- il y a 12 minutes
"Tant que nous ne sommes pas prêts, il y a le risque que nous soyons attaqués aussi brutalement que l'Ukraine l'a été", estime l'eurodéputée Renew Nathalie Loiseau.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end
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00:00France Inter, Alibadou, Marion Lourdes, le 6-9.
00:07Et dans le grand entretien d'Inter ce matin avec Marion Lourdes, nous recevons une députée Renew au Parlement européen.
00:14Elle est membre du parti Horizon, ancienne ministre chargée des affaires européennes, diplomate, grande spécialiste des questions de sécurité et de défense.
00:23Vos questions, vos réactions chers auditeurs au 01 45 24 7000 ou sur l'application Radio France.
00:31Bonjour Nathalie Loiseau.
00:32Bonjour Alibadou, bonjour Marion Lourdes.
00:34Et bienvenue sur France Inter, moment de vérité, je mets un point d'interrogation après 4 années de guerre.
00:41Le président Zelensky l'a affirmé hier, les Etats-Unis lui demandent d'importantes concessions.
00:47Concessions confirmées par le chancelier allemand.
00:50L'Ukraine serait désormais prête à accepter de renoncer à certains territoires, à accepter des zones démilitarisées.
00:59Quel est votre état d'esprit ce matin ?
01:00Est-ce que vous ne vous dites pas tout simplement, après avoir tenu, tenu, vous êtes tenu auprès des Ukrainiens pendant si longtemps, Nathalie Loiseau, qu'il faut savoir mettre fin à une guerre ?
01:13Bien sûr qu'il faut que cette guerre s'arrête.
01:14Et si jamais un jour Vladimir Poutine nous écoutait, c'est à lui qu'il faudrait qu'on le dise.
01:20Parce que cette guerre pourrait s'arrêter à tout moment si Vladimir Poutine le décide.
01:24Mais il faut qu'une guerre s'arrête et il faut tout faire pour qu'elle n'ait pas de quoi reprendre.
01:29C'est ça qui m'inquiète.
01:30Moi, effectivement, je continue à me tenir auprès des Ukrainiens, pas seulement pour des considérations morales, même si ça joue en politique et ça joue en relations internationales, mais aussi en pensant à notre sécurité, à nous, Européens, à nous, Français.
01:45On va y venir parce que nous sommes au cœur de la coalition des volontaires, Nathalie Loiseau.
01:49Nous sommes au cœur de ceux qui ont dit qu'ils n'abandonneraient jamais l'Ukraine et son intégrité territoriale.
01:54Oui. Moi, je voudrais que la coalition des volontaires porte bien son nom.
01:59Je voudrais qu'elle agisse et qu'elle ne soit pas un groupe de parole.
02:04Ou la coalition des velléitaires.
02:06Ils se réunissent, ils se réunissent, ils se réunissent encore.
02:09Mais des actes.
02:12Imaginons que demain, il y a un cessez-le-feu, ce qui ne veut pas dire la paix, mais espérons que demain, il y a un cessez-le-feu.
02:18Est-ce que ça veut dire qu'on doit arrêter d'aider l'Ukraine et notamment d'aider militairement l'Ukraine ?
02:24La première des garanties de sécurité pour l'Ukraine dans un processus de paix, c'est d'avoir une armée en état de se défendre et d'éviter qu'une guerre ne reprenne.
02:34C'est aussi une garantie de sécurité pour nous.
02:36Donc, il faut continuer à aider cette armée.
02:38Et bien, depuis cet été, les Européens aident moins l'Ukraine qu'avant.
02:44Est-ce qu'on le dit, ça ?
02:45On sait que les États-Unis ont arrêté.
02:48Mais nous-mêmes, nous diminuons.
02:50Est-ce qu'il y a un peu de cohérence dans notre action ?
02:52Est-ce que, derrière les grands discours, on aidera l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra ?
02:58Mais où sont les actes ?
02:59Alors ça, ça va être en discussion, un sommet européen du 18 et 19 décembre, en tout cas en partie.
03:04Juste pour revenir sur ces concessions territoriales.
03:06Dans le journal Le Monde, le négociateur ukrainien, dit que Kiev accepterait effectivement des concessions territoriales,
03:12notamment une zone démilitarisée dans le Donbass.
03:16Ça, c'est un progrès, c'est une capitulation.
03:19En tout cas, le président ukrainien dit que ça devrait être assorti d'un référendum.
03:23D'abord, c'est aux Ukrainiens de décider ça.
03:26Et ce qui m'a choqué, ce qui me choque encore, c'est le plan américain qui était quand même beaucoup un plan russe.
03:34Ce torchon, vous l'avez dit.
03:35Oui, ce torchon qui met en colère et qui n'est pas un plan de paix, qui est un plan de business entre les Etats-Unis et la Russie.
03:43Il faut dire les choses comme elles sont.
03:46Décider à la place des Ukrainiens.
03:48Si les Ukrainiens sont prêts à faire des concessions territoriales, qui sommes-nous pour leur dire de ne pas le faire ?
03:54Une zone démilitarisée peut stabiliser les choses.
03:57À condition que les garanties de sécurité pour l'Ukraine soient extraordinairement solides, parce qu'on se souvient de tout ce qu'on a fait.
04:06Et du référendum sur la Crimée de 2014, qui n'en était pas un.
04:10Et du référendum sur la Crimée qui n'en était pas un, parce que c'était sous occupation russe.
04:15Et surtout sur les garanties de sécurité.
04:19Budapest, le mémorandum de Budapest, on a dit que personne ne touchera aux frontières de l'Ukraine.
04:23On a vu.
04:24Les accords de Minsk, 2015, on a dit, on est au-dessus de votre épaule, ne vous inquiétez pas.
04:29On a vu.
04:30Les Ukrainiens, et nous-mêmes, ne pouvons pas bâcler une paix qui ne serait qu'un moment pour la Russie, pour reprendre ses forces et continuer ensuite.
04:40Nathalie Loiseau, je vais vous citer les mots que vient de prononcer Jean-Noël Barraud, ministre français des Affaires étrangères,
04:47alors que les négociations sont toujours en cours.
04:49Il vient de dire, la paix est désormais à portée de main, je le cite, en Ukraine,
04:56notamment au sujet des concessions territoriales pour mettre fin à la guerre avec la Russie.
05:01La paix est à portée de main.
05:03Le président Zelensky a montré depuis neuf mois sa disposition à créer les conditions d'une paix,
05:08une paix qui soit juste, une paix qui soit durable, qui ne soit pas une capitulation.
05:12Comment recevez-vous ces mots alors que vous venez de définir ce qui est en train de se produire comme une forme de capitulation ?
05:21En tout cas, comme un risque de paix bâclé s'il n'y a pas des garanties de sécurité très fortes.
05:26Et c'est ça qui me préoccupe.
05:27Je pense que ce que dit Jean-Noël Barraud, il le dit à destination de Donald Trump.
05:32Sur un mode, nous, Européens, avec les Ukrainiens, nous vous proposons une paix qui est à portée de main.
05:38Vous voulez la paix pour Noël ?
05:40Eh bien, nous vous proposons quelque chose qui n'est pas votre plan négocié entre Vytkoff et les Russes,
05:46mais qui est quelque chose de plus équilibré.
05:49Est-ce que c'est suffisamment équilibré ?
05:51Moi, j'ai rencontré il y a quelques jours l'ambassadeur américain à Paris.
05:55Et je lui ai demandé si les États-Unis étaient prêts à participer aux garanties de sécurité en Ukraine.
06:01Il m'a dit « Oh oui, le moment venu ».
06:03Mais on ne peut pas découpler les deux choses.
06:05On ne peut pas dire « signer en bas ».
06:07Et le moment venu, peut-être, éventuellement, sauf bien sûr si Vladimir Poutine fronce les sourcils,
06:13il y aura des garanties de sécurité américaine.
06:15Mais comment pourrait-il écouter Donald Trump, Nathalie Loiseau, ce que vous êtes en train de dire ?
06:20Lui qui disait « Il y a quelques jours, les Européens sont faibles », je le cite.
06:24« Ils détruisent leurs pays respectifs ».
06:27Vendredi dernier, l'administration américaine publiait sa nouvelle stratégie de sécurité nationale
06:32dans laquelle elle évoque le déclin économique, la perspective réelle d'un effacement civilisationnel européen.
06:39Ils font un constat ou ils le souhaitent ?
06:41Est-ce qu'on peut encore considérer les États-Unis comme un allié ?
06:44Non.
06:45Non.
06:45Pas aujourd'hui.
06:46Non.
06:46C'est un partenaire.
06:47Mais parce que Donald Trump n'a pas d'allié.
06:53S'il lui-même considérait qu'il y a un pays dans le monde avec lequel il est allié,
06:57on pourrait avoir cette discussion.
06:59Mais c'est quelqu'un qui fonctionne en partenaire de court terme.
07:02Je ne parle pas de sa vie privée.
07:04Je parle de partenaire commerciaux, de partenaire de golf, de partenaire pour des accords de paix.
07:09Non mais je parle de l'OTAN quand même, qui existe depuis 1949.
07:12Alors il y a une alliance militaire qui est importante, qu'il faut qu'on européanise vite.
07:17Il y a ce débat aujourd'hui.
07:18Un certain nombre de pays européens disent que si on européanise trop vite l'OTAN,
07:23ça donnera un prétexte aux États-Unis pour retirer des troupes.
07:28Mais ce qui serait plus grave, c'est de ne pas bouger.
07:31C'est cet immobilisme qui est un peu la marque de l'Europe en ce moment
07:35et qui ferait qu'un matin, on se réveillerait avec des troupes qui s'en vont.
07:39C'est déjà le cas en Roumanie, où heureusement d'ailleurs la France les remplace.
07:42Et on ne serait pas prêt à prendre la relève.
07:45On ne doit pas faire autre chose que l'OTAN.
07:47Parce qu'une alliance militaire qui existe depuis des décennies, ça ne se remplace pas en un claquement de doigts.
07:53Mais il faut que les Européens investissent l'OTAN et puissent se dire
07:57quand les Américains sont avec nous, tant mieux, c'est la cerise sur le gâteau.
08:01Mais quand ils ne sont pas avec nous, on tient la route quand même.
08:05Là où Donald Trump n'a pas tort, et je voudrais qu'on lui donne tort,
08:09c'est qu'aujourd'hui ils ne voient pas une puissance.
08:10Les Européens sont faibles ?
08:11Ils sont faibles de leur manque de volonté.
08:14Ce n'est pas qu'ils ne peuvent pas.
08:16On a tout à fait les moyens d'être beaucoup plus puissants.
08:19Mais je ne vois pas, ou je n'entends pas, de dirigeants européens aujourd'hui
08:23s'organiser vraiment pour cette puissance.
08:25Alors justement, il y a une voix en tout cas puissante qui a parlé,
08:29celle de la présidente de la Commission européenne,
08:31pour dire qu'on allait continuer à aider financièrement l'Ukraine.
08:34Une aide de 140 milliards d'euros, elle propose un prêt de réparation.
08:39C'est-à-dire qu'on utiliserait les avoirs russes gelés en Europe
08:42pour financer cette guerre en Ukraine.
08:44Le problème c'est que la Belgique s'y oppose,
08:47parce qu'elle abrite la plupart de ses actifs.
08:51Et ce matin, la banque centrale russe annonce qu'elle poursuit
08:54l'institution financière Euroclear,
08:56où se trouvent ses actifs en Belgique, en justice.
08:59Est-ce que finalement elle n'a pas raison la Belgique ?
09:01Est-ce qu'il ne faut pas trouver une autre voie pour aider l'Ukraine ?
09:03Ça fait un an que je milite pour ce prêt de réparation,
09:05qui n'est pas une confiscation.
09:08Et ce que dit la Russie, ce que disent certains dirigeants belges,
09:11n'est pas exact, ça n'est pas une confiscation,
09:13on n'aurait pas le droit.
09:14Expliquez-nous la nuance, oui, c'est que l'Europe n'aurait pas le droit.
09:17N'aurait pas le droit.
09:17Tout simplement de confisquer les avoirs, les oligarques russes.
09:20C'est l'Ukraine, si elle les possédait, aurait le droit de confisquer les avoirs russes,
09:24parce que l'Ukraine a été agressée.
09:26Ce que nous proposons, c'est de faire une avance à l'Ukraine
09:29sur les dommages de guerre que lui devra la Russie,
09:32et qui seront décidées par une juridiction internationale.
09:35Donc là, il n'y aurait pas de poursuite possible.
09:37Dans 5 ans, dans 10 ans, ce que nous proposons,
09:40c'est d'avancer cet argent,
09:41parce que c'est maintenant que l'Ukraine en a besoin,
09:43beaucoup plus que dans 10 ans.
09:45Juridiquement, c'est solide, financièrement, c'est solide.
09:48La Belgique nous dit, soyez solidaires si jamais nous sommes poursuivis.
09:51Pour ça, il faut l'entendre.
09:53Et c'est une décision qu'il faut prendre tous ensemble.
09:55Mais la Belgique dit aussi, ça n'aide pas le plan de paix de Donald Trump.
09:59Et là, ça montre qu'il y a d'autres types de pressions.
10:01Et je ne voudrais pas qu'une logique comptable
10:05nous empêche d'être au rendez-vous de l'histoire.
10:08Et c'est un peu ce qui se passe en Europe aujourd'hui.
10:10Alors justement, le rendez-vous de l'histoire,
10:12c'est celui que craint Marc Rutte, le secrétaire général de l'OTAN.
10:16Et j'aimerais avoir votre réaction à ce qu'il disait hier.
10:19Nous devons nous préparer à une guerre d'une ampleur comparable
10:22à celle qu'ont connue nos grands-parents et nos arrière-grands-parents.
10:26Ces mots, ils sont lourds de sens.
10:28Et ils continuaient, nous sommes la prochaine cible de la Russie.
10:33Nous sommes déjà en danger.
10:36Fermez les guillemets.
10:37Sommes-nous en danger ?
10:39Sommes-nous sous la menace russe, Nathalie Loiseau ?
10:41Tout le monde le considère.
10:44Ce n'est pas Nathalie Loiseau qui va vous dire qu'elle a lu dans sa boule de cristal.
10:46Pas les Polonais.
10:47Mais tous les services de renseignement européens le considèrent.
10:53Et quand vous entendez ce que dit Marc Rutte,
10:56ça éclaire, j'espère, les propos très justes de notre chef d'état-major des armées
11:01qui ont donné lieu à une polémique.
11:03Ce n'est pas ces propos qui faisaient polémique.
11:04C'est ceux qui ont préféré mettre la tête dans le sable et jouer aux autruches.
11:08Il n'y a aucune menace, tout va bien, dormez bonnes gens.
11:10Bien sûr qu'il y a une menace russe.
11:12Et ce que dit Marc Rutte, ça n'est pas nous devons nous préparer
11:15et il y aura une guerre de haute intensité.
11:19Il dit si nous nous préparons, nous dissuaderons une guerre.
11:23Et tant que nous ne sommes pas prêts,
11:26il y a le risque que nous soyons attaqués aussi brutalement que l'Ukraine l'a été.
11:32Tout le monde n'est pas d'accord avec vous.
11:33Le député La France Insoumise, Bastien Lachaud, disait
11:36« Nous n'avons pas à craindre une guerre conventionnelle avec la Russie.
11:39Nous sommes une puissance dotée de l'arme nucléaire.
11:41Jusqu'ici, c'est du bon sens.
11:43La Russie ne nous attaquera pas sans craindre l'abîme, le chaos et la destruction.
11:47Qu'est-ce que ça vous inspire ? La dissuasion nucléaire, c'est normalement suffisant ? »
11:50Regardez les frappes qu'on dit dans la profondeur que l'Ukraine fait en Russie.
11:56Elle n'hésite pas à frapper des cibles militaires ou énergétiques en Russie.
12:01La Russie est dotée de l'arme nucléaire.
12:04Ça n'a pas découragé l'Ukraine et l'Ukraine n'a pas pris le feu nucléaire.
12:09La dissuasion nucléaire, c'est une partie importante de notre dissuasion et j'y suis très attachée.
12:14Mais ça n'est pas une raison suffisante.
12:17Imaginez demain, et c'est le scénario qui fait peur à tous les Européens,
12:21en tout cas auquel il faut se préparer,
12:23imaginez quelque chose en Estonie ou en Lettonie qui ressemble à ce qui s'est passé dans le Donbass.
12:28C'est-à-dire des hommes en armes mais sans uniforme
12:32qui viennent et qui vont être salués par quelques russophones
12:37dûment payés pour les accueillir avec des drapeaux russes.
12:41On dira que ça n'est pas l'armée russe,
12:42on dira que les gens sont contents de les accueillir,
12:46mais il y aura des troupes en réalité russes dans un pays de l'OTAN.
12:49Et là qu'est-ce qu'on fait ?
12:50On reste les bras croisés, on dit à Vladimir Poutine
12:53mais bien sûr, mais je vous en prie,
12:55ça ça ressemble aux Sudètes, ça ça ressemble à la Pologne
12:58et ça ressemble à ce qui nous a mené.
12:59Donc 1938-1939, vous faites référence donc à ce qui prépare
13:04et ce qui a déclenché la Seconde Guerre mondiale.
13:08Parce que nous n'étions pas prêts.
13:09Et je lis régulièrement un livre qui donne toujours autant de pression dans le Donbass.
13:14Ça a été accepté.
13:15Les Européens ont fermé les yeux.
13:17Mais alors qui est Chamberlain aujourd'hui ?
13:19Et vous vous souvenez, les Sudètes, on se dit
13:21Qui est Chamberlain ?
13:24Nous n'allons pas mourir pour les Sudètes.
13:25Les Sudètes, on ne va pas mourir pour Danzig.
13:28Alors je ne vais traiter personne de Chamberlain
13:30parce que le débat politique est suffisamment empoisonné
13:34pour ne pas y participer.
13:35Mais je préfère parler à nos auditeurs,
13:38parler aux Français qui le comprennent très bien.
13:40Quand on regarde les sondages,
13:42très majoritairement, les Français vous disent
13:44qu'il y a une menace russe.
13:45Très majoritairement, ils vous disent
13:47qu'il faut plus de défense européenne.
13:48Très majoritairement, ils vous disent
13:49qu'il faut défendre l'Ukraine.
13:51Ça veut dire qu'une partie de la classe politique
13:53est déconnectée des Français
13:56à l'extrême-gauche et à l'extrême-droite.
13:58Ce sont eux qui parlent du peuple toute la journée.
14:00Ils ne l'écoutent pas.
14:01Pour nos auditeurs, le livre que vous êtes en train de lire,
14:03qu'est-ce que c'est ?
14:04C'est l'étrange défaite de Marc Bloch.
14:06L'étrange défaite de Marc Bloch,
14:07donc sur la défaite, celle de K40.
14:09Comment des élites ont mal préparé un pays
14:12qui, du coup, a été conduit à la défaite ?
14:14Vous lisez aussi des postes sur X.
14:15J'imagine que vous avez lu celui
14:17que vous a adressé Elon Musk,
14:20rien de moins,
14:21lorsque vous avez proposé
14:22que la Commission européenne
14:24inflige une amende de 120 millions d'euros
14:27à X pour sa violation
14:29de son règlement européen en matière numérique.
14:32Il l'a dit,
14:33et Elon Musk,
14:34l'Union européenne doit être dissoute,
14:35la souveraineté restituée à chaque pays.
14:37Et il vous a qualifié
14:39de bureaucrate asphyxiant le continent.
14:42Ça vous fait sourire, en tout cas.
14:43Ah ben écoutez, merci,
14:44merci Elon Musk.
14:45Je crois que personne ne lui a jamais parlé
14:47de l'effet strézande.
14:48C'est-à-dire que depuis,
14:49je n'ai jamais eu autant de visibilité sur mes...
14:51On explique l'effet strézande.
14:52L'effet strézande,
14:53c'est quand vous répliquez
14:54sur quelque chose qui ne vous plaît pas
14:56en espérant de terminer la conversation
14:58et qu'en fait,
14:58vous donnez un écho énorme
15:00à cette conversation.
15:01Donc grâce à lui,
15:02j'ai eu un million de gens
15:05qui ont vu mes postes.
15:06Donc merci Elon Musk.
15:07Merci Elon Musk.
15:08Et s'il veut répondre au prochain,
15:09c'est avec plaisir.
15:11Alors, ce que je lui ai dit aussi,
15:13pas lui,
15:14je pense que c'est un de ses trolls,
15:15c'est l'homme le plus riche du monde,
15:17c'est pas lui qui tweet vraiment.
15:18Quand je tweet, c'est moi.
15:20Mais quand c'est lui,
15:21je crois que ça n'est pas lui.
15:22Je lui ai rappelé que
15:23le jour où il sera élu
15:24deux fois de suite
15:25par des millions de ses concitoyens,
15:28peut-être qu'il pourra avoir
15:30autre chose que des opinions personnelles.
15:32Et que même ce jour-là,
15:34il faudra qu'il respecte la loi européenne.
15:36Et l'amende que la Commission lui a infligée,
15:39c'est simplement parce que
15:40X a violé le droit européen.
15:43Alors, il y a les auditeurs d'Inter,
15:44Steph, qui vous dit encore une fois
15:46l'Europe baisse les bras,
15:48laisse à l'envahisseur
15:49le gain de territoire gigantesque,
15:50il n'y a pas de paix dans ces conditions.
15:52Quant à Guillaume,
15:52il vous demande
15:53quelle est votre opinion
15:54sur l'accord entre
15:55l'Union européenne et les Etats-Unis
15:57sur les deux droits d'où d'ouane,
15:59ce qui serait la preuve
16:00de la soumission, d'après lui,
16:02de l'Union européenne.
16:03Alors, Steph et Guillaume,
16:05je pense comme eux,
16:07pas sur la soumission
16:08de l'Union européenne,
16:10mais sur la mollesse,
16:11sur l'indolence
16:12et sur la peur.
16:15On vit, on termine
16:17une année d'immunisation.
16:19Ça a commencé avec
16:20le sommet de l'OTAN en juin.
16:22Vous vous souvenez
16:22de Marc Rutteux
16:23qui appelait...
16:24Le patron de l'OTAN.
16:25Le patron de l'OTAN, oui.
16:26Qui appelait...
16:27Enfin, le patron,
16:27le secrétaire général.
16:28Oui.
16:28Si c'était le patron.
16:29Oui.
16:30Non, l'employé...
16:31C'était Donald Trump,
16:32le patron de l'OTAN.
16:33Qui appelait Donald Trump papa.
16:35Ensuite, vous avez
16:36Ursula von der Leyen
16:37qui va signer
16:38un accord commercial
16:39déséquilibré
16:40au profit des Etats-Unis.
16:42et elle va dans un golfe
16:43qui appartient à Donald Trump
16:44et elle fait le signe
16:45du pouce levé
16:46pour dire que c'est un super accord.
16:47C'est un super accord
16:48pour les Etats-Unis.
16:49Elle avait le mandat
16:50des Etats membres
16:50de l'Union européenne
16:51démocratiquement élue.
16:53La France était minoritaire.
16:55Non, la France est faible.
16:57Quand la France,
16:58politiquement,
17:00ne va pas bien,
17:01budgétairement,
17:02ne va pas bien,
17:03la France pèse moins.
17:04Et ça s'est vu ce jour-là.
17:06Et c'est Emmanuel Macron
17:07qui en est responsable ?
17:08C'est la classe politique.
17:10Quand vous voyez
17:11ce qui vient de se passer,
17:12on en parlera peut-être.
17:13Non, mais parlons
17:13des responsabilités.
17:14Emmanuel Macron
17:14est-il responsable
17:15de ce que vous qualifiez
17:16d'affaiblissement de la France ?
17:18Non, ce serait un résumé
17:20qui ne rentrait pas...
17:24Concile et clair ?
17:25Non, parce que ça n'est pas
17:26ma pensée.
17:29Quand un pays est faible
17:30politiquement...
17:32Alors, Emmanuel Macron,
17:33il porte la responsabilité
17:34de la dissolution.
17:35Quand ensuite
17:36les partis politiques
17:37ne se mettent d'accord
17:38que pour nous affaiblir
17:39encore davantage,
17:40on nous écoute
17:41de moins en moins.
17:42Et puis on a des partenaires
17:43qui nous disent
17:43on regarde vos sondages
17:45et si jamais par malheur
17:46Jordan Bardella
17:49ou Marine Le Pen
17:49devenait président de la France,
17:51on ne serait pas partenaire
17:52avec vous
17:53sur tout un tas de projets
17:53parce qu'on ne pourrait pas.
17:54Alors justement,
17:55puisque vous parlez
17:55de la situation française,
17:57votre parti,
17:57Horizon,
17:58l'Assemblée nationale
17:59qui compte 29 membres,
18:0034 avec les apparentés,
18:02est-ce qu'il fait encore partie
18:03du bloc central,
18:04de ce qui tient lieu
18:05de majorité aujourd'hui ?
18:06Parce que le chef
18:08du parti Édouard Philippe
18:09avait appelé
18:09à s'abstenir
18:10sur le budget de la sécu.
18:11Ce qui n'a pas été suivi
18:12par tout le monde d'ailleurs.
18:13Par les trois quarts.
18:13En général,
18:14le marqueur d'une appartenance politique
18:18c'est le vote
18:18pour ou contre le budget.
18:20Écoutez,
18:21moi je ne sais plus.
18:22Je ne sais plus
18:22parce que quand je regarde
18:23le parti socialiste
18:24qui fait donc partie
18:26de la majorité
18:26puisqu'il a voté
18:27pour le budget
18:29pour le PLFSS.
18:31Honnêtement,
18:32je me mets à la place
18:33des Français.
18:34C'est incompréhensible
18:36les votes de certains.
18:37Moi ce que je peux vous dire
18:38c'est qu'il y a une cohérence...
18:39On appelle ça un compromis
18:40Nathalie Loiseau ?
18:41Si ça avait été un compromis
18:42mais avec plaisir.
18:44Et d'ailleurs,
18:45Horizon s'est abstenu.
18:46Mais c'est un compromis ?
18:47C'est un budget socialiste.
18:49Tant mieux,
18:49Olivier Faure est ravi.
18:50Bravo !
18:51Sébastien Lecornu
18:52ne l'est pas.
18:52Hommage à Olivier Faure
18:54qui a obtenu
18:55un PLFSS socialiste.
18:57Bravo,
18:57c'est bien joué.
18:59Mais vous ne pouvez pas
18:59demander à Horizon
19:00qui demande
19:01qu'on maintienne
19:02la réforme des retraites,
19:04qui demande
19:04qu'on baisse les déficits
19:05et qu'on arrête
19:06d'augmenter
19:07les contributions
19:08de voter un budget
19:09qui est le contraire
19:10de ses convictions.
19:11Mais au fond,
19:12est-ce que ce n'était pas
19:12le prix à payer
19:13de faire des concessions
19:14aussi au Parti socialiste
19:15pour arriver
19:16à garder un gouvernement stable ?
19:18D'autres sont tombés
19:18sur le PLFSS
19:20et pour arriver
19:21finalement à obtenir
19:22quand même
19:22un budget de la sécurité sociale.
19:24Écoutez,
19:24on nous parle de stabilité
19:26et je suis très attachée
19:27à stabilité Horizon aussi.
19:29Mais là,
19:29ce n'est pas de stabilité
19:30qu'on parle.
19:32C'est d'immobilisme
19:33voire de recul.
19:34Est-ce que la France
19:35a vraiment les moyens
19:36d'être dans l'immobilisme
19:37voire de reculer
19:38dans la situation
19:39où elle est
19:40et dans le monde
19:40tel qu'il est ?
19:41Horizon ne le pense pas.
19:43Question politique
19:44rapide de Nathalie Loiseau.
19:46Est-ce que la colonisation
19:47française
19:48était un crime ?
19:50Est-ce que les colons
19:51français
19:52étaient des criminels ?
19:54Tous.
19:54Non.
19:55Mais la colonisation
19:56en tant que telle ?
19:57Il y a eu des crimes
19:57horribles pendant la colonisation
19:59qualifiés...
20:00Je pose la question
20:01parce qu'Edouard Philippe
20:02a répondu clairement
20:03que non
20:04à la question
20:04que Jean-Michel Apathy
20:05lui posait sur LCI.
20:07Et je vais vous redire
20:08est-ce que les colons
20:09étaient tous des criminels ?
20:10La réponse est non.
20:11Mais il y a eu
20:12des crimes horribles
20:13commis pendant la colonisation.
20:15Et,
20:16si vous me permettez,
20:17la grande différence
20:19de l'Europe
20:19avec le reste du monde
20:21aujourd'hui,
20:22c'est qu'elle est sortie
20:23de sa logique impériale
20:25là où les Etats-Unis,
20:26la Russie,
20:27la Chine
20:28y sont revenus.
20:29Le député
20:30Rassemblement National
20:30Jean-Philippe Tanguy
20:31propose une loi
20:33pour réautoriser
20:34la réouverture
20:35des maisons closes
20:36en France.
20:36Qu'est-ce que ça vous inspire ?
20:38D'abord,
20:38on n'a pas les mêmes priorités
20:39et ensuite,
20:40j'imagine qu'il n'est jamais
20:42entré dans une maison close,
20:43moi non plus,
20:44mais le sort des femmes
20:44qui sont dans ces maisons,
20:46m'importe,
20:47et dire qu'elles y sont heureuses,
20:50c'est tellement...
20:53C'est tellement scandaleux.
20:54Alors,
20:55puisqu'on parle des femmes,
20:56Nathalie Loiseau,
20:57les propos de la première dame,
20:58Brigitte Macron,
20:59ont fait polémique.
21:00Cette semaine,
21:01elle a été filmée
21:01en train de qualifier
21:02de sale conne,
21:03des militantes féministes
21:04qui étaient présentes
21:05pour dénoncer le spectacle
21:06de l'humoriste à réhabitants
21:07parce qu'il a bénéficié
21:09d'un non-lieu
21:09dans une affaire de viol
21:10en 2024.
21:12Qu'est-ce que vous inspirent
21:13ces propos ?
21:13C'est pas bien.
21:15Elle aurait pas dû dire ça ?
21:16Une première dame
21:17ne doit pas dire ça ?
21:18C'est pas bien.
21:18Vous savez,
21:19une première dame,
21:19il n'y a pas de position au ciel,
21:22il n'y a pas de statut
21:23et on a le droit
21:24d'avoir sa liberté
21:25et on dit tous des bêtises
21:26et on fait tous des bêtises
21:27dans notre vie.
21:28Donc,
21:28il ne faut pas en faire non plus
21:29un drame affreux,
21:30mais c'est pas bien.
21:31Je ne partage pas.
21:31On va filer au Standard
21:33pour retrouver Rémi
21:35qui a une question
21:35à vous poser
21:36et qui est moins
21:38politico-politicienne
21:39que celle qui vient
21:40de vous être adressée.
21:42Bonjour Rémi
21:43et bienvenue sur France Inter.
21:45Bonjour France Inter,
21:46merci de prendre ma question
21:47et bonjour à madame Loiseau.
21:49Bonjour.
21:49Alors,
21:50voilà,
21:51on voit que Arcelor
21:52est un sujet en ce moment,
21:53donc c'est un sujet
21:53sur l'industrie européenne.
21:55ThyssenKrupp
21:56va fermer ses sites
21:57en France et en Allemagne
21:58pour ses sites
21:59de production d'acier.
22:00Alors,
22:01est-ce que c'est le moment
22:01d'un protectionnisme européen
22:03d'une CECA du XXIe siècle
22:05pour prendre une expression ?
22:07Merci Rémi
22:08pour votre question-réponse.
22:10Nathalie Loiseau,
22:10on en a débattu tout à l'heure
22:12autour du cas Brant
22:13et du choc
22:14et de la CECA évidemment.
22:16C'est le moment
22:16de la fin de la naïveté,
22:17il y a longtemps qu'on le dit
22:18mais maintenant il faut le faire.
22:19Vous l'avez compris,
22:20les paroles j'en peux plus.
22:21Ce que je veux c'est des actes.
22:23C'est-à-dire
22:23quand des concurrents
22:25ne respectent pas les règles
22:26qu'eux-mêmes
22:28subventionnent leurs industries
22:29comme c'est souvent le cas en Chine,
22:30il faut tenir le coup
22:32et il faut effectivement
22:33prendre des mesures
22:34pour que leurs produits
22:36n'envahissent pas nos marchés.
22:37Il lui parlait
22:38de la communauté européenne
22:39du charbon et de l'acier.
22:40Est-ce qu'il faudrait revenir
22:41à cette origine
22:42lointaine de l'Union européenne ?
22:44Ça fait partie
22:44de l'Union européenne d'aujourd'hui.
22:46Ce que je veux dire aussi
22:47c'est qu'on a un problème
22:48de compétitivité en Europe
22:50et spécifiquement en France
22:52par rapport à d'autres pays européens.
22:54Et on ne peut pas simplement
22:55mettre des barrières
22:56pour dire
22:57le reste du monde
22:58nous concurrence.
22:58Il faut améliorer notre compétitivité.
23:01Il faut regarder
23:02la réalité en face.
23:04Ça veut dire par exemple
23:05qu'il faut travailler
23:06plus longtemps
23:07dans la journée,
23:08dans l'année
23:09et dans la vie.
23:10Ça n'est pas agréable
23:11à entendre
23:12mais ne dire que
23:13des choses agréables
23:14ça s'appelle
23:15de la démagogie
23:16et je ne fais pas partie
23:17d'un parti de démagogue.
23:18d'un parti de démagogie.
23:19Sous-titrage Société Radio-Canada
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