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Dans le cadre de la thématique Musique ! Retrouvez une rencontre exceptionnelle avec Jean-Benoît Dunckel (AIR) et Robin Coudert alias Rob (musicien pour Phoenix).
Animée par Benoît Basirico, journaliste et spécialiste de musique de film, cette rencontre croisée est l’occasion de les interroger sur leurs méthodes de travail.
Cours de cinéma enregistré au Forum des images le vendredi 14 novembre 2025.
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Le Forum des images est une institution de la Ville de Paris.
Un lieu, toutes vos envies.
http://www.forumdesimages.fr
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Animée par Benoît Basirico, journaliste et spécialiste de musique de film, cette rencontre croisée est l’occasion de les interroger sur leurs méthodes de travail.
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00:00:00Ravis de ce moment, nous allons donc parler de musique de film, mais à travers deux profils
00:00:13que l'on peut à la fois qualifier d'atypiques de par leur parcours et en même temps, qui
00:00:18dans leur activité de musique de film va devoir forcément répondre à des pratiques
00:00:24du métier et donc on va creuser un peu aussi qu'est-ce que c'est que de faire de la musique
00:00:28de film. Et d'ailleurs, dans l'introduction, il a été dit, on va aborder la musique électro
00:00:34de film et donc c'est intéressant parce que de par leur profil, évidemment, on les associe
00:00:39à la musique électronique, mais pour le cinéma, parfois, un film exige autre chose, exige
00:00:45de l'orchestre que Rob a pratiqué et puis Jean-Benoît Donquel aussi. Et donc, peut-être
00:00:50pour commencer, Jean-Benoît, Robin, évidemment, Rob, ce parcours du studio, de la scène à
00:00:59l'écran, est-ce que c'est la même activité ? Est-ce que c'est on change d'univers, on passe
00:01:07d'un travail de solitude à un travail de collaboration ? Voilà, comment vous concevez
00:01:11ce passage de l'un à l'autre, sachant que, évidemment, les allers-retours sont possibles
00:01:16puisque chacun continue encore de faire des activités d'album ? Jean-Benoît, peut-être
00:01:23pour commencer, évidemment, les 25 ans de Virgin Suicide qui sera projeté à 21 heures
00:01:28tout à l'heure. Ça a été le début de ton parcours de musique de film. Comment la transition
00:01:33s'est faite ?
00:01:34Bonsoir. Alors, il y a des mots intéressants dans ta question. En fait, je vais rebondir
00:01:42dessus. En fait, le premier mot que j'ai bien aimé, c'est le mot solitude. Parce que
00:01:48c'est vrai que quand tu fais de la musique de film, tu as tendance à être seul dans ton
00:01:53studio. Bon, après, il peut y avoir d'autres musiciens qui viennent. Mais je crois qu'en fait
00:01:57que tous les artistes sont seuls. Souvent, on peut être seul sur scène aussi. Comme on peut
00:02:04être seul dans un dîner avec des gens autour de soi. Je pense que quand un artiste part
00:02:09en tournée et qu'il fait de la scène, il est confronté forcément à une certaine
00:02:13solitude. Et c'est intéressant parce que du coup, c'est un plongeon en soi-même. Et
00:02:19ça est parti du métier de ce qu'on appelle artiste. Voilà. Alors, tu parlais en fait
00:02:26de comment passer de la scène au studio et faire de la musique de film. Je pense qu'en
00:02:32fait, la différence, c'est que la musique de film, c'est vraiment, on est plus proche
00:02:36du cinéma que de la musique. Parce qu'on parle avec des gens du cinéma, on parle avec
00:02:43le réal, on parle avec la production du cinéma. La musique doit s'articuler dans
00:02:50le film. Elle doit être coupée par rapport aux images. Elle doit souligner et agrandir
00:02:57ou réduire ou ne pas gêner ou au contraire sublimer les images. Donc du coup, on ne pense
00:03:03qu'aux images en fait, on ne pense qu'aux films. Et voilà. Donc je pense que c'est
00:03:09un grand changement parce qu'on devient quelqu'un du... Voilà, on fait partie du monde du cinéma
00:03:14et c'est pas du tout la même chose. Et c'est quelque chose qu'on... Voilà, qu'on cultive
00:03:19et qu'on apprend ce métier au fur et à mesure du temps. Et je pense qu'on va en faire part,
00:03:24on va en faire part de notre expérience chacun. Et ça, c'est intéressant.
00:03:29Et puis avant R, il y a eu également des études de musique classique, de piano au conservatoire.
00:03:38Donc il y avait déjà dans une formation tout ce qu'il fallait pour évidemment aujourd'hui
00:03:43être dans cette musique un peu caméléon. D'ailleurs, vous pourrez répondre tout à
00:03:48l'heure, on y reviendra, sur cette idée de varier les styles. Et Rob, pareil, dans
00:03:52le parcours, tout presque le destiné à faire de la musique de film, il y a à la fois le
00:03:59clavier, donc pour Phénix, mais aussi tes propres albums en tant que compositeur, déjà,
00:04:04dans le registre électronique, mais parfois dans des entre-deux. Et puis, Rob, tu as fait
00:04:11des études au Beaux-Arts de Paris en 96. Donc déjà, tu t'es confronté à l'image.
00:04:17Alors, je passe la trompette dans l'enfance, un groupe de heavy metal. Et le cinéma pour
00:04:24toi, c'était la rencontre. Alors, il y a eu d'autres choses un peu avant, mais c'était
00:04:28surtout la rencontre avec Rebecca Slotowski, Belle Épine, que tu as rencontrée à la Femise,
00:04:34parce qu'elle faisait la Femise. Alors déjà, je voudrais vous présenter mes excuses
00:04:40pour cette voix qui n'est pas ma voix tout à fait habituelle. Et en même temps, je suis
00:04:45très conscient que ça va vous inviter à m'écouter attentivement. Donc je vous remercie
00:04:49d'avance. Effectivement, il y a dans mon parcours l'idée que pour aller vers la musique,
00:04:57il faut s'en détacher, en quelque sorte. Et c'est vrai que mon passage au Beaux-Arts,
00:05:03je crois, m'a appris à aborder la musique comme si c'était une autre forme d'art et
00:05:10à ne pas cristalliser l'idée qu'il faut être musicien, par exemple, pour faire de la
00:05:14musique. Et j'ai même dans l'idée que je crois que les musiciens sont presque les ennemis
00:05:19de la musique. C'est-à-dire que bien souvent, ils font passer leur plaisir avant la création.
00:05:24Et en fait, il n'y a rien de pire que d'écouter des musiciens s'éclater. C'est insupportable
00:05:29presque. Alors que si on aborde la musique d'un point de vue pictural ou cinématographique,
00:05:34il se passe des choses très intéressantes. Donc pour moi, travailler pour le cinéma,
00:05:38ça a été une sorte de libération. C'est-à-dire que tout d'un coup, ça m'a libéré de la musique
00:05:43pour aller vers le cinéma, mais tout en créant quand même une matière qui ressemble à
00:05:47de la musique. C'est-à-dire que accepter d'être dirigé, d'être au service d'eux et en même
00:05:52temps, ça permet des expérimentations qu'on ne peut pas se permettre sur un album. C'est
00:05:56ça ? Ben, disons qu'en fait, c'est comme ça agit
00:05:59presque comme un alibi. Un alibi pour produire de la matière, mais qui ne vient pas nécessairement
00:06:08de soi, mais qui est au service d'une œuvre commune qui serait le film. Donc ça, pour
00:06:13moi, c'est très utile. Ça permet de se dégager de toute forme de responsabilité
00:06:18ou de, comment dire, ça permet de se détacher de soi-même pour s'y retrouver en quelque
00:06:26sorte. Il y a quelque chose de paradoxal.
00:06:27Ouais, je pense qu'on est tous les deux d'accord avec ça. D'ailleurs, c'est curieux, dans la
00:06:34démarche, quand on vous appelle pour faire une musique de film, eh bien, dans les premiers
00:06:41instants, on vous parle de votre spécificité, de votre son, de votre originalité. Et en
00:06:47fur et à mesure du temps, on se rend compte que finalement, le film se faisant, on insiste
00:06:55pour que vous soyez un peu comme tout le monde. C'est-à-dire qu'on veut qu'une scène
00:06:59qui fasse peur, qu'il y ait des sons de d'habitude qui fasse peur, que quand il y a une chaîne
00:07:05d'amour, il faut avoir les sons de l'amour. Et du coup, en fait, c'est complètement paradoxal.
00:07:11Ils sont beaux, les sons de l'amour.
00:07:12Ouais, oui, je suis un spécialiste de ça. Et en fait, c'est ça, ce paradoxe, c'est
00:07:17qu'en fait, on vous demande d'être ultra original au début. Et puis finalement, en fait, on aime
00:07:24bien que finalement, que ce soit quand même assez basique et normal, quoi.
00:07:28Mais ça n'est pas une vérité qu'on retrouve dans beaucoup de strates de notre vie, dans
00:07:33une relation, par exemple. On finit toujours par détester chez l'autre ce qu'on a aimé
00:07:37au prime abord. Exactement. Mais du coup, justement, là, je suis d'accord avec toi,
00:07:44en fait, c'est un prétexte. C'est-à-dire que l'art d'être un musicien de film, c'est
00:07:49de se débrouiller pour placer en fait ce qu'on veut placer, sa propre émotion personnelle
00:07:55de son chemin de vie de ce moment-là. Et voilà, c'est un peu comme la publicité, c'est
00:08:02un prétexte à l'art. Et le jeu, c'est de résister et de passer entre les mailles
00:08:08du filet et de pouvoir subsister en faisant son truc à soi et de vibrer d'ailleurs en
00:08:15studio. Parce que je pense qu'aussi, si on fait ce métier-là, c'est parce que quelque
00:08:18part, on a des expériences émouvantes aussi en studio.
00:08:21Il y a presque quelque chose de subversif, en fait. C'est-à-dire qu'on utilise le cinéma
00:08:27comme un vecteur de création et on y met une part de nous-mêmes un peu dissimulée derrière
00:08:34l'œuvre elle-même. Alors que je crois que toi, comme moi, ce qu'on essaie de faire,
00:08:38c'est d'y mettre réellement quelque chose de personnel. Et ça, c'est peut-être atypique,
00:08:42je crois, dans le métier.
00:08:43Complètement, ouais. Après, il y a aussi la technique musicale qu'on développe,
00:08:54le langage musical qu'on peut développer soi-même. Et ça, je pense que chaque musicien
00:08:59a son propre chemin. Et moi, je pense que si je fais la musique de film, c'est aussi
00:09:04pour ça, parce que c'est un challenge. C'est un espèce d'examen, de passage. Et je pense
00:09:11que, finalement, je trouve que je m'améliore, on va dire, dans ça. Et donc, c'est ça
00:09:18qui m'intéresse, c'est de m'améliorer.
00:09:21On a une heure et demie ensemble. C'est à la fois, on va dire beaucoup de choses et
00:09:26en même temps, trop peu pour, évidemment, aborder toutes les facettes. Donc, on ne pourra
00:09:29pas tout aborder. On verra quelques extraits. Mais évidemment, il y aura peut-être votre
00:09:33film favori qui ne sera pas dans les extraits qui seront montrés. Et vous aurez des questions
00:09:37à la fin de la séance. Voilà, c'était pour la petite parenthèse.
00:09:39Gardons du temps pour les questions, je t'en supplie, Benoît.
00:09:42Tout à fait. C'est prévu. Et pour le premier extrait, enfin, les premiers extraits, il
00:09:49aura des séquences comme ça, regroupées. Ce sera la collaboration avec Rebecca Slotowski
00:09:55autour de trois extraits qui seront, en fait, les trois premiers films. Belle Épine, Grand
00:09:59Central, Planétarium. Mais déjà, pour une première question avant de diffuser les extraits,
00:10:04et ça rejoindra d'ailleurs quelque chose qui concerne Jean-Benoît, c'est toujours la
00:10:08grande question de la musique de film, c'est à quel moment le composeur intervient.
00:10:11Et c'est quelque chose qui est un peu votre point commun, c'est d'intervenir très en
00:10:14amont la plupart du temps. Il y a des exceptions. Virgin Suicide, par exemple. Sofia Coppola,
00:10:21tu avais presque demandé un album. Enfin, avec Nicolas, c'était vraiment l'idée de faire
00:10:26un album. Et ensuite, Sofia Coppola l'a utilisé, a choisi les motifs, les thèmes qu'elle voulait
00:10:31au sein d'une matière un peu plus large. Elle ne l'a pas utilisée d'ailleurs.
00:10:34Ou ne l'a pas utilisée, voilà. Elle a très peu utilisé. Et c'est intéressant ce que tu dis
00:10:41parce que, en fait, c'est vrai qu'on reprend cette question de prétexte. Nous, on savait
00:10:47qu'on n'avait jamais fait de musique de film et on ne savait pas comment faire. D'ailleurs,
00:10:51on n'avait même pas de matériel pour regarder les images. Et donc, du coup, on s'est dit
00:10:56bon ben, vu là qu'on a trois mois parce qu'on va repartir en tournée, on va faire un album
00:11:01autour de la musique de film. On va lui donner ça. Et après, elle se débrouille. Comme ça,
00:11:06on retire tout le côté problématique de la synchro à l'image. Et c'est passé. Mais c'est vraiment
00:11:13ce qu'il ne faut pas faire. Vraiment.
00:11:15Non, mais pour autant, je trouve que Virgin Suicide, c'est un cas d'école, en fait. Parce qu'en fait,
00:11:19typiquement, l'alibi de faire de la bonne musique avec en tête un film qu'on rêve,
00:11:26puisqu'il n'existait pas au moment où vous composiez. Donc, vous aviez juste le rêve
00:11:29de faire le premier film de Sophia avec juste, j'imagine, un script, mais qui était ce qu'il
00:11:35était, quoi. Et ce qui est fou, c'est que ça vous a fait faire un album merveilleux,
00:11:40mais vraiment en tant qu'album, en tant que musique. Moi, je l'adore, ce disque. Et ce
00:11:44qui est génial, c'est de se dire que cette musique merveilleuse, inspirée par ce film
00:11:48génial, n'est pas dans le film. C'est vraiment... En fait, on est au cœur de la contradiction
00:11:54de notre présence ici, quoi. C'est-à-dire, qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
00:11:58Et pour Belle Épine, rencontre avec Rebecca Slotowski, quel a été le premier point d'entrée
00:12:03dans le film ? C'était l'écriture du scénario ? C'était la discussion ?
00:12:07Bah, je dirais qu'à l'instar de Virgin Suicide, c'était un premier long-métrage.
00:12:11Et il se passe quelque chose de très beau dans un premier long-métrage, c'est qu'il y a
00:12:14le fantasme du cinéma qui s'exprime. Et donc, chez la réalisatrice, il y a quelque chose
00:12:19de l'ordre de... C'est comme si c'était toute sa vie qui se jouait dans ce geste
00:12:24de faire un premier film. Et donc, c'est très émouvant. C'est une collaboration où on a
00:12:28l'impression de mettre toute sa vie, en quelque sorte. C'est comme si, à 25, 30 ans, je
00:12:33sais pas, l'âge auquel on fait son premier film, ou 40 ans, si c'est pire là, on jette
00:12:40l'intégralité de ses émotions, on essaie de condenser ça en une heure et demie.
00:12:44Donc, c'est une collaboration très intense, très dense. Donc, avec Rebecca, c'était beaucoup
00:12:48de conversations sur qu'est-ce que le rêve du cinéma. Et donc, il y avait cette idée
00:12:53dans ce film de passage de l'adolescence à l'âge adulte. Il y avait dissimulé des
00:12:59obsessions Slotovskienne sur l'absence maternelle et ces choses-là. Et il y avait une fascination
00:13:05pour, je crois, la musique de film des années 70 et 80, et notamment Tangerine Dream, Goblin,
00:13:12des choses comme ça. Donc, des choses qui me parlaient, moi, et que, instinctivement,
00:13:15j'avais envie d'insuffler dans son film. Très bien. Eh bien, regardons cette collaboration,
00:13:19Rob, Rebecca Slotovski, Belle Épine, dans le milieu des motards, Grand Centrale, dans
00:13:25une centrale nucléaire, et Planétarium, dans le milieu du spiritisme et du cinéma.
00:13:31Allez, Sonia, on va arrangir. T'es folle ou quoi ? Allez, dépêche-toi, habille-toi.
00:13:46Prends tes affaires. Allez, habille-toi. Allez, cours !
00:13:51Sous-titrage Société Radio-Canada
00:14:21Ben, qu'est-ce que tu fous ?
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00:19:08fois une proposition différente donc la guitare électrique la flûte là je reviens sur ce que disait
00:19:14jean benoît tout à l'heure donc qu'est ce qu'on attend de nous exactement et qu'est ce qu'on attend
00:19:19d'un artiste tu as dit électro tout à l'heure c'est un mot qui est absolument infâme électro
00:19:25donc on voit bien que l'électro ça n'a aucun sens enfin en tout cas ce qui nous concerne je
00:19:32crois moi ce que je vois c'est que le cinéma nous propose de réinventer quelque chose et que je
00:19:39crois que trouver la musique d'un film s'est inventé un langage qui n'est pas celui des comédiens qui
00:19:44n'est pas celui du scénario pas celui du chef opérateur de la lumière mais cette espèce de
00:19:49troisième donc à la ssm ils aiment bien parler du troisième auteur parce qu'ils veulent se faire du
00:19:54fric avec ça mais en fait c'est ça c'est cette espèce de troisième dimension qui échappe à l'écriture du
00:20:01scénariste et de la réalisatrice et qui nous appartient nos compositeurs donc créer ce langage
00:20:06ça passe par une phase de création pure où il faut inventer quelque chose et avec rébeca ce qu'on
00:20:14aime faire c'est parler de matière souvent donc effectivement on voit que dans belle épine à l'image
00:20:21on voit beaucoup de cuir on voit du chrome on voit de la brume des vapeurs et tout ça ça inspire des
00:20:29sons particuliers moi ça m'a inspiré je le dis à l'envi des ambiances un peu à la johnny hallyday
00:20:34parce que c'est un film qui se passe au début des années 80 et ça me fait penser à un album de
00:20:39johnny qui s'appelle la peur et johnny hallyday pose sur la pochette il a un blouson de cuir et
00:20:45une masse d'armes c'est une pochette monstrueuse je sais pas si vous la connaissez elle est vraiment
00:20:50elle est aussi moche que le mot électro et donc ça m'a inspiré cette musique fait donc d'acier de chrome donc cette
00:20:58musique un peu rock comme ça qu'on entend dans les guitares électriques et on voit que après dans
00:21:03grand central pour ces hommes et ces femmes qui vivent comme des êtres archaïques au pied d'une
00:21:10centrale nucléaire moi ce qui m'apparaissait c'était là la dichotomie entre l'archi modernité de la centrale
00:21:16et ce mode de vie au bord d'un cours d'eau pour donc refroidir le coeur de la centrale et donc ça m'a
00:21:23inspiré des instruments comme les instruments des hommes préhistoriques donc des flûtes en roseaux
00:21:29des percussions des tambours voilà des musiques comme ça un peu anti et pénultièmes et enfin pour
00:21:37planétarium là l'extrait que tu as choisi c'est un extrait extrêmement fantasmagorique et le film se
00:21:44situe donc juste à l'entre-deux-guerres juste à l'aube de la seconde guerre mondiale et c'était une
00:21:50période où l'histoire de l'art était en train d'exploser complètement et c'est pour moi la
00:21:55période du passage de la figuration à l'abstraction et donc j'ai essayé de de transformer ça en musique
00:22:02d'exprimer ce passage de déconstruction en quelque sorte harmonique donc je pensais à
00:22:07bartok à debussy à ravel des choses comme ça mais aussi l'idée de déstructurer complètement la musique
00:22:12ça pour dire pardon je te coupe que en fait ce qu'on cherche à chaque fois c'est une idée un langage une
00:22:19idée et que ça peut prendre des formes très diverses une idée et c'est vrai qu'on parle souvent de
00:22:24langage commun à établir entre une cinéaste un cinéaste qui parlerait le langage du cinéma et le
00:22:28musicien qui parlerait le langage de la musique et à t'entendre là l'instant on comprend qu'en fait
00:22:32vous parlez le même langage de la matière du visuel des émotions et de la narration ce qui est
00:22:37merveilleux c'est que comme dans toute relation on n'a jamais la certitude qu'on parle le même langage
00:22:42et qu'on est par contre certains qu'il n'y a que des malentendus et que c'est de ces malentendus que
00:22:47jaillissent les beautés de ce monde et jean benoît alors commence à qu'est ce que qu'est ce qui fait
00:22:52écho dans ton travail dans ce qu'on vient de dire l'idée du de la collaboration du langage de la
00:22:56matière de la narration c'est vrai que c'est une histoire de collaboration enfin moi dans un premier
00:23:03rendez vous j'essaye de comprendre un peu ce que veut le réal est vraiment je fais vraiment attention
00:23:11à savoir ce qu'il aime ce qu'il ne veut pas déjà pour pas déjà proposer quelque chose qui va être
00:23:18qui a posé un problème mais la plupart du temps en fait moi je suis dans le complètement dans la brume
00:23:24en fait c'est à dire je suis dans l'inconnu j'ai pas de parfois il m'a enfin je commence sur une idée
00:23:30sur une première idée puis finalement je me rends compte que ça marche pas du tout donc je suis capable de
00:23:35complètement de rebourser chemin quand je fais cette musique mais généralement en fait je sais
00:23:42pas en discutant avec le réal j'essaye de percevoir vraiment ce qu'il aimerait ce qu'il désirerait et
00:23:47j'essaye de de lui apporter ça si je peux et donc voilà je me focalise dessus et puis voilà enfin
00:23:56que j'essaie de comprendre en fait la vibration qui veut avoir et j'essaye de trouver en moi ce que je
00:24:02peux lui apporter et mais je mais je sais qu'en fait que en musique de film en art il n'y a ni
00:24:09erreur il n'y a ni réussite quelque part tout est subjectif et j'essaye de simplement de trouver de
00:24:17l'émotion quoi de au moment où je fais le passage que je traite ce passage j'essaye de vibrer le plus
00:24:24possible et puis mais je sais qu'aussi parfois une bonne musique de film c'est musique qui va être off
00:24:28c'est à dire qui va être qui va un peu rater son but qui va genre partir dans une direction bizarroïde
00:24:34on se demande pourquoi pourquoi tu fais ça avec ce sont là alors qu'on n'a pas demandé ça enfin par
00:24:40exemple là j'ai fait une musique de série et en fait à un moment le réel à parler de western en
00:24:47fait et du coup ce mot western en fait j'ai pensé que à ce mot pendant toute la série et j'ai pensé
00:24:54vraiment à des instruments de western et en finalement j'ai fait comme un peu toi j'ai
00:24:59trouvé une flûte en fait qui n'a rien à voir en fait finalement avec le western aussi et j'ai
00:25:04joué de la flûte de très très mal mais le fait de la jouer très mal fait que ça faisait un petit
00:25:09peu western avec dans un délai donc je suis voilà je suis resté sur ce délire là donc je pense que
00:25:13je pense qu'il faut avoir ses propres lubies il faut ne pas avoir peur d'être à côté aussi
00:25:20parce que finalement la meilleure musique de film la personnalité va venir du côté que ce soit un
00:25:28peu à côté de la plaque je trouve pour moi je suis tout à fait d'accord et d'ailleurs c'est pour ça
00:25:34que c'est si formidable pour nous qui venons d'une carrière discographique de se jeter dans le cinéma
00:25:39c'est qu'en fait je crois que les attentes dans le cinéma sont d'essayer de provoquer quelque chose
00:25:46plus que de rassurer dans le cas de discographique dans le cas de discographique on va nous demander
00:25:51de répéter une formule ad nauseum qui a fonctionné parce que l'industrie est comme ça on veut vendre
00:25:58des singles et au cinéma même si c'est une industrie et dieu sait que c'est une industrie on va
00:26:04chercher à se démarquer un petit peu plus et c'est notamment vrai je crois dans le monde des
00:26:09séries actuellement ou pour il ya un tel flot de nouveautés chaque semaine qu'il faut trouver un
00:26:14petit truc un hook un angle particulier qui va nous demander d'aller chercher une originalité et à
00:26:21se renouveler nous en tant que créateur de musique et pour ça c'est vraiment formidable
00:26:26et faire en sorte que la musique ne soit pas redondante un pléonasme racontant ce que le
00:26:30film raconte déjà et l'idée que le côté à côté c'est aussi je l'entends aussi comme ça c'est
00:26:35d'être voilà un personnage supplémentaire et ce que j'entends aussi c'est que dans cette idée d'être du
00:26:42personnage supplémentaire souvent aujourd'hui on entend des réalisateurs des réalisatrices qui
00:26:45veulent quand ils ont de la musique surtout la cachée avec vous vous avez eu de la chance
00:26:49parce qu'à chaque fois j'ai l'impression que la musique n'est pas cachée elle est vraiment
00:26:52alors on fait appel à vous pour ça aussi c'est pour la musique soit vraiment entendu
00:26:55je pense que quand on appelle jean benoît dunkel ou moi même on sait très bien qu'il ya un espèce de
00:27:01background déjà de carrière de compositeur et en fait je pense qu'ils font appel à nous en sachant
00:27:07qu'ils veulent de la musique ce qui n'est pas toujours le cas quand on appelle un musicien je
00:27:12pense étrangement c'est parfois il peut y avoir une fonction de la musique et juste de faire ce qu'il
00:27:17faut faire en musique de film et bien souvent c'est accompagner souligner comme tu disais
00:27:22mettre de la musique d'amour quand il ya une scène d'amour alors que mettre une musique d'amour sur
00:27:27une scène de crime ça devient vachement plus intéressant et ça c'est notre spécialité et jean
00:27:31benoît on va aborder summer par exemple qui est un film que j'aime beaucoup summer qui est un film d'une
00:27:37lituanienne qui s'appelle alente kavaité et ça raconte c'est le mal être adolescent une jeune
00:27:46fille de 17 ans issus d'un milieu aisé qui passe l'été en lituanie elle souffre de vertiges et pour
00:27:53raconter un petit bout du speech après elle rencontre une autre jeune fille et là quelque
00:27:56chose se passe une romance en quelque sorte et ma première question c'est virgin suicide est ce que
00:28:01c'est virgin suicide qui t'a apporté ce projet parce que évidemment on peut trouver des liens sur le mal
00:28:06à l'être adolescent est ce qu'un sujet commun a pu te faire un lien entre plusieurs films et ça peut
00:28:11nous amener jusqu'à françois ozon alors c'est sûr que moi virgin suicide j'y suis abonné c'est à dire
00:28:18ça revient toujours je pense que tous les réels qui m'ont contacté ben ils ont ce film qu'elle qui a
00:28:25été le plus remarqué aussi parce qu'il est attaché au mot coppola qui est un mot en fait qui déverrouille toutes
00:28:33les portes et c'est vrai que je suis attaché vraiment à virgin suicide alors que c'était ben
00:28:39quelque c'est une période de notre création qui a duré pas longtemps en fait six mois et qui est
00:28:46comme tu disais en fait basé sur un quiproquo quoi quelque part mais c'est vrai que en fait le malais
00:28:51d'azodescent en fait il se retrouve aussi dans été 85 et un film de françois ozon aussi dans un dernier
00:28:56film qui s'appelle en attendant la nuit de céline rouzet donc j'ai fait la musique aussi et c'est
00:29:02sûr que le mal à l'aise adolescent ouais ça revient toujours et je pense que il me semble que ben j'y suis
00:29:08on m'y attache souvent alors je sais pas si c'est parce que je reste un adolescent ou si je suis mal à
00:29:14l'aise en permanence un peu des deux peut-être que je comprends ces sentiments mais c'est sûr que
00:29:21tu es toujours attaché tu es toujours attaché en fait à ton oeuvre la plus la plus spectaculaire et
00:29:29la plus reconnue quoi par exemple randy warhol il est quand on parle de randy warhol enfin je
00:29:34comprends pas randy warhol mais quand on parle de randy warhol on voit ben marine monroe avec
00:29:39cette période de sa vie qui est très très courte en fait il a fait plein de choses il a fait d'ailleurs
00:29:44il a fait des films il a fait plus de 100 films et on connaît pas ses films et ben voilà et c'est vrai
00:29:49que parfois aussi ça peut être une connotation négative lorsque par exemple un réalisateur va
00:29:57entendre parler de mon nom il va dire ah non mais c'est le mec de r donc il a fait version suicide
00:30:01sa musique un peu atmosphérique mais moi je veux pas ça je veux un truc grandiose avec un orchestre
00:30:07avec un truc un peu rock et tout un peu cas vraiment du corps et il va pas pouvoir faire ça
00:30:12parce que il a fait version suicide quoi donc et donc notre métier c'est aussi de montrer qu'on peut
00:30:19surfer sur autre chose et aussi je voulais dire aussi autre chose c'est que je crois que
00:30:25hop je suis d'accord mais en fait dans la musique de film il ya des courants c'est à dire qu'il ya des
00:30:30modes par exemple il est petit des petites modes de timbres de son ou d'un instrument à hollywood par
00:30:40exemple donc par exemple j'ai repéré que en ce moment parmi dans le film eddington je crois que
00:30:47ce film il ya que des percus et c'est hyper minimaliste je pense que j'ai le sentiment qu'en
00:30:53ce moment on est dans une période de musique de film très minimale avec de la percu avec beaucoup de
00:30:59respiration ça c'est depuis d'ailleurs will be blood et johnny greenwood ouais bah d'ailleurs c'est
00:31:08génial ouais c'est très bien mais c'est vrai il ya eu la période aussi yo hanson donc c'était que des
00:31:15textures de cuivre de cordes comme ça avec des harmoniques et tout c'est vrai il ya des tendances
00:31:19c'est évident et en fait c'est parce que tout simplement c'est une industrie donc l'industrie
00:31:25et à l'écoute de l'air du temps et tout ça et c'est aussi une industrie technologique donc on est
00:31:31aussi on dépend aussi de certaines aires technologiques et on voit bien que le passage
00:31:34de l'analogue au numérique sauf ça a bouleversé aussi les modes de production donc tout ça c'est
00:31:39assez fascinant ouais et d'ailleurs la musique électronique est rentrée dans la musique de
00:31:44film il ya peu près je sais pas il ya dix ans enfin bon elle était déjà avant là mais elle est devenue
00:31:48plus plus récurrente notamment je sais que moi la première fois que ça m'a choqué c'est dans le
00:31:53film ténètes à un moment il ya une grosse scène d'action il ya un énorme moog ou un énorme synthé
00:31:59avec une séquence très forte et du coup je me suis dit ben ça y est ça y est la musique
00:32:04chronique vraiment la genre la techno hard quoi rentre dans la musique de film et je pense que
00:32:10bah tout ça ouais je j'avoue parfois je sais j'essaie de copier et dans l'histoire de la musique de
00:32:17film électronique juste cette petite parenthèse du coup parce que c'est aussi un sujet qui a été
00:32:22présenté à l'introduction midnight express qui était le premier film américain avec exclusivement
00:32:26des synthés paris oscar à hollywood et ensuite train 13 nord est arrivé et etc donc il ya une
00:32:32histoire de la musique électronique mais j'ai l'impression que vous vous ne rentrez pas
00:32:35forcément dans cette histoire si on doit retracer une histoire de la musique électronique au cinéma dans
00:32:40la mesure où la musique électronique au cinéma c'est un peu une histoire où la musique est presque en
00:32:44dehors du film alors que vous vous êtes vraiment en alchimie avec le film ce qui fait que la musique est autre chose
00:32:50qu'électronique elle est vraiment une musique cinématographique je crois que déjà je vois qu'à
00:32:54chaque fois que je prends la parole j'ai l'impression qu'il ya une ambiance de ouf qui je suis désolé pour
00:32:58ça mais il faut je pense mettre fin au clivage musique électronique et quoi alors c'est quoi le reste
00:33:07c'est quoi je pense que ça c'est un leurre il ya une matière sonore et on se fout éperdument qu'elle
00:33:15soit générée par un synthétiseur une trompette ou que sais-je c'est juste de la vibration et
00:33:22effectivement il ya des modes il ya des textures il ya des effets que ça produit sur nous évidemment
00:33:26que un arpégiateur de synthétiseur produit pas le même effet qu'un violon légato mais mais je pense
00:33:34qu'il n'y a pas de clivage il faut comprendre que spécialement c'est une des beautés de notre époque
00:33:39je crois tout est absolument mélangeable et aujourd'hui quelle que soit la musique que l'on
00:33:44produit de toute façon en quelque sorte elle est électronique puisqu'elle est enregistrée sur
00:33:49ordinateur mixé sur ordinateur avec des effets numériques donc aujourd'hui ça n'a plus vraiment
00:33:54de sens je crois c'est pour ça quand on était présenté comme des artistes électro je comprends
00:33:58qu'on ait besoin de placer les gens dans certaines cases pour pouvoir nous présenter mais je crois
00:34:03qu'aujourd'hui c'est important de faire sauter ce clivage et il y avait notamment dans le milieu des
00:34:08compositeurs justement une espèce de guéguerre pitoyable entre eux les orchestrateurs on va
00:34:14dire les grands arrangeurs et les mecs comme nous et je trouve que cette guéguerre est vraiment perdu
00:34:22d'avance je ne dirai pas pour qui mais il me semble que la curiosité c'est ce qui doit nous nous nous
00:34:31faire avancer et en fait la curiosité c'est de faire ce qu'on ne sait pas faire et ce qui prime c'est le
00:34:37résultat pour le film on va donc apprécier une nouvelle save d'image pour apprécier le travail de
00:34:42jean benoît et donc en regardant le résultat et on pourra commenter ensuite comment ça a été
00:34:47fabriqué on parlait justement du coup de trois films où l'adolescent l'adolescence est au coeur du
00:34:57du sujet donc il ya summer que j'ai un peu pitché il ya donc été 85 de françois ozon et puis en
00:35:03attendant la nuit sorti il ya un an à peu près voilà regardons ces extraits puis ensuite on en parle
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00:36:56J'y vais.
00:37:01Je préviens ta mère que tu descends.
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