- il y a 1 an
Au lendemain du second tour des élections législtaives, avec la victoire du Nouveau Front Populaire et le RN qui arrive en 3e position derrière le camp de la majorité présidentielle, écoutez l'interview de Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts.
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00:00Il est 7h16, bonjour Marine Tendelier.
00:02Bonjour M. Calvi et bonjour à toutes celles et ceux qui se réveillent avec nous ce matin.
00:05Absolument, vous êtes secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts, membre du Nouveau Front Populaire
00:09et arrivée en tête de nos élections législatives.
00:11Merci d'être avec nous ce matin dans la matinale d'Ayrtel.
00:14La gauche est devenue hier la première force de l'Assemblée devant les macronistes et le Rassemblement National.
00:20Sincèrement, pouviez-vous imaginer ce retournement de situation ?
00:23Qui aurait pu prédire, dit Emmanuel Macron.
00:26Tout simplement, on l'a fait. Et on l'a fait d'une manière très simple, en prenant les choses dans l'ordre.
00:31Je me rappelle qu'il y a à peine 4 semaines, nous découvrions cette dissolution.
00:36Et il y a 4 semaines, jour pour jour, on se mettait au travail, en rencontrant les uns et les autres.
00:41Et tout le monde nous disait, ça ne marchera jamais.
00:44Et je peux vous dire, je vous l'avais dit sur le plateau la semaine dernière,
00:47qu'on a levé les obstacles un par un, patiemment, de manière très déterminée, dans le calme, sereinement.
00:54Et je pense que c'est comme ça qu'il faut continuer à travailler.
00:56Parce que que vous êtes là, ne se trompe pas, ça ne fait que commencer.
00:59Qu'ont dit les français, selon vous, avec ce vote ?
01:01La semaine dernière, on attendait une vague bleu marine, ou bleu Jordan, comme vous voulez Jordan.
01:05Hier soir, on retrouve une alliance de gauche, et les macronistes sauvent largement la catastrophe annoncée.
01:10Qu'ont voulu nous dire les français ?
01:12Moi, je pense que le Rassemblement National a fait une campagne de deuxième tour terrible.
01:16C'est-à-dire qu'ils ont refusé de débattre.
01:18Et Jordan Bardella, au niveau national, notamment avec moi.
01:21Et au niveau local, toute une série de candidats.
01:23Mais quand on les a découverts, on a compris pourquoi le parti décidait de ne pas les envoyer sur les plateaux télévisés.
01:28Et donc, en fait, on n'en a pas tout vu.
01:31Mais en même temps, on avait déjà vu assez pour savoir que ces gens-là n'étaient pas prêts à gouverner.
01:35Et je pense que c'est ce qui s'est concrétisé dans les urnes.
01:37Et moi, je remercie chacune, chacun.
01:39Parce que quand j'étais venue sur votre plateau, il y a quelque temps, le gros sujet, c'était le sujet du désistement républicain.
01:44Est-ce que ça allait tenir ? Est-ce que la digue allait céder ou pas ?
01:46Est-ce que le barrage républicain, ça marchait encore dans ce pays ?
01:49Et ça a marché, et c'est grâce à beaucoup de monde que je remercie ce matin.
01:53Et du coup, ça amène une question centrale.
01:55Comment allez-vous gouverner maintenant ?
01:57Eh bien, c'est une vraie question.
01:58La France se réveille en se la posant.
02:01Mais on ne peut pas, voilà, comme ça, on se pose des questions normales ce matin,
02:05en attendant des réponses normales.
02:07Comme si on vivait une période normale.
02:08Mais on ne vit pas une période normale.
02:10On est dans un moment politique inédit.
02:12Donc vous ne savez pas, vous êtes en train de me répondre, que vous ne savez pas comment vous allez gouverner.
02:15Je sais que le nouveau front populaire est en tête.
02:17Je sais que les projets qu'on porte, et notamment sur la justice sociale,
02:21ce n'est pas juste quelque chose qui a été plébiscité par nos électeurs.
02:24Plus de justice sociale, ça a aussi été plébiscité par beaucoup d'électeurs qui n'ont pas voté pour nous,
02:30et aussi par des électeurs qui n'ont pas voté du tout.
02:32Et donc on voit par exemple que 73% des Français, là ce n'est pas un résultat des urnes mais un sondage,
02:36veulent une rupture politique avec le macronisme, veulent autre chose.
02:39Comment on fait une rupture politique avec le macronisme quand on est une majorité relative ?
02:44En comptant sur la responsabilité des uns et des autres.
02:46Ça veut dire quoi Marine Tendelier ?
02:48Ça veut dire que vous avez raison, on n'a pas la majorité absolue à l'Assemblée Nationale.
02:51Mais les macronistes encore moins, et le Rassemblement National encore moins.
02:55Donc il nous incombe dans la logique institutionnelle de trouver les solutions.
02:59Dans la logique institutionnelle, Emmanuel Macron devrait appeler aujourd'hui officiellement le nouveau front populaire
03:05à lui transmettre un nom de Premier Ministre.
03:07Le fera-t-il, ne le fera-t-il pas, comme ce Président est toujours plein de surprises, nous verrons,
03:10mais c'est ça la logique institutionnelle.
03:12Est-ce qu'il est définitivement exclu ?
03:15Est-ce qu'il est définitivement exclu que Jean-Luc Mélenchon soit Premier Ministre ?
03:19Ce n'est pas clair.
03:20En tout cas, il n'est pas exclu que vous continuez à me poser la question.
03:23Vous avez le droit de le faire et je vous apporterai la même réponse que d'habitude.
03:26Je peux vous refaire tous les critères que j'avais cités sur ce qui ferait un bon Premier Ministre.
03:29Mais vous voyez bien qu'un bon Premier Ministre, premièrement, doit apaiser le pays,
03:33doit fédérer dans son propre pays, doit avoir la compétence et l'expérience.
03:37Donc ça ne peut pas être Jean-Luc Mélenchon, de votre point de vue, dans votre analyse de l'état du pays.
03:40Je vous refais le scénario de la semaine dernière.
03:42C'est lui-même qui ne voulait pas s'imposer et toute une partie du Nouveau Front Populaire
03:45avait dit qu'il ne voulait surtout pas que ce soit lui.
03:47Ce n'est pas vraiment l'impression qu'il nous a donnée hier soir dans sa première prise de parole.
03:49Pour moi, ses réponses étaient convergentes.
03:51Voilà. C'est-à-dire que ce n'était pas parti pour être Jean-Luc Mélenchon.
03:54On est d'accord.
03:55Édouard Philippe évoque un grand bloc central.
03:57Ça ne sera pas avec vous ?
03:59Il a le droit de l'évoquer, mais il faut aussi évoquer ce qu'il a dit hier soir.
04:03Est-ce que c'est inimaginable que les Verts puissent apporter, éventuellement,
04:06un apport à ce qu'on appelle un grand bloc central ?
04:09Je sais que ça peut paraître nébuleux, mais en tout cas, il l'a évoqué hier.
04:12Ils ont le droit de constituer un bloc central s'ils le veulent, mais il n'est pas majoritaire.
04:17Celles et ceux qui nous expliquent aujourd'hui qu'ils vont faire une majorité à l'Assemblée nationale
04:21sans la France Insoumise n'ont pas eu les mêmes profs de maths que moi.
04:24Quand je regarde le talbot, je ne vois pas comment c'est possible.
04:27Il ne reste pas moins que votre nom est évoqué pour être Première Ministre.
04:30Est-ce que vous êtes prête et est-ce que c'est une charge que vous pourriez accepter ?
04:33Je pense que les questions ne se posent pas dans ce sens-là.
04:36Je ne veux pas participer ce matin au défilé des gens qui auto-candidatent tous les matins à des postes.
04:41Ce n'est pas une question piège que je vous pose.
04:43C'est plutôt une façon de tester le bon sens du terme, votre engagement,
04:47et le projet qui peut être celui d'une femme politique qui croit à ses idées.
04:53Être engagée, c'est être là quand il le faut.
04:56Je pense que c'est ce que les écologistes ont été depuis quatre semaines, jour après jour,
05:00et j'ai envie de vous dire aussi nuit après nuit, parce qu'on n'a pas beaucoup dormi.
05:03Donc la place des écologistes, elle est là où nous serons utiles.
05:06Mais encore une fois, mon sujet ce n'est pas qui, c'est pourquoi faire.
05:10Le sujet primordial de cette semaine, c'est ce qu'on tient sur le fond,
05:13parce que les Françaises et les Français nous regardent.
05:15Ils et elles ont souffert.
05:16Ils et elles vivent dans un pays fracturé,
05:18qui a besoin d'apaiser, de réparer, de protéger.
05:22C'est ça notre priorité.
05:23Oui Marine Tandelier, mais il y a un moment où il faut être courageux et assumer ses engagements.
05:26Donc ça s'appelle gagner les élections.
05:28Ça s'appelle gagner ses élections, ensuite gouverner.
05:31À moins que vous refusiez de me répondre, parce que justement, vous espérez ce poste.
05:34Non écoutez, j'ai dit que nous étions prêts à gouverner la semaine dernière,
05:37et je vis tout ça comme une aventure collective.
05:39Je n'ai rien de plus à vous répondre que ça.
05:41Nous sommes en crise constitutionnelle.
05:43Il n'y a pas de doute, mais c'est peut-être plus grave que ça, non ?
05:46Avec ces trois blocs absolument incompatibles.
05:48C'est inédit.
05:49C'est inédit et ça va nous forcer à travailler différemment.
05:53Mais ça peut être pour le meilleur aussi,
05:55parce que je pense que ce pays a beaucoup souffert aussi,
05:57de la manière dont y était exercée la démocratie.
05:59Et peut-être que le fait de devoir plus se parler,
06:02plus s'écouter, faire autrement,
06:04va être aussi positif pour la France.
06:06Comment ça se passe ?
06:08Est-ce que vous avez eu des échanges hier avec vos partenaires ?
06:10Quel est l'état d'esprit, j'ai envie de vous dire,
06:13de ce nouveau Front Populaire qui vient de gagner les élections,
06:15au moment où nous parlons ?
06:16Évidemment qu'on a eu des échanges.
06:18En toute transparence, on avait échangé,
06:20Olivier Faure, Fabien Roussel, Manuel Bompard et moi-même,
06:22à 18h30, pour préparer la soirée électorale.
06:25Mais nous n'avions à l'époque pas les résultats.
06:27Et on avait prévu, dès 18h30,
06:29de se retrouver plus tard dans la soirée,
06:31pour préparer la journée d'aujourd'hui.
06:33C'est ce que nous avons fait, avec du coup des résultats
06:35qui étaient même, je le dis pour ma part,
06:38au-delà de nos espérances.
06:39Je pense que moi, dans mes rêves mes plus fous,
06:41je ne pensais pas que ce serait à ce point.
06:43Je vous le dis ce matin.
06:45Et le travail va continuer aujourd'hui toute la journée,
06:48sans doute demain et les jours qui suivront.
06:50Vous savez, c'est normal qu'il y ait une forme d'impatience dans le pays.
06:52Les gens vont dire, bon maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
06:53Dites-nous tout de suite.
06:54On a eu les mêmes questions il y a pile un mois.
06:56On disait, là vous êtes en train de discuter un accord,
06:58mais pourquoi ça vous prend deux jours ?
06:59Pourquoi ça vous prend trois jours ?
07:00Pourquoi ça vous prend quatre jours ?
07:01Parce qu'on le fait bien.
07:02Et donc, quand on veut faire les choses sérieusement,
07:04des fois ça prend un peu de temps,
07:05et il va falloir nous laisser ce temps.
07:07Ce n'est pas du temps parce qu'on se dispute,
07:08ce n'est pas du temps parce qu'on se déchire,
07:09c'est du temps parce qu'on réfléchit,
07:11dans une situation ultra compliquée,
07:13aux meilleures solutions possibles pour la France.
07:15À quelle heure a lieu aujourd'hui votre première réunion ?
07:17Je ne vais pas non plus vous donner l'heure et l'adresse.
07:19Je ne vous demande pas l'adresse, je vous demande l'heure,
07:21pour qu'on puisse un peu programmer ça quand même.
07:23Il va y avoir plusieurs échanges.
07:24Mais ça commence aujourd'hui.
07:25Évidemment, mais ça a commencé cette nuit, comme vous l'avez compris.
07:28Mais ce sont des négociations pour désigner...
07:31C'est du travail.
07:32...un futur Premier ministre et un programme de gouvernement.
07:34Non mais c'est de l'analyse.
07:35On a besoin de savoir.
07:36Pour être très concret, parce que les Français veulent savoir.
07:38On va à priori vous considérer une du pouvoir, donc c'est pas rien.
07:40Non mais hier, quand on s'est retrouvés à 23h30,
07:43c'était déjà une analyse partagée des résultats,
07:45parce qu'il faut qu'on les confronte,
07:46on n'a pas tous les mêmes chiffres.
07:47Moi j'entendais à la télé 180,
07:49on était plutôt à 192, 193,
07:51parce qu'on comptait des résultats en Outre-mer
07:53où les éditorialistes à la télé n'avaient pas forcément le fait
07:57que telle personne rattache à tel groupe, etc.
07:59Donc c'est une analyse commune des résultats.
08:01C'est une analyse aussi commune des difficultés institutionnelles
08:04et constitutionnelles qui s'offrent à nous.
08:05Parce que par exemple, les gens qui disent
08:07« le Président, il faut qu'il démissionne ».
08:08Ok, bon, il démissionne, et alors après on fait quoi ?
08:10Parce que l'Assemblée nationale, ça reste la même.
08:12L'article 12 de la Constitution nous dit bien
08:14que pendant un an, on ne peut plus redissoudre après une dissolution.
08:16Jusqu'au 8 juillet 2025, il n'y a pas de dissolution.
08:20Donc vous pouvez changer le Président,
08:22vous n'avez toujours pas de majorité à l'Assemblée.
08:23Donc voyez, c'est des choses comme ça, posées.
08:25Et comment on fait, surtout, je reviens là-dessus,
08:28sur le fond et sur les politiques publiques,
08:30comment on fait pour mener des politiques qui soient bien meilleures
08:32que celles qu'ont rejetées massivement les Français hier soir.
08:34C'est ça la priorité.
08:35Ça va vous faire bizarre quand vous allez vous retrouver autour de la table
08:37des ministres chaque semaine en face du Président de la République, non ?
08:42Vous vous êtes préparés à ça ?
08:43On n'en est pas là.
08:45On n'en est pas là.
08:46Vous mettez la chariot dans les bœufs.
08:47Un dernier mot.
08:48Est-ce que vous êtes sereine pour l'avenir de notre pays dans les mois qui viennent ?
08:51Je suis un naturel, positif, optimiste.
08:54Sinon, je ne serais pas là où je suis.
08:56Je pense qu'on nous a pris peut-être pour des fous toute la semaine dernière
09:00quand on disait qu'on pensait qu'on pouvait y arriver.
09:02On était calmes et déterminés.
09:04Et je sais que jour après jour, nuit après nuit,
09:07on a levé tous les obstacles qui s'offraient à nous.
09:09Et donc il n'y a pas de raison qu'on n'arrive pas à lever les suivants.
09:12Donc oui, j'ai envie d'être optimiste.
09:14Mais aussi parce qu'on le doit aux Françaises et aux Français tout simplement.
09:16Donc ils peuvent être optimistes avec nous.
09:18Et surtout qu'ils nous aident.
09:19On va avoir besoin d'aide.
09:20Merci Marine Tendelier, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts.
09:23Très bonne journée à vous.
09:24Merci à vous.
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