Députés et sénateurs mettent fin aux super-promos sur les produits d'hygiène

Sud Radio

Avec Olivier Dauvers, journaliste et spécialiste de la grande distribution  ______________________________________  Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry  ______________________________________   Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/  ______________________________________   Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr   ##C_EST_A_LA_UNE-2023-03-17##

Transcript

00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Patrick Roger.

00:03 Il est 7h13 sur Sud Radio.

00:07 Les promotions sur les shampoings, les couches, les gels douche ou encore les lessives

00:13 à -70% ou plus,

00:15 et bien a priori c'est terminé puisque députés et sénateurs

00:20 se sont mis d'accord autour d'un texte.

00:23 Olivier Dauvert est avec nous, journaliste et spécialiste de la grande distribution.

00:26 Olivier Dauvert, pourquoi cette loi ?

00:30 Parce que les industriels concernés sur ces rayons,

00:33 c'est-à-dire ceux qui livrent les lessives, les couches, qui l'ont,

00:36 ils n'en pouvaient plus de voir leurs marques brader

00:40 à -50, -60, parfois même, écoutez bien Patrick, -90%.

00:45 Ils n'en pouvaient plus de voir leurs marques brader

00:48 parce que ce n'est pas bon pour l'image des marques, tout simplement.

00:51 Ils avaient envie de retrouver une forme de maîtrise du prix de leurs produits

00:55 et comme dans le même temps ils voyaient que sur les rayons alimentaires

00:58 la loi avait limité les promotions à 34%,

01:03 c'est-à-dire l'équivalent de 2+1,

01:05 et bien depuis déjà des années ils font un forcing intense

01:09 pour obtenir le même cadre réglementaire,

01:12 c'est-à-dire que les promotions ne puissent plus l'obtenir au-delà de 34% de générosité

01:17 et ça y est, j'allais dire, ils ont gagné,

01:20 Skip et Ariel ont gagné, Leclerc a perdu, c'est aussi bête que ce que j'ai dit.

01:24 - C'est de la folie, a dit un patron de supermarché.

01:29 - Oui c'est de la folie parce qu'on est dans une séquence inflationniste avérée,

01:35 je vous rappelle qu'on a contesté un peu la notion de Mars rouge

01:40 que je véhicule depuis le début de l'année,

01:42 de manière sérieuse, personne ne peut le contester par les chiffres aujourd'hui.

01:46 Semaine après semaine, le rythme d'inflation s'accélère,

01:51 la semaine dernière par exemple sur les grandes marques,

01:53 on a eu 1,1% d'inflation.

01:56 Alors effectivement quand on le prend à la semaine,

01:59 ça ne fait pas beaucoup mais on va le mettre en rythme annuel

02:02 au moins pour mesurer le niveau d'évolution des prix.

02:05 1% par semaine ça fait 50% par an, alors évidemment ça ne fera pas 50%

02:09 mais ça veut dire qu'on est actuellement dans la pente,

02:14 c'est-à-dire on est dans le mur de l'inflation,

02:17 alors qu'on est dans ce moment-là,

02:19 alors que le climat social en plus n'est pas très apaisé,

02:22 ça je pense que vous l'avez remarqué,

02:23 on est en train de rajouter un truc où des promotions vont être moins intéressantes.

02:28 Alors on peut entendre l'argument des industriels,

02:30 ils sont très entendables,

02:32 mais est-ce que c'était le bon moment, là pour le coup,

02:35 quand les distributeurs crient au loup ?

02:37 Je pense qu'ils ont un peu raison quand ils parlent du moment.

02:39 - Mais parce que un produit qui est vendu à -70, -80%

02:45 quelque part il y a des perdants,

02:47 donc qui étaient les perdants ?

02:48 C'étaient vraiment les industriels ?

02:50 Ou c'était la grande distribution qui vendait à perte,

02:52 évidemment pour le plus grand profit des consommateurs,

02:55 quoi que nous sommes ?

02:56 - On va quand même remettre l'église au centre du village à l'instant,

03:00 quand il y a des promos à -90%,

03:02 vous n'imaginez pas qu'on vous fasse réellement cadeau de 90%,

03:06 ça n'existe pas dans l'économie 90% de remise,

03:08 c'est parce qu'on a réhabillé le prix avant,

03:11 donc en fait c'est la construction du prix qui avait petit à petit changé,

03:15 où en gros le prix de base des produits était devenu plus cher,

03:18 ce qui permettait de faire des remises plus élevées,

03:21 et donc au final, souvent d'ailleurs sur la carte de fidélité,

03:24 ça permettait d'afficher des 80-90% de remise.

03:27 En ce moment, tenez par exemple,

03:28 parce que c'est en magasin,

03:30 vous avez du 70% sur des couches Pampers chez Carrefour,

03:35 du 80% sur de la lessive Skip,

03:37 en ce moment, au moment où je vous parle,

03:39 évidemment le prix de départ il est trop important par rapport à la réalité,

03:43 c'est comme ça qu'on finance une partie de la promotion,

03:45 et malgré tout, ça stimule le consommateur,

03:49 ça lui donne envie d'acheter,

03:51 et donc c'était malgré tout bon pour la consommation,

03:53 et donc pour le consommateur quand même,

03:54 parce qu'au moment où vous en profitez, c'est des vraies économies.

03:57 - En termes de communication Olivier Dauvert,

04:00 ça fait quand même un peu désordre,

04:02 au moment où on disait qu'on allait mettre,

04:04 et du côté du gouvernement,

04:06 un panier anti-inflation,

04:07 et qu'on incitait les distributeurs à le faire.

04:10 - Je vais vous dire de manière très directe,

04:13 les députés et les sénateurs qui ont voté cette loi,

04:17 ont le sens politique d'une huître.

04:19 Voter une loi sur l'encadrement des promotions,

04:24 ce qui va les rendre moins intéressants,

04:26 donc qui va être une loi inflationniste,

04:28 au moment où on a de l'inflation,

04:30 mais il faut être totalement hors-sol,

04:33 pour ne pas mesurer que de l'autre côté de la pyramide,

04:36 il y a ce qu'on appelle la France des centimes,

04:39 des gens qui comptent pour manger,

04:41 pour acheter leurs produits d'hygiène,

04:43 et on leur explique aujourd'hui,

04:45 que finalement les promotions,

04:47 ça ne sera plus -70, mais -34%,

04:50 mais il est où le sens politique de ceux qui ont voté ça ?

04:53 Ce qui ne remet pas en cause la raison pour laquelle ils l'ont fait,

04:56 on peut discuter d'effectivement une marque,

04:59 elle est sacrifiée quand elle est acceptée là,

05:01 mais le moment où ça se passe,

05:03 on est le premier semestre 2023,

05:05 marche rouge,

05:06 et le message politique qu'on envoie,

05:09 c'est que les promotions sur l'hygiène,

05:11 les super promos,

05:12 c'est vous qui l'avez dit, les méga promos vont s'arrêter.

05:15 Franchement, ça manque vraiment de sens politique.

05:18 - Est-ce qu'il ne peut pas y avoir un retour en arrière,

05:20 ou alors pas de l'application aussi de la loi ?

05:22 C'est peut-être possible ça, non ?

05:24 - Effectivement, une loi ne devient applicable

05:26 que quand il y a un excès d'application.

05:29 Bon, malgré tout, elle a quand même franchi objectivement beaucoup d'étapes,

05:33 elle a franchi l'étape du débat public,

05:34 il y a eu de la contestation,

05:35 les distributeurs ont dit qu'ils étaient contre,

05:37 les industriels pour,

05:38 le gouvernement a dit qu'il était contre d'ailleurs,

05:40 bon ben voilà, le Parlement est souverain,

05:42 il a voté,

05:44 moi j'aurais tendance à dire "ben c'est fait, allons-y",

05:46 mais on a quand même le droit de dire,

05:48 et je le redis de manière peut-être un peu directe,

05:51 il ne fallait pas avoir de sens politique pour le voter en ce moment.

05:54 - Merci beaucoup Olivier Devers,

05:57 parlons vrai avec vous évidemment,

05:59 journaliste et spécialiste de la grande distribution,

06:01 un grand merci d'avoir été avec nous ce matin

06:03 pour nous éclairer sur Sud Radio.

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