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  • il y a 2 jours
Le 5 décembre 2025, Radio Courtoisie consacre une séquence à Johnny Hallyday, huit ans après sa disparition.
L’émission évoque l’attachement durable de la France dite périphérique à l’artiste, symbole populaire et fédérateur, dont l’héritage musical continue de résonner bien au-delà des clivages culturels et sociaux. Un regard sociologique et culturel sur une mémoire collective toujours vivace.

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Musique
Transcription
00:00Alors, Johnny Hallyday est mort il y a 8 ans. Pourquoi en parler dans la matinale ?
00:04Parce que ce n'est pas tous les jours qu'il y a une espèce de monument français qui s'abîme.
00:118 ans plus tard, il y a toujours une vive émotion lorsqu'on en parle.
00:16Et c'est surtout une espèce de météore qui a traversé à peu près toute la Vème République.
00:23Il a connu Pompidou, il a connu De Gaulle, il a connu l'intégralité des présidents, il est mort sous Macron.
00:30Johnny Hallyday, c'est un morceau de France et en même temps un signe peut-être de contradiction.
00:37Tout le monde n'était pas d'accord avec lui, tout le monde n'a pas apprécié son talent.
00:42Je voudrais pour le pur plaisir d'être une méchante langue une fois de plus, citer Claude Sarraute, la journaliste du Monde,
00:49qui a assisté à l'un de ses premiers concerts, Le Monde, ce journal de référence intelligent qui célébrait l'arrivée des Khmer Rouges.
00:55Et là, en l'occurrence, Claude Sarraute expliquait que son plaisir était fait d'étonnement et d'intérêt mêlé que procure une visite au chimpanzé du zoo de Vincennes en parlant de Johnny Hallyday.
01:06Donc une fois de plus, le monde n'avait absolument rien compris au phénomène pop, au phénomène yéyé.
01:11Et pourtant, Johnny Hallyday, c'est une espèce de bloc qui s'offre à nous et en même temps avec plusieurs facettes.
01:20C'est un chanteur qui a été en perpétuelle mutation et qui pourtant, en même temps, était en perpétuelle adéquation avec la société française.
01:29Laurent Martin Saint-Léon, on vous a demandé quelle était votre qualité pour venir parler ce matin.
01:34Vous avez expliqué que vous étiez un fan et voilà, donc c'est en tant que fan qu'on vous reçoit.
01:39Qu'est-ce qui fait, selon vous, cette longévité de Johnny Hallyday, y compris dans le cœur des Français et huit ans après sa mort ?
01:46Bonjour Richard, bonjour Xavier. Effectivement, je suis un fan de Johnny de longue date.
01:50La longévité de Johnny Hallyday, c'est qu'avant tout, il est une passion française.
01:55Il a connu un destin foudroyant, un destin exceptionnel effectivement.
01:59Tout chez lui, tout dans sa personnalité est excès et en même temps, son destin est extraordinaire.
02:05Alors, Johnny Hallyday, comme chacun le sait, n'a pas connu son père, qu'il a abandonné à l'âge de six mois,
02:10allant même jusqu'à vendre le berceau dans lequel il dormait, donc un dénuement un peu comme Édith Piaf au tout début.
02:17Il a été recueilli par la sœur de sa mère et élevé par sa tante, qui était une danseuse,
02:24qui avait aussi deux filles qui étaient danseuses, et par le compagnon de sa tante qui s'appelait Lee Hallyday.
02:30Johnny s'appelait, comme chacun le sait, Jean-Philippe Smet, et le compagnon de sa tante avait décidé de lui donner ce surnom de Johnny,
02:39il l'appelait Jenny, Johnny, et puis Johnny a pris le nom de Hallyday pour poursuivre.
02:45Il a américanisé son nom à une période où dans la France des années 50-60,
02:49à l'époque où les G.I. étaient encore sur le territoire français, à Châteauroux par exemple, dans les bases de l'OTAN à l'époque,
02:54il a américanisé son nom au moment où le rock déferlait sur la France, et il est à l'origine de cette déferlante,
03:02puisque tout le monde dit que Johnny Hallyday, c'est le Elvis Presley français.
03:06Et effectivement, le mimétisme est foudroyant, il a eu lui aussi des problèmes avec son manager, Johnny Stark,
03:11tout comme Elvis avec le colonel Parker.
03:14Il a eu aussi ce déhanchement, parce que Johnny, c'est un foudre de travail, c'est quelqu'un qui travaillait énormément,
03:20et ça c'est souvent méconnu, c'est quelqu'un qui a eu une éducation classique,
03:23Johnny a fait le conservatoire, il a appris la guitare, il apprenait 8 heures par jour la guitare,
03:29il se produisait lors des spectacles de Lee Hallyday, qui était aussi artiste, dansant,
03:34et il venait, le temps que Lee récupère un petit peu, il venait interpréter des morceaux de guitare,
03:39et son éducation à la guitare est très classique, il a appris André Ségovia, il a appris Georges Vassiliev,
03:45et il jouait du brassins.
03:47Donc toute cette partie-là de la vie de Hallyday, c'est une construction avant tout très classique, finalement,
03:51pour devenir une icône du rock, pour devenir un produit marketing aussi, il ne faut pas le rejeter malgré tout,
03:57et comme vous l'avez fort judicieusement dit, Johnny a accompagné ces époques, les unes après les autres,
04:03le rock d'abord, la déferlante Yéyé, il faut savoir que le terme Yéyé a été inventé par Edgar Morin,
04:08suite au concert de La Place de la Nation en 1963,
04:11et puis ensuite mai 68, où Johnny est un peu démuni, parce que ce n'est pas du tout son style,
04:17il ira même jusqu'à chanter cheveux longs, idées courtes pour répondre au chanteur Antoine,
04:21la période hippie, où il colle à cette époque,
04:26et puis ensuite les années 80, plus durs, plus difficiles,
04:29et enfin les années 90, où il s'adoucit, et où Johnny devient un monstre de scène absolue,
04:35allant produire des spectacles qu'on n'a jamais vus en France,
04:37jusqu'à ce fameux concert devant la tour Eiffel, auprès d'un million de spectateurs assistent à ce concert,
04:42sans parler de ceux qui sont tout l'été spectateurs.
04:45Laurent Samartin, c'est bon, je vous arrête, je sens que vous étiez parti pour faire un éloge de 50 minutes de votre idole,
04:52merci, Xavier Vandlire, vous aviez interrogé Yves Santamaria, il y a quelques années,
04:59après la mort de Johnny, et vous lui aviez posé une question tout à fait pertinente,
05:03alors qu'il était initialement célébré, donc Johnny, comme un symbole de l'entrée dans la modernité,
05:09Johnny cristallise maintenant une certaine nostalgie de la France d'avant.
05:13Est-ce qu'il n'y a pas effectivement comme ça une mutation à un moment donné de Johnny Hallyday ?
05:17C'est un bloc certes, mais c'est un bloc qui s'est presque renversé,
05:21on est en face d'une rébellion de la jeunesse qui finit par devenir une icône de ceux qui ont vieilli avec lui.
05:30Il y a de ça incontestablement, effectivement, Johnny Hallyday arrive dans une période,
05:36et l'idole d'une génération qui a choisi la rupture, phénomène Yé, c'est celui d'une rupture dans l'histoire de la chanson française,
05:44mais peut-être aussi de la culture française, de notre manière de vivre,
05:48par effectivement la reprise de code d'outre-Atlantique.
05:53Il faut savoir que jusqu'à cette période-là, la chanson française ne s'inspirait qu'assez peu de la chanson anglo-saxonne.
06:01Donc oui, Johnny Hallyday est une rupture.
06:04Mais sa longévité a fait qu'il est devenu en quelque sorte la bande-son de la Vème République.
06:10Tout au long de ce régime, Johnny était là, Johnny a muté,
06:17comme notre ami l'a dit, il a adopté différents styles,
06:21parce qu'il sait que dans une époque qui a choisi la mode contre la stabilité,
06:25il faut se réinventer, mais en même temps, c'était toujours lui.
06:29C'était toujours lui et un être extrêmement incarné, tant et si bien qu'à travers même ces transformations,
06:34il était toujours là.
06:35Et je trouve que toujours là et toujours le même.
06:38Et en quelque sorte, donc, rassurant,
06:42puisque à travers les mutations que traversait la société française,
06:45Johnny restait une sorte de point de repère et de stabilité.
06:50Vous avez parlé tout à l'heure de Claude Sarraute, c'est ça ?
06:55C'était Claude Sarraute, oui, oui.
06:58Journaliste du Monde, féministe, femme de gauche, intellectuelle, icône.
07:03Et qui exprimait en quelque sorte le mépris de classe qu'il y avait à l'égard de Johnny Allier.
07:11Et je pense que finalement, c'est ça qui a fini par le couronner définitivement.
07:16C'est-à-dire qu'il y a une énorme affection qui est née, je pense, chez les Français,
07:19et notamment dans les classes populaires pour Johnny Allier,
07:23qui est devenue, sans réellement le vouloir,
07:25et là, pas du tout de façon marketing,
07:29l'icône de la France profonde, de la France périphérique,
07:32et ça s'est particulièrement matérialisé lors de son décès,
07:34qui, rappelons-le, s'est produit en pleine crise des gilets jaunes.
07:37Et je pense que dans l'élan des Français périphériques pour ces obsèques-là,
07:47ça disait quelque chose de l'état du pays,
07:50et il y avait une façon de dire, on est là, on est encore là,
07:53moi j'ai vu ces obsèques comme une autre manifestation des gilets jaunes
08:00en plein cœur de cette crise, pour dire, nous faisons partie de ce peuple,
08:04et nous avions, en Johnny Allier, une figure, une incarnation de ce que nous sommes.
08:11Et donc un lien particulier.
08:13On va écouter, si vous me le permettez, Johnny Allier,
08:16en train de répondre à Anne Sinclair, et justement parlant de son évolution.
08:19C'est vrai que, bon, je dois sans doute évoluer, comme tout le monde,
08:23comme d'autres chanteurs.
08:25C'est vrai qu'aujourd'hui, en 91, je ne chante pas de la même façon
08:29que je chantais en 60 ou en 61.
08:32Les chansons ne sont plus les mêmes, la musique a évolué.
08:35Je n'écoute pas en général ce que j'ai fait avant,
08:37parce que je travaille beaucoup en studio.
08:39Quand on fait un disque, je passe des heures, des heures,
08:41la moitié de la nuit en studio, on refait des phrases,
08:45on remixe, on revient deux jours après,
08:47le mix ne nous plaît pas, on remixe,
08:49donc on peut exactement les entendre, ces chansons.
08:50Après les heures, des semaines, des mois de travail sur un disque,
08:55on n'a plus envie d'écouter des chansons
08:58dont on a passé des heures pour les faire.
09:01Laurent Martin Saint-Léon, vous, en revanche,
09:03vous êtes capable d'écouter pendant des heures le même album ?
09:06Ah oui, totalement.
09:06D'abord parce qu'il y a cette voix unique.
09:08Johnny Hallyday a une voix inimitable.
09:10Quand il a repris le pénitencier,
09:12il monte sa voix très très haut,
09:13là où les Animals, ce qu'il avait fait de House of the Rising Sun,
09:16n'étaient pas capables de le faire.
09:17Donc oui, je peux l'écouter pendant des heures sans aucun problème.
09:20Comme beaucoup de Français,
09:21on a tous quelque chose en nous de Johnny
09:23parce qu'il y a ce mimétisme,
09:26il y a cette façon féline qu'il avait d'être sur scène.
09:30Johnny aussi avait pris des cours de danse
09:31et donc il maîtrisait son diaphragme,
09:34il savait danser,
09:35il a fait scandale tout comme Presley
09:36en se mettant à danser à la télévision
09:38d'une façon très très particulière.
09:41Johnny, c'est une forme de rébellion aussi,
09:43c'est une forme de remise en cause
09:45dans une France qui s'endort un peu.
09:47C'est le fameux « La France s'ennuie »
09:48avant les événements de 1968.
09:50Et donc cette déferlante qu'il a fait
09:53qu'effectivement,
09:54il y a une remise en cause de certaines choses
09:55à son insu,
09:56parce que lui, il n'a pas forcément ce souhait,
09:59mais sans le savoir,
10:00il porte en lui la voix d'une jeunesse
10:01qui tout à coup va faire une sorte de déferlante
10:05immétrisée par la suite
10:06et évidemment avec tout ce qu'on a connu comme excès.
10:10Mais effectivement,
10:11on peut écouter Johnny Hallyday pendant des heures.
10:13D'ailleurs, les Français vont pouvoir à nouveau l'écouter
10:15puisqu'il y a un titre qui est sorti hier
10:19de Johnny en duo avec Michel Berger
10:21et qui s'appelle « C'est l'amour que j'attendais ».
10:23Les maisons de disques savent ressortir
10:25des pistes comme ça qu'elles retrouvent.
10:26Donc ce titre est sorti hier
10:28de façon très très opportune.
10:31Et je pense que ce titre-là,
10:32comme d'autres, auront le succès.
10:33Ce qui accroche chez Johnny,
10:34c'est effectivement cette voix,
10:35avant tout,
10:37c'est totalement inimitable.
10:38Il avait quelqu'un derrière lui sur scène
10:39qui accompagnait sa voix,
10:40qui s'appelait Eric Bami,
10:41à qui il faut rendre aussi hommage,
10:44qui était quelqu'un qui l'aidait
10:45à porter sa voix en backstage.
10:48Et Eric Bami avait lui aussi une voix,
10:51mais ce n'était pas la même que Johnny.
10:52Si vous pouviez nous dire
10:53ce que ça signifie,
10:53porter sa voix en backstage ?
10:55Alors, c'était qu'il était en retrait,
10:56il était derrière,
10:58parfois même pas sur la scène.
11:00Il était en recul
11:01et il aidait Johnny
11:02à porter sa voix un peu plus loin
11:04où il venait en support de Johnny.
11:06Mais c'est-à-dire qu'il chantait ?
11:06C'est ça que ça veut dire ?
11:07Il chantait absolument,
11:08il chantait avec Johnny.
11:09Parfois, il laissait Johnny chanter,
11:11parfois, il reprenait derrière.
11:13Les musiciens connaissaient parfaitement
11:14Eric Bami,
11:15qui est décédé il y a quelques années,
11:17qui avait aussi un très grand talent,
11:18mais qui n'avait pas
11:19la même texture de voix que Johnny,
11:20puisque Johnny avait cette voix
11:21qui se brisait,
11:23un peu comme son destin à lui.
11:24C'est-à-dire que sa voix
11:25accompagnait sa personnalité.
11:27Tout chez lui était fracture,
11:29c'est probablement ce qui plaisait aux Français,
11:31parce qu'au fond,
11:31ce que cherchait Johnny Hallyday,
11:33c'était l'amour.
11:34Et cette demande d'amour
11:35qu'il formulait dans tous les sens,
11:36les Français y répondaient,
11:38il y avait une adhésion à sa personne.
11:41Xavier dans l'air,
11:42mais ça tombe bien,
11:43je voulais vous passer la parole.
11:44Oui, je voudrais agir.
11:46Johnny Hallyday avait une voix,
11:48c'est certain.
11:49On a souvent dit qu'il était une voix.
11:51Moi, je partage plutôt l'avis
11:52du sociologue Philippe Lyotard,
11:55qui lui disait que,
11:56considérait que Johnny,
11:57c'était avant tout un corps.
11:58C'est-à-dire que Johnny Hallyday
12:00était une bête de scène.
12:04D'une part,
12:04il s'imposait par une présence incarnée,
12:07et même en quelque sorte carnée.
12:09C'est-à-dire que Johnny Hallyday arrivait,
12:11il était suant,
12:15extrêmement solide,
12:17musculeux,
12:18et incarné.
12:19On a dit qu'il incarnait une sorte de...
12:21Il avait apporté en France
12:22une image de la virilité
12:25un peu à l'américaine.
12:27Alors, certes caricaturale,
12:29mais qu'il y avait le mérite
12:31quand même de la représenter
12:35comme il le faut.
12:37On dit que c'était une icône,
12:38ce n'est pas pour rien.
12:39Il jouait de ces codes-là.
12:40Mais il se trouve que ça a accroché
12:41et ça a accroché dans une période
12:43où l'abstraction
12:45commençait à être présente.
12:48C'est-à-dire que dans les années 50-60,
12:52les yéyés ont pu être même interprétés
12:55comme une volonté de renouer
12:57avec des réflexes plus archaïques
13:00et incarnés qu'un monde
13:02qui commençait à être tissé
13:03de normes et d'idées abstraites.
13:07Autant dire qu'au tournant des années 2000,
13:11lorsque la numérisation est arrivée,
13:14il rappelait cet ancien monde.
13:17Cet ancien monde qui est aussi celui
13:19de l'industrie, de la production matérielle
13:22et du corps aussi,
13:24du corps qui servait encore en économie,
13:27qui apportait un prestige,
13:29qui pouvait apporter un revenu,
13:30alors qu'on basculait dans, à l'évidence,
13:32un autre monde,
13:33le monde de la France sans usine,
13:36parce qu'on allait les délocaliser.
13:37Et donc il était en cela aussi
13:39un vestige de cette France-là
13:42et de ce monde-là
13:43qui commençait à s'effacer.
13:44Et je pense que ça a beaucoup joué
13:45dans son succès, au-delà de sa voix,
13:47qui est évidemment formidable,
13:48c'est cette capacité à incarner.
13:51Et je voudrais terminer par une autre,
13:52une dernière citation
13:53de l'écrivain-historienne Mona Ouzouf,
13:58il disait que tous les grands artistes
13:59ont cette capacité,
14:02par leur talent,
14:03d'incarner une singularité aristocratique,
14:05c'était le cas de Jeune Halidé,
14:07mais à laquelle ils ajoutent
14:08la capacité à être un écho
14:12des aspirations populaires,
14:14voire une représentation
14:16du peuple tout entier.
14:18Et je pense que c'est ce qui fait
14:18la singularité de Jeune Halidé
14:20sur la scène artistique française
14:22tout au long de la Ve République.
14:24Alors, on va justement entendre
14:25Johnny Halidé nous parler,
14:27non pas de son côté aristocratique,
14:29mais de son côté quotidien.
14:30Moi, je sais que, bon,
14:31très souvent, je m'en vais
14:33assez loin de la France,
14:36dans des pays où on ne me connaît pas.
14:37Moi, ce que j'adore faire,
14:38j'adore aller dans les supermarchés.
14:40Qu'est-ce que vous faites
14:41dans les supermarchés ?
14:41Je vais choisir des sauces.
14:44Je suis un malade des sauces.
14:45Des sauces piquantes,
14:46des sauces un petit peu
14:46comme on trouve dans tous les pays.
14:49Bon, ça, c'est une chose
14:49que je ne peux pas faire en France.
14:50Je ne peux pas aller
14:51dans un supermarché en France
14:52puis me choisir des sauces
14:53librement avec un caddie.
14:56Et un qu'est-ce que vous faites
14:57de toutes ces sauces ?
14:57Ça ne sert à rien,
14:58parce que, bon,
14:59c'est un petit peu l'envie
15:00de faire des choses
15:00que je ne peux pas faire chez moi.
15:03Au Mexique, par exemple,
15:05il y avait un air lancinant
15:06de Julio Eglésias qui passait.
15:09Bon, ça me berçait un petit peu,
15:10je choisissais mes sauces
15:11et puis finalement,
15:11ça ne servait à rien
15:12parce que, bon,
15:13j'habite, j'étais à l'hôtel,
15:14j'étais en vacances
15:15et, bon, c'est des sauces
15:16qui restaient à l'hôtel.
15:19Moi, j'ai adoré ce passage
15:21où Johnny Hallyday explique
15:23que l'un de ses grands plaisirs,
15:24c'est en fait de prendre un caddie
15:26et d'errer dans les supermarchés
15:28pour s'acheter des sauces.
15:29Il y a, et c'est à ce moment-là,
15:31on est en 91,
15:33il ne pouvait plus prendre le métro,
15:35il ne pouvait plus se balader
15:35dans la rue.
15:36Ça y est, c'était fini
15:37et pourtant, voilà,
15:39cette personne qui avait travaillé
15:41pour devenir une vedette
15:42et qui était très consciente
15:43de son statut
15:43avait en même temps, voilà,
15:46le goût d'écouter Julio Eglésias
15:48en musique de fond
15:49dans un supermarché
15:50tout en achetant une sauce à mora.
15:52Laurent Martin Saléon,
15:53est-ce que ça ne fait pas partie
15:54aussi de cet attrait
15:54qu'on a pour Johnny Hallyday,
15:56le sentiment de se dire
15:58qu'il est à la fois
15:59terriblement loin
15:59et terriblement proche ?
16:01Oui, tout à fait.
16:02Et d'ailleurs,
16:02ça ressort bien
16:03dans le film Jean-Philippe
16:04qui avait été tourné
16:05avec Fabrice Lucchini,
16:06c'est cette capacité
16:08de Johnny Hallyday
16:09à être un homme simple,
16:10un homme intègre
16:11dans sa constitution,
16:13dans son corps,
16:13effectivement,
16:14et dans son esprit.
16:14C'était quelqu'un
16:15qui était effectivement
16:16très très proche des Français.
16:19C'était aussi
16:19quelqu'un d'extrêmement seul.
16:22Johnny Hallyday
16:22s'est marié six fois,
16:23a divorcé cinq fois.
16:26C'était un homme
16:27qui affrontait la solitude
16:28de façon très régulière
16:30et à chaque fois
16:31qu'il confrontait
16:31sa solitude
16:32auprès du public.
16:33C'est-à-dire que
16:34quand il ressentait
16:35cette solitude,
16:36il la transmettait sur scène
16:37et lorsqu'il disait au public
16:38« Y a-t-il quelqu'un
16:39qui veut m'aimer ce soir ? »
16:40C'était une demande d'amour
16:42en quelque sorte.
16:42On revient toujours à ça.
16:43Alors, dans tout cela,
16:45il y avait forcément
16:45des excès.
16:46Johnny avait une cour.
16:48Il se déplaçait régulièrement
16:50avec sa cour.
16:50Il le reconnaissait lui-même.
16:52C'était une cour
16:52qu'il entretenait aussi.
16:54On est dans le monde
16:55du show business.
16:56Il n'y a pas de cadeaux
16:57et en même temps,
16:58il y a beaucoup de parasites,
16:59etc.
17:00Moi, j'ai eu l'occasion
17:00de voir arriver une fois
17:01Johnny dans un club
17:02avec sa cour.
17:04C'était assez impressionnant.
17:05Il y avait tout un
17:05aéropage qui le suivait.
17:08C'était au City Rock Café
17:09de son ami Ringo Willy Katz.
17:12Et c'est vrai qu'en soi,
17:13rien que cela,
17:14c'était déjà un spectacle
17:15parce que tout
17:16chez Johnny Hallyday
17:17était spectacle.
17:18Mais cette solitude
17:20qui a été très bien exprimée
17:21dans certaines
17:21de ses chansons,
17:23la fameuse
17:24« Quelques cris »
17:24par exemple,
17:25où il raconte son destin
17:26ou dans des textes
17:27que lui ont même écrit
17:28Philippe Labreau
17:28ou François Sagan,
17:30cette solitude,
17:31c'est aussi un appel au secours.
17:33Et cet appel au secours,
17:34les Français y répondaient,
17:36quels que soient
17:37les excès
17:37que pouvait commettre
17:38Johnny Hallyday,
17:40parfois,
17:40quels que soient
17:41leurs désaccords,
17:42parce que même s'il épousait
17:43son époque,
17:44parfois,
17:45ce n'était pas toujours judicieux
17:46quand on voit
17:46dans les années 80
17:48certains concerts
17:49qui étaient des déluges
17:50mécaniques,
17:51des déluges de feu,
17:52ont laissé plus de place
17:54à une création audiovisuelle,
17:55à une création scénographique
17:57plus qu'à sa voix
17:58en tant que telle.
17:59Heureusement,
17:59après,
17:59il est revenu
18:00à des spectacles
18:00plus dépouillés.
18:03Mais en fait,
18:04voilà,
18:04effectivement,
18:04il accompagnait
18:05les Français
18:06et puis,
18:07il y avait cette relation
18:08avec les États-Unis,
18:09malgré tout,
18:10je l'ai dit,
18:10ce côté Presley français.
18:11Johnny Hallyday a connu,
18:12lui aussi,
18:13des passages à vide.
18:14Il a fait des tentatives
18:15de suicide
18:15et tout comme Presley,
18:18il a lui aussi été
18:19tout à coup
18:20moins chouchouté
18:21par le public
18:22et il a fait son comeback.
18:24Et tout ça,
18:25ce sont des choses
18:25qui parlaient au cœur
18:26des Français,
18:27cette ténacité,
18:28cette volonté
18:29de s'inscrire dans le temps.
18:31Effectivement,
18:31tout ça,
18:31ça correspond à notre âme profonde
18:33et ça correspond à une époque
18:35dont beaucoup de Français
18:35ont la nostalgie
18:36quand on vit aujourd'hui
18:38la période de l'instant,
18:39de l'immédiateté.
18:40C'est vrai que la longévité
18:41de Johnny,
18:42sa capacité à s'inscrire
18:43dans le temps,
18:43c'est quelque chose
18:44qui manque.
18:45Donc,
18:45je suis en train,
18:46avec plaisir,
18:46de recevoir Laurent Martin Saint-Léon
18:48et Xavier Van Lierde
18:49pour parler du phénomène
18:50Johnny Hallyday.
18:51Il est mort il y a 8 ans,
18:53nous en parlons ce matin
18:54car Johnny Hallyday
18:55exprime en fait
18:56une partie de cette France
18:58périphérique et oubliée
19:00que déjà dans les années 60,
19:02au tout début de sa carrière,
19:03le monde moquait
19:04et que le monde en fait
19:05n'a cessé de moquer
19:06et que le milieu culturel
19:07n'a cessé de moquer
19:08et en même temps,
19:09Xavier Van Lierde,
19:10il y a deux noms
19:11qu'a cité Laurent Martin Saint-Léon,
19:13Philippe Labreau,
19:14François Sagan,
19:16on voit qu'une partie
19:17en fait de l'intelligentsia française,
19:20une partie des romanciers reconnus
19:22n'a pas jugé
19:23qu'ils étaient en train
19:26de se commettre
19:26avec un histrion
19:28et qu'il était légitime
19:29en fait qu'ils puissent écrire
19:30pour Johnny Hallyday.
19:31Oui, parce que Johnny Hallyday
19:34est paradoxal,
19:35mais il est paradoxal
19:35comme la France toute entière
19:39et comme probablement
19:40les affres
19:41qui nous traversent
19:42dans une période
19:44où notre situation
19:45dès les années 80,
19:49disons,
19:49on sent qu'un monde
19:50s'efface,
19:51qu'il en est un vestige,
19:53un témoin,
19:54qu'il est un repère
19:54dans cette histoire-là
19:55et nous avons
19:56des sentiments contradictoires
19:57mais tous les Français
19:58ont des sentiments contradictoires
19:59un peu schizophréniques
20:01à l'égard
20:01de leur propre pays.
20:03On s'aime
20:04et on se déteste,
20:06on voudrait
20:06que la France perdure
20:09mais on ne sait pas trop comment.
20:11Je pense qu'il y a
20:11un profond trouble
20:12identitaire
20:14en France
20:14et qui s'exprimait,
20:16qui pouvait s'incarner
20:17dans les paradoxes
20:18de Johnny Hallyday lui-même,
20:20à la fois
20:20emblème national
20:21et vecteur
20:23de l'américanisation
20:24du pays,
20:26à la fois
20:26symbole
20:28de la jeunesse
20:30et idole des jeunes
20:31et ensuite
20:32peu à peu
20:33vestige
20:35d'un monde
20:37qui s'efface
20:38et puis
20:38vous avez parlé
20:39tout à l'heure
20:39de sa ténacité,
20:43de sa capacité
20:44à traverser
20:44les épreuves,
20:45à faire son comeback,
20:48à revenir
20:48même tout cabosser
20:50et l'emporter
20:51finalement
20:52reconquérir
20:53son public.
20:55Je voudrais
20:56vous donner
20:56une citation,
20:57c'est vrai qu'il a gardé
20:58aussi cette France
20:58laborieuse
21:00et du travail
21:00et par sa stature
21:02et son allure
21:03mais aussi
21:04par ses actes
21:05et sa vie
21:06et par ses valeurs.
21:08Il disait notamment
21:09on ne peut pas être
21:10élevé dans le confort
21:11et avoir la rage
21:12au ventre,
21:13je ne crois pas
21:14aux fils à papa
21:14qui réussissent,
21:15il faut en avoir bavé,
21:17moi j'avais envie,
21:17j'avais faim.
21:19Et il poursuivait,
21:20je n'aime pas
21:20la médiocrité,
21:21je ne suis pas
21:22pour que les gens
21:22pauvres le soient,
21:23c'est malheureux,
21:24il faut les aider,
21:25mais pas en leur faisant
21:26l'aumône,
21:27je n'aime pas
21:27les sociétés
21:28d'assister.
21:29Vous voyez,
21:31il incarnait là aussi
21:32les différentes facettes
21:36du rapport de la France
21:38au travail,
21:40tous les paradoxes
21:43qu'il y a
21:44dans la façon
21:45dont on voit
21:45les classes populaires
21:47dans notre pays,
21:48en l'occurrence,
21:48lui,
21:49très clairement,
21:50mettait au cœur
21:51de sa vie
21:52et de sa vision
21:53du monde
21:54le travail,
21:55notre ami l'a dit,
21:56c'était un immense bosseur
21:57et je pense que c'est aussi
21:58pour ça
21:59qu'il était apprécié
22:00et notamment
22:01des classes populaires.
22:03Alors,
22:03un immense travailleur,
22:05un corps,
22:06vous l'avez signalé,
22:07c'est presque
22:08la France industrielle,
22:09je dis en fait,
22:10c'est le moment
22:10où on embauchait
22:12à l'usine
22:13et où on avait
22:14un travail
22:14où il n'y avait pas
22:15systématiquement
22:15un robot collaboratif
22:17pour vous aider
22:18à soulever
22:19les portières de voitures.
22:21Il y a
22:22chez lui,
22:23malgré tout,
22:24cette idée
22:24des 30 glorieuses,
22:26ce moment
22:27où l'argent
22:28est devenu
22:29un peu plus facile
22:29pour beaucoup
22:30d'entre nous,
22:31ce moment
22:32où il y a eu
22:33un confort matériel
22:34qui a été disponible
22:35et Johnny
22:36accompagne ça
22:37avec par exemple
22:38son culte
22:38des mécaniques
22:39Harley-Davidson,
22:40il accompagne ça
22:41avec,
22:42vous l'avez dit,
22:42vous avez voulu le dire,
22:43une espèce
22:45d'Amérique rêvée
22:46mais qui est vraiment
22:46l'Amérique des Français.
22:48Il y a un moment
22:49qui nous a tous troublés,
22:51je crois,
22:51c'est quand
22:51Johnny Hallyday
22:53a organisé
22:54une tournée
22:54aux Etats-Unis
22:55où il était censé
22:56partir avec des amis motards,
22:58Harley-Davidson
22:59et en fait
23:00vivre son rêve américain
23:02sur le terrain
23:03et en fait
23:04les images
23:05qui en sont revenus
23:06étaient d'une nostalgie
23:09absolument désespérante.
23:11Oui,
23:11parce qu'en fait
23:12c'était anachronique,
23:13Johnny est une idole française
23:14et seulement une idole française.
23:16c'est le New York Times
23:18qui lui avait consacré
23:19un article
23:19dans lequel il rappelait
23:21la phénoménale carrière
23:22de Johnny en France,
23:23plus de 100 millions
23:24de disques vendus
23:25et le New York Times
23:27disait en fait
23:28Johnny est aussi français
23:29que la baguette.
23:30Donc,
23:31ce constat,
23:32c'est que finalement,
23:33est-ce que la baguette
23:34s'exporte bien ?
23:35Pas nécessairement.
23:36En fait,
23:37c'est un produit français
23:38de Johnny Hallyday
23:38et c'est le paradoxe
23:40que disait Xavier tout à l'heure,
23:42c'est exactement ça.
23:43C'est un produit français,
23:44quelque chose qui finalement
23:45reste totalement franco-français.
23:47Johnny Hallyday
23:47n'était même pas belge,
23:48on lui avait prêté
23:49la nationalité belge
23:50mais il avait choisi
23:51la nationalité française
23:52très tôt.
23:54le président de la République
23:54à ses obsèques
23:55a dit que finalement
23:57il était devenu français.
23:58Non, non,
23:58il avait choisi la nationalité française
24:00mais il n'avait jamais été belge.
24:02Et donc,
24:02en fait,
24:03Johnny est français,
24:05fondamentalement français.
24:07Il va faire son service militaire
24:08en France,
24:08enfin en France,
24:09en Allemagne,
24:09à Offenburg,
24:10mais il fait son service militaire.
24:11Ça aussi,
24:12c'est très médiatisé,
24:13c'est très récupéré à l'époque
24:15par le service des armées
24:17qui souhaite justement
24:18mettre en évidence
24:19que l'idole des jeunes,
24:21elle aussi,
24:22part sous les drapeaux.
24:23Donc, en fait,
24:24il est tellement français
24:25qu'il ne s'exporte pas.
24:26Effectivement,
24:27il y a ce côté industriel,
24:29il y a ce côté des années 70
24:31où petit à petit
24:32la crise arrive,
24:33où ça devient plus dur
24:34et où Johnny va faire
24:36des concerts.
24:39Il fera un concert
24:40notamment emblématique
24:40sur le porte-avions Foch
24:42en présence des marins
24:45qui l'accompagneront parfois
24:47pour montrer justement
24:49qu'il soutient lui aussi
24:50l'industrie aéronavale,
24:53qu'il est préoccupé
24:55par les questions
24:55de défense.
24:58Et puis,
24:59effectivement,
25:00pour tout un tas
25:02de classes sociales françaises,
25:04ça reste un exemple,
25:05ça reste une référence.
25:06C'est quelqu'un
25:07qui accompagne,
25:08c'est quelqu'un
25:08qui aide
25:09à passer les difficultés.
25:11C'est quelqu'un
25:12dont on sent bien
25:13que les souffrances
25:14peuvent être les mêmes
25:15que celles de la société française,
25:16peuvent-elles aussi
25:17être récupérées.
25:19Mais je crois qu'il est rare
25:20dans l'histoire musicale
25:21de trouver des gens
25:21qui sont autant
25:22en adéquation
25:23avec leur public.
25:25Cette adéquation
25:26avec le public,
25:27Xavier Van Lier,
25:28vous l'avez un peu souligné
25:29tout à l'heure
25:29quand vous évoquiez
25:30les Gilets jaunes,
25:31c'est qu'en fait,
25:32l'une des vertus cardinales
25:33de Johnny Hallyday,
25:35c'est d'avoir su susciter
25:36autour de lui
25:37une véritable communauté
25:39et une communauté
25:40qui a grandi
25:43avec son idole,
25:44qui a vécu
25:45avec son idole,
25:45qui a souffert
25:47quand l'idole
25:48était moins fameuse,
25:50qui s'est sentie
25:51revigorée
25:52chaque fois
25:52qu'il est revenu
25:53sur le devant
25:53de la scène.
25:54Cet esprit de communauté,
25:56c'est véritablement
25:56l'une des leçons,
25:58si j'ose dire,
25:58qu'on peut tirer
25:59de cette carrière
26:00et de ce personnage.
26:03Oui, absolument.
26:04Je pense qu'une partie
26:05du succès
26:06de Johnny Hallyday
26:06vient précisément
26:07de la façon
26:09dont une certaine
26:11une certaine caste
26:13médiatique
26:14un peu prétentieuse
26:15parisienne
26:16l'a brocardée
26:18et l'a moquée.
26:19Il faut se souvenir
26:20du personnage
26:21de Johnny Hallyday
26:21dans le temple
26:23de la gauche
26:25prétentieuse
26:26et bien pensante
26:27qui était
26:27Canal Plus
26:29et les guignols
26:29de l'info.
26:30Johnny Hallyday
26:30était présenté
26:31comme un abruti.
26:32Un abruti
26:33et instinctivement
26:35je pense que
26:35beaucoup de Français
26:36de la France
26:37dite périphérique
26:37ont senti
26:38qu'à travers Johnny
26:39c'était de leur propre gueule
26:40qu'on soutait.
26:41Il faut se rappeler
26:41que Johnny Hallyday
26:42avait chanté
26:43cette magnifique chanson
26:45« Quoi ma gueule ?
26:46Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? »
26:47avec sa voix rauque
26:47et abîmée.
26:49Je pense qu'instinctivement
26:50des millions de Français
26:51ont senti
26:53qu'il était leur porte-parole,
26:55qu'il exprimait
26:56leur souffrance
26:57à se voir ainsi traité
26:59et donc je pense
27:01qu'en ce sens
27:02Johnny Hallyday
27:03annonçait en réalité
27:04par avance
27:06les phénomènes
27:07qu'ont été
27:07les gilets jaunes
27:09ou l'analyse sociologique
27:12de la France des invisibles
27:13qui à travers
27:15de multiples manifestations
27:17qu'elles soient
27:18manifestations de rue
27:19ou un certain type de vote
27:21dit populiste
27:22manifeste cette envie
27:24de retrouver leur dignité
27:26collective,
27:27de compter à nouveau
27:28dans le jeu
27:28et qui n'a cessé
27:30en réalité
27:31depuis les années 80
27:31de dire nous sommes là,
27:33nous voulons être là,
27:34nous faisons partie
27:35de la nation
27:36et donc voilà
27:37Johnny Hallyday,
27:38chanteur populaire,
27:40icône populaire certainement
27:42mais aussi icône populiste
27:44en réalité
27:45et certains ne s'y sont pas trompés
27:47par exemple Christophe Gulli,
27:49vous savez le géographe
27:50qui lui a inventé
27:51justement le terme
27:52de France périphérique
27:53expliquait que
27:56que Johnny Hallyday
27:58en réalité
27:59représentait la France
28:00très peu politiquement correcte
28:02de ceux qu'on a appelé
28:03les sans-dents,
28:04que François Hollande
28:05appelait les sans-dents,
28:06qu'Hillary Clinton
28:07appelait les déplorables,
28:09en réalité
28:10Johnny Hallyday
28:13malgré son côté américain
28:15ou peut-être
28:16à cause de ce côté
28:17populaire américain
28:19représentait les gens
28:21de quelque part
28:22contre les gens
28:22qui sont de nulle part
28:24et donc dans une époque
28:25de mondialisation,
28:26de liquéfaction,
28:27et bien il était
28:28ce rock
28:30vers lequel
28:31certains pouvaient
28:32se tourner
28:33pour se dire
28:33bah oui
28:34il est nous
28:35et nous sommes
28:36un peu lui
28:37et la preuve
28:37il est méprisé
28:38comme nous le sommes.
28:40Et bien nous allons
28:41justement écouter
28:41Johnny Hallyday
28:42parler des gens.
28:43Quand on est comédien
28:44et quand on est chanteur
28:45c'est vrai
28:46qu'on a besoin
28:48de s'imprégner
28:48un petit peu
28:49des gens
28:50qui marchent dans la rue
28:51moi j'ai remarqué
28:52des choses extraordinaires
28:53c'est que personne
28:53ne marche de la même façon.
28:55Alors c'est vrai
28:55quand on veut composer
28:56un rôle
28:57que ce soit pour le cinéma
28:58ou même pour faire
28:59un sketch sur scène
29:00c'est bien d'observer
29:02un peu les gens
29:03moi je peux pas me mettre
29:03à une terrasse de café
29:04et où peut-on voir
29:05les gens mieux que
29:06dans la vie
29:08mieux qu'où ils sont
29:09c'est vrai
29:11le métro
29:11je ne l'ai pas pris
29:13depuis 1960
29:14et 1961.
29:16Je trouve ça très émouvant
29:17que Johnny Hallyday
29:18nous dise
29:18c'est extraordinaire
29:19personne ne marche
29:20de la même façon.
29:21Il y a vraiment
29:22une attention portée
29:23aux autres
29:23et à ce qui paraît
29:25le plus insignifiant
29:27et au contraire
29:27justement
29:28il est là
29:29pour s'en emparer.
29:31Oui
29:31alors ça c'est
29:32une facette
29:32de la personnalité
29:33de Johnny Hallyday
29:34qui est très attachante
29:34c'est cette humilité
29:35c'est-à-dire
29:36quand on est le monstre
29:37de la chanson française
29:38qu'on se produit
29:40devant des milliers
29:41de personnes
29:41qu'on est l'idole
29:42des jeunes
29:43et ensuite
29:44des plus vieux
29:45toute sa carrière
29:46durant
29:46on pourrait
29:48avoir une grosse tête
29:50extrême
29:50et ensuite
29:52ne plus avoir
29:54de limites.
29:55Alors si Johnny
29:55était un homme d'excès
29:56il n'en demeure pas moins
29:57que tous ceux
29:58qui l'ont approché
29:59de près
29:59ont toujours mis
30:01en avance
30:01son extrême empathie.
30:04Alors il y avait
30:05un mur
30:05bien évidemment
30:06entre le public
30:07les gens qu'il croisaient
30:08parce que comment ne pas
30:09faire autrement
30:10quand on est un homme
30:10public de la sorte
30:12mais en même temps
30:13et c'est ce que disait
30:15Xavier avant
30:16c'est qu'effectivement
30:17on tente de le faire passer
30:18pour un imbécile
30:19là où il est pudique
30:20là où en réalité
30:22il ne souhaite pas
30:23s'exprimer
30:23sur des sujets
30:24qu'il ne maîtrise pas
30:25nécessairement
30:26ou sur lequel il considère
30:27qu'il n'est pas apte
30:28à le faire
30:29donc il y a cette humilité
30:31chez Johnny Hélidet
30:32c'est un artiste
30:33il vient pour donner
30:34au public un spectacle
30:35et à la fin du spectacle
30:36c'est terminé
30:37qu'on ne vienne pas
30:37lui demander
30:38ce qu'il pense
30:39des questions sociétales
30:40ça n'est pas son registre
30:42son registre à lui
30:43c'est de divertir
30:44et il restera toujours
30:45sur cette ligne
30:46même quand il s'essaiera
30:47au cinéma
30:48il aura toujours
30:50la même ligne
30:50il essaiera de rester
30:51un artiste
30:52sans jamais prétendre
30:53donner des leçons
30:54à qui que ce soit
30:55et ça cette humilité là
30:56elle n'est pas si courante
30:57que ça dans le monde
30:58du show business
30:58on vit une époque
31:00où en permanence
31:01on a de nombreux artistes
31:03qui dictent
31:04aux populations
31:05ce qu'ils doivent penser
31:06ce qu'ils doivent considérer
31:07ce qu'ils doivent même voter
31:08et ça
31:09ce n'était pas le cas
31:09de Johnny Hélidet
31:10Johnny Hélidet
31:10avait des idées politiques
31:12il s'est engagé
31:13en faveur de Jacques Chirac
31:14en faveur de Nicolas Sarkozy
31:15bon
31:16il a participé
31:17à des spectacles
31:18pour eux
31:19notamment
31:19un meeting
31:21de Johnny Hélidet
31:21où il s'était produit
31:22ce qui lui avait été
31:25beaucoup reproché
31:26il était
31:27plutôt de droite
31:29je dirais
31:29de sensibilité
31:30je pense
31:30sans vouloir le catégoriser
31:31mais il n'a jamais cherché
31:34à prôner des opinions politiques
31:35à être clivant
31:36il disait
31:38ce n'est pas mon domaine
31:39moi mon domaine
31:40c'est la chanson
31:40et ça
31:41cette humilité profonde
31:43c'était une vertu rare
31:44dans le monde du show business
31:45vous citiez tout à l'heure
31:46le film Jean-Philippe
31:48un film de 2005 ou 2006
31:49si je ne m'abuse
31:50où Johnny Hélidet
31:53a un fan absolu
31:55qui est juste un cran au-dessus de vous
31:57Laurent Martin Saint-Léon
31:58c'est Fabrice Lucchini
31:59et Fabrice Lucchini
32:01se réveille un matin de cauchemar
32:02dans ce nouveau monde parallèle
32:05où il existe
32:06Johnny Hélidet a disparu
32:07et Fabrice Lucchini
32:11se retrouve fan
32:12de sous-boc
32:14de bière
32:14et pendant tout le film
32:17il cherche à trouver
32:18Jean-Philippe Smet
32:19et à convaincre
32:21Jean-Philippe Smet
32:21qui est un garçon normal
32:23qui gratte un peu la guitare
32:25une fois que son travail est fini
32:27et il cherche à réinventer
32:29Johnny Hélidet
32:29Oui, cette histoire
32:31n'est pas totalement une fable
32:33puisqu'en fait
32:35dans le film Jean-Philippe
32:36effectivement
32:36Fabrice Lucchini
32:37va chercher un Jean-Philippe Smet
32:38qui n'est pas une idole
32:39qui n'est pas connu
32:40pour en faire une idole
32:41et provoquer un nouveau passage
32:43dans le temps
32:44en fait
32:44à la mode des visiteurs
32:45en quelque sorte
32:46et le chanteur de rock
32:48qui en fait exerce
32:50l'alve d'étari à l'époque
32:51s'appelle Billy Evans
32:52ou James Evans
32:53je ne sais plus exactement
32:54mais en fait
32:55ça correspond à une anecdote
32:57réelle de la vie de Johnny
32:58c'est que
32:59la première fois
33:00que Johnny s'est produit
33:01c'était parce qu'il y avait
33:04un danseur je crois
33:05qui s'était cassé la jambe
33:07et il a fait sa première émission
33:09de télé grâce à ça
33:10c'est-à-dire qu'il est passé
33:10à la télévision
33:11en remplacement de quelqu'un
33:13donc il y a un petit clin d'œil
33:14un petit peu
33:14à ce début de carrière
33:18le film Jean-Philippe
33:19est très très bien fait
33:20et puis c'est un plaisir
33:21de le regarder
33:22mais la carrière de Johnny
33:23justement n'a pas toujours été
33:25un chemin de rose
33:26si on prend par exemple
33:27le concert qu'il a donné
33:28à l'escale à Mygène
33:30l'escale à Mygène
33:31à l'époque c'était un cabaret
33:32qui était un petit peu
33:34l'antichambre de l'Olympia
33:35et il y a eu un soir
33:37où ça s'est bien passé
33:38pour Johnny
33:38parce qu'il y avait une clientèle
33:39un peu plus jeune
33:39et le lendemain
33:40dans ce cabaret
33:41ça a été un cauchemar pour lui
33:42il se roulait par terre
33:43devant un public
33:44totalement impassible
33:45qui a fini par le huer
33:46et quand le concert
33:47s'est terminé
33:47il voulait arrêter
33:48il voulait raccrocher
33:49donc effectivement
33:51on voit bien que
33:52pour devenir une rockstar
33:53comme il l'a été
33:54ça n'a pas toujours été simple
33:56et le film Jean-Philippe
33:57de ce côté là
33:57est un vrai régal
33:58alors voilà
33:59pour devenir une rockstar
34:00ce n'est pas simple
34:01pour devenir une radio libre
34:02et rester dans le temps
34:04pendant 38 ans
34:05une radio qui dure
34:06et bien ce n'est pas simple non plus
34:08Arnaud comment faire
34:08pour que Radio Courtoisie
34:10ait la carrière de Johnny Hallyday ?
34:11et bien
34:11c'est ce qu'on lui souhaite en tout cas
34:13elle a déjà 40 ans de carrière
34:15mine de rien
34:15Radio Courtoisie
34:16nous avons donc vraiment besoin
34:18de votre soutien financier
34:20de vos dons
34:21vous pouvez nous en faire
34:23en ligne si vous le souhaitez
34:24en vous rendant sur
34:25soutenir.rc.fr
34:28et en adressant vos chèques
34:29à Radio Courtoisie
34:30Radio Courtoisie
34:31au 61
34:31boulevard Murat
34:3275 016 Paris
34:34et puis je vous rappelle
34:35que c'est en ce moment même
34:35le marathon du don
34:37chacun de vos dons
34:38sera doublé
34:39par un généreux donateur
34:40donc allez-y
34:42on vous attend
34:42merci Arnaud
34:44et merci à tous les auditeurs
34:45nous avons le plaisir
34:47aujourd'hui de recevoir
34:48Xavier Van Lierde
34:48et Laurent Martin Saint-Léon
34:50pour parler de Johnny Hallyday
34:51et voilà
34:53ça fait 8 ans
34:54qu'il est mort
34:54et il nous manque
34:55il nous manque aussi
34:56pour une raison précise
34:57c'est qu'il avait une idée
34:58assez intelligente
34:59de ce qui nous manque
35:00et donc c'est la liberté
35:04ils nous ont tous
35:05un petit peu la liberté
35:07quelque part
35:07la liberté
35:08donc on manque tous
35:09un petit peu aujourd'hui
35:10voilà
35:10on manque tous
35:11un peu de liberté
35:12aujourd'hui
35:12c'est effectivement
35:13nous vivons sous Emmanuel Macron
35:16et Johnny Hallyday
35:17est mort au début
35:19de son premier quinquennat
35:20c'était une très bonne idée
35:21nous on continue
35:22à vivre avec
35:22il est mort
35:24il va y avoir une messe
35:26bientôt à Épernay
35:27donc c'est l'occasion
35:28de rappeler que
35:28Johnny Hallyday
35:29est Dieu
35:30c'est une relation
35:31un peu spéciale
35:32mais parlez-nous d'abord
35:33de cette messe
35:34alors il y a une messe
35:34demain qui est organisée
35:35par un fan club
35:36de Johnny Hallyday
35:36qui est présidée
35:37par Jacqui Blavier
35:39qui est un homme
35:39très investi
35:40dans la défense
35:41de la mémoire
35:42de Johnny Hallyday
35:42et cette messe
35:43aura lieu à l'église
35:44Saint-Pierre-Saint-Paul
35:45d'Épernay
35:45effectivement
35:46avec une chorale
35:48de 40 personnes
35:49avec des airs
35:51qui seront joués
35:51de Johnny
35:52puisqu'il y a
35:53beaucoup de chansons
35:54de Johnny
35:55qui font référence
35:56à la religion
35:56et puis
35:58il y aura une bénédiction
35:59des motos
35:59par le père Grégoire
36:01à l'issue de la messe
36:02donc effectivement
36:03ce sera un événement
36:04je pense qu'il y aura
36:06certainement aussi
36:06une messe commémorative
36:07à l'église
36:07de la Madeleine
36:08puisque c'est là
36:09qu'ont eu lieu
36:10ces obsèques
36:11des obsèques
36:12qui ont regroupé
36:13presque un million
36:14de français
36:14comme l'a dit notre ami
36:15dans la période
36:16des Gilets jaunes
36:17qui avaient accompagné
36:19Johnny Hallyday
36:20jusqu'à l'église
36:21de la Madeleine
36:21donc un moment privilégié
36:23un moment important
36:24en effet
36:24alors puis
36:26on a parlé
36:26de bénédiction de motos
36:27je me suis rendu compte
36:28qu'il y avait des bénédictions
36:29de motos
36:29dans toute la France
36:30régulièrement
36:31y compris à la chapelle
36:32de Montlijon
36:32donc dans ce vaste
36:34sanctuaire réservé
36:36aux âmes du purgatoire
36:37avec une très jolie prière
36:38accorde-moi Seigneur
36:39une main ferme
36:40et un regard vigilant
36:41que personne ne soit blessé
36:42quand je passe
36:43tu as donné la vie
36:44je prie pour qu'aucun
36:45de mes actes
36:45ne puisse enlever
36:46ou endommager
36:47ce don de toi
36:48abrite au Seigneur
36:49ceux qui m'accompagnent
36:50des mots du feu
36:51et de toutes les calamités
36:52apprends-moi à utiliser
36:53ma moto
36:54pour le besoin des autres
36:55et à ne pas manquer
36:56par amour de vitesse excessive
36:57la beauté du monde
36:58et qu'ainsi je puisse
36:59continuer ma route
37:00avec joie et courtoisie
37:01Saint Christophe
37:02Saint patron des voyageurs
37:03protège-moi
37:04et conduis-moi
37:05en toute sécurité
37:05vers ma destination
37:06Johnny Hallyday
37:09croyez en Dieu ?
37:11Ah alors
37:12il a donné
37:12un interview
37:13à la vie
37:14qui est assez intéressant
37:16dans lequel en fait
37:16il explique
37:17qu'il croit en Dieu
37:19mais qu'il ne croit pas
37:20en l'au-delà
37:20qu'il a été élevé
37:22dans la religion chrétienne
37:23que donc
37:23il a des préceptes
37:25et des principes
37:25de la religion chrétienne
37:28ce qui est certain
37:29c'est que
37:29pendant de longues années
37:30il a arboré
37:31un crucifix
37:32autour du cou
37:32qui d'ailleurs
37:33a déclenché
37:34certaines polémiques
37:35à certains moments
37:36ce n'était pas du tout
37:38pour lui
37:39un colifiché
37:39il y tenait
37:40donc voilà
37:42je ne peux pas me mettre
37:43dans la propre intimité
37:45de Johnny Hallyday
37:45comme disait Saint Augustin
37:46mais simplement
37:47je pense qu'effectivement
37:49c'était un homme
37:50qui avait une perception
37:51de Dieu
37:51et que sa perception
37:53était chrétienne
37:54puisque comme il l'avait dit
37:55il avait été élevé
37:55dans la religion chrétienne
37:56ce qui est certain
37:57c'est que son répertoire
37:57en revanche
37:58comporte beaucoup
37:59de titres
38:00en lien avec la religion
38:02il y a la terre promise
38:03il y a avec une poignée de terre
38:05il y a si j'étais
38:06un charpentier
38:07et puis à la fin
38:08le sublimissime Marie
38:10dans lequel
38:11il chante une prière à Marie
38:14qui est absolument
38:15remarquable
38:16et qui est en fait
38:19effectivement
38:19la possibilité
38:21de montrer
38:21que Johnny
38:23avait une relation
38:24particulière
38:25avec la religion
38:26Xavier Van Dierde
38:28ce rapport particulier
38:29à la religion
38:30c'est aussi un rapport
38:31particulier à la politique
38:32que Laurent Martin
38:33Saléon
38:34a souligné
38:35tout à l'heure
38:36on va écouter
38:37ce que
38:39Johnny Hallyday
38:40pensait de
38:41Jean-Marie Le Pen
38:42je ne partage pas
38:43je ne partage pas
38:45les avis
38:46de
38:47monsieur Le Pen
38:48en tout cas
38:49pas toujours
38:50mais
38:51bon
38:51il y a quand même
38:5215%
38:52de
38:53français
38:55qui votent pour lui
38:5615%
38:59de français
38:59qui votent pour lui
39:00est-ce que ça vient
39:01d'un désespoir
39:03ils ne savent plus
39:04vers qui
39:05aller
39:06dans quel clan
39:08ils sont
39:09il y a aussi ça
39:09monsieur Le Pen
39:10aujourd'hui
39:11il faut bien se dire
39:11une chose
39:12c'est qu'il ne serait pas là
39:13si on ne l'avait pas mis là
39:13il y a des gens
39:15qui votent pour lui
39:15et il faut respecter
39:17les gens qui votent pour lui
39:18ce sont des français
39:19ce sont des cités français
39:20ils ont le droit
39:21d'avoir leur opinion
39:21et c'était à l'époque
39:23où c'était 15
39:24maintenant on est passé à 40
39:25et là aussi
39:27on sent
39:27que Johnny Hallyday
39:28ne veut pas
39:30prétendre
39:30que l'artiste
39:31consacré par Jack Lang
39:33comme une espèce
39:34de nouveau magistère
39:35de la pensée
39:35est capable
39:36de penser mieux
39:38que le peuple
39:38ah oui absolument
39:41en fait
39:41Johnny Hallyday
39:43n'a jamais prétendu
39:45dicter au peuple
39:46ce qu'il devait penser
39:47car
39:47son ambition
39:49ou plutôt
39:49sa nature propre
39:50était d'en faire partie
39:51tout simplement
39:52donc lorsqu'on
39:54je pense qu'il était lui-même
39:55heurté
39:56comme il vient de l'exprimer
39:57de la façon
39:58dont
39:58un certain nombre
40:00de pseudo-élites
40:01prétendaient
40:02penser
40:03ou dicter
40:04à la place
40:04penser à la place
40:06du peuple
40:06ou lui dicter
40:07ce qu'il devait faire
40:09ou penser
40:10enfin voilà
40:10ça c'est certain
40:12mais je voudrais revenir
40:12sur le caractère
40:14chrétien
40:16ou catholique
40:17ou croyant
40:18de Johnny Hallyday
40:19pour souligner
40:20qu'au-delà
40:23de ce qu'il pouvait
40:23penser
40:24il incarnait
40:25je pense
40:25une figure
40:26à bien des égards
40:27un peu christique
40:28et sacrificielle
40:29et que ça a joué
40:30dans son succès
40:31notamment
40:32à la fin de sa carrière
40:33on a beaucoup parlé
40:34de sa capacité
40:35d'incarnation
40:36du fait qu'il était
40:36un corps
40:37il se trouve
40:37qu'à la fin
40:38de sa carrière
40:38c'est quand même
40:39un corps
40:39cabossé
40:41un peu
40:41martyrisé
40:43à la fois
40:45par le don
40:47qu'il faisait
40:48de lui-même
40:49dans ses concerts
40:50mais aussi
40:51par les épreuves
40:52de la vie
40:53et même
40:53la maladie
40:54et qu'il n'a jamais
40:55caché sa maladie
40:55et qu'il venait
40:56non pas l'exposer
40:57d'une façon obscène
40:58mais ne la cachait pas
41:01non plus
41:02essayer de la surmonter
41:03et donc
41:04il y va un côté
41:05oui réellement
41:06sacrificiel
41:08alors moi
41:09il faut se méfier
41:10peut-être
41:10des analogies
41:11religieuses
41:12quand on parle
41:13de phénomènes sociologiques
41:15toutefois
41:15celui-ci semble s'imposer
41:17je pense que
41:18dans un pays
41:18qui est non chrétien
41:20et non catholique
41:21cette relation
41:22n'aurait pas pris
41:24la même forme
41:24et n'aurait pas été possible
41:25c'est-à-dire que
41:26dans la religion catholique
41:28on aime quand même
41:29un dieu
41:30d'une part
41:31incarné
41:31le catholicisme
41:32c'est la religion
41:33de l'incarnation
41:34et de jeune
41:34halidé
41:35était incarné
41:36et par ailleurs
41:37on aime un dieu
41:38qui a été martyrisé
41:39un dieu souffrant
41:40et donc
41:41il y a quand même
41:43quelque chose
41:43qui à mon avis
41:44joue là-dedans
41:45puis aussi
41:45catholicisme
41:46c'est une religion
41:47qui n'est pas totalement
41:48rompue avec le paganisme
41:49qui vénère
41:50qui vénère les saints
41:50les reliques
41:51les images saintes
41:53et donc on peut en tirer
41:54peut-être
41:54la conclusion
41:57peut-être pas la conclusion
41:58mais enfin
41:58y percevoir
42:00qu'il y avait
42:01à travers le Fémini
42:02de Jeune et Halidé
42:02aussi
42:03dans un monde
42:04qui devient de plus en plus plat
42:05de plus en plus gris
42:06à travers la folie baroque
42:08de ces concerts
42:09quelque chose
42:10comme un goût
42:12pour la pompe
42:13et les fastes barbares
42:15et aussi pour une liturgie
42:16plus baroque
42:18avec de l'encens
42:20de la pompe
42:21des orgues
42:22des choses
42:23qui gueulent
42:24enfin moi
42:25j'aurais été
42:26curé
42:27ou évêque
42:28à cette époque-là
42:29je me serais dit
42:29tiens
42:29il y a peut-être quelque chose
42:30dont je devrais m'inspirer
42:31je devrais peut-être arrêter
42:33de mettre les encensoirs
42:35remiser les encensoirs
42:37arrêter de faire gueuler l'orgue
42:41il faudrait remettre un petit peu
42:43de pompe
42:44dans mes cérémonies
42:46je pense qu'il venait combler
42:47aussi ce vide-là
42:48en réalité
42:48voilà
42:49à sa façon
42:50je ne dis pas que
42:50Johnny Hallyday
42:51c'était le Christ
42:51bien entendu
42:52mais un besoin
42:53de sacré
42:54de pompe
42:55et de liturgie
42:56voilà
42:56et Laurent Marcin
42:57c'est comme ça
42:58que vous vivez
42:59votre relation
42:59avec Johnny Hallyday
43:00ah oui bien sûr
43:01encore une fois
43:02c'est une voix
43:03d'abord Johnny
43:04donc effectivement
43:04on le vit comme une
43:06quand on l'écoute
43:07on est transpercé
43:08par sa voix
43:09je l'écoutais encore
43:10en arrivant à la radio
43:11ce matin
43:12et c'est vrai
43:13que cette voix
43:14fait frémir
43:15et puis
43:15moi ce qui m'intéresse aussi
43:17chez Johnny Hallyday
43:17c'est ce rapport au tragique
43:19c'est-à-dire que
43:20ses chansons
43:21sont celles
43:22d'un tragique absolu
43:24pour certaines d'entre elles
43:25quand on prend
43:26un requiem pour un fou
43:27quand on prend
43:27quelques cris
43:29c'est un homme
43:31qui sait que
43:31le destin est tragique
43:33que l'histoire est tragique
43:34et ça
43:35c'est aussi quelque chose
43:36qui peut-être
43:37interpellait
43:38les Français
43:39qui avaient envie
43:41de le soutenir
43:42mais qui en même temps
43:42leur rappelait quand même
43:43qu'il y a une naissance
43:45qu'il y a une mort
43:46et que
43:46le tragique
43:48fait aussi parfois
43:48partie de la vie
43:49et donc
43:50dans
43:51Requiem pour un fou
43:52cet homme
43:53qui est abattu
43:54parce qu'il a lui-même
43:55tué sa fiancée
43:56qu'il aimait trop
43:57qu'il aimait trop d'amour
43:58ou dans quelques cris
44:00cet homme qui est seul
44:01après avoir connu
44:02le succès absolu
44:03cette dimension
44:06tragique
44:06m'a toujours
44:07beaucoup intéressé
44:08interpellé
44:08et fait tressaillir
44:10à travers sa voix
44:11parce qu'on y ressent
44:12une forme de détresse
44:13absolue
44:13il y a de la joie
44:15dans les chansons
44:15de Johnny Hallyday
44:16dans toutes celles
44:17qui sont rock
44:17d'abord
44:18ma jolie Sarah
44:19par exemple
44:19toutes celles
44:20qui sont aspirées
44:20du Godspell
44:21on sent la joie
44:22du Godspell
44:23qui remonte
44:23à travers la voix
44:24de Johnny
44:25cette voix blanche
44:26qui accompagne
44:26des rythmes noirs
44:27c'est une fusion
44:28exceptionnelle
44:29comme celle
44:29de Presley
44:30mais à la française
44:31encore une fois
44:32et avec une voix différente
44:33de celle de Presley
44:34et puis il y a du tragique
44:36et ça nous rappelle
44:36que le tragique
44:37ça fait partie de la vie
44:38Xavier Van Lier
44:40on se retrouve
44:41en 2025
44:428 ans après
44:43la mort de Johnny
44:44c'est vrai
44:44ça a été une émotion
44:45nationale
44:46vous avez souligné
44:48tout à l'heure
44:48la part
44:49la part
44:51des invisibles
44:52en fait
44:52qui ont
44:53trouvé
44:55en Johnny
44:55en cette
44:57en cette personne
44:58qui les avait accompagnés
44:59toute leur vie
45:00y compris
45:01au fur et à mesure
45:02de la désindustrie
45:03réalisation
45:03au fur et à mesure
45:04que l'américanisation
45:05des mœurs
45:06s'était révélé
45:06être un rêve
45:08un peu vide
45:09un peu creux
45:10et même un rêve
45:10désespérant
45:11le fait que Johnny
45:13passe la barrière
45:14passe le Styx
45:15c'était pour eux
45:16aussi une manière
45:17d'affirmer
45:18qu'ils étaient toujours là
45:19et dans le culte
45:20rendu à Johnny
45:21à travers les messes
45:23qui ont été faites
45:24les manifestations
45:25il y avait
45:26l'affirmation
45:27que ce peuple
45:27lui ne voulait pas mourir
45:29et qu'il y avait
45:29au contraire
45:30l'idée
45:31qu'il fallait
45:32toujours compter
45:33avec les fans
45:34de Johnny
45:34parce que les fans
45:35de Johnny
45:36sont ce peuple
45:36que la France
45:38de Macron
45:38en fait ne veut plus voir
45:39ce peuple
45:40qui roule des ailes
45:41et fume des gitanes
45:42comme en parlait
45:43avec beaucoup de mépris
45:44quelqu'un qui a déjà
45:45disparu des radars politiques
45:46Totalement
45:48Je disais tout à l'heure
45:51qu'il était à la fois
45:52une icône populaire
45:53et une icône populiste
45:54je persiste à le croire
45:56et je pense qu'il l'est même
45:58plus que jamais
46:00après sa mort
46:04c'est à dire que
46:05le Johnny incarné
46:06a disparu
46:06en fait c'est un peu
46:07comme les deux corps du roi
46:08si vous voulez
46:08le corps matériel
46:11a disparu
46:12mais le corps spirituel
46:15est toujours là
46:16et d'autant plus présent
46:17donc
46:18on est quand même
46:20dans un moment
46:21où par ailleurs
46:21à bien des égards
46:24et dans de nombreux pays
46:26en Occident
46:27on pense notamment
46:28aux Etats-Unis
46:29ce peuple a
46:30en grande partie
46:31repris la main
46:32en réalité
46:33enfin
46:34aux Etats-Unis
46:36le succès de Trump
46:37est notamment matérialisé
46:39par la mobilisation
46:41en sa faveur
46:42des ouvriers
46:45des anciennes industries
46:47américaines
46:49qui avaient disparu
46:49et qui placent
46:52dans Trump
46:53l'espoir
46:53d'une réindustrialisation
46:54il y a aussi la figure
46:55du vice-président
46:56G.D. Vance
46:57qui est lui-même
46:59issu
46:59des classes populaires
47:01méprisées
47:02ceux qu'on appelait
47:03les Hillbillies
47:05aux Etats-Unis
47:06c'est à dire
47:06on dirait
47:07les Peckno en France
47:08et dont la trajectoire
47:10fulgurante
47:11jusqu'à la vice-présidence
47:12incarne
47:13cette reprise
47:14de contrôle
47:15des classes populaires
47:16sur le destin
47:17politique
47:18de la nation
47:19je pense qu'à certains égards
47:21je ne voudrais pas dire
47:22que
47:22John Alidé
47:23incarnait
47:26un populisme
47:27lepéniste
47:27ou autre
47:28mais
47:28il y a des analogies
47:30en quelque sorte
47:30il y a des analogies
47:31à l'évidence
47:32lorsque
47:32la France périphérique
47:35vote
47:36de façon
47:36massive
47:37pour le Rassemblement National
47:38et entretient
47:40un rapport
47:41très émotionnel
47:44avec Marine Le Pen
47:44et d'une certaine façon
47:46encore plus
47:46avec Jordan Bardella
47:47il y a des analogies
47:49quand on entend
47:51tous les sachants
47:53qui ont mis la France
47:53dans l'état où elle est
47:54nous expliquer
47:55que Bardella n'est pas légitime
47:56parce qu'il n'a pas de diplôme
47:57parce que c'est un abruti
47:59parce qu'il est trop jeune
48:00etc
48:00on retrouve quand même
48:03un petit peu
48:03une part
48:04de l'attitude
48:05qui était celle
48:06de ces mêmes élites
48:06à l'égard de Johnny Hallyday
48:07voilà
48:08ce sont des analogies
48:11simplement des analogies
48:12mais qui sont ressenties
48:13profondément
48:13je pense
48:14merci Xavier Vendille
48:15merci Laurent Martin Saint-Léon
48:17on n'a pas pu passer
48:18d'extrait
48:18de Johnny Hallyday
48:20parce que
48:20Youtube
48:21a des politiques
48:22extrêmement strictes
48:23sur la question
48:24mais avec un peu de chance
48:25Arnaud va nous pousser
48:26la chansonnette
48:26vous m'avez forcé
48:28non non
48:28c'est pas vrai du tout
48:29je le fais volontiers
48:30une chanson de 1978
48:32qui n'est pas la plus connue
48:34mais qui a quand même
48:35une certaine renommée
48:35c'est Elle m'oublie
48:37à l'heure qu'il est
48:39je sais
48:39qu'il est déjà
48:41trop tard
48:41elle aura sûrement
48:43pris
48:43le premier autocar
48:45et sur la nationale
48:47sur les bords
48:48de la Loire
48:49elle voit des paysages
48:51se raconte
48:52des histoires
48:53elle m'oublie
48:55elle m'oublie
48:57elle m'oublie
48:58voilà
48:59merci beaucoup
49:01Arnaud
49:01merci Xavier Van Lirne
49:02et merci Laurent Martin
49:04Saint-Léon
49:04nous avons évoqué
49:05Johnny Hallyday
49:06c'était sur Radio Courtoisie
49:07merci à tous
49:08merci à tous
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