La femme du président de la République a traité de "sales connes", les féministes qui ont interrompu un spectacle d'Ary Abittan. Malgré les excuses de la première dame plusieurs associations féministes portent plainte pour injure publique.
00:00Le 7 décembre dernier à Paris, Brigitte Macron a traité de Salcon, les féministes qui avaient interrompu un spectacle d'Harry Habitant, accusé de viol sur une ancienne compagne et qui a bénéficié depuis d'un non-lieu.
00:11Depuis là, Première Dame s'est excusée auprès des victimes qu'elle a pu blesser, mais plusieurs associations ont décidé malgré tout de porter plainte pour injure publique contre la femme du Président.
00:21C'est le cas des tricoteuses hystériques dont vous recevez ce matin la Présidente Montpellierenne Sébastien Garnier.
00:26Vigdis Maurice Herrera, bonjour.
00:28Bonjour.
00:29Vous portez plainte avec votre association, mais aussi à titre individuel, expliquez-nous.
00:34Exactement. Nous avons déposé plainte au nom de trois associations, dont les tricoteuses hystériques 3 égale 3 et MeToo Media, ainsi que quatre femmes civiles en nom propre, nous sommes toutes constituées partie civile,
00:47et derrière nous, une liste de 336 autres co-plaignantes qui se joignent à cette indignation qui nous pousse aujourd'hui à déposer plainte contre Brigitte Macron.
00:56Pour injure publique.
00:57Pour injure publique, tout à fait.
00:59Quand vous avez appris ce que Brigitte Macron a dit ce soir-là, comment vous avez réagi ?
01:04Alors, pas vraiment étonné, vous vous souvenez très bien de la sortie d'Emmanuel Macron au sujet de Depardieu, il rend fier à la France.
01:12Oui.
01:12Est-on vraiment étonné qu'il y ait un soutien de cette manière à un homme accusé de viol ?
01:19Non, par le passé, ça nous a déjà été démontré par Emmanuel Macron.
01:24Donc, ce qui m'a surtout perturbée, c'est la manière dont c'est totalement vu comme quelque chose de légitime et quelque chose d'extrêmement moqueur.
01:37Alors que la grande cause du quinquennat, par deux fois, a été la lutte contre les violences faites aux femmes, comment peut-on, alors qu'on n'a pas vu de changement majeur en termes de baisse des féminicides, de baisse des violences, etc.
01:52et d'une meilleure prise en charge de la justice, tout ça on n'a pas vu, comment peut-on, malgré ça, s'afficher ainsi et moquer les femmes qui viennent dénoncer ça ou les femmes qui en sont victimes ?
02:03Donc, si je vous entends bien, le fait que ça soit la première dame, la femme du président de la République, c'est un facteur aggravant ?
02:09Pour moi, ça en a fait un facteur aggravant parce que même si elle n'a pas de statut comme il pourrait y avoir dans d'autres pays du monde, elle a un devoir de représentation, elle a une charte à respecter, etc.
02:21Et elle porte aussi la parole de son époux, qui, comme je le disais, a fait de la lutte contre les violences une cause importante lors de ses mandats.
02:31Quand elle dit qu'elle ne savait pas qu'elle était filmée, d'abord, est-ce que vous la croyez ? Et est-ce que finalement ça change quelque chose pour vous ?
02:38Elle dit qu'elle était dans les loges, que ce sont des propos privés, voilà, auprès d'un ami. Est-ce que ça change quelque chose pour vous ?
02:46Alors, concernant l'injure publique, mon avocate a extrêmement bien développé ça dans les 25 pages de notre plainte,
02:54donc, charge à la justice de traiter ce sujet.
02:59Moi, ce qui m'interpelle, c'est d'avoir un ami qui est accusé d'avoir causé à une femme de la moitié de son âge,
03:08et ceci a été reconnu par la justice, dix jours d'ITT suite à un rapport sexuel que lui dit consenti.
03:16Ça, le fait qu'elle ait la moitié de son âge, ce n'est pas condamnable.
03:19Ce n'est pas condamnable, mais c'est quand même un...
03:21C'est une question morale, et on le rappelle, il a bénéficié d'un non-lieu, ça ne veut pas dire qu'elle est innocent.
03:27Un non-lieu, mais dix jours d'ITT reconnus suite à un rapport sexuel.
03:30Ce genre de pratiques, personnellement, ce ne fait pas partie des choses que je cautionne.
03:37Ça veut dire que, selon vous, un réhabitant, il doit s'effacer, il n'a plus le droit de travailler, il doit faire très discret ?
03:46Il devrait se faire très discret, et surtout ne pas aller sur les plateaux en disant qu'il pardonne.
03:51Je trouve ça absolument choquant.
03:53Quand on sait que 94% des plaintes pour viol sont classées sans suite, que moins de 1% des violeurs sont condamnés,
03:59il ne jouait pas sa vie, le mec.
04:02On sait très bien que les violeurs ne sont pas condamnés, il ne faut pas fanfaronner.
04:05Sur la vidéo, d'ailleurs, on le voit un réhabitant dire « j'ai peur ».
04:09Je sais que ça aussi, ça a fâché des féministes, en disant « mais c'est lui, petit pépère, qui a peur ? »
04:16Je reprends un peu les propos que j'ai entendus.
04:18Non, c'est les femmes qui doivent avoir peur.
04:20Les femmes, on a peur.
04:21En fait, les femmes, on a peur pour tout.
04:23Moi, j'ai peur de croiser la route d'un homme qui va me coller dix jours d'ITT après un rapport sexuel.
04:27Ça, c'est une vraie peur.
04:27J'ai peur de croiser un type qui va m'agresser dans la rue.
04:31J'ai peur de m'endormir à côté d'un type qui va me violer.
04:33Ça, c'est quelque chose, c'est un état de fait.
04:36Et ça, c'est la peur.
04:37La vraie peur.
04:38Parce que 100% des femmes, au cours de leur vie, étaient victimes de violences sexistes et sexuelles.
04:43La peur, elle est là.
04:45Dernière chose d'un mot, les excuses de Brigitte Macron.
04:50Vous en moquez ?
04:52Ce n'est pas qu'on s'en moque, c'est qu'elle confirme ce que nous dénonçons.
04:57Il ne peut pas y avoir, d'un côté, une grande cause du quinquennat où rien ne change.
05:02Et de l'autre côté, une épouse de président qui traite de sale conne les femmes qui se révoltent,
05:08les femmes qui sont victimes, les femmes qui disent que ceci, on n'en veut plus,
05:12on ne peut pas avoir ça et que ça soit cohérent.
05:15Affaire à suivre, comme on dit ?
05:17Affaire à suivre.
05:18Merci, Vic Dis, Maurice Herrera, présidente Montpellierenne de l'association Les Tricoteuses Hystériques.
Écris le tout premier commentaire