- il y a 2 jours
DB - 09-12-2025
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TVTranscription
00:00:00C'est parti !
00:00:30Ma parole, vous jouez avec le temps, Aristote.
00:00:38Le temps, le temps, le temps, ce n'est pas de l'argent.
00:00:44Le temps, le temps, le temps, c'est une horloge.
00:00:49Le temps, le temps, le temps, ce n'est pas de l'argent.
00:00:54Le temps, c'est un cadran avec des heures.
00:00:58C'est bien le moment de chanter, monsieur le baron, quand vous me voyez dans l'embarras.
00:01:03Qu'est-ce que vous avez pu lui faire ?
00:01:04Et que peut-on faire d'autre à une horloge, sinon la remonter et lui passer un torchon sur la figure ?
00:01:11Tenez, la voilà qui repartit de seule à présent et qui multiplie tout.
00:01:15Que l'heure est-il en l'épilité ?
00:01:19Quatre heures ? Je suis en retard pour mes exercices.
00:01:23Lille-Barn, vous êtes venu chez moi ?
00:01:25Bonjour, monsieur le baron.
00:01:27Bonjour.
00:01:31Aristote, faites-nous monter mes pilules.
00:01:35Les rondes, les vertes, les opiacées.
00:01:37Quatre heures, six heures, midi ? Peut-être minuit.
00:01:40Je ne me rends plus compte de rien.
00:01:44Madame Boromé m'impressionne avec son turban anti-migraine, baron.
00:01:47Chère Alice.
00:01:52Quel jour sommes-nous ? Samedi soir ou dimanche matin ?
00:01:55Je ne sais plus où en sont les choses.
00:01:57Depuis que nous sommes lundi.
00:01:58Nous sommes lundi, mademoiselle.
00:02:00J'ai manqué le serment du père Eucalyptus.
00:02:02Il semble que je n'ai pas à dîner non plus.
00:02:07Comme c'est bizarre.
00:02:10Évitez ce qui est bizarre, monsieur Fernagut.
00:02:12C'est vous.
00:02:14Portez chapeau mousseux, gilet fleuri et canne souple pour une promenade d'après-midi,
00:02:18alors qu'il est huit heures au crépuscule, c'est un comble.
00:02:23Moi, je ne comprends plus.
00:02:24Avec tous ces intermédiaires qui sortent de leur boîte, je suis comptable.
00:02:27Toute ma vie, je fais des additions.
00:02:29Les chiffres se suivent selon un ordre.
00:02:31Un, deux, trois, quatre, cinq.
00:02:34Sauf ici.
00:02:37C'est vrai.
00:02:38Il y a dix années que je passe mes vacances dans cette tension,
00:02:41en face de cette horloge,
00:02:43devant ce cadran associé au soleil et à la lune dans l'exactitude,
00:02:47ces aiguilles d'un incorruptible comme les moustaches d'un tigre.
00:02:51Qu'est-ce que vous avez pu lui faire ?
00:02:53Répondez à la fin.
00:02:55Rien.
00:02:56J'ai mis la clé dans son de l'oie,
00:02:58puis j'ai remonté, tout bonnement.
00:03:00Ah, et puis, j'ai tiré la vitre avec ma manche.
00:03:05Ah, si je comprends bien,
00:03:08vous avez expectoré sur cette pendule.
00:03:12Il avait désobligé gravement.
00:03:14Vous avez dérangé ses fonctions régulières.
00:03:16Aristote, vous avez craché sur un juge.
00:03:19Il y a tout de même une différence entre un juge.
00:03:22Aucune, aucune.
00:03:23En matière de savoir-faire et de savoir-vivre, précisément.
00:03:25Ben bon, débrouillez-vous avec cette casserole.
00:03:33Vous avez fait briller.
00:03:37Je me demande...
00:03:40Si vous ne procédez pas de la même façon avec mes souliers,
00:03:44quand vous décirez.
00:03:46Il y a trois jours que je marche très mal.
00:03:49Je boite même un peu, on dirait.
00:03:50Monsieur Aristote,
00:03:54sachez que les objets ont une conscience.
00:03:58Peut-être faut-il appeler un orloger.
00:04:01Un orloger.
00:04:03Un orloger.
00:04:04Alors qu'il faut ici de la politesse.
00:04:07Prenez votre plumet, Aristote.
00:04:09Je vais monter là-dessus.
00:04:17Nous allons essayer de l'apaiser, si Dieu veut.
00:04:21De droite, à gauche.
00:04:23De haut en bas.
00:04:24Cette pendule est une rose.
00:04:28Cette pendule est un chat.
00:04:33Je lui souris aussi.
00:04:35Oui, mais intelligemment.
00:04:36Vous caressez le balancier avec le petit doigt.
00:04:43Faites-la ronronner aimablement.
00:04:49C'est une vieille grande dame.
00:04:52Chère grand-mère.
00:04:58La voilà qui tricote à présent.
00:04:59Il ne faut pas être
00:05:05Marquis ni gentleman
00:05:06d'Angleterre
00:05:09Pour être poli
00:05:14et avoir
00:05:15de belles manières
00:05:17Mon pauvre ami
00:05:24La politesse est populaire
00:05:30Vous avez raison,
00:05:33Paron
00:05:34Ding ding dong
00:05:36Ding ding dong
00:05:37Ding ding dong
00:05:38Ne touchez pas aux arts.
00:05:42Ne jouez pas avec le temps.
00:05:44Je suis amoureuse.
00:05:46Je suis amoureuse.
00:05:48Toutes les minutes sont du miel.
00:05:50Des fleurs pour moi.
00:05:52Cette fille est une pourriture.
00:05:54J'aime.
00:05:55Je suis amoureuse.
00:05:57Je suis folle de M. Adam.
00:05:59De M. Adam seulement?
00:06:00Et de Colombo
00:06:01Et du comptable dentiste.
00:06:04J'aime.
00:06:05J'adore.
00:06:06J'adore tous les hommes.
00:06:15Quand tout dort dans l'avention
00:06:18Les roses et les lions
00:06:20Je suis un imaginatif.
00:06:21Le balai à la main
00:06:24Comme un bâton de pèlerin
00:06:27Je balaye
00:06:30Je balaye
00:06:32Je balaye
00:06:35C'est mon destin
00:06:38C'est mon destin
00:06:40C'est mon destin
00:06:41Si j'étais un oiseau
00:06:45Je n'aurais ni balai
00:06:47Ni plumeaux
00:06:48Mais des plumes
00:06:50Mais des plumes
00:06:52Et je chanterai très haut
00:06:56Loin du galon
00:06:57Et de l'oseille
00:06:59Pour éviter le flon
00:07:02En attendant
00:07:04Cette transformation
00:07:06Je balaye
00:07:10Je balaye
00:07:13Je balaye
00:07:15Je balaye
00:07:16Je balaye
00:07:32C'est toi, Pirette.
00:07:41Oui.
00:07:44Où es-tu ?
00:07:46En bas.
00:07:48Est-ce qu'Arista t'es couchée ?
00:07:49Il n'y a personne.
00:07:51Mais ça.
00:07:52Je me méfie d'Aristote.
00:08:04C'est un chien de chasse.
00:08:05Il a du nez.
00:08:06Il est toujours sur le talon.
00:08:09Je descends, mais si je le vois,
00:08:11il passe à tout le monde.
00:08:14Que tu es fort comme vous.
00:08:18Que tu es fort comme vous.
00:08:21Que tu es beau, Colombo.
00:08:31Je suis strict.
00:08:35Tiens, il dirait que j'ai plus de bus.
00:08:36Oh non !
00:08:37Que je perde mon poids.
00:08:42Il reste, monte dans ma chambre.
00:08:44Non !
00:08:45Dans la bibliothèque.
00:08:47A cause des livres.
00:08:48Tu sais très bien que j'ai horreur des livres.
00:08:50Il ne m'intéresse que lorsqu'ils sont grands et lourds dans mes exercices.
00:08:54Il y a des dictionnaires.
00:08:58Fiorette, on est si bien chez moi.
00:08:59Quelle idée dans une bibliothèque ?
00:09:01Mais puisque je te dis qu'il y a les dictionnaires.
00:09:04J'aime les livres.
00:09:07Et quand on m'embrasse pour deux,
00:09:09il me semble que je deviens moi-même une histoire.
00:09:11Viens, Colombo.
00:09:15Viens.
00:09:22Dans la bibliothèque.
00:09:23À côté de l'encyclopédie.
00:09:26C'est que tu es une pourriture.
00:09:27Et qu'est-ce qu'il faut faire ?
00:09:28Je suis venu.
00:09:31Je vais bien m'emporter fille.
00:09:35Le sport, c'est le grand frisson.
00:09:37Je me suis venu.
00:09:56Je t'y attends.
00:09:57Je t'y attends.
00:09:59Je t'y attends.
00:10:00Jésus-Christ, où êtes-vous ?
00:10:04En bas !
00:10:10Je n'ai pas de coucher.
00:10:12Oui !
00:10:14Je viens, mais tu veux la rencontre.
00:10:16Jésus, reste ta face, il va de toi.
00:10:18Ah, bonne renommée, il vaut mieux que la ceinture dorée.
00:10:22Et je ne sais plus pas.
00:10:24Ah, mais attends !
00:10:25Tu es allô dans ma chambre ?
00:10:26Non, dans le sain.
00:10:28À côté du portrait de ma tante.
00:10:31Madame Boromé ?
00:10:37Qu'est-ce qu'il faut faire ?
00:10:39Cette fille est du Moyen-Âge.
00:10:45Un peuple mousse.
00:10:47Un peuple mousse.
00:10:49Un peuple mousse, cette fille.
00:10:52C'est un peuple mousse.
00:10:58Un peuple mousse.
00:10:59Un peuple mousse.
00:11:00Un peuple mousse.
00:11:01Un peuple mousse.
00:11:02Un peuple mousse.
00:11:03Un peuple mousse.
00:11:04Un peuple mousse.
00:11:05Un peuple mousse.
00:11:06Un peuple mousse.
00:11:07Un peuple mousse.
00:11:08Un peuple mousse.
00:11:09Un peuple mousse.
00:11:10Un peuple mousse.
00:11:11Un peuple mousse.
00:11:12Un peuple mousse.
00:11:13Un peuple mousse.
00:11:14Un peuple mousse.
00:11:15Un peuple mousse.
00:11:16Un peuple mousse.
00:11:17Un peuple mousse.
00:11:18Un peuple mousse.
00:11:19Un peuple mousse.
00:11:20Un peuple mousse.
00:11:21Un peuple mousse.
00:11:22Un peuple mousse.
00:11:23Un peuple mousse.
00:23:46Mais non ! Je ne suis pas encore touchée à mon assiette.
00:23:50Vous avez raison, Baron, je vais dîner à présent.
00:23:54Je me réserve pour l'action de grâce à la fin du repas.
00:23:59Vous avez apporté le livre ?
00:24:01Oui, madame, il est là.
00:24:02Monsieur Zanzi va-t-il mieux ?
00:24:04Oh, de moins en moins, madame.
00:24:06Le mal de mer, toujours ?
00:24:08Avec des visions, cette fois-ci.
00:24:10Depuis deux jours, il refuse toute nourriture.
00:24:12Que c'est curieux, que c'est curieux.
00:24:16Un livre qui rend malade.
00:24:18Un livre qui empêche un homme de manger.
00:24:21De manger ?
00:24:22Il mange, il mange.
00:24:23Ils épuisent mes provisions, ils me pillent.
00:24:28À la soupe, à la soupe, nous voilà tous réunis.
00:24:33À l'exception de monsieur Zanzi.
00:24:35Le troisième, le troisième fiancé que j'aime.
00:24:39Souvent à son malade.
00:24:42À la soupe, à la soupe, nous voilà tous réunis.
00:24:46C'est unis, à l'exception de Zanzi.
00:24:49Sa place est vite à table.
00:24:52Mon troisième fiancé adorable.
00:24:54Mais il y a nous, il y a nous, il y a nous, il y a nous, nous, nous.
00:24:58Buvons, mangeons, regrettons, regrettons de n'être pas au complet.
00:25:06L'amour est doux quand il est multiple.
00:25:13L'amour est fou quand il est triple.
00:25:17L'amour est doux de n'importe quelle manière.
00:25:22Quand il est prospère.
00:25:27Barron, barron, ils ont raison, ils ont raison.
00:25:36L'amour est bon de n'importe quelle façon.
00:25:39Mangeons, mangeons, mangeons, mais ils dévorent.
00:25:43Est-ce qu'on peut vivre sans manger, ça ?
00:25:45Vous avez raison, madame, ils exagèrent.
00:25:47Ni l'amour, ni la science ne les retient.
00:25:51Ne pourrait-on pas freiner un peu tout ça ?
00:25:53Essayez le livre de la tempête et vous verrez bien.
00:25:55Encore un potage.
00:25:57Encore un.
00:25:58Du sel, du gros et du pain.
00:26:00Du poivre en poudre et en grain, nous en avons besoin.
00:26:02Oh, c'est la cannelle pour ma petite flamme.
00:26:05Du pain, du vin et des radis.
00:26:06Encore un potage, encore un.
00:26:08Et pour moi, ce sera tout ce qu'ils ont demandé pour ne pas trop compliquer les choses.
00:26:12Je vous sers, je vous sers, mesdames, messieurs, je vous sers.
00:26:16Voilà, voilà, voilà.
00:26:17Je vous sers, mesdames, messieurs, je vous sers.
00:26:19Voilà.
00:26:21Ils sont effrayants, mais toute la vaisselle va y passer.
00:26:24Les chaises, je vous le fais, le livre de la tempête, madame.
00:26:28Je vais lire quelque chose pour vous distraire pendant que vous dînez.
00:26:35Baron, une oreille pour moi, une autre pour le bouillon.
00:26:39Chère Alice, je vous fais grâce des premières pages et j'entre immédiatement dans le livre du sujet.
00:26:44Il s'agit d'une tempête, madame, monsieur Justini.
00:26:47Le navire roulait, tanguait.
00:26:49C'était bien la tempête, avec ses convulsions et ses beuglements marins.
00:26:55Le temps était gris comme de la cendre, une cendre glacée.
00:27:00Le vent était noir.
00:27:02Les mouettes étaient noires.
00:27:04Vous êtes là pour le suivre.
00:27:05Les mouettes étaient noires.
00:27:07Tout s'enfuillait.
00:27:08L'océan, le vent, tout revenait.
00:27:12Le vent, l'océan, dans un immense balancement.
00:27:16Le mât du navire s'y est, de droite à gauche, de haut en bas.
00:27:21Le plancher était mou sous les pieds.
00:27:23Le plancher s'en allait.
00:27:24Le capitaine Lilo tenait la barre.
00:27:26Sa volonté était de faire.
00:27:28Ses yeux étaient de faire.
00:27:30Ses bras étaient mous.
00:27:31Une lame coucha le navire sur le flanc.
00:27:34Le redressa.
00:27:36Le souleva.
00:27:38Le recoucha.
00:27:39Encore, encore un peu tard.
00:27:41Oh, persévérée, madame, persévérée.
00:27:44Et voilà, s'il se mit à pleuvoir.
00:27:47Une trombe d'eau s'abattit à l'avant du navire.
00:27:50Qui eut l'arrière frappe à l'arrière.
00:27:52Et la vent fut en l'air.
00:27:54Appreuse, appreuse balançoire.
00:27:56Vous avez dit que ton mouillé est dans la bouche.
00:27:59Je vous en prie, je vous en prie, je vous en prie, mademoiselle Justini.
00:28:02Pensez au péril de la navigation.
00:28:04Ne vous laissez pas influencer dans cette histoire par le côté, comment dire, médical.
00:28:10Je suis pour le gigot, franchement.
00:28:13Le capitaine Lilo, dont les forces faiblitaient, appela au secours.
00:28:19Sa bouche se remplit d'eau immédiatement.
00:28:22Il continua d'appeler et de boire.
00:28:24Bientôt, son ventre fut plein d'eau fraîche salée.
00:28:27Je me sens mal par vous.
00:28:29Allez, vous regardez, allez, allez, allez.
00:28:31Il chute en paix.
00:28:32Du gigot.
00:28:34Tout à coup, le mât se brisa en deux dans un fracadot de tonnerre.
00:28:38Mon amour.
00:28:40Du gigot.
00:28:41Du gigot.
00:28:43Je vous en prie, Aristote.
00:28:45Je vous en prie, avaler ce sifflet de grâce.
00:28:47Paron, je n'ai plus de salive.
00:28:52Allez, vous en tous.
00:28:54Et laissez-nous écouter, Aristote, de la salade.
00:28:57De la salade et du jambon.
00:28:59Pas.
00:29:01Et du potage.
00:29:03Je suis prêt à recommencer le dîner.
00:29:04Oh, de l'eau.
00:29:07Bon appétit.
00:29:09Pas bon.
00:29:13Vous pouvez vous servir, messieurs, tout est là.
00:29:16Allez-y.
00:29:16Hop.
00:29:18Jamais.
00:29:19Je ne me suis senti aussi bien.
00:29:21Pour finir, je vous en prie.
00:29:22Bientôt, le navire si haut.
00:29:24On installe à la pompe une pompe à deux leviers.
00:29:28Oh.
00:29:28Ce passage, je sers une manette.
00:29:30Et de pomper à qui mieux mieux.
00:29:32L'un descendait, l'autre montait.
00:29:34L'un montait, l'autre descendait.
00:29:36Celui-ci en bas.
00:29:38Celui-là en haut.
00:29:38Hop.
00:29:39Hop.
00:29:39Hop.
00:29:40Hop.
00:29:40Le capitaine O'Lilou et le mal de mer.
00:29:43Il en était tant grand dieu.
00:29:44Je ne suis pas plus royaliste que le roi.
00:29:46Encore un potage.
00:29:47Hein.
00:29:49Enfin, les voilà devenus raisonnables.
00:29:52Oh.
00:29:52Que se passe-t-il, on n'a jamais vu ça ?
00:29:56Tiens, c'est que je vais vous dire.
00:29:57Je ne vous en passe à face.
00:29:59Quand ils vident tous les deux.
00:30:02Et désarmés.
00:30:03Qu'est-ce qui se passe ?
00:30:05Tout va de travers.
00:30:06Cette maison.
00:30:07Puis que vous y êtes.
00:30:09Tueur de violettes.
00:30:11Bon.
00:30:11Orateur.
00:30:12Je vais vous préparer à dîner tranquillement, madame.
00:30:17Ah non, pas pour moi.
00:30:18À mon tour, je ne me sens pas très bien.
00:30:20Bon.
00:30:27Je suis un épouvantail
00:30:34Avec canne et chapeau, épine dorsale
00:30:41Mouré aux rues joviales
00:30:46Ha, ha, ha, ha
00:30:49Soldat, gardien, bonhomme chrétien
00:30:59Qui suis-je avec ma cervelle de paille ?
00:31:05Qui, qui, qui suis-je ?
00:31:08Je n'en sais rien
00:31:09C'est lui.
00:31:28Ça lui ressemble.
00:31:30Et c'est lui.
00:31:32Le professeur Kiffman.
00:31:33Les braves en croient les jambes ouvertes.
00:31:37Avec un sticc.
00:31:38Ha, ha, ha
00:31:39C'est lui.
00:31:45Tous les deux.
00:31:47Rassurez-vous, c'est un épouvantail.
00:31:49Il garde les champs de violettes.
00:31:51Je suis M. Kiffman.
00:31:52Je me promène dans un champ de violettes.
00:31:55Bonsoir.
00:31:56Bonsoir.
00:31:57Bonsoir, nous venons pour les violettes.
00:31:59Mais est-ce pour la science ou simplement pour cuisir des bouquets ?
00:32:02Pour la science.
00:32:04Et vous, mademoiselle ?
00:32:06Pour ce qui me concerne, je suis là par curiosité.
00:32:08Alors au travail, mes très chers amis.
00:32:10N'est-il pas curieux, énerlieux, mademoiselle Justine, que les violettes qui étaient jusqu'ici,
00:32:30qu'ils marchent de l'innocence et de la plaisance, soient une source effrayante d'énergie.
00:32:38Comme si le soleil entier était dans une tasse.
00:32:45Eh bien.
00:32:47Eh bien.
00:32:49Si avec la foi on soulève des montagnes,
00:32:52avec des violettes,
00:32:54on le peut aussi.
00:32:56Vous voulez dire par la seule vertu de leur gentillesse et de leur grâce ?
00:33:00Non, non.
00:33:01Dans la réalité, véritablement.
00:33:11Regardez bien cette fleur charmante.
00:33:15Elle renferme des forces incalculables
00:33:19que le professeur Kuffman est sur le point de libérer,
00:33:24d'utiliser ces choses-ci.
00:33:27Contre le poulailler.
00:33:29C'est le premier objectif de ces expériences.
00:33:31Le poulailler.
00:33:35Il faut agir au début avec prudence et savoir se limiter.
00:33:39Pour ma part,
00:33:44j'ai toujours pensé que
00:33:46les violettes,
00:33:50poussant un rave sale,
00:33:53comme elles font,
00:33:55devraient appartenir au règne minéral.
00:33:58plutôt qu'au règne végétal.
00:34:02Non, oui.
00:34:03Ne me mettez pas vos histoires.
00:34:07Elle devrait lire Théorie générale des quantas,
00:34:10ou l'alchimie moderne,
00:34:12ou l'atome en slip.
00:34:17Un ouvrage très court, mais bouleversant.
00:34:19Elle devrait.
00:34:20Mais, mais si, c'est facile.
00:34:25Mais, mais si, c'est difficile.
00:34:25C'est difficile.
00:34:27Vous n'avez jamais entendu parler de chose.
00:34:28Si, dans les laboratoires,
00:34:29dans les pays lointains en Amérique.
00:34:31Peut-être, mais pas.
00:34:32Pas ici, avec des violettes.
00:34:33Alors, M. Kuffman s'est déplacé pour rien.
00:34:36Il est venu passer des vacances comme nous,
00:34:37à la pension, vous remets.
00:34:39Deux fois six, le 66.
00:34:41Il est là pour les violettes.
00:34:57Je croyais qu'elle était venue pour nous aider.
00:35:01Les vieilles filles et la science,
00:35:03ça ne colle pas.
00:35:11Zanzi est mort.
00:35:15Mon fiancé est mort.
00:35:19Mon fiancé Zanzi est mort.
00:35:23Je lui ai fermé les yeux ce matin.
00:35:28Aristote lui a mis ses chaussettes.
00:35:30Décédé. Amen.
00:35:34Où êtes-vous, Colombie-Bourg ?
00:35:37Monsieur Adam !
00:35:40Zanzi est mort.
00:35:42Décédé. Amen.
00:35:45Colombie-Bourg !
00:35:48Monsieur Adam !
00:35:50Zanzi est mort.
00:35:52Mlle Pierrette n'appelait plus.
00:35:54Décédé. Amen.
00:35:56Mon troisième science adorable.
00:35:59Le seul qui me restait.
00:36:00Le seul qui s'en va.
00:36:03Car on peut compter sur les deux autres, n'est-ce pas ?
00:36:05Ils sont avec M. Kuffman du matin au soir,
00:36:08du soir au matin.
00:36:10Oh, quelle horreur d'être seule et abandonnée.
00:36:14Et d'avoir un fiancé qui a péri dans une tempête.
00:36:17Sans avoir navigué.
00:36:19Sans être mouillée seulement.
00:36:21Oh, je chante.
00:36:23Je vous soutiens, Mlle Pierrette.
00:36:24Je vous soutiens.
00:36:25Nous sommes les délégués du syndicat des comptables.
00:36:4625 ans d'actifs, de passifs et de bilans.
00:36:4930 ans de dépôts, de faillites, de concordats.
00:36:5240 ans d'encre de Chine.
00:36:55Nous venons pour la veillée funèbre du comptable Zanzi.
00:36:58Notre collègue.
00:36:59Décédé ce matin.
00:37:00Pardon.
00:37:02Pardon.
00:37:02Par là.
00:37:03Par là.
00:37:04Par là.
00:37:06Je vous en prie.
00:37:07Je vous en prie.
00:37:08Je vous en prie, après vous.
00:37:09Après vous.
00:37:09C'est triste la mort d'un comptable.
00:37:17Terriblement triste.
00:37:19Certes, oui.
00:37:21Nous aurions pu être quatre comptables dans cette chambre.
00:37:25Nous sommes trois.
00:37:26Et oui.
00:37:28Quatre comptables moins un.
00:37:30Trois comptables exactement.
00:37:32Certes, oui.
00:37:33La vie est un peu de fumée.
00:37:42Une cigarette tout au plus.
00:37:45Encore que je ne fume pas.
00:37:48Trois comptables.
00:37:50Et un comptable qui est absent.
00:37:52C'est terriblement triste.
00:37:55Et c'est exact.
00:37:56Et oui.
00:37:57Elles sont belles ces violettes.
00:38:04Et comme si touchant.
00:38:06J'ai recensé une fois un parterre de marguerite.
00:38:08Douze cents fleurs.
00:38:10Et trente à dix pétales par tige de marguerite.
00:38:12Soit une moyenne de vingt.
00:38:14Ici, il doit y avoir quarante tiges de violette.
00:38:21Ou deux cents pétales.
00:38:24C'est peu.
00:38:24Très peu pour la mort d'un comptable.
00:38:29C'est peu.
00:38:30Mais c'est exact.
00:38:34Je me demande si ces bougies vont durer jusqu'au matin.
00:38:37Et si nous-mêmes n'allons pas nous éteindre.
00:38:40La nuit est longue.
00:38:43Trois comptables endormis.
00:38:47Et un comptable du fin.
00:38:50Quel spectacle.
00:38:53Qui vivra verra.
00:38:55Certes, oui.
00:38:56Veillons, messieurs, au nom du syndicat des comptables qui nous a pieusement délégué.
00:39:00Et qui a payé notre déplacement d'avance.
00:39:02Pour assister un des nôtres dont les yeux se sont fermés pour toujours.
00:39:11La mort est comme l'Amérique.
00:39:13C'est immense.
00:39:15Parait-il.
00:39:16Qui vivra verra.
00:39:18C'est exact.
00:39:19Pauvre monsieur Zanzi.
00:39:43Je l'aimais bien.
00:39:48C'était mon pensionnaire préféré.
00:39:55Mme Boromé vous demande si vous avez besoin de quelque chose.
00:40:02Non, rien.
00:40:03Rien.
00:40:03Une limonade, par exemple.
00:40:09Une tisane.
00:40:11Un petit bouillon froid.
00:40:12Alors bonne nuit, messieurs.
00:40:18Et bonne chance.
00:40:20Car avec un mort, on ne sait jamais.
00:40:22Où il va ?
00:40:24Où il va ?
00:40:26J'avais entendu quelque chose ?
00:40:43Par là.
00:40:47Rien.
00:40:48Et de ce côté ?
00:40:49Non plus.
00:40:57Heureusement que les poules sont en ignorance de ce qui se passe.
00:41:01Autrement qu'elles chahut, elles dorment confiante.
00:41:04Oh.
00:41:07Elles baignent, pour ainsi dire, dans leur plumage.
00:41:13Attention !
00:41:16Rien.
00:41:17Rien.
00:41:17Personne.
00:41:21Oh là là là là là.
00:41:22Quelle nuit, mon Dieu.
00:41:24Quelle nuit.
00:41:35Ne bougez pas.
00:41:36Ne bougez pas.
00:41:37Attention !
00:41:39Attention !
00:41:41Ne bougez pas ainsi les qui vivent.
00:41:43Mes cheveux se sont dressés.
00:41:45Êtes-vous bien sûr, baron, que monsieur Kuffman veuille faire sauter le poulailler ?
00:41:49Il l'a déclaré publiquement.
00:41:50Premier objectif de mes expériences, le poulailler.
00:41:53Le poulailler, pourquoi ?
00:41:54Par barbarie.
00:41:55Il n'y a emploi où dire de mademoiselle Justini qu'une queue de violette seulement.
00:41:59Mes petites poules.
00:42:01C'est le pressentiment qu'ils vont arriver par là.
00:42:06Monsieur Kuffman, Colombo et Adam.
00:42:09Que nous allons être submergés.
00:42:11Comment cela ?
00:42:13Par le nombre.
00:42:15Je regrette de ne pas avoir dit à mademoiselle Justini de se joindre à nous avec son épingle à chapeau.
00:42:22Tant pis.
00:42:23Il nous faut faire face, seul, à cette situation.
00:42:28Pour les poules ?
00:42:30Pour le principe des poules, ce qui est tout à fait différent.
00:42:43C'est une belle nuit, n'est-ce pas ?
00:42:46Apparemment très belle.
00:42:49Comment ça marche, les étoiles, baron ?
00:42:52Pour lui.
00:42:54Et ça sautille, scintille ?
00:42:56Qu'est-ce que c'est ?
00:43:03On dirait le rossignol.
00:43:05C'est moi.
00:43:06Je sifflais un peu pour me délasser.
00:43:08Si vous alliez faire une reconnaissance pour vous dégourdir un peu,
00:43:14il me semble entendre des alliés venus.
00:43:17Prenez mon bâton, il est plus long.
00:43:20Adieu, baron.
00:43:21N'hésitez pas à m'alerter au moindre bruit suspect.
00:43:24Je volerai votre secours.
00:43:25Je suis seul avec les poules.
00:43:40Mon bonheur est entier.
00:43:42Je garde les poules.
00:43:44Que va jouer simple, mon Dieu.
00:43:49L'ombre partout allonge ses requins.
00:43:52Et ma vigilance est éguisée.
00:43:53La science contre les Galinacées.
00:43:58Si Archimède voyait ça.
00:44:01Les poules, c'est la paix.
00:44:06Les poules, c'est les oeufs.
00:44:10Et quelles créatures de bonne compagnie, pour être francs.
00:44:13Avec leurs pattes grattant les démangeais ondataire.
00:44:17Et leurs jésis remplis de petits cailloux comme condiments.
00:44:20Exemple de modestie.
00:44:22Je parle des poules, mes amis, et non des coques.
00:44:27Provisoire.
00:44:28Petitulant.
00:44:30Les demeures excessives.
00:44:34À quoi rêvent les poules?
00:44:39À des ânes musicaux par le crotin et la pensée.
00:44:44À des verres de terre.
00:44:47À des professeurs d'anglais.
00:44:51Il doit se passer quelque chose dans leur tête.
00:44:55Avec ses oeils roses de chaque côté comme les lanternes d'un fiacre.
00:44:59Oui.
00:45:00À quoi rêvent les poules?
00:45:06À des renards.
00:45:08Enfermés dans des monastères.
00:45:12À des rois noirs.
00:45:15Assis au milieu d'elles.
00:45:17Parlant leur langue.
00:45:18Et les nourrissons.
00:45:22Et qui sait?
00:45:25Les perchoirs.
00:45:27Sont de jolis tremplins pour aller faire un saut dans la lune.
00:45:31Et s'en aller là-haut picorer les nouveautés.
00:45:34Et peut-être l'échelle de Jacob.
00:45:39Et celle d'un poulailler, pourquoi pas?
00:45:42Les évangiles sont simples.
00:45:45En tout cas.
00:45:47Dans la basse-couvre.
00:45:49Le romanesque est chez lui.
00:45:51Le romanesque est chez lui.
00:46:21Arrêtez, marron.
00:46:24Arrêtez, marron.
00:46:25Arrêtez, marron.
00:46:26C'est Aristote.
00:46:27Mais c'est Aristote, monsieur le marron.
00:46:28C'est Aristote.
00:46:30Commencez-vous, mon pauvre ami.
00:46:32Oh oui.
00:46:32Oh, je suis dans l'emba.
00:46:34Je n'ai plus de jambes.
00:46:36Je n'ai plus de bras.
00:46:37Je n'ai peut-être même plus de tête non plus.
00:46:39Qui sait?
00:46:40Oh.
00:46:41Rien ne manque.
00:46:42Grâce au ciel, rassurez-vous.
00:46:44Oh, mon cher Aristote, je vous demande pardon.
00:46:47Venez.
00:46:48Je vais vous embrasser devant les poules.
00:46:51Êtes-vous devenu fou?
00:46:54Mademoiselle Justini me dit que vous êtes sur le pied de guerre.
00:46:56Que se passe-t-il enfin?
00:46:58Le professeur Kuffman.
00:47:00Quoi, quoi, le professeur Kuffman?
00:47:02Exprimez-vous.
00:47:03Veux faire sauter le poulailler.
00:47:04Par exemple.
00:47:05Mais ce n'est pas le poulailler qu'il veut faire sauter.
00:47:11C'est le monde.
00:47:14Ah, le monde.
00:47:17Mais alors, ça change tout.
00:47:19Vous voyez qu'il n'est pas aussi mauvais que vous le pensiez.
00:47:22Mais voyons.
00:47:27On se croirait revenu à l'âge de pierre.
00:47:31Et vous allez lui serrer la main.
00:47:33Monsieur Kuffman.
00:47:35Où est monsieur Kuffman?
00:47:37Là-haut, il travaille.
00:47:38Mais pourquoi sont-ils habillés de blanc tous les deux?
00:47:41Ma parole, baron.
00:47:43On croirait que vous n'êtes plus sur terre.
00:47:45Eh bien, oui.
00:47:45Ici, on travaille.
00:47:47On réfléchit.
00:47:48On calcule.
00:47:49On sème.
00:47:50On récolte.
00:47:51Simultanément.
00:47:52Moi-même, dans un certain sens, je suis partie à l'action.
00:47:56Ma comptabilité a fait un bon.
00:47:58Deux fois deux.
00:47:59222.
00:48:00Et je vous assure que ce n'est rien à côté de ce qui se passe ici comme opération.
00:48:04Je suis la plus en retard.
00:48:06Cette pension est en train de devenir célèbre.
00:48:09On en parle dans tout le pays.
00:48:12Les chambres y sont retenues par sans fil.
00:48:15Bientôt, nous recevrons deux généraux en mathématiques,
00:48:19trois abés en algèbre
00:48:21et un capucin mécanicien pour l'installation de la pile.
00:48:25Tous des spécialistes.
00:48:26Là, je me demande où je vais pouvoir les caser.
00:48:29Dois-je avoir recours au système des dortoirs
00:48:33avec lanterne personnelle?
00:48:35Où faut-il les éparpiller?
00:48:37Dans le salon, la bibliothèque, la cuisine.
00:48:41Oh, pauvre enfant, ça lui rappelle des souvenirs.
00:48:44Mais qui puis-je?
00:48:45Elle avait trois fiancées.
00:48:47Elle n'a pas su les garder.
00:48:49Bah bon, si vous étiez plus jeune.
00:48:51Mais n'en parlons plus.
00:48:52Mais plutôt, mettons ça de côté.
00:48:53Comme vous voudrez, bah bon, comme vous voudrez.
00:48:55C'est une affaire de tact.
00:48:57Oh, chère Alice, je vous attends un soir dans le poulailler.
00:49:02On verra, on verra.
00:49:03Pour l'instant, je vous laisse.
00:49:05Et appelez-moi dès que M. Tufnam sera là pour la réconciliation.
00:49:12M'a-t-on demandé?
00:49:13M. Tufnam sera là pour la réconciliation.
00:49:43M. Tufnam sera là pour la réconciliation.
00:50:13M. Tufnam sera là pour la réconciliation.
00:50:24Alors?
00:50:26Vous ne voulez pas me parler?
00:50:30Me regarder?
00:50:32Mais supposez un instant que je suis...
00:50:36Une galette!
00:50:40Certaines me rambent.
00:50:40Mais qu'y a-t-il de neuf, Pierrette, pour que vous soyez dans cet état ? Vous si douce à l'ordinaire. Autant que nous nous le rappelions, M. Adam et moi.
00:50:51Vous vous souvenez de quoi ?
00:50:53De si peu de choses en vérité que je ne sais plus rien.
00:50:57Le temps a joué, Pierrette. Je me souviens vous avoir embrassé il y a longtemps.
00:51:01Un an ? Un mois ?
00:51:03Ça fait une semaine. Gouvin.
00:51:05Entre hier et aujourd'hui, voyez-vous, Pierrette, il s'est passé de grands événements.
00:51:13Tout tient à un fil à présent.
00:51:15La vie et la mort, le commencement et la fin.
00:51:20Si peu de choses et l'amour.
00:51:25Laissez-nous.
00:51:35Alors, baron, qu'attendez-vous ?
00:51:43Et vous, M. Kuffman, où est votre bonne volonté ?
00:51:47Serrez-vous la main.
00:51:50Allez, allez, avancez.
00:51:53Rejoignez-vous.
00:51:56Tamponnez-vous aimablement.
00:51:58Une grande accolade à la militaire.
00:52:04J'ai le plus grand respect pour l'épouse, baron.
00:52:09Oh, merci.
00:52:11Je considère l'incident comme clos.
00:52:13Cher ami.
00:52:17Descendons.
00:52:19Que je suis émue.
00:52:22Tout est enfin entré dans l'ordre.
00:52:24C'est-à-dire que je sollicite un entretien seul à seul avec le professeur.
00:52:27Mais très volontiers.
00:52:29Retirons-nous.
00:52:30C'est mon plus cher désir de les voir en intimité.
00:52:38Aristote.
00:52:39J'ai le marron.
00:52:39Laissez-moi mon bâton.
00:52:49Vous permettez, quand je parle sérieusement, on dirait que je lis.
00:52:53Alors je porte des du-lettes.
00:52:55Comme c'est curieux.
00:52:55Pour ma part, quand j'écoute sérieusement, je ferme les yeux ou on croirait que je dors.
00:53:02Ne vous offensez pas si cela m'arrive.
00:53:06Comme c'est curieux.
00:53:07Sans entrer dans le détail de vos activités qui me paraissent singulières, mais sans doute respectables.
00:53:19J'aimerais vous poser une question au simple jeu de l'esprit.
00:53:24La science que vous pratiquez et dont vous affichez l'exubérance, est-elle bienfaisante ou malfaisante, M. Kuffman?
00:53:35Ni l'un ni l'autre, c'est une bonne affaire.
00:53:42Pour qui?
00:53:44Pour quelques-uns.
00:53:45Ceux qui nous emploient, les amateurs.
00:53:51Mais je croyais que les belles découvertes étaient au service de tous, que la science était un apostolat.
00:53:57On entre dans un laboratoire comme on entre en religion.
00:54:02Erreur, erreur, mon cher baron.
00:54:05Une limace est plus noble et plus pure qu'un savant, une fois sur deux.
00:54:11Mais alors, vous, mon très cher professeur.
00:54:15Moi, c'est autre chose.
00:54:17Je suis au service de ma propre curiosité.
00:54:20Je suis un chercheur libre, donc parfaitement intonorable.
00:54:25Mais si vous saviez comme je suis sollicité par les amateurs.
00:54:34C'est gay!
00:54:36Un avenir de destruction.
00:54:38Il n'y aura plus ni une promenade.
00:54:40Un livre.
00:54:42Une poule.
00:54:42Oh, pardon.
00:54:43Oh, tenez, mon très cher professeur, je suis heureux d'être un vieil homme.
00:54:46Je me répète souvent à quoi se sert-il d'être jeune aujourd'hui.
00:54:48Oui, je n'ai jamais pensé à ça.
00:54:52Franchement, je ne pense qu'à vous, mon très cher baron.
00:54:56Vous ne voulez pas être mon plus cher disciple pour les explosions.
00:55:00La science a besoin d'aristocrates.
00:55:02Oh!
00:55:02Vous ne voulez pas tenir dans vos mains la foudre?
00:55:05Être Jupiter en civil, Moïse avec des cornes.
00:55:08Horreur!
00:55:09Vous êtes un homme courageux.
00:55:12Gilles Ligreux.
00:55:14Bucolique.
00:55:15Avec un index de probité très élevé.
00:55:19Vous ne voulez pas, ce qui est votre nom ou mien, dans les opuscules scientifiques,
00:55:24porter le tablier de plomb comme vos aïeux les chevaliers casqués du Moyen-Âge.
00:55:28Jamais.
00:55:28Vous ne voulez vraiment pas être à la pointe du progrès et de ces grandes catastrophes pacifiques?
00:55:34Devenir un homme.
00:55:36Abstrait.
00:55:37Carrément non, je suis un honnête homme.
00:55:39Et moi donc, que suis-je?
00:55:43Voyez-vous quelqu'un de plus estimable, de plus désintéressé?
00:55:47Certainement pas.
00:55:48Je n'ai ni garde-robe, ni compte en banque.
00:55:51Je ne sais même pas qui va régler la note de ma pension.
00:55:53Trois gouvernements se disputent la dépense.
00:56:00Tant mieux pour Mme Boromé.
00:56:02Mais ils vont encaisser des trois côtés?
00:56:05L'essentiel n'est pas là.
00:56:07Il s'agit de vous.
00:56:08Qu'attendez-vous de moi à la fin?
00:56:10Une étroite collaboration, une amitié profonde.
00:56:13Mais c'est au côté que je ne comprends rien à ce que vous fabriquez.
00:56:15Colombo et M. Adam ne vous suffisent-ils pas comme assistants attachés?
00:56:18Colombo et M. Adam, ce n'est rien.
00:56:21Que les ramassèrent de violettes.
00:56:22Tandis que vous, tandis que moi, tout a fait autre chose.
00:56:28Nous allons travailler pour le bien et la vertu dans la science.
00:56:32Bras-dessus, bras-dessous, comme tout à l'heure quand nous descendions l'escalier.
00:56:35A l'occasion, vous me freinerez, car je vais très vite.
00:56:40Voilà ce que j'apprends de vous.
00:56:42Mifiez-vous, je suis moi-même un homme passionné, incapable de modération.
00:56:45Ah, la bonne heure!
00:56:49Songeant engagement de ma part pour cette collaboration, car la tête me tourne.
00:56:54Puis-je vous demander pourquoi vous avez choisi les violettes pour votre branle-bain?
00:57:04Parce qu'elles sont prédestinées.
00:57:06Secrètes, éparpillées, avec leurs petites oreilles qui écoutent vers le centre de la terre.
00:57:20Sûrement, vous me désolez, mon très cher professeur.
00:57:22Où allez-vous d'enfourrer votre nez?
00:57:24Je vous dis qu'avec les violettes, c'est...
00:57:26Radical.
00:57:27Heureusement que vous êtes là pour me freiner.
00:57:34Ce n'est pas par hasard que je vous ai sollicité, croyez-le.
00:57:37Votre amour pour les poules est une sérieuse garantie.
00:57:42Et cela fait honneur, a priori.
00:57:44Ce sont les poules qui sauveront l'humanité par votre truchement.
00:57:48Je l'ai toujours pensé, dit et soupiré.
00:57:56C'est la terre.
00:58:02Regardez-là.
00:58:04Danseuse, ballerine, bayadère, fille mère.
00:58:09Elle engendra la lune.
00:58:11Et enfant trouvée.
00:58:14Solitaire, vertigineuse, pacifique.
00:58:19Et...
00:58:19Atlantique.
00:58:21Oui, regardez-là.
00:58:24Inconsciente et spontanée.
00:58:27Avec ses hydrocarbures et son café au lait.
00:58:31Et portant dans son centre la destruction de sa création.
00:58:39Et puis, c'est la lune.
00:58:43Salut.
00:58:44Ah, laissez-moi, laissez-moi rêver devant ce sphéroïde hallucinant.
00:58:52Que je suis pieds nus au bord d'une rivière et que je caresse des agneaux blancs.
00:58:58Laissez-moi rêver pendant qu'il est encore temps.
00:59:02Christophe, mon turban, t'immigrème.
00:59:04Et c'est l'équateur.
00:59:09Salut.
00:59:10Ce sont les longitudes.
00:59:16Les latitudes.
00:59:19Ici, il est midi.
00:59:22Midi moins le quart.
00:59:24Midi moins vingt.
00:59:25De l'autre côté, c'est la nuit.
00:59:28Il faut éclairer pour voir.
00:59:30Je comprends pas quelque chose.
00:59:32Mais tout ça n'est rien.
00:59:35Mille fois rien devant ce contre-voix.
00:59:38Mon esprit.
00:59:40Et qu'est-ce que c'est?
00:59:41Votre extermination prochaine!
00:59:44Quoi?
00:59:45Tous, tous!
00:59:46Je vous regarde personnellement, Justidi, parce que vous êtes un pur échantillon du Maccabée cosmique.
00:59:55Et c'est le Gulf Stream dont on fait grand cas du point de vue thermique.
01:00:03Salut.
01:00:04Ici passent les bancs de sardines qui sont les moineaux de l'eau.
01:00:11Vous serez chauds.
01:00:13Vous perdrez mon nom, je vous le dis.
01:00:15Vos yeux se retourneront dans votre tête.
01:00:17Trouez.
01:00:18Vous serez trouvés par votre sang.
01:00:20Par les aiguilles de votre propre sang.
01:00:22Justidi.
01:00:24Quand une conjuration se prépare contre la terre, je vous le dis.
01:00:28Monsieur, voulez-vous être...
01:00:31Allons, allons.
01:00:31Moi, gros-sieur, avec moi.
01:00:32Vous avez une conférence.
01:00:34Mademoiselle Justidi.
01:00:35Vous n'avez perdu ni vos dents ni vos cheveux, alors.
01:00:39Mes hommages, mademoiselle.
01:00:42Respectue.
01:00:42Vous êtes très bien ainsi.
01:00:44Asseyez-vous maintenant.
01:00:45Je poursuis.
01:00:47Avec un peu plus d'optimisme, s'il vous plaît.
01:00:49Les parallèles sont des lignes qui, en principe, ne se rencontrent jamais.
01:00:56Bien sûr, puisqu'elles sont imaginaires.
01:01:01Mais attendez que la terre soit secouée pour voir si elle ne se rencontre pas,
01:01:05comme chien et chat, avec tout ce qui s'en suit.
01:01:08Les parallèles, c'est de la soie, des lignes de soie.
01:01:20Vous flamberez, Justidi.
01:01:22Vous flamberez, je vous le dis.
01:01:23Et comme un pétard, vous perdez la raison.
01:01:26Continuez, monsieur professeur.
01:01:27Continuez, je vous prie.
01:01:27Et adressez-vous à moi.
01:01:29J'aime ça, la violence.
01:01:32Et ce sont les océans.
01:01:36Gloutons.
01:01:36Barbus.
01:01:39Braillard.
01:01:43Ah, je perds mon temps.
01:01:46Je perds mon temps à vous instruire de pareilles bagatelles.
01:01:53Écoutez Fernagut.
01:01:56Un jour, vous entendrez des roulements de tambour à l'infini.
01:02:01Il fera blanc.
01:02:02Blanc, il fera chaud.
01:02:04Et vous mordrez la poussière.
01:02:08Vous n'êtes pas une plaisanterie.
01:02:09Bill Boquet !
01:02:10Bill Boquet ne peut me faire l'aiguë.
01:02:12Vous laisserez échapper de vous la crotte des bourrons, je vous le dis.
01:02:15Je ne demande que ça.
01:02:16Mord vivant, incinéré vivant.
01:02:18Voilà comment je découpe à l'horizon votre silhouette.
01:02:21Tant mieux !
01:02:21Avec du pu électrique dans la boile.
01:02:24Vous aussi.
01:02:25Moi aussi.
01:02:25Et vous tous, tous !
01:02:28Laissons cette boule tourner à la gloire de ces fils sublimes
01:02:42qui, au fond des belles universités, ont inventé l'oeuvre de mort
01:02:46pour la donner à des mécaniciens sans scrupules,
01:02:51à des ajusteurs,
01:02:53à des colliers.
01:02:54J'ai honte.
01:02:59J'ai honte de moi, cette nuit.
01:03:04Saint Laurent.
01:03:06Et demain, on reprend le travail, n'est-ce pas ?
01:03:08Bien sûr.
01:03:10La démirable professeure.
01:03:12Et maintenant, levez-vous.
01:03:15Et sortez.
01:03:16Aucun point de comparaison.
01:03:46Et pourtant,
01:03:49Elles se ressemblent
01:03:51En noir
01:03:53Et triste
01:03:55Toutes les deux
01:03:57Cré blanche
01:04:00Mouchoir blanc
01:04:03Face à face
01:04:07Comme deux sœurs
01:04:08Une jeune fille
01:04:11Et la terre
01:04:14J'aurais dû parler d'autre chose pendant qu'ils étaient là
01:04:20Fernagut, Aristote et Boromé
01:04:23Si la terre ressemble à une jeune fille
01:04:27Il doit y avoir certainement
01:04:31Un peu d'espérance
01:04:34Par-ci
01:04:37Par-là
01:04:39Oui, j'aurais dû parler
01:04:42De la neige
01:04:45D'oiseaux ensoleillés
01:04:47Du printemps
01:04:49Saluer l'Afrique abandonnée
01:04:52Oui, j'aurais dû parler un peu d'amour peut-être
01:04:56Si la terre ressemble à une jeune fille
01:05:01Comme je le constate cette nuit
01:05:06Pour la première fois
01:05:10Je pleure des larmes de mon cœur
01:05:16Et moi des larmes de mon esprit
01:05:19M'empêche qu'il s'agit du même phénomène
01:05:24Pierrette
01:05:27Monsieur
01:05:28Mademoiselle Pierrette
01:05:31Si vous saviez
01:05:33Comme je suis brave
01:05:34En fond
01:05:35Comme je suis brave
01:05:38Et ce que je suis devenu
01:05:42Malgré moi
01:05:43La paraffine m'a perdu
01:05:47Un, deux, trois, quatre
01:05:51Les chiffres m'ont perdu
01:05:54La lettre pi
01:05:57M'a perdu
01:05:59Logarithmes
01:06:01M'ont perdu
01:06:02Je n'ai plus de chair
01:06:05Je n'ai plus de sang
01:06:06Physique
01:06:08M'a dévoré
01:06:10Je suis en paraffine
01:06:12Plus de cœur
01:06:15Un homme honnête
01:06:21Moi
01:06:22Pierrette
01:06:26Apportez-moi des abricots
01:06:29Des pêches
01:06:29Des olives
01:06:30Et je vous expliquerai
01:06:33Les noyaux
01:06:33Les vrais
01:06:35Ceux-là qui font la vie
01:06:37Et les vergers resplendissants
01:06:39Aux petites veules fiancées
01:06:42Que le ciel a placées
01:06:45Cette nuit
01:06:45Entre la terre
01:06:46Et moi
01:06:48Pierrette
01:06:52Mettez votre main
01:06:55Sur mon épaule
01:06:55Car je suis à la recherche
01:06:57D'un équilibre
01:06:58Physique
01:07:10M'a dévoré
01:07:11Tiens
01:07:30Une petite maison
01:07:34Vous avez laissé la lune
01:07:38Je peux l'effacer
01:07:39Non
01:07:39Une petite maison
01:07:42Sous les rayons de la lune
01:07:43Que c'est joli
01:07:46Quelle bonité
01:07:49Après ce cauchemar
01:07:52C'est une image
01:07:53Du bonheur
01:07:54Je l'ai dessinée
01:07:56Pour votre repos
01:07:57Vous sembliez à plaindre
01:07:59Aux pierrettes
01:08:03Allons vers cette maison
01:08:06Entrons dans cette maison
01:08:12Vous
01:08:13Et moi
01:08:15Et personne d'autre monde
01:08:18Pardon
01:08:22C'est mon carnet de notes
01:08:29Le résultat de
01:08:30Tous mes travaux
01:08:31Je le lègue à Fermagut
01:08:35Car il est pondéré
01:08:38Fraternel
01:08:40Et laissons-les
01:08:47Se dérouiller
01:08:48J'ai changé de Dieu
01:09:02Plus de douleur
01:09:04Quand on aime le faire
01:09:06Mon corps
01:09:09C'est marié
01:09:10J'ai remplacé la robe de chair
01:09:16Par la robe de feu
01:09:18Je suis apprivoisée
01:09:23Quel prix
01:09:27Quel prix cette folle
01:09:29Ça va ?
01:09:34Là-haut ?
01:09:35Assistant
01:09:35Attaché
01:09:36Avec les machines
01:09:44C'est comme ça
01:09:45Bête
01:09:45Et miraculeux
01:09:47Il dirait deux glaçons
01:09:50La science est ainsi
01:09:52Nette
01:09:53Distante
01:09:54Glacée
01:09:54Et là-haut
01:10:08Abonnez-vous
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01:11:24...
01:11:26...
01:11:28...
01:11:30...
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