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  • 06/09/2023

Hélène Herschel, déléguée générale de la Fédération nationale des éditeurs de films, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent à la fréquentation des salles de cinéma.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 - Europe 1, il est 6h40, on s'intéresse à la santé du cinéma ce matin avec les derniers chiffres du CNC, le Centre National du Cinéma et de l'Image Animée.
00:09 Votre invité Alexandre-Hélène Herschel, délégué général de la Fédération Nationale des Éditeurs de Films.
00:14 - Bonjour Hélène Herschel. - Bonjour Alexandre Lemaire.
00:17 - Alors d'abord une occasion de se réjouir avec les chiffres du CNC sur la fréquentation des salles au mois d'août.
00:23 Près de 16 millions d'entrées, c'est plus de 50% en plus par rapport à l'an dernier.
00:27 C'est un soulagement pour les salles de cinéma tout de même ?
00:29 - Oui c'est un bon été, ce sont des bonnes nouvelles.
00:34 Avec un été qui est effectivement 16 millions de tickets, c'est proche des années d'avant-crise, d'avant-Covid.
00:41 Et globalement depuis le début de l'année 2023, on voit que le cinéma est résolument sur la bonne voie.
00:47 Les Français reviennent au cinéma, on retrouve tous les types de spectateurs, tous les typologies de films ont leur chance.
00:54 Et voilà, on revient, pour être tout à fait précis, depuis le mois de janvier,
00:59 on est en volume d'entrées à peu près à -9% par rapport à l'avant-Covid, ce qui est quand même très très bien.
01:06 - Bon on se rapproche. - On se rapproche et on se rapproche de façon très régulière avec un effet de raccrapage qui est très net.
01:12 - C'est surprenant en général, c'est pas pendant les mois d'été que les cinémas font le plein.
01:16 Alors il y a eu deux locomotives, c'est vrai qu'ils sont sortis le même jour en juillet, Barbie et Oppenheimer.
01:21 Ce sont eux qui ont porté ce regain de fréquentation ?
01:25 - C'est juste parce que c'est une économie d'offres le cinéma, et on l'observe régulièrement,
01:33 quand l'offre de films est forte, quand elle est attractive et quand elle est complète,
01:38 on a d'abord des Français qui reviennent au cinéma et le lien avec le cinéma fonctionne.
01:44 Donc cet été, effectivement, il y a eu deux fortes locomotives qui étaient Barbie et Oppenheimer,
01:49 qui d'ailleurs ne se sont pas du tout cannibalisés, plein de personnes sont allées voir les deux.
01:54 Et on voit que quand on retourne au cinéma, on a encore plus envie d'y retourner.
01:59 Mais on avait aussi à côté, et ça c'est une grande chance qu'on a en France,
02:03 c'est qu'on a également une offre nationale qui est également très riche, très robuste,
02:08 et qui permet de s'adresser à tous les publics.
02:10 C'est ça qui fait que le cinéma rebondit très bien en France, c'est qu'on a ces deux jambes-là.
02:16 Les Français et les films étrangers.
02:18 - C'est un loisir qui est sensible un peu à la météo aussi en général, et l'EnerShed.
02:21 Je veux dire, par là, est-ce qu'il y a eu un effet canicule quelque part ?
02:24 On va dans les salles climatisées, pour voir des bons films bien sûr.
02:28 - Alors on a l'habitude de dire que nous quand il pleut, on se réjouit, on est ravis.
02:32 Quand il fait trop chaud, on se dit "chouette, la climatisation va être aussi séduisante".
02:38 On n'a pas exactement l'alpha et l'oméga, nous on pense que c'est vraiment l'offre de films.
02:44 C'est vraiment également le fait que le cinéma revienne dans les conversations.
02:49 C'était vraiment la grande question, c'était "es-tu allé voir tel ou tel film ?"
02:54 Le cinéma revenait parfaitement dans sa place de phénomène de société dont on pouvait parler.
03:01 - Et c'est important. - Donc je pense que ça a joué, tout autant que la canicule.
03:04 - Le cinéma est sensible à la canicule peut-être, bouche à oreille, certainement.
03:08 Vous parlez de l'offre, Hélène Herschel, on est sur un pic de fréquentation accidentelle ?
03:12 Ou c'est l'amorce d'un véritable démarrage ?
03:14 Est-ce que l'affiche des prochaines semaines va permettre de confirmer le rebond ?
03:17 - Effectivement, on a eu un été qui était fort,
03:25 parce que souvent l'été il y a des films qui sont quand même moins marquants que cette année.
03:30 Donc là il est fort, parce que l'offre était forte.
03:34 On va avoir des choses également très fortes à la rentrée, fin 2023.
03:38 En films français il va y avoir des rendez-vous très attendus,
03:42 comme "Bernadette", le film avec Catherine Deneuve,
03:44 le nouveau film de Nakash et Toledano, "Une année difficile",
03:48 des films primés à Cannes, je pense à "La passion" de Daudin Bouffan avec Juliette Binoche.
03:53 Donc il va y avoir quand même des grands films.
03:57 Plus tous ceux dont on n'a pas forcément le temps de parler,
04:00 parce qu'ils parlent moins encore, mais sur lesquels on travaille beaucoup,
04:03 qui sont les films plus d'auteurs qui s'adressent,
04:06 ou les films étrangers, de la diversité, qui s'adressent aussi à d'autres publics.
04:10 Donc l'offre va être très soutenue,
04:12 il y a beaucoup de rendez-vous cinéma très chouettes qui arrivent bientôt.
04:15 - Alors un phénomène qui n'échappe pas aux habitués des salles de ciné, Hélène Herschel.
04:19 On voit s'allonger quand même la durée moyenne des films.
04:21 Il est plus rare aujourd'hui d'avoir des films de 3 heures,
04:25 je pense au deuxième volet d'Avatar, 3h12,
04:28 "Oppenheimer", 3h lui aussi,
04:30 je ne sais pas, le dernier "Mission Impossible", quasiment 3h également.
04:34 Il n'y a pas le risque ici de perdre une partie du public,
04:36 tout le monde n'a pas ce temps-là à consacrer à ses loisirs.
04:39 - Ce n'est pas du tout ce qu'on a observé.
04:43 Ça n'a pas l'air dans les études que l'on fait,
04:48 de ralentir le public.
04:49 Il y a aussi une dimension,
04:51 c'est que le cinéma maintenant est en concurrence directe
04:54 avec une offre à la maison,
04:56 une offre d'image, une offre de contenu.
04:58 Donc on est attentif aussi à ce que les propositions au cinéma,
05:02 que ce soit des propositions fortes,
05:06 que ce soit une sortie culturelle très spéciale,
05:09 qui va justifier que vous sortiez de chez vous
05:11 et que ce soit vraiment une sorte de plaisir.
05:13 - En tout cas, c'est un peu un sujet de préoccupation
05:15 pour certains exploitants qui disent
05:17 "Bon, effectivement, un film de 3 heures à projeter,
05:19 c'est une séance de moins par jour et par salle, mécaniquement."
05:22 - Oui, et en même temps,
05:25 effectivement, c'est une autre organisation du temps sur les écrans.
05:29 Alors on a le contre-exemple parfait,
05:31 qui est Yannick, le film de Cantière du Pieux,
05:33 qui est un film court,
05:35 et qui, avec ce format, a trouvé aussi son public.
05:39 Disons qu'on est dans une évolution, effectivement,
05:45 où on est plus sur l'événementialisation des films,
05:48 avec des carrières qui sont un peu plus courtes pour certains.
05:52 Ça change, effectivement, l'offre de cinéma change.
05:55 On est en train aussi de tester des choses nouvelles.
05:58 C'est vraiment un métier dans lequel on essaie, nous, éditeurs,
06:01 d'aller sélectionner des œuvres.
06:04 Alors il est possible que, en quelque temps,
06:06 on revienne à des formats un peu plus courts.
06:08 Il a fallu aussi se réinventer.
06:10 On tente des choses, on propose, et on voit comment les tester.
06:14 - Face aux plateformes, toujours, c'est toujours cette menace en toile de fond,
06:17 quand vous dites "tester des choses", c'est résister aux plateformes, clairement.
06:20 - Exactement, de la même façon qu'on a dû se réinventer
06:23 quand la télévision, la vidéo sont arrivées,
06:26 il faut que le cinéma soit vraiment singulier,
06:29 que ce que l'on propose se différencie de ce que l'on trouve sur le petit écran.
06:33 Il faut que les films qui vont au cinéma
06:35 soient vraiment des films qui méritent leur place au cinéma.
06:38 Et plein de choses sont en train d'évoluer,
06:40 aussi dans la façon dont on travaille,
06:42 on sélectionne les films, les projets.
06:44 Les producteurs, aussi, sont en train de réfléchir aux attentes du public,
06:49 que l'on observe de très près.
06:51 Donc tout cela bouge, le cinéma est en constante évolution,
06:54 et on voit, au résultat de l'été, qu'il est bel et bien vivace.
06:58 - Et plein de bons films à aller voir, vous nous l'avez rappelé,
07:00 avec quelques exemples, Hélène Herschel, au cinéma, dans les semaines qui viennent.
07:04 Merci, Hélène Herschel, déléguée générale
07:06 de la Fédération Nationale des Éditeurs de Films.

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