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00:00Question directe avec Olivier Weber, écrivain, voyageur et grand reporter.
00:06Votre dernier livre, Olivier Weber, Naissance d'une nation européenne, c'est aux éditions de l'Aube.
00:12Bonsoir à vous, merci d'être là.
00:14Pourquoi Zelensky a-t-il fait cette déclaration sur l'organisation d'une élection en Ukraine ?
00:19Est-il sous pression de Trump ?
00:22Oui, bien sûr, d'une part il est sous pression, deuxièmement il n'a pas tellement le choix,
00:26vu évidemment ce qui se passe au niveau diplomatique.
00:28Cette offensive américaine qui cornerise, qui met évidemment l'Ukraine dans un coin,
00:33et en plus Trump qui accuse les Européens de faiblesse.
00:36Zelensky n'a pas tellement le choix, en même temps il cherche à gagner du temps en fait.
00:40On sait très bien du côté ukrainien qu'il faut passer l'hiver.
00:43Militairement c'est très important d'attendre au moins trois mois, on va dire, jusqu'au mois de mars ou avril,
00:47pour sortir de l'ornière, vu évidemment les pertes infligées à l'armée russe.
00:51L'armée russe on le sait à l'avance, dans le Donbass et dans d'autres secteurs,
00:54mais très péniblement avec un coup quand même exorbitant.
00:57On parle à peu près, ça dépend des mois, et c'est corroboré par les Américains,
01:01de 25 à 30 000 pertes par mois, donc du côté russe, donc morts et blessés, ce qui est énorme.
01:06Et tout cela pour gagner quelques fois, quelques centaines de mètres par semaine.
01:11Donc Zelensky sait qu'il peut et doit gagner du temps, par rapport à la géographie évidemment,
01:16mais aussi par rapport à la diplomatie.
01:17Et évidemment, cette manière de dire, finalement je peux organiser les élections,
01:22à condition, et c'est là où c'est très important, que la sécurité soit garantie.
01:29Évidemment, donc ça renvoie non seulement au partenariat avec les Européens,
01:33mais aussi à la protection éventuelle américaine.
01:36Mais vous croyez à une organisation d'élections en Ukraine,
01:38alors que la loi martiale l'interdit, interdit l'organisation d'un scrutin ?
01:42Alors oui, c'est justement ce que critique Trump également,
01:46ce sont les articles 19 et 20 de la constitution ukrainienne
01:49qui interdisent en fait les élections en processus électoral en temps de guerre,
01:53en période de loi martiale.
01:55Et évidemment, c'est le cas depuis fin février 2022,
01:57depuis la guerre et l'invasion à grande échelle,
02:00donc déclenchée par la Russie.
02:02Mais évidemment, tout cela peut être modifié, une constitution, ça se modifie,
02:05il faut une majorité qualifiée dans les différentes institutions,
02:09en l'occurrence la RADA, qui est le Parlement ukrainien,
02:11et c'est ce qu'a dit effectivement Zelensky,
02:14il a dit « je vais consulter, on va demander aux parlementaires de se réunir ».
02:17Donc là aussi, quand il parle de 60 à 90 jours,
02:20c'est d'abord une question politique,
02:23enfin au niveau de la constitution,
02:24donc une question juridico-politique, on va dire,
02:26et puis évidemment une question logistique,
02:28comment organiser évidemment des élections avec des urnes,
02:32des isoloirs, des campagnes électorales dignes de ce nom en temps de guerre.
02:36Évidemment, on pense aussi et surtout du côté ukrainien,
02:39non seulement à la protection des citoyens qui avaient voté,
02:42c'est un euphémisme, mais aussi au fait qu'il y a cette guerre hybride
02:45qui sévit non seulement en Ukraine, mais ailleurs de la part de la Russie,
02:49et donc des fake news et des ingérences russes
02:53qui pourraient évidemment modifier le choix des électeurs ukrainiens.
02:56Et lorsqu'il dit qu'à condition que les alliés garantissent la sécurité de l'Ukraine,
02:59seraient-ils prêts à le faire, ces alliés,
03:02dont la France bien sûr, la Grande-Bretagne, enfin tous ces alliés de l'Ukraine,
03:05est-ce qu'ils seraient prêts à garantir des sécurités,
03:07la sécurité de l'Ukraine en pleine guerre pour une organisation de ces élections ?
03:12Alors c'est une question à double réponse, à double dimension,
03:15c'est d'abord la sécurité avec un processus de paix classique,
03:19c'est-à-dire des sortes de casques bleus européens, voire américains,
03:22c'est ce que demande Zelensky, qui viendrait donc garantir évidemment le cessez-le-feu,
03:27donc l'arrêt des combats, ce qui ne veut pas dire la paix,
03:29et puis deuxièmement la protection, alors c'est moins compliqué,
03:31du processus électoral, c'est-à-dire garantir évidemment qu'on puisse se déplacer ce jour-là,
03:37ce vendredi, ce samedi ou ce dimanche pour aller voter à Kiev dans les grandes villes,
03:40mais aussi dans les campagnes.
03:41Évidemment c'est très compliqué, surtout si on s'approche de la ligne de cessez-le-feu.
03:45Ça permet quand même à Zelensky de gagner deux à trois mois,
03:48quand il dit 60 à 90 jours, ça veut dire exactement ça,
03:50arriver à la fin de l'hiver, mais évidemment ça pose d'énormes problèmes en fait,
03:55on va dire, au niveau de la réponse des alliés, en l'occurrence les Européens,
03:59et bien sûr les Américains qui sont appelés à garantir.
04:01Ce n'est pas sûr évidemment que Trump accepte d'envoyer soit des émissaires,
04:06soit des casques bleus, soit des observateurs, on va dire,
04:09pour observer le bon déroulé de ces élections.
04:13Olivier Weber, Zelensky est affaibli par les scandales de corruption récents.
04:17Quid de sa cote de popularité ? Est-il encore populaire ?
04:20Alors elle est assez basse, mais il y a une sorte d'union sacrée autour de lui,
04:25parce qu'on sait d'une part que la corruption est endémique,
04:28c'est presque un héritage de la période soviétique,
04:32et deuxièmement, bien sûr, il y a une sorte d'alliance autour de ce qu'on considère aussi,
04:40du côté ukrainien, un Churchill, on va dire, par rapport à l'offensive ruse.
04:45Cela dit, c'est vrai que ce scandale de corruption, en fait, à hauteur de 100 millions de dollars,
04:50ce n'est pas rien, avec la structure énergétique,
04:54donc l'agence énergétique ukrainienne qui s'appelle Energoatom,
04:57avec deux des amis, collaborateurs bras droit,
05:01de Zelensky qui ont été incriminés,
05:03avec Mindich qui était d'ailleurs son producteur,
05:05qui l'a lancé d'ailleurs à la télévision dans les années 2000,
05:08Mindich qui était en fuite, qui est en Israël actuellement,
05:10et deuxièmement, son plus proche collaborateur, André Yermak,
05:15qui a accepté de démissionner.
05:16Donc évidemment, ça affaiblit politiquement Zelensky,
05:19en même temps, il peut tenir,
05:21ce n'est pas certain évidemment qu'il serait réélu,
05:23on va dire, dans un cadre de politique fiction,
05:25admettons que toutes ces garanties de sécurité soient assurées par les alliés
05:28pour que les citoyens ukrainiens aillent voter,
05:30il n'est pas certain évidemment qu'il soit réélu,
05:32mais en tout cas, lui est prêt à passer la main,
05:34si c'est la garantie de la paix,
05:36mais c'est aussi une manœuvre pour gagner du temps,
05:37et pour contrer évidemment ces affaires de corruption.
05:41Emmanuel Macron a annoncé cette entretenue au téléphone aujourd'hui avec Trump
05:44et avec d'autres dirigeants européens au sujet de l'Ukraine,
05:47je cite, pour essayer d'avancer sur le dossier.
05:50Les Européens poursuivent ces discussions,
05:53est-ce qu'il n'y a pas toujours une sorte de retour au plan Trump initial ?
05:57Trump a encore affirmé que l'Ukraine avait perdu beaucoup de territoires,
06:00Moscou a approuvé derrière.
06:02Est-ce vain ou pas ce que font les Européens ?
06:04Non, parce que le président américain recule,
06:09on l'a vu sur différentes situations de conflits,
06:13et puis deuxièmement sur l'Ukraine,
06:14avec l'ultimatum qui avait été prononcé pour le 27 novembre,
06:17il a été dépassé,
06:19et rien ne s'est vraiment déroulé comme il le souhaitait,
06:21mais c'est une manière aussi de mettre la pression.
06:23Donc les Européens savent qu'il y a une sorte de diplomatie,
06:25de politique du yo-yo,
06:26donc évidemment de la part de Trump,
06:28Zelensky le sait également,
06:29que la posture de Trump sera peut-être un peu plus favorable à l'Ukraine
06:32dans quelques jours, dans quelques semaines.
06:34Là pour l'instant, c'est vrai que le fameux plan en 28 points américains,
06:37qui n'est plus de 28 points,
06:39est totalement aligné,
06:40ou grosso modo en grande partie aligné sur la position russe,
06:43qui surprend évidemment le monde entier,
06:45mais il peut y avoir des contre-propositions.
06:46Zelensky lui-même a dit que finalement c'est un plan en trois parties,
06:49une vingtaine de points qui correspondent à peu près
06:51aux gros points annoncés par les Américains,
06:56et puis une autre partie qui est intéressante,
06:59qui grosso modo correspondrait aux réparations,
07:01c'est-à-dire aux dommages de guerre,
07:02vous savez,
07:03donc en fait que la Russie soit incline à payer,
07:06enfin même forcée à payer,
07:07si le plan de paix était accepté,
07:09à payer les dommages de guerre.
07:10Donc évidemment on en est à des centaines de milliards de dollars de coûts,
07:13enfin de pertes de dommages du côté ukrainien,
07:15et c'est totalement inacceptable,
07:17et c'est du point de vue russe,
07:18quand on connaît évidemment la mentalité de Poutine et de la Russie.
07:22Et là c'est une position de rapport de force
07:24que met en avant Poutine,
07:25en même temps d'introduire ces nouvelles parties,
07:28on va dire dans un plan de paix qui peut être discuté
07:31dans un triangle avec trois positions,
07:34donc la position ukrainienne,
07:35les Européens, les Américains,
07:36donc Trump en l'occurrence,
07:38ça permet là aussi de gagner du temps,
07:39et ça veut dire aussi qu'il faut mettre le pied dans la porte,
07:42c'est ce que fait Zelensky,
07:43pour ne pas bloquer le président américain,
07:46et de se permettre en fait de poursuivre aussi un processus de paix,
07:49en tout cas de discussion, de négociation,
07:51et ne pas acquiescer à tout ce que propose,
07:54tout ce que dit,
07:55tout ce que met en avant le président Poutine.
07:57Merci Olivier Weber,
07:58merci beaucoup d'avoir été avec nous ce soir écrivain,
08:01écrivain voyageur,
08:02Naissance d'une nation européenne,
08:04c'est votre dernier livre,
08:05merci d'avoir été là.
08:06C'est pas tout à fait le dernier,
08:07mais c'est pas grave,
08:08c'est presque le dernier.
08:10C'est presque le dernier,
08:11il a un rapport avec le sujet en tout cas,
08:13merci.
08:13De la tout, bien sûr.
08:15Et on continue justement sur l'Ukraine,
08:16avec cette aide militaire à l'Ukraine,
08:18qui pourrait atteindre son plus bas niveau en 2025,
08:20selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute,
08:23les Européens en fournissent désormais l'essentiel,
08:25ils ne parviennent plus à compenser l'arrêt de l'aide américaine.
08:29On fait un point en image avec Léo Péchard.
08:31C'est un rapport rembarrassant pour les Européens.
08:35Selon l'Aki, l'Institut,
08:37ces derniers n'arrivent plus à compenser l'aide américaine
08:39destinée à Kiev, arrêtée en début d'année.
08:43Elle représentait plus de la moitié du soutien global.
08:46Conséquence, l'aide militaire pourrait atteindre
08:48son plus bas niveau en 2025.
08:50Alors que les allocations annuelles s'élevaient
08:52en moyenne à 41,6 milliards d'euros entre 2022 et 2024.
08:58Seuls 32,5 milliards d'euros ont été alloués à ce jour, en 2025.
09:02Pour atteindre les niveaux antérieurs,
09:04il faudrait allouer 9,1 milliards d'euros supplémentaires
09:07d'ici la fin de l'année,
09:08ce qui impliquerait un rythme d'allocation mensuel
09:11plus de deux fois supérieur à celui des derniers mois.
09:14Si le soutien global diminue, son évolution varie selon les pays européens.
09:19La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont doublé,
09:22voire triplé leurs contributions cette année.
09:24A l'opposé, l'Italie a diminué son net de 15%
09:27par rapport à la période 2022-2024.
09:30L'Espagne, quant à elle, l'a totalement arrêtée.
09:33La Commission européenne voudrait ponctionner
09:36dans les quelques 200 milliards d'euros d'avoirs russes gelés
09:38dans l'Union européenne,
09:40afin de financer un prêt à l'Ukraine.
09:42Objectif, débloquer un premier montant de 90 milliards d'euros
09:45lors d'un sommet prévu le 18 décembre à Bruxelles.
09:49Un projet complexe qui suscite l'opposition de la Belgique
09:52qui redoute des représailles de la part de la Russie.
09:56Merci d'avoir suivi.
09:56On se retrouve après une courte pause.
09:58On va parler économie.
09:59L'Inde qui voudrait devenir un hub technologique.
10:0319h10, le débat consacré à l'interdiction aux ados des réseaux sociaux.
10:07Ça se passe en Australie.
10:08Est-ce que d'autres pays, comme la France,
10:10comme l'ensemble de l'Union européenne,
10:12pourraient lui emboîter le pas ?
10:13Ça sera à 19h10.
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