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Diffusé le 5 mars 2018 sur France 2 dans l’émission Stupéfiant !, ce documentaire revient sur la carrière exceptionnelle de Johnny Hallyday. Un portrait sensible et puissant de l’artiste, retraçant ses débuts, son ascension fulgurante et l’empreinte qu’il a laissée dans la musique française.
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MusiqueTranscription
00:00:00Musique
00:00:29Vous cassez pas le cul, j'ai envie d'être seul.
00:00:35C'est un Johnny transformé par le regard des cinéastes.
00:00:40Il fait pas ça avec ses gosses, je ne le crois pas.
00:00:43Il a la capacité du danseur, c'est une bête de scène.
00:00:51Finalement Johnny Hallyday n'est pas si con que ça.
00:00:55Ses têtes sont super heureux, ça l'est toujours d'ailleurs.
00:00:59Musique
00:01:00Bonsoir, bonsoir à tous et bienvenue dans Stupéfiant.
00:01:04Depuis quelques jours, les fans de Johnny Hallyday peuvent découvrir
00:01:07Mon pays c'est l'amour, le 51ème et dernier album de la star disparue il y a presque un an.
00:01:13Vous avez tout vu, tout lu, tout entendu sur le Johnny People.
00:01:17Mais ce soir on voulait évoquer le Johnny artistique, le Johnny patrimonial,
00:01:21le Johnny produit culturel numéro 1 en France depuis 60 ans.
00:01:26Sommaire !
00:01:27Johnny et les intellos, on va vous raconter comment il a d'abord été maîtrisé avant de fasciner Godard, Sagan ou Duras.
00:01:34Johnny et son art, celui de la performance, il a peu composé mais il était un interprète hors normes.
00:01:42Johnny et son héritage, on s'est penché sur les autres grandes batailles de succession d'artistes
00:01:46et vous comprendrez ce que pourrait devenir l'héritage artistique du rockeur.
00:01:51L'album posthume de Johnny qui vient de sortir et d'ailleurs les 50 albums qui l'ont précédé
00:01:56sont tous au cœur de la querelle qui déchire sa famille.
00:02:00Et pour comprendre ce que pourrait devenir l'héritage artistique de Johnny Hallyday,
00:02:04on s'est penché sur les autres grandes batailles de succession d'artistes.
00:02:07Voici l'enquête d'Élise Le Bivic.
00:02:09Ils ont tous en eux quelque chose de Johnny Hallyday.
00:02:21Le 9 décembre dernier, à l'occasion des funérailles et de l'hommage national rendu à l'idole,
00:02:27la famille recomposée la plus célèbre et médiatique de France apparaît unie dans le deuil et la douleur.
00:02:35Enfin presque.
00:02:36Tandis que David Hallyday et Laura Smith, les enfants aînés de Johnny,
00:02:41attendent sur le parvis de l'église de la Madeleine,
00:02:45Laetitia Hallyday, sa dernière épouse, accompagne seule la dépouille du chanteur,
00:02:50entourée de ses deux filles.
00:02:53Première fausse note, malgré les embrassades.
00:03:01Deux mois plus tard, dans une lettre adressée à son père et rendu public,
00:03:05Laura Smith fait savoir que la guerre est déclarée.
00:03:10J'ai appris il y a quelques jours que tu aurais rédigé un testament nous déshéritant totalement, David et moi.
00:03:16J'ai choisi de me battre.
00:03:18J'aurais préféré que tout cela reste en famille.
00:03:20Malheureusement, dans notre famille, c'est comme ça.
00:03:22Son père ne lui aurait rien laissé.
00:03:38Pas même la pochette signée de la chanson qui lui est dédiée.
00:03:41Autre oublié de l'héritage, David Hallyday, qui lui a écrit et composé son plus grand succès en 1999,
00:03:54avec l'album 100%, écoulé à 1 600 000 exemplaires.
00:03:58Des chansons sur lesquelles les enfants revendiquent aujourd'hui un droit de regard.
00:04:10Mais par testament, Johnny Hallyday a choisi de léguer l'ensemble de son patrimoine
00:04:15et de ses droits artistiques à son épouse Laetitia.
00:04:19La bataille judiciaire est lancée.
00:04:36Comment assurer la pérennité de l'oeuvre de Johnny Hallyday si ses enfants et sa veuve se font la guerre ?
00:04:43Qu'adviendra-t-il des droits à l'image et d'interprétation ?
00:04:46Des 80 albums ? Des 1000 chansons ?
00:04:49Pour répondre à ces questions, nous nous sommes intéressés à trois histoires,
00:05:01trois exemples d'héritage artistique conflictuel qui résonnent avec la succession du rockeur.
00:05:14Dans son testament, Johnny Hallyday se réclame de la loi californienne.
00:05:19Depuis cinq ans, il résidait une partie de l'année à Los Angeles.
00:05:25Si le droit californien autorise un parent à déshériter ses enfants,
00:05:30reste à savoir si ce droit peut s'appliquer à la succession du chanteur français.
00:05:34Un arrêt récent de la cour de cassation de Paris pourrait bien faire jurisprudence.
00:05:41Il concerne l'héritage du compositeur de musique de film, Maurice Jarre, décédé en 2009.
00:05:47Il a signé les bandes originales de Laurence d'Arabie,
00:05:52Docteur Givago ou encore Le Cercle des Poètes Disparus.
00:05:58Il est le musicien français le plus récompensé à l'étranger, avec notamment trois Oscars.
00:06:03Bonjour, maître.
00:06:07Enchanté.
00:06:08Je vous en prie.
00:06:09J'ai besoin de vos lumières.
00:06:11Maître Pivnica a défendu la veuve de Maurice Jarre dans le combat qui l'opposait aux enfants de l'artiste.
00:06:17Jean-Michel Jarre et sa soeur Stéphanie, nées de précédentes unions.
00:06:21Maître, pouvez-vous nous faire un résumé du dossier Jarre contre Jarre ?
00:06:29Le dossier est un dossier très simple à résumer.
00:06:33Maurice Jarre, au moment où il est mort, l'ensemble de ses droits sont allés à sa veuve.
00:06:38Elle se retrouve avec les pleins pouvoirs sur l'oeuvre.
00:06:41Absolument. C'est elle qui décide maintenant.
00:06:43Ce qu'ont contesté les enfants.
00:06:45Oui.
00:06:45Pour quelles raisons ?
00:06:46Parce qu'il considérait qu'en France, les enfants ont un droit sur la succession de leur père ou de leur mère,
00:06:56qui est la réserve héréditaire.
00:06:58Le droit français empêche en effet un parent de déshériter totalement ses enfants.
00:07:03Jean-Michel Jarre et sa soeur réclamaient donc leur part.
00:07:06Après neuf ans de procédure, la justice a tranché en faveur de la veuve américaine.
00:07:11Maurice Jarre vivait en Californie depuis plus de 50 ans.
00:07:17Il n'y avait aucun débat et aucune discussion sur le fait qu'il était effectivement résident californien.
00:07:24Il n'y avait pas davantage de discussion étant résident californien et étant il est mort en Californie
00:07:29sur le fait que c'était la loi de l'État de Californie qui s'applique.
00:07:34Johnny Hallyday, lui, est mort en France.
00:07:36Si la justice considère que le droit français s'applique, l'héritage sera ainsi redistribué.
00:07:4225% pour Laetitia Hallyday.
00:07:45Les 4 enfants du chanteur se partageront les 75% restants à parts égales.
00:07:53Outre les dizaines de millions d'euros de patrimoine et de royalties,
00:07:58se pose aussi la question du droit moral.
00:08:00Faire respecter l'œuvre et le nom de l'artiste après sa mort.
00:08:03Quand il y a filiation, quand on porte le même nom qu'un artiste,
00:08:09est-ce que finalement ça ne donne pas un droit de regard, d'office sur l'œuvre ?
00:08:15Non.
00:08:16Vous raisonnez en termes de moralité, c'est très bien, mais le droit est une autre chose.
00:08:22Ce n'est pas parce qu'on est le fils ou la fille d'une personne qu'on est apte à en parler.
00:08:27Ça ne veut pas dire qu'on est compétent pour le faire.
00:08:29Qui mieux que la personne qui vit au quotidien avec l'artiste, avec l'auteur,
00:08:35pour savoir comment préserver l'œuvre de cet auteur ?
00:08:40À écouter l'avocat, la bataille pour gérer la propriété intellectuelle de l'œuvre de Johnny
00:08:45serait perdue d'avance pour David Hallyday et Laura Smet.
00:08:50Un refrain qu'une autre fille d'artiste a longtemps entendue sans jamais l'accepter.
00:08:55Bonjour.
00:08:58Bonjour Marion.
00:09:00Merci de nous accueillir.
00:09:01Oh, bah dis donc, vous êtes bien entourée ?
00:09:03Oui, pas mal.
00:09:04Donc voilà Alto, voilà Boréal.
00:09:09Marion Moreau est la fille aînée du peintre sculpteur Armand, décédée en 2005.
00:09:16Pionnier du nouveau réalisme, il était passé maître dans l'art de l'accumulation et du détournement d'objets.
00:09:21Elle est belle cette photo ?
00:09:24Oui, et c'est bien lui.
00:09:25C'est bien sa façon d'être et de regarder les choses et les gens.
00:09:29Il avait inventé la récup avant l'heure ?
00:09:31Il avait inventé la récup avant l'heure, mais surtout l'organisation de la récup pour redonner une autre identité et une autre histoire à l'objet.
00:09:38Celle-ci, bon, je l'aime beaucoup parce que je...
00:09:41Il l'a faite, paraît-il, en pensant à moi.
00:09:43D'où sa surprise, quant au décès de son père, Marion Moreau découvre qu'il alléguait l'intégralité de ses droits artistiques à sa dernière épouse, Corice.
00:09:56Dans ces histoires, on a l'impression de ne parler que d'argent, mais c'est pas la vraie question.
00:10:00C'est les autres qui ne parlent que d'argent.
00:10:02Notre père nous avait donné des œuvres aux uns et aux autres, on en a suffisamment pour mettre sur les murs.
00:10:08Donc la question, ce n'est pas ça, c'est qu'en est-il du patrimoine d'œuvre, qu'elle doit être son devenir.
00:10:16Droit d'auteur, reproduction, exposition ou autres produits dérivés, Marion Moreau s'est battue pour prendre part à la gestion de l'héritage artistique de son père.
00:10:29C'était les dernières volontés de votre père que cette femme s'en occupe.
00:10:33Pourquoi être allée à l'encontre de ces dernières volontés ?
00:10:36Parce que ce n'était pas les volontés dont nous étions dépositaires.
00:10:41Donc c'était très compliqué.
00:10:43Et puis nous avons parlé avec lui jusqu'au bout et il ne nous a pas dit qu'il avait changé d'avis.
00:10:48C'est-à-dire que ça ne pouvait pas venir de votre père, d'Armand ?
00:10:50Ah oui, oui, pour moi, ça ne pouvait pas.
00:10:53Y a-t-il eu captation d'héritage par la veuve d'Armand ?
00:10:57C'est ce que sa fille a longtemps soutenu devant les tribunaux, le sculpteur ayant rédigé son testament six mois avant sa mort, alors qu'il était déjà très malade.
00:11:06Armand disait, me semble-t-il, corrigez-moi si je me trompe, dans le domaine culturel, il faut rétablir la vieille coutume brahmanique de la satie qui consiste à brûler la veuve sur le bûcher du mari.
00:11:19Dès que le mari commence à décliner, elle prend de l'importance.
00:11:23Le côté effacé de l'épouse d'artiste fait place à une inextinguible soif de revanche.
00:11:28Brûler la veuve sur le bûcher du mari, il était un peu violent, votre père ?
00:11:34Ah bah écoutez, j'imagine que vous avez un peu regardé ce qu'il fait, c'était pas un mou, hein, c'est quand même, ce qui qualifie Armand, c'est le geste.
00:11:43Un geste ? La fille et la veuve en ont enfin fait un.
00:11:49Excuse-moi, partenaire, de venir à toi.
00:11:54Après 12 ans de procédure, en novembre dernier, les deux femmes ont accepté la création d'un comité pour la protection et la promotion de l'œuvre d'Armand.
00:12:05En Suisse, nous avons rendez-vous avec l'homme qui a permis de conclure cet accord, l'avocat de Coris Armand.
00:12:12Bonjour maître.
00:12:14Selon lui, il était urgent d'agir, la pérennité de l'œuvre de l'artiste était en danger.
00:12:20Ce qui est très grave dans ce genre d'affaires, c'est que vous bloquez l'exploitation de l'œuvre pendant le temps de ce contentieux.
00:12:31Armand a été le dernier grand artiste français à avoir fait partie du top five mondial.
00:12:40Et il était passé vraiment au second plan avec toute cette affaire.
00:12:46C'est un peu la deuxième mort de l'artiste quand il y a un conflit.
00:12:50Est-ce la même chose pour la chanson ? Est-ce qu'on pourrait envisager que ne plus entendre les chansons de Johnny Hallyday à la radio ?
00:12:56Oui, a priori, évidemment. D'abord parce qu'en termes d'image, tout ça ne fait pas du bien.
00:13:02Deuxièmement, je pense que du point de vue de l'exploitation des droits, si les gens ne savent plus à qui distribuer les redevances,
00:13:10elles risquent bien d'être gelées à un moment donné en attendant que le conflit se résolve.
00:13:14Donc tout ça peut évidemment abîmer une œuvre, c'est évident.
00:13:20Comme une mise en garde aux héritiers de Johnny.
00:13:24Les négociations seraient d'ailleurs en cours pour parvenir à un accord à l'amiable entre la veuve et les enfants.
00:13:29Certaines batailles de succession semblent ne jamais devoir se terminer.
00:13:42C'est le cas de celle de Léo Ferré, mort il y a 25 ans, dans ce village de Toscane, Castellina in Chianti.
00:13:49Joli môme, avec le temps, cet extra, ses chansons à texte sont devenues des monuments de la musique française.
00:14:00Avec sa troisième et dernière épouse, Marie-Christine Ferré, il s'était installé dans cette maison en 1975.
00:14:06La veuve est aujourd'hui la gardienne du temple.
00:14:12« Comment et où il composait ? Il se mettait à son piano ? »
00:14:15« Voilà, à son piano, il avait une petite table à côté. Il écrivait sa musique. »
00:14:20« Il lui a dit un petit peu quand il y avait un mot ? »
00:14:22« Ah non, non, non, non, ça jamais. Il était assez grand pour trouver les mots tout seul. Je n'avais pas à me mêler de son écriture. Il faisait ça très bien. »
00:14:33Avec ses trois enfants, dont Mathieu, le fils aîné, elle est dépositaire du droit moral de Léo Ferré, jusque dans les moindres détails.
00:14:40« La moquette, elle est là depuis qu'elle a été mise en 1971. »
00:14:45« Et elle n'a jamais bougé ? »
00:14:46« Elle n'a jamais bougé. Personne ne veut qu'on la change. »
00:14:49« Pourquoi ? »
00:14:50« Parce que c'est Léo qui avait choisi la couleur. Alors ça doit rester. C'est comme ça. »
00:14:56« Ce n'est pas que pour le choix de la couleur. C'est parce que Léo s'est passé ici. »
00:15:00« Avec le temps. »
00:15:04Depuis sa mort en 1993, l'héritage de Léo Ferré n'est toujours pas réglé.
00:15:10Avant de rencontrer Marie-Christine, l'artiste était marié à Madeleine.
00:15:16Leur divorce est prononcé en 1973.
00:15:18Problème, les ex-époux ne sont jamais parvenus à s'entendre sur le partage de leurs biens.
00:15:24Depuis, la fille unique de Madeleine, Annie Butor, réclame la part des droits artistiques qui revenaient à sa mère.
00:15:34Mathieu Ferré avoue sa lassitude.
00:15:36Moi, j'ai presque 50 ans et j'ai passé ma vie à entendre parler de ça.
00:15:45Je ne comprends pas comment un tribunal, un juge, une administration puissent permettre qu'il reste des indivisions comme ça aussi longues.
00:15:52C'est difficile de dire, hein ?
00:15:56C'est quoi qui est difficile de dire quoi ?
00:15:58De dire quoi, c'est difficile de dire.
00:15:59C'est la faute à qui ?
00:16:00Mais la faute à qui de quoi ?
00:16:03Dans ces histoires-là de succession et d'héritage.
00:16:06Moi, je pense que c'est tout le temps, souvent, la faute de l'artiste lui-même.
00:16:13Mon père nous a laissé un héritage merveilleux, intellectuel, culturel, musical, poétique et tout ce qu'il veut.
00:16:22Un héritage économique aussi.
00:16:25Et il nous a laissé aussi un héritage, son divorce.
00:16:28Eh bien ça, c'est pas de la tarte, je peux vous le dire.
00:16:31Du coup, Mathieu a préféré les sardines.
00:16:35Une sardine connectable.
00:16:37C'est extra.
00:16:39Depuis 2010, cette marque de conserve utilise l'un des plus grands succès de son père.
00:16:44Une sardine connectable.
00:16:45C'est extra.
00:16:46Voilà, moi je suis le diable, le salaud qui pense qu'à l'argent et qui a autorisé à vendre une chanson extraordinaire comme cet extra pour des sardines.
00:16:56Bon, quand nous, on comprend qu'après, pendant 25 ans, vous payez un expert, eh bien quand il y a une opportunité, que ce soit les sardines qui payent les experts, eh bien comme ça, c'est Léo.
00:17:08Il nous a laissé un héritage, mais son héritage, il sert aussi à payer les experts.
00:17:13Donc s'il n'y avait pas eu ce procès-là, probablement il n'y aurait pas eu de publicité.
00:17:17Avec le temps
00:17:19Un scénario que semble désormais vouloir éviter la famille de Johnny.
00:17:25Tout s'en va
00:17:25Certains parlent d'un accord avant le 30 novembre, date du prochain rendez-vous au tribunal.
00:17:30Avec le temps
00:17:32On va
00:17:33Tout s'en va
00:17:34En 1990, Johnny Hallyday s'étonne.
00:17:39Aujourd'hui, les intellos m'invitent à dîner.
00:17:41Ils regrettent qu'on ne se soit pas connus avant.
00:17:43Et pourtant, moi, je n'ai pas changé.
00:17:45Le rockeur qui a été si longtemps méprisé s'amuse des temps qui changent.
00:17:49Ce soir, on va vous raconter ses rencontres avec Duras, Sagan, Goddard et les autres.
00:17:54Johnny et les intellos, c'est signé Gabriel Garcia.
00:18:01C'est une époque où la lumière des projecteurs se posait à peine sur le jeune Johnny Hallyday.
00:18:09Où le rockeur montait sur ses premières grandes scènes
00:18:12Et n'assurait encore que les premières parties d'artistes établis.
00:18:17L'histoire de Johnny et des intellos commence un mercredi de 1960.
00:18:27Bonjour.
00:18:28Bonjour.
00:18:29Je crois que j'ai trouvé la première trace de relation de Johnny avec les intellos.
00:18:32Oh là là.
00:18:33C'est le monde.
00:18:34Ah, ça doit être l'alambra 60.
00:18:36Il y a 57 ans, première critique de Johnny dans le monde.
00:18:41C'est Claude Sarraute.
00:18:42Oui, c'est ça.
00:18:43Se déchaîne.
00:18:44Alors, c'est le premier vrai concert, en fait, de Johnny Hallyday.
00:18:48D'accord.
00:18:48Tout Paris est là.
00:18:50Et en fait, il y a des réactions absolument incroyables.
00:18:53Henri Salvador est là.
00:18:54Il va être très, très méchant.
00:18:55Il va dire des choses atroces.
00:18:56Il est au concert, Henri Salvador ?
00:18:58Oui, oui, oui.
00:18:58Il va dire des choses atroces sur Johnny.
00:19:00Et Johnny mettra beaucoup d'années à lui pardonner.
00:19:01Mais 68 n'est pas encore passé par là.
00:19:13Et les journalistes sous-estiment complètement l'arrivée du rock'n'roll.
00:19:18Alors, allons voir page 13.
00:19:22C'est vraiment Johnny qui est en tout petit.
00:19:24J'avoue avoir pris au soubresaut, aux convulsions, aux extases de ce grand Flandrin rosé-blond,
00:19:30le plaisir fait d'intérêt et d'étonnement mêlé, parce que là, on se dit que tout va bien,
00:19:35que procure une visite au chimpanzé du zoo de Vincennes.
00:19:39Donc là, c'est quand même très violent.
00:19:41La relation de Johnny à l'intelligentsia va devenir encore plus violente.
00:19:45Corinne-François Deneuve, maître de conférences en littérature,
00:19:48l'a analysée ligne par ligne pour les besoins de sa biographie de Johnny Hallyday.
00:19:52Nous sommes quatre ans plus tard, et l'écrivain Marguerite Duras,
00:19:56un télo patenté, débarque sur le ring du rockeur.
00:20:00Elle livre une interview à couteau tiré, où Johnny passe pour un imbécile.
00:20:07Donc vraiment, ils envoient l'intellectuel auprès du non-intellectuel par excellence.
00:20:12Le titre de l'interview est assez improbable.
00:20:16La Ferrari, le poireau et l'autobus, oui.
00:20:19Je trouve que cette interview, elle est très méchante.
00:20:22Parce qu'on ne sait pas si c'est une interview ou si c'est Duras qui décide de dire ce qu'elle a envie de dire sur Johnny.
00:20:28Johnny répond finalement très peu.
00:20:30Il y a plein de parenthèses où il y a Marguerite Duras qui commente en disant
00:20:32« Je m'étonne, j'abandonne, il ne comprend pas ce que je veux dire, il ne peut pas le comprendre. »
00:20:38Là, c'est définitif.
00:20:39Et puis, elle lui pose quand même cette question « Vous lisez. »
00:20:43Et lui répond « Je ne suis pas un intellectuel. Non, je ne lis pas. »
00:20:47Elle s'étonne toujours « Vous voudriez lire. C'est difficile quand on est en tournée. »
00:20:51Ces générations de journalistes et d'intellectuels ne comprennent pas ce phénomène Johnny.
00:20:57La rupture est consommée, mais Johnny n'a rien à faire du dédain des lettrés.
00:21:02À 20 ans, il est riche, célèbre et nourrit une toute autre ambition.
00:21:06Cette Ferrari n'est même pas un cadeau d'anniversaire.
00:21:09Il se l'est achetée il y a près d'un an avec ses cachets.
00:21:14Cheveux au vent, il rêve d'un destin à l'américaine.
00:21:20Johnny se voit capable de réussir au cinéma comme il l'a fait dans la chanson.
00:21:26Mais au milieu des années 60, au lieu du succès,
00:21:28Hallyday enchaîne les nanars.
00:21:30Western spaghetti au scénario bâclé ou western à la sauce made in France.
00:21:35Johnny Hallyday tourne en compagnie de Sylvie Vartan une séquence de son premier grand film « D'où viens-tu Johnny ? »
00:21:44Quantonné à des rôles simplistes, Johnny joue le chanteur et flirte avec Vartan comme dans la vie.
00:21:50Les réalisateurs ne le prennent pas au sérieux et les intellos qu'ils pensaient pouvoir ignorer lui ferment la porte du cinéma d'auteur.
00:21:56« Des fois je me sens très mal à l'aise dans une certaine condition, dans certaines personnes,
00:22:04parce que moi aussi je manque un peu de culture et je m'en aperçois, je veux dire.
00:22:08Et des fois c'est beaucoup plus dur parce que quand on s'en aperçoit et qu'on le sait, c'est des fois encore plus dur. »
00:22:17Début 70, Johnny est en pleine remise en question et tente un virage stylistique à 180 degrés.
00:22:24« Qui a couru sur cette plage ? Elle a dû être très belle. Est-ce que son sable était blanc ? »
00:22:33Poème écologiste sur la septième de Beethoven.
00:22:36« Est-ce qu'il y avait des fleurs jaunes dans le creux de chaque dune ? J'aurais bien aimé toucher du sable une seule fois entre mes doigts. »
00:22:48Derrière cette improbable incursion chez les chanteurs à texte, une nouvelle plume, celle de Philippe Lavreau.
00:22:56« Regardez la tranche que j'ai, moi. Ma banane et mes rouflaquettes. Et pendant que je travaille, Johnny lit le journal. »
00:23:08L'écrivain, le journaliste met sa culture et ses références classiques au service de Johnny.
00:23:14Une caution intellectuelle qui étoffe les textes en même temps que l'image du jeune homme au parcours scolaire chaotique.
00:23:20« Un jour, il m'a avoué cette chose extraordinaire. On m'a dit qu'un jour, son père l'avait enfermé dans un placard pour pas qu'il aille à l'école.
00:23:28« Vous avez affaire à quelqu'un qui n'est pas élevé comme vous et moi. »
00:23:31Donc, bien sûr, ce manque d'éducation, ce qui évidemment provoque une pauvreté de vocabulaire, une maigreur de vocabulaire,
00:23:43a fabriqué chez lui une inhibition, une sorte de complexe. »
00:23:48Pas assez cultivé, au début des 70s, Johnny sait qu'il lui faudra un sésame pour se faire accepter.
00:23:56Il attendra à 12 ans sa rencontre avec un ambassadeur de charme.
00:24:00« Un pauvre Johnny. 50 pénitentiaires. »
00:24:08Il tourne alors un petit sketch pour la télé avec une certaine Nathalie Baye.
00:24:13« Tu dis rien, Johnny. Ça va ? »
00:24:22« Tout va bien. Continue, ma jolie. »
00:24:24Première rencontre et début d'une histoire d'amour qui éveille l'intérêt du cinéma.
00:24:32Baye est une actrice estampillée un télo et deux ans seulement après leur rencontre, Hallyday est à Cannes.
00:24:38La chanson populaire s'assoit à la table du cinéma d'auteur de Jean-Luc Godard.
00:24:43« On a entendu Hallyday s'expliquer sur vos relations. On a peu entendu Godard encore s'expliquer sur les relations avec Hallyday. »
00:24:52« Mais Johnny est un vrai professionnel et moi, en tant qu'amateur, j'étais intéressé une fois de tourner avec un vrai professionnel. »
00:25:02En 1985, Serge Toubiana assiste au show Godard sur la croisette.
00:25:08Le critique dirige alors les cahiers du cinéma.
00:25:11« Nathalie Baye, parce qu'elle connaissait Godard ou que Godard l'avait déjà dirigée,
00:25:16je pense qu'elle a dû faciliter la relation entre Johnny Hallyday et Jean-Luc Godard.
00:25:20Et l'idée d'être le premier à associer un couple, à l'époque c'était un couple dans la vie,
00:25:25c'était une idée à la fois de marketing, on va dire, un peu comme Godard peut en avoir,
00:25:31mais c'était une très belle idée romantique. »
00:25:35Attention, romantisme à la Godard.
00:25:37« Je savoue que je ne fais pas ça. Je fais tout le tour et puis trois bandes. »
00:25:41« Vous cassez pas le cul. J'ai envie d'être seul. Et vous ne me faites pas bander. »
00:25:49Sur le tournage du film, le réalisateur est à l'égal de sa réputation.
00:25:53« Eh oui, à force, ça fait maintenant cinq semaines qu'on est quand même curieux. »
00:25:59« On a une queuse relation avec toi. »
00:26:01« Eh oui, mais moi j'ai aussi une curieuse relation avec vous. »
00:26:03« Je sais. »
00:26:04Tout le monde subit ses foudres.
00:26:06« C'était une curieuse relation avec le soleil. »
00:26:08Sauf Johnny. Le rockeur l'obsède et profite d'un coaching Godardien, approfondi.
00:26:14« C'est bien le truc de mon père. Le Seigneur peut être un peu... »
00:26:17« Pas implorant. Il est fort, mais pas implorant. Il est rageur un peu. »
00:26:22« Seigneur. »
00:26:23« C'est vrai. Car les grandes villes, Seigneur, sont maudites. »
00:26:35« À partir du moment où Godard s'intéresse à Johnny et fait un film avec lui, et dans un film où Johnny est bien, ça change beaucoup. Pour moi, ça a changé beaucoup de choses. »
00:26:47« D'avoir vu Johnny tel qu'en lui-même, déjà homme, fabriqué, sûr de son aura, de chanteur, de rockeur, et d'un de ses 10, c'est un personnage. »
00:26:59Dans ses chambres d'hôtel, Johnny gagnait en quelques semaines de tournage ses premiers galons aux yeux des intellos.
00:27:07« Du jour au lendemain, j'ai fait un film avec Johnny Godard et du jour au lendemain, tous les intellos, soi-disant, on dit « Ah tiens, mais finalement, Johnny Hallyday n'est pas si con que ça. »
00:27:19« Donc il s'est fait de tourner un film avec Godard. »
00:27:49« Il n'a pas joué chez Godard avant. »
00:27:51« Non, probablement pas. Parce que ce qu'il avait joué jusqu'avant, c'était des films très légers, un tout petit peu, à la manière des Américains, des chanteurs américains. »
00:27:59« Ce qui était déterminant, c'est que j'ai vu sur l'écran. Il n'y avait pas ce côté, disons, brillant, explosif de la scène. Il y avait quelqu'un de posé, de grave. »
00:28:09Cette nouvelle image fait rêver les réalisateurs, mais moins les fans historiques. Difficile de se reconnaître dans ce nouveau reflet, plus polissé.
00:28:17« Moi, on a fait une tournée pour présenter le film et j'ai découvert une chose formidable. Chaque fois qu'on arrêtait un endroit, il y a beaucoup, beaucoup de gens qui venaient les voir comme chanteurs, pas comme acteurs. »
00:28:29« Et c'est vrai que c'était en même temps émouvant et en même temps un peu agaçant parce qu'on allait pour attirer les gens aux salles. »
00:28:37« Pour eux, ce n'était pas leur Johnny. C'était un Johnny. D'ailleurs, c'est pareil pour « Détective ». C'était un Johnny presque civilisé, cultivé, transformé par le regard des cinéastes. »
00:28:48« Et c'est ça le cinéma. Son public ne l'a pas suivi quand il a fait les choix de cinéma. »
00:28:56Johnny Hallyday ne transforme pas l'essai. Il se sépare de Nathalie Baye et retrouve le costume du rocker, si dur à enlever.
00:29:06Véronique Morten est une ancienne journaliste au Monde. Elle a consacré une biographie au haut et au très bas du roi Hallyday.
00:29:16« Dans les années 90, Johnny Hallyday ne va pas bien. Il est dans Saint-Creux, il est très ivrogne. Et au milieu de tout ça, il y a un écrivain qui est Daniel Rondeau, qui a déjà collaboré au Monde, etc.
00:29:30Rondeau, qui connaît bien Johnny, qui l'aime bien, qui est proche, a l'autorisation de libérer un certain Johnny, la parole de Johnny. »
00:29:42Daniel Rondeau accouche Johnny dans une interview-événement. Nous sommes le 7 janvier 1998 et pour la première fois, l'ancien yéyé apparaît sur la « une » du journal de référence.
00:29:52À l'intérieur, deux pages entières dans lesquelles le musicien avoue se droguer, boire et profondément déprimer.
00:30:01« La cocaïne ? Oui, j'en ai pris longtemps en tombant de mon lit le matin. On ne peut pas faire ce métier si on est normal. Il faut que j'aille mal pour savoir que je pourrais aller bien. »
00:30:11Le tout dans un texte bourré de références intello par Daniel Rondeau, de Paul Morand à Ernest Hemingway en passant par Eros et Thanatos. D'un coup, Johnny devient fréquentable.
00:30:20« C'est un coup de tonnerre quand même, c'est repris partout. »
00:30:23« On nous explique que voilà un homme qui a des états d'âme, qui réfléchit à la vie, à la mort. Comment voulez-vous que ça ne fasse pas un petit effet ? »
00:30:32Mais derrière le scoop, il y aurait surtout un coup de com' de la maison de disques de Johnny, Universal.
00:30:38C'est elle qui en sous-main aurait commandé l'interview à Daniel Rondeau sans que la direction du monde ne voit rien venir.
00:30:43« Le papier est préparé en secret. Personne n'est au courant, c'est un deal de la direction du monde.
00:30:51Jean-Marie Colombaddy était directeur à l'époque, donc il deal directement, officiellement, avec Johnny et Rondeau.
00:30:57Mais les dirigeants du monde qui connaissent très très très mal le monde du spectacle, etc.,
00:31:02ne soupçonnent pas une seconde que ça a été décidé dans un bureau d'Universal.
00:31:06D'ailleurs, les photos qui ont été données au monde en exclusivité étaient celles du disque, qui paraît quelques temps après.
00:31:12Donc on est bien là dans le marketing. Mais à ce moment-là, personne ne comprend rien.
00:31:17Moins d'une semaine après sort le nouvel album de Johnny et la chanson « Allumer le feu ». Incroyable succès.
00:31:24À l'époque, Jean-Marie Colombaddy dirige le monde. Se rend-il compte qu'il pourrait servir un vaste coup de com'.
00:31:31Si l'exercice n'avait pas été réussi, on ne l'aurait pas publié.
00:31:34Évidemment que ça servait à un moment donné les intérêts de Johnny,
00:31:38mais ça a servi les intérêts du monde vis-à-vis de son positionnement, de ses lecteurs,
00:31:42de la qualité de ce qu'il pouvait apporter.
00:31:45Soit dit, Véronique Morten connaît bien son sujet.
00:31:49Entre la première critique et l'interview de 98,
00:31:5340 années pendant lesquelles Johnny n'aura pas eu sa place dans les rubriques culture.
00:31:57Mais désormais plus de marche arrière,
00:31:59Alidé joue et réussit même là où le chanteur a échoué à l'export.
00:32:04Johnny interprète un tueur amnésique pour un réalisateur adulé de la critique,
00:32:21Johnny Tho.
00:32:22Pour ce rôle, le Hongkongais aurait voulu Delon, mais M. Delon refuse.
00:32:26Et Delon me dit, Alain Delon meurt, Alain Delon n'est pas malade.
00:32:32Je lui dis, vous n'êtes pas malade, vous avez pris une balle dans la tête.
00:32:35Il n'en démord pas.
00:32:37La productrice française du film propose alors le rockeur national au réalisateur hongkongais.
00:32:42Évidemment, Johnny Tho n'a pas la moindre idée de qui on lui parle.
00:32:46On lui explique que Jean-Rénaud c'est non, qu'Alain Delon c'est non,
00:32:48qu'on veut quelqu'un de charismatique,
00:32:51et qu'en France le plus charismatique de tous, c'est de génial l'idée.
00:32:53Et il me dit, oui, rencontrons Johnny Hallyday, volontiers.
00:32:57En fait, il me dit, j'ai parlé à tous les chauffeurs de taxi que j'ai pris depuis que je suis arrivée.
00:33:01J'ai demandé à tous les gens que je croisais, Johnny Hallyday.
00:33:04Tout le monde dit, bah Johnny.
00:33:06Voilà.
00:33:07S'en suivent trois mois de tournage en Asie et un film salué à Cannes.
00:33:11D'un seul coup, les unrocks Télérama le célèbrent
00:33:15et parlent de son charisme, de son talent, de sa capacité, de sa présence.
00:33:22C'est ça qu'il a filmé, Johnny Tau.
00:33:26Bon, il faut que je retourne voir, on va en laisser de creux.
00:33:31Tout de suite ?
00:33:34Si ça vous fait plaisir, je peux rester avec vous.
00:33:39Il y a sept ans, Johnny retourne dans son arrondissement de naissance à Paris.
00:33:45Celui qui a rempli le Stade de France veut s'offrir un nouveau frisson.
00:33:50C'est combien de représentations de Johnny sur ses planches ?
00:33:5272 en présentation, voilà.
00:33:55Ça le comble à chaque fois ?
00:33:56Oui, bien sûr, oui.
00:33:58700 places, un peu plus de 700 places.
00:34:01Pour cette pièce de deux heures, Bernard Murat, le metteur en scène,
00:34:04fera répéter Johnny plusieurs semaines.
00:34:08C'était un stress pour lui quand même d'être sur les planches.
00:34:09Il avait peur, il avait peur, oui, il avait peur.
00:34:11Mais il a aimé ça, il a aimé avoir peur de nouveau.
00:34:15Parce que c'est vrai qu'il n'avait plus tellement le trac
00:34:18quand il chantait devant dix mille personnes.
00:34:19Ce n'est pas, voilà, ce n'est pas la même chose.
00:34:23Pas peur du tout.
00:34:26Mais qui va m'aider à rentrer mes cadeaux ?
00:34:28Votre mari d'un jour va-t-elle faire.
00:34:30Non, le chicken va les rapporter.
00:34:31Voilà.
00:34:32Au Théâtre Édouard VII, il joue une pièce de Tennessee Williams.
00:34:44Ce même Tennessee qui est en 1985 déjà.
00:34:52Inspiré Michel Berger.
00:35:02À partir du moment où quelqu'un tient aussi longtemps sur scène,
00:35:16avec un public, avec une ferveur, avec une capacité de se renouveler,
00:35:20de faire appel à des paroliers différents,
00:35:23chapeau.
00:35:24Là, on dit, voilà, ce n'est pas simplement un phénomène de foire,
00:35:27c'est un phénomène profond, quoi.
00:35:29Les intellos qui ont toujours fredonné Johnny
00:35:32ont probablement fini par l'aimer,
00:35:35sans parvenir peut-être à se l'expliquer.
00:35:43Bonjour Jean-Marie Perrier.
00:35:45Bonjour chère Léa.
00:35:46Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:35:48Vous êtes le photographe, l'ami de toujours de Johnny Hallyday.
00:35:50Vous avez été pendant longtemps, on va le voir,
00:35:53vous allez nous expliquer dans son premier cercle.
00:35:56Pour parler de Johnny,
00:35:57vous nous avez apporté des photos qui n'ont jamais été publiées.
00:36:02C'est possible, ça existe, des photos de Johnny qu'on ne connaît pas encore ?
00:36:04Celles que j'ai là, non, j'ai l'impression que...
00:36:06Celles-là, depuis les années 60, on ne les a jamais vues nulle part ?
00:36:08Non.
00:36:09Alors celles-là, c'est les débuts ?
00:36:12Oui, là, ça c'est en Camargue,
00:36:14qu'il est en train de tourner ce film oubliable,
00:36:17qui s'appelait « D'où viens-tu Johnny ? »
00:36:19Il a quatre ans de moins que moi, donc il a 24 peut-être, 23-24, oui.
00:36:24Sylvie aussi, elle est toute jeune, et vous immortalisez leur amour.
00:36:30Oui, c'est-à-dire que ce qui est fou, c'est que c'est des mômes
00:36:34qui, à eux deux, représentaient ce qui se passe dans les années 60.
00:36:37Ils veulent être américains, ils veulent avoir une vie en scène,
00:36:41en cinémascope, ils veulent, c'est ça.
00:36:44Sylvie Vartan, à votre avis, c'est sa plus grande histoire d'amour ?
00:36:48Oui, pour moi, c'est la...
00:36:49Mais bon, je suis un peu orienté, parce que c'est celle que j'ai vue de plus près,
00:36:53c'est celle qui m'a touchée, évidemment, le plus.
00:36:56Maintenant, histoire d'amour, comprenez, grande histoire d'amour, tout ça,
00:36:59il faut voir, il faut qu'on...
00:37:00Là, c'est une autre conversation.
00:37:03Alors ça, vous voyez, c'est merveilleux,
00:37:04parce que ce que j'aime beaucoup, c'est la tendresse du regard.
00:37:07La tendresse du regard qu'il y a dans...
00:37:09On dirait un enfant, là.
00:37:10Oui, c'est un mot merveilleux.
00:37:12Et est-ce que ce regard-là, il a continué à l'avoir tout le temps, plus tard ?
00:37:17Oui, toujours, toujours.
00:37:18Mais moi, il m'a ému toute ma vie, ce type-là.
00:37:19Et puis, je me suis marré avec lui.
00:37:21Je me suis marré beaucoup.
00:37:23Troisième photo.
00:37:25Alors ça, c'est très amusant.
00:37:26On dirait James Dean, là.
00:37:27Oui, mais justement, je crois que c'est la première séance,
00:37:29je crois qu'on a fait ça.
00:37:30Et alors, lui, comme moi, on était, c'est vrai,
00:37:33obsédés par ce premier film qu'on avait vu à l'Est d'Éden.
00:37:37On s'est marré tout de suite.
00:37:38On a dit, bah tiens, automatiquement, on a fait une séance genre James Dean.
00:37:42Mais en fait, c'était au second degré.
00:37:43Il n'était pas dupe.
00:37:44Il était beau, il était sexy, il était animal.
00:37:48Comment vous le décririez, vous qui les avez tous photographiés ?
00:37:51Qu'est-ce qu'il avait en plus ?
00:37:52Alors, très franchement, ce n'est pas une réponse hypocrite,
00:37:54mais Dieu merci, je ne peux pas vous dire pourquoi.
00:37:57Je ne sais pas, je n'en sais rien.
00:37:58Il était au-dessus du reste, dès le départ.
00:38:02Dès le départ.
00:38:02D'ailleurs, c'est pour ça que sur cette fameuse photo,
00:38:04je l'avais mis un peu au-dessus.
00:38:04Mais c'est ce que j'allais vous dire sur la photo de Salut les Topans.
00:38:06Oui, mais j'ai fait exprès.
00:38:07Ils sont tous là, et vous le mettez, lui, sur une échelle.
00:38:11Ils n'étaient pas jaloux, les autres, que seul Johnny était sur l'échelle ?
00:38:14Ils n'étaient pas au courant.
00:38:14Je ne voulais pas les vexer.
00:38:16Il y avait tout le monde, il n'y avait que des gens que je connaissais.
00:38:18Il y avait des gens qui vendaient autant de disques que lui.
00:38:21Claude François ou Richard Anthony.
00:38:23Donc, j'avais laissé traîner cette échelle.
00:38:26Et puis, au dernier moment, je lui ai dit, alors qu'il dépassait tout le monde,
00:38:29je lui ai dit, je ne te vois pas bien.
00:38:30Tu peux monter d'un cran, parce que je voulais qu'il soit au-dessus.
00:38:32C'est marrant, ça.
00:38:32Et comme ils étaient tous en train de me regarder, personne n'a vu.
00:38:34Ils l'ont vu après.
00:38:36Bon, ce n'était pas grave.
00:38:37Et d'ailleurs, tout le monde a compris.
00:38:38Vraiment.
00:38:39Autre photo ?
00:38:40Ah oui, ça c'était...
00:38:41Écoutez, c'est un fan qui m'a envoyé cette photo.
00:38:44Vous vous souvenez où vous étiez, là ?
00:38:45Aucune idée.
00:38:48Aucune idée.
00:38:49Aucune idée.
00:38:49Vous n'avez pas l'air très frais, l'un et l'autre, là.
00:38:51Non, mais ça...
00:38:52Oui, on...
00:38:53Mais lui, il était capable de ne pas dormir pendant trois jours et trois nuits.
00:38:56Oui.
00:38:57Ah oui, oui, ça, je l'ai vu.
00:38:58Mais on en a fait des kilomètres comme ça ensemble.
00:39:00Et des accidents.
00:39:01Ah oui, ça.
00:39:03Ça, c'est...
00:39:04Vous voulez dire le truc où on a failli...
00:39:06On a vraiment failli claquer, d'ailleurs.
00:39:09Alors là, il n'avait pas dormi pendant trois jours et trois nuits.
00:39:11Et il sort de scène à 2h du matin,
00:39:13avec le costard en soie noire,
00:39:15avec les cheveux collés.
00:39:17Et il me dit, on va à Tarbes.
00:39:20Tarbes-Saint-Tropez.
00:39:21Saint-Tropez-Tarbes, c'est que des nouilles.
00:39:23Pendant 600 bornes.
00:39:24Et à l'époque, il n'y a pas d'autoroute.
00:39:25Et il me dit, bon, on y va maintenant.
00:39:27Alors, on monte dans une Lamborghini Miura.
00:39:29Je ne sais pas si vous avez déjà vu ce truc-là.
00:39:30C'est un espèce de tombeau sur des roulettes.
00:39:33Et vous êtes allongé.
00:39:34Il y a de l'essence jusque-là.
00:39:36Oui, parce que l'essence, c'était devant.
00:39:38Et on part.
00:39:38Boum, ça va.
00:39:39250 à l'heure.
00:39:40À l'époque, il n'y a pas de ceinture.
00:39:42Bon, alors, hop, il fonce.
00:39:43Et on passe la nuit comme ça.
00:39:45Et au petit matin, effectivement, il y a une tache d'huile.
00:39:49Boum, et on rentre dans un arbre direct à 150 chronos.
00:39:53Il sort.
00:39:54Moi, j'étais à travers le pare-brise.
00:39:55Donc, il me faut un petit moment.
00:39:57Et je le regarde de dos.
00:39:58Et je le vois de dos, s'éloigner.
00:40:00Et il est en train de vivre sa mort.
00:40:04Mais lui, il l'a vit en cinémascope.
00:40:05Il l'a vit comme James Dean.
00:40:06Il meurt comme James Dean.
00:40:08Mais il le pense vraiment.
00:40:10Vous n'avez rien ?
00:40:10Je pense, si, si.
00:40:11Moi, je saigne.
00:40:12Alors, je saigne, j'ai l'air 4.
00:40:14Je suis en sang.
00:40:16Bon, alors, je vais vers lui parce que je suis très inquiet.
00:40:20Parce que je me dis, il est carrément en train de mourir.
00:40:22Il a un steak tartare dans le bide, là.
00:40:24Donc, j'avance.
00:40:25Et il est allongé par terre.
00:40:26Ça.
00:40:27Et tout à coup, il ouvre un oeil.
00:40:29Et il me voit.
00:40:29Moi, je suis debout et en sang.
00:40:31Il s'assoit.
00:40:31Il fait, j'ai rien.
00:40:33Enfin, bon.
00:40:34Le soir, il était sur scène.
00:40:35Mais si vous voulez, c'était terrible.
00:40:36Parce qu'au fond, ça, c'était la mort qu'il aurait voulu.
00:40:39Un mot, aujourd'hui.
00:40:41Tout le monde se passionne pour, évidemment, les déchirures de la famille autour de l'héritage.
00:40:46Qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:40:48D'abord, est-ce que ça vous surprend ?
00:40:53Les histoires d'héritage, ça ne me surprend pas.
00:40:55C'est que partout, dans toutes les familles.
00:40:56Mais c'est jamais au grand jour.
00:40:58Mais bon, avec lui, toute sa vie a été au grand jour, tout le temps.
00:41:01Donc, ce n'est pas vraiment surprenant.
00:41:02Ce qui me fait vraiment de la peine pour lui, c'est que ça donne une image de lui qu'il n'avait pas.
00:41:09Ça gâche un peu ce que les gens pensent de lui.
00:41:13Pourquoi ?
00:41:14Ce que je n'aime pas dans tout ce qui se passe.
00:41:17Le jour de l'enterrement, par exemple.
00:41:20Le jour de l'enterrement, moi, ce qui m'a touché, c'est ses vrais amis.
00:41:24Ce qu'on appelle des amis.
00:41:25Parce que si vous voulez, le mot « amis » est très galvaudé dans le métier.
00:41:28Mais dehors, là, les gens qui sont venus avec les motards, ça, c'était ses amis.
00:41:34Parce qu'ils n'avaient rien à attendre de lui.
00:41:36Il n'y avait pas d'échange.
00:41:37Il l'aimait, lui, pour ce qu'il était.
00:41:40Tout le reste, tout le reste m'exaspère.
00:41:43Pourquoi ?
00:41:44Parce que d'abord, j'aurais voulu pour lui qu'on fasse un enterrement comme les Noirs dans le sud de la Louisiane.
00:41:50C'est-à-dire qu'on fasse la fête.
00:41:51Un enterrement qui lui ressemble.
00:41:53C'est-à-dire qu'on rigole, qu'on chante face de la musique, qu'on danse, qu'on dise des bêtises et qu'on se bourre la gueule.
00:41:58C'est ça que j'aurais voulu pour lui.
00:41:59Ça ne lui ressemblait pas, finalement ?
00:42:01Écoutez, c'est très bien, la Madeleine, tout ça, les officiels.
00:42:05Les présidents de la République, les stars, tout ça.
00:42:08Oui, mais c'est pas ça, sa vie, lui.
00:42:11Là, tout à coup, il fait un enterrement de Simone Veil, comprenez ?
00:42:15Ça n'a pas de sens.
00:42:16Alors, il y a le curé qui parle du ciel.
00:42:17Moi, je n'y crois pas, donc ça m'énerve.
00:42:19Ensuite, il y a les discours très convenus.
00:42:22C'est long.
00:42:23Et puis, il y a les tronches d'enterrement.
00:42:24Puis, tout le monde qui se sert.
00:42:25La plupart, ils ne peuvent pas s'encadrer.
00:42:27Donc, non, je veux dire, ce n'est pas possible.
00:42:29Vous êtes le seul à dire ça.
00:42:30On s'est tous prosternés devant cette cérémonie.
00:42:33Non, c'était très bien organisé.
00:42:34C'était parfait.
00:42:36C'était un peu le bal des fous.
00:42:37Oui, c'est comme tout le monde.
00:42:38C'est comme dès que quelqu'un est très respecté.
00:42:41Mais il ne voulait pas être respecté, lui.
00:42:43Vous êtes sûr de ça ?
00:42:44Oh, ben, ce n'était pas un mec qui cherchait le respect.
00:42:46Il voulait être aimé par respecté, c'est ça ?
00:42:48Il voulait vous en mettre plein la tronche parce que vous êtes spectateur, c'est tout.
00:42:52C'était ça, son truc.
00:42:54Bon, et là, sur l'héritage où on se déchiait, est-ce que c'est aussi ça, Johnny ?
00:43:00Il fallait s'attendre à ça ?
00:43:01Tout ce que j'ai vu, moi, c'est que quand on m'explique que Johnny a marqué sur un testament
00:43:09qu'il renie deux de ses gosses, je ne le crois pas.
00:43:15Je le connais, je ne le crois pas.
00:43:17Donc vous pensez qu'il a été manipulé ?
00:43:20Tout ce que je vois, c'est que lui, je ne le vois pas faire à deux de ses enfants
00:43:26ce que son père lui avait fait à lui.
00:43:28Parce que c'est ça qui s'est passé.
00:43:30Son père, il l'a viré comme une merde.
00:43:31Il ne fait pas ça avec ses gosses.
00:43:33Ce n'est pas possible, je ne le crois pas.
00:43:35Alors il a été malade pendant dix ans, d'une façon très lourde, avec des traitements très lourds.
00:43:40Alors peut-être qu'il n'était pas toujours exactement en face.
00:43:43Peut-être qu'il n'a pas vraiment réalisé.
00:43:45Mais ce n'est pas vrai, je ne peux pas croire, je ne le crois pas,
00:43:49qu'il a dit, bon, ces deux-là, on les met au placard.
00:43:51Ce n'est pas vrai, ce n'est pas possible.
00:43:53C'est absolument impossible.
00:43:54Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? Je ne sais pas.
00:43:57Et mon intention n'est pas du tout de critiquer Laetitia.
00:44:02D'abord, je ne la connais pas, c'est pour ça.
00:44:03Ensuite, c'était, elle a perdu son mari et les deux gosses.
00:44:06Ce n'est pas ça le problème.
00:44:07Le problème, c'est que par contre, je voudrais savoir quel est l'avocat américain qui la conseille.
00:44:12Parce que le mec, il n'a pas inventé le soutien-gorge.
00:44:16Parce que franchement, c'était tellement simple d'arranger les choses.
00:44:19Au lieu de la mettre dans cette situation-là, qu'elle se retrouve là, comme ça, détestée par la France entière.
00:44:25Bon, je ne sais pas qui c'est, mais ce n'est pas Mazarin, Pépère.
00:44:28La dernière photo, Jean-Marie Perrier.
00:44:30Oui.
00:44:30C'est surtout le sourire.
00:44:33Vous voyez, si...
00:44:34Est-ce que vous avez vu la photo du sourire ?
00:44:37La première que vous m'avez passée.
00:44:39Vous l'avez la première ?
00:44:40On va la remettre.
00:44:40Regardez-moi ce sourire-là.
00:44:43Ce sourire-là, vous voyez, ce n'est pas le sourire d'un type qui est capable de dire
00:44:50« Ah non, moi, deux de mes gosses, ça ne m'intéresse pas. »
00:44:52Je vous jure que c'est faux.
00:44:53Ce n'est pas possible.
00:44:55Ce n'est absolument pas possible.
00:44:57Merci, Jean-Marie Perrier.
00:44:58Je vous en prie.
00:44:59Merci beaucoup.
00:45:03Et si on osait poser la question ?
00:45:06Johnny Hallyday était-il un grand artiste ?
00:45:08Il n'a au fond composé qu'un seul grand tube, toute la musique que gêne.
00:45:12Il était avant tout un interprète, Johnny.
00:45:15Et il a développé un art propre, celui de performeur.
00:45:18Un performeur hors normes.
00:45:20L'art de Johnny, c'est un reportage de Paul Sanfourche.
00:45:26Il y a des disparitions qui sont aussi des révélations.
00:45:33Longtemps boudé par le milieu artistique,
00:45:35Johnny est désormais au panthéon des interprètes français.
00:45:39Nous allons vous montrer pourquoi il était un grand artiste.
00:45:44On me donne à l'obscurité, puis la lumière.
00:45:49On me donne à la fin la soif, puis un festin.
00:45:52Ses cordes vocales sont des cordes de ténor,
00:45:54puisque de toute façon, il atteint même des fois des six bémols.
00:45:56Chanteurs, créateurs, danseurs, eux l'ont toujours défendu.
00:46:02Il garde le bassin, pour ça il peut chanter, et il va loin en plus.
00:46:06Un performeur avec lequel ils ont tous rêvé de travailler.
00:46:12Quand même Johnny Hallyday, c'est un peu une institution.
00:46:15Johnny, tête d'affiche de spectacles grandioses, restait légendaire.
00:46:19Tout le monde voulait être au 98, au Stade de France,
00:46:25pour accompagner Johnny Hallyday, et ça se comprend.
00:46:29Ils nous livrent leur regard sur un artiste hors norme.
00:46:41L'art de Johnny, c'était d'abord le chant.
00:46:44Une voix si puissante, qu'on croirait l'entendre jusqu'en Pologne, à Varsovie.
00:46:56Nous y avons rendez-vous, avec un autre stentor.
00:47:02Roberto Alagna, le plus célèbre des ténors français.
00:47:06En pleine séance photo.
00:47:07Une passion pour l'idole des jeunes,
00:47:34qui remonte à l'enfance de Roberto Alagna.
00:47:37La voix du rockeur l'a toujours fasciné.
00:47:40Je vais vous faire écouter quelque chose.
00:47:42Dans Allumer le feu, par exemple.
00:47:44Un petit casque.
00:47:46Où Johnny tutoie les sommets.
00:47:48Les bouteaux qui démarrent,
00:47:50Ils se piranent de l'étincelle.
00:47:54Où est-il un rien ?
00:47:55Où est-il un geste ?
00:47:57Il se piranent de l'étincelle.
00:48:01Comment on fait pour atteindre une telle note, techniquement ?
00:48:04Ça, c'est des notes déjà de ténors.
00:48:06Donc, c'est des notes aiguës.
00:48:09Ça dépasse les si bémols.
00:48:11Donc, déjà, c'est la tessiture de ténors.
00:48:12Je me souviens, un jour, on était dans son restaurant.
00:48:14Et il m'a montré sa façon de respirer.
00:48:16Il me disait, regarde, j'ai appris.
00:48:18Et il travaillait vraiment avec le diaphragme.
00:48:20Vous avez vraiment...
00:48:21Oui, il me disait, touche-moi.
00:48:23Alors, je le touchais comme ça.
00:48:24Et je le voyais que, quand il chantait,
00:48:26ce n'était pas un son qui venait de la gorge,
00:48:28mais c'était bien appuyé du diaphragme.
00:48:31Voilà, du diaphragme.
00:48:31Donc, c'est le vrai son appuyé, soutenu, lyrique.
00:48:35Et pour ça, moi, je l'appellerais bien le divo aussi,
00:48:37parce que c'est une sorte de divo, Johnny.
00:48:38Une voix divine,
00:48:42restée puissante jusqu'à la fin
00:48:43grâce à un secret bien connu des ténors.
00:48:46Je vais peut-être enlever ça,
00:48:46parce que ça commence à être un peu serré.
00:48:49Appelée couverture, démonstration.
00:48:52C'est...
00:48:53Vous faites...
00:48:53C'est ça.
00:48:58Ça, c'est la couverture.
00:48:59Et c'est ça qui permet, après, de monter.
00:49:01Ouvrir les sons, c'est, par exemple,
00:49:03je ne sais pas, s'il va faire...
00:49:05Il suffira...
00:49:06Ça, c'est ouvert.
00:49:07On peut se casser la voix.
00:49:07Il faut...
00:49:08Il suffira...
00:49:09Il faut le couvrir, le son.
00:49:11Et en couvrant le son,
00:49:13ça permet de maintenir l'instrument en bon état.
00:49:18Pour Roberto Alagna,
00:49:20Johnny, c'est l'interprète complet.
00:49:22Comme dans cette reprise de Diego.
00:49:25Où, pour lui, le rockeur prend la dimension d'un tragédien.
00:49:27Là, quand il chante Diego,
00:49:39il joue ce personnage dans cette prison.
00:49:42Il est là.
00:49:43On a toute la souffrance de ce personnage.
00:49:46Elle est sur son visage.
00:49:47On peut la lire.
00:49:48Donc, il est en train de jouer comme nous,
00:49:50lorsque nous jouons à un opéra.
00:49:52Si je chante l'air de paillasse,
00:49:54je vais avoir le masque de la comédia de l'art,
00:49:56de ce paillasse,
00:49:57comme ça,
00:49:58qui va se grimer pour chanter sa douleur.
00:50:01Et bien là, on l'a.
00:50:01On a ce personnage.
00:50:03Donc, c'est ça, la grâce.
00:50:05Ça, c'est...
00:50:06On peut apprendre ça.
00:50:07L'art de Johnny,
00:50:12c'est aussi une science du mouvement.
00:50:14À Grenoble,
00:50:16rendez-vous avec l'un des plus grands chorégraphes français,
00:50:19Jean-Claude Galota.
00:50:20Bonjour.
00:50:22Bonjour.
00:50:22Bonjour.
00:50:24Ça va ?
00:50:24Oui, impeccable.
00:50:25Voilà, rentrez dans l'univers de la danse.
00:50:27L'univers de Galota.
00:50:295, 6, 7, 8 et...
00:50:31Ce sont aussi bien des créations pour l'Opéra de Paris
00:50:34que cette pièce.
00:50:38100% rock'n'roll.
00:50:42Une passion qui remonte à l'enfance du chorégraphe
00:50:45où, devant sa télé,
00:50:49il disséquait le style Hallyday.
00:50:55Oh, trop bien.
00:50:56Il est incroyable.
00:50:57Qu'est-ce qu'il y a de remarquable, justement ?
00:50:59D'abord, il est assez musclé,
00:51:01donc il n'est pas maigre
00:51:02et il est déhanché
00:51:04comme s'il n'avait pas de muscles, en fait.
00:51:06Il garde le bassin,
00:51:07comme ça, il peut chanter
00:51:08et il fait la torsion
00:51:10et il va loin, en plus.
00:51:12Il va très, très loin.
00:51:13Quand on regarde ça,
00:51:14si on est chorégraphe,
00:51:14on dit, mais il a la capacité du danseur.
00:51:18Plus il faut bien le global,
00:51:19il va tourner,
00:51:20il va s'arrêter,
00:51:21il sait qu'il y a le micro là.
00:51:23Et quand on lève la jambe,
00:51:24on part à l'arrière.
00:51:24Il maîtrise, en fait.
00:51:28Il y a cette puissance
00:51:29et cette facilité
00:51:30étonnante, quoi, étonnante.
00:51:32Non, c'est une bête de scène.
00:51:36Johnny,
00:51:37c'est une de ses obsessions
00:51:38et il a justement envie
00:51:41de tenter quelque chose.
00:51:44Qu'est-ce que vous allez nous mettre ?
00:51:46Alors, je vais mettre Johnny Hallyday
00:51:48dans quelques cris
00:51:50écrits par Françoise Sagan.
00:51:52Alors, vous savez,
00:51:53c'est interdit pour nous
00:51:54de mettre ce genre de musique.
00:51:56Alors, comme c'est interdit,
00:51:57on va le faire.
00:51:58Interdit pas qui ?
00:51:59Par le milieu.
00:52:02Donc, Johnny avec la danse contemporaine
00:52:04sur des paroles de Françoise Sagan.
00:52:05C'est trop bien, quoi.
00:52:07Eh bien, on essaie.
00:52:08Allez.
00:52:11Et voilà comment
00:52:13des danseurs contemporains
00:52:14se confrontent pour la première fois
00:52:16à du Johnny.
00:52:21Il y a quelques années,
00:52:23Jean-Claude Galotta
00:52:24avait eu un projet fou.
00:52:26Faire danser la star
00:52:27dans un de ses ballets.
00:52:30Malheureusement,
00:52:30pour le fan qu'il est,
00:52:32le projet n'a jamais vu le jour.
00:52:37Le premier cri
00:52:39que j'ai poussé
00:52:41le chorégraphe reste pourtant
00:52:49convaincu
00:52:49des talents du rocker.
00:52:52Voilà.
00:52:52Là, je couperai, là.
00:52:53On dirait que c'est fait pour ça.
00:52:57Team Johnny.
00:52:58Johnny.
00:52:59C'est concluant pour vous, là.
00:53:00En tout cas.
00:53:01Ah ouais.
00:53:01Ouais, carrément.
00:53:03Ouais, non, ça fait la pêche.
00:53:04Mais quel secret se cache
00:53:08derrière l'incroyable énergie
00:53:10de Johnny ?
00:53:12Sur scène,
00:53:15peu d'artistes sont capables
00:53:16de telles démonstrations
00:53:17de force.
00:53:19Des performances
00:53:20aussi bien artistiques
00:53:22que physiques.
00:53:27Le physique,
00:53:28c'est d'ailleurs
00:53:29le métier d'Hervé Lewis.
00:53:30Bonjour Hervé.
00:53:31Salut.
00:53:32Ça va ?
00:53:32Oui, très bien.
00:53:33Bon, c'est chez vous, alors ?
00:53:34Ben, oui, c'est le lieu
00:53:36où on souffre un petit peu.
00:53:37Pendant 20 ans,
00:53:38il a été l'entraîneur
00:53:39personnel du chanteur.
00:53:41Ça, c'était avec Johnny
00:53:43à Los Angeles,
00:53:44au Gold Gym de Los Angeles.
00:53:45On avait fait
00:53:46trois mois d'entraînement
00:53:47tous les jours,
00:53:48deux fois deux heures,
00:53:48deux fois trois heures,
00:53:49ça dépendait des jours.
00:53:50Intense.
00:53:50Intense, ouais, intense.
00:53:52Mais on avait même
00:53:53fait la couverture
00:53:54du monde du muscle.
00:53:55Début des années 90,
00:53:56Johnny cède
00:53:57à la mode du bodybuilding,
00:53:59allant même
00:54:00jusqu'à faire
00:54:00des séries de pompes
00:54:01sur scène.
00:54:03Un style viril
00:54:04à la Rocky
00:54:05pour épater son public.
00:54:08À l'époque,
00:54:08c'était révolutionnaire,
00:54:09complètement révolutionnaire.
00:54:11Les chanteurs,
00:54:11même Johnny,
00:54:12il a dit lui-même,
00:54:13il se plantait derrière le micro,
00:54:14puis voilà, il chantait.
00:54:15Lui, non, il a voulu.
00:54:15En fait, lui,
00:54:16ce qu'il voulait,
00:54:16c'est apporter le maximum
00:54:17de choses avec du rêve,
00:54:19avec de l'énergie,
00:54:19avec de la force,
00:54:20avec de l'originalité,
00:54:21avec de l'intensité,
00:54:22tout ça bout à bout.
00:54:23Un spectacle, quoi.
00:54:24un vrai spectacle.
00:54:25Grâce à son physique,
00:54:28Johnny avait l'art
00:54:29des entrées fracassantes.
00:54:31Parc des Princes,
00:54:321993.
00:54:35Johnny,
00:54:37épaulé par Hervé Lewis
00:54:38et son producteur,
00:54:40Jean-Claude Camus,
00:54:42traverse une foule
00:54:42de 60 000 personnes.
00:54:44On a dit,
00:54:46bon allez, on y va.
00:54:47Donc on a suivi,
00:54:47mais en fait,
00:54:48le problème,
00:54:48c'est que les gens
00:54:48étaient là depuis toute la journée.
00:54:50Il n'y avait pas d'air,
00:54:50on ne pouvait pas respirer.
00:54:52On n'avait pas pensé
00:54:52à ce détail-là.
00:54:53Et puis on a traversé la foule
00:54:55et je pense que c'est
00:54:56une des entrées
00:54:56les plus spectaculaires
00:54:57qu'il y a eu dans l'Europe, quoi.
00:54:59On a traversé la foule
00:54:59trois soirs de suite.
00:55:00Et c'est une vraie dépense physique aussi.
00:55:02Alors ça,
00:55:02c'est une vraie dépense physique
00:55:03et puis mentale aussi,
00:55:04parce que c'était quand même
00:55:05assez tendu.
00:55:06Et puis arriver à peut-être
00:55:0730 mètres de la scène,
00:55:08c'était bloqué.
00:55:08Tous les gens étaient comme ça,
00:55:09on ne pouvait plus passer, quoi.
00:55:10Et après,
00:55:11il faut le chanter deux heures, quoi.
00:55:12Le fait de s'entraîner
00:55:13un peu comme un sportif
00:55:14de haut niveau,
00:55:15lui rajoutait.
00:55:16D'abord,
00:55:16il était plus à l'aise,
00:55:17lui, il se sentait mieux.
00:55:18Et puis il pouvait donner plus.
00:55:19C'est toujours ce truc
00:55:20de donner ce qu'il a fait.
00:55:21Tous les gens
00:55:21qui l'ont vu sur scène
00:55:22le savent, quoi.
00:55:24Experts de la mise en scène,
00:55:25Johnny savait aussi
00:55:26y soigner le décor.
00:55:29Pour ses spectacles,
00:55:31il s'était même offert
00:55:31les services d'un architecte,
00:55:33aujourd'hui,
00:55:34retraité en Haute-Savoie.
00:55:36Donc ça,
00:55:37c'est le chalet
00:55:37que vous avez construit.
00:55:38Oui.
00:55:39C'est ça ?
00:55:39Oui, oui.
00:55:40C'est un peu plus simple
00:55:41que le concert
00:55:41du Parc des Princes.
00:55:42Ah oui,
00:55:43complètement plus simple.
00:55:44Luc de Lemazur
00:55:45a élaboré les décors
00:55:47de ses concerts
00:55:47pendant 10 ans.
00:55:49Et Johnny savait
00:55:50très précisément
00:55:51ce qu'il voulait.
00:55:53L'architecte
00:55:53le découvre à ses dépens
00:55:54dès leur première rencontre
00:55:55pour préparer
00:55:56le Parc des Princes
00:55:57en 1993.
00:56:00J'avais pris
00:56:01la Chrysler Tower,
00:56:02qui est une tour américaine,
00:56:03toujours référente,
00:56:04référence à l'Amérique.
00:56:05Et je me suis dit
00:56:05je vais lui donner
00:56:06de l'épaisseur,
00:56:07donc je vais l'ai couché
00:56:07dans le stade
00:56:08par rapport à la scène.
00:56:09Donc il regarde,
00:56:10il me regarde comme ça
00:56:11et il me dit
00:56:12mais pourquoi tu me fais
00:56:14un temps plastique ?
00:56:15C'est pas ça le rock'n'roll.
00:56:16Donc il avait le coup d'œil
00:56:17quand même ?
00:56:17Ah mais complètement.
00:56:18Oui, oui,
00:56:19il a plus que l'œil.
00:56:21Mais dans tous les projets,
00:56:22de toute façon,
00:56:22chaque fois qu'il m'a dit
00:56:23un truc,
00:56:25c'était incroyablement précis.
00:56:28Et donc sur ces décors,
00:56:29sur ces scènes grandioses,
00:56:30c'est lui qui avait
00:56:31le dernier mot en fait ?
00:56:32Ah bah toujours, toujours.
00:56:35Le summum de cette collaboration,
00:56:37c'est le concert
00:56:38du Stade de France 98.
00:56:40Luc a accepté
00:56:42de nous montrer
00:56:42un de ses souvenirs personnels.
00:56:44C'est un document de l'époque,
00:56:46le cabescope aussi,
00:56:48d'époque.
00:56:49Tout est d'époque.
00:56:50Tout est d'époque.
00:56:51Des images inédites
00:56:52où l'on voit le rockeur
00:56:54au travail.
00:57:09Johnny, décontracté,
00:57:11malgré l'important budget
00:57:12du spectacle.
00:57:1460 millions de francs
00:57:15de l'époque.
00:57:15La selle,
00:57:19c'est la taille
00:57:19d'un collège,
00:57:206500 m².
00:57:21Il y avait 300 choristes,
00:57:23il y a plus les choristes
00:57:23de Diony,
00:57:24il y avait tout
00:57:25l'orchestre symphonique.
00:57:27Enfin voilà.
00:57:27C'est une petite ville
00:57:28en fait,
00:57:28que vous construisiez.
00:57:30Ah oui, oui.
00:57:31Au plus près de la star
00:57:32et de ses proches,
00:57:34l'architecte est resté
00:57:35marqué par son charisme.
00:57:37Cette manière bien à lui
00:57:38d'occuper l'espace.
00:57:39Il y a toujours sa clope au bec.
00:57:44On sent un regard perçant.
00:57:46Et voilà,
00:57:47il se dit,
00:57:47tiens,
00:57:48le public va être là,
00:57:49qu'est-ce que je vais faire ?
00:57:50Enfin,
00:57:51tout son imaginaire à lui
00:57:52est en train de fonctionner.
00:57:54Il y a le sens de l'espace,
00:57:56il sent un peu comme un animal
00:57:58dans un bois,
00:58:00un truc,
00:58:01il a son territoire.
00:58:03Il prenait carrément
00:58:04possession des lieux,
00:58:05c'était le patron.
00:58:07Le concert du Stade de France
00:58:09est l'apothéose
00:58:11de l'art à la Johnny.
00:58:16Tout y est.
00:58:18Une arrivée par les airs
00:58:19façon James Bond.
00:58:22Trois heures
00:58:22de son et lumière.
00:58:2440 chansons tous les soirs.
00:58:28Au total,
00:58:29plus de 200 000 spectateurs
00:58:32viennent voir Alidé,
00:58:34le performeur.
00:58:36Sous l'œil aussi
00:58:36d'un autre pro de la baguette.
00:58:39Et ils sont dirigés
00:58:41par monsieur Olivier Holt.
00:58:44Olivier Holt
00:58:45a dirigé de nombreux orchestres
00:58:47un peu partout en Europe.
00:58:48et 20 ans plus tard,
00:58:51il reste admiratif
00:58:54devant un tel chef-d'œuvre scénique.
00:58:56qui est très agréable,
00:59:06d'accord,
00:59:06pour moi qui vient du monde classique
00:59:08et qui a l'habitude des théâtres,
00:59:10et c'est que là,
00:59:11tout est surdimensionné,
00:59:13mais là,
00:59:13tout est très très bien équipé.
00:59:15C'est qu'il y a à peu près
00:59:15les meilleurs partout,
00:59:17que ce soit le son,
00:59:18l'image,
00:59:19l'organisation.
00:59:20Et quand on se réunissait,
00:59:22c'était très vite bien goupillé,
00:59:24vous voyez ce que je veux dire ?
00:59:25Il s'agrippait jamais,
00:59:26c'était très impressionnant,
00:59:27vraiment.
00:59:28La touche finale
00:59:29à cet art de la performance,
00:59:32c'est un roi du sur-mesure
00:59:34qui va nous la donner.
00:59:37Pour ses tenues de scène,
00:59:38Johnny faisait appel
00:59:39aux plus grands couturiers,
00:59:41comme Jean-Paul Gauthier.
00:59:42Bonjour.
00:59:43Bonjour.
00:59:43Merci de nous accueillir.
00:59:45Je vous en prie.
00:59:46Donc ici,
00:59:46on est dans le salon couture.
00:59:48Dans son atelier,
00:59:50il a réalisé
00:59:51cinq costumes de scène
00:59:52pour le chanteur.
00:59:54C'était en 2003,
00:59:55avec ce style futuriste.
00:59:58C'était une cape,
00:59:59comme ça,
00:59:59qui l'enveloppe,
01:00:00et il apparaissait comme ça,
01:00:01tout en cuir noir,
01:00:02donc tout cuir noir.
01:00:03Et là,
01:00:04regardez là,
01:00:04comment il se tient,
01:00:05écarte les épaules et tout,
01:00:07la position.
01:00:08Ouais,
01:00:09il est déjà sur scène,
01:00:09c'est ça qui est quand même
01:00:10assez génial,
01:00:11je trouve, non ?
01:00:12Il y a presque un côté
01:00:13super-héros, là.
01:00:14Oh bah totalement,
01:00:14non, mais c'est un super-héros.
01:00:16C'était un super-héros.
01:00:17Ça l'est toujours, d'ailleurs,
01:00:18puisqu'il est toujours là,
01:00:19en fin de compte.
01:00:20Quand même,
01:00:21il a de l'allure.
01:00:22Qui c'est qui l'est regardé ?
01:00:23En fin de compte,
01:00:24son métier,
01:00:24c'est de chanter,
01:00:25mais d'être regardé.
01:00:26Pour capter le regard du public,
01:00:29Johnny a su jouer
01:00:29avec les modes.
01:00:32Les plus grands créateurs
01:00:33l'ont habillé,
01:00:35comme Yves Saint-Laurent
01:00:36dans les années 70,
01:00:37ou plus tard,
01:00:40Jean-Claude J3
01:00:41et Léonard.
01:00:42Pas mal d'audace.
01:00:45Il y a certains looks
01:00:46avec le bandeau perlé et tout.
01:00:47Ça, c'est hard.
01:00:50Enfin, jusqu'à un certain point.
01:00:52Alors, je vais vous raconter,
01:00:53ça, c'est une anecdote.
01:00:54J'avais proposé,
01:00:54ceci dit entre nous,
01:00:56à Johnny,
01:00:57quelque chose qu'il n'a pas pris.
01:00:58C'était un kilt, quand même.
01:00:59Je t'ai dit, en kilt,
01:01:00ça serait pas mal,
01:01:00Johnny en kilt et tout.
01:01:01Bon, ça,
01:01:02ça a été quand même
01:01:02tout de suite écarté
01:01:03sans aucun commentaire.
01:01:05Bon.
01:01:05Est-ce qu'il y a un style,
01:01:06Johnny Hallyday ?
01:01:06Est-ce que c'est quelqu'un
01:01:07qui avait du style ?
01:01:08Il y a, c'est qu'il portait
01:01:09très facilement les vêtements
01:01:10et il a suivi un petit peu
01:01:12les modes et les courants.
01:01:14Ce qui est très bien,
01:01:15ce qui est le même
01:01:15d'une superstar, quoi.
01:01:17C'est justement,
01:01:19voir un peu avec l'évolution,
01:01:21l'évolution de la société,
01:01:23des envies,
01:01:24des rêves aussi.
01:01:26C'est ça,
01:01:26il doit incarner le rêve aussi.
01:01:28Ah oui.
01:01:28Plus de 50 ans de carrière
01:01:30a incarné les rêves.
01:01:33Lui n'en avait qu'un seul.
01:01:37Resté sur la scène.
01:01:39Si je ne vais plus sur scène,
01:01:40qu'est-ce que je vais faire ?
01:01:41Je ne sais faire que ça.
01:01:48Bonjour Clule Lelouch.
01:01:49Bonjour.
01:01:50Merci d'avoir accepté
01:01:51notre invitation.
01:01:52On ne vous présente pas.
01:01:53Vous avez réalisé
01:01:53quelques-uns des films cultes
01:01:54du cinéma français.
01:01:56Un homme et une femme,
01:01:56itinéraire d'un enfant gâté.
01:01:57entre autres.
01:01:59Mais si on vous a invité
01:02:00aujourd'hui,
01:02:00c'est pour parler de Johnny.
01:02:02Pour parler de Johnny
01:02:03parce que vous êtes le dernier,
01:02:04un des premiers d'abord,
01:02:06et le dernier
01:02:07à avoir filmé Johnny Hallyday.
01:02:09Oui, oui.
01:02:09J'ai eu cette chance.
01:02:11J'ai fait son tout premier clip.
01:02:15On a pris ça
01:02:15Les Copitones à l'époque.
01:02:17Il avait 16 ans, 17 ans.
01:02:18Et puis j'ai tourné
01:02:19ses derniers films.
01:02:21Mais quand je dis
01:02:22que vous êtes le tout dernier
01:02:23à l'avoir filmé,
01:02:24c'est que même le jour
01:02:26de cet hommage
01:02:28à la Madeleine,
01:02:30on vous a vu sortir
01:02:31votre portable
01:02:32et filmer autour.
01:02:34Oui.
01:02:35Pourquoi vous avez fait ça ?
01:02:36Parce que d'abord,
01:02:37il y avait un million de gens
01:02:38qui filmaient.
01:02:40Et puis parce que
01:02:41j'avais envie
01:02:41de laisser un petit cadeau
01:02:43aux enfants.
01:02:45J'ai fait ce film pour eux.
01:02:46Voilà.
01:02:47J'ai filmé Johnny
01:02:48pendant toute sa vie.
01:02:50et ça aurait été dommage
01:02:51que je ne le filme pas
01:02:52ce jour-là.
01:02:53Vous ne vous êtes pas
01:02:54fait engueuler ?
01:02:55Par qui ?
01:02:56Par la famille
01:02:56qui vous animait
01:02:57pourquoi tu filmes
01:02:58à ce moment-là ?
01:02:58Non, au contraire,
01:02:59c'était même
01:03:00ce qu'ils espéraient.
01:03:02Vous y avez pensé avant
01:03:03à filmer,
01:03:05à sortir votre portable
01:03:05ou c'est spontanément
01:03:06quand vous étiez là ?
01:03:08Si vous voulez,
01:03:08je sors mon portable
01:03:09et je vous filme tout de suite.
01:03:10Non, par contre,
01:03:10je veux bien
01:03:11que vous sortiez votre portable
01:03:11et que vous montriez
01:03:12ce que vous avez filmé.
01:03:13Non, mais ça,
01:03:13je ne vous le montrerai pas.
01:03:14Pourquoi ?
01:03:15Parce que c'est pour la famille.
01:03:17Vous ne montrerez jamais
01:03:18ces images que vous avez filmées ?
01:03:19La famille,
01:03:19en fera ce qu'elle veut.
01:03:20Mais ça,
01:03:21c'est un cadeau
01:03:21que je fais aux enfants.
01:03:23Dans votre dernier film
01:03:24avec lui,
01:03:25Chacun sa vie,
01:03:26il y a quelqu'un
01:03:26qui dit à Johnny
01:03:27tu es la France,
01:03:29vous êtes la France.
01:03:30Est-ce que vous diriez
01:03:30que c'était ça, Johnny,
01:03:32qu'il était la France ?
01:03:34Oui, je pense qu'à un moment donné,
01:03:35quand on devient une star,
01:03:37on est le reflet
01:03:38de ceux qui vous acclament.
01:03:41Gabin,
01:03:41il y a eu la France de Gabin,
01:03:43il y a eu la France de Belmondo,
01:03:44il y a la France de Depardieu,
01:03:47il y a eu la France
01:03:47de Brigitte Bardot.
01:03:48Je veux dire qu'à un moment donné,
01:03:50une star représente un pays.
01:03:52Un peu à la manière
01:03:53de ce que disait Roland Barthes
01:03:54dans les mythologies.
01:03:54Il disait
01:03:55le steak frites,
01:03:56la déesse,
01:03:57c'est une mythologie.
01:03:58Johnny était une mythologie.
01:04:00Oui,
01:04:00oui,
01:04:01et inconsciente.
01:04:02Je veux dire,
01:04:02il n'en était pas conscient.
01:04:04Oh,
01:04:04il le savait quand même.
01:04:05Oui,
01:04:06enfin les autres disaient,
01:04:07oui,
01:04:07mais pas lui.
01:04:09Quel acteur il était
01:04:10que le louche ?
01:04:11Johnny,
01:04:12c'était quoi comme acteur ?
01:04:13Ce n'était pas un acteur
01:04:14qui était là pour
01:04:14pour faire son numéro.
01:04:17Voilà.
01:04:19Quand il faisait un numéro,
01:04:20il n'était pas bon.
01:04:21Et moi,
01:04:21j'étais ravi
01:04:22de ce qu'il faisait
01:04:22devant ma caméra.
01:04:24J'avais ce sentiment
01:04:25de faire du reportage.
01:04:27Quand je prends un acteur,
01:04:28c'est pour lui faire faire
01:04:29ce qu'il sait faire
01:04:30et non pas pour lui faire faire...
01:04:31Johnny sait faire Johnny.
01:04:32Voilà,
01:04:32et personne n'a fait mieux
01:04:34Johnny Hallyday
01:04:34que Johnny Hallyday.
01:04:35Vous permettez
01:04:36que je photographe
01:04:36votre sourire ?
01:04:37Non,
01:04:38je ne suis pas du tout
01:04:39photogénique.
01:04:40Toutes les femmes
01:04:40sont photogéniques
01:04:41quand elles sourient.
01:04:44Vous avez dû
01:04:44en faire sourire beaucoup.
01:04:47J'en avais surtout
01:04:48pleuré beaucoup.
01:04:50Quand on fait
01:04:50ça,
01:04:50on t'aime,
01:04:51c'est l'histoire
01:04:52d'un homme
01:04:52qui veut réconcilier
01:04:54sa famille,
01:04:55ses filles,
01:04:56etc.
01:04:56Pourquoi tu fais la gueule ?
01:05:01Mais je ne fais pas
01:05:01la gueule.
01:05:03C'est mes filles,
01:05:04tu comprends ?
01:05:04Elles ne seraient pas
01:05:04mieux là
01:05:05à profiter de tout ça
01:05:05avec nous ?
01:05:07J'ai l'impression
01:05:08que j'ai fait chier.
01:05:08Chaque fois qu'elles appellent,
01:05:09elles sont sur la pendeur.
01:05:11Elles raccrochent.
01:05:13C'était un peu
01:05:13le cas de Johnny,
01:05:14c'était le mien,
01:05:15c'était notre histoire
01:05:16à tous les dents.
01:05:16Alors pardonnez-moi,
01:05:17mais la transition
01:05:17est toute faite
01:05:18parce que c'est un peu
01:05:19ce qui résonne aujourd'hui
01:05:20avec ses problèmes d'héritage
01:05:22sur un homme
01:05:22qui finalement
01:05:23n'a pas vraiment réussi
01:05:24à réconcilier sa famille.
01:05:26Lui avait le sentiment
01:05:27qu'il avait réussi
01:05:28parce qu'à chaque fois
01:05:29qu'il croisait
01:05:30tous ces gens,
01:05:32il leur donnait de l'amour,
01:05:33que ce soit ses copains,
01:05:34ses enfants.
01:05:36Mais vous les connaissez tous.
01:05:37Vous connaissez Laetitia,
01:05:39Laura, David,
01:05:41leur mère,
01:05:41Sylvie Vartan,
01:05:42Nathalie Baye.
01:05:43Qu'est-ce que vous,
01:05:43le louche
01:05:44qui connaissait si bien l'homme,
01:05:46pensez quand vous voyez ça ?
01:05:49Ça, ça le regarde lui.
01:05:50C'est toujours compliqué,
01:05:53la famille.
01:05:55Toutes les familles
01:05:55sont compliquées.
01:05:56La seule personne
01:05:57qui pourrait vous répondre
01:05:58aujourd'hui,
01:05:59c'est Johnny.
01:05:59Mais vous êtes triste pour lui
01:06:00quand vous voyez ça ?
01:06:02Non.
01:06:03Non ?
01:06:04Non, non,
01:06:05parce que c'est...
01:06:06Ce qui arrive à Johnny
01:06:07en ce moment
01:06:08est arrivé à plein,
01:06:10plein d'autres gens.
01:06:12Donc c'est normal,
01:06:12vous dites ?
01:06:14C'est une saloperie,
01:06:15les héritages,
01:06:16en général.
01:06:17Vous comprenez
01:06:18qu'on puisse décider
01:06:19au fond des hérités
01:06:21de ses enfants ?
01:06:23Je ne me prononcerai pas
01:06:25sur ce qui se passe actuellement
01:06:26parce que c'est trop personnel.
01:06:28Voilà.
01:06:29Donc moi,
01:06:30je sais que j'ai sept enfants.
01:06:32Donc j'espère que
01:06:34quand je ne serai plus là,
01:06:37qu'ils se contenteront
01:06:38de mes restes.
01:06:39Voilà.
01:06:41Mais il y a quand même
01:06:41une question qui se pose
01:06:42sur qui aura la garde
01:06:44de l'œuvre quand même.
01:06:46C'est ça aussi
01:06:46qui se joue au-delà
01:06:47de l'argent et de l'héritage.
01:06:50L'œuvre,
01:06:50c'est le public
01:06:51qui va décider.
01:06:53Ce n'est pas Laetitia,
01:06:54ce n'est pas les enfants,
01:06:55c'est le public.
01:06:56Est-ce qu'ils auront envie
01:06:57de l'écouter ou pas ?
01:06:58Et là,
01:06:58je peux vous dire oui.
01:07:00Vous savez,
01:07:00il y a un seul critique
01:07:01qui compte,
01:07:02c'est le temps qui passe.
01:07:04Il restera, Johnny ?
01:07:05Oui.
01:07:06Le temps qui passe.
01:07:06Dans 30 ans,
01:07:07dans 50 ans,
01:07:08on chantera toujours
01:07:08ces chansons ?
01:07:09Sûr.
01:07:10Merci beaucoup.
01:07:12Merci.
01:07:12Vous avez dit
01:07:13quelques mots
01:07:13sur Johnny Hallyday.
01:07:14Merci que je vous jure.
01:07:15C'est maintenant l'heure
01:07:19de la brigade du Stup.
01:07:20Ce soir,
01:07:20Loïc Prigent a fait
01:07:21une découverte.
01:07:22Il y a eu
01:07:23un autre Johnny.
01:07:24Il était américain,
01:07:25il est mort il y a 40 ans
01:07:26et il s'appelait
01:07:27Elvis.
01:07:38Le jour de la mort
01:07:39de Johnny,
01:07:40les journaux du monde entier
01:07:41relatent ce deuil français
01:07:42en cherchant à l'expliquer
01:07:43à leur public.
01:07:44Et ce jour-là,
01:07:45le monde entier
01:07:46va faire
01:07:47la même métaphore artistique.
01:07:49Known as the French Elvis.
01:07:51Known as the French Elvis.
01:07:52Halliday is the French Elvis.
01:07:54The nickname of French Elvis.
01:07:56Le Elvis français est mort.
01:07:58Partout,
01:07:59la même comparaison
01:07:59qui se répète
01:08:00jusqu'à devenir
01:08:01une nouvelle vérité officielle,
01:08:03une révélation
01:08:04pour le public français
01:08:05qui n'avait plus forcément
01:08:06cette notion
01:08:06que oui,
01:08:07sur le fond bâtismal
01:08:08de Johnny Hallyday,
01:08:09il y avait
01:08:10la figure d'Elvis.
01:08:11En replongeant
01:08:28dans les archives,
01:08:29la ressemblance
01:08:30avec l'idole américaine
01:08:31absolue
01:08:31est troublante,
01:08:32flagrante.
01:08:33Ici,
01:08:33on est en 1958,
01:08:35à ce moment-là,
01:08:36Elvis a 23 ans
01:08:37et Johnny
01:08:37en a 15.
01:08:39Et manifestement,
01:08:40Elvis est le modèle.
01:08:42Guitare sèche
01:08:42et blouson en cuir tout neuf
01:08:43et pour le coup,
01:08:44il a 15 ans
01:08:44donc il n'a pas encore eu
01:08:45le temps d'user
01:08:46quoi que ce soit.
01:08:47J'avais la voix
01:08:48qui n'est pas mieux encore.
01:08:50Comme Elvis,
01:08:51Johnny fera des films
01:08:52légers au cinéma.
01:08:53Comme Elvis,
01:08:54Johnny fera des mariages
01:08:55événements.
01:08:56Comme Elvis,
01:08:57il aura un public de fans
01:08:58prêt à se tatouer.
01:09:00Comme Elvis,
01:09:00il aura des statues folles
01:09:01à son effigie.
01:09:02Comme Elvis,
01:09:03une armée de sosies
01:09:04enthousiastes.
01:09:05Il n'y a que
01:09:05un Elvis presse
01:09:06qui est grand frère.
01:09:07On est juste un groupe
01:09:08de petits frères.
01:09:09Et il a été mort.
01:09:10Donc,
01:09:11on est juste
01:09:11tenté de garder
01:09:11son legacy
01:09:12vivant.
01:09:13À noter que les sosies
01:09:14ne limitent que
01:09:15le vieux Johnny.
01:09:16Le jeune Johnny,
01:09:17sexy,
01:09:18sémillant,
01:09:18tout frais,
01:09:19ne les intéresse pas.
01:09:20C'est le vieux Johnny
01:09:21qui a tout traversé,
01:09:22survécu à tout
01:09:23qui les fascine.
01:09:24J'ai aimé son look, surtout sur la fin, à partir de l'âge de 55 ans.
01:09:32Je l'ai adapté, adopté.
01:09:35Comme Elvis, Johnny doit se taper son service militaire en public.
01:09:39Comme Elvis, il est devenu symbole de la jeunesse qui se rebelle et ne veut pas penser à des guerres qui, croit-on, ne viendront plus.
01:09:45Et comme Elvis, le pouvoir en place le met en scène en troufions séduisants.
01:09:49Johnny a le droit d'avoir une piaule pour enregistrer sa musique, mais en échange, il devra poser en uniforme pour la pochette du disque.
01:09:57Et l'armée le force à escalader des échelles qui ne vont nulle part et à se jeter dans le vide.
01:10:02Johnny va donc reprendre les chansons d'Elvis et va les traduire patiemment en français.
01:10:07Les chansons en anglais d'Elvis vont devenir des chansons en français de Johnny.
01:10:19Ce n'est pas fait pour la vie
01:10:29« Promised Land » d'Elvis
01:10:32est devenu la terre promise.
01:10:40Enregistré par Johnny en deux temps trois mouvements,
01:10:42Johnny est obligé de lire les paroles tapées à la va-vite.
01:10:44Par moment, il chante en yaourt, sans doute un couplet qu'on n'a pas fini de traduire au café d'en face.
01:10:49Johnny va aussi coller à l'imagerie tardive d'Elvis Presley,
01:10:58le Elvis bourré de médicaments, victime de l'orgie électroménagère américaine en fin de parcours tragique à Las Vegas.
01:11:04Eh bien, ce Elvis-là, Johnny va l'interpréter aussi à coups de combis blanches, pattes d'efs, effranges et broderies.
01:11:11Il imitera longtemps Elvis comme ici dans ce duo avec Kim Wilde.
01:11:21Même déhanché, même mouvement de rythme de la main et presque la même voix grave, comme un pastiche.
01:11:27Mais regardez Johnny chanter Blue Sweat Shoes, qui oui, est une chanson d'Elvis.
01:11:46Johnny arrive en combi, dénime, clouté, sequin, il se recoiffe la banane en maxi-volume et jette le peigne au public.
01:12:02Le même mouvement de genoux désarticulé.
01:12:04Et quand il est filmé de dos, on pourrait croire que c'est Elvis prêt à monter dans une Chevrolet pour aller manger un cheeseburger.
01:12:10Mais en fait, il semble le Elvis originel des années 50 qu'il a tellement bien étudié et copié qu'il peut le projeter dans les années 70.
01:12:18Avec des solos de guitare dignes du glam rock.
01:12:20Il est camp et il est trop blond, on dirait David Bowie, en train de pasticher Elvis.
01:12:25Comme Elvis est mort à 42 ans, on pourrait dire que Johnny va, à travers lui, faire vivre à Elvis plusieurs décennies de rock.
01:12:33Il fera le punk qu'Elvis n'a pas eu le temps de faire.
01:12:36Il remplira des stades qu'Elvis n'a pas connus.
01:12:38Il fera du cinéma crédible qu'Elvis n'a pas eu le temps de faire.
01:12:47Et il deviendra le biker qu'Elvis n'a pas eu le temps d'être.
01:12:52Mais revenons à ce Johnny-ci, en pleine insouciance baby-boom, dont la seule inquiétude dans la vie est celle de bien accorder sa guitare.
01:12:59Il est à l'aise, il est heureux, le pétrole ne coûte rien, le chômage n'existe pas.
01:13:03Elvis ne va pas mourir à 42 ans, tout va bien dans le second meilleur pays du monde après l'Amérique.
01:13:09Et j'ai aimé Elvis Presley à cause de cette chanson.
01:13:14J'ai besoin de silence.
01:13:15Un peu de silence s'il vous plaît.
01:13:17Il demande du silence, mais sans prévenir, enfin il a prévenu, mais quand même on ne s'attend pas à ça.
01:13:23Sa voix passe en mode velours, en mode Elvis.
01:13:25Oui, ils ont raison, Johnny est le Elvis français.
01:13:29Et voilà, c'est tout pour ce soir.
01:13:58Merci à vous de nous avoir suivis.
01:14:00On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau Stupéfiant.
01:14:03Stupéfiant parce que la culture est une drogue dure.
01:14:05Très belle nuit à tous et à toutes.
01:14:28C'était votre programme avec.
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