00:03Juste, je voudrais juste revenir, abattre la totalité d'un troupeau pour un éleveur.
00:08Je suis encore éleveur dans ma tête, même si je ne le supplie, j'ai transmis à mon ancien salarié.
00:13Mais je continue à aller voir le troupeau régulièrement parce qu'on y est viscéralement attaché.
00:18Et c'est le travail de plusieurs générations qui aboutit.
00:21C'est le travail de jour, de nuit, de week-end.
00:23Et donc abattre tout un troupeau, c'est un traumatisme que seul un autre éleveur peut comprendre.
00:26Mais c'est un truc dont on ne se remet pas.
00:28Et peu importe l'indemnisation, j'ai envie de dire, il n'y a aucune indemnisation qui est à la hauteur de ce traumatisme-là.
00:33Donc moi, j'admire et j'ai la plus grande admiration pour tous ceux qui ont redémarré,
00:36notamment en Savoie, en Haute-Savoie, qui ont racheté un troupeau et qui sont repartis.
00:40Parce qu'il y en a aujourd'hui qui se sont débarrassés de la maladie grâce au protocole et qui sont repartis.
00:45Donc voilà, je comprends la détresse des éleveurs.
00:48Par contre, ce qui m'érisse le poil et ce qui m'insupporte, c'est l'instrumentalisation que certains font des éleveurs
00:55et de la détresse agricole justement pour servir des intérêts politiciens ou géopolitiques ou médiatiques.
01:01Ça, par contre, ça m'énerve plus que sérieusement.
01:04Parce que je revois sortir tous les trolls du Covid en ce moment,
01:08les Myriam Palomba et compagnie qui étendent sur les réseaux sociaux,
01:13qui sont devenus vétérinaires en 24 heures en lisant des âneries sur X.
01:17Alors, marquez tant mieux, ça tombe bien parce qu'on manque de vétérinaires ruraux.
01:21Donc c'est bien, comme ça, à 3h du matin, mes collègues éleveurs vont avoir de la nouvelle main d'oeuvre pour venir faire les vélages.
01:26Oui, alors ne nous éloignons pas du sujet, Jean-Baptiste Moreau.
01:30Vous le disiez, c'est très très important de le dire.
01:33L'abattage de tout un troupeau, ce sont vos mots, c'est un truc dont on ne se remet pas, vous disiez.
01:38Mais alors est-ce que pour vous, le gouvernement se plante dans sa façon d'approcher cette crise sanitaire ?
01:44Non, je ne crois pas, je ne crois pas, puisque moi, j'ai connu la fièvre cataralovine qui est arrivée il y a une dizaine d'années.
01:51On a fait une vaccination généralisée.
01:53Ça n'a pas marché puisque la fièvre cataralovine, elle est endémique aujourd'hui en France, c'est-à-dire qu'elle n'existait pas.
01:58Et maintenant, tous les ans, vous avez des sérotypes différents qui arrivent et il faut revacciner.
02:02Et à l'époque, on a fait une vaccination totale par les vétérinaires.
02:05Là, si on fait la même chose, parce que j'entends le fait de dire on ne fait pas d'abattage total, on vaccine tout le monde.
02:10Ce n'est pas que le problème commercial pour moi.
02:12Le problème, c'est qu'on va courir après la maladie.
02:14Le temps que l'immunité s'acquiert, il y aura je ne sais pas combien de troupeaux qui vont être malades.
02:18Et on a de 5 à 10 % de mortalité.
02:21Et le vétérinaire le disait tout à l'heure sur votre antenne, jusqu'à 40 % d'animaux malades dont certains ne guériront pas du tout.
02:27Enfin, je veux dire, le temps que la vaccination par des vétérinaires se mette en place sur tout le territoire, il y en a pour 6 mois.
02:32Et donc, pendant 6 mois, la maladie, elle a le temps de se développer.
02:35Et elle sera devenue endémique dans notre pays.
02:37Et elle va causer des pertes financières, mais des pertes d'éleveurs aussi catastrophiques.
02:43Je pense que la méthode, c'est sans doute la moins mauvaise, celle qui est là aujourd'hui.
02:49Et certains de vos intervenants l'ont dit.
02:51Si elle s'est disséminée dans le Sud-Ouest, c'est parce qu'il y a des éleveurs et des metteurs en marché qui ont joué au con, excusez-moi,
02:56mais qui ont vendu des animaux, notamment des veaux de 8 jours issus des troupes au laitier,
03:00qui se sont trimballés sur le territoire et qui ont été disséminés la maladie.
03:02Parce que l'autre truc qu'il faut savoir, c'est que le vaccin, de toute façon, sur des veaux naissants, c'est-à-dire des veaux à la naissance, il n'est pas efficace.
03:09Et donc, ces veaux naissants, ils se transforment en réservoir à virus.
03:13Et quand vous avez ces veaux qui quittent les élevages laitiers à 8 jours ou 15 jours, ils vont aller disséminer le virus partout ou ils vont aller dans les ateliers d'engraissement.
03:21Donc, il n'y a pas de solution simple et simpliste.
03:25Il faut, c'est certain, que le politique parle plus sur le terrain, aille plus sur le terrain et que la ministre se déplace.
03:31C'est très bien, elle s'est déjà déplacée, mais que aussi les experts vétos qui prennent les décisions dans les bureaux parisiens,
03:37effectivement, il faut qu'ils descendent sur le terrain, expliquer, écouter, entendre et mesurer ces nouveaux protocoles.
03:42Moi, je ne sais pas le protocole de Jérôme Bell, je ne suis pas véto, je ne suis pas épidémiologiste.
03:46Donc, peut-être qu'il peut être efficace, j'en sais rien, j'en doute.
03:49Parce que quand je vois, quand je lis, enfin, j'ai lu un certain nombre de littératures, et pas sur X ou sur Facebook,
03:53mais vraiment des ouvrages scientifiques, voilà, il semble que quand même, l'Italie et l'Espagne ont adopté le même protocole que nous.
04:00C'est le protocole qui est conseillé par l'Organisation mondiale de la santé animale.
04:03Je suppose que ce n'est pas pour rien et ça ne fait plaisir à personne de commander des abattages totaux.
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