- il y a 5 heures
Chaque jour, des millions de Français prennent le train, le bus, le métro… Malheureusement, beaucoup d’entre eux font face à une réalité inquiétante : la montée de l’insécurité dans les transports en commun.
Agressions, vols, violences. Chaque trajet peut basculer. L’insécurité cible les voyageurs et particulièrement les femmes, mais aussi le personnel.
Insultes, menaces… Certains chauffeurs de bus, contrôleurs ou agents ont payé de leur vie ce service public. Immersion avec les brigades chargées de faire respecter l’ordre sur le terrain, témoignages bouleversants, analyse d’experts… Plongée exclusive dans l’enfer des transports en commun.
Agressions, vols, violences. Chaque trajet peut basculer. L’insécurité cible les voyageurs et particulièrement les femmes, mais aussi le personnel.
Insultes, menaces… Certains chauffeurs de bus, contrôleurs ou agents ont payé de leur vie ce service public. Immersion avec les brigades chargées de faire respecter l’ordre sur le terrain, témoignages bouleversants, analyse d’experts… Plongée exclusive dans l’enfer des transports en commun.
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00:00Chaque jour, des millions de français prennent le train, le bus, le métro ou encore le RER, la boule au ventre.
00:12Agression, vol, attouchement.
00:16En une seconde, un trajet banal peut virer au cauchemar.
00:20Les voyageurs trinquent.
00:24Les chauffeurs et les contrôleurs aussi.
00:30Moi, ça fait 22 ans que je suis machiniste-receveur.
00:35Il n'y a jamais eu autant de violence que maintenant.
00:37Insultes, menaces, certains n'en sont jamais revenus.
00:40Sa tête a fracassé avec une plaie de 17 cm.
00:46Immersion avec les agents chargés de faire régner l'ordre dans les transports en commun.
00:50Résine de cannabis.
00:51Wesh, qu'est-ce qu'il y a à vous regarder là ? Y'a quoi sa mère la pute ?
00:53Monsieur, on descendait d'un cran.
00:55Sur la mecque, je vais te violer sa mère.
00:56L'individu vit mal son interpellation.
00:59Mais je sais très bien ce que t'étais en train de faire derrière moi.
01:02Si, si, si.
01:03Témoignage bouleversant de victime.
01:05Et il a tout de suite commencé à me porter des coups au visage.
01:08Coup de poing, coup de pied.
01:09Il met son sexe devant ma visage.
01:13Mais carrément devant ma visage.
01:15D'où vient cette insécurité ?
01:17Comment expliquer son explosion ?
01:19Quelle solution pour y mettre fin ?
01:22Plongée inédite dans l'enfer des transports en commun.
01:25L'insécurité dans les transports en commun touche principalement les femmes.
01:32Elles représentent 91% des victimes.
01:37On n'est plus en sécurité dans les transports en commun.
01:39Moi je travaille de nuit, donc c'est vraiment l'insécurité totale.
01:45Il y a eu deux, trois personnes qui peuvent arriver, s'asseoir en face de vous.
01:49Ils vous fixent, vous avez vraiment peur.
01:51La nuit, quand il n'y a pas grand monde dedans, oui ça fait toujours un peu peur.
01:56Si je me retrouve toute seule dans un wagon, je me remets dans une voiture avec d'autres personnes pour ne pas être seule.
02:01Sept femmes sur dix ont déjà été victimes de violences sexistes et sexuelles dans les transports franciliens au cours de leur vie.
02:09En tant que femmes, on est plus exposés aux dangers, surtout s'il n'y a que des hommes.
02:13Quand il y a du monde dans les métros, tout le monde est collé.
02:17Et en fait, c'est la bonne excuse que les hommes ont pour se coller derrière nous.
02:22Ces passantes ont bien raison de pointer du doigt les hommes,
02:26qui représentent 99% des mises en cause pour violences sexuelles dans les transports.
02:32Alors, pour se protéger, de plus en plus de femmes prennent leurs précautions.
02:36En tant que femme, j'essaye d'éviter de prendre les transports en commun seule le soir.
02:39Je ne sors plus le soir.
02:41Si je sors le soir, c'est vraiment jusqu'à 21h.
02:44Moi, de mon côté, j'essaye d'éviter le métro.
02:47Comme vous avez pu le voir, vous m'avez vu en train de marcher.
02:50Certes, il fait froid, mais au moins je suis tranquille et plus à l'aise.
02:5368% d'entre elles vont même jusqu'à s'habiller différemment lorsqu'elles prennent les transports.
03:01Bagarres.
03:07Incivilité.
03:07Tu ne tumes pas dans le métro.
03:11Arrêtez, là !
03:12Agression sexuelle.
03:18Les images violentes se multiplient
03:21et témoignent d'une insécurité grandissante dans les transports.
03:27Mais alors, à quoi ressemble réellement une journée banale dans les transports en commun ?
03:32Pour tenter de juguler ce fléau,
03:36la police et les différents organismes de transport
03:39multiplient la présence d'agents sur le terrain.
03:41Nous avons passé une journée avec la CSG,
03:44la police régionale des transports à Paris.
03:46En France par Châtelet.
03:47Pour assurer la sécurité des voyageurs,
03:50ces hommes et ces femmes
03:50arpent stations de métro et gares
03:53pour procéder à des contrôles aléatoires.
03:55On a la station de métro Châtelet-Léal.
03:58Et on va diriger notre patrouille pour l'instant sur ce secteur-là
04:01parce que c'est une horaire de forte affluence.
04:04Et en plus, c'est un secteur qui nous a été indiqué comme criminogène.
04:08Premier contrôle et première découverte surprenante.
04:13Résine de cannabis.
04:15Donc effectivement, il en avait dans sa sacoche.
04:19Ce voyageur qui déambulait avec du cannabis dans sa poche
04:22va être copé d'une amende de 150 euros.
04:25Quelques minutes plus tard,
04:27Gare du Nord,
04:28un individu au comportement suspect intrigue les policiers.
04:31Dès la première approche,
04:33il se montre pour le moins réticent et très agressif.
04:36Super, mec.
04:36Ça raconte le police.
04:40Arrête de me toucher.
04:43Arrête de me toucher, voilà.
04:46Monsieur, vous pouvez monter votre téléphone, s'il vous plaît ?
04:48Quoi ?
04:49Votre téléphone.
04:50Dis s'il te plaît, voilà.
04:50Beblons le téléphone.
04:52On ne ment pas pour introduire.
04:53Je viens de vous le dire.
04:54Sans aucun respect,
04:55l'homme se met à insulter les passants.
04:57Vach, qu'est-ce qu'il y a à vous regarder là ?
04:58Y'a quoi sa mère la pute ?
04:59Monsieur, on descendait d'un cran.
05:01Sur la meque, je vais te venir, t'en mètre.
05:02Bilan du contrôle, l'individu voyage sans titre de transport.
05:17Une infraction qui lui vaudra une amende de 70 euros.
05:21Il n'avait pas dit le transport. On l'a contrôlé parce qu'il criait dans la gare.
05:26Manifestement, il n'a pas trop apprécié notre contrôle.
05:28Autre gare, nouveau contrôle. En tapant le nom de cet homme dans leur base de données,
05:33les équipes de la CSG s'aperçoivent qu'il est inscrit au fichier des personnes recherchées pour violences conjugales.
05:40Interpellation à 19h50. Un individu fait la mesure d'un mandat de recherche pour menace de mort par conjoint.
05:48Extrait de la gare afin d'être placé en garde à vue, l'homme se montre menaçant envers la brigade.
05:54L'individu vit mal son interpellation.
05:57Tu sais, tu sais pas menotter, je t'aurais démonté ta gueule.
06:02Je t'aurais démonté ta gueule.
06:04Je te jure la tombe de ma mère, je t'aurais calmé.
06:06Je t'emmerde, toi. Je t'emmerde.
06:08Avant d'être emmené au commissariat.
06:12Oh, je t'emmerde, toi.
06:13Toi, t'as un con, je t'emmerde.
06:14Le lendemain, les équipes de la Blast, la brigade de lutte contre les atteintes à la sécurité des transports,
06:29nous ont donné rendez-vous pour une journée en immersion dans le métro parisien.
06:33A la différence de la CSG et à l'image de François, lieutenant-chef d'unité,
06:38ces agents patrouillent en civil pour te fondre dans la masse.
06:41Des pickpockets peuvent être présents à bord.
06:44Et justement, deux hommes sont interpellés pour tentative de vol sur un touriste,
06:49avec une méthode bien rodée.
06:51Je sais très bien ce que t'étais en train de faire derrière moi.
06:56Si, si, si.
06:56Les deux, ce qu'ils ont fait, ils ont tenté de voler.
06:59Et en fait, ils utilisent la technique du blocage.
07:02Donc en fait, ils sont deux.
07:03T'en as un qui se met devant la victime.
07:05Et le deuxième derrière, la deuxième personne, va voler la victime.
07:10Là, on est typiquement dans du comportement d'habitude.
07:13C'est des gens, on les connaît.
07:16Ils sont habitués à être dans les transports en commun.
07:19Les mises en cause sont des hommes d'une cinquantaine d'années.
07:23Il n'y a pas d'âge.
07:24Les auteurs de pickpockets sont aussi bien des femmes, des hommes, des mineurs, des majeurs.
07:31Là, en l'occurrence, ils sont majeurs.
07:34Ils ne parlent que très peu le français et semblent être originaire des pays de l'Est.
07:38Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur,
07:40les étrangers sont surreprésentés dans les actes liés à l'insécurité dans les transports.
07:45Par exemple, sur les 640 niant d'accusation pour violences sexuelles en Ile-de-France en 2024,
07:5162% étaient étrangers.
07:54Grâce au travail acharné des policiers sur le terrain,
07:57sur le premier semestre 2025,
07:59on constate tout de même une baisse de l'insécurité dans les transports en commun en Ile-de-France.
08:04Moins 17% de vols avec violence
08:06et moins 13,5% pour les vols à la tire.
08:09Et malheureusement, les métros, bus, trams ou trains
08:17figurent parmi les terrains de chasse favoris des prédateurs sexuels.
08:20Selon une étude de l'Observatoire national des violences faites aux femmes,
08:24en près de 10 ans,
08:25le nombre de victimes de violences sexuelles dans les transports en commun
08:28a augmenté de 86%.
08:30En région parisienne,
08:32l'une de ces femmes a accepté de nous recevoir chez elle
08:35pour nous parler de son agression et de son traumatisme.
08:38Marcel, une mère de famille d'une quarantaine d'années d'origine brésilienne,
08:42se rend chaque jour à son travail dans la capitale en RER.
08:46Il ne lui était jamais rien arrivé jusqu'à ce matin-là, à 9h30,
08:50lorsqu'un homme s'est assis à côté d'elle.
08:52Et lui, il commençait à s'approcher.
08:55Il commençait à s'approcher,
08:57mais je pensais que c'est parce que les gens partaient.
09:00Et du coup, je n'ai pas fait très attention.
09:03Et j'ai juste senti qu'il est très mauvais.
09:06Il s'est senti vraiment très mauvais.
09:09L'homme se rapproche de plus en plus.
09:11Marcel sent que la situation n'est pas normale.
09:13Et je me tournais.
09:14Je commençais à me coincer vers le plus en plus de la fenêtre
09:18parce que je dis que c'est bizarre qu'ils s'y approchent autant.
09:22Et ça n'est qu'une fois que le wagon a commencé à se vider,
09:24que l'agresseur va commettre des actes ignobles,
09:26dont la mère de famille a encore du mal à parler,
09:28six mois après les faits.
09:29C'est là qu'il m'a coincé les jambes.
09:32Il m'a coincé les jambes, qu'il s'y approchait de moi,
09:34qu'il s'y projetait plus pour moi,
09:37qu'il s'y masturbait, qu'il s'y jacolait sur moi.
09:42Il s'est élevée, j'étais là,
09:43il met son sexe devant ma visage,
09:47mais carrément devant ma visage,
09:50à peine quelques centimètres pour le toucher.
09:53Et c'est le moment où le train s'est arrêté
09:59et qu'il est parti en courant.
10:00C'est là que je réalisais que j'avais partout,
10:04parce que voilà,
10:05et je courais et je commençais à crier, crier, crier.
10:10Une agression sexuelle aussi soudaine qu'à Tross
10:12pour un homme qui ne semblait pas en être à son coup d'essai.
10:15Il avait carrément coupé le devant de son pantalon
10:19et il est caché avec le manteau
10:22pour qu'il soit plus facile pour s'exibir
10:26ou pour toucher les gens,
10:28pour faire pire.
10:30Suite à ce terrible choc,
10:32la vie de Marcel a été complètement chamboulée.
10:34Devenue agoraphobe
10:35et pour ne plus faire de crise d'angoisse
10:37dans des endroits bondés de monde,
10:38elle est obligée de prendre énormément de médicaments.
10:41Là, c'est la dernière prescription.
10:43C'est auquel je prends tous les jours pour le métro.
10:45Et ça, tous les matins.
10:46Ça, c'est une fois par jour
10:49et ça, ça peut aller jusqu'à 4 ou 6.
10:54Si on incite les gens à leur prendre les transports,
10:56il faut leur garantir
10:57qu'ils ne vont pas se faire ni violer,
11:00ni on va leur voler leur sac à main,
11:02ni se faire tabasser dans le transport.
11:03Si je paye un service,
11:04il faut un service de qualité.
11:07Et vous allez voir que cette insécurité galopante
11:10dans les transports
11:11concerne tout le monde,
11:12non seulement les usagers,
11:14mais aussi les professionnels,
11:15contrôleurs, conducteurs de tram
11:17ou de métro
11:17et chauffeurs de bus
11:18dont les agressions physiques
11:20ou verbales sont quotidiennes.
11:22Moi, ça fait 22 ans
11:28que je suis machiniste receveur.
11:30Il n'y a jamais eu autant de violence
11:31que maintenant.
11:32À l'époque, on avait un crachat,
11:34une insulte.
11:35Bon, on passait au-dessus.
11:36Aujourd'hui, la violence,
11:37elle est énorme.
11:39Et parfois, cette violence incontrôlable
11:41va encore plus loin
11:42et aboutit à de véritables drames.
11:44Quasiment toutes les agressions,
11:46c'est soit avec une arme, un couteau,
11:48seringue,
11:49battre de baseball,
11:50matraque.
11:51Les gens sortent armés
11:53pour venir en découdre
11:53avec le conducteur de bus.
11:55Le 5 juillet 2020,
11:57alors qu'il conduisait son tram
11:58vers 19h dans les rues de Bayonne,
12:00Philippe Monguillot, 58 ans,
12:02s'est fait tabasser à mort
12:03par deux individus.
12:04Une affaire qui avait suscité à l'époque
12:06une vive émotion dans tout le pays.
12:14Voilà.
12:17Monsieur le Président,
12:19entendez la colère des victimes.
12:21En fait, il a les oreilles bouchées.
12:23Il n'entend rien.
12:29Entre colère et tristesse,
12:30plus de 5 ans après les faits,
12:32sa veuve Véronique a accepté
12:33de revenir sur cette terrible tragédie
12:35qui a bouleversé sa vie
12:37et celle de ses 3 filles.
12:40En fait, on dit qu'on va bien
12:41pour abréger.
12:43Mais c'est faux, quoi.
12:44C'est faux parce que
12:45cela survit de toute manière
12:47depuis 5 ans.
12:49Tout a tellement été détruit
12:50autour de nous.
12:53Ce jour fatidique,
12:54son mari ne devait même pas travailler.
12:56Il avait accepté pour rendre service
12:58de remplacer l'un de ses collègues.
13:00Parce qu'il se rend de service
13:01entre chauffeurs comme ça
13:02et puis il prend deux individus
13:04à 14h30.
13:05Déjà, il y a une altercation verbale
13:06parce que les individus
13:08voulaient prendre le tram
13:09sans titre de transport.
13:10Sauf qu'à Bayonne,
13:11si tu prends le tram
13:12ou le bus,
13:12tu achètes un titre de transport.
13:14Et puis là,
13:15ça peut se monter dans les tours,
13:17machin, insultes, etc.
13:18Mais Philippe ne savait pas
13:20qu'en forçant
13:20ces deux jeunes individus
13:21à acheter un titre de transport,
13:23ils signeraient son arrêt de mort.
13:25Mais toute l'après-midi,
13:27ça a cogité.
13:28Ils ont cogité ces gars-là.
13:29Et ils ont repris le tram à 19h.
13:31On ne va pas se laisser avoir
13:32par un chauffeur
13:33qui nous a obligés
13:34à prendre un titre de transport.
13:36Donc ils sont revenus à 19h.
13:38Pas à 2,
13:39mais à 4 cette fois-ci.
13:41Et là,
13:42mon époux les a reconnus
13:43dans le rétroviseur.
13:45Le chauffeur se lève
13:46pour les contrôler une nouvelle fois
13:47et surtout leur rappeler,
13:49en cette période
13:49où le Covid faisait rage,
13:51de porter leur masque.
13:52Des injonctions
13:53qui n'ont pas du tout plu
13:54à ces jeunes,
13:54qui se sont montrés
13:55tout de suite très menaçants.
13:56Ils ont quand même dit
13:57des paroles
13:58qui n'ont pas été retenues
13:59au procès.
14:00On va te démonter,
14:02on va te finir à l'extérieur.
14:04Ça a été dit.
14:06Face à ces jeunes
14:06très agressifs,
14:08l'homme de 58 ans
14:09ne se démonte pas
14:09et tente de restaurer
14:11le calme
14:11à l'intérieur de son tram
14:12jusqu'à ce que ses assaillants
14:13le rouent littéralement de coup.
14:15On l'a massacré au sol.
14:17Un coup de pied dans la tête,
14:18un ballon de foot.
14:19On tape dans un ballon de foot.
14:21Malgré tout ça,
14:21il s'est quand même relevé.
14:22Il a eu le grand esprit
14:23d'aller se protéger dans le tram.
14:24Mais en fait,
14:26on est revenu l'achever.
14:27Il y a un gars,
14:27il est revenu,
14:28un individu,
14:28un truc,
14:29on ne veut pas dire
14:30qu'un individu,
14:30c'est un truc quoi.
14:31Il est revenu,
14:32il a mis une hypercute.
14:34Comment voulez-vous
14:34qu'un homme
14:35qui a ramassé déjà tout ça au sol
14:36puisse se défendre contre ça ?
14:38Un déferlement de violence inexplicable
14:41qui va s'avérer fatal.
14:42Il est tombé au sol,
14:44sa tête a touché le trottoir,
14:45fracassé,
14:46avec une plaie de 17 cm.
14:50Dans un état de mort cérébrale,
14:52Philippe sera transporté à l'hôpital
14:54et maintenu en vie quelques jours.
14:56On a maintenu en vie cinq jours
14:57pour nous préparer,
14:58nous quatre,
14:59les femmes de sa vie
15:00à lui dire adieu.
15:02Donc voilà,
15:04les faits exacts.
15:05Mais jusqu'où ça peut aller ?
15:07Si tu dis quelque chose aujourd'hui,
15:08on te tue.
15:10Malgré la gravité de leurs actes,
15:12les meurtriers de Philippe
15:13ont vu leur fait être requalifiés
15:15par le tribunal.
15:16Un deuxième coup de poignard
15:17pour Véronique.
15:18Au départ,
15:18c'est meurtre aggravé
15:19par le parquet,
15:20c'était la qualification.
15:21Et en fait,
15:22après,
15:22c'est devenu violence
15:23ayant entraîné la mort
15:25sans intention de la donner.
15:26Là, par contre,
15:26vous dites qu'il n'y a pas de justice
15:27à ce moment-là.
15:29Grâce à cette requalification des faits,
15:31les deux individus
15:32encouraient des peines
15:33beaucoup moins lourdes.
15:34L'un a pris 13 ans
15:35de réclusion criminelle
15:36et celui qui a achevé
15:37Philippe d'un coup de poing,
15:39seulement 15 ans.
15:40Des peines
15:40que Véronique
15:41juge dérisoires
15:42en comparaison de la sienne.
15:43C'est intolérable,
15:44c'est pourri,
15:45c'est répugnant,
15:46c'est d'avoir tout détruit
15:48comme ça.
15:48Ils ont détruit
15:4928 ans de ma vie,
15:5225 ans de mariage
15:53que je n'ai pas pu fêter
15:54parce que mon mari
15:55a été tué un mois avant.
15:58Ça va passer.
15:59Ça va passer, ouais.
16:03Ne vous inquiétez pas,
16:04ça passe.
16:06Ça passe.
16:06Mais c'est vrai que là,
16:07je replonge dans tout, quoi.
16:10Aujourd'hui,
16:11Véronique veut se battre
16:12pour que les chauffeurs
16:13de bus ou de trams
16:14de Bayonne
16:15et de toute la France
16:16puissent travailler
16:16en toute sécurité.
16:18Il n'y a pas la sécurité
16:19nécessaire pour que les chauffeurs
16:21puissent aller au travail
16:22sans la boule au ventre.
16:23Il n'y en a pas.
16:24Il n'y a pas la vitre
16:25qui protège tout
16:26le poste de conduite,
16:27mais une vitre aussi costaud
16:28que le bouclier des CRS.
16:31Vous voyez,
16:31un truc vraiment,
16:32tu tapes dedans,
16:33ça ne te casse rien.
16:36Les vitres anti-agression
16:37desquelles parle Véronique,
16:38tous les bus et tramways
16:39de la région parisienne
16:40en sont équipés.
16:42Les chauffeurs
16:46peuvent la remonter
16:47à tout moment
16:48quand la situation l'exige,
16:49à l'aide de ce bouton.
16:54Néanmoins,
16:55ces vitres anti-agression
16:56n'ont pas empêché
16:57Emric,
16:58chauffeur de bus
16:59en région parisienne
17:00depuis 15 ans,
17:01de se faire
17:01violemment agresser
17:02alors qu'il prenait
17:03son service
17:04en plein cœur de Paris.
17:04Alors on se trouve
17:06au 27-29 rue Béliard
17:07dans le 18e arrondissement
17:09de Paris,
17:10là où je vais
17:11prendre mon poste
17:12tous les jours.
17:14Et ici se trouve
17:14l'entrée du parking
17:15réservé aux agents RATP.
17:20C'est ici qu'on m'a
17:21agressé
17:22pile à cet endroit-là
17:25le 20 septembre 2021.
17:27Alors qu'il portait
17:28l'uniforme très reconnaissable
17:29de la RATP,
17:30Emric s'est fait
17:31sauvagement tabasser
17:32sans raison apparente.
17:33Quand je suis arrivé ici,
17:35je me suis fait
17:36sauter dessus
17:37par un individu
17:38qui était lui-même en vélo.
17:40Il m'a poussé ici,
17:41je suis tombé ici
17:42en me fracturant le poignet.
17:44Il est tombé sur moi.
17:46Quand il s'est relevé,
17:47mes lunettes étant par terre,
17:48il les a écrasées
17:49et il a tout de suite
17:51commencé à me porter
17:51des coups au visage.
17:54Coup de poing,
17:54coup de pied.
17:55Je lui ai demandé
17:56à plusieurs reprises
17:57d'arrêter.
17:59Ensuite,
18:00on a un bus
18:01qui est sorti
18:02et le conducteur
18:03s'est porté
18:04à mon secours.
18:05Là,
18:05les seules paroles
18:06de l'individu
18:07étaient de dire
18:07que c'était un accident
18:08tout en continuant
18:10à me frapper
18:10devant mon collègue.
18:14L'individu,
18:14ensuite,
18:15m'a poursuivi
18:16dans le centre bus.
18:17Selon Emric,
18:18c'est à cause
18:18de son métier
18:19et de son uniforme
18:20qu'il s'est fait agresser
18:21gratuitement
18:22et violemment.
18:22Aujourd'hui,
18:23ma conviction première,
18:24c'était parce que
18:26l'individu avait certainement
18:28eu maille à partir
18:30avec des contrôleurs
18:31ou des agents RATP
18:33par rapport au réseau
18:35et que quand il m'a vu,
18:39il s'est défoulé.
18:40Bien que fier de son métier
18:41et de son entreprise,
18:42Emric préfère prendre
18:43des précautions aujourd'hui.
18:45Aujourd'hui,
18:46je cache mon appartenance
18:48à la RATP.
18:48Mais aujourd'hui,
18:50pour éviter des problèmes,
18:52il ne vaut mieux pas
18:53s'afficher de la RATP.
18:57Inexplicablement,
18:58aucune requête
18:58n'a été diligentée
19:00et l'agresseur
19:00n'a donc jamais été identifié
19:02ni inquiété.
19:03C'est un profond sentiment
19:04d'injustice
19:05car c'est malheureusement
19:08pas le premier
19:09qui s'en tire avec rien.
19:11Pourtant,
19:11Emric et ses collègues
19:12avaient été en mesure
19:13à l'époque
19:14de faire une description
19:15assez précise
19:16de l'individu.
19:16Mon agresseur
19:19faisait dans les 1m85
19:21jeunes,
19:24visiblement
19:27non natifs
19:29de la France
19:30au vu
19:32des quelques mots
19:34qu'il a prononcés
19:34à mes collègues.
19:36Quoi qu'il en soit,
19:37cette agression
19:37a provoqué
19:38un véritable traumatisme
19:39chez Emric
19:40duquel il a toujours
19:41du mal à se remettre.
19:42Après l'agression,
19:44j'ai fait un stress
19:44post-traumatique aigu
19:46qui m'a empêché
19:48de sortir de chez moi
19:49pendant 2 ans.
19:51Pendant ces 2 années,
19:52le chauffeur de bus
19:53n'a donc pas pu exercer
19:54son métier.
19:55Un métier qu'il aime
19:56mais qu'il a vu
19:56se détériorer
19:57ces dernières années
19:58en devenant
19:59beaucoup plus dangereux.
20:00C'est une violence quotidienne
20:01et elle augmente
20:03d'année en année.
20:06Le plus violent,
20:08ce sont les insultes
20:09et les crachats
20:09qui sont très
20:11monnaie courante.
20:12Oui, j'ai déjà été victime
20:14de crachats
20:15et d'insultes
20:15à bord de mon bus.
20:16On est là
20:16au service des gens
20:17et on nous crache dessus.
20:19C'est compliqué
20:21à s'en remettre.
20:23Moi, je m'en souviens
20:24et tous les collègues
20:25qui sont pris un crachat
20:26dans la figure
20:27s'en souviennent.
20:29Les chauffeurs de bus
20:30doivent également
20:31faire face
20:32à une nouvelle sorte
20:33d'incivilité.
20:34Un phénomène tout droit
20:35venu des Etats-Unis
20:36que l'on appelle
20:36road rage,
20:37littéralement
20:38la rage routière
20:39où des usagers
20:40de la route
20:40pètent complètement
20:41les plombs
20:42et deviennent très dangereux
20:43comme sur ces images
20:44qu'un chauffeur
20:45nous a fait parvenir.
20:48Je ne sais plus,
20:49je ne sais plus.
20:49Je ne sais plus.
20:50On a cassé tout le bus.
20:52Juste avant,
20:52un arrêt avant,
20:54un arrêt avant,
20:54un arrêt.
20:55Ce sont tout simplement
20:56des conducteurs
20:57ou des conductrices
20:58qui perdent leur nerf
21:01suite à des embouteillages
21:03ou à ce qu'ils pensent
21:05être une faute
21:06de votre part de conduite
21:08et qui vont
21:11vous agresser.
21:12Et ces comportements
21:24irrationnels
21:25où un usager
21:26pète littéralement
21:26les plombs
21:27contre son bus.
21:28Emeric en a déjà
21:29fait les frais.
21:30A Saint-Lazare,
21:31une personne
21:32qui a bloqué
21:33mon bus
21:33avec sa voiture
21:34et il a ensuite
21:36défoncé à main nue
21:37la vitre gauche
21:38tout en m'insultant
21:39et me menaçant
21:40de mort.
21:41Cette personne
21:41a été identifiée
21:42et a eu un rappel
21:43à la loi
21:44de la part
21:45du procureur
21:46de la République.
21:47Et cette réponse
21:48judiciaire,
21:49pas toujours à la hauteur,
21:50rend le quotidien
21:51de ses agents
21:52encore plus difficile.
21:53C'est pas normal
21:53qu'en 2025,
21:54on peut se faire tabasser
21:56ou agresser des gens
21:57dans les bus.
21:57On vit dans le monde réel,
21:58on conduit des bus
21:59et on connaît
22:00les vraies agressions.
22:01Quand on arrive
22:01à quatre agressions par jour
22:02et la boule au ventre
22:03travaille pour se dire
22:04c'est qui le prochain ?
22:06Bah c'est pas des chiffres,
22:06c'est la réalité.
22:07Alors de quels moyens
22:13disposent réellement
22:14les agents
22:14qui sont censés
22:15faire régner l'ordre
22:16à bord de nos trains
22:17ou de nos bus ?
22:18En première ligne
22:24et parfois pris à partie
22:25par des usagers
22:26très violents,
22:27ces contrôleurs
22:28exercent un métier
22:29qui peut s'avérer
22:30très dangereux.
22:30Bien sûr que les collègues
22:46contrôleurs,
22:46on en parle souvent,
22:47eux aussi vont mettre des PV
22:50parce que les gens
22:51n'ont pas payé les transports
22:52et se retrouvent
22:53à se faire tabasser.
22:54Pour comprendre
22:55la difficulté
22:56de leur mission,
22:57nous sommes partis
22:58à la rencontre
22:58de Raymond,
22:59un ancien contrôleur
23:00de la SNCF.
23:01J'ai été contrôleur
23:02en Ile-de-France
23:03et c'est vrai que
23:04quand on est seul
23:05à bord d'un train,
23:07c'est compliqué
23:07pour faire régner
23:08l'ordre
23:09et faire respecter
23:10toutes les règles.
23:10Épuisé moralement
23:11par leur manque de moyens
23:13et excédé par le comportement
23:14de certains usagers,
23:16Raymond a préféré
23:16changer de métier.
23:17En tant que contrôleur,
23:18on est le premier
23:18rempart en termes
23:20de sécurité.
23:21Par exemple,
23:23les personnes
23:23qui fument à bord,
23:24qui souillent,
23:25qui mettent les pieds
23:26sur les banquettes.
23:27Souvent seul représentant
23:28de l'autorité
23:29à bord de son train,
23:30Raymond déplore
23:31le manque de moyens
23:31des agents
23:32pour faire leur travail.
23:33Il y a un ras-le-bol
23:34quand même,
23:34parce que c'est vrai
23:35que quand on fait
23:36des demandes
23:36de l'intervention,
23:37on sait que ça aboutit
23:38très rarement.
23:39On n'a plus envie
23:40de faire les demandes
23:41parce qu'on sait
23:42que ça n'aboutira pas.
23:43Donc c'est découragé ?
23:45Ouais, un petit peu.
23:46On sait que
23:47dans certaines situations,
23:48ça n'aboutira pas.
23:49On laisse tomber
23:49quand on passe à autre chose.
23:50En effet,
23:54face à ces contrevenants
23:55agressifs,
23:56les agents
23:56qui ne sont pas habilités
23:57à contrôler leur identité
23:59sont complètement démunis.
24:00Non, on n'a pas les moyens
24:01de forcer quelqu'un
24:03à donner sa pièce d'identité.
24:05Elles nous disent clairement,
24:06moi je ne vous la donnerai pas.
24:07Ce qui fait qu'en fait,
24:09la personne
24:09qui a sa pièce d'identité
24:11sur elle
24:12mais qui ne peut pas la donner,
24:13elle gagne
24:14à 95% des cas.
24:17Et là, c'est vrai
24:18que ça complexifie les choses
24:19puisqu'en fait,
24:21il n'y a pas les forces
24:22de l'ordre
24:22systématiquement à bord.
24:23Elles sont principalement
24:24dans les grandes gares
24:25parisiennes.
24:27Mais quand on arrive
24:28dans des petites gares
24:28de province ou autre,
24:30le taux de présence
24:31des forces de l'ordre
24:32est très faible.
24:33Donc les contrevenants
24:34à bord des trains
24:35vont se retrouver impunis.
24:38Selon Raymond,
24:39les délinquants
24:40qui font régner leur loi
24:41dans les transports en commun
24:41connaissent l'extrême lenteur
24:43du système
24:44et le manque de moyens
24:44des agents de contrôle.
24:46Et ils les font tourner
24:47à leur avantage.
24:48Il y a de la délinquance,
24:49il y a matière
24:50dans les transports.
24:51Donc c'est vrai
24:51que si on connaît
24:52les règles,
24:52si on connaît nos pouvoirs,
24:53nos limites, etc.,
24:54un contrevenant
24:55qui connaît ça,
24:56il a des chances
24:57de s'en sortir.
24:59Avec plus de 107 000
25:01victimes de vols,
25:02violences ou escroqueries
25:03en 2024
25:03et une augmentation
25:04de 62 %
25:05des violences sexuelles
25:06depuis 2016,
25:08l'insécurité
25:08dans les transports
25:09en commun
25:09est plus que jamais
25:10d'actualité.
25:12Alors,
25:12comment mettre un stop
25:13à cette tendance inquiétante ?
25:15Une pétition lancée
25:16le mois dernier
25:17et signée par plus
25:18de 11 000 personnes
25:19réclame des wagons
25:20réservés aux femmes.
25:21Mais l'idée
25:22est loin de faire
25:23l'unanimité.
25:24Sous-titrage Société Radio-Canada
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