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  • 29/03/2024
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, René Chiche, Virginie Calmels et Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, éleveuse dans le Puy-de-Dôme

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2024-03-29##

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Transcription
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:05 De l'agneau néo-zélandais à 9 euros le kilo de gigot contre 23 euros pour l'agneau français.
00:11 Les éleveurs au vin dénoncent une concurrence déloyale en cette veille de Week-end Pascal,
00:15 dans leur viseur des publicités et des étiquetages flous, voire mensongers quant à la provenance de cette viande néo-zélandaise.
00:22 Alors, agneaux néo-zélandais, nos agriculteurs sont-ils victimes d'une concurrence déloyale ?
00:27 Pour le moment, vous dites oui à 95,4%.
00:30 Vous voulez réagir au datant, vos appels au 0 826 300 300.
00:35 Avec nous, Michel Boudouin, président de la Fédération Nationale Auvine et Éleveuse dans le Puy-de-Dôme.
00:40 Philippe Billiger veut absolument vous poser une question debutamblant avant de faire un tour de table.
00:44 Philippe Billiger, vous avez la parole.
00:46 - Bien sûr, je vais vous rassurer mon cher Philippe, je suis capable de dire qu'à mon avis,
00:53 il y a clairement une concurrence déloyale entre l'agneau néo-zélandais et l'excellent agneau qui nous est proposé par les auvins.
01:04 - Les éleveurs auvin français.
01:06 - Mais en effet, ce qui m'intéressait, c'était de savoir la somme des difficultés, des entraves,
01:16 qui pèse sur nos éleveurs auvins, qui explique pourquoi la Nouvelle-Zélande peut produire des prix tellement bas
01:27 et au détriment de ceux qui nous concernent.
01:31 Je ne vois pas du tout qu'est-ce que ça peut être,
01:35 et donc j'attends avec impatience la réponse de madame la présidente.
01:40 - Michel Boudouin, pour répondre à Philippe Billiger.
01:43 - Oui, écoutez, je vais répondre de tout à fait simplement.
01:47 D'abord, la Nouvelle-Zélande est un petit pays de 3,5 millions d'habitants,
01:52 il y a 5 millions dans la campagne, il y a 5 millions au total,
01:55 et il y a plus de 19 millions d'agneaux, de brebis,
01:59 contrairement à la France avec nos 67 millions d'habitants et nos 5,1 millions de brebis.
02:05 Ce que je peux vous dire, c'est que depuis 40 ans, on est un peu, nous, les éleveurs de moutons,
02:11 une variable d'ajustement des accords plutôt politiques et géopolitiques.
02:16 Pour les plus âgés de vos auditeurs, ils se souviendront du Wimbo Warrior,
02:20 ce qui fait que la Nouvelle-Zélande peut nous envoyer sur l'Europe
02:25 plus de 200 000 tonnes d'équivalents SCARCAS,
02:30 qui sont sans taxes et sans douane.
02:32 - Alors ça, c'est l'Europe qui décide, ça c'est la politique,
02:35 ça c'est le TEC, le Tarif Extérieur Commun,
02:37 où il y a exonération totale de droits de douane pour l'année nouvelle-zélandaise.
02:41 - Absolument.
02:41 - Alors ce qui fait la différence entre un agneau néo-zélandais,
02:45 ce sont les normes sociales et environnementales, en fait.
02:48 Il faut savoir qu'en Nouvelle-Zélande, d'abord, l'éleveur,
02:55 il n'a pas de charges sociales de la même façon que des éleveurs de moutons français.
03:00 Par exemple, si vous avez un salarié, vous, éleveur de moutons français,
03:04 et c'est mon cas quand je vais défendre les intérêts des éleveurs de moutons à Paris ou à Bruxelles,
03:09 je paye un salarié à 17 euros de l'heure.
03:11 Un néo-zélandais paye un aborigène ou un maori,
03:17 parce que là je me prends deux pays, à 3 euros et quelques.
03:21 Vous n'avez pas de...
03:23 Les abattoirs sont ouverts que pendant la période
03:26 où on doit abattre les agneaux en Nouvelle-Zélande.
03:29 Donc vous n'avez pas le système social engagé tout au long de l'année.
03:33 Lorsque la période est terminée, l'abattoir y ferme et les salariés vont faire autre chose.
03:38 Je dirais avec humour, il n'y a pas de syndicat de salariés,
03:41 il n'y a pas de charge sociale pour...
03:44 Au niveau des charges sociales des salariés eux-mêmes, c'est libre, c'est fri.
03:49 Il se paye des assurances privées, il n'y a pas de chômage.
03:53 Et surtout, à chaque génération, il n'y a pas de frais de transmission.
03:57 Il y a ce qu'on appelle...
03:58 - Des droits de succession.
03:59 - Voilà, des droits de succession.
04:00 Il y a ce qu'on appelle le droit des naisses.
04:02 Ensuite, c'est un pays magique.
04:04 C'est le pays de l'herbe et c'est le pays aussi de l'eau.
04:07 Donc les agneaux suivent la saison et donc on écrase les coûts de production.
04:12 - Michel Boudon, faire agir les vraies voies.
04:14 Virginie Kallmels.
04:15 - Alors il me semble, mais vous connaissez ça sans doute mieux que moi, Madame la Présidente,
04:19 qu'en Nouvelle-Zélande, on a aussi des très grosses productions
04:23 avec des tailles qui sont bien supérieures
04:26 et donc sans doute, probablement, des synergies que vous ne pouvez pas avoir en France.
04:32 Donc ça, c'est déjà un premier point.
04:33 Et puis il me semble également qu'il y a un deuxième sujet,
04:36 qui est l'exploitation de la laine.
04:38 De ce que je comprends, même si je n'y connais pas grand-chose,
04:42 c'est qu'au fond, je crois qu'en Nouvelle-Zélande,
04:46 ils ont une capacité d'abord à exploiter la laine des agneaux
04:50 et que du coup, la viande n'est pas le seul bénéfice sur la bête.
04:55 Alors qu'en France, je ne suis pas sûre qu'il y ait des débouchés,
04:59 mais vous savez ça mieux que moi, Madame la Présidente,
05:01 des débouchés pour la laine des agneaux, comme la Nouvelle-Zélande peut en bénéficier.
05:06 - J'ai une question également.
05:07 Oui, allez-y répondez, et puis après, question de Roly-Chich.
05:10 - Oui, je dirais que vous avez en partie raison.
05:12 C'est vrai que principalement, par le passé,
05:15 la Nouvelle-Zélande produisait énormément de laine,
05:17 mais elle a laissé cette opportunité à son grand voisin australien
05:21 et elle s'est focalisée aujourd'hui sur l'agneau néo-zélandais,
05:25 au regard de ces accords qui ont été très favorables depuis les années 90.
05:29 Donc on peut dire que non, la Nouvelle-Zélande produit des agneaux de production,
05:35 même si pour autant sa laine est d'excellente qualité,
05:38 ils ont vraiment fait le focus sur la viande.
05:42 Alors il faut savoir aussi qu'ils ont d'énormes débouchés,
05:45 ils ont des débouchés sur la Chine,
05:48 et ils nous dirigent les meilleurs morceaux sur l'Europe,
05:51 parce qu'ils savent que nous sommes solvables,
05:53 et que ce n'est pas seulement des carcasses qu'on en voit,
05:55 c'est très organisé, si bien que l'Europe reçoit les meilleures parties,
05:59 GIGO et aussi EPOL ou Première Cote,
06:03 ils dirigent le reste de la carcasse à la Chine, qui est un voisin plus proche.
06:08 Mais il faut savoir quand même que cette année, en 2024,
06:12 ils ont redirigé, parce que la Chine, dès qu'elle ferme un peu ses frontières,
06:17 traditionnellement ils redirigent leur exportation vers l'Europe,
06:21 parce que l'Europe, un, elle est solvable,
06:23 deux, il y a des contingentements qui sont fris,
06:26 il n'y a pas de taxes,
06:28 et que le contingentement leur permet d'envoyer plus de volume.
06:33 Ils en voient aussi sur le Royaume-Uni,
06:35 qui aujourd'hui ne fait plus partie de l'Union A27,
06:38 donc de fait, nous pouvons subir aussi une concurrence déloyale avec le Royaume-Uni,
06:45 qui absorbe des alliés néo-zélandais,
06:48 et qui nous renvoient leurs propres marchandises,
06:50 et comme on a un principe que c'est un pays européen qui vient juste de sortir de l'Union Européenne,
06:57 ils ont encore de la possibilité à nous envoyer des contingentements assez forts.
07:01 Alors après, je dirais presque, en tant que producteur français-européen,
07:06 on est quand même là sur un produit concurrentiel pour le Royaume-Uni,
07:10 sur quelque chose qui a plus des normes européennes,
07:14 proches de nos normes à nous,
07:15 que ce soit sociale ou environnementale.
07:17 - René Fiches.
07:18 - Alors Madame la Présidente a tout dit,
07:19 donc je ne vais pas pouvoir rajouter d'autres choses,
07:21 il y a d'autres éléments,
07:22 non mais bravo, bravo.
07:23 On ne va pas revenir sur l'affaire Rainbow Warrior,
07:25 parce qu'en fait tout date d'ailleurs d'un accord sous l'égide de l'ONU,
07:29 vous imaginez, en juillet 1986,
07:30 qui a imposé le retour des importations néo-zélandaises en Europe,
07:35 parce qu'il y avait au départ une guerre entre eux.
07:36 Bon, je ne vais pas revenir là-dessus, c'est un peu long.
07:38 Parce que vous avez tout dit,
07:39 tout comme Virginie a dit aussi par rapport à la laine,
07:42 qui est quand même la première production en fait des éleveurs de moutons en Nouvelle-Zélande.
07:48 Alors finalement, et aussi sans oublier que les Néo-Zélandais ont une technique,
07:52 parce que malgré la durée énorme du voyage,
07:56 il y a quand même 20 000 km,
07:58 20 000 km, ça doit être deux mois de bateau à peu près.
08:01 L'agneau néo-zélandais arrive néanmoins frais.
08:03 Il est sous vide.
08:05 Voilà, sous vide, exactement.
08:06 Donc ça c'est aussi...
08:07 Mais alors une question finalement,
08:08 est-ce que ce sont les accords douaniers
08:12 qui sont un petit peu, je dirais, rikiki pour la Nouvelle-Zélande,
08:15 qui sont la principale cause de cette concurrence déloyale ?
08:18 Parce que sinon vous, Madame la Présidente,
08:20 quelles sont pour vous finalement les solutions
08:22 pour permettre aux agriculteurs que vous êtes
08:25 d'être en concurrence loyale avec les Néo-Zélandais ?
08:28 Parce que quand on voit l'écart de prix entre 9 et 23 euros le kilo,
08:31 même en mettant des mégas droits de bois à 100%,
08:33 vous seriez encore plus chers.
08:34 C'est absolument fou.
08:36 Alors je pense que déjà,
08:37 on ne peut pas d'un point de vue Europe
08:40 se priver des échanges,
08:43 parce que vous savez qu'on est dans un...
08:45 Des échanges qui sont de toute façon pas que de l'agriculture.
08:49 Donc par exemple, je vous donne un exemple,
08:51 dans quelques temps, quelques mois,
08:53 les discussions vont reprendre avec l'Australie
08:56 et on sait que l'Europe a besoin de matériaux critiques
08:59 et de lithium pour les batteries
09:01 et pour l'ingénierie européenne.
09:03 Et on sait qu'à ce moment-là,
09:05 il y aura des accords aussi qui vont se discuter.
09:08 Nous, ce qu'on souhaite, c'est des accords loyaux,
09:10 c'est-à-dire qu'il y ait des mesures miroirs
09:12 qui nous permettent justement de travailler
09:15 et de faire en sorte que le jeu soit équitable.
09:19 Après, nous, ce qu'on demande aussi,
09:21 et c'était le sens aussi de nos actions,
09:23 puisqu'on a lancé des actions pour notre réseau,
09:26 d'aller surveiller les magasins,
09:28 c'est un étiquetage pour que le consommateur
09:31 sache ce qu'il achète et d'où ça vient.
09:33 Par exemple, je ne nommerai pas en scène
09:36 qui a été épinglée par la FNO cette semaine
09:39 et avec lequel nous sommes en discussion,
09:42 nous avons lancé la DGCCRF dessus.
09:44 Quand on fait une publicité en disant juste le prix
09:47 sans indiquer la provenance,
09:49 ce n'est pas donner une bonne information au consommateur.
09:52 - Mais c'est obligatoire théoriquement de mettre la provenance
09:54 sur un produit alimentaire.
09:55 - C'est ce qui nous a fait bondir
09:58 lorsque des médias publics
10:03 font des annonces sans identifier la provenance.
10:07 Ça nous a un petit peu interpellés
10:09 et c'est pour ça aussi que l'enseigne
10:11 dont je vous parle a déjà répondu à la FNO
10:15 il y a quelques heures seulement.
10:17 Moi ce que je veux dire c'est que le consommateur,
10:19 on a besoin en fait d'une segmentation.
10:21 Évidemment, on comprend que les...
10:23 Vous comprenez tous et vous l'avez dit,
10:25 le produit agneau a des normes.
10:28 Donc il y a les charges sociales,
10:30 il y a les coûts de production.
10:31 La guerre en Ukraine nous a touchés par exemple
10:33 sur le secteur de brebis laitières.
10:35 Produire de l'agneau chez les brebis
10:38 et chez les brebis, il y a eu des problèmes
10:40 d'approvisionnement en termes de coûts
10:43 au niveau de l'aliment.
10:45 Et puis on a eu aussi un frein
10:47 avec des problèmes sanitaires
10:49 sur ce même secteur laitier dans l'Aveyron
10:52 pour citer le département
10:54 tout au long de l'année 2023.
10:56 Donc qu'est-ce qu'il fait l'agneau cher aussi ?
10:58 C'est un peu sa rareté
10:59 parce qu'on a eu justement ces difficultés
11:01 à mettre bas nos brebis
11:03 parce qu'il y avait la fiescathara lovine.
11:05 Ça c'est une première chose.
11:06 Ensuite ce sont tous les coûts de production
11:08 qui ont augmenté.
11:09 Les coûts de production,
11:10 je voudrais que les auditeurs comprennent,
11:12 il y a les coûts de production
11:14 au niveau des producteurs
11:16 mais il y a aussi les coûts de production
11:18 pour les abattoirs et les opérateurs.
11:19 Michel Boudouin, un mot rapide de Virginie Calmel.
11:22 Je voudrais vous féliciter Madame la Présidente
11:24 de la Fédération Ovind Nationale
11:26 parce que vous avez un discours
11:28 que je trouve très apaisé
11:30 sur le libre-échange
11:31 alors qu'aujourd'hui on voit
11:33 certaines formations politiques en France
11:35 tourner complètement le dos
11:37 au libre-échange
11:38 donc on a quand même défendu
11:39 l'intérêt que ça peut avoir
11:41 et notamment pour la filière agricole
11:43 ou viticole qui a besoin d'exporter.
11:45 Je trouve votre discours parfaitement apaisé
11:48 en montrant qu'il faut évidemment
11:49 une réciprocité et des close-miroirs.
11:52 Donc je voulais vous féliciter pour cela.
11:54 Merci à vous Michel Boudouin,
11:56 président de la Fédération Nationale Ovind et Éleveuse dans le Puy-de-Dôme.
11:59 Merci à vous les vrais voix, merci.

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