Mardi 20 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Ouissem Barbouchi (Président Fondateur, Obafrica AM)
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00:09 Et nous enchaînons avec le dernier quart d'heure thématique de Smart Bourse avec
00:13 Marché Athème où nous avons le plaisir de retrouver au téléphone Wissem Barbouchi.
00:18 Bonjour Wissem Barbouchi.
00:19 Bonjour Nicolas.
00:20 Vous êtes président fondateur d'Aube Africa AM, vous allez nous accompagner dans
00:25 cette dernière partie de Smart Bourse pour regarder un petit peu les performances des
00:31 places de marché africaines.
00:33 Avant de regarder les performances des bourses africaines, peut-être un petit mot sur ce
00:37 premier semestre, sur les économies africaines au premier semestre Wissem Barbouchi.
00:42 Oui alors un premier semestre qui a été riche d'informations aussi bien sur le plan
00:49 économique que sur le plan politique.
00:51 Sur le plan économique, il y a l'ESME qui a revu un petit peu à la baisse les taux
00:56 de croissance des économies d'Afrique subsaharienne.
00:58 En avril dernier, le taux de croissance a été revu à 3,6% avec toujours beaucoup de
01:03 disparité selon les pays puisqu'on a toujours des pays comme la Côte d'Ivoire ou le Sénégal
01:08 qui sont à des niveaux supérieurs à 6%.
01:09 Ce qu'il faut noter c'est que cette revue à la baisse, elle a eu lieu dans un environnement
01:15 où l'inflation reste quand même proche de 10% dans de nombreux pays mais aussi et surtout
01:19 dans un contexte où les taux de financement ont fortement augmenté ces derniers mois.
01:23 Et donc on voit bien qu'en Afrique depuis quelques mois, il n'y a plus que beaucoup
01:28 de pays qui émettent des eurobonds, ce qui a été le cas de nombreux pays africains
01:31 avant le printemps 2022.
01:32 On voit aussi que dans ce contexte-là, beaucoup de pays comme l'Égypte poursuivent leur
01:38 politique de réservement monétaire avec des taux qui, dans le cas de l'Égypte, sont
01:42 aujourd'hui autour de 18% et d'autres comme le Maroc qui, malgré l'inflation, qui reste
01:49 à des niveaux historiquement élevés, marquent une pause.
01:52 Ce qu'il faut aussi noter dans ce premier semestre, c'est qu'on a eu une élection
01:57 présidentielle majeure en Afrique avec l'élection d'un nouveau président au Nigeria, Bolatinoubou,
02:02 qui est du même parti que l'ancien président Buhari.
02:06 Bolatinoubou a été élu au premier tour et c'est un président qui, dès son arrivée,
02:14 a voulu réformer très rapidement et donc il a mis notamment fin aux subventions pour
02:18 l'essence et il a mis fin au mandat du gouverneur de la Banque Centrale et plus récemment,
02:24 il a annoncé la fin de l'intervention de la Banque Centrale pour maintenir le NERA
02:27 contre les autres devises étrangères, ce qui a entraîné une baisse du NERA de l'ordre
02:30 de 35% contre l'euro mi-juin à un niveau où on n'avait pas une fluctuation de la devise
02:38 nigerienne qu'on n'avait pas observée depuis de nombreuses années.
02:41 Donc ces décisions difficiles sur le court terme pour le Nigeria, mais qui de mon point
02:45 de vue doivent permettre aussi de retrouver une certaine sérénité sur le moyen long
02:49 terme et surtout d'attirer des capitaux étrangers.
02:51 Dans ce contexte, Wissam Barbouchi, qu'est-ce que vous constatez en matière de performances
02:58 sur les différences places de marché côté africaines ?
03:00 Les performances de la plupart des bourses africaines sont relativement bonnes depuis
03:04 le début de l'année.
03:05 Quasiment toutes sont dans le vert en devise locale à l'exception du Kenya, de la Tanzanie,
03:10 d'Ile-Maurice ou de la BRGM.
03:11 Si on prend l'exemple par exemple de la bourse égyptienne, elle a forcément rebondi depuis
03:17 le début de l'année et depuis la nouvelle évaluation qui avait lieu en janvier.
03:21 Donc à mi-juin, la bourse égyptienne est à +20% en devise locale.
03:26 Et au-delà des problématiques liées au change, elle a quand même été significativement
03:31 soutenue par des publications trimestrielles qui ont montré que les entreprises égyptiennes
03:35 étaient capables de maintenir voire d'augmenter leur niveau de marge dans un environnement
03:39 marqué par la hausse des coûts de production, ce qu'on a vu pour des entreprises comme
03:42 Cairo Poultry ou MMGroup que nous suivons depuis plusieurs années.
03:45 Je pense que ce qu'il faut aussi avoir probablement en tête, c'est que ces performances boursières
03:53 qu'on observe depuis le début de l'année sur certains marchés, elles sont souvent
03:57 le résultat de performances opérationnelles de certaines entreprises.
04:01 Et parfois, ce qu'on a pu observer dans le cas du Zimbabwe depuis de nombreuses années,
04:05 c'est aussi un moyen de se réfugier contre des économies qui parfois sont particulièrement
04:11 instables et des devises qui le sont également.
04:13 Il existe également des ETF qui permettent de suivre la performance des marchés cotés
04:19 africains dans leur ensemble, comme le MSCI Africa.
04:22 Quelle performance pour le premier semestre Wissam Barbouchi ?
04:25 Alors le MSCI Africa, hors Afrique du Sud, en dollars, est à +1,1% à fin mai dernier.
04:32 Donc il est, on va dire, tiré vers le haut par les performances de certains marchés
04:39 comme le marché égyptien, mais tiré vers le bas par la performance du marché kényan
04:42 qui est à -18% depuis le début de l'année et qui est tiré vers le bas notamment par
04:47 la mauvaise performance de Safaricom.
04:48 Un mot peut-être, un focus spécifique sur la Côte d'Ivoire où vous vous êtes rendu
04:55 récemment je crois Wissam Barbouchi.
04:57 Que peut-on en dire sur les performances boursières, sur l'activité économique au premier semestre ?
05:03 Oui alors la Côte d'Ivoire et la Bourse régionale des valeurs mobilières de manière générale,
05:07 c'est un territoire que nous apprécions et que nous apprécions depuis longtemps.
05:10 D'une part parce que ce sont des économies en forte croissance, d'autre part parce que
05:15 ce sont des démographies également qui sont en forte croissance avec des classes moyennes
05:18 qui sont en train d'émerger.
05:20 Alors c'est vrai que nous avons été ravis de retourner physiquement en Côte d'Ivoire,
05:26 nous n'avons pas pu le faire depuis le Covid et nous avons participé à une conférence
05:30 organisée par un broker qui s'appelle Hudson à Abidjan pour rencontrer une dizaine d'entreprises
05:35 cotées sur la Bourse régionale des valeurs mobilières.
05:39 On a été relativement rassuré par rapport aux entreprises dans lesquelles nous sommes
05:44 investis, en l'occurrence nous sommes investis dans des entreprises du secteur de la télécommunication
05:50 comme la Senatel qui opère majoritairement au Sénégal.
05:53 Nous sommes également présents dans le secteur bancaire avec une société qui s'appelle
05:56 SGBCI qui est une filiale de la Côte d'Ivoire.
05:59 Ce qu'on constate, et ça c'est un élément positif pour le moyen long terme, c'est que
06:05 dans un marché où les performances sont relativement moins bonnes que les autres marchés africains
06:13 et une des raisons principales de mon point de vue c'est lié aux flux, puisque les flux
06:17 sont moins élevés que sur les autres marchés africains sur la BRDM, on constate que les
06:23 niveaux de valorisation restent quand même très attractifs, beaucoup plus attractifs
06:26 que dans beaucoup de marchés puisqu'on a un niveau de price-earning ratio aujourd'hui
06:29 qui est de l'ordre de 8 fois contre de nombreux marchés qui sont plutôt autour de 14-15 fois.
06:34 Et on voit à travers l'application aussi des résultats du premier trimestre que la
06:40 croissance est toujours là, qu'on a des entreprises qui sont capables de manière
06:44 générale de maintenir leur niveau de marge et qui annoncent des perspectives moyen long
06:49 terme qui sont très positives pour notre gestion.
06:51 Donc ça c'était effectivement pour un focus sur le spécifique au pays de la Côte d'Ivoire
06:59 et à la place de marché en Côte d'Ivoire.
07:01 Si on rentre un peu plus dans le détail et si on fait un point de gestion sur le fonds
07:07 Africa Picking Fund, que peut-on dire Wissem Barbouchi ?
07:12 Ce fonds Africa Picking Fund, la nouvelle importante c'est qu'il a, vous savez historiquement
07:19 c'est un fonds qui était sous l'égide de la financière de l'échiquier depuis
07:22 sa création en novembre 2014.
07:25 En mai dernier il a été transféré vers une autre société de gestion qui s'appelle
07:28 HFG Finance, société de gestion qui connaît bien les marchés africains, qui est présente
07:34 historiquement à travers plusieurs fonds, notamment le fonds HFG Globetrotter.
07:37 Et c'est d'ailleurs avec le gérant de ce fonds-là que je me suis rendu en Côte d'Ivoire
07:42 pour rencontrer les entreprises de la Bourse Régionale de Valeurs Mobilières.
07:45 Ce qu'il faut avoir en tête c'est que dans la manière dont les entreprises sont sélectionnées
07:49 dans ce fonds, il n'y a pas de changement fondamental, c'est-à-dire que les entreprises
07:54 qui sont regardées sont toujours des entreprises qui sont en croissance, qui doivent bénéficier
08:00 de l'émergence de la classe moyenne, qui sont capables de créer de la valeur sur le
08:04 moyen et long terme.
08:05 Et puis aussi disons que dans ce transfert chez HFG Finance, l'idée aussi c'est de
08:15 pouvoir bénéficier de la connaissance des marchés africains pour pouvoir aussi défléchir
08:22 ou rencontrer de nouvelles entreprises qui à terme pourraient entrer dans le fonds
08:27 africain.
08:28 Et pour finir Wissem Barbouchi, alors effectivement quand on veut investir en Afrique sur une
08:34 place de marché, on peut investir dans un certain nombre de pays, on peut investir
08:38 en Côte d'Ivoire, on en a parlé, ou en Égypte, vous nous en avez parlé plusieurs fois.
08:41 Quand on est investisseur et qu'on est intéressé par un investissement sur le sol africain,
08:47 sur une des places de marché cotées, quelles sont les grandes questions qu'il faut se
08:50 poser selon vous, que ce soit en matière de performance, de contexte économique ou
08:53 de liquidité ?
08:54 Alors c'est vrai que nous on suit ces marchés-là depuis presque 10 ans et évidemment il y
08:59 a plusieurs éléments qui sont des éléments macroéconomiques qu'il faut toujours regarder,
09:03 la perceptive de croissance des marchés dans lesquels il y a un intérêt.
09:08 Évidemment sur le moyen et long terme, les sujets liés à la géographie et les marges
09:12 de la classe moyenne, mais il faut aussi et toujours regarder les valorisations des entreprises.
09:17 Alors nous depuis le début, c'est vrai que ça a toujours été un cléneau pour nous
09:21 de s'intéresser aux multiples valorisations, c'est-à-dire qu'on voit bien que dans certains
09:25 marchés il y a vraiment des anomalies en termes de valorisation, c'est encore une fois
09:29 le cas de la Bourse mobilière, peut-être marginalement le cas de la Bourse égyptienne,
09:35 et donc toujours peut-être s'intéresser plutôt aux entreprises qui sont dans le secteur
09:40 de la consommation, parce que c'est elles qui vont bénéficier justement de cette rigueur
09:43 que j'évoquais à l'instant, et peut-être également regarder des entreprises dans le
09:48 secteur du BTP, dans le secteur de la santé, dans le secteur de l'éducation, tous ces
09:52 secteurs-là sont aujourd'hui représentés dans l'Africa Picking Fund, et c'est des
09:56 secteurs auxquels nous croyons de manière importante dans la gestion que nous pouvons
10:03 avoir au sein des marchés africains.
10:05 Alors effectivement vous avez mentionné un certain nombre de secteurs, vous constatez
10:08 des grandes tendances sur le premier semestre par exemple, qui se répliqueraient d'une
10:12 place de marché à l'autre sur le sol africain ?
10:15 Alors les grandes tendances, disons que, je ne sais pas si on peut parler de grandes
10:19 tendances seulement sur le premier semestre, il y a certains marchés qui vont par exemple
10:26 avoir une dynamique assez forte sur les travaux publics, je pense encore une fois à la Côte
10:30 d'Ivoire par exemple qui prépare la Coupe d'Afrique des Nations pour la fin d'année,
10:34 donc c'est vrai que quand vous vous baladez en Côte d'Ivoire, à Bidjan en particulier,
10:37 vous voyez que c'est un pays qui est en chantier, avec des ponts qui se construisent, de nouvelles
10:41 routes qui se construisent, donc un dynamisme certain sur des sujets en rapport avec les
10:46 travaux publics.
10:47 De manière plus générale, j'évoquais la santé ou l'éducation, c'est vrai qu'aujourd'hui
10:51 on constate qu'en Afrique, sur ces deux segments-là, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir,
10:56 aussi bien dans la construction d'hôpitaux que dans la construction d'écoles privées,
11:00 parce qu'il y a quand même beaucoup d'acteurs dans le secteur privé aujourd'hui, dans le
11:03 secteur de l'éducation, en Afrique du Sud, en Égypte, au Maroc, il y a des acteurs qui
11:07 sont côtés.
11:08 Donc il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre des niveaux proches de ceux
11:13 que nous pouvons observer dans les économies matures que nous connaissons bien.
11:17 Merci beaucoup Wissem Barbouchi de nous avoir accompagné dans Smart Bourse, dans Marché
11:22 à Thème.
11:23 Je rappelle que vous êtes président fondateur d'Aube Africa AM.
11:26 Merci beaucoup, merci à vous également de nous avoir suivis.
11:30 Je vous rappelle que vous pouvez retrouver Smart Bourse en replay sur bsmart.fr, mais
11:32 aussi en podcast sur toutes les plateformes de podcast.
11:35 Quant à moi, je vous donne rendez-vous demain en direct sur Bsmart à midi et demi.
11:38 Au revoir.