00:00Et la ministre française de l'agriculture Annie Gennevar sera tout à l'heure à Toulouse, réunion en urgence avec des responsables politiques locaux et des éleveurs.
00:09Bonjour Christophe Dansette.
00:11Bonjour Pauline.
00:11Est-ce que cette réunion d'urgence pourrait permettre d'apaiser la situation avec les agriculteurs ?
00:16En tout cas, la ministre Annie Gennevar va tenter d'apaiser cette colère alors que certains lui reprochent une gestion un petit peu maladroite au début de la crise
00:23avec une répression policière importante du mouvement notamment.
00:27Ce matin, la ministre était chez nos confrères de France 2 et tout en essayant de faire preuve de pédagogie pour expliquer que la réglementation européenne
00:35qui veut effectivement qu'un abattage systématique de l'ensemble du troupeau dès qu'un cas est repéré, réglementation soutenue aussi par le principal syndicat d'agriculture, la FNSEA,
00:47a fait ses preuves ailleurs, en Savoie notamment, et bien elle ne ferme pas la porte à une révision de cette colère. On va l'écouter.
00:54La discussion est ouverte sur ce point et je ne veux pas vous donner de réponse catégorique aujourd'hui parce que ce temps de dialogue,
01:02il est indispensable et il faut pouvoir y associer les professionnels. Bien sûr, il y a de l'angoisse parce que chacun s'imagine que le virus est à la porte
01:11de leur bâtiment d'élevage. Mais non, la situation, elle est contrôlée aujourd'hui. Nous avons deux situations France entière d'exploitation touchée par le virus.
01:24Une situation sous contrôle, Annie Gennevard cherche aussi à rétablir les faits alors que les fausses informations se multiplient sur le sujet.
01:33Selon elle, le virus ne s'est pas étendu et le nombre de cheptels réellement menacés reste donc limité.
01:38Mais cette mobilisation, elle cache en réalité un malaise beaucoup plus profond.
01:43Souvenez-vous d'il y a deux ans, des agriculteurs qui avaient massivement manifesté jusqu'à bloquer l'ouverture du salon de l'agriculture en février 2024.
01:54Une colère partie aussi de cette fameuse A64 à la frontière espaléole. Une autoroute de nouveau bloquée aujourd'hui.
02:01On l'a vu sur les images tout à l'heure. A l'époque, c'était un baptême du feu pour un autre Premier ministre. C'était Gabriel Attal.
02:08Et bien deux ans plus tard, le sentiment sur le terrain est que peu de choses ont changé.
02:13Parce que la réalité des éleveurs d'un point de vue économique reste très dure.
02:17Oui, dans l'élevage bovin, la réalité, elle est très dure. En moyenne, les éleveurs bovins gagnent moins de 2000 euros par mois selon une récente enquête de l'INSEE.
02:27Mais près de 21% d'entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté, alors que les charges explosent.
02:33Énergie, carburant, alimentation animale, avec le sentiment de travailler toujours plus pour gagner toujours moins,
02:39alors que la concurrence d'autres pays menace. Une concurrence jugée déloyale et en particulier une nouvelle concurrence qui pourrait arriver d'Amérique latine.
02:47On parlait de l'accord du Mercosur ?
02:48Exactement, l'accord de libre-échange entre quatre pays d'Amérique latine et l'Union européenne,
02:53qui doit être approuvée par les 27 d'ici vendredi, avant que Ursula von der Leyen ne se rendent au Brésil pour le signer officiellement avec les autres pays.
03:02Les éleveurs français, dans une très large majorité, sont vent debout contre cet accord.
03:06Ils y voient une concurrence déloyale avec jusqu'à 99 000 tonnes de viande bovine sud-américaine à droit de douane réduit,
03:14qui pourraient entrer sur le territoire européen, avec des normes environnementales, sanitaires, sociales différentes,
03:21et donc une pression supplémentaire directe sur les prix européens déjà fragiles.
03:25La France, officiellement, elle soutient ses agriculteurs.
03:28Emmanuel Macron, d'ailleurs, a affirmé hier que l'accord en l'État n'était pas acceptable.
03:33Dans un communiqué, Matignon précise que des garanties supplémentaires sont demandées par la France,
03:38notamment une clause de sauvegarde, des mesures miroir sur les pesticides et l'alimentation animale,
03:44ainsi que la mise en place de mécanismes de contrôle sanitaire efficaces.
03:48Problème, eh bien Paris a certes réussi à rallier plusieurs pays, comme la Hongrie, comme la Pologne, l'Autriche, ou encore la Belgique,
03:57mais ça semble insuffisant pour rassembler une minorité de blocage.
04:01Et puis sur la politique agricole commune non plus, la fameuse PAC, la France ne semble pas en position de force.
04:06Oui, les discussions sur le cadre financier pluriannuel doivent débuter ce jeudi et ce vendredi lors du sommet européen.
04:14Bruxelles et la France pourraient perdre 14 milliards d'euros sur ce budget de la PAC, 51 milliards d'euros contre 65 milliards aujourd'hui.
04:23Là encore, le gouvernement affirme que le compte n'y est pas et promet de se battre.
04:27Mais on voit bien que la pression s'accumule de toutes parts sur les agriculteurs qui s'étaient mobilisés, encore une fois, il y a deux ans.
04:33Le malaise, il est profond. De moins en moins de jeunes veulent s'engager dans ce métier pourtant essentiel.
04:38Et le chiffre, il est frappant. En dix ans, près de 100 000 exploitations agricoles ont disparu en France.
04:44Un rythme qui semble s'accélérer encore aujourd'hui.
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