Thomas Huchon : "il n'y a plus aucune place pour la nuance, pour la modération"

  • il y a 3 mois
Avec Thomas Huchon, journaliste spécialisé dans la désinformation et le débunkage de fake-news. Cision soutient le programme Antifakenews.AI présenté par l’avatar de Thomas Huchon en lui ouvrant son expertise de veille media et sa plateforme de Social Listening Brandwatch

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##L_INVITE_DU_JOUR-2024-06-24##

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Transcript
00:00Sud Radio Média, l'invité du jour.
00:04L'invité du jour, c'est Thomas Huchon, journaliste, auteur, vous avez plein de casquettes, spécialiste des fake news et des théories du complot.
00:16On a un auditeur qui ne vous aime pas comme certains.
00:19Les Thomas Huchon, les Tristan Mendes France, les Rudy Reichtat sont un poison de la liberté d'expression.
00:24Désolé mais je le dis comme je le pense et il demande si c'est un métier d'être spécialiste des fake news.
00:30Je vais vous dire quelque chose, je pense que ça n'existe pas de devenir journaliste pour se dire je vais lutter contre des fausses informations ou des faux complots.
00:40Quand on commence ce métier, on veut lutter, défendre des choses, révéler la vérité, défendre un certain nombre de choses.
00:49On n'y va pas pour lutter contre des choses qui sont fausses ou qui sont inventées.
00:54Ce n'est pas du tout pour cela qu'on commence à faire ce métier.
00:56Comment vous y êtes arrivé justement ?
00:58Moi j'y suis arrivé parce que la société française, quand on est journaliste, on observe le monde dans lequel on vit.
01:03Et moi la société française que j'ai vu basculer petit à petit en 2013, 2014, comment tout ça commence ?
01:10Moi je m'intéresse beaucoup à l'extrême droite politique et je vois monter sur les réseaux sociaux,
01:14notamment sur Youtube, des choses qui sont de l'ordre des paroles extrêmement radicales, racistes, antisémites,
01:23des choses qui vont être normalement confinées à un espace très limité et qui là font des millions de vues sur Youtube, sur Facebook, sur Twitter.
01:31Mais à l'inverse vous les mettez en valeur.
01:34Alors ça c'est un petit peu le côté...
01:36Imaginons que l'on soit dans un café et qu'il y ait une parole raciste, vous n'allez pas vous lever de votre siège ?
01:42Oui, systématiquement. Je me suis toujours élevé contre les paroles racistes autour de moi.
01:46Entre deux personnes qui disent qu'il y a un bar, vous allez vous lever ?
01:49C'est inacceptable.
01:50Vous ne pouvez pas dire ça ?
01:51On ne peut pas. Je crois qu'on ne peut pas accepter ça.
01:53Parce qu'avant ça restait confiné dans les bars, c'est ça que je veux dire.
01:56Oui mais ce que je veux dire c'est que je crois qu'il faut qu'on soit des citoyens.
01:58Alors on ne faisait rien, souvenez-vous de ce qui s'est passé avec ces deux joueurs de rugby dans le 6ème arrondissement
02:04qui ont été abattus par des militants d'extrême droite parce qu'ils se sont interposés à une agression raciste
02:09à 4h du matin devant des mecs éméchés.
02:12Donc les assassins qui sont d'ailleurs assez proches d'un certain nombre de personnalités proches du RN.
02:20Donc on est quand même, encore une fois, dans une espèce de réalité de la violence politique
02:26qui est incarnée par ces courants politiques-là.
02:28Moi, pourquoi j'en viens à m'intéresser à ces sujets ?
02:30Parce que les vrais complots ça existe.
02:32Et les vrais complots ont fait l'histoire.
02:34Ce qui se passe aujourd'hui c'est un truc un peu bizarre.
02:36C'est-à-dire que des faux complots, des faux récits, des mensonges,
02:39la stratégie politique de la manipulation devient une arme politique
02:43et fait l'histoire à leur tour.
02:45Comment Trump a gagné ?
02:46Trump, il prononce 96% de propos faux durant l'année 2016
02:50qui est la campagne électorale qui l'amène au pouvoir.
02:52Mais qui détermine que c'est faux ?
02:53C'est un institut qui s'appelle PolitiFact.
02:55Et c'est un institut qui est non pas lié au Washington Post, au New York Times,
02:59à tous ces médias que M. Trump vomit.
03:02C'est un institut qui est bipartisan.
03:04C'est un institut qui est constitué d'experts.
03:06Et qui traite aussi ce que dit Biden ?
03:08Bien entendu, et qui à l'époque faisait le même travail pour Hillary Clinton.
03:11Hillary Clinton avait 75% de propos vrais ou à peu près vrais
03:15durant l'année 2016.
03:17Donc on était quand même sur deux stratégies politiques radicalement différentes.
03:21Et donc moi j'en suis venu à m'intéresser à ces sujets
03:24parce que ces sujets ont pris une ampleur énorme dans la société.
03:27Je comprends que ça puisse surprendre un certain nombre de personnes et d'auditeurs.
03:31Probablement aussi parce que leur réalité,
03:34c'est-à-dire ce qu'ils voient eux sur les réseaux sociaux,
03:36ne ressemble pas du tout à ce que je vois moi.
03:38Oui, mais ils vont vous rétorquer qu'il a été élu.
03:40Alors, il a été élu, mais moi je...
03:42Ça veut dire qu'il n'y a que des abrutis aux Etats-Unis ?
03:44Mais pas du tout, ça veut dire que les gens ont bien le droit de faire les choix qu'ils souhaitent.
03:47Vous savez, moi je crois, Gilles...
03:49Vous êtes en train de me dire, je peux élire un menteur,
03:52ça ne me pose pas de soucis.
03:54Mais d'ailleurs, si on regarde les sondages,
03:56il y a des enquêtes d'opinion très sérieuses qui ont été faites aux Etats-Unis
03:59justement en exposant des électeurs de Trump au fait qu'ils ne disaient pas la vérité.
04:03Et bien, qu'est-ce qu'ils répondaient ?
04:05Ils répondaient, et alors ? Qu'est-ce que ça change ?
04:08Et le problème, il n'est pas tant que la vérité devrait être
04:12la valeur sacro-sainte qui nous unirait.
04:14En réalité, ça n'existe pas vraiment, la vérité.
04:16Ce qui existe, ce sont les faits.
04:18Mais même ça, ça a disparu.
04:20Souvenez-vous de ce qu'avait dit la conseillère en communication de Trump.
04:22Nous avons des faits alternatifs.
04:24C'est-à-dire que même sur la notion de fait,
04:26on était plus en capacité de se mettre d'accord.
04:29L'autre problème, c'est que
04:31vous dites qu'il a été élu.
04:33Oui, bien entendu, mais je crois que
04:35chacun a le droit de croire ce qu'il veut.
04:37Mais je pense qu'on peut tous se mettre d'accord,
04:39y compris les auditeurs qui nous envoient ces messages,
04:41pas toujours très agréables pour moi,
04:43sur le fait que croire quelque chose
04:45sur la base d'une connerie,
04:47et bien c'est une connerie.
04:49Et donc je crois qu'il faut qu'on arrive à tous se mettre d'accord là-dessus.
04:51Oui, mais avant, c'était les journalistes
04:54qui disaient ou qui débanquaient une information.
04:57Et à ce moment-là, il avait la parole.
04:59C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
05:01avant on allait voir un médecin et il vous disait
05:03vous me prenez trois aspirines
05:05et puis ce médicament.
05:07Et maintenant, vous allez sur
05:09Doctissimo ou ailleurs sur Internet
05:11qui vous dit ah, ce médicament est très dangereux
05:13et machin. C'est-à-dire que
05:15le médecin qui est censé avoir fait plein d'études
05:17et être scientifique,
05:19maintenant, même lui, on ne croit plus la parole.
05:21Et il arrivait la même chose aux journalistes.
05:23Alors les enquêtes d'opinion, il y a eu
05:25au mois de mars, le baromètre de l'esprit critique
05:27a été publié par Universcience
05:29et qui montre ce que vous dites.
05:31C'est-à-dire qu'il y a une partie de la population
05:33qui est dans une forme de défiance quasiment généralisée.
05:35Les médecins, les journalistes,
05:37la science, les politiques,
05:39les institutions, tout ça, c'est des menteurs.
05:41Mais en réalité, ils ne représentent pas
05:43une part majoritaire de notre pays.
05:45Ils sont entre 15, 20, 25%
05:47en fonction des classes d'âge. C'est énorme.
05:49Je ne vous dis pas que ce n'est pas énorme.
05:51C'est plus que Macron.
05:53C'est plus que le président de la République dans les instituts de sondage.
05:55Mais ça dit, à mon avis,
05:57quelque chose d'autre qui est que, finalement,
05:59dans cette situation,
06:01l'immense majorité de nos compatriotes
06:03ne le dit pas, mais fait confiance
06:05à son médecin.
06:07Et je crois qu'on a raison de s'inquiéter
06:09de cette partie-là et qu'il faut
06:11essayer de refaire
06:13conversation. Parce qu'en fait,
06:15c'est ça le problème.
06:17Pour arriver à convaincre, il faut se parler.
06:19Mais est-ce qu'on peut, par exemple,
06:21demander à Thomas Huchon, qui est un éditeur,
06:23qui vous a interpellé,
06:25dès qu'on refuse d'avaler la DOXA,
06:27on passe pour un complotiste.
06:29Demandez à Thomas Huchon pourquoi est-ce que le FBI
06:31a escamoté l'histoire du portable
06:33de Hunter Biden, le fils du président de la République.
06:35C'est là où ça devient compliqué
06:37de débattre.
06:39Si on vous dit que vous êtes la DOXA,
06:41comment on débat et qu'est-ce qu'on répond à ça ?
06:43Comment est-ce qu'on débat ?
06:45Déjà, il faut se mettre d'accord sur le point de départ.
06:47Il faut reprendre les vraies déclarations
06:49des FBI qui ont réellement mené une enquête
06:51sur le fils du président américain.
06:53Il faut quand même juste le dire,
06:55c'est assez peu fréquent,
06:57même dans les pays démocratiques,
06:59à part dans les pays nordiques,
07:01qu'il y ait des enquêtes totalement indépendantes
07:03sur les proches du pouvoir.
07:05Là, en l'occurrence, cette enquête a lieu.
07:07Elle a d'ailleurs posé un gros problème à l'administration Biden.
07:09L'enquête est en cours,
07:11mais il n'y a aucun moment où
07:13les preuves ont été escamotées, cachées, machin.
07:15Est-ce que vous en saviez ?
07:17Parce que c'est absolument documenté.
07:19On parle quand même d'un...
07:21Mais qu'est-ce qui vous dit que ces documents sont vrais ?
07:23Bien entendu, vous avez raison.
07:25Je l'ai fait exprès.
07:27On peut toujours penser...
07:29Pourquoi vous savez que votre maman est votre maman ?
07:31Parce qu'elle vous l'a dit, il y a un moment,
07:33vous lui avez fait confiance.
07:35Il y a un moment où on est obligé, dans les sociétés dans lesquelles on vit,
07:37d'avoir une forme de confiance.
07:39Cette confiance n'est pas gratuite,
07:41elle est basée sur des éléments concrets
07:43qui vous permettent de vous faire votre propre opinion.
07:45La confiance ne se donne qu'une seule fois.
07:47Une fois qu'elle a été érodée,
07:49le sentiment que l'on a
07:51est très délicat.
07:53Ce qu'il y a, et qui est peut-être aussi
07:55une forme de problème aujourd'hui,
07:57c'est qu'au-delà de cette confiance qui s'érode,
07:59il y a une multitude d'informations
08:01qui créent ce qu'on appelle
08:03l'infobésité.
08:05On est dans une situation dans laquelle
08:07il y a tellement d'informations, dans tous les sens,
08:09en permanence, qu'on est complètement perdu.
08:11À côté de ça, il y a l'autre phénomène.
08:13C'est celle qui nous plaît le plus.
08:15Je ne suis même pas sûr qu'on la choisisse en réalité.
08:17J'ai l'impression qu'elle est un peu choisie pour nous.
08:19Et que ce n'est pas celle qui nous plaît le plus,
08:21c'est celle qui va le mieux capter
08:23votre attention, en fonction
08:25de ce que vous croyez déjà un petit peu.
08:27Mais, regardez,
08:29on va prendre le cas de cet auditeur.
08:31Il croit quelque chose.
08:33Une auditrice me dit, depuis quand un simple humain
08:35détient plus la vérité qu'un autre ?
08:37Je ne prétends pas défendre la vérité.
08:39Encore une fois, je veux bien
08:41répondre à cette auditrice.
08:43La vérité, ça n'existe pas. En tout cas, comme une notion commune
08:45qu'on partagerait tous, ça n'existe pas.
08:47Ce qui existe, ce sont les faits. Et de ces faits,
08:49chacun interprète sa vérité.
08:51Et c'est comme ça que les sociétés démocratiques fonctionnent.
08:53Mais il faut quand même qu'on ait un point de départ.
08:55Si on n'a pas ce point de départ,
08:57en réalité, on ne peut plus discuter, on ne peut plus débattre.
08:59Et à la fin, on ne peut plus vivre ensemble.
09:01Les platistes, par exemple, ceux qui pensent que la Terre est plate,
09:03vous pouvez leur apporter
09:05toutes les preuves que la Terre
09:07n'est pas plate. Ils n'y croient pas.
09:09Et ils sont persuadés de détenir la vérité.
09:11Effectivement. Et il y a pourtant, en réalité,
09:13à chaque fois, il y a...
09:15En fait, c'est très difficile, mais c'est vrai
09:17dans tous les cas. Ce n'est pas seulement vrai
09:19pour les complotistes dont nous discutons à l'instant.
09:21C'est vrai dans toutes les situations de la vie.
09:23Reconnaître que nous avons tort, reconnaître
09:25que nous nous sommes trompés, ça demande de l'humilité.
09:27Ça demande que la personne en face ait de l'empathie.
09:29Parce que, quelque part,
09:31quand on reconnaît qu'on a tort, on perd un peu le pouvoir
09:33dans la relation sociale, dans la discussion.
09:35Et donc, il faut, pour amener
09:37quelqu'un à reconnaître qu'il s'est trompé,
09:39il faut créer les conditions.
09:41Pas seulement de l'argument.
09:43Il faut créer les conditions humaines
09:45de ce pas
09:47l'un vers l'autre. C'est ça, à mon avis,
09:49le plus difficile. C'est pas tant les arguments.
09:51Les arguments, ils existent.
09:53C'est le fait que reconnaître qu'on s'est trompé,
09:55c'est un effort sur soi-même qui est très difficile
09:57et qui est très difficile pour tout le monde.
09:59Qu'on croit que la Terre est plate ou qu'on croit
10:01que la Terre est ronde.
10:03L'effort qu'il faut faire
10:05dans le cerveau, même d'ailleurs,
10:07c'est documenté. Vous savez qu'il y a des chercheurs
10:09qui travaillent sur la
10:11quantité d'énergie nécessaire
10:13au cerveau humain pour réfuter une idée
10:15à laquelle il croit ou pour accepter
10:17l'idée qui va dans le sens de ce qu'il croit.
10:19La charge n'est pas du tout la même.
10:21C'est beaucoup plus difficile. Réellement, concrètement,
10:23c'est comme si je vous disais, il faut monter une colline
10:25ou il faut monter en haut de l'Everest.
10:27Et donc, il y a un moment où
10:29on n'est pas à égalité face à tout cela
10:31et nous-mêmes, on est un peu mis en difficulté
10:33par nos propres cerveaux.
10:35On va parler avec vous dans un instant, Thomas Huchon,
10:37de la campagne électorale
10:39des fake news,
10:41de la nouvelle manière de communiquer
10:43également avec ces petites vidéos.
10:45Et de lire. L'intelligence artificielle
10:47et de lire. Ah oui, j'ai compris,
10:49lire. Je rappelle
10:51votre livre anti-fake news, le livre indispensable
10:53pour démêler le vrai du faux, le livre indispensable
10:55pour démêler le vrai du faux
10:57qui est paru chez First. On y revient dans un instant.
10:59Googlisez l'intelligence artificielle.
11:01Oui, mais j'ai compris, lire.
11:03Le 10h midi, Sud Radio Média,
11:05Valérie Expert,
11:07Gilles Gansman,
11:09Sud Radio,
11:11Le Supplément Média. Le Supplément Média,
11:13toujours avec Thomas Huchon, journaliste,
11:15réalisateur, et vous,
11:17vous avez écrit anti-fake news.
11:19C'est le livre qui permet
11:21de démêler le vrai du faux et le faux du vrai.
11:23On va parler avec vous de la...
11:25Et puis, il y a un livre aussi sur Trump
11:27qui a bien fonctionné.
11:29C'est un site que vous avez... Je ne sais pas s'il existe toujours.
11:31Est-ce qu'on peut toujours voir ce documentaire
11:33que vous aviez fait sur le SIDA?
11:35Oui, Spicey.
11:37Elle héberge toujours.
11:39Après, vous savez, l'avantage, c'est l'un des petits
11:41avantages d'Internet. C'est que nos films sont
11:43piratés quand les gens les aiment.
11:45Et donc, ils les mettent un peu partout.
11:47On fait un peu comme si on était fâché.
11:49Mais en réalité, c'est un témoignage
11:51d'hommage.
11:53Je rappelle rapidement, allez voir
11:55pour tous ceux qui parlent complotisme,
11:57Thomas Huchon, vous avez réalisé
11:59ce documentaire qui prouve
12:01que le SIDA a été créé
12:03à Cuba. Donc, on y croit.
12:05On marche. Et puis, à la fin, vous nous montrez
12:07comment vous avez...
12:09Si, construit, construit.
12:11L'idée, c'est le début du film.
12:13C'est de montrer comment on peut construire une fake news.
12:15Moi, c'est comme ça que je me suis intéressé
12:17aux théories du complot. C'est en essayant
12:19de comprendre comment ça fonctionne
12:21un mensonge. Et ensuite, comment ça fonctionne
12:23la diffusion sur les réseaux.
12:25On a essayé. Effectivement, on était dans une année
12:272015 un peu douloureuse.
12:29Effectivement, on a tous, je pense,
12:31pris conscience de l'impact des théories du complot
12:33après Charlie, après les attentats
12:35du Bataclan. On a tous vu ces trucs-là
12:37venir sur nos murs d'actualité
12:39quels que soient
12:41nos croyances, nos convictions.
12:43Je crois que c'est le moment où la société française a pris
12:45conscience de l'impact du phénomène.
12:47Mais allez voir le film sur
12:49les réseaux. Alors, Stéphane,
12:51notre auditeur qui sait tout, me dit
12:53parler du rasoir d'Ockham
12:55et le premier titre de compréhension à toute chose
12:57c'est Dunning-Kruger.
12:59C'est extrêmement intéressant
13:01l'effet Dunning-Kruger parce que c'est quelque chose dont
13:03on est tous un peu victime. C'est un effet
13:05qui a été théorisé par deux chercheurs, Dunning
13:07et Kruger. Ça s'appelle
13:09l'ultra-crépidarianisme. C'est le fait que
13:11quand on s'intéresse à un sujet, on a
13:13immédiatement l'illusion de beaucoup
13:15mieux maîtriser ce sujet qu'on le maîtrise réellement.
13:17Comment est-ce que les deux chercheurs ont
13:19théorisé ce truc-là ? Eh bien, grosso modo,
13:21ils ont découvert un fait divers
13:23dans les années 90, un homme qui braque
13:25des banques à visage découvert. Il braque
13:27les banques à visage découvert. Au bout de la troisième banque,
13:29il se fait serrer par les flics. Et il
13:31comprend pas. Et quand les policiers viennent l'arrêter,
13:33ils lui disent, ben voilà,
13:35vous êtes arrêté. Il dit, mais comment vous m'arrêtez ?
13:37Comment vous m'avez reconnu ?
13:39Le policier s'inquiète, il dit, mais monsieur, vous braquez des
13:41banques à visage découvert. Il y a des caméras,
13:43il y a des témoins, on vous a reconnu. Il dit, ah mais non !
13:45C'est pas possible que vous m'ayez reconnu. Moi,
13:47je m'étais enduit le visage de jus
13:49de citron. Le policier reste quoi ?
13:51Mais oui,
13:53chers auditeurs, le jus
13:55de citron, c'est l'encre invisible.
13:57Souvenez-vous, romantique que vous êtes,
13:59on prenait une plume,
14:01un peu de jus de citron, on écrivait des jolis mots
14:03sur une feuille blanche, on la passait devant une source de chaleur
14:05et se révélaient nos petits mots d'amour.
14:07C'était quand même autre chose que les dick pics
14:09que s'envoient les gamins aujourd'hui sur Snapchat.
14:11Mais bon, passons. Mais en tout cas,
14:13lui, il était persuadé de maîtriser l'encre invisible
14:15au point de se dissimuler aux forces de l'ordre
14:17quand il commettait des braquages.
14:19Donc là, on est vraiment dans un truc
14:21absolument dingue. Et donc, les chercheurs se regardent
14:23et disent, dis donc Donning, oui Kruger,
14:25mais comment peut-on être aussi con ?
14:27Et bien en fait, ils ont théorisé ce truc et donc
14:29on prend un axe, on va monter très très vite
14:31sur ce qu'on appelle la montagne de la stupidité.
14:33Ça ne veut pas dire qu'on est stupide. Ça veut dire qu'on croit
14:35maîtriser beaucoup mieux un sujet qu'on le maîtrise vraiment.
14:37Et c'est d'ailleurs vachement plus dangereux que d'être stupide
14:39en réalité. Parce que quand on est stupide,
14:41on a plutôt tendance à se taire. Quand on a l'impression
14:43d'avoir maîtrisé un sujet, et bien là,
14:47vous mettez les réseaux sociaux. Et qu'est-ce que ça crée ?
14:49Et bien ça crée la possibilité à n'importe qui
14:51de dire n'importe quoi, y compris des choses
14:53qu'il pense avoir compris, mais qu'il ne maîtrise pas.
14:55Et qui vont paraître hyper sérieuses
14:57et hyper scientifiques à des gens qui vont eux-mêmes
14:59tomber dans l'effet Donning-Kruger.
15:01En réalité... Donc vous pensez que les complotistes
15:03pensent savoir tout, mais ils ne savent rien ?
15:05Je pense qu'ils surestiment
15:07leur capacité,
15:09en tout cas qu'ils surestiment leur connaissance
15:11réelle de tout un tas de problèmes. Mais je crois
15:13que c'est notre cas à tous. Mais parce que derrière,
15:15c'est pour passer pour quelqu'un d'intéressant.
15:17Alors, il y a un rapport social ?
15:19Vous avez raison, celui qui sait, c'est celui
15:21qui a le perchoir, et donc
15:23il parle, qui a de l'influence autour des autres.
15:25Mais je voudrais revenir, en fait, vous parliez du
15:27Covid tout à l'heure, durant...
15:29En rentaine.
15:31Le moment où moi j'ai découvert
15:33l'effet Donning-Kruger, c'est le moment où
15:35un homme a été persuadé
15:37d'avoir découvert sur Internet
15:39la preuve que l'Institut Pasteur avait
15:41fabriqué le virus. Il a découvert
15:43un document de brevet
15:45issu par l'Institut Pasteur
15:47en 2005, qui parle d'un Covid.
15:49Ce document de brevet est extrêmement nomenclaturé,
15:51il est extrêmement juridique,
15:53c'est-à-dire qu'il a des parties
15:55très précises. Mais si on ne sait pas
15:57lire un document de brevet, on ne peut
15:59pas le comprendre. Moi, je ne peux pas
16:01le lire, je ne sais pas le lire, donc je ne prétendrai pas
16:03le comprendre. Cet homme découvre ce document,
16:05il lit le document
16:07dans une vidéo sur Facebook, et il dit, voilà,
16:09j'ai la preuve, regardez, lui c'est
16:11l'inventeur. Parce que sur le document
16:13de brevet,
16:15celui qui séquence le génome
16:17d'un virus, il est qualifié
16:19d'inventeur. Parce que les documents de brevet
16:21ne sont pas faits à la base pour
16:23des séquençages de virus,
16:25ils sont faits pour le concours Lépine.
16:27Celui qui a inventé un micro,
16:29une tasse à café révolutionnaire, et donc il est
16:31l'inventeur. Lui, il va sur Facebook,
16:33la vidéo est vue 3 millions de fois,
16:35il va être attaqué en diffamation par l'Institut Pasteur,
16:37et il va être condamné.
16:39Le professeur de Marseille, lui, c'est un sachant ?
16:41Oui, mais ce n'est pas parce qu'on est un sachant
16:43qu'on ne peut pas surestimer ses connaissances.
16:45Je crois que l'humilité, c'est
16:47valable pour tout le monde, qu'on soit pris Nobel
16:49de la paix ou en quatrième
16:51en cours de technologie. Je crois que nous,
16:53nous avons tous un intérêt à avoir
16:55une humilité supplémentaire et à avoir
16:57un tout petit peu l'idée, quelque part,
16:59que nous ne savons pas tout, que nous ne
17:01comprenons pas tout, et que, eh bien,
17:03ce n'est pas complètement dingue
17:05de parler à des gens qui savent un peu mieux que nous.
17:07Et là, vous avez vu, peut-être la semaine dernière, je retombe
17:09par hasard sur cette vidéo
17:11sur X. Non, non, mais je viens
17:13d'ouvrir que vous savez que je suis un peu...
17:15Si, si ! Urgent, un soleil
17:17artificiel est peut-être tombé dans l'océan.
17:19Vous avez vu ça ? Il y a eu
17:21une comète
17:23qui est passée en Espagne, au Portugal,
17:25et donc, un
17:27homme nous dit sur Twitter, il fait mauvais,
17:29il n'y a pas de beau temps, eh bien, c'est que le soleil,
17:31c'est un seul L.A. artificiel
17:33qui est tombé dans l'eau.
17:35Il y en a des tonnes et des tonnes.
17:37Il n'y aurait pas Twitter, vous ne le sauriez pas.
17:39Souvenez-vous des incendies
17:41au Chili,
17:43dans la région de Valparaiso, ou
17:45ceux qui ont été auparavant à Hawaï.
17:47Eh bien, il y a des tas de gens et des tas de vidéos
17:49qui circulent sur TikTok, qui vous montrent
17:51des images, je l'imagine, fabriquées en
17:53intelligence artificielle, qui font tomber
17:55sur la zone de l'incendie,
17:57quelques minutes avant l'embrasement, un laser
17:59venu, je l'imagine, d'extraterrestres,
18:01et qui est la vraie raison des incendies.
18:03Mais ça a toujours été, les Gaulois pensaient
18:05que le ciel allait leur tomber sur la tête.
18:07Et quand il y avait des
18:09orages, en Rome,
18:11ils pensaient que c'était les dieux qui étaient en colère
18:13et que c'est pour ça que Zeus s'est
18:15représenté par un éclair.
18:17Donc, la croyance a toujours
18:19existé.
18:21Et quand les sorcières
18:23de Salem, ça existait,
18:25Jeanne d'Arc qui entendait
18:27voir... On est d'accord, mais je crois que
18:29quand les sociétés ont
18:31intéressé un point, on a été capable d'établir
18:33qu'il existait des croyances, et qu'on avait bien
18:35le droit de le croire, mais qu'il existait aussi du savoir
18:37et que c'était pas possible de
18:39mettre ces deux choses-là sur un pied d'égalité.
18:41Alors, je voudrais qu'on parle quand même de
18:43la campagne, et de
18:45la nouvelle manière de communiquer,
18:47de l'influence des réseaux sociaux. Tout le monde
18:49a un peu moqué
18:51la leader des écologistes
18:53dont le nom m'échappe à l'instant
18:55c'était pas Marine Dandelier.
18:57Bref,
18:59une aux européennes a dit
19:01c'est la faute des réseaux sociaux, si on a
19:03perdu, c'est la faute de TikTok.
19:05L'influence aujourd'hui,
19:07la nouvelle manière de communiquer,
19:09ce sont ces édits, ces petites vidéos
19:11avec des chatons, des fleurs,
19:13du rose, qu'on voit beaucoup d'ailleurs,
19:15plutôt chez la France Insoumise, pour
19:17contrer Jordan Bardella qui fait
19:19un carton sur TikTok.
19:21C'était Marie Toussaint.
19:23Je crois que
19:25on est dans une situation un peu bizarre,
19:27dans laquelle
19:29les campagnes politiques parlent de moins en moins
19:31de politique, parlent de
19:33moins en moins des programmes, posent de moins en moins
19:35d'arguments politiques sur la table,
19:37et créent une espèce
19:39de concours
19:41de likes,
19:43de concours de
19:45popularité,
19:47quelque part, et je crois qu'effectivement c'est
19:49aussi l'un des impacts
19:51de cette mécanique
19:53permanente à laquelle nous sommes confrontés
19:55sur les réseaux sociaux.
19:57On est désormais plus dans un truc
19:59dans lequel on doit être d'accord avec les gens,
20:01on doit les liker ou ne pas les liker.
20:03Quand on est d'accord, on a réfléchi
20:05et on a utilisé un peu son cerveau,
20:07quand on a liké, on a
20:09un peu moins utilisé son cerveau, on a plus
20:11mis ses émotions, et donc je crois que c'est aussi
20:13l'une des explications du succès de tout cela.
20:15Et en même temps,
20:17on a,
20:19je pense que Marie Toussaint
20:21fait un diagnostic qui est réel.
20:23C'est-à-dire que,
20:25on l'a dit tout à l'heure, cette
20:27hyper-rapidité de la diffusion des messages,
20:29ce temps de plus en plus court
20:31consacré à l'exposition
20:33des arguments, eh bien,
20:35crée les conditions dans lesquelles celui
20:37qui a une réponse immédiate, simple,
20:39en gros,
20:41le problème c'est les immigrés,
20:43eh bien,
20:45c'est beaucoup plus facile à donner comme réponse
20:47qu'une réponse très compliquée et très argumentée
20:49qui va là venir
20:51expliquer un petit peu le monde dans lequel
20:53on est. Et je crois que les
20:55courants politiques...
20:56C'est la même chose de l'autre côté avec la Palestine,
20:58c'est éviter de parler du conflit
21:00israélo-arabe-palestinien
21:02qui dure depuis plus de 60 ans
21:04et avec un tas de choses
21:06avant d'arriver
21:08aux différents événements qu'on connaît.
21:10Oui, mais je crois que sur n'importe quel sujet aujourd'hui
21:12de débat politique, il n'existe
21:14que les positions les plus antagonistes.
21:16Il n'y a aucune place pour la nuance,
21:18pour la modération, et en réalité,
21:20ce n'est pas forcément un mal
21:22politique, mais c'est un mal pour la compréhension.
21:24Parce que les positions
21:26les plus nuancées et les plus modérées
21:28sont celles qui nous permettent de comprendre
21:30et qui derrière nous permettent de poser nos diagnostics.
21:32Quand vous avez le conflit Ukraine-Russie,
21:34la Russie a sûrement raison
21:36sur certaines choses concernant
21:38l'Ukraine et la façon dont le pays
21:40était gouverné
21:42et assez escroqué
21:44et de l'autre côté, évidemment,
21:46l'Ukraine qui ne doit pas être attaquée comme ça
21:48par rapport à son territoire. Donc, c'est ni blanc
21:50ni noir. Après, il y a un pays qui
21:52attaque, évidemment.
21:54Moi, personnellement, ça me semble assez clair, cette histoire.
21:56Il y a une invasion de la part
21:58d'une dictature.
22:00Mais vous comprenez que là, les hommes politiques n'ont pas
22:02de nuance aussi.
22:04Soit on est pour l'Ukraine, soit on est pour la Russie,
22:06mais on ne peut pas être pour les deux.
22:08Je simplifie, je schématise.
22:10Je comprends qu'il y a tout un
22:12courant politique.
22:14Si je mets le drapeau russe, ça va être très violent.
22:16Il y a tout un courant politique en France aujourd'hui
22:18qui est financé depuis 2014
22:20par des banques russes ou avec des soutiens russes
22:22qui ne peut pas critiquer la Russie de Vladimir Poutine.
22:24C'est l'extrême-droite française,
22:26l'extrême-droite politique. Elle est financée...
22:28Mais ils ont toujours dénoncé ça, que ce n'est pas le cas.
22:30Pourtant, les procès le montrent.
22:32Les enquêtes le montrent. Les enquêtes journalistiques le montrent.
22:34La justice le suit de très près.
22:36Et donc, il n'y a aucun doute
22:38sur le fait qu'aujourd'hui,
22:40il y a une difficulté pour ce
22:42courant politique-là à critiquer
22:44Vladimir Poutine, parce qu'ils ont
22:46à minima des intérêts communs.
22:48L'intelligence artificielle
22:50arrive beaucoup plus vite
22:52qu'on ne l'imaginait. Vous-même, vous avez créé
22:54votre avatar. On voit, on a vu
22:56qu'aux Etats-Unis, il y a des candidats.
22:58En Angleterre aussi, des candidats qui...
23:00En Ukraine.
23:02C'est la porte-parole, mais elle,
23:04elle est dirigée par des humains.
23:06Là, on a des avatars
23:08qui se présentent. Donc, est-ce que,
23:10sans aller jusque-là, l'intelligence artificielle,
23:12le Rassemblement National aussi, avait mis
23:14à disposition de ces candidats des kits
23:16d'intelligence artificielle
23:18pour apprendre à répondre, etc.
23:20Qu'est-ce que ça va changer, l'intelligence artificielle ?
23:22C'est un danger ou c'est un atout ?
23:24Alors, je crois que l'intelligence artificielle,
23:26c'est avant tout un outil.
23:28Et que, comme tous les outils,
23:30il pourra être un danger, il pourra être un atout.
23:32Et je crois qu'il va nous falloir
23:34apprendre
23:36ce que c'est, comprendre comment ça fonctionne,
23:38être capable de l'utiliser
23:40et qu'il va falloir
23:42être aussi capable
23:44de limiter les potentiels
23:46abus qui pourraient être menés
23:48avec ce nouvel outil.
23:50Aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ?
23:52On a une situation dans laquelle
23:54l'intelligence artificielle, génératrice de contenu,
23:56donc, en gros, pour nos auditeurs, la capacité
23:58de créer une vidéo avec quelqu'un
24:00qui parle, mais en fait, il n'a jamais
24:02dit ce que vous allez le voir dire, et pourtant,
24:04il aura l'air plus vrai que nature.
24:06C'est très déconcertant, ça ressemble à une forme
24:08de dystopie, un film
24:10d'anticipation, mais
24:12c'est pourtant une réalité aujourd'hui.
24:14Le problème, à mon sens,
24:16ce n'est pas tant le fait qu'on puisse
24:18fabriquer n'importe quoi
24:20et faire dire n'importe quoi à n'importe qui,
24:22le problème, c'est qu'on peut le diffuser.
24:24Moi, si je ne vais pas me mettre à
24:26interdire les papiers et les crayons,
24:28sous prétexte qu'on peut écrire une menace de mort avec
24:30un papier et un crayon, on essaye
24:32de mettre en place des réglementations qui font
24:34que si une lettre est écrite de cette manière-là,
24:36il y a une sanction, et donc,
24:38on empêche de ce fait la prolifération
24:40des menaces de mort par courrier.
24:42Là, on a un truc
24:44qui arrive dans une situation qui est totalement
24:46dérégulée. Pour moi, le problème, ce n'est pas
24:48l'intelligence artificielle génératrice de contenu,
24:50c'est le fait qu'on n'a pas réglé le problème
24:52du désordre informationnel dans lequel nous sommes aujourd'hui.
24:54Oui, mais on va vous dire que c'est liberticide,
24:56et on va vous dire, justement, c'est le combat
24:58du propriétaire de X,
25:00ex-Twitter, qui, lui, est un libertarien,
25:02et il veut la liberté
25:04partout, et qu'il ne voit pas pourquoi
25:06d'autres hommes seraient supérieurs
25:08à d'autres, un peu ce
25:10qu'a dit notre auditeur, d'ailleurs.
25:12C'est très particulier, en fait, cette
25:14parole permanente de la Silicon Valley,
25:16de nous dire qu'il serait en permanence pour la liberté
25:18totale. Est-ce que vous avez déjà vu
25:20une femme nue sur un réseau social ?
25:22Oui.
25:24C'est très rare.
25:26Sur X, il y en a beaucoup.
25:28Sur X, il y en a plus depuis qu'il y a Elon Musk.
25:30Mais, d'une manière générale, il y a quand même, malgré tout,
25:32de la censure sur ces réseaux.
25:34Ce que je veux dire, c'est que l'idée qu'il y aurait
25:36une espèce de liberté totale,
25:38en réalité, ce n'est pas le cas.
25:40Ils acceptent bien qu'il y ait une forme de censure
25:42à certains moments.
25:44Cette image de la liberté absolue qu'ils vendent,
25:46à mon avis, elle n'est pas aussi
25:48totale qu'on le voudrait. Et je voudrais dire
25:50autre chose. L'idée
25:52que le seul fondement
25:54d'une démocratie, c'est la liberté d'expression,
25:56c'est, à mon avis, oublier une partie du problème.
25:58Quand, dans un endroit,
26:00on peut accuser sans preuve, on peut dire n'importe quoi
26:02sur n'importe qui, sans qu'il n'y ait jamais de responsabilité,
26:04on n'est pas dans une démocratie,
26:06on est dans un procès stalinien.
26:08Vous êtes mis tous au stalinien ?
26:10Pourquoi ?
26:12Parce que, des fois, on accuse sans preuve ?
26:14Alors, je n'ai pas l'impression qu'il y ait
26:16d'accusation sans preuve. J'ai l'impression qu'il y a des témoignages
26:18qui sont entendus,
26:20et que, derrière, il y a plainte ou pas.
26:22Mais, d'ailleurs, en l'occurrence, ces femmes
26:24qui ont porté la parole
26:26ont souvent été judiciarisées
26:28dans la foulée par leurs agresseurs
26:30supposés. Donc, on voit bien
26:32qu'il y a quand même, là, sur cette question-là, une forme de chemin
26:34judiciaire qui se retrouve un peu
26:36et que les réseaux perturbent ce chemin,
26:38mais qu'il va falloir qu'on le retrouve.
26:40On ne peut pas vivre dans un monde où
26:42on peut accuser tout le monde sans jamais
26:44avoir une preuve.
26:46J'ai peur que oui.
26:48Anti-fake news, votre livre
26:50est paru chez First. On peut également
26:52vous suivre sur les réseaux
26:54sociaux pour ceux qui veulent en savoir
26:56plus. Je précise que vous allez dans les écoles
26:58aussi pour parler
27:00aux jeunes, et ça, c'est plutôt intéressant.
27:02On vous aurait bien gardé plus longtemps, mais
27:04on a une autre émission derrière.
27:06Merci d'être venu ce matin, Thomas Husson.
27:08On se retrouve dans un instant.
27:10C'est important
27:12d'avoir du dialogue et discuter.
27:14Il faut discuter et il faut avant tout se respecter.
27:16Merci à vous.
27:18À suivre sur Sud Radio,
27:20mettez-vous d'accord, Valérie Expert.

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