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  • il y a 2 semaines
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Pour décrypter la sortie du livre de Nicolas Sarkozy, Télématin reçoit Soazig Quemener, rédactrice en chef de la Tribune Dimanche.

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Transcription
00:00Dieu, sa famille est démise au point politique.
00:02Nicolas Sarkozy publie demain chez Fayard le récit de son séjour en détention
00:05et en profite pour faire tomber un mur politique, cette fois entre LR et le RN.
00:10Bonjour Soazic Kemener.
00:12Bonjour.
00:12Merci d'être avec nous, vous êtes rédactrice en chef de la Tribune dimanche.
00:15Vous avez lu le livre « Une encre sincère, modeste, ardente, dit le Figaro,
00:21navrante parodie de l'affaire Dreyfus pour Libé. »
00:25Qu'en avez-vous, pensez-vous ?
00:26Au-delà du fond politique, vous l'avez dit, il y a un fond politique très important
00:29et qui va peser sur la droite.
00:31J'ai trouvé que c'était un livre très surprenant.
00:33C'est-à-dire qu'on s'attendait, d'ailleurs il a été beaucoup raillé, Nicolas Sarkozy,
00:3621 jours de détention, un livre, on a vu énormément de choses sur les réseaux sociaux
00:41de gens qui disaient que c'était finalement pas très correct d'écrire un livre
00:44après si peu de temps en détention.
00:46C'est pas du tout l'idée du livre, c'est pas un livre de récrimination,
00:49c'est pas le livre uniquement d'un plaidoyer pour lui-même et contre la justice
00:54comme on a pu l'entendre après sa condamnation en première instance
00:57qu'il a amené en prison puisqu'il y a eu une exécution provisoire,
01:01on le sait, on en a tous beaucoup parlé.
01:03Mais c'est un livre qui est très très intéressant dans la mesure où Nicolas Sarkozy
01:06raconte exactement tout ce qui se passe, c'est-à-dire au moment où nous on voit
01:09la télévision, les portes de la santé qui se ferment et Nicolas Sarkozy raconte tout,
01:14c'est-à-dire tout la presse, c'est-à-dire la façon dont un président de la République
01:18se retrouve en prison, il y a quelque chose d'un peu incongru,
01:21on voit les surveillants qui sont un peu pataux, qui se demandent comment parler
01:24à ce président de la République qu'il appelle président, la difficulté de l'isoler
01:29des autres détenus, les visites de Carla Bruni dans tout petit parloir
01:33et finalement il y a une forme d'introspection qu'on n'a pas l'habitude de voir.
01:36Moi j'ai suivi Nicolas Sarkozy pendant son quinquennat, j'étais journaliste et lisait,
01:41enfin je le suivais, c'est pas quelqu'un qui a un don d'introspection très poussé
01:45en général et c'est vrai que là ce livre a quelque chose d'un peu mystique
01:50alors qu'il peut être raillé aussi mais qui est très intéressant dans la façon
01:53dont il explique, ben voilà, j'étais l'homme le plus puissant de France
01:57et aujourd'hui voilà je me retrouve là assis sur ce lit face à moi-même
02:01avec cette fenêtre obturée parce qu'il ne faut pas que les autres détenus me voient
02:04et donc il y a quelque chose d'assez puissant finalement dans ce récit
02:09c'est ce que j'ai trouvé en tout cas.
02:10Mais c'est quand même un coup de com'
02:11vous diriez-vous que c'est quand même un coup de com' aussi ce livre ?
02:13Bien sûr, c'est un coup de com' évidemment, Nicolas Sarkozy
02:16il résonne beaucoup en termes de communication, d'ailleurs on voit, c'est ce qui est très intéressant en fait
02:20c'est qu'il explique à chaque fois qu'il fait quelque chose, il explique les conséquences que ça peut avoir
02:25il pense notamment, il a failli recevoir l'ambassadeur des Etats-Unis au parloir
02:32qui a demandé à le rencontrer et puis il se dit finalement, il discute avec son avocat
02:35et il dit est-ce que c'est vraiment le bon moment alors que mon audience de remise en liberté
02:40se joue dans trois jours et il décide de ne pas le faire
02:43donc c'est ça qui est intéressant d'un point de vue journaliste politique
02:46c'est intéressant de voir justement la réflexion de quelqu'un qui pense énormément, effectivement, à sa com'
02:51mais qui aussi a subi...
02:53Un coup de recul ou...
02:54Oui, ou est à ses premiers degrés dans sa démarche ?
02:59Non, justement, c'est ça qui est intéressant
03:00c'est-à-dire que c'est un président de la République qui subit le choc carcéral
03:03et qui le raconte
03:04et donc c'est en ça que le récit, je trouve, particulièrement frappant.
03:07Il l'a écrit dans quelles conditions ?
03:10Alors, ce qu'il a raconté au Figaro, ça il ne le dit pas dans le livre
03:14mais ce qu'il a raconté au Figaro, c'est qu'il avait un bic sur une table
03:16et qu'il donnait ensuite des feuillets à ses avocats
03:19qui se chargeaient ensuite de les transmettre à sa secrétaire.
03:22Alors après, ça c'est pour le livre en tant qu'objet littéraire.
03:27Après, il y a un fond politique qui va être beaucoup discuté
03:29et qui va laisser des traces, c'est sûr, à droite.
03:32Parce qu'il parle notamment d'un échange qu'il a eu avec Marine Le Pen.
03:40Qu'est-ce qui s'est passé lors de ce coup de fil entre les deux
03:42ou ces échanges de messages ?
03:43Alors, on savait que ce coup de fil avait eu lieu.
03:45Là, ce qui est très intéressant, effectivement,
03:47c'est qu'on a Nicolas Sarkozy au bout du fil
03:49et donc Marine Le Pen.
03:51On sait, ils se sont rapprochés.
03:52Pourquoi ?
03:53Parce qu'ils sont tous les deux condamnés, première instance.
03:56Elle est inéligible, lui en prison.
03:58Et donc, à ce moment-là, il n'est pas encore en prison quand ils échangent.
04:01Donc, il y a une forme de communauté de destin
04:03qui se fait autour de cette exécution provisoire.
04:05Donc, ça, il y a quelque chose d'assez personnel qui se noue.
04:07Ensuite, elle l'appelle et elle lui demande
04:09est-ce que vous appellerez au Front Républicain
04:13lors des prochaines échéances électorales ?
04:16Alors, ils ne disent pas si c'est la présidentielle.
04:17Lui, il dit juste avant qu'il pense de toute façon
04:20qu'il y aura de nouvelles élections législatives.
04:22Il ne croit pas du tout que ça puisse tenir.
04:25Et donc, il lui répond non, qu'il n'y aura pas de Front Républicain.
04:29Enfin, en tout cas, qu'il ne demandera pas de Front Républicain
04:34et surtout qu'il le dira.
04:35Donc, effectivement, c'est très important.
04:37Alors, Nicolas Sarkozy, il faut se souvenir,
04:40c'est l'homme du Nini, 2011, cantonal.
04:43Il est alors président de la République et il dit
04:44ni Parti Socialiste, ni Front National à l'époque,
04:49ce sera le Nini.
04:50Ça fait déjà beaucoup de bruit à l'époque.
04:52C'est aussi quelqu'un qui dit
04:53Marine Le Pen n'est pas incompatible avec la République.
04:55Vous vous souvenez ?
04:56Ça, c'était au moment de la campagne de second tour.
04:58Il était soutenu, on se souvient.
05:00Il avait un conseiller que des journalistes ont ensuite appelé
05:03le mauvais génie, Patrick Buisson, qui venait de l'extrême droite.
05:06Donc, il y a déjà eu des moments.
05:07En fait, ce qui surprend, c'est que Nicolas Sarkozy
05:09avait appelé à soutenir Emmanuel Macron en 2012 et en 2017.
05:13Vous vous souvenez ?
05:15Même en 2017, dès le premier tour,
05:18aux grandes dames de Valérie Pécresse.
05:20Mais là, effectivement, le fait de faire état,
05:23parce que ce n'est pas anodin,
05:23il aurait très bien pu ne pas mettre cette conversation,
05:25faire état de cette conversation avec Marine Le Pen,
05:28à un moment où sa famille politique est en telle difficulté,
05:31à un moment où il a remis en cause,
05:32dans une interview au Figaro,
05:33la légitimité de Bruno Rotaillot
05:35en disant qu'il n'y avait pas, finalement,
05:37de tête qui se dégageait chez LR.
05:39Effectivement, il sait que ça va créer la Cisanie
05:41au sein de sa famille politique.
05:43Il le laisse.
05:44Et lui, ce qu'il dit, il a toujours suivi ses électeurs,
05:46Nicolas Sarkozy, il dit qu'ils sont maintenant,
05:48en grande partie, partis chez le RN.
05:50Et il dit, et ça, c'est la phrase, à mon avis,
05:52la plus importante,
05:53le chemin de la reconstruction de la droite
05:55ne pourra passer que par l'esprit de rassemblement
05:57le plus large possible.
05:59Et là, il ouvre une porte énorme
06:00pour la présidentielle de 2027.
06:02Alors, ça va évidemment tout écraser.
06:05Ce sera le plus important,
06:06ce qu'on reviendra de ce livre.
06:07Mais il va être écouté ?
06:08Il va être suivi ?
06:09Alors, c'est très intéressant
06:11parce que vous avez vu,
06:11les leaders de la droite
06:12se sont positionnés depuis hier
06:13avec Michel Barnier, l'ancien Premier ministre,
06:15qui a dit certainement pas,
06:16Xavier Bertrand, certainement pas.
06:18En revanche, Bruno Rotailleau,
06:19alors vous allez lui en parler tout à l'heure,
06:20mais lui a parlé d'union de la droite
06:23dans les urnes, par les électeurs.
06:25Donc, il a ouvert un débat très important
06:27et c'est vrai que le livre en soi est intéressant,
06:30mais ça, ça va tout écraser.
06:32Merci beaucoup, Soazic Kemener.
06:33Et effectivement, Bruno Rotailleau
06:34sera l'invité des 4V à 8h10.
06:36On suivra ses déclarations avec attention.
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