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Dans cet extrait de Thinkerview, Pierre Guillaumes Mercadal, agriculteur et entrepreneur agricole français, alerte sur les effets directs de la disparition des agriculteurs sur les prix, la qualité et la disponibilité de notre alimentation.
À partir d’exemples concrets, il dénonce le rôle de la grande distribution, la perte de qualité des produits, l’essor des aliments ultra transformés et les risques sanitaires et environnementaux, tout en défendant une agriculture française garante de santé publique et de souveraineté alimentaire.
#agriculture #alimentation #souverainetealimentaire #santé #ecologie

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Tous les supermarchés le font, dans nos campagnes, en tout cas partout,
00:03tu as au-dessus des caisses, tu as des photos avec des paysans,
00:07lui il amène tel produit, lui il amène tel produit.
00:09Mais c'est quel pourcent des rayons ?
00:13En fait, le problème que je vois là-dedans, c'est que oui, bien sûr,
00:16factuellement, ils vont permettre à quelques familles d'agriculteurs de s'en sortir.
00:20Ok.
00:21Mais ils les utilisent comme produits d'appel, si tu veux.
00:27C'est ton interprétation.
00:27Ah oui, si tu veux, dans un système capitaliste, à un moment donné,
00:32si les grands patrons de supermarchés ne sont pas des grands capitalistes
00:36avec un certain cerveau et de longues dents,
00:41bon, moi je veux bien être Blanche-Neige.
00:49Qu'est-ce que tu pourrais dire au bout de l'assiette,
00:52c'est-à-dire au bout du couteau, au bout de la fourchette,
00:55quel va être l'impact si nos agriculteurs, ils cannent,
01:00en termes de prix, de qualité, de disponibilité, comment ça va se passer ?
01:05Si nos agriculteurs cannent, je pense qu'en fait, en termes de prix,
01:10bon, la grande distribution ne fera pas de cadeau,
01:12donc il y aura peut-être une baisse légère, mais je n'y crois pas trop,
01:14parce qu'ils se gaveront juste encore plus, comme ils ont toujours fait.
01:17Mais c'est surtout en termes…
01:19C'est ton point de vue.
01:20Bien sûr, mais que je peux argumenter.
01:25Un exemple technique aussi que je peux donner,
01:27chez nous, il y a deux ans, si je ne dis pas de bêtises,
01:29très mauvaise année pour la prune,
01:31les prunes partaient en dessous de 50 centimes du kilo,
01:36on les a retrouvées à Lyon, les prunes de chez nous,
01:39à 5 euros du kilo.
01:40Donc si tu veux, et des fois, des trucs de l'ordre de 50-60 centimes,
01:46ou dans nos supermarchés, dans notre propre département,
01:49tu étais déjà à 3-4 balles du kilo.
01:51C'est complètement délirant, si tu veux.
01:52Donc voilà, non, mais bon…
01:55Il y a le transport, il y a l'achalandage…
02:00Oui, oui, ok, ça ne justifie pas ça, on le sait tous les deux.
02:04Mais non, non, c'est pas…
02:06Si tu veux, je ne dis pas qu'il ne faut pas que les intermédiaires mangent,
02:09ce n'est pas le problème.
02:10Je dis juste que le problème, c'est qui se gave à la fin,
02:12comment l'argent part dans les filiales,
02:13mais ça, la grande distribution, on pourrait en parler,
02:15mais c'est un très vaste sujet.
02:17Si on ne veut pas enfoncer des portes ouvertes en disant n'importe quoi,
02:21voilà, il faut prendre le temps d'en parler.
02:22Mais c'est un sujet hyper important.
02:24En fait, moi, la vraie chose qui m'inquiète, si tu veux,
02:26c'est que le premier médicament, c'est ton alimentation.
02:28C'est ce que tu rentres dans ton corps.
02:30Et si tu rentres brésilien et compagnie…
02:33On en rentrait beaucoup des médicaments.
02:35Tu peux parler.
02:35Commence pas à m'énerver, tu vas t'en prendre une.
02:41Mais non, au niveau, comment dirais-je,
02:46en fait, on va rentrer des produits ultra chimiques,
02:48ultra transformés, qui feront des milliers de kilomètres.
02:50Donc l'impact environnemental et l'impact sur nos santé
02:52va être catastrophique.
02:53C'est juste évident, en fait.
02:55Il suffit de regarder les taux, on voit l'obésité chez nous,
02:58mais regarde les taux d'obésité dans un pays comme le Brésil,
02:59qui pourtant n'est pas riche.
03:00C'est une catastrophe et les problèmes de santé qu'ils peuvent avoir derrière.
03:05Donc non, effectivement, il y aura encore plus de pesticides,
03:08encore moins de contrôles.
03:09Et là, tu compares les choux et les boireaux.
03:11Parce qu'en Amérique du Sud, l'obésité, elle vient certes de la bouffe ultra transformée.
03:15Oui, mais du sucre aussi.
03:16Mais des boissons ultra sucrées, je ne sais pas si tu connais un peu l'Argentine,
03:20ils s'arrosent, pas avec du vin de Salta,
03:23mais ils s'arrosent au Fanta,
03:24et puis un litre et demi par personne par repas.
03:27Oui, je suis d'accord avec toi.
03:28Mais c'est qu'en fait, on va aller vraiment vers une alimentation qui va baisser en gamme.
03:34Parce que la force de l'agriculture française, si tu veux,
03:36c'est d'être l'agriculture connue dans le monde pour sa qualité plus haut de gamme,
03:41si tu veux, pour vraiment avoir des beaux produits, des bons produits,
03:43sans prétention, c'est vraiment mondialement reconnu.
03:48Et là, en fait, on va vraiment baisser en qualité égustative et sanitaire.
03:53Et c'est juste une évidence.
03:56Si tu veux, on va donner les clés du camion à des énormes multinationales supra-étatiques,
04:00exactement ce qu'on ne veut pas si on veut avoir un peu de liberté dans ce pays.
04:04Et ça, ce n'est pas possible, en fait.
04:07Est-ce que tu t'es mis à la place du politique qui doit gérer un État avec une inertie ?
04:12Fais attention, parce que mon ingénieur du son, il va gueuler si tu frottes le micro.
04:15Est-ce que tu t'es mis à la place du politique qui a une population qui a un salaire qui baisse,
04:21un pouvoir d'achat qui baisse ?
04:23Est-ce que le fait que cette fuite en avant de faire baisser, baisser, baisser, baisser les coûts
04:30pour maintenir une population avec ses 2200 calories par jour,
04:32est-ce que toi, les produits que tu vends, du super haut de gamme, du super bien travaillé, du super bien élevé,
04:42celui qui est à 950 balles par mois ou 1450 balles par mois, il ne peut peut-être pas se les acheter ?
04:49Mais je ne te dis pas l'inverse, je ne te dis pas qu'il n'y a pas ce problème aussi de coût,
04:53mais le problème vient aussi de comment on consomme.
04:55Parce qu'en France, tu sais bien qu'on consomme, et moi le premier,
04:58et je pense que toi aussi, on consomme beaucoup trop de viande.
05:03Ah non ?
05:04Toi non ?
05:05Moi je mange des pois chiches.
05:08Pas que.
05:09J'ai arrêté là.
05:11Je mange liquide aussi.
05:12D'accord.
05:14Comme toi non ?
05:14Aussi.
05:15Mais non, sans rigoler.
05:19Je perds le fil, excuse-moi.
05:20C'est très exprès.
05:21Oui, c'est bien, tu me déstabilises.
05:23La qualité, le manger plein, le manger sain.
05:265 fruits et légumes par jour, on m'a dit.
05:28Mais tu prends un pays comme l'Italie par exemple,
05:30ils mangent 3000 fois plus de légumes que nous.
05:33Et ils mangent beaucoup moins de viande.
05:34Et en fait, le vrai problème, c'est qu'on mange beaucoup trop de viande
05:36par rapport à ce que tous les professionnels de santé nous recommandent en termes d'apport.
05:41Donc à nous d'en manger moins et mieux.
05:43Et tout bêtement, si au lieu de manger tous les jours un steak haché,
05:46premier prix de merde,
05:48tu manges de la viande deux fois par semaine,
05:50tu peux te payer une entrecôte en fait.
05:52Alors peut-être pas au restaurant, mais chez ton boucher, oui, ça reviendra au même prix.
05:54Donc si tu veux, je pense qu'il y a vraiment des habitudes alimentaires à revoir.
06:00Et alors nos politiques, si tu veux, moi à un moment donné,
06:02ces gens, alors j'ai beaucoup de mal avec les partis politiques,
06:05je suis plutôt apolitique en fait.
06:08Moi, ceux qui la fuite en avant, le nivellement par le bas,
06:11je ne les supporte plus en fait.
06:12Le nivellement par le bas, c'est l'un des cancers de ce pays.
06:15Oui, mais c'est pire à côté.
06:17Mais on s'en tape que ce soit pire à côté,
06:18on veut que ce soit mieux chez nous.
06:19Voilà, c'est tout.
06:21Donc si tu veux, oui, il faut des politiques de santé
06:24pour apprendre aux gens à mieux manger
06:26et donc au final à ne pas s'en sortir si cher que ça.
06:29Il faut amener les gens.
06:30Alors bien sûr, les parisiens, les gens des énormes villes,
06:32je comprends que c'est beaucoup plus difficile.
06:34Désolé de t'avoir fait venir dans cette ville qui se transforme en Nudea.
06:37Je suis très malade en plus.
06:37Tu as mis plus de 35 minutes pour faire 3 à 4 kilomètres.
06:433 kilomètres, oui, c'est ça.
06:44Mais, donc je te disais, il faut des politiques de santé.
06:49Il faut revoir complètement le système de la grande distribution.
06:52Ça, c'est fondamental.
06:53Et ça réglerait beaucoup de problèmes,
06:54même de problèmes de bourse pour les gens.
06:57Voilà, tu vois, sans être Karl Marx,
07:01on peut envisager, sur la grande distribution,
07:04on pourrait envisager que l'État mette un peu son nez dedans
07:06pour faire des choses très différentes.
07:08Et que, je ne sais pas, pour moi, l'eau, l'air que tu respires,
07:11l'eau que tu bois et la bouffe,
07:14dire que c'est un droit, je ne sais pas,
07:16mais si, quand même, peut-être que c'est un droit,
07:17quand même, d'arriver à manger à ta faim en France.
07:19Et je trouve que c'est des choses que l'État devrait beaucoup plus encadrer,
07:23voire même, pourquoi pas gérer, en fait,
07:25au niveau des réseaux de grande distribution.
07:27Ça pourrait s'envisager, ça pourrait se penser.
07:29Mais, non, voilà.
07:30En tout cas, moi, vraiment, la fuite en avant, non.
07:32Et pour les gens qui veulent manger énormément de viande et le reste,
07:36chacun fait bien ce qu'il veut.
07:38Je comprends que c'est dur quand on gagne moins d'argent.
07:40J'ai eu passé des années dans une galère épouvantable,
07:43donc je sais ce que c'est.
07:45Mais, si tu veux, si tu choisis de manger énormément de viande tous les jours,
07:50de boire des sodas et de manger de la merde,
07:53eh bien, tu paieras la facture à la fin et tu le sais, c'est tout.
07:57Je vais te demander, quand même, de défendre un peu la grande distribution.
08:00On a reçu ici le grand patron de Système U,
08:06qui essaye, quand même, de faire vivre des agriculteurs à côté de chez lui,
08:10de choper des filières courtes,
08:12de proposer des bons produits en marque distributeur,
08:16avec du lait acheté au bon prix,
08:20qui paye quand même et rémunère correctement le producteur de lait.
08:23Mais, tu vois ça des initiatives, je vois que ça te fait marrer.
08:27Fais attention, parce que si tu te marres trop, je le fais venir, je l'appelle tout de suite.
08:31Je t'avoue que je n'ai pas bien peur.
08:33Il est très sympa.
08:34Je pense qu'il y a peut-être quelque chose à faire.
08:36J'ai de haine contre personne.
08:37Je ne vais pas prêter des intentions à ce monsieur que je ne connais pas.
08:42Mais, si tu veux, tous les supermarchés le font.
08:44Dans nos campagnes, en tout cas partout, tu as, au-dessus des caisses,
08:47tu as des photos avec des paysans.
08:49Lui, il amène tel produit, lui, il amène tel produit.
08:51« Mais c'est quel pourcent des rayons ? »
08:56En fait, le problème que je vois là-dedans, c'est que oui, bien sûr,
08:59factuellement, ils vont permettre à quelques familles d'agriculteurs de s'en sortir.
09:02Ok.
09:04Mais, ils les utilisent comme produits d'appel, si tu veux.
09:09C'est ton interprétation.
09:10Ah oui, oui.
09:11Si tu veux, dans un système capitaliste, à un moment donné,
09:14si les grands patrons de supermarchés ne sont pas des grands capitalistes
09:19avec un certain cerveau et de longues dents.
09:23Bon, moi, je veux bien être Blanche-Neige.
09:25Musique
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