- il y a 1 jour
Capucine Cousin, journaliste à l’AGEFI, auteure de “Netflix et Cie : les coulisses d’une (r)évolution”.
Angélique Delorme, DG adjointe du quai Branly, ex présidente de la commission art et d’essai du CNC, auteure de “La Bataille des images. Exception ou extinction du cinéma français”.
Retrouvez « Le débat de la grande matinale » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-debat-du-7-10
Angélique Delorme, DG adjointe du quai Branly, ex présidente de la commission art et d’essai du CNC, auteure de “La Bataille des images. Exception ou extinction du cinéma français”.
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00:00Et comme chaque jour pour ouvrir ses pages magazine, je vous propose la question qui fâche.
00:05Ce matin, Netflix va-t-il tuer le cinéma ? Grande manœuvre à Hollywood.
00:10La plateforme Netflix veut racheter un studio historique, Warner, un deal à 83 milliards de dollars.
00:17Que vient contrecarrer un autre titan du cinéma américain, la Paramount ?
00:22On vous explique cette bataille spectaculaire et on se demande ce qu'il en sortira à la fin.
00:26Une question toute simple, est-ce la mort des salles de cinéma ? C'est le débat du jour.
00:31France Inter, la grande matinale, Sonia De Villers.
00:37Et pour en discuter, Capucine Cousin, bonjour.
00:40Bonjour.
00:40Vous êtes journaliste à l'AGFI et vous êtes auteur de cet ouvrage paru chez Armand Collin.
00:44Netflix et compagnie, les coulisses d'une révolution.
00:49Vous avez mis révolution entre parenthèses, évolution, révolution, on va en parler.
00:53Angélique Delorme, bonjour.
00:54Bonjour.
00:55Vous êtes directrice générale adjointe du musée du Quai Branly.
00:58Vous êtes l'ancienne présidente de la commission du cinéma à réessai au CNC et auteur de cet ouvrage qui vient de paraître aux éditions Flammarion.
01:07Bataille des images.
01:08Et alors là, la bataille, à coup de milliards de dollars, ça y va, on est en plein dedans.
01:13Exception ou extinction du cinéma français, en effet.
01:17C'est une question qui nous taraude tous.
01:19D'abord, un mot, mesdames, pour dire ce que c'est que la Warner, parce que c'est un catalogue absolument mythique à Hollywood.
01:27C'est une grande marque.
01:28Qui veut commencer juste pour planter le décor ?
01:31Je veux bien commencer.
01:32C'est un studio de cinéma qui a été créé en 1920, qui incarne vraiment ce qu'on pourrait appeler le vieil Hollywood.
01:37C'est-à-dire qu'il possède un catalogue de films très anciens pour certains, comme Casablanca, des séries via HBO, qui est un producteur de séries mythiques.
01:47Et qui possède également plein de studios et plein, un gros réseau de salles de cinéma.
01:52Donc c'est vraiment un acteur du cinéma traditionnel.
01:55C'est ça, Angélique Delorme.
01:56C'est tous ces catalogues, tous ces films qui vont rentrer au catalogue de Netflix.
02:00Alors non seulement c'est un catalogue, effectivement, c'est un studio historique.
02:03Mais au-delà de ça, c'est aussi un producteur aujourd'hui du grand cinéma d'auteurs, Blockbuster.
02:09Cette année, il y a eu un film qui a eu énormément de succès en salles, qui s'appelle Une bataille après l'autre.
02:13Oui, avec Leonardo DiCaprio.
02:15Exactement.
02:15Et ça, c'est la Warner.
02:16C'est un scénario original, produit par la Warner.
02:19Et en fait, c'est devenu assez rare.
02:20C'est tout ce qui est hérité aussi du nouvel Hollywood.
02:22Ce sont des films produits par la Warner qui ont vraiment ce tampon cinéma d'auteurs, Blockbuster.
02:28Voilà.
02:28Et puis, au sein de la Warner, il y a une autre plateforme de streaming.
02:31Netflix est une plateforme de streaming.
02:34Donc, ce sont des films en ligne qui s'appellent HBO Max.
02:38Donc, en réalité, Capicine Cousin, ce serait un géant du streaming qui rachèterait un autre géant du streaming ?
02:45Oui, tout à fait.
02:45Il faut imaginer que Netflix, qu'on connaît tous maintenant, il a 300 millions d'abonnés payants dans le monde, au moins.
02:52Alors que cette autre plateforme que vous citiez chez HBO, elle a environ 70 millions d'abonnés dans le monde.
02:58Donc, ils vont avoir la très, très grosse majorité du marché parce que les autres acteurs du streaming mondiaux, ils sont loin derrière.
03:06On a Disney+, on a Amazon, etc.
03:09Mais ces acteurs-là, ils ont beaucoup moins d'abonnés que Netflix.
03:13L'histoire est folle quand même, Angélique Delorme.
03:15On parle d'un ancien vendeur de DVD, Netflix, capable d'avaler un des titans de l'histoire d'Hollywood.
03:21Absolument.
03:22Mais Netflix, c'est fou comment en deux décennies, en fait, a pris sa place dans le monde des images.
03:28Effectivement, c'était un loueur de DVD.
03:31Et après, il est devenu pur player du streaming, puis producteur de contenu.
03:35Il a intégré toute une chaîne de valeur, donc de la production à la maîtrise de l'audience.
03:39Et la maîtrise de l'audience, vu que c'était en fait le premier entrant sur ce marché, elle est phénoménale.
03:44Et effectivement, les autres plateformes qui ont émergé depuis ont du mal à lui faire concurrence.
03:48Alors, coup de théâtre hier, on a assisté à une contre-offre de la Paramount.
03:53Un mot peut-être pour dire ce que c'est que la Paramount, parce que là aussi, c'est la guerre des titans.
03:58Alors là aussi, ça incarne bien ce marché du divertissement, où on a des gros acteurs qui fusionnent entre eux.
04:05Paramount, c'est aussi un gros acteur d'Hollywood d'antan.
04:10Et ce qui est intéressant, c'est que Paramount a racheté un autre acteur cette année, qui s'appelle Skydance,
04:15qui a créé lui aussi un géant du cinéma et de l'audiovisuel.
04:18Et Paramount est capable de mettre 108 milliards de dollars pour récupérer la Warner.
04:24La Warner, en réalité, derrière tout ça, il y a aussi une bataille politique, Angélique Delorme ?
04:30Bien sûr, c'est une bataille pour la captation politique des images, des contenus.
04:34C'est vraiment une bataille cognitive.
04:36Aujourd'hui dans le monde, vu le flot de contenus, vu vraiment ce flot cognitif,
04:41tous les jours sur notre smartphone, toutes les images par lesquelles on est abreuvé,
04:45les géants se disputent pour les maîtriser, et donc pour maîtriser les imaginaires et les récits globaux.
04:51Oui, et puis par ailleurs, qu'à plus une cousin, derrière la Paramount, il y a l'ombre de Donald Trump.
04:56Exactement, parce que Paramount est dirigé par David Ellison, qui est le fils de Larry Ellison,
05:01qui est le cofondateur d'un éditeur de logiciel qui s'appelle Oracle.
05:05Oracle, cette année, il a explosé en bourse parce qu'il a été porté par l'effervescence autour de l'intelligence artificielle.
05:11Donc c'est une société qui a énormément de cash.
05:13Et il se trouve que Larry Ellison, c'est un soutien, c'est la deuxième personne la plus riche du monde actuellement,
05:19juste derrière Elon Musk.
05:20C'est un soutien historique d'Elon Trump, c'est vraiment un des très proches de Donald Trump, le président américain.
05:29Il a vraiment l'oreille du président américain.
05:31Et ce qui nous intéresse aussi, c'est que dimanche soir, le président américain a fait une déclaration publique auprès des journalistes,
05:38selon laquelle il va suivre ce dossier de très près.
05:40Lui-même ?
05:40Lui-même, et il estime que de toute façon, Netflix a déjà beaucoup, beaucoup d'audience.
05:45C'est ça.
05:46Donc qui va racheter la Warner ? Est-ce que ça va être Netflix ?
05:49Est-ce que ça va être la Paramount qui sont donc des alliés de Trump, Angélique Delorme ?
05:54Netflix a une image woke aux Etats-Unis, un peu une sorte de bastion, un lieu de résistance à Donald Trump.
06:03Effectivement, Netflix n'a jamais prêté allégeance à Donald Trump.
06:07Et donc c'est pour ça que...
06:08Pourtant c'est un géant de la tech, ils y étaient tous.
06:10Exactement, et c'est pour ça que c'est vraiment à signaler.
06:13Ils n'étaient pas à l'investiture, ils n'ont pas financé sa campagne.
06:16Et ils continuent à promouvoir de la diversité dans leur contenu.
06:20Donc effectivement, ils sont plutôt en opposition à toute la politique de Trump.
06:24Cela dit, derrière aussi Netflix, il y a toute la logique de la Silicon Valley et de la tech.
06:28Et là, on a parlé énormément des inquiétudes qu'on a par rapport à cette captation politique des contenus de la Warner.
06:34Mais il y a aussi une inquiétude sur la cannibalisation de la tech par la tech.
06:39Netflix est quand même la première menace pour les salles.
06:43Alors justement, c'est exactement ça dont on va parler.
06:46Je cite notre confrère du Monde hier, Thomas Sottinel.
06:50En réalité, que ce soit la Paramount ou que ce soit Netflix qui avale la Warner,
06:56Thomas Sottinel écrivait dans Le Monde,
06:57de tous les séismes qu'a connus Hollywood depuis l'avènement du cinéma comme distraction de masse au début du XXe siècle,
07:05celui-ci est potentiellement le plus dévastateur.
07:09Et c'est là, vous avez des regards qui divergent toutes les deux.
07:12Angélique Delorme, en quoi c'est dévastateur et potentiellement dévastateur ?
07:16Il me semble que c'est potentiellement dévastateur.
07:19Parce que typiquement, si on prend Netflix, ils ne sont pas du tout sur le créneau entrés en salle.
07:26Pour eux, ils ont toujours dit « Sarandos l'a répété maintes fois ».
07:29Peut-être Sarandos, c'est le patron Netflix.
07:30Peut-être Sarandos, le patron Netflix a répété plusieurs fois que la salle, c'était directement son concurrent.
07:36Et on peut donc voir des films de la Warner qui maintenant peut-être ne seront plus produits.
07:41Je pense donc justement au bloc buster d'auteurs à la PTA, à Paul Thomas Anderson,
07:46ou à Ryan Coogler qui a produit Sinner cette année et qui a fait énormément d'entrées.
07:51Et par ailleurs, véritablement Netflix, c'est une standardisation des contenus.
07:59C'est aussi tout ce rouleau compresseur qui uniformise les récits.
08:04Et ça revêt énormément de menaces pour le cinéma.
08:07Donc pour vous, c'est moins de films d'auteurs produits,
08:11des contenus plus standardisés, plus uniformisés,
08:13et surtout des milliers et des milliers de films qui sont diffusés en ligne et plus en salle ?
08:18C'est ça, et donc des millions d'entrées.
08:19Et comme vous le savez, en France, le système de financement du cinéma
08:22repose énormément sur la taxe qui est imposée sur tous les billets d'entrée.
08:27Et donc ça remettrait totalement en branle notre édifice.
08:31C'est une réelle menace pour le système qui mettait depuis 130 ans,
08:35le cinéma à 130 ans cette année, la salle au cœur du dispositif.
08:39C'est très intéressant.
08:40Ça signifie que le cinéma français peut être directement impacté, ébranlé, voire dévasté,
08:46si je suis notre confrère du monde, Thomas Sottinelle,
08:50par ses mouvements capitalistiques aux Etats-Unis.
08:53C'est-à-dire que s'il y a moins d'entrées en salle en France,
08:57il y a moins d'argent pour financer le cinéma français.
09:00C'est extrêmement intéressant.
09:01Capucine Cousin ?
09:02C'est vrai que les cofondateurs de Netflix, Reed Hastings et Ted Sarandos,
09:06ont toujours dit que les films qu'ils produisaient ou qu'ils achetaient,
09:10ils ont réservé la primeur à leurs abonnés et pas aux salles de cinéma.
09:14Ça fait partie de l'identité de Netflix.
09:16Cela dit, dans sa conférence téléphonique aux investisseurs,
09:19Ted Sarandos a dit vendredi dernier qu'il maintenait l'agenda de sortie de salle
09:24chez Warner Bros, prévu par Warner Bros, jusqu'à 2029.
09:28Donc a priori, il n'y aura pas de sortie en salle prévue jusqu'à 4 ans.
09:324 ans, c'est bientôt.
09:33Oui, c'est ça.
09:34C'est assez court comme chez enceinte.
09:36On ne sait pas ce qui va se passer.
09:37Ça fait 3-4 ans pour produire un film.
09:39Exactement.
09:40Après, moi je me dis, ça fait partie de l'ADN de Netflix,
09:42de ne pas sortir de films en salle.
09:44Ça a toujours été comme ça.
09:45Ils ne vont pas en changer.
09:46Même pour les cérémonies comme les Oscars,
09:49on a bien vu leurs petits jeux,
09:50ils sortent des films à dose homéopathique dans quelques salles,
09:53et c'est tout.
09:54Après, Warner Bros, ça fait partie de son identité,
09:57d'avoir des films, des blockbusters, des films d'auteurs,
09:59qui sortent en salle.
10:00Peut-être qu'ils auront intérêt à garder cette identité de Warner Bros.
10:05Et par ailleurs, vous vous dites,
10:07au moins en partie, les sorties en salle.
10:08Netflix injecte quand même beaucoup,
10:10beaucoup d'argent dans cette industrie.
10:12Beaucoup d'argent dans l'industrie de la production.
10:14Il n'y a même jamais eu autant de films en production,
10:17en tout cas de contenu en production.
10:19Donc, vous vous dites,
10:20ça peut être aussi une excellente nouvelle,
10:22en réalité, pour tout le tissu industriel de ce métier.
10:24Peut-être, encore une fois, moi, je pense que Netflix aurait intérêt à garder
10:28ce qui fait l'identité propre de Warner Bros.
10:30et son histoire par rapport à sa propre histoire à lui.
10:33Angélique Delorme ?
10:34Vous parlez de beaucoup d'argent.
10:35Effectivement, ils injectent beaucoup d'argent.
10:37Et d'ailleurs, ils ont maintenant des obligations de financement,
10:39même sur notre territoire, de cinéma français.
10:41Mais on peut remarquer, par exemple, sur l'argent qu'ils injectent,
10:45souvent, ça fait gonfler les coûts des films par minute.
10:49Et par exemple, ils ont permis à certains gros auteurs,
10:53je pense à Scorsese, par exemple, avec The Irishman,
10:56de faire des films que personne n'aurait financés,
10:58à des montants de 200 millions de dollars.
11:02C'est vrai que c'est la seule fois où Scorsese avait fait un film
11:04pour une plateforme en ligne et pas pour le cinéma.
11:06Et qui n'est jamais sorti en salle.
11:08Exactement.
11:09Il y a eu une sortie technique aux Etats-Unis
11:10pour pouvoir concourir aux Oscars.
11:12Mais c'est une sortie de deux semaines.
11:13C'est vraiment histoire de cocher la case.
11:16Mais ces films, de toute façon,
11:17ils ne seraient pas sortis en salle.
11:18Ils n'auraient pas été financés.
11:20Donc, c'est totalement un autre réseau.
11:21Ce n'est pas comme s'ils avaient financé des films
11:24qui, eux, allaient avoir une vie dans les salles en France.
11:27Vous voyez, ils ont en fait créé un canal parallèle
11:29en allant chercher des auteurs multi-oscarisés.
11:31Ils ont fait ça aussi avec Catherine Bigelow,
11:34avec Jane Campion.
11:36Et du coup...
11:38Avec Alfonso Cuaron.
11:39Bien sûr.
11:40Et les autres plateformes aussi.
11:41On a pu voir le Napoléon aussi,
11:44de Ridley Scott.
11:45Donc tout ça, c'est des films qui disparaissent de la salle.
11:48Non, justement.
11:48C'est des films qui n'auraient de toute façon
11:49pas été financés.
11:51Donc, ils ont créé un autre canal.
11:54Mais ils ne sont pas venus injecter
11:55l'écosystème traditionnel
11:57et toute la diversité de films.
11:58C'est l'écosystème qui est du film
12:00confidentiel d'auteurs au gros blockbuster.
12:03Eux, ils polarisent énormément la production.
12:05Capucine Cousin, ce qui est intéressant,
12:07c'est que vous vous dites
12:08qu'on n'a pas attendu Netflix aux Etats-Unis
12:12pour ravager en réalité l'écosystème de la salle
12:15et pour le polariser.
12:16Puisque en réalité,
12:18tous les studios misent sur des licences
12:20qui sont toujours les mêmes,
12:21qui sont des espèces de licences titanesques
12:23avec des films à répétition
12:24qui reviennent épisode après épisode.
12:26C'est vrai que ce qu'on dit beaucoup à Hollywood,
12:29c'est que les films intermédiaires,
12:32les gros films indépendants,
12:33il y en a beaucoup moins
12:34qu'il y a encore 20 ans.
12:35On a soit des très gros blockbusters,
12:37soit des tout petits films indépendants.
12:39Et c'est vrai que le nombre
12:41de salles de cinéma aux Etats-Unis
12:43de toute façon est beaucoup plus réduit
12:44qu'en France.
12:46Et ces dernières années, déjà,
12:48la fréquentation en salles
12:51était déjà en baisse.
12:52Et je pense que Netflix
12:53a vraiment accéléré ce phénomène.
12:54Mais en France, les salles sont protégées,
12:57on en parlait un peu déjà,
12:58à part cette fameuse chronologie des médias.
13:00Bon, eh bien, voyons le temps qu'elle tient
13:03et voyons l'argent qui continue
13:05d'être injecté dans le système.
13:07Je pense que vous allez revenir toutes les deux
13:09puisque qui va racheter la Warner
13:11Paramount à 108 milliards de dollars
13:13ou Netflix à 90 milliards de dollars ?
13:16Le suspense reste intact
13:17et les conséquences derrière
13:19sur le cinéma français également.
13:20Merci à toutes les deux,
13:21Angélique Delorme et Capucine Cousin
13:23pour rester avec nous dans un instant
13:25le grand portrait de Léonore de Recondo.
13:26Merci.
13:27Merci.
13:28Merci.
13:29Merci.
13:30Merci.
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