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  • il y a 19 minutes
Ce vendredi 12 décembre, dans sa chronique, Annalisa Cappellini parle de la crise politique majeure en Bulgarie et de la démission du Premier ministre sur fond d'accusation de corruption. Cette chronique est à voir ou écouter du lundi au vendredi dans Good Morning Business, présentée par Laure Closier sur BFM Business.

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Transcription
00:00Alors, Annalisa Cappellini, le Premier ministre vient de démissionner sur fond d'accusation de corruption
00:04à quelques semaines de l'entrée de la Bulgarie dans l'euro. C'est un peu inquiétant.
00:08Oui, c'est sûr que ça gâche un peu la fête de l'euro.
00:10Vous vous rappelez, l'entrée de la Bulgarie dans la zone euro avait été présentée comme un succès pour les Bulgares,
00:15un succès aussi pour les Européens qui accueillent leur 21e pays dans la monnaie commune.
00:20On a un peu déchanté désormais. Des questions se posent sur la stabilité de la Bulgarie
00:23et sur la pertinence de son entrée, là, le 1er janvier 2026.
00:27Parce qu'effectivement, on a vu les Bulgares descendre massivement dans les rues
00:31pour dénoncer la corruption de leur gouvernement jusqu'à obtenir la démission du Premier ministre,
00:37Rosen Geliaskov. Sauf qu'en Bulgarie aussi, le paysage politique est très fragmenté.
00:41Donc, il n'y a plus aucun parti qui peut gouverner seul. Plus aucune coalition n'est possible.
00:46Donc, le pays se dirige très probablement vers des nouvelles élections
00:49et donc va rentrer dans la zone euro sans gouvernement.
00:51Mais j'ai l'impression que tout le monde a la même histoire. C'est-à-dire que là aussi, c'est un problème de budget.
00:54Oui, on n'est pas les seuls. Le seul pays dans lequel les budgets font tomber les gouvernements.
00:59Le budget bulgare, en l'occurrence, prévoyait une augmentation des impôts, là aussi,
01:03et des cotisations sociales. Sauf que, selon les manifestants,
01:06c'était une tentative de plus de dissimuler des détournements de fonds
01:10et des systèmes de corruption.
01:12Le vrai problème, au-delà de ce budget, c'est une accumulation depuis des décennies.
01:16Il y a chez les Bulgares cette perception d'une corruption endémique
01:20contre laquelle il est très très dur de se battre, d'une économie qui est encore trop gérée
01:25par des oligarques, et le sentiment, surtout chez les jeunes,
01:28qu'en réalité, l'adhésion à l'Union Européenne n'a pas vraiment changé les choses.
01:31Pourtant, au niveau économique, la situation est plutôt bonne.
01:34Oui, avec une croissance à 2,8% en 2024.
01:37C'est beaucoup plus que le reste de la zone euro.
01:39Avec des finances publiques assez saines, une dette publique à 24% du PIB en 2024,
01:44ça nous fait rêver, et une trajectoire macroéconomique plutôt rassurante en général pour les Européens.
01:49Il y a un problème, évidemment, c'est que cette instabilité politique va impacter les marchés, évidemment.
01:55Ça commence déjà à se voir sur les obligations bulgares,
01:58et ça pourrait aussi avoir un impact sur le déficit si on rentre dans une spirale d'instabilité politique.
02:03Donc oui, la conjoncture est plutôt bonne, mais on est quand même dans une situation de fragilité.
02:08La Bulgarie reste le pays le plus pauvre de l'UE, avec un PIB par habitant à 24 000 euros par an.
02:13C'est la moitié que le PIB par habitant allemand, par exemple.
02:16Mais alors, est-ce que ça pourrait remettre en cause une entrée dans la zone euro ?
02:19Alors non, officiellement, la démission du Premier ministre ne remet pas en cause le calendrier d'entrée dans la zone euro,
02:25mais ça pose des questions.
02:26Là encore, un nouveau membre de la monnaie unique qui rentre dans la zone euro en pleine crise politique,
02:33évidemment, c'est un problème.
02:34Est-ce que faire rentrer un pays qui est perçu comme très corrompu dans la monnaie unique
02:38est compatible avec notre discours européen sur la rigueur, sur l'état de droit ?
02:42Et puis, il y a un autre pays qui fasse ces mêmes accusations de corruption, c'est l'Ukraine, bien évidemment.
02:47Donc, ça pose des questions pour le futur.
02:48Si jamais, un jour, on veut faire entrer l'Ukraine dans l'Union européenne et dans la zone euro,
02:52qu'est-ce qu'on va faire ?
02:53Et vous pensez bien que les eurosceptiques ne manqueront pas d'utiliser le cas bulgare
02:57pour s'opposer à tous les projets d'intégration future.
02:59Bon, le grec dont on a parlé hier a pris la tête de l'eurogroupe.
03:05Donc, comme quoi, on peut être le fragile de la zone euro il y a à peine dix ans
03:09et prendre la tête de l'eurogroupe aujourd'hui.
03:11Merci beaucoup, Annalisa Kappel-Inner.
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