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00:00Il place maintenant à l'invité d'Au coeur de l'info.
00:02En cette fin d'année, la Philharmonie de Paris propose au sein de sa programmation un concert tout particulier qui se tiendra dans 4 jours,
00:09celui de l'orchestre d'enfants Demos, Demos pour dispositif d'éducation musicale et orchestrale à vocation sociale.
00:17Une initiative lancée il y a 15 ans maintenant et qui a pour ambition de permettre à des enfants issus de quartiers défavorisés ou ruraux
00:23qui n'ont donc pas accès à la musique classique, de bénéficier d'une formation musicale et de se voir prêter des instruments pour une durée de 3 ans.
00:324 heures de cours par semaine, un rassemblement par mois en orchestre et un concert de fin de saison organisé dans une salle emblématique en région
00:39ou à la Philharmonie de Paris comme ce sera donc le cas mercredi prochain.
00:43Objectif, œuvrer à la démocratisation culturelle par la pratique musicale.
00:47Et la nouvelle marraine de Demos est la violoncelliste et concertiste internationale Astric Cyrano-Sion qu'on a le plaisir de recevoir ce soir sur France 24.
00:55Bonsoir Astric Cyrano-Sion, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation sur France 24.
01:01Tout d'abord sur ce projet Demos qui fête cette année ses 15 ans, 13 000 enfants en ont bénéficié depuis sa création.
01:08Donc l'objectif c'est de démocratiser en quelque sorte le classique.
01:11Exactement, c'est une manière un petit peu dans le sens noble du terme de vulgariser l'apprentissage de la musique classique
01:17dans des quartiers qui n'ont pas forcément accès facilement à la musique.
01:23L'apprentissage en commun pour aussi donner confiance et puis accompagner des enfants de 7 à 12 ans.
01:30C'est une initiative absolument essentielle je pense.
01:33C'est dans l'époque que nous traversons actuellement où l'expression individuelle est quand même très importante à rappeler.
01:40De pouvoir, par le biais de la musique qui est un langage universel et qui permet de pouvoir partager beaucoup d'émotions
01:45autrement que par le langage, voilà l'apprentissage d'un autre langage en tout cas que la parole me paraît absolument essentiel et très beau.
01:53C'est des enfants à partir de quel âge ?
01:55À partir de 7 ans, ils sont accompagnés pendant 3 ans et ils ont la chance de pouvoir apprendre dans des groupes d'une quinzaine d'enfants
02:04et ensuite pour faire grossir le projet en rencontrant d'autres enfants.
02:11C'est une très belle aventure humaine.
02:13Et donc sur un cursus de 3 ans ?
02:15De 3 ans exactement.
02:16Et puis ensuite ce qui est très beau c'est qu'il y a des enfants qui viennent du projet des mots
02:19et qui continuent ensuite en conservatoire, qui peuvent garder l'instrument qui leur est prêté.
02:23Donc voilà, c'est l'apprentissage par l'orchestre, par le chant.
02:28Il y a également aussi une implication physique, la danse, qui est tout de suite mise en pratique.
02:33Donc c'est vraiment l'apprentissage du langage corporel aussi, de pouvoir ressentir des rythmes, la percussion.
02:40Donc une pédagogie assez innovante ?
02:43Exactement, une pédagogie à la fois innovante, douce, qui met au cœur du projet le bien-être de l'enfant
02:52et le fait de pouvoir recevoir une transmission douce, essentielle.
02:56Évidemment aussi il y a tout le caractère social qui est très important parce que l'apprentissage de l'orchestre,
03:01l'apprentissage en groupe, ça apprend évidemment aussi à pouvoir peut-être trouver des parallèles dans la société.
03:08Et donc ça fait intervenir quel type d'intervenant justement ?
03:11Non seulement des musiciens professionnels mais aussi cet accompagnement social, ça se manifeste par quoi ?
03:16Exactement, il y a tout un tas de personnes impliquées qui travaillent, qui sont accompagnateurs sociaux.
03:22Il y a les parents aussi des enfants qui sont fortement sollicités.
03:25De temps en temps il y a des parents qui eux-mêmes après rentrent et travaillent au sein du projet Demos.
03:30J'ai pu en rencontrer la semaine dernière notamment.
03:34Et puis voilà, il y a aussi les rencontres en fait de corps professionnels avec ces enfants
03:40qu'il y ait eu une ouverture d'esprit et puis une palette tournée vers l'avenir
03:47avec comme langage principal la musique qui est quand même un langage qui permet beaucoup de choses
03:52mais surtout qui permet de communiquer de la douceur, de l'amour, qui peut permettre aussi de pouvoir exprimer de la colère
03:59mais d'une manière différente que par...
04:02Canaliser.
04:03Exactement.
04:04Alors au-delà de la pratique musicale, ça participe aussi à donner sans doute aux enfants une relation disons nouvelle
04:10de manière générale aux apprentissages.
04:13Est-ce qu'ils peuvent ensuite mettre ça en pratique aussi dans le cadre scolaire ?
04:17Parce qu'on sait que la musique, il faut beaucoup de rigueur, beaucoup de méthode et beaucoup de travail.
04:23On imagine que ça peut aussi servir dans d'autres environnements éducatifs.
04:26Oui, mais c'est beaucoup de travail pour beaucoup de plaisir aussi.
04:29Il y a une satisfaction lorsqu'on a un instrument, on apprend aussi à prendre soin d'un instrument.
04:33Et quelque part, lorsque l'on apprend à prendre soin d'un instrument, on prend aussi soin de soi-même.
04:39Je pense, oui, encore une fois, le travail, l'apprentissage en groupe, c'est évidemment les heures pédagogiques du projet
04:48mais c'est également toute la vie en dehors des cours, les relations avec les éducateurs, avec les professeurs de musique.
04:56C'est aussi la découverte évidemment d'un répertoire puisque avec Demos, tous les répertoires sont vraiment du baroque
05:03jusqu'à la musique actuelle sont brassées pour aussi montrer qu'il y a un lien phénoménal entre toutes les musiques
05:08et qu'il n'y a pas la musique classique mais qu'il y a vraiment la musique qui fait du bien
05:12et qui permet de pouvoir à la fois recevoir et pouvoir exprimer des émotions.
05:16Et sur sa page consacrée à Demos, sur son site internet, la Philharmonie pose cette question.
05:20L'accès à la musique classique change-t-il le regard des enfants et de leurs familles
05:24sur la place qu'ils peuvent occuper dans la société ? Qu'en pensez-vous ?
05:29En tout cas, c'est bien de se poser la question.
05:30Je pense que la musique, en tout cas moi qui ai grandi dans une famille où la musique était un langage omniprésent,
05:36un langage paternel pour moi en tout cas, je pense qu'en tout cas de se poser la question dans l'éducation en général
05:44de faire rentrer la musique dès le plus jeune âge dans les foyers, ça forme les enfants, ça forme les citoyens de demain
05:53et l'accompagnement avec la musique d'une vie, en tout cas moi je ne pourrais pas vivre sans
05:59et ça me paraît être en tout cas une des manières les plus importantes et les plus, comment dire, formatrices en tout cas pour l'avenir.
06:09Et ce programme a un coût nul pour les parents.
06:12Oui.
06:13Comment est-ce que c'est financé ?
06:14Alors c'est financé notamment par des partenaires mais notamment des dons.
06:18Et il y aura la grande soirée, le grand live d'Emos le 10 décembre.
06:23Donc mercredi prochain.
06:24Mercredi prochain.
06:24Et ce qui est absolument très intéressant à savoir c'est que pendant ce grand live,
06:31il y aura une fondation qui doublera tous les dons qui seront faits en fait.
06:35Donc la journée du 10 décembre et du 11 décembre.
06:37Donc c'est vraiment des journées d'appel aux dons parce que encore une fois,
06:42pour que les instruments puissent être prêtés gracieusement aux enfants,
06:47pour que les formations soient gratuites,
06:49pour que les formateurs puissent consacrer du temps à ce projet d'Emos,
06:53il y a besoin évidemment de financement.
06:55Et vous vous produirez d'ailleurs mercredi prochain aux côtés de ces enfants.
06:57Dans quel état ils sont ?
06:59On imagine que vous avez répété.
07:01Moi je suis très...
07:02Oui, c'est avant tout beaucoup de bonheur de partager en fait ces moments.
07:06C'est la création, le rentrer sur scène, de pouvoir se mettre quelque part.
07:11Ça pourrait peut-être paraître être en difficulté,
07:13mais de pouvoir avoir l'excitation de la scène, de connaître cela pour un enfant.
07:18Et moi de partager en tout cas ce moment si spécial pour eux.
07:21Moi je monte souvent sur scène, je garde une âme d'enfant évidente chez moi,
07:27comme à peu près tous les musiciens je pense.
07:29Et donc de rencontrer ces enfants qui sont excités,
07:31de pouvoir être très fiers aussi de partager ce moment entre eux et ensuite avec moi.
07:38Évidemment, ça me fait immensément plaisir.
07:40Et pourquoi avoir accepté du coup d'être marraine ?
07:43Qu'est-ce que ça vous a fait ?
07:44Déjà j'étais extrêmement touchée qu'on me propose d'être marraine d'une initiative
07:49qui me paraît tellement portée sur tant de valeurs auxquelles je crois.
07:53La transmission, la pédagogie, la musique.
07:58Et puis surtout je me dis souvent si finalement d'avoir un peu de notoriété,
08:03si ça peut servir à quelque chose, c'est bien pour pouvoir ou inspirer ou aspirer.
08:06Moi j'ai eu tellement de grands musiciens qui m'ont inspirée ou des personnes en général.
08:12Je trouve qu'en tout cas ce projet d'Emos m'a bouleversée lorsque j'ai eu des discussions
08:18et puis lorsque j'ai pu rencontrer des jeunes.
08:21Et donc c'était en tout cas une évidence pour moi d'accepter d'être marraine.
08:24Alors on va à présent évoquer votre parcours personnel.
08:28Avant cela on va vous écouter, Astrique Serrano.
08:30C'était lors d'un tout récent concert avec l'orchestre d'Avignon-Provence.
08:34Et on se retrouve tout de suite après.
08:44Voilà donc pour cette expérience.
09:14Astrique Serrano sur votre parcours personnel.
09:17Donc vous êtes née à Lyon, issue, vous avez commencé à l'évoquer, d'une famille d'artistes,
09:21un père notamment pianiste, chef d'orchestre et directeur de conservatoire.
09:24On imagine que ça vous a donné un avantage certain.
09:27Et aujourd'hui vous voulez sans doute partager cette chance que vous avez eue
09:31avec justement des enfants qui ne sont pas forcément issus d'un tel background.
09:35Exactement.
09:35Moi d'avoir vraiment bénéficié de la musique naturellement comme un langage familial,
09:42j'ai pris conscience que c'était une énorme chance.
09:44On ne s'en rend compte pas tout de suite mais lorsque je me suis rendu compte de cette chance,
09:48évidemment c'est essentiel pour moi de le partager,
09:52de faire en sorte que les jeunes et les enfants qui n'ont pas eu cette chance
09:54puissent découvrir ce langage, puissent découvrir cette musique.
09:58J'ai commencé avec une méthode qui était enseignée au concerteur de mon père
10:02qui s'appelle la méthode Suzuki et qui a été créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
10:06par un violoniste qui s'appelait Suzuki et qui est parti du principe
10:12que l'apprentissage de la musique formait des meilleurs citoyens.
10:16Et l'apprentissage de la musique formait aussi à l'ouverture d'esprit, au dialogue,
10:22à la compréhension de la démocratie.
10:24Voilà, donc j'ai grandi avec finalement, j'ai appris le violoncelle avec une méthode
10:28qui n'est pas si éloignée de démos, la transmission orale, le travail en groupe.
10:33Voilà, tout de suite mettre en tout cas en pratique des dimensions pédagogiques
10:37dans la musique qui peuvent après être mises en miroir dans la vie de tous les jours.
10:42Et c'est dans cette même démarche solidaire que vous mettez en œuvre aussi
10:46à travers votre association, Spittac Sevan, fondée en 2019
10:50et qui fournit là aussi du matériel musical à des enfants et un soutien aussi à leurs professeurs.
10:55Mais cette fois dans des pays confrontés à la guerre, à savoir le Liban où votre mère est née,
11:00si je ne me trompe pas, et à l'Arménie, pays de vos origines.
11:02Exactement. Et bien, encore une fois, la notoriété grandissant, j'ai eu des propositions
11:08pour pouvoir représenter des marques de cordes de violoncelle.
11:14Et lorsqu'on m'a proposé la quantité de cordes dont je pouvais bénéficier,
11:18je me suis dit que je n'avais pas besoin d'autant de matériel pour moi,
11:21mais qu'il fallait en tout cas que j'en fasse bénéficier.
11:24Et en allant donner cours en Arménie et au Liban, je m'étais rendu compte
11:26que les matériaux sur lesquels travaillaient les enfants étaient tellement vétusques
11:31que c'était vraiment du bricolage.
11:35Donc j'ai commencé comme cela.
11:36Et puis ensuite, en effet, il y a eu l'explosion à Beyrouth.
11:41Il y a eu la guerre en Arménie en 2020.
11:44Donc j'ai commencé un travail un peu différent d'accompagnement,
11:46en Arménie en tout cas, d'enfants qui étaient déplacés,
11:50donc qui avaient été victimes de guerre.
11:52Et là encore, une fois, je me suis rendu compte à quel point la musique
11:55est un langage qui peut faire tant de bien et exprimer beaucoup,
11:58beaucoup de choses sans forcément avoir besoin de la parole
12:00qui, de temps en temps, limite, en tout cas, dans l'expression des sentiments.
12:05Et vous dites d'ailleurs, je vous ai entendu dans une interview,
12:08dire qu'en temps de difficultés, et notamment de guerre,
12:11la musique est la première sacrifiée.
12:13Et pourtant, ces vertus, justement, en ces temps de difficultés, sont nombreuses ?
12:17Bien sûr.
12:18Même thérapeutiques ?
12:19Oui, extrêmement thérapeutiques.
12:21Et je pense qu'en effet, en 2020, lorsque nous étions considérés absolument pas essentiels
12:27en tant qu'artistes, musiciens...
12:29Donc pendant le Covid ?
12:30Pendant le Covid, nous étions absolument pas utiles, essentiels.
12:36Et lorsque je suis allée sur un terrain de guerre,
12:38et que la première rencontre a été de partager de la musique avec des enfants,
12:43ou alors avec des soldats blessés,
12:44et que je me suis rendu compte qu'un sourire pouvait jaillir d'un visage,
12:48d'un enfant qui avait absolument tout perdu, qui était orphelin,
12:52ou alors de pouvoir voir un jeune soldat complètement blessé,
12:57brûlé à l'acide, prendre un sourire,
12:59ou même commencer un petit peu à s'y flotter,
13:02après avoir vu tant d'horreur,
13:03parce que la musique lui évoquait,
13:05et peut-être l'évader aussi d'un monde, d'une réalité,
13:09qui n'est pas forcément facile à supporter.
13:12Donc oui, dans tous les cas, moi je pense que...
13:14Nietzsche le disait si bien, mais en tout cas, c'est une réalité,
13:17et la musique, franchement, je pense que ça devrait être beaucoup plus exploité
13:24dans l'éducation, et dans la transmission,
13:28et évidemment dans les vertus thérapeutiques qu'elle peut apporter.
13:32Dans l'éducation, il n'y en a pas assez en France ?
13:35Alors dans l'éducation, c'est mon avis personnel,
13:37mais je pense que la Futabek est un répulsif à l'apprentissage de la musique.
13:43Non mais c'est une aberration, enfin voilà.
13:46Le chant choral, voilà, mais peut-être le chant choral,
13:50le rythme corporel, il y a beaucoup de choses qui peuvent en tout cas
13:54donner un accès beaucoup plus doux, agréable à la musique.
14:00Mais après, c'est des débats longs.
14:02Pédagogie et musique toujours, c'est l'heure de votre carte blanche,
14:06Astrique Cyrano Sian, et à ma demande, vous m'avez transmis cette idée d'image d'archive,
14:11on va visionner donc une photo de Nadia Boulanger, immense pédagogue.
14:16Immense pédagogue, immense figure de la musique,
14:19immense dame de la musique qui est née en France,
14:23et qui a enseigné toute sa vie, qui a transmis,
14:26elle a eu des milliers d'élèves,
14:29et ce qui était très intéressant pour elle,
14:32c'était de prendre chaque individualité comme il est,
14:36et de le faire fleurir avec sa propre individualité.
14:40Et c'est ça aussi, par exemple, dans le projet Demos,
14:42ce qui est pour moi très important,
14:43c'est que c'est un apprentissage de groupe,
14:46mais qui met en valeur et qui donne confiance individuellement aux enfants.
14:49Nadia Boulanger a vraiment œuvré énormément
14:53pour le développement de la musique,
14:56elle était très exigeante,
14:58et elle a laissé un héritage absolument phénoménal dans toute la musique.
15:05Elle a eu, par exemple, comme élève Quincy Jones,
15:07qui était le grand producteur de Michael Jackson,
15:09et elle a eu comme professeur Gabriel Fauret,
15:11donc j'aime dire qu'en fait, finalement,
15:13entre Gabriel Fauret et Michael Jackson,
15:15il n'y a pas de temps.
15:17Et autre élève de Nadia Boulanger,
15:20Daniel Barremboy, le très grand chef d'orchestre,
15:23vous êtes d'ailleurs depuis 2017 invité pour participer
15:26au sein de son célèbre West Eastern Divan Orchestra.
15:31Pourquoi est-ce que vous teniez à y participer ?
15:34Donc un orchestre, je le rappelle,
15:36qui fait intervenir à la fois des musiciens palestiniens et israéliens.
15:40Exactement.
15:40J'ai eu la chance de rencontrer Daniel Barremboy qui m'a auditionnée
15:45pour son orchestre.
15:48Et alors l'aventure humaine a été absolument,
15:50et est toujours d'ailleurs absolument fascinante.
15:52c'est-à-dire se faire, se rencontrer,
15:54d'avoir le courage,
15:55d'avoir créé une telle initiative.
15:58Jusqu'à maintenant, on voit à quel point elle est d'actualité.
16:03Évidemment, c'est une inspiration, une aspiration.
16:04Tous les projets qui tendent,
16:06avec énormément de courage,
16:08à rassembler
16:09les peuples,
16:13et surtout à ouvrir les dialogues,
16:14à parler,
16:15à avoir,
16:16pas forcément être d'accord,
16:17mais en tout cas à avoir la capacité de pouvoir dialoguer,
16:19pour moi,
16:20m'inspire évidemment beaucoup,
16:21au-delà de l'immense musicien qu'il est,
16:25c'est aussi tout le courage des actions qu'il mène sur le terrain.
16:31Et la capacité fédératrice de la musique.
16:33Oui, la capacité fédératrice,
16:36en n'oubliant jamais la qualité,
16:37évidemment,
16:38et puis surtout en montrant que
16:40le message de la musique peut faire beaucoup.
16:44Et pourtant,
16:45il y a un mois,
16:47à peu près,
16:47à strictes,
16:47c'est la notion de très graves incidents
16:49se sont produits à la Philharmonie de Paris,
16:51lors d'une représentation de l'Orchestre Philharmonique d'Israël.
16:54Je le rappelle,
16:54perturbée par des fumigènes,
16:57en protestation par rapport à la situation
17:00dans la bande de Gaza.
17:02Qu'est-ce que vous avez pensé de l'éruption
17:05qu'on voit derrière vous,
17:06de l'actualité dans un espace dédié à la musique ?
17:11Moi, je trouve ça épouvantable,
17:13de voir la violence créée dans un lieu de musique.
17:18Je pense que si la scène musicale
17:23ne reste pas encore le dernier maillon
17:26d'une liberté d'expression
17:28qui est censée être éloignée
17:31éloignée de toute l'actualité que nous traversons.
17:33Alors, je trouve ça assez affolant.
17:36Moi, en aucun cas, je ne peux cautionner,
17:37je ne peux pas avoir un avis personnel.
17:39Nous l'avons tous,
17:40sur toutes les situations,
17:42mais de mettre en danger des personnes,
17:44de mettre en danger des personnes qui sont venues ici
17:47pour justement partager un moment musical,
17:51je trouve ça absolument épouvantable.
17:52Et puis, en plus, c'était à peu près...
17:55Et le boycott, donc, des cultures de certains pays
18:00dont les dirigeants se livrent parfois des guerres meurtrières ?
18:04Le boycott, c'est assez délicat
18:06parce que, déjà, le boycott, il n'est pas très égalitaire.
18:11Alors, dans ce cas-là, si on parle de boycott,
18:13moi, à titre personnel, j'avais été fortement choquée,
18:15par exemple, qu'on boycotte des artistes russes
18:18qui n'avaient pas forcément, d'ailleurs, eu d'avis politique
18:23ou qui ne s'étaient pas forcément exprimés librement,
18:25voire qui étaient absolument contre la guerre et de boycotter.
18:30Et de l'autre côté, il y avait un chanteur azéri
18:35qui appelait franchement au meurtre des Arméniens
18:38pendant la guerre en 2020,
18:39qui n'était absolument pas boycotté.
18:43Donc, en fait, c'est un peu spécial pour moi.
18:44J'essaye de toujours être éloignée, en tout cas,
18:48quand je suis sur scène, je pense que la musique
18:50n'a pas vocation à...
18:52Je pense que quand on est musicien,
18:53on ne devrait pas appeler au meurtre.
18:55Et lorsque nous sommes sur scène,
18:58nous devrions justement essayer de partager
19:01autre chose que l'actualité qui se passe.
19:03Mais les images, en tout cas, de la Philharmonie,
19:07je trouvais ça épouvantable.
19:08En plus, c'était à peu près dix ans, jour pour jour,
19:10après le Bataclan.
19:12Ça a forcément résonné en moi.
19:14Et de contrer la violence avec de la violence,
19:18je ne suis pas certaine que ce soit une solution.
19:20Merci, en tout cas, Strixie Ranossian,
19:22d'avoir répondu à nos questions.
19:23Ce soir, dans Au Cœur de l'Info, je le rappelle,
19:25le concert de l'Orchestre d'Enfants d'Emos,
19:28dont vous êtes, donc la nouvelle marraine,
19:29se tiendra mercredi prochain, le 10 décembre,
19:31à la Philharmonie de Paris.
19:33Et puis, votre dernier album,
19:34Strixie Ranossian, Invisible,
19:36avec Nathanael Gouin,
19:38au label Alpha Classics,
19:39qu'on voit donc apparaître à l'antenne
19:41dans laquelle vous faites sortir de l'ombre
19:42des œuvres rares que le temps a oubliées.
19:45Merci encore.
19:46Cet entretien est à retrouver sur notre site internet
19:48et nos réseaux sociaux.
19:49Restez avec nous.
19:50Au Cœur de l'Info revient dans quelques minutes.
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