:48entre le discours de politique générale et le budget.
01:50C'est pour ça que nous sommes très attentifs
01:52et nous avons hâte d'avoir ce budget
01:53que nous aurions dû avoir, vous savez, le 1er mardi d'octobre, traditionnellement.
01:57Parce qu'en fait, le budget, pour que les Français qui nous écoutent comprennent bien,
02:00c'est la traduction comptable, en fait, des choix politiques.
02:02Donc, encore une fois, tout ce qu'a dit M. Barnier,
02:05on va voir si ça va se traduire dans les actes.
02:08En fait, le budget permet de passer de la parole aux actes,
02:11notamment en matière migratoire, notamment en matière sécuritaire.
02:13On va voir ce qui sera proposé au sein du budget.
02:15Donc, taxer les plus riches, ça ne vous dérange pas ?
02:17À partir de combien ? Quel est le seuil de richesse pour vous qui est acceptable ?
02:19Pour l'instant, on n'a aucune idée de ce que veut faire M. Barnier.
02:21Donc, on va attendre déjà ses propositions,
02:23et je reviendrai sur votre plateau avec plaisir pour vous en parler.
02:26Il y a aussi un autre sujet sur lequel le Premier ministre a été plus prolixe,
02:31celui de l'immigration, de la sécurité.
02:33Écoutez Michel Barnier.
02:35Nous proposerons de faciliter la prolongation exceptionnelle
02:38de la rétention des étrangers en situation irrégulière
02:41pour mieux exécuter les obligations de quitter le territoire français.
02:45Les Français nous demandent aussi de trouver des solutions
02:50avec les pays d'origine et les pays de transit.
02:53Le gouvernement ne s'interdira pas de conditionner davantage l'octroi de Visun
02:57à l'obtention de laissés-passés consulaires nécessaires aux conduites à la frontière.
03:02Voilà, ce discours, vous auriez pu le signer, non ?
03:06En fait, Mme Lambouez, il faut bien que vous disiez qu'au soir du second tour
03:11des élections législatives, même si les équilibres politiques
03:14ne sont pas exactement ceux que nous aurions aimés,
03:17les Français aspirent toujours à moins d'immigration,
03:20plus de sécurité, plus de pouvoir d'achat.
03:22Michel Barnier ne va pas arriver en discours de politique générale
03:25et ne pas aller dans le sens de ce que veulent les Français.
03:27Et vous avez bien vu que le drame avec la mort de Philippine la semaine dernière
03:31nous rappelle que Philippine a été victime d'un laxisme
03:34à la fois judiciaire et migratoire.
03:36Ça nous oblige et effectivement, il faut trouver des solutions.
03:39Donc voilà, c'est une solution...
03:40Vous dites qu'il va dans le sens des Français parce qu'il n'a pas le choix
03:43et qu'il n'y a rien de précis dans son discours.
03:45Pour autant, vous décidez de ne pas le censurer.
03:46C'est un peu paradoxal.
03:47On va laisser sa chance aux produits.
03:48On l'a dit, on trouve ça...
03:50Amener du chaos au chaos que de censurer en amont, ça n'a pas de sens.
03:54On va bien voir ce qu'ils vont faire.
03:55Mais encore une fois, je vais vous dire, moi je trouve que sa mesure,
03:57elle ne va pas assez loin.
03:58On a une mesure, nous, qui est de rétablissement de la double peine.
04:00On veut que les étrangers, une fois qu'ils ont purgé leur peine,
04:03prennent l'avion directement sans passer par la case
04:05du centre administratif de rétention.
04:07Vous avez que c'est déjà une possibilité, la double peine.
04:09En tout cas...
04:11Ça existe déjà, mais c'est facultatif.
04:13C'est ça, c'est facultatif et qu'elle n'est jamais mise en oeuvre.
04:16Je vous rappelle aussi qu'on a...
04:18Gérald Darmanin était le champion de la non-exécution de l'OQTF.
04:22On peine péniblement, il y a 12%.
04:24De l'obligation de quitter le territoire.
04:25On peine péniblement à 12% d'exécution d'après la Cour des comptes.
04:29Vous imaginez bien qu'on est loin du compte.
04:31Et expulser les délinquants étrangers, effectivement, c'est protéger nos enfants.
04:34Et justement, quand Michel Barnier dit qu'il envisage, par exemple,
04:37de restreindre les visas pour les pays qui rechignent à accueillir leurs ressortissants expulsés,
04:41ça, ça va dans le bon sens.
04:42Mais il ne faut pas les restreindre.
04:43Il faut les ramener à zéro, en fait.
04:45Si on n'a pas de laissé-passer consulaire, il ne faut qu'il n'y ait plus du tout
04:48de visa décerné par la France.
04:50Il faut effectivement qu'on ait un bras de fer avec les pays
04:53pour qu'ils reprennent leurs ressortissants délinquants.
04:56Je pense que c'est de la volonté politique qui manque.
04:58Vous savez, il y a d'autres leviers.
04:59On pourrait arrêter les transferts d'argent du type Western Union, aussi.
05:05Ça serait une façon plus forte, si vous voulez, de mettre une pression plus forte sur ces pays-là.
05:10Comme aussi l'arrêt de l'aide au développement.
05:12Je pense qu'il y a des choses à faire.
05:13On verra bien si le gouvernement Barnier...
05:15Vous le réclamez ou pas ?
05:16Parce que Marine Le Pen, tout à l'heure, réclamait une loi immigration début 2025.
05:20Sinon, vous censurez l'année prochaine, dit-elle.
05:22Encore une fois, ça n'est pas un chèque en blanc.
05:24On ne fait pas confiance.
05:25On sait d'où viennent les LR.
05:26On a déjà payé pour voir auparavant les LR qui, en campagne,
05:29parlent comme le Rassemblement national, mais qui, finalement,
05:31gouvernent comme des macronistes.
05:33Donc, voilà. Là, on est dans une crise de régime.
05:35On avait une constitution qui marchait.
05:37Une 5ème République qui marchait plutôt bien.
05:39Là, on est dans un régime qui est chancelant.
05:42C'est la raison pour laquelle nous demandons aussi la proportionnelle
05:45à un tour avec une prime majoritaire pour que l'hémicycle ressemble
05:49véritablement aux aspirations des Français.
05:51D'ailleurs, on vous a entendu aussi sur ce sujet.
05:53On parle du fond, mais il y a aussi la méthode.
05:56Michel Barnier a insisté, je cite, sur l'écoute, le respect, le dialogue,
06:00sur le travail parlementaire.
06:02Est-ce que ça vous parle, ce discours ?
06:04En fait, vous imaginez bien que je trouve ça normal
06:07que l'on respecte les 11 millions d'électeurs qui ont voté pour Marine Le Pen.
06:11Que ça vous chafouine ou pas, c'est le groupe politique le plus important.
06:15Une majorité de Français ont voté.
06:17Là, ils s'adressaient à tout le monde. Ils s'adressaient à tout l'hémicycle.
06:19Est-ce qu'il y a une inflexion ? Il y a un changement de méthode ou pas ?
06:22Vous avez très bien compris que c'était surtout à nous, évidemment,
06:24qu'ils s'adressaient, bien sûr.
06:26Mais, effectivement, ce respect, nos militants, nos adhérents
06:30et les gens qui votent pour nous,
06:32bien sûr que nos électeurs du RN ont droit au respect.
06:36Ce qui n'a pas toujours été le cas.
06:37Vous savez, c'est pour ça que nous aurions censuré, par exemple,
06:39Xavier Bertrand qui parle très mal de nous.
06:41Mais c'est d'ailleurs pour ça qu'Antoine Armand a été recadré par Michel Barnier
06:45quand il a dit que nous n'étions pas dans l'arc républicain.
06:47Vous avez raison, il y a un changement de paradigme.
06:49Mais, encore une fois, je vais dire qu'il n'a pas tellement le choix
06:51dans la mesure où les idées du RN sont majoritaires en France.
06:55Il y a une inflexion pour vous dans la méthode.
06:58Michel Barnier a parlé d'une nouvelle méthode.
06:59C'est un peu différent, oui.
07:00Ceci dit, il ne vient pas de la même famille politique.
07:02Même si ce gouvernement reste quand même, ma majorité, très macroniste.
07:07C'est presque quand même un gouvernement à talles d'eux.
07:09Il n'empêche que dans la forme, dans la méthode.
07:11Mais, encore une fois, Marine Le Pen l'avait demandé.
07:13La première des lignes rouges, c'était le respect
07:15que l'on doit aux électeurs du RN.
07:17Merci beaucoup, Laura Lavallée, députée d'Hiver, porte-parole du RN.
07:20Et merci beaucoup, Agathe Lambret.
07:22On se retrouve à 20h pour les informer.