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  • il y a 3 jours

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00:00Le Carrefour de l'Info sur Arabel.
00:06Et dans ce Carrefour de l'Information quand l'urgence dure,
00:23ce que révèle le dernier rapport sur les trajectoires du sans-abriso à Bruxelles.
00:27C'est le titre du nouveau rapport publié récemment par Bruxelles,
00:31la plateforme régionale en charge de la coordination de l'aide au sans-abris à Bruxelles.
00:36Et pour nous en parler, nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui Adèle Pierre,
00:40conseillère dénombrement chez Bruxelles. Bonjour.
00:42Bonjour.
00:42Merci d'être avec nous sur Arabel.
00:44Une première question tout d'abord, est-ce qu'on peut nous rappeler pourquoi Bruxelles a lancé,
00:48disons, ce nouveau rapport et quels étaient un petit peu ses principaux objectifs ?
00:52Alors l'objectif d'un rapport et de chiffres surtout,
00:54et de données objectives sur le sans-abrisme,
00:58c'est d'abord d'outiller un secteur, un secteur qui a besoin d'outils de plaidoyer,
01:03mais aussi les décideurs politiques qui, on l'espère, prendront action à la suite de ces résultats.
01:10Alors et donc le chiffre, 9777 personnes,
01:14sans chez soi à Bruxelles qui a un peu marqué les esprits.
01:17Comment est-ce qu'on peut interpréter ces chiffres et cette hausse finalement ?
01:21Alors quand on parle de hausse, c'est une hausse spectaculaire, 25% en deux ans, c'est énorme.
01:28Alors comment est-ce qu'on peut les interpréter ?
01:29Tout d'abord, on a des politiques migratoires qui poussent à ce que davantage de personnes
01:36se retrouvent dans des situations d'urgence,
01:38mais on est aussi face à une crise du logement en région bruxelloise,
01:42il est de plus en plus difficile de se loger pour un prix décent à Bruxelles.
01:47Alors le rapport insiste aussi sur des parcours, je cite,
01:51« ancrés dans le temps ».
01:52Que signifie cette sédentarisation dans l'urgence finalement ?
01:56Alors quand on parle de sédentarisation,
01:58c'est plus d'un quart du public qui est en situation d'urgence,
02:02donc on parle bien des personnes dans les hébergements d'urgence,
02:05depuis plus de deux ans.
02:06Et cette donnée en fait est assez intéressante
02:08parce qu'elle nous permet de remettre un peu en question
02:12le rôle de l'urgence, la place que l'urgence occupe,
02:16comme situation qui est censée être temporaire.
02:19Oui, est-ce qu'on constate aussi une évolution dans la durée moyenne
02:23de ces jours en hébergement d'urgence ou temporaire ?
02:27Alors pour constater une évolution, il faut comparer des données entre elles.
02:31Malheureusement, on a encore peu de recul par rapport au premier dénombrement
02:37puisque en 2022, on était dans une démarche exploratoire
02:40et donc il va falloir attendre 2026 pour pouvoir suivre ces évolutions
02:44de manière concrète et objective.
02:46Alors d'une manière plus générale, Adèle Pierre,
02:48est-ce qu'on peut rappeler les principaux frais structurels
02:50qui empêchent finalement les personnes de sortir du sans-abrisme ?
02:55Oui, pour un quart de ces personnes, c'est une absence de titre de séjour,
02:59une absence de titre de séjour, c'est une absence de droit,
03:03un accès difficile aux soins de santé, en tout cas les soins de santé complets,
03:08des risques de violence, d'exploitation,
03:11donc ce sont tous des freins qui limitent la sortie de la rue évidemment.
03:14Alors ce rapport évoque aussi une féminisation du sans-abrisme,
03:18c'est important de le rappeler, cela traduit aussi,
03:21comment ça se traduit je dirais concrètement sur le terrain ?
03:25Tout d'abord, c'est une meilleure prise en compte de ces publics,
03:27on est de plus en plus attentifs à la situation des femmes en rue
03:31ou dans des situations de mal logement,
03:34mais c'est aussi une hausse, plus de familles sont à la rue,
03:38chaque jour nos services doivent refuser plus de 4 familles dans les structures d'accueil.
03:45Est-ce qu'il y a des vulnérabilités particulières qui touchent les femmes
03:49et en particulier les mères isolées ?
03:51Oui, elles sont plus vulnérables parce qu'elles sont plus invisibles aussi.
03:56On va constater une forte présence de femmes dans des hébergements chez des tiers,
04:00donc une famille ou une femme qui dormirait sur le canapé d'un proche
04:04et là ce sont des situations qui sont particulièrement difficiles à recenser
04:08et on va également constater une forte présence de ces femmes
04:11dans les logements non conventionnels tels que les occupations temporaires
04:15ou les squats où là elles sont davantage invisibilisées
04:18et potentiellement sujettes à des violences.
04:21Alors dans la réalisation de ce rapport,
04:23est-ce que vous avez aussi observé une diversification des profils
04:28dans les questionnaires qu'on remplit dans les structures d'aide ?
04:32Alors outre les femmes, les familles et les enfants,
04:34on va avoir différents profils des personnes avec des problématiques d'addiction.
04:38C'est mentionné à de nombreuses reprises dans les questionnaires.
04:41Les raisons migratoires à nouveau sont souvent mentionnées.
04:45La question de l'accès au logement, les expulsions administratives
04:49pour cause d'insalubrité, non-payement de loyer sont également mentionnées.
04:53Donc on a tous ces profils de personnes finalement
04:55qui se retrouvent dans des situations particulièrement compliquées.
04:58Alors justement, ce rapport souligne que l'isolement précède souvent la perte de logement.
05:02Pourquoi cet aspect relationnel est-il, disons, axial, central ?
05:06Alors c'est central, c'est mentionné dans un quart des cas.
05:09La question de l'isolement, alors ce sont des ruptures familiales
05:14qui ont pour conséquence une absence de filet de sécurité
05:19pour toute une série de personnes.
05:21Si je me retrouve à la rue demain,
05:22je vais probablement me retourner vers ma famille pour une solution
05:26et pour toute une catégorie de personnes,
05:28cette absence de lien a pour conséquence une arrivée à la rue.
05:33En substance, la précarité sociale commence alors bien avant la rue ?
05:37Pour plein de raisons.
05:40Le sang chissoirisme, c'est un aboutissement d'un long processus cumulatif.
05:46Des ruptures familiales, on l'a mentionné.
05:47Une perte d'emploi, un endettement, une cause migratoire, on l'a mentionné aussi.
05:54Une perte de droit, un logement inadapté, mais aussi parfois le non-recours aux droits.
05:59Il y a des droits qui existent et des personnes n'y ont pas accès
06:01ou on ne leur propose pas ces droits-là.
06:03Alors, il y a ce fameux master plan 2030 qui est évoqué comme un cadre structurant.
06:09Est-ce qu'on peut avoir quelques explications ?
06:11Alors, le master plan, c'est un plan ambitieux en 35 mesures
06:14qui se caractérise notamment par l'intersectorialité.
06:18On va toucher à plusieurs secteurs, le secteur de la santé, de l'aide à la jeunesse, du logement,
06:24mais aussi à travers différents axes de prévention.
06:27L'idée, c'est d'agir avant qu'il ne soit trop tard.
06:30Avant qu'il ne soit trop tard, justement, qu'est-ce qu'il faudrait changer
06:32dans l'approche actuelle pour éviter ces parcours longs de précarité ?
06:37Est-ce qu'il y a des pistes ?
06:38Assumer le fait que l'urgence, c'est pour une courte durée.
06:43Donc, redéfinir un peu la place de l'urgence,
06:46aller davantage vers l'insertion au logement et l'accompagnement des personnes,
06:50c'est quelque chose qu'il faut, à mon avis, je pense, mettre en évidence.
06:53Alors, le rapport parle aussi d'un manque de solutions adaptées pour certains publics.
06:56Justement, de quel public s'agit-il ?
06:58Et quelles sont les solutions les plus urgentes, finalement ?
07:02Les plus urgentes, c'est éviter qu'un primo-arrivant passe par la rue,
07:06qu'un mineur non accompagné passe par la rue ou encore une femme seule.
07:11L'idée, c'est qu'on soit plus réactif par rapport à ces situations,
07:14éviter à tout prix le passage par la rue.
07:16Alors, qu'est-ce que vous retenez, vous, disons, personnellement,
07:18de ce rapport à ce qu'il y a, disons, un témoignage ou une donnée
07:20qui vous a particulièrement marquée ?
07:22Alors, on l'a mentionné, l'ancrage dans le temps,
07:26le fait de laisser des situations perdurer.
07:29Mais ce qui m'a frappée, c'est la très faible hausse
07:31du nombre de places en foyer d'hébergement, en maison d'accueil,
07:35et donc des places avec un accompagnement, un réel accompagnement
07:38qui permet une réelle sortie de rue.
07:41Peut-être avant de nous quitter, une dernière question.
07:44Si vous aviez un message à faire passer aux autorités compétentes
07:47pour les sensibiliser davantage à cette problématique ?
07:50C'est agir en amont de la rue et surtout renforcer les dispositifs
07:55de soutien et d'accompagnement qui sont de réelles solutions.
07:58Agir en amont de la rue, c'est la conclusion d'Adèle Pierre.
08:01Je rappelle que vous êtes conseillère des nombreux bancs chez Bruxelles.
08:03Merci d'avoir été avec nous.
08:04Merci à vous.
08:05On se retrouve dans quelques instants pour la suite de votre Carrefour d'Info.

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