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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Fred Testot et Arnaud Malherbe, pour la série "Rictus" dès le 14 septembre sur OCS Max.
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NewsTranscription
00:00 - Aujourd'hui, jugé humiliant, dégradant pour l'autre mais aussi pour soi-même, le rire a été interdit.
00:09 Dans cette société idéale et bienveillante, seul est toléré une légère grimace en cas d'émotion ou de contrariété.
00:17 Le Rictus.
00:20 - Le Rictus, c'est donc le titre de votre série Arnaud Malherbe qui nous plonge dans une dystopie, une société imaginaire où le rire est totalement proscrit parce que,
00:31 comme il est dit dans des annonces de haut-parleurs, rire aujourd'hui, c'est pleurer demain.
00:36 D'où vous est venue cette idée un peu dingue Arnaud Malherbe ?
00:40 - C'est venu de plusieurs choses mais la première je crois que c'était venu du constat qu'évidemment le moment où on a le plus envie de rire, c'est le moment où on n'a pas le droit de rire.
00:48 C'est vrai en classe, c'est vrai dans les enterrements, il n'y a rien de plus drôle que de rire dans un enterrement.
00:53 Et donc partant de cette idée-là, et aussi parce que déjà à l'époque, il y a une dizaine d'années que j'avais eu cette idée-là,
00:58 il y avait cette sensation qu'on devait de plus en plus s'expliquer sur le rire.
01:02 De quoi rire, avec qui rire, quels sont les curseurs, quelles sont les limites.
01:05 - Peut-être en rire de tout.
01:06 - Voilà c'est la vieille question mais quand même, socialement c'est de plus en plus compliqué, parfois à juste titre, parfois non, bon bref.
01:14 Du coup la question était moins de poser une réponse à ça que de s'amuser à ça.
01:18 C'est-à-dire que l'idée c'est vraiment de se dire que continuons à rire, même rire des interdits et rire de l'interdiction de rire.
01:24 - Et alors il y a une chose quand même qui est encore autorisée, c'est le rictus.
01:27 Alors c'est pas très radiophonique Fred Testo, mais vous allez peut-être pouvoir nous faire une démonstration de rictus.
01:33 - Sur l'affiche on le fait, comme ça, une sorte de grimace.
01:38 - C'est la première fois que tu le fais de sonore, j'ai remarqué.
01:40 - Oui.
01:41 - Tu fais pas le son d'habitude.
01:42 - Non, je l'améliore.
01:44 - Bah il y a du son dans la série quand même, t'as rajouté des petits sons en plus.
01:48 - Et parce que vous Fred Testo, vous êtes un peu à la solde de ce Big Brother,
01:52 vous êtes un auditeur chargé d'écouter les gens qui fautent, les gens qui se laissent aller à la rigolade.
01:58 C'est ça votre travail et vous avez une excellente oreille pour ça, vous êtes un des meilleurs éléments.
02:02 - Oui, moi je travaille pour l'État, pour repérer les gens qui rigolent
02:07 et on envoie directement des brigades d'ajusteurs pour réprimander ou arrêter ces gens,
02:14 car c'est mal de rire.
02:16 - Et les ajusteurs vont tenter de les faire rire pour vérifier leur niveau de résistance ?
02:20 - Oui, ça c'est leur méthode.
02:22 - Après moi ce qui est intéressant, je trouve, dans le parcours de ce personnage
02:28 qui vit dans cette société où le rire est interdit,
02:31 c'est que lui-même va faire rire une collègue par inadvertance.
02:35 - Céline, votre stagiaire, qui ne peut pas résister à votre visage.
02:39 - Et du coup, ça va créer des problèmes et forcément le mettre en danger, lui et toute sa famille, mon personnage.
02:46 - C'est là que la vie de votre personnage bascule.
02:48 Effectivement, on va continuer à parler de cette série qui a eu le prix de la meilleure série au Festival Série Mania 2023.
02:55 On n'invite pas n'importe qui dans Culture Média, je vous le dis tout de suite.
02:58 On va en reparler tout à l'heure, juste après la session de rattrapage de Jean-Luc Lemoyne.
03:03 - C'est sur Culture Média, sur Europe 1, avec une série à l'honneur.
03:06 Ce matin, ça s'appelle "Rictus", c'est à voir sur OCS Max, avec Arnaud Malherbe, réalisateur de la série, et Fred Testo, comédien.
03:13 - Oui, et dans lequel vous nous plongez dans un monde imaginaire,
03:16 donc où on n'aurait plus le droit de rire, et ça va même plus loin,
03:20 parce que non seulement on n'a plus le droit de rire pour ne blesser surtout personne,
03:23 mais il faut être aussi dans la bienveillance la plus totale, Arnaud Malherbe.
03:27 - Ah, c'est même la bienveillance qui commande ça ?
03:29 - En fait, l'idée c'était de ne pas tomber dans un truc trop Orwellien, de dictature grise, gratuite.
03:35 C'est que c'est parce que nous sommes bons, bienveillants et respectueux,
03:39 que nous poussons le curseur jusqu'au bout en disant
03:41 "Donc on ne va pas rire des gens, on ne va pas se moquer, on ne va pas se moquer des différences, on ne va rien faire."
03:46 Mais c'est pour être gentil.
03:47 - Donc les ressources humaines deviennent les ressources très humaines.
03:50 À la télé, on passe uniquement des messages colorés, aseptisés,
03:54 et même la nourriture se doit d'être bienveillante.
03:57 - Et voilà mes cupcakes bienveillants.
03:59 Un tout nouveau concept.
04:01 - Eh ben ça m'a l'air très bon, ces petits gâteaux.
04:03 Ah, et il y a du chocolat.
04:04 - Ah non, non, non. Non, non, pas de chocolat.
04:06 Le cacao perturbe l'hippocampe et réchauffe le système limbique.
04:11 Non, je n'ai choisi que des parfums qui ressentent très apaise.
04:15 Savoureux pour le goût, délicieux pour le corps et l'esprit.
04:20 C'est organique ?
04:21 Ah oui, absolument, oui, oui, tout est bio.
04:24 Choisissez celui qui vous appelle, votre corps sait instinctivement ce dont il a besoin.
04:28 Ah, curcuma, graines de chia, excellent choix.
04:31 Pour les articulations et l'ouverture des chakras.
04:34 - C'est très angoissant.
04:36 - Mais c'est ça, on est dans un mélange, parce qu'à la fois c'est très, très drôle,
04:39 et en même temps il y a des moments où c'est très, très malaisant.
04:42 On est là devant notre écran, comme ce que vous faites subir à ce pauvre enfant
04:45 qui doit porter un casque qui le contraint à ne pas rire.
04:49 Là, la bienveillance, ça devient un peu de la maltraitance, Fred Testo.
04:53 - Oui, tout à fait.
04:55 Mais ce qui est encore plus marquant dans l'idée d'Arnaud et de Marion,
05:02 qui ont écrit la série, c'est que le fait de le traiter sous le ton de la comédie,
05:06 ça choque encore plus, en revoyant.
05:10 Hier on a fait une projo, comme c'est la sortie aujourd'hui,
05:13 et en revoyant c'est le truc qui me marque.
05:16 - Et vous avez senti le malaise parfois dans la salle aussi ?
05:19 - Parce qu'on navigue entre les deux, c'est entre le rire et le malaise.
05:23 C'est ce que vous avez cherché j'imagine ?
05:25 - Totalement, sur cette scène-là notamment, avec le petit garçon qui a un casque anti-rire,
05:29 et sa mère lui fête son anniversaire, donc déjà il chante très, très mal,
05:32 "Fred, bon anniversaire, c'est merveilleux !"
05:34 - C'est horrible !
05:35 - Et il approche et tout, et donc ils le font manger, boire avec le casque,
05:38 et évidemment c'est très gênant, c'est dégoûtant,
05:40 donc il y a un vrai malaise en fait dans la salle.
05:42 - Et alors vous êtes allé loin aussi dans les décors,
05:44 il y a un peu un univers comme ça à la Wes Anderson,
05:46 les décors sont faits de petits chatons et de licornes,
05:49 les fringues sont toujours dans des tons très pastels, très colorés.
05:54 Vous êtes allé loin dans la réflexion comme ça sur ce nouveau monde,
05:58 vous avez pensé les décors en l'écrivant aussi ?
06:00 - Oui, tout à fait, on avait déjà un mood board,
06:02 on avait une approche générale, et l'idée c'était qu'il fallait que la direction artistique
06:06 soit à l'image du concept.
06:08 À partir du moment où on considère que c'est une société bienveillante
06:11 qui devient dictatoriale,
06:13 il faut qu'à l'image ça se voit,
06:15 il faut que ce qu'il y a dans la tête des gens
06:17 soit le rose et le jaune,
06:20 et les espèces de petits costumes pyjamas un peu gênants,
06:25 il faut qu'on voit sur eux ce qu'ils sont à l'intérieur.
06:28 - Où est-ce que vous l'avez tourné cette série ?
06:30 - On l'a tourné chez nos amis du CEA,
06:33 Centre d'énergie atomique à Saclay.
06:35 - À Saclay, oui.
06:36 - On embrassait nos amis chercheurs.
06:39 C'est vraiment des années 50.
06:41 - C'est construit par le général de Gaulle, mais un peu soviétique.
06:43 - C'était une chance incroyable d'être accueilli là-bas pour tourner,
06:46 parce que c'est une ville dans la ville, c'est un décor à part entière,
06:49 tourné dans une ancienne pile atomique.
06:53 - Parce que l'esthétique est assez bluffante.
06:56 Et je sais que vous avez tout de suite pensé à Fred Testo pour le premier rôle, pourquoi ?
07:00 - Parce que j'étais le seul disponible à cette période.
07:03 - C'est le tarif également je crois.
07:05 - Oui.
07:06 - C'est le seul qui voulait bien.
07:07 - Non en fait avec Fred on a une petite histoire.
07:09 Moi j'ai fait mon premier court-métrage avec Fred,
07:11 qui était un court-métrage qui s'appelait "Dans leur peau".
07:13 Et puis depuis ce temps-là, on avait envie de retravailler ensemble,
07:16 et j'avais déjà cette idée depuis très longtemps, je lui en avais parlé déjà.
07:18 Et puis en fait on s'est appelé, il m'a appelé il y a deux ans,
07:21 il me dit "Dis-donc tu te rappelles de ce pitch que tu m'avais fait,
07:23 tu voudrais pas en faire une série ?"
07:24 Et il se trouve qu'une semaine avant j'en avais parlé avec Marion,
07:26 donc ma co-auteur.
07:28 Et on s'est dit "Mais il faudrait qu'on en fasse une série".
07:30 Et voilà on s'est retrouvés et puis voilà on est...
07:32 - On est très content.
07:33 - Avec une ribambelle de comiques autour de vous, vous êtes pas seuls.
07:36 On va citer Youssef Haji, Lison Daniel, Pierre-Emmanuel Barré,
07:41 il y en a beaucoup.
07:42 - François Rollin.
07:43 - François Rollin bien sûr, qui est excellent.
07:45 - Edi Le Duc, Anne Charier, Rophelia Kolb.
07:48 - Que des gens qui donnent envie de rire, c'est un peu ça le problème aussi.
07:51 - Et ça devait être dur entre vous de pas vous marrer,
07:54 parce que c'est quand même le principe de base de la série.
07:56 Et je me dis il y a des moments ça devait être très limite,
07:58 ne serait-ce que sur les rictus comme ça,
08:00 sur cette façon que vous aviez de ne pas rire,
08:03 ça devait être très compliqué.
08:04 - Justement on rigolait beaucoup entre les prises,
08:06 parce que le point de vue en tout cas de chaque personnage,
08:10 c'est d'être contraint, d'être fermé,
08:13 de ne pas avoir d'émotion à part le rictus.
08:15 Donc on jouait dans des postures très restreintes, dans nos habits.
08:22 - C'est à voir en tout cas dès aujourd'hui,
08:24 ça sort là aujourd'hui sur OCS Max, ça s'appelle "Rictus".
08:28 Restez avec nous sur Europe 1, dans un instant,
08:30 le journal des médias à 9h30 pile avec Julien Pichenay.