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  • il y a 3 jours
Producteur de cinéma, Jean-François Fonlupt revient sur son parcours singulier, de la banque d’affaires à la direction de Ciby 2000, avec quatre Palmes d’or à son actif. Il évoque son travail avec de grands réalisateurs, sa vision de la production et l’équilibre entre création artistique et impératifs économiques.
Il partage aussi l’inspiration derrière son premier roman, « Le goût de la pomme », marqué par son expérience et ses rencontres.

Lire « Le goût de la pomme » : https://www.editions-maia.com/livre/le-gout-de-la-pomme-jean-francois-fonlupt-9782384414024/

Visionner le documentaire rétrospectif sur sa carrière : https://dai.ly/x9rttdo

Tous les interviews : https://studio-phoceen.fr/#maellebillant
Transcription
00:00:00J'aimerais commencer avec une première question, celle que je pose à tous mes invités, donc vous n'allez pas y couper.
00:00:05Je voudrais savoir, Jean-François, qui vous êtes ?
00:00:09Un homme tout simple, qui est né dans les Alpes-Savoyardes, à Annecy, il y a maintenant un très grand nombre d'années.
00:00:18J'y ai fait mes études jusqu'au baccalauréat, et puis après le bac, je suis venu à Paris pour faire mes études à Sciences Po
00:00:28et à la faculté de droit d'Assas, et puis après je suis resté parisien pendant de très nombreuses années,
00:00:36puisque c'est là que j'ai travaillé, d'abord dans la banque d'affaires, ensuite auprès de Francis Bouygues,
00:00:43et c'est ce qui m'a amené, in fine, à plonger dans un secteur que je ne connaissais pas,
00:00:50et pour lequel je n'avais aucune prédisposition a priori, qu'est le cinéma.
00:00:56Et c'est par la volonté de Francis Bouygues que je suis passé, j'ai fait le grand saut de la banque d'affaires au secteur cinématographique.
00:01:05Comment est-ce qu'on passe de la banque d'affaires et du droit au monde du cinéma ?
00:01:09A priori, c'est un saut dans le vide. Comment ça s'est passé ?
00:01:12J'étais donc auprès de Francis Bouygues depuis déjà une dizaine d'années, en charge de la diversification du groupe Bouygues,
00:01:19et c'est dans ce cadre-là que j'avais proposé à Francis Bouygues que le groupe se diversifie dans le secteur, disons, de l'entertainment au sens large.
00:01:30Et puis ensuite, il s'en était resté là, et lorsqu'en 89, Francis Bouygues passe la main à son fils Martin pour lui succéder à la présidence du groupe,
00:01:40il m'emmène avec lui et il décide donc de créer une société de production de films.
00:01:48Donc c'est quelque chose qui remonte à très loin, puisque ça, ça a été décidé.
00:01:52Enfin, le principe avait été acté en 80, la réalisation est arrivée à la fin des années 80,
00:01:59mais c'est là où tout le monde s'est trompé, parce qu'évidemment, ça a surpris un peu les gens que quelqu'un du BTP puisse s'intéresser au cinéma.
00:02:10Mais en réalité, ça venait de loin.
00:02:12En matière de diversification, si on veut réussir, il y a une grande règle.
00:02:16Les grandes composantes et les grands fondamentaux du métier dans lequel on va possèdent à 80% minimum les mêmes fondamentaux que ceux du métier duquel on vient.
00:02:28Alors là, expliquez-moi, parce qu'entre le BTP et le cinéma...
00:02:31Ce n'est pas le BTP, là, en l'occurrence, c'est l'immobilier, c'est la promotion immobilière.
00:02:36En réalité, il y a une grande similitude de fonctionnement entre la promotion immobilière et la production de films.
00:02:43En matière immobilière, d'abord, vous achetez un terrain.
00:02:48Donc il faut qu'il soit bien placé, etc., etc., toutes les qualités requises pour que ça puisse derrière se commercialiser.
00:02:54Dans le cinéma, ce terrain, c'est le scénario.
00:02:58Donc pareil, il faut qu'il soit intéressant, il faut qu'il puisse intéresser le public.
00:03:02Ensuite, si je reviens à l'immobilier, une fois que vous avez le terrain, il faut construire un immeuble.
00:03:07Et là, il y a quelqu'un qui va vous dessiner un bel immeuble.
00:03:11Et bien, dans le cinéma, l'architecte, c'est le réalisateur qui va vous transformer ce qui est écrit sur le papier en images, avec des comédiens.
00:03:22Ensuite, une fois qu'il a été dessiné et qu'il y a quelqu'un qui est capable de le mettre en musique, il faut qu'il y ait des gens qui le construisent.
00:03:32Donc dans le BTP, c'est les gens de la construction.
00:03:34Dans le cinéma, c'est l'équipe technique, etc.
00:03:38Et puis, une fois que vous avez tout ça, il faut aussi avoir la capacité de vendre dans l'immobilier votre immeuble, dans le cinéma, votre film.
00:03:49Donc pour ça, vous avez besoin d'anticiper ce que font pas toujours les gens dans le cinéma, mais dans l'immobilier, vous êtes obligés de le faire.
00:04:00C'est de vous dire, si je fabrique tant de mètres carrés à tel prix du mètre carré, est-ce que le marché va pouvoir absorber cet immeuble avec les spécificités qui sont les siennes ?
00:04:14Dans le cinéma, il faut faire la même chose, c'est-à-dire qu'il faut avoir un vendeur qui, lui, est en contact avec le marché, qui sent ce que le marché peut absorber,
00:04:24parce que le cinéma, c'est un métier d'offre, ce n'est pas un métier de demande.
00:04:27Donc, si le vendeur vous dit, moi, avec ce film tel qu'il est décrit et tel qu'il coûte, moi, je peux arriver à faire tant de ventes.
00:04:42Je parle pour les films à l'international, sur les différents territoires dans le monde.
00:04:47Et puis, si on s'aperçoit que le montant des ventes prévisionnelles du vendeur international est inférieur au coût du film,
00:04:55il vaut mieux arrêter, parce que ça veut dire qu'on ne retrouvera jamais son argent, ou de manière très problématique.
00:05:01Si, par contre, dès le départ, on sait qu'on a un minima, un montant qui est égal ou supérieur, un montant de vente égal ou supérieur au coût du film,
00:05:11à priori, là, on peut y aller, parce que le risque, il est devenu zéro ou quasiment zéro.
00:05:14Après, ce qu'on ne peut pas savoir, alors c'est là où il y a une petite différence avec l'immobilier,
00:05:21c'est qu'on ne peut pas faire de perspective de profit.
00:05:25On sait ce qu'on peut éviter de perdre, mais on ne sait pas jusqu'où ça peut aller quand ça se met à gagner.
00:05:32Il n'y a pas un film où on peut dire, là, on va gagner. Non, ce n'est pas vrai.
00:05:37Moi, je vois, quand on a fait la leçon de piano, ça a coûté 6,5 millions de dollars,
00:05:42ça en a rapporté 200. Nous, quand on a lancé le film, on ne s'est pas dit qu'on allait faire 200 millions de profits.
00:05:50Il a été palmé à Cannes, ça a été une grande réussite, un grand succès.
00:05:53Ça, c'est la magie du cinéma, c'est que quand ça rigole, ça peut rigoler à des niveaux que peu de secteurs peuvent offrir.
00:06:00La seule chose qui est importante, enfin, en tout cas, c'est nous, ça a été notre approche,
00:06:06et finalement, ça ne nous a pas trop mal réussi, ça a été de ne lancer que des films dont on savait, a priori,
00:06:13que le risque de perte était quasi nul.
00:06:18Mais beaucoup d'incertitudes sur les gains.
00:06:20Pour que ça rapporte beaucoup, on ne peut pas jouer une fois.
00:06:25Donc, nous, on avait un rythme de production annuel qui était entre 6 et 8 films par an.
00:06:32C'est beaucoup ?
00:06:33Oui, mais c'est ce qu'il faut, parce que c'est comme ça que,
00:06:37si jamais il y en a un qui gagne un peu moins que ce qu'on pouvait espérer dans nos rêves les plus fous,
00:06:42un autre qui gagne beaucoup, c'est comme le système d'assurance,
00:06:45c'est une répartition des risques, tandis que quand on joue un coup,
00:06:49c'est du tout au rien, donc c'est plus compliqué.
00:06:52Et c'est ça, d'ailleurs, un des problèmes des producteurs indépendants,
00:06:56qui n'ont pas les moyens de produire plusieurs films à la fois,
00:06:59parce que pour ça, il faut une structure, il faut du personnel, il faut beaucoup d'investissement.
00:07:05Donc, ce n'est pas possible.
00:07:06Donc, les indépendants, ils font un film par an au mieux,
00:07:12et à chaque fois, c'est pile ou face.
00:07:14J'ai l'impression que ce métier de producteur, c'est une sorte de super chef de projet,
00:07:19ou chef d'orchestre de film.
00:07:20Comment est-ce que vous le voyez ?
00:07:22En tout cas, nous, tel qu'on était organisé chez Sibi,
00:07:25mais c'était aussi la façon dont fonctionnent toutes les filiales chez Bouygues,
00:07:31c'est que le patron de la filiale,
00:07:33donc en l'occurrence, moi, je suis devenu le patron de Sibi 2000,
00:07:37puisque c'était le nom de cette structure,
00:07:40on lui laisse une liberté totale.
00:07:43C'est-à-dire qu'on lui dit, maintenant, tel chef, tel patron,
00:07:47t'assumes, mais si ça ne marche pas, tu dégages.
00:07:49C'est la règle.
00:07:51Mais le gros avantage, on fait des gens responsables.
00:07:55Donc, en matière de cinéma, puisque c'est ça qui nous intéresse aujourd'hui,
00:07:59c'était moi, in fine, qui décidait de, on va faire ce film-là,
00:08:03pas celui-là, j'étais tout seul à décider ça.
00:08:06Alors, je m'entourais de gens pour avoir leurs avis,
00:08:08mais à la fin des fins, il y en avait qu'un qui disait,
00:08:12on y va ou on n'y va pas, c'était moi.
00:08:13Donc, je prenais mes risques à chaque fois.
00:08:17Et pourquoi je décidais d'aller plutôt sur tel film que sur tel autre ?
00:08:23C'est parce que j'ai toujours, moi, fonctionné comme ça.
00:08:26C'est parce que la première chose, le premier contact qu'on a avec un film,
00:08:30quand on est producteur, c'est qu'on vous amène un scénario
00:08:34avec quelqu'un qui va le mettre en scène.
00:08:37Et puis après, on fait le casting.
00:08:38Mais au départ, on a un espèce de binôme entre un scénario et un metteur en scène.
00:08:43Et donc, c'était ce binôme-là qui devait me plaire.
00:08:48Donc, soit si l'histoire ne me plaisait pas, le problème, il était réglé, on n'en parlait plus.
00:08:53Si le metteur en scène ne me plaisait pas, c'était pareil, on n'en parlait plus non plus.
00:08:57Mais si par contre, les deux étaient susceptibles de me plaire,
00:09:00là, on enclenchait la machine pour savoir combien ça pouvait coûter,
00:09:04combien ça pouvait espérer de recettes à court terme pour couvrir l'investissement.
00:09:12et toute la préparation, parce que c'est ça qui est important dans ce métier,
00:09:18c'est que tant que le film n'est pas mis en production,
00:09:23c'est le producteur qui a le fusil entre les mains.
00:09:28D'accord ?
00:09:29À partir du moment où on met le film en production, le fusil, il est dans les mains du réalisateur.
00:09:38Et donc, ce qu'il faut éviter pendant toute la période préalable,
00:09:42c'est que le réalisateur, il n'ait que seul envie, c'est de vous retourner le fusil contre vous.
00:09:46Donc, il faut créer dès le départ une confiance avec le réalisateur
00:09:53pour qu'ensuite, il n'ait plus du tout en tête,
00:09:57il m'a tellement emmerdé avant que je vais me venger
00:10:00et il va y avoir des dépassements,
00:10:03il va y avoir toutes les galères qu'on peut imaginer dans le cinéma.
00:10:07Tandis que si vous avez créé les conditions d'une confiance
00:10:11et que le réalisateur a compris que quand il avait une demande
00:10:15d'un point de vue purement artistique,
00:10:17parce que lui, il ne se préoccupe pas obligatoirement à chaque fois,
00:10:20ça, ça coûte tant,
00:10:22et que en discutant honnêtement avec lui
00:10:28pour trouver un équilibre entre la qualité du film
00:10:32d'un point de vue artistique et son coût financier
00:10:36pour s'assurer que ça ne sera pas une aventure
00:10:40qui est vouée à l'échec dès le départ
00:10:42et que ça ait bien compris.
00:10:45Moi, je n'ai pas d'exemple,
00:10:47si j'en ai eu un une fois,
00:10:48mais bon, ça ne s'est pas trop mal passé finalement,
00:10:51mais les choses se passent bien
00:10:53parce que le metteur en scène,
00:10:55il sait qu'il peut compter sur vous
00:10:57et que s'il y a un problème,
00:11:00vous êtes à ses côtés pour le résoudre.
00:11:02Parce que le producteur, il laissait un peu un métier de schizophrène,
00:11:07c'est d'un côté, il faut être un peu artiste quand même quelque part
00:11:10pour comprendre comment ce qui est écrit dans le scénario
00:11:13va être réalisé par le metteur en scène,
00:11:17parce que le même scénario réalisé par dix metteurs en scène différents,
00:11:21c'est dix films différents,
00:11:22de même que les mêmes images réalisées par un metteur en scène
00:11:26montées par dix monteurs différents,
00:11:28c'est dix films différents.
00:11:29Tout ça, c'est un ensemble de choses
00:11:32qui sont des choses par définition aléatoires,
00:11:34puisque c'est de la création,
00:11:36il faut que les gens soient bien dans leur tête, etc.
00:11:38Si vous, en tant que producteur,
00:11:40et donc quelque part chef d'orchestre,
00:11:42vous ne donnez pas un environnement à tous ces gens
00:11:45qui leur permet de s'exprimer au mieux,
00:11:49vous allez à chaque fois à la catastrophe.
00:11:50Donc le facteur humain, j'entends, est très important.
00:11:53Pour moi, oui.
00:11:54Parce qu'en effet, vous avez quand même collaboré
00:11:56avec des maîtres de la réalisation,
00:11:58avec de grands acteurs, de grandes actrices,
00:12:00j'imagine qu'il y a eu parfois peut-être des difficultés,
00:12:04puisque sur les tournages, comme vous le dis,
00:12:05c'est de la création, il peut y avoir des aléas.
00:12:07C'est un problème de vision de ce qu'on est en train de faire.
00:12:10Si dès le départ, on n'a pas la même vision du film,
00:12:14donc c'est là où il faut que le producteur
00:12:16soit bien en phase avec son metteur en scène.
00:12:19Et ça, ça se décide dès le début ?
00:12:21On le voit assez vite en discutant.
00:12:23Quand vous faites des choix aussi,
00:12:24puisque vous dites que vous faites des choix
00:12:25par rapport à ce binôme scénariste-réalisateur,
00:12:28est-ce qu'il y a aussi, j'imagine, une part de personnalité,
00:12:30une part de subjectif dans vos critères de choix ?
00:12:32Oui, c'est du subjectif,
00:12:34parce que pourquoi j'ai eu envie de travailler
00:12:37avec les réalisateurs avec lesquels j'ai travaillé ?
00:12:40C'est parce que j'aimais bien leur travail,
00:12:41avant qu'on travaille ensemble.
00:12:44Donc déjà, ça, c'était une base.
00:12:45Ensuite, j'essayais de m'assurer
00:12:48que ce n'étaient pas des gens qui étaient juste venus là
00:12:51pour faire un hold-up.
00:12:52Parce qu'au début, avant que j'arrive chez Sibi,
00:12:56Sibi était un peu perçu comme ça.
00:12:59C'était le pigeon qui était bien dodu
00:13:02et qu'on allait pouvoir...
00:13:03Avec une belle assise financière.
00:13:05On allait pouvoir plumer tout ça allègrement.
00:13:08Et donc, moi, j'ai mis fin à ça.
00:13:10Et j'ai réorienté totalement la stratégie.
00:13:15Et là aussi, c'est parce que j'avais une approche
00:13:18de banquier d'affaires.
00:13:19Un banquier d'affaires, lui, il est amené
00:13:21à étudier plein de secteurs,
00:13:24ou en tout cas très différents,
00:13:25à chaque mission qu'on lui donne.
00:13:29Il découvre un métier, il l'analyse,
00:13:31et après, il est capable de conseiller
00:13:33un acheteur, un vendeur.
00:13:36Là, pour moi, c'était pareil.
00:13:38J'arrivais dans un secteur que je ne connaissais pas,
00:13:40donc le plus rapidement possible.
00:13:41J'ai essayé de l'analyser et de me dire
00:13:44« Bon, ben, attends, ce secteur-là,
00:13:45il est, sur le plan mondial,
00:13:48dominé par les studios américains.
00:13:51Ils détiennent à peu près 80% du marché mondial.
00:13:55Aller leur rentrer dedans
00:13:57et essayer de faire des films
00:13:59comme eux, à gros budget,
00:14:02c'est le casse-pipe assuré.
00:14:05Donc, moi, je vais jouer sur quelque chose
00:14:07qu'eux ne font pas ou ne font pas bien,
00:14:09c'est-à-dire une niche du,
00:14:11on va appeler ça pour la simplicité
00:14:13de l'expression,
00:14:16les films d'auteurs à vocation commerciale.
00:14:18Le film d'auteur, c'est quoi ?
00:14:19Pour moi, c'est quelqu'un,
00:14:20quand on voit un film,
00:14:21on dit « Ah, ben ça, c'est un film d'un tel. »
00:14:24On le reconnaît.
00:14:24On le reconnaît.
00:14:25Quand on voit un film de David Lynch,
00:14:27on sait que c'est un film de David Lynch.
00:14:28Quand on voit un film de Wim Wenders,
00:14:29on sait que c'est un film de Wenders.
00:14:31Enfin, on peut tous les prendre.
00:14:32Almodovar, on sait que c'est un film d'Almodovar.
00:14:37On sait à chaque fois,
00:14:39parce que c'est des gens qui sortent du lot.
00:14:43Donc, quand on travaille avec des gens comme ça,
00:14:45en lisant le scénario
00:14:46et en connaissant un petit peu leur filmographie,
00:14:49on sait comment ça va être traité.
00:14:51Ce n'est pas juste lire un scénario,
00:14:53c'est lire un scénario qui va être mis en scène.
00:14:55Donc, c'est cette analyse-là.
00:14:56On imagine, compte tenu du réalisateur
00:15:00qui va être en charge,
00:15:02comment lui va transformer
00:15:03ce qui est écrit sur le papier.
00:15:05Est-ce que vous avez travaillé aussi
00:15:06avec des jeunes réalisateurs
00:15:07qui n'avaient pas fait de film avant ?
00:15:09J'ai aussi travaillé avec des...
00:15:10J'ai découvert des inconnus.
00:15:13Notamment P.J. Hogan,
00:15:14avec qui j'avais fait Muriel's Wedding.
00:15:16C'était son premier film.
00:15:19C'était ma vendeuse internationale,
00:15:20puisque j'avais une équipe de vente internationale
00:15:22qui était basée à Londres,
00:15:23et Wendy Palmer,
00:15:25qui un jour m'appelle et me dit
00:15:26« Écoute, Jean-François,
00:15:28je connais un garçon,
00:15:29qui est australien,
00:15:32il est très doué.
00:15:34Ce serait bien qu'on s'intéresse à son truc.
00:15:36Et puis, il a un scénario
00:15:37qui est, a priori, amusant.
00:15:41Et puis, en plus,
00:15:42le film ne coûtait pas très cher.
00:15:44Julie était capable
00:15:45de le vendre plus cher
00:15:46que ce qui coûte.
00:15:49Elle m'a dit, a priori,
00:15:50je pense que oui.
00:15:50Je dis, bon, écoute, on y va.
00:15:52Et donc, on a fait ce premier film
00:15:53avec lui,
00:15:54qui était
00:15:55« Le mariage de Muriel »,
00:15:57un truc complètement dingue,
00:15:59c'est l'histoire,
00:16:00c'est une fille
00:16:01qui est mal dans sa peau
00:16:02parce qu'elle est dans une famille
00:16:04avec un père impossible
00:16:05et qui rêve du prince charmant.
00:16:08Et donc, en attendant
00:16:09de découvrir ce prince charmant,
00:16:11elle écoute du Abba
00:16:12toute la journée.
00:16:13Et donc, avec ce film,
00:16:14d'ailleurs,
00:16:15on a relancé la carrière d'Abba.
00:16:17C'est vrai ?
00:16:17Tellement, il a eu du succès.
00:16:18Oui.
00:16:20C'est incroyable
00:16:21comme ça communique
00:16:21entre les sphères artistiques.
00:16:23Et donc,
00:16:24moi, j'avais signé avec lui
00:16:26ce film-là
00:16:27et je lui avais dit,
00:16:28écoute, je prends un risque,
00:16:30donc, si tu veux,
00:16:32on signe tout de suite
00:16:33pour deux films.
00:16:37Et il m'avait dit, d'accord.
00:16:38Et puis, donc, le film se fait,
00:16:40le film sort,
00:16:41mais c'est succès mondial.
00:16:44Un carton ?
00:16:44Un carton.
00:16:45Et un jour,
00:16:46je reçois un coup de téléphone
00:16:47d'un agent à Los Angeles
00:16:50qui était devenu l'agent
00:16:52de P.G. Hogan,
00:16:54le réalisateur,
00:16:55et qui me dit,
00:16:55bon, Jean-François,
00:16:56je t'appelle
00:16:56parce que je sais
00:16:59que tu as un contrat
00:17:00pour un deuxième film
00:17:02avec lui,
00:17:04mais vu le succès du film,
00:17:08je crois que c'était
00:17:08la Paramount.
00:17:09la Paramount a décidé
00:17:11de lui proposer un film
00:17:13et c'était un film
00:17:14avec Julia Roberts,
00:17:15enfin, un truc.
00:17:18Le haut du panier.
00:17:19Le haut du panier,
00:17:19tout de suite.
00:17:20Donc,
00:17:22je sais que tu peux
00:17:23t'y opposer,
00:17:24mais moi,
00:17:25si j'étais toi,
00:17:26je ne ferais pas, quoi.
00:17:28Et j'ai dit,
00:17:29non, mais ça va,
00:17:30j'ai compris,
00:17:31je ne fais pas le poids.
00:17:32On se retire.
00:17:33Donc,
00:17:34je libère
00:17:36P.G. Hogan
00:17:38de son engagement
00:17:39vis-à-vis de Siby.
00:17:41Mais bon,
00:17:42j'espère que vous
00:17:43n'oublierez pas
00:17:44mon geste.
00:17:46Et effectivement,
00:17:46ils ont été...
00:17:48Moi, après,
00:17:48je n'avais même plus besoin
00:17:49de...
00:17:50Je n'allais jamais
00:17:51chercher les metteurs
00:17:52en scène.
00:17:53Parce qu'en réalité,
00:17:54au bout d'un moment,
00:17:56Siby était devenue
00:17:57comme un club
00:17:59où c'était bien
00:18:01pour un réalisateur
00:18:02d'aller.
00:18:03Au bout de quelques temps,
00:18:05après mon arrivée...
00:18:07Après avoir fait un peu de ménage,
00:18:07quand même,
00:18:08c'est ce que vous disiez,
00:18:08parce que vous êtes arrivé...
00:18:09Oui,
00:18:10quand je suis arrivé,
00:18:11oui.
00:18:11Pour refaire aussi cette stratégie.
00:18:12Si je suis arrivé,
00:18:13c'était...
00:18:14On peut en dire deux mots,
00:18:16mais si je suis arrivé,
00:18:17c'est parce que,
00:18:18en fait,
00:18:18la société avait été créée
00:18:19un an et demi avant.
00:18:22Au départ,
00:18:22quand Francis Bouygues
00:18:23décide de créer,
00:18:25il embauche,
00:18:26pour diriger la structure,
00:18:28quelqu'un qui venait du cinéma.
00:18:29Mais vous étiez,
00:18:30vous déjà,
00:18:30chez Bouygues,
00:18:31pour la partie stratégie
00:18:32de diversification,
00:18:33mais pas sur la partie
00:18:34production.
00:18:35C'est-à-dire que vous avez aidé...
00:18:36Moi,
00:18:37j'étais le banquier de l'affaire,
00:18:38et donc j'avais donné les idées,
00:18:40et la société est créée,
00:18:42et Francis Bouygues
00:18:43embauche quelqu'un,
00:18:44sur les conseils de Patrick Lelay,
00:18:46qui à l'époque était à TF1,
00:18:49il embauche quelqu'un,
00:18:50mais qui venait du cinéma français.
00:18:51Donc la société,
00:18:52elle est créée
00:18:53avec un capital de 300 millions.
00:18:55Enfin,
00:18:55c'était des francs à l'époque,
00:18:56mais enfin,
00:18:56300 millions.
00:18:57Un an et demi plus tard,
00:18:58c'était quasiment tout disparu.
00:18:59Donc un soir,
00:19:01Francis Bouygues m'appelle,
00:19:03et me dit,
00:19:03Jean-François,
00:19:04demain matin,
00:19:04vous êtes le patron
00:19:05de Cibi 2000,
00:19:07parce qu'il est hors de question
00:19:09qu'il y ait une tâche
00:19:10sur la dernière page
00:19:11de mon cahier.
00:19:14Donc vous allez
00:19:14m'effacer la tâche.
00:19:15Et moi,
00:19:16je lui dis,
00:19:16oui,
00:19:16mais moi le cinéma,
00:19:17je n'y connais rien,
00:19:18il me dit,
00:19:19non,
00:19:19ce n'est pas votre problème,
00:19:20je vous ai dit que c'était comme ça,
00:19:21et demain matin,
00:19:22c'est vous le patron.
00:19:24Et puis vous irez prévenir
00:19:26celui à qui vous succédez
00:19:28demain matin,
00:19:28parce qu'il n'est pas au courant.
00:19:29Ah oui,
00:19:30c'est sympa ça.
00:19:30Oui,
00:19:31donc c'est ce que j'ai fait,
00:19:32bon,
00:19:32puis je l'ai fait
00:19:33avec ce qu'il fallait de manière,
00:19:35donc on est resté,
00:19:37il est parti,
00:19:37mais on est resté amis
00:19:39tous les deux,
00:19:40d'autant plus que je lui avais proposé
00:19:41de rester avec moi,
00:19:43et de conformer un tandem,
00:19:44parce que lui,
00:19:45il connaissait des choses
00:19:46que moi je ne connaissais pas,
00:19:47et inversement,
00:19:48je connaissais des choses
00:19:48que lui ne connaissait pas,
00:19:49et je me disais,
00:19:50intuitivement,
00:19:51ça peut peut-être faire
00:19:52un bon binôme.
00:19:53Et puis,
00:19:54il a refusé,
00:19:55et quelques années plus tard,
00:19:58un jour où on se rencontrait,
00:19:59il m'a dit,
00:19:59ah j'étais le vrai con,
00:20:00ne pas rester avec toi,
00:20:01je me dis,
00:20:01mais attends,
00:20:02je te l'ai proposé,
00:20:03c'est toi qui n'as pas voulu,
00:20:03il me dit,
00:20:04oui,
00:20:04oui,
00:20:04je sais,
00:20:04mais maintenant que je le vois
00:20:05avec le recul,
00:20:07je me dis que j'aurais dû
00:20:08t'écouter ce que je n'ai pas fait.
00:20:10Donc effectivement,
00:20:11quand j'arrive,
00:20:14la société est dans un état,
00:20:16disons,
00:20:17compliqué,
00:20:18sur le plan financier,
00:20:20et avec une stratégie
00:20:21qui moi,
00:20:22à partir du moment
00:20:22où je regarde vraiment le sujet,
00:20:26me paraît voué à l'échec.
00:20:27C'était quoi cette stratégie ?
00:20:28Parce que c'était du fait
00:20:30qu'il y avait beaucoup d'argent disponible,
00:20:33c'était,
00:20:34on s'en fout,
00:20:34on fait des films à gros budget,
00:20:36avec du gros casting,
00:20:38avec,
00:20:39et puis,
00:20:40beaucoup de films français,
00:20:41et notamment un film à l'international
00:20:44qui coûtait une fortune,
00:20:48c'était Little Buddha de Bertolucci,
00:20:50et en plus avec des contrats
00:20:51qui n'étaient ni faits ni à faire,
00:20:54enfin l'horreur.
00:20:55Donc j'arrive,
00:20:56je mets de l'ordre dans tout ça,
00:20:59et je commence par ma première décision,
00:21:02c'est d'arrêter,
00:21:05c'est de fermer le bureau
00:21:06qui avait été ouvert à Los Angeles
00:21:08parce que ça coûtait une fortune
00:21:09et que ça ne servait à rien,
00:21:11et j'arrête un film.
00:21:14Ça devait être le plus gros film français
00:21:16de l'année en question.
00:21:19C'était un film de Pinotto
00:21:21écrit par Jean-Loup Dabadi,
00:21:23et ça coûtait,
00:21:24mais bon.
00:21:25Et quand j'arrive,
00:21:26je regarde,
00:21:27et ça a été un bon exercice d'entraînement pour moi
00:21:30parce que ça m'a obligé
00:21:31à rentrer dans le détail du budget,
00:21:33etc.,
00:21:34et donc de commencer à me familiariser
00:21:36avec les modes de fonctionnement
00:21:38du cinéma.
00:21:39Et donc je dis au directeur de production,
00:21:46je dis,
00:21:46bon, mais ça coûte quand même
00:21:47beaucoup d'argent,
00:21:48donc je les convoque tous,
00:21:50et je leur dis,
00:21:51ce film,
00:21:52ça me paraît,
00:21:53pour un film français,
00:21:55ok,
00:21:55il y a tout ce que compte
00:21:57le cinéma français
00:21:58en termes d'acteurs,
00:21:59d'actrices,
00:21:59etc.,
00:22:00mais moi,
00:22:00ça ne me fait pas vibrer,
00:22:02donc j'aimerais que vous m'expliquiez
00:22:05pourquoi ça coûte aussi cher.
00:22:07Et puis donc la discussion commence,
00:22:09alors mettons,
00:22:10on part de sang
00:22:11et au bout d'une demi-heure
00:22:13de réunion,
00:22:14de sang,
00:22:15on était passé à 60.
00:22:17Et là,
00:22:18j'arrête et je leur dis,
00:22:19écoutez,
00:22:19là,
00:22:19il y a un problème
00:22:21parce que de deux choses l'une,
00:22:23ou vous me prenez pour un camp
00:22:24ou vous êtes incompétent.
00:22:27Oui,
00:22:28parce que passer à quasi
00:22:2940% de rabais
00:22:32en une demi-heure de réunion,
00:22:34ce n'est pas possible.
00:22:35Donc,
00:22:36on ne va pas trancher,
00:22:37on va laisser ça en suspens,
00:22:39mais ce que je vous dis,
00:22:40c'est qu'on arrête.
00:22:41Et la confiance n'était pas au rendez-vous,
00:22:42j'imagine ?
00:22:43Donc,
00:22:43on arrête.
00:22:44Et vous allez informer tout le monde
00:22:45que le film définitivement arrêtait.
00:22:48J'ai eu tout le cinéma français sur le dos,
00:22:50mais j'ai fait passer un signal.
00:22:52C'est-à-dire que c'était le moyen
00:22:53de passer un message ?
00:22:54Voilà,
00:22:54j'ai fait passer le message
00:22:55que maintenant,
00:22:56c'était fini.
00:22:57On arrêtait de rigoler.
00:22:59Ce qui fait
00:22:59que ce message,
00:23:01il a quand même été mal perçu
00:23:02en France.
00:23:04Cinéma français,
00:23:05à cette époque-là,
00:23:07il y avait
00:23:07un espèce
00:23:08de triangle
00:23:09des Bermudes
00:23:10entre Canal+,
00:23:11d'un côté,
00:23:11TF1 de l'autre
00:23:12et une agence
00:23:13qui s'appelait
00:23:14Armédia,
00:23:14qui était la plus grosse
00:23:15agence de comédiens.
00:23:16Donc,
00:23:16tous ceux qui n'étaient pas
00:23:17dans ce triangle-là,
00:23:18ils pouvaient toujours
00:23:19aller se réveiller,
00:23:21ils n'avaient jamais accès
00:23:21aux comédiens.
00:23:22Le marché français
00:23:23avec des films français
00:23:24me paraissait
00:23:25beaucoup plus risqué
00:23:26que de faire des films
00:23:27à l'international.
00:23:28Où là,
00:23:29on peut amortir
00:23:31son investissement
00:23:32sur le monde entier,
00:23:33quelle que soit la langue.
00:23:35Donc ça,
00:23:35c'était une partie
00:23:36de la nouvelle stratégie ?
00:23:37Voilà.
00:23:37Donc moi,
00:23:37ma stratégie,
00:23:38c'était de dire
00:23:38qu'on arrête
00:23:39les films français
00:23:40à gros budget
00:23:41et aussi les films
00:23:42internationaux
00:23:43comme Little Buddha
00:23:45et on arrête
00:23:46de faire n'importe quoi.
00:23:47Et on se concentre
00:23:48sur ce que j'appelle
00:23:49moi les films
00:23:50d'auteurs
00:23:50à vocation commerciale,
00:23:52c'est-à-dire
00:23:52des films
00:23:52qui ne coûtent pas cher
00:23:53dans lesquels
00:23:56on sait
00:23:57qu'on peut avoir
00:23:57de grands comédiens
00:23:59à des prix
00:24:00tout à fait compétitifs
00:24:01parce qu'ils ont envie
00:24:03de travailler
00:24:03avec un metteur en scène
00:24:04dans une histoire sympa
00:24:05et donc leur premier problème,
00:24:07ce n'est pas
00:24:08je vais vous prendre
00:24:09un cachet énorme
00:24:10qui vous empêche
00:24:11de faire le film
00:24:12mais j'accepte un cachet
00:24:14un peu plus faible
00:24:15enfin même
00:24:15beaucoup plus faible
00:24:16parce que je sais
00:24:18un,
00:24:19que je vais participer
00:24:20à quelque chose
00:24:21qui est bon
00:24:22pour mon image
00:24:22de marque
00:24:23et que je pourrais
00:24:23revendre après
00:24:24dans des blockbusters
00:24:25dans les studios
00:24:26et aussi
00:24:27parce que je sais
00:24:28que Sibi
00:24:28à la différence
00:24:29de tous les autres studios
00:24:30quand ça gagne
00:24:31la participation au profit
00:24:34elle est réelle
00:24:35pour tout le monde
00:24:36Donc là j'entends
00:24:37qu'il y a quand même
00:24:37deux choses
00:24:38vous avez fait un diagnostic
00:24:40et vous avez revu
00:24:41la stratégie
00:24:42sur la partie financière
00:24:43mais aussi
00:24:43sur la partie réputation
00:24:45puisque vous avez
00:24:45contribué
00:24:46à lui mettre
00:24:47une image différente
00:24:48à Sibi
00:24:48Ah oui oui
00:24:49j'ai recréé
00:24:50quelque chose
00:24:50de totalement différent
00:24:51c'était ma préoccupation
00:24:53première
00:24:53c'était de réunir
00:24:54les plus grands réalisateurs
00:24:56Et comment on fait ça ?
00:24:58Après c'est le bouche à oreille
00:24:59il suffit qu'il y en ait un
00:25:00qui dise
00:25:00Ah bah tiens
00:25:00le film que là
00:25:01je viens de faire
00:25:02chez Sibi
00:25:02c'était sympa
00:25:04ça s'est bien passé
00:25:05ils ont été corrects
00:25:07ou ils disent à leurs agents
00:25:08dis donc
00:25:08il paraît que chez Sibi
00:25:10c'est sympa
00:25:10Une fois je me souviens
00:25:12puisque à partir du moment
00:25:14où je remets tout en place
00:25:15et que je ferme
00:25:18les bureaux à Los Angeles
00:25:19je me concentrais
00:25:21sur les films
00:25:22à l'international
00:25:23donc il y avait quand même
00:25:23une partie importante
00:25:24de mon travail
00:25:25qui était en liaison
00:25:26avec les Etats-Unis
00:25:27donc j'allais
00:25:29tous les mois
00:25:29donc j'ai fait ça
00:25:30pendant presque dix ans
00:25:31tous les mois
00:25:32dix jours
00:25:34à Los Angeles
00:25:35donc je répartissais mon temps
00:25:36un peu sur les tournages
00:25:38parce que
00:25:38je restais pas longtemps
00:25:39parce que comme il y avait
00:25:40plusieurs films
00:25:40en même temps
00:25:41il fallait un
00:25:42et puis le reste du temps
00:25:43j'étais à Paris
00:25:44une fois
00:25:45ce bout de deux ans
00:25:47que j'étais à la tête
00:25:48de Sibi 2000
00:25:48j'arrive à Los Angeles
00:25:50puis je ressens
00:25:52un coup de téléphone
00:25:53monsieur Fonlu
00:25:54oui je suis l'assistante
00:25:56de Jeff Berg
00:25:57Jeff Berg
00:25:57c'était le patron
00:25:59d'une des grosses agences
00:26:00de talent
00:26:01à Los Angeles
00:26:02qui s'appelait
00:26:03le ICM
00:26:04et il était plus que ça
00:26:05parce que c'était
00:26:06un des parrains
00:26:07dans le bon sens du terme
00:26:08à Los Angeles
00:26:09c'est quelqu'un d'influent
00:26:11et donc elle me dit
00:26:13voilà Jeff Berg
00:26:14je voudrais vous inviter
00:26:15à déjeuner demain
00:26:16est-ce que vous seriez disponible
00:26:18je lui dis évidemment
00:26:19c'est à Dieu le Père
00:26:21qui demande d'être à sa table
00:26:23ça se refuse pas
00:26:24donc je lui dis bien sûr
00:26:25donc bon
00:26:25on se donne rendez-moi
00:26:26j'étais pile poil à l'heure
00:26:27parce qu'avec les américains
00:26:28on est on time
00:26:29pas de retard
00:26:31mais lui il était déjà là
00:26:32on commande le déjeuner
00:26:34et puis il me dit
00:26:35bon Jean-François
00:26:36tu le sais pas
00:26:37mais ça fait deux ans
00:26:39qu'on t'observe
00:26:39et le moment est venu
00:26:40maintenant de parler
00:26:41c'est pour ça
00:26:42que j'ai voulu déjeuner
00:26:43avec toi
00:26:43parce que
00:26:44tu es français
00:26:45mais tu parles anglais
00:26:47mais pas parler juste
00:26:49comme ça
00:26:49mais tu le comprends
00:26:50t'es capable de lire
00:26:51un scénario
00:26:52alors que la plupart
00:26:53des français
00:26:53ils arrivent ici
00:26:54ils parlent pas
00:26:55il y a un aspect culturel
00:26:56c'est pas simplement la langue
00:26:57ils parlent pas
00:26:58ils parlent pas anglais
00:26:59et ils comprennent pas
00:27:00tu es français
00:27:00mais quand t'es arrivé
00:27:02à Los Angeles
00:27:03t'es pas venu nous expliquer
00:27:04comment fallait
00:27:05qu'on fasse des films
00:27:06alors que la plupart
00:27:07de tes compatriotes
00:27:09eux quand ils viennent ici
00:27:10ils nous expliquent
00:27:11comment on doit faire
00:27:12donc ça nous fait
00:27:13un petit peu rigoler
00:27:13dans la mesure
00:27:14où on détient
00:27:1580% du marché mondial
00:27:16tu es français
00:27:17mais à la différence
00:27:19toujours
00:27:19à la différence des autres
00:27:20toi quand tu dis blanc
00:27:21tu fais blanc
00:27:22quand tu dis noir
00:27:23tu fais noir
00:27:23d'habitude les français
00:27:24ils disent blanc
00:27:25ils font vert
00:27:25jaune rouge
00:27:26on sait jamais
00:27:27dernier point
00:27:28mais important
00:27:28tu es français
00:27:30mais à la différence
00:27:31de ceux qui
00:27:32sont considérés
00:27:33comme des poids lourds
00:27:35dans le cinéma français
00:27:36toi tu as choisi
00:27:36une stratégie
00:27:37totalement différente
00:27:39et qui nous convient
00:27:40donc pour toutes ces raisons
00:27:42tu es notre ami
00:27:44et on va t'aider
00:27:46et je vais te présenter
00:27:48à tous ceux qui comptent
00:27:50à Los Angeles
00:27:50tous les patrons de studio
00:27:52les tous
00:27:52incroyable
00:27:53donc le mois suivant
00:27:55je suis revenu
00:27:55il a passé une semaine
00:27:56avec moi
00:27:57et il m'a présenté
00:27:58à tout le monde
00:27:59il m'a ouvert
00:28:00toutes les points
00:28:00du cinéma californien
00:28:01voilà
00:28:02en tant qu'ami
00:28:03et il était avec moi
00:28:05à chaque fois
00:28:05c'est à dire que
00:28:06j'avais
00:28:06on va dire
00:28:08l'onction
00:28:08d'un des grands
00:28:11d'un des grands ponts
00:28:12de Los Angeles
00:28:13donc ça a créé
00:28:15ça aussi des conditions
00:28:16vous avez eu
00:28:17des informations privilégiées
00:28:18grâce à ce contact influent ?
00:28:20maintenant on peut en parler
00:28:21parce qu'il y a prescription
00:28:22c'était à une époque
00:28:23où était en train
00:28:25de se produire
00:28:27un film de Veroven
00:28:28qui s'appelait
00:28:29Showgirls
00:28:31avec demi-mour
00:28:33qui était produit
00:28:34par Pathé
00:28:35le tournage de ce film
00:28:36venait de démarrer
00:28:38et Jeff en rigolant
00:28:40me dit
00:28:40Jean-François
00:28:41tu vois eux
00:28:42ils n'ont pas fait comme toi
00:28:43ce film va être
00:28:44un désastre financier
00:28:46je dis mais attends
00:28:46Jeff comment tu peux dire ça
00:28:48avec un casting pareil
00:28:49avec un metteur en scène
00:28:51de talent
00:28:51avec un casting superbe
00:28:54et puis que le film
00:28:55ça fait très peu de jours
00:28:56qu'il a commencé
00:28:57à être tourné
00:28:58il me dit
00:28:59Jean-François
00:29:00tout ça c'est pas le problème
00:29:01ils n'ont pas compris
00:29:03qu'il ne fallait pas
00:29:03venir marcher
00:29:04sur nos plates-bandes
00:29:05ils veulent faire
00:29:06des films de studio
00:29:07et bien ils sont morts
00:29:08et chaque fois
00:29:10que quelqu'un
00:29:11essaye de faire ça
00:29:12il est mort
00:29:13pourquoi ?
00:29:13parce qu'ils n'ont pas
00:29:14la bonne méthode ?
00:29:15non
00:29:15parce que les américains
00:29:17préservent
00:29:17leur précaré
00:29:19donc on a le droit
00:29:21de faire des
00:29:21pour eux
00:29:22on ne vient pas
00:29:23les embêter
00:29:23puis qu'en réalité
00:29:24on n'a pas les moyens
00:29:25Luc Besson
00:29:27après
00:29:28a fait la même erreur
00:29:29quand il a commencé
00:29:30à vouloir faire
00:29:31des films
00:29:31style blockbuster
00:29:33de studios américains
00:29:34et bien boum
00:29:35ça n'a pas duré longtemps
00:29:36et c'est quand même
00:29:38dingue
00:29:38que les français
00:29:39ne comprennent pas ça
00:29:40parce que chaque fois
00:29:41ils se font balayer
00:29:42je l'avais donc compris
00:29:43enfin je l'avais anticipé
00:29:45avant
00:29:45de manière disons
00:29:46un peu intuitive
00:29:47en me disant
00:29:47c'est pas la peine
00:29:48d'aller se bagarrer
00:29:50avec des gens
00:29:50qui ont des moyens
00:29:51beaucoup plus importants
00:29:54que les miens
00:29:55parce que je ne tiendrai
00:29:57pas la route
00:29:57il faut aller
00:29:58sur un marché de niche
00:29:59et donc
00:30:00Jeff Buck après me dit
00:30:01mais toi la stratégie
00:30:03petit film d'auteur
00:30:04à vocation commerciale
00:30:06nous on ne sait pas faire
00:30:08et c'est pour ça
00:30:10qu'on va t'aider
00:30:10et j'ai été
00:30:12en réalité
00:30:12sans le savoir
00:30:13à l'origine
00:30:14il y a eu à une époque
00:30:15maintenant c'est fini
00:30:16parce qu'ils se sont
00:30:17derrière
00:30:17cassé la figure
00:30:18et ça confortait
00:30:19ce qu'il m'avait dit
00:30:20il m'avait dit
00:30:20non on ne sait pas faire
00:30:21mais ça a été
00:30:22moi Sibi
00:30:23a été
00:30:24à l'origine
00:30:25de faire
00:30:27de créer
00:30:27des divisions classiques
00:30:29il y avait
00:30:30Sony classique
00:30:31Warner classique
00:30:31Paramount classique
00:30:32ils ont tous créé
00:30:34et ça a à chaque fois
00:30:35été un échec
00:30:36en vrai ça marchait
00:30:38nous chez Sibi
00:30:39on était capable
00:30:40de le faire
00:30:40donc à bout d'un moment
00:30:41ils se sont dit
00:30:41on n'est pas plus compieux
00:30:42quand même
00:30:43donc on va
00:30:44on va le faire
00:30:45juste que
00:30:46nous on a finalement
00:30:48été capable de le faire
00:30:49parce que
00:30:50peut-être
00:30:50moi je venais
00:30:52d'un autre univers
00:30:54oui parce qu'en fait
00:30:55qu'est-ce qui explique
00:30:56que ce soit pas reproductible
00:30:57alors que vous connaissiez
00:30:59alors qu'ils vous ont observé
00:31:00que vous avez échangé
00:31:01est-ce que c'est aussi culturel
00:31:03est-ce que c'est le fait
00:31:04d'avoir en effet
00:31:04cette double expertise
00:31:07j'avais une autre culture
00:31:08dans ma tête
00:31:09mais j'avais une culture
00:31:10qui était
00:31:10où je pouvais absorber
00:31:12ce que j'avais besoin
00:31:13d'absorber
00:31:13en provenance du cinéma
00:31:15et ensuite de l'analyser
00:31:17et de le mettre en oeuvre
00:31:18et ça moi je savais pas
00:31:20que j'allais être capable
00:31:22et c'est là où peut-être
00:31:23que Francis Bouygues
00:31:24lui il avait compris
00:31:24parce qu'il me connaissait
00:31:25depuis longtemps
00:31:26il m'avait vu fonctionner
00:31:27et puis que
00:31:28pendant la période
00:31:30où il avait nommé
00:31:31donc cet autre dirigeant
00:31:33qui m'a précédé
00:31:34moi j'étais déjà
00:31:36administrateur de CB
00:31:37et j'assistais
00:31:40à toutes les réunions
00:31:41du comité directeur
00:31:42avec Francis Bouygues
00:31:43et chaque fois
00:31:44qu'on sortait
00:31:45du comité directeur
00:31:46on avait un débrief
00:31:47lui et moi
00:31:48donc en fait
00:31:51sans que je m'en rende compte
00:31:53il m'avait préparé
00:31:55à ça
00:31:57et quand il a vu
00:31:59qu'il fallait agir
00:32:01parce qu'autrement
00:32:01c'était le dépôt de bilan
00:32:02il savait
00:32:05lui
00:32:05moi je ne le savais pas
00:32:06mais lui il savait
00:32:08qu'a priori
00:32:11ça avait une bonne chance
00:32:12de marcher
00:32:14en fait pour vous
00:32:15vous avez été nommé
00:32:16du jour au lendemain
00:32:16mais pour lui
00:32:18il avait préparé le terrain
00:32:19il s'était préparé
00:32:20et c'est là où
00:32:21le cinéma français
00:32:21n'a rien compris
00:32:22parce que moi
00:32:22j'étais un homme de l'ombre
00:32:23moi j'ai toujours été
00:32:24puis je le suis encore
00:32:26moi mon travail
00:32:27de banquier d'affaires
00:32:28il ne se fait pas
00:32:29à la une des journaux
00:32:30on travaille discrètement
00:32:32et donc
00:32:34j'ai aussi appliqué
00:32:35les mêmes méthodes
00:32:37dans le cinéma
00:32:37moi par exemple
00:32:38j'ai par principe
00:32:39toujours refusé
00:32:40que mon nom figure
00:32:41sur l'affiche des films
00:32:43et pourquoi ?
00:32:44parce que je créais
00:32:45une marque
00:32:46si bi
00:32:46je ne créais pas
00:32:48Jean-François Fonlu
00:32:49on s'en fout
00:32:49de Jean-François Fonlu
00:32:50ce qui est important
00:32:51ceux qui devaient savoir
00:32:53savaient
00:32:53mais que le grand public
00:32:55le sache ou pas
00:32:56n'était totalement
00:32:57la gloire ne vous a jamais
00:33:00attiré particulièrement
00:33:01pas un gros ego
00:33:02non
00:33:02par rapport à ce monde
00:33:03quand même
00:33:03de lumière
00:33:04et de projecteur
00:33:05ben moi je ne suis pas
00:33:06fichu comme ça
00:33:07et vous pensez
00:33:07que c'est ça aussi
00:33:08peut-être qui a participé
00:33:10au succès
00:33:10le fait justement
00:33:11de ne pas avoir d'ego
00:33:12comme on peut dire
00:33:13mal placé
00:33:13je ne suis jamais laissé embarqué
00:33:15par des choses fausses
00:33:17parce que c'est facile
00:33:18dans ce métier
00:33:19de superficialité
00:33:21de faire n'importe quoi
00:33:24ben non
00:33:25moi non
00:33:27et vous pensez
00:33:28que c'est justement
00:33:29cette double expertise
00:33:30le fait de venir
00:33:31du monde de la banque
00:33:32oui mais
00:33:32c'est pas parce qu'on vient
00:33:33de la banque
00:33:34que ça marche
00:33:34c'est d'avoir
00:33:36le rationnel
00:33:38qui est capable
00:33:38de se combiner
00:33:39de manière harmonieuse
00:33:40avec de l'irrationnel
00:33:41sans que l'un
00:33:43prenne le pas
00:33:44sur l'autre
00:33:45avec toujours un équilibre
00:33:46entre les deux
00:33:46pour essayer de rester
00:33:48en ligne droite
00:33:48et c'était quoi
00:33:49la part de l'un à l'autre
00:33:50on sent qu'il y a en effet
00:33:51une grosse part rationnelle
00:33:52parce qu'un film
00:33:53on doit quand même
00:33:54le rentabiliser
00:33:54même s'il y a une grosse part
00:33:55d'inconnus
00:33:56et puis ça fait partie
00:33:58aussi de la réputation
00:33:58de la société de production
00:34:00et puis cette part artistique
00:34:02de sensibilité
00:34:03les réalisateurs
00:34:03c'est des gens
00:34:05comme vous et moi
00:34:06au départ
00:34:08on est tous
00:34:09des êtres humains
00:34:10la caractéristique
00:34:11c'est que
00:34:11le commun des mortels
00:34:12son degré d'amplitude
00:34:14il est
00:34:14entre les hauts
00:34:16les bas
00:34:16il est en disant
00:34:17entre plus 10
00:34:18moins 10
00:34:18les réalisateurs
00:34:20eux leur degré d'amplitude
00:34:21c'est plus 50
00:34:22moins 50
00:34:22c'est juste ça
00:34:23qui différencie
00:34:24donc c'est ça
00:34:24qu'il faut pouvoir gérer
00:34:25le principe
00:34:27des ondulations
00:34:28de l'émotion
00:34:30des machins
00:34:30oui tout ça
00:34:31c'est pareil
00:34:32chez tout le monde
00:34:32juste que c'est
00:34:34c'est le degré
00:34:35de plus
00:34:36et de moins
00:34:37qui change
00:34:38avec les conséquences
00:34:39aussi
00:34:40une fois qu'on a compris ça
00:34:41on s'adapte
00:34:43dans son comportement
00:34:44pour faire en sorte
00:34:45que
00:34:45d'abord on n'empêche pas
00:34:47que les amplitudes
00:34:48soient ce qu'elles sont
00:34:49mais qu'on travaille
00:34:50avec
00:34:51et c'est là
00:34:52
00:34:53disons mon métier
00:34:54d'avant de banquier d'affaires
00:34:55parce que mon métier
00:34:56de banquier d'affaires
00:34:57c'était
00:34:57mis à part le côté
00:34:59financier
00:35:02pur et dur
00:35:03une fois qu'on entrait
00:35:04dans la phase
00:35:05de négociation
00:35:06soit pour acheter
00:35:07soit pour vendre
00:35:08là il y a un facteur humain
00:35:09qui est énorme
00:35:10dans la banque d'affaires
00:35:11on dit toujours
00:35:12il y a les deal makers
00:35:13et les deal breakers
00:35:15il y a ceux qui réussissent
00:35:16toujours leurs deals
00:35:17puis il y a ceux
00:35:17qui les ratent toujours
00:35:18parce que ceux qui ratent
00:35:19c'est parce que justement
00:35:20ils n'ont pas
00:35:21cette dimension humaine
00:35:22ils sont incapables
00:35:24de se mettre
00:35:24à la place de l'autre
00:35:25pour réussir une négo
00:35:28il faut se mettre
00:35:29à la place de l'autre
00:35:30ça ça m'intéresse
00:35:31parce que j'entends
00:35:32que pour être producteur
00:35:33il faut être bon négociateur
00:35:35mais à plein de niveaux différents
00:35:36c'est à dire avec les acteurs
00:35:38avec les réalisateurs
00:35:38avec les scénaristes
00:35:39avec les distributeurs
00:35:41avec
00:35:41parce que c'est de la relation humaine
00:35:43une bonne partie
00:35:44parce que la technique
00:35:46n'importe qui peut
00:35:48et c'est pas vous
00:35:49qui la faisiez
00:35:51c'est à dire que vous aviez
00:35:52aussi des experts avec vous
00:35:53oui et puis que
00:35:54quand je ne savais pas
00:35:55je m'organisais pour savoir
00:35:57et puis qu'au bout d'un moment
00:35:58j'étais capable de voir
00:35:59si je m'étais fait entuber
00:36:00ou pas
00:36:01et puis quand on se fait entuber
00:36:02une fois
00:36:03mais pas deux
00:36:04après c'est l'expérience
00:36:05et comment on devient
00:36:07bon négociateur
00:36:08c'était quoi
00:36:08vos principes de négociation
00:36:10j'ai eu un bon
00:36:11quand j'ai démarré
00:36:13dans la carrière
00:36:13à la banque d'affaires
00:36:15j'ai eu un mentor
00:36:16un grand monsieur
00:36:17de la banque d'affaires
00:36:18qui m'avait dit
00:36:19Jean-François
00:36:19il y a deux façons
00:36:21de négocier
00:36:22quand tu négocies
00:36:23un achat
00:36:24ou une vente de société
00:36:25et c'est applicable
00:36:27en fait
00:36:27à toutes les négociations
00:36:28il m'a dit
00:36:30il y a la bonne
00:36:30et la mauvaise
00:36:32alors la mauvaise
00:36:33c'est le tuyau
00:36:34c'est à dire
00:36:36que tu démarres
00:36:36dans la négo
00:36:37avec un espace
00:36:38comme celui-là
00:36:39et jusqu'à la fin
00:36:40tu as le même espace
00:36:41donc un espace étroit
00:36:42qui ne varie pas
00:36:43oui mais qui ne varie pas
00:36:44donc ça
00:36:45en général
00:36:46ça conduit à la catastrophe
00:36:48il ne faut pas utiliser
00:36:48cette méthode
00:36:49mais il faut utiliser
00:36:50et la bonne
00:36:51c'est la méthode
00:36:52de l'entonnoir
00:36:53c'est à dire
00:36:54que tu démarres
00:36:55large
00:36:55et au fur et à mesure
00:36:56que tu avances
00:36:57dans les discussions
00:36:58tu rétrécis
00:36:59sans que l'autre
00:37:00s'en rende compte
00:37:01vraiment tout de suite
00:37:02et tu le mets
00:37:03au final
00:37:04dans un espace
00:37:05tout petit
00:37:06et là c'est toi
00:37:06qui gagnes
00:37:07mais qui correspond
00:37:09quand même
00:37:09à ce que le gars
00:37:10en face de toi
00:37:11peut accepter
00:37:12je me suis toujours
00:37:13souvenu de ce principe
00:37:14de base de négociation
00:37:15qui est la méthode
00:37:16de l'entonnoir
00:37:17et donc je l'ai appliqué
00:37:18dans le cinéma
00:37:19comme je l'appliquais
00:37:20dans la banque d'affaires
00:37:21quand j'achetais
00:37:22ou je vendais une société
00:37:22donc ça je pense
00:37:24que c'est aussi
00:37:24une des clés de la réussite
00:37:25alors effectivement
00:37:26quand on est
00:37:27dans le milieu des affaires
00:37:28parce que ça reste
00:37:29quand même les affaires
00:37:30on oublie toujours
00:37:31que la composante humaine
00:37:32et ça c'était aussi
00:37:34une des valeurs
00:37:35que Francis Bouygues
00:37:35mettait en exergue
00:37:36au sein de son groupe
00:37:37en général
00:37:38c'est que la relation humaine
00:37:40était
00:37:40un facteur
00:37:42important
00:37:43pour pouvoir
00:37:44faire en sorte
00:37:46que les gens
00:37:46disons se donnent à fond
00:37:48moi par exemple
00:37:49quand il me met
00:37:50à la tête de Siby
00:37:51j'y connais rien
00:37:52alors j'ai une pression
00:37:53d'enfer sur les épaules
00:37:54mais il me met aussi
00:37:56l'air de rien
00:37:57en position
00:37:58à cause de cette pression
00:38:00de me dépasser
00:38:02comme j'avais en tête
00:38:03il faut que j'efface la tâche
00:38:04sur la dernière page du cahier
00:38:06surtout qu'en plus
00:38:06ce qui a eu
00:38:07quelque part
00:38:09de très triste
00:38:10c'est qu'il me nomme
00:38:12et peu de temps
00:38:13après m'avoir nommé
00:38:14il décide de se faire opérer
00:38:16et les suites
00:38:18de l'opération
00:38:18sont pas aussi optimales
00:38:20qu'il l'avait espéré
00:38:21et il décède
00:38:22l'été 93
00:38:23donc en réalité
00:38:24assez peu de temps
00:38:25après vous avez repris la main
00:38:27sur la société de production
00:38:28Siby 2000
00:38:28quelques mois après
00:38:29donc je me suis retrouvé
00:38:31tout seul
00:38:32alors que moi je me disais
00:38:33bon bah s'il y a un pépin
00:38:34un jour
00:38:34il sera à côté de moi
00:38:35donc ça va
00:38:36mais là la pression
00:38:37elle est devenue maximale
00:38:39parce qu'il n'était plus là
00:38:40et lui d'ailleurs
00:38:41enfin j'espère que
00:38:42de là où il est
00:38:43il a tout vu
00:38:44mais
00:38:44le début je dirais
00:38:47du redressement
00:38:48la projection
00:38:48de la leçon de piano
00:38:49à Cannes
00:38:50il ne l'a même pas vue
00:38:51oui le premier gros succès
00:38:53la première palme
00:38:54parce que déjà
00:38:55il était fatigué
00:38:56donc il n'est pas venu
00:38:58à la projection
00:38:58ça s'était en mai
00:39:00et il est décédé en juillet
00:39:01donc le film
00:39:02n'était pas sorti
00:39:03il n'a pas
00:39:04je dirais physiquement vu
00:39:05le retournement
00:39:06complet de la société
00:39:08oh il a du loin
00:39:09il a du loin
00:39:10de là où je pense
00:39:10on sent en tout cas
00:39:12la force du duo
00:39:13que vous avez formé
00:39:14avec Francis Bouygues
00:39:15le grand respect
00:39:17et la confiance
00:39:17qui vous unissait aussi
00:39:19alors vous avez ensuite
00:39:20navigué seul
00:39:21mais vous avez continué
00:39:23à vous entourer
00:39:23de gens talentueux
00:39:25en les accompagnant
00:39:26et en les portant
00:39:27dans leur art
00:39:28autre question
00:39:29pour vous
00:39:30dans votre roman
00:39:31on va en parler bientôt
00:39:32vous dites que le cinéma
00:39:34c'est à la fois
00:39:34une usine à rêves
00:39:36mais aussi une fabrique
00:39:37d'idéologie
00:39:38je voulais savoir
00:39:39à quel point vous
00:39:39vous avez pu être libre
00:39:40dans le cinéma
00:39:41dans votre carrière
00:39:42de producteur
00:39:43et dans vos choix
00:39:43aussi de production
00:39:44c'est comme ça
00:39:45que fonctionnent
00:39:46les filiales chez Bouygues
00:39:47c'est qu'une fois
00:39:48que vous êtes nommé patron
00:39:50on vous accorde
00:39:51la confiance
00:39:52et donc
00:39:52et Martin
00:39:53après le décès
00:39:54de son père
00:39:54donc lui
00:39:56il s'est retrouvé
00:39:56aussi à la tête
00:39:57de l'ensemble du groupe
00:39:58enfin il était déjà
00:39:58à la tête
00:39:59mais il était
00:40:00à la tête tout seul
00:40:01de son groupe
00:40:02et il a continué
00:40:05à se comporter
00:40:05comme se comportait
00:40:06son père
00:40:07à savoir
00:40:07tel patron
00:40:08de la filiale
00:40:09à toi d'assumer
00:40:11donc autonomie totale
00:40:12autonomie totale
00:40:13responsabilité
00:40:14avec les risques
00:40:15et les succès
00:40:16et voilà
00:40:17si ça marche
00:40:17c'est bien
00:40:18si ça marche pas
00:40:18c'est pas bien
00:40:19Martin Bouygues
00:40:20il avait
00:40:20disons des préoccupations
00:40:22beaucoup plus urgentes
00:40:23que celles du cinéma
00:40:25puisqu'il était
00:40:26depuis quand même
00:40:27très peu de temps
00:40:28à la tête du groupe
00:40:29donc il fallait lui-même
00:40:30qu'il assoie son autorité
00:40:32sur l'ensemble du groupe
00:40:33jamais il est intervenu
00:40:35pour me dire
00:40:36bah tiens
00:40:37ça serait bien
00:40:37de
00:40:38j'ai rencontré un tel
00:40:39ça serait bien
00:40:40que vous le rencontriez
00:40:41parce qu'il a un projet
00:40:42de film
00:40:43mais qu'il faudrait faire
00:40:44jamais
00:40:44le cinéma
00:40:45peut-il quand même
00:40:46être un vecteur
00:40:47d'idéologie
00:40:48on sait
00:40:49que
00:40:49d'ailleurs
00:40:50les américains
00:40:51ne s'y sont pas trompés
00:40:52si la culture américaine
00:40:54s'est répandue
00:40:55dans le monde entier
00:40:56comme elle a pu le faire
00:40:57c'est à travers le cinéma
00:40:58donc c'est en ce sens
00:41:00déjà
00:41:00qu'on sait
00:41:02que
00:41:03le blue jean
00:41:04si ça s'est répandu
00:41:06dans le monde
00:41:07bah c'est parce que
00:41:08dans les films américains
00:41:09il y avait des acteurs
00:41:10qui portaient des jeans
00:41:11voilà
00:41:12c'est comme ça
00:41:13qu'on diffuse
00:41:14l'air de rien
00:41:15des choses
00:41:16et
00:41:17pour être sûr
00:41:19de diffuser correctement
00:41:21il faut savoir
00:41:22que dans chaque studio américain
00:41:24à très haut niveau
00:41:25il y a un représentant
00:41:27de la CIA
00:41:27c'est le système
00:41:28qui est organisé
00:41:29comme ça
00:41:30et est-ce que
00:41:30conscient de ça
00:41:31vous vous avez eu
00:41:33parfois à coeur
00:41:34de sortir certains films
00:41:36pour faire passer
00:41:37certains messages
00:41:38non
00:41:38moi
00:41:38mon fonctionnement
00:41:40il n'est pas celui-là
00:41:41moi je ne fais pas de politique
00:41:42moi je fais du cinéma
00:41:43je considère que le cinéma
00:41:44peut faire passer des messages
00:41:46mais moi les messages
00:41:46que je voulais faire passer
00:41:48c'était
00:41:48enfin faire passer
00:41:50c'est en tout cas
00:41:50susciter les gens
00:41:51à réfléchir
00:41:52à partir de la vision
00:41:54qu'ils avaient
00:41:54d'un film
00:41:55c'est de les faire réfléchir
00:41:57sur des sujets
00:41:58qui me paraissaient
00:41:59moins importants
00:42:00donc tous les
00:42:01si vous regardez bien
00:42:02tous les films
00:42:02que j'ai fait
00:42:03chaque fois
00:42:04ça traite d'un sujet
00:42:05de fond
00:42:06et c'était là
00:42:07où on était originaux
00:42:08c'est qu'on a traité ça
00:42:09avec des réalisateurs
00:42:11de talent
00:42:11des sujets
00:42:12universels
00:42:13traités par un réalisateur
00:42:14de talent
00:42:15avec un point de vue
00:42:16très régional
00:42:17très particulier
00:42:19très particulier
00:42:20et c'est ça
00:42:21qui fait le mix
00:42:23et c'est ça
00:42:23ce que vous appeliez
00:42:24le cinéma d'auteur
00:42:25c'est-à-dire
00:42:25c'est cet angle de vue
00:42:26oui c'est-à-dire
00:42:27qu'il y a un point de vue
00:42:28mais sur un sujet
00:42:30qui est important
00:42:30je veux dire
00:42:30sociétal
00:42:31oui quand on fait
00:42:33la leçon de piano
00:42:34c'est
00:42:35un triangle amoureux
00:42:37classique
00:42:38sauf que là
00:42:38il est inversé
00:42:40c'est pas
00:42:41un homme
00:42:42deux femmes
00:42:43c'est une femme
00:42:43deux hommes
00:42:44donc boum
00:42:45c'est un truc
00:42:46qui tout d'un coup
00:42:47fait réfléchir
00:42:48donc ça c'est
00:42:49un thème
00:42:50dans lequel
00:42:50le monde entier
00:42:52peut s'identifier
00:42:53simplement
00:42:53là il est traité
00:42:54par une femme
00:42:55pour la première fois
00:42:56et par une femme
00:42:57qui a du talent
00:42:58puis en plus
00:42:58il y avait autour de ça
00:42:59une musique
00:43:00qui était sublime
00:43:01quand je décide
00:43:03de faire
00:43:03Secrets et Mensonges
00:43:05avec Mike Lee
00:43:06c'est la recherche
00:43:08de l'identité
00:43:08puisque
00:43:09c'est l'histoire
00:43:10c'est une fille noire
00:43:11qui enterre sa mère noire
00:43:14et qui en rangeant
00:43:15ses affaires
00:43:16après l'enterrement
00:43:17découvre qu'en réalité
00:43:18elle n'était pas sa mère
00:43:19et que sa vraie mère
00:43:19elle était blanche
00:43:20donc elle part à la recherche
00:43:22de sa mère blanche
00:43:23pour essayer de comprendre
00:43:23pourquoi
00:43:24elle l'a abandonnée
00:43:25et que voilà
00:43:26des sujets existentiels
00:43:29des sujets de fond
00:43:30quand je fais
00:43:31avec un film français
00:43:34et c'était dans
00:43:34les débuts des années 90
00:43:36quand je fais
00:43:37L'ombre du doute
00:43:38avec Alainie Sermann
00:43:38c'est l'inceste
00:43:39pas des sujets simples
00:43:41non
00:43:42mais des sujets
00:43:43qui interpellent
00:43:45donc c'était ça
00:43:45votre critère
00:43:46moi mon critère
00:43:47c'était ça
00:43:47c'est à dire
00:43:48l'histoire
00:43:49le sujet de fond
00:43:50c'est quoi
00:43:50et ensuite
00:43:51comment est-ce qu'il est
00:43:52traité
00:43:53alors après
00:43:54ça fonctionne
00:43:55plus ou moins
00:43:55par exemple
00:43:56le film d'Alainie Sermann
00:43:57L'ombre du doute
00:43:58il a été barré
00:44:01d'entrée de jeu
00:44:01parce qu'à l'époque
00:44:02dans les années 90
00:44:03on n'était pas encore
00:44:05prêt
00:44:05on n'était pas prêt
00:44:06donc il fallait pas
00:44:07on mettait ça
00:44:08sous le tapis
00:44:08c'est quand même
00:44:09un sujet important
00:44:10et tout le monde
00:44:11m'a dit
00:44:11non mais Jean-François
00:44:12t'es fou
00:44:12faut pas en parler
00:44:13quand j'ai dit
00:44:14mais ça serait bien
00:44:15que ce film
00:44:15passe dans les lycées
00:44:18dans l'éducation
00:44:19pour ça de la prévention
00:44:20oui
00:44:20ben non
00:44:21mais on m'a dit
00:44:22mais Jean-François
00:44:22tu rigoles ou quoi
00:44:23à début des années 90
00:44:25alors c'est ça aussi
00:44:27la difficulté
00:44:28c'est qu'il faut pas
00:44:29être trop en avance
00:44:29ou trop en retard
00:44:30il faut juste
00:44:30être dans l'air du temps
00:44:31et est-ce qu'on peut
00:44:32faire un cinéma
00:44:33apolitique ?
00:44:34Est-ce qu'on peut
00:44:34faire du cinéma
00:44:35sans faire de politique
00:44:37du tout ?
00:44:38moi je fais pas de la politique
00:44:39j'ai jamais fait de politique
00:44:40et j'en ferai jamais
00:44:41mais j'avais je pense
00:44:44une ouverture d'esprit
00:44:45qui me permettait
00:44:47à chaque fois
00:44:48qu'on m'amenait quelque chose
00:44:49de dire
00:44:49ok
00:44:50ouais ça c'est un sujet important
00:44:52c'est bien de le traiter
00:44:53ou moi c'est pour un sujet
00:44:55qui m'intéresse
00:44:56donc je m'en fous
00:44:57et puis le metteur en scène
00:44:58qui veut le mettre en scène
00:44:59il m'intéresse pas
00:45:00donc
00:45:00donc on passe à autre chose
00:45:02on le disait
00:45:04les années 90
00:45:05plein de transformations
00:45:07révolutions ont eu lieu
00:45:08c'est quoi le cinéma
00:45:09aujourd'hui ?
00:45:09qu'est-ce que vous en pensez ?
00:45:10début des années 90
00:45:10c'est le début d'internet
00:45:12c'était un combat
00:45:12enfin pas un combat
00:45:13mais entre la télévision
00:45:15et le cinéma
00:45:16ensuite fin des années 90
00:45:18la montée en puissance
00:45:19d'internet
00:45:20et puis le covid
00:45:22qui arrive
00:45:23avec les confinements
00:45:24tout ça
00:45:25a profondément modifié
00:45:27le fonctionnement
00:45:28enfin pour moi
00:45:29ça aurait dû
00:45:30conduire à modifier
00:45:31profondément
00:45:32le fonctionnement
00:45:33du système
00:45:33et je constate
00:45:35qu'aujourd'hui
00:45:35non
00:45:36ça fonctionne
00:45:37grosso modo
00:45:38toujours de la même manière
00:45:40les gens n'ont pas
00:45:41vraiment tiré
00:45:42les conséquences
00:45:43même si
00:45:44bon
00:45:44les salles retrouvent
00:45:46un peu actuellement
00:45:46de la vigueur
00:45:49mais de toute façon
00:45:50ça pouvait être
00:45:51que comme ça
00:45:51puisqu'on les avait fermés
00:45:52donc entre zéro
00:45:53et puis un petit quelque chose
00:45:55je pense que
00:45:56on est maintenant
00:45:58encore plus qu'avant
00:46:00du fait que c'est
00:46:01un métier d'offre
00:46:02avec la nécessité
00:46:03d'offrir
00:46:05aux spectateurs
00:46:06des choses
00:46:07qui vont les faire bouger
00:46:09de chez eux
00:46:09parce qu'ils ont pris
00:46:10l'habitude
00:46:11avec les plateformes
00:46:12avec tout ce qui est venu
00:46:14grâce à internet
00:46:15ils ont pris l'habitude
00:46:17d'avoir
00:46:18tout à disposition
00:46:19tout
00:46:19quasiment
00:46:20sans bouger
00:46:21de son canapé
00:46:22donc
00:46:23parce que de toute façon
00:46:24on verra le film
00:46:24à la télé derrière
00:46:25ou sur une plateforme
00:46:26donc pourquoi s'embêter
00:46:27donc pour qu'ils fassent
00:46:28cet effort là
00:46:29et puis qu'ils acceptent
00:46:30de payer
00:46:30parce qu'il faut
00:46:31en plus payer
00:46:32alors qu'ils ont tout
00:46:33à disposition
00:46:34pour pas cher
00:46:35chez eux
00:46:35donc pour que les gens
00:46:37décident de dire
00:46:38non moi je veux
00:46:39quand même
00:46:39aller voir ce film
00:46:41dans une salle
00:46:42noire
00:46:42sur un écran
00:46:45immense
00:46:45avec une qualité
00:46:47de son exceptionnelle
00:46:48bah il faut que le film
00:46:50les interpelle
00:46:51et on voit bien
00:46:51d'ailleurs aujourd'hui
00:46:52les succès
00:46:53se concentrent
00:46:55sur très peu de films
00:46:57encore moins de films
00:46:58qu'avant
00:46:59parce que c'est les films
00:47:00qui interpellent
00:47:01les films de choix
00:47:02il y a un vrai choix
00:47:03oui oui
00:47:04l'exemple
00:47:05le plus récent
00:47:06un petit truc en plus
00:47:08d'Arthus
00:47:09que personne ne voulait produire
00:47:11un film qui n'a rien coûté
00:47:12bah c'est le plus gros succès
00:47:14de l'année
00:47:15pourquoi ?
00:47:15parce que ça a parlé aux gens
00:47:16et c'est un sujet de fond
00:47:17le handicap
00:47:18et puis traité
00:47:19d'une manière
00:47:20qui a touché les gens
00:47:21alors que à l'inverse
00:47:23si vous prenez
00:47:25le film Astérix
00:47:27qui a été un budget
00:47:28qu'on pourrait penser
00:47:29justement un film
00:47:30peut-être qu'on va plus voir
00:47:31sur grand écran
00:47:32parce que ce côté aventure
00:47:33et finalement
00:47:34c'est pas ça
00:47:34le critère de choix
00:47:35les gens ont assez vite perçu
00:47:37que peut-être que le scénar
00:47:38était pas
00:47:39était pas aussi bon
00:47:41que ce qu'on aurait pu penser
00:47:42donc sur ce genre de film
00:47:44si la franchise est bonne
00:47:45ce qui est le cas
00:47:45avec Astérix
00:47:46normalement
00:47:47il y a déjà la moitié
00:47:48du travail qui est fait
00:47:49ça n'a pas donné
00:47:50ce que ça devait donner
00:47:51et c'est pour ça aussi
00:47:52je pense
00:47:53que
00:47:54prétendre
00:47:56en France
00:47:57faire des films
00:47:58à gros budget
00:47:59mais c'est un risque
00:48:01de folie
00:48:01surtout aujourd'hui
00:48:03où les gens vont moins en salle
00:48:04bien sûr
00:48:04et même si vous prenez
00:48:06le film Monte Cristo
00:48:07qui est un film
00:48:09de qualité par ailleurs
00:48:10il a coûté tellement cher
00:48:11même s'il a fait
00:48:12presque 9 millions d'entrées
00:48:14pour rentrer dans ses frais
00:48:16c'est pas aussi évident que ça
00:48:17oui comme quoi
00:48:19le succès est toujours relatif
00:48:20parce que les gens disent
00:48:22ah ouais mais il a fait
00:48:229 millions d'entrées
00:48:23ok mais il a coûté combien
00:48:24là je sens l'oeil
00:48:26avisé du banquier d'affaires
00:48:29bah non mais
00:48:29c'est pas
00:48:31j'investis 100
00:48:32et je rapporte combien
00:48:33moi je préfère
00:48:35le film d'Arthus
00:48:35j'investis 1
00:48:37et je reçois 100
00:48:38et un peu moins de risque aussi
00:48:39puis en plus
00:48:40même si c'est à la limite
00:48:41ça n'avait pas marché du tout
00:48:42parce que
00:48:43je sais pas à quelle raison
00:48:44on aurait pu expliquer
00:48:45cet échec
00:48:46le risque pris
00:48:47il n'était pas énorme
00:48:48et on voit aujourd'hui
00:48:48qu'il y a certaines plateformes
00:48:49d'ailleurs qui parlent
00:48:50de racheter certains cinémas
00:48:52est-ce que vous pensez
00:48:53que dans le futur
00:48:53ça va changer
00:48:54la donne
00:48:55en termes de partenariat
00:48:56en termes de distribution
00:48:59aujourd'hui il y a deux
00:49:00circuits possibles
00:49:02il y a soit le circuit
00:49:03on va dire traditionnel
00:49:04avec la sortie en salle
00:49:06ensuite
00:49:06la chronologie qu'on connaît
00:49:08la télé
00:49:09donc c'est à dire
00:49:09un film doit d'abord
00:49:10sortir au cinéma
00:49:11avant de pouvoir
00:49:12diffuser à la télé
00:49:12sur les plateformes
00:49:13donc ça c'est le schéma
00:49:14traditionnel
00:49:15et puis il y a
00:49:15l'autre système
00:49:16qui est apparu
00:49:17qui est
00:49:17je vais directement
00:49:18sur une plateforme
00:49:20et mon film
00:49:21est diffusé
00:49:21dans le monde entier
00:49:22donc j'ai la capacité
00:49:24à faire
00:49:25beaucoup plus
00:49:27de téléspectateurs
00:49:29que si je le mets
00:49:30dans une salle
00:49:31ça c'est évident
00:49:32la seule question
00:49:34c'est que
00:49:35les plateformes
00:49:36aujourd'hui
00:49:37étant en position de force
00:49:38quand vous leur vendez
00:49:39ou qu'elles produisent
00:49:41elles-mêmes
00:49:42le film
00:49:43pour leur plateforme
00:49:44et donc là
00:49:45c'est à l'exclusion
00:49:46d'une sortie en salle
00:49:48la répartition
00:49:49disons des profits
00:49:51elle est plutôt
00:49:52en faveur de la plateforme
00:49:53que du producteur
00:49:55et de ceux qui sont autour
00:49:57donc
00:49:57mais est-ce que justement
00:49:59le fait que les plateformes
00:50:00s'emparent quelque part
00:50:01de cette capacité
00:50:01à gérer des salles de cinéma
00:50:04ça pourrait aider
00:50:05ou est-ce que ça constituerait
00:50:07peut-être aussi un monopole
00:50:07enfin
00:50:08je pense qu'on n'en est pas encore là
00:50:10et puis que je ne suis pas sûr
00:50:11que ça soit dans l'intérêt
00:50:12dans l'intérêt des gens
00:50:13moi je pense que c'est
00:50:14le métier d'exploitant de salles
00:50:16c'est un métier à part entière
00:50:17organiser le fonctionnement
00:50:19d'une plateforme
00:50:20c'est un autre métier
00:50:21vous pensez que les deux
00:50:22ne vont pas forcément se combiner ?
00:50:24non
00:50:24moi je ne vois pas
00:50:25je ne vois pas de raison objective
00:50:26que ça se passe obligatoirement
00:50:29je pense que les deux
00:50:30peuvent cohabiter
00:50:30alors ça veut simplement dire
00:50:33que quand on est producteur
00:50:35on doit être clair dans sa tête
00:50:38pour savoir si on produit
00:50:39un film
00:50:40pour une plateforme
00:50:41ou pour la salle
00:50:42est-ce que vous pensez
00:50:43que le cinéma en salle
00:50:44a encore un avenir
00:50:45face aux plateformes ?
00:50:46je pense que oui
00:50:46alors peut-être qu'il y aura
00:50:48moins de salles
00:50:49ou qu'elles seront différentes
00:50:51ou qu'il faudra faire évoluer
00:50:53à nouveau l'offre
00:50:54parce que
00:50:55si on veut que les gens
00:50:56aillent dans une salle de cinéma
00:50:58il faut qu'on soit bien assis
00:50:59il faut que
00:51:00il faut que l'écran soit propre
00:51:02et qu'il soit beau
00:51:03que le matériel de projection
00:51:05parce que c'est en train
00:51:06de changer aussi
00:51:07c'est-à-dire qu'aujourd'hui
00:51:07du fait qu'on n'a plus de pellicule
00:51:10mais qu'on a du digital
00:51:11il n'y a même plus besoin
00:51:13du même équipement
00:51:15que celui qu'on avait avant
00:51:16il n'y a pas besoin
00:51:17d'un projectionniste
00:51:18mais on peut balancer le film
00:51:19depuis un point central
00:51:21dans toutes les salles
00:51:21enfin je veux dire
00:51:22il y a une évolution
00:51:23du métier qui s'est faite
00:51:24mais bon
00:51:25ça c'est l'adaptation normale
00:51:27le besoin d'aller
00:51:29dans une salle de cinéma
00:51:31voir un film
00:51:31qu'on a envie de voir
00:51:32sur un grand écran
00:51:33ça c'est
00:51:34parce que c'est ça
00:51:36la magie du cinéma
00:51:37c'est vrai que les jeunes
00:51:38d'aujourd'hui
00:51:38qui eux sont nés
00:51:40avec leur smartphone
00:51:41ça ne les dérange pas
00:51:42de voir un film
00:51:43sur un smartphone
00:51:43ils consomment de l'image
00:51:45toute la journée
00:51:47sur des petits écrans
00:51:48mais quand ils ont la chance
00:51:51d'aller dans une salle de cinéma
00:51:52ils voient quand même
00:51:53que c'est autre chose
00:51:54pourquoi le cinéma
00:51:56il est quelque part magique
00:51:57c'est que quand on est
00:51:58dans la salle de cinéma
00:51:58d'abord on est dans le noir
00:52:00à la différence
00:52:01si vous êtes chez vous
00:52:03en train de regarder la télé
00:52:04vous n'êtes pas dans le noir
00:52:05donc si vous avez des émotions
00:52:07et que vous avez des gens
00:52:07à côté de vous
00:52:08vous êtes obligé de les cacher
00:52:09vous n'avez pas envie
00:52:10de les montrer
00:52:11dans la salle de cinéma
00:52:12on s'en fout
00:52:12parce que personne ne vous voit
00:52:13donc ça déjà
00:52:14c'est une liberté supplémentaire
00:52:16et ensuite
00:52:17sur l'écran
00:52:18les acteurs
00:52:20et c'est aussi de ça
00:52:21je pense que
00:52:23disons
00:52:24la magie
00:52:25des comédiens
00:52:25est arrivée
00:52:27c'est qu'on les voit
00:52:28on les voit plus grands
00:52:29que ce qu'ils sont
00:52:30alors qu'à la télé
00:52:31on les voit plus petits
00:52:32que ce qu'ils sont
00:52:33et rien que cette différence
00:52:35inconsciemment
00:52:36ça crée des choses
00:52:38différentes
00:52:38bon la télé est arrivée
00:52:40et d'ailleurs on a vu
00:52:41que quand il n'y avait
00:52:41que la télé et le cinéma
00:52:43finalement ça a cohabité
00:52:45pas si mal que ça
00:52:46oui on pourrait penser
00:52:47que finalement
00:52:47ça va être un acteur supplémentaire
00:52:49c'est juste
00:52:50bon il y a
00:52:50c'est des supports nouveaux
00:52:51qui arrivent
00:52:51mais le support
00:52:53on va dire
00:52:53salle de cinéma
00:52:54moi je pense
00:52:56qui demeure
00:52:56c'est ce qui fait aussi
00:52:58que le cinéma
00:52:59et le cinéma
00:52:59on s'affrapera plaisir
00:53:00aux cinéphiles
00:53:01mais pas que les cinéphiles
00:53:04moi je pense
00:53:04que le même
00:53:05enfin disons
00:53:06le grand public
00:53:06qui va
00:53:07j'en sais rien
00:53:08une fois
00:53:08deux fois
00:53:09ou trois fois
00:53:09dans l'année
00:53:10dans une salle de cinéma
00:53:11quand il y va
00:53:13il faut qu'il soit content
00:53:15mais si on lui donne
00:53:17tout ce qu'il attend
00:53:18à savoir
00:53:18une salle correctement équipée
00:53:21et un film
00:53:24qui lui plaît
00:53:25mais il sort
00:53:26il est ravi
00:53:27et il y retourne
00:53:29alors après
00:53:29il y a une question
00:53:31qui peut se poser
00:53:32c'est si on veut
00:53:33que le marché
00:53:34reste suffisamment large
00:53:35est-ce que
00:53:38du fait
00:53:38qu'il y a eu
00:53:39une baisse de fréquentation
00:53:40il faut monter les prix
00:53:42parce que comme ça
00:53:43on maintient son chiffre d'affaires
00:53:44même avec moi
00:53:45comme on paye plus
00:53:46au total
00:53:47ça revient au même
00:53:49ou bien
00:53:50est-ce qu'il ne faut pas se dire
00:53:51si je veux aller chercher
00:53:52plus de monde
00:53:53que ce qu'il y en a aujourd'hui
00:53:54il faut que je pratique
00:53:56une politique de prix
00:53:57super attractive
00:53:57alors c'est un peu
00:53:59ce qui se passe
00:54:00au travers des abonnements
00:54:01et autres formules
00:54:03mais moi je pense
00:54:04qu'on peut encore aller plus loin
00:54:05oui c'est vrai que le cinéma
00:54:07aujourd'hui
00:54:08c'est cher
00:54:08c'est du luxe
00:54:09c'est du luxe aujourd'hui
00:54:10donc comme on est dans une période
00:54:12qui est quand même
00:54:12un peu morose
00:54:13vache maigre
00:54:14il faut tenir compte de ça
00:54:16et adapter son business model
00:54:18au temps dans lesquels
00:54:19on est
00:54:20donc ça c'est une première question
00:54:22qu'on peut se poser
00:54:23puis la deuxième question
00:54:24c'est
00:54:25est-ce que
00:54:26le cinéma
00:54:28doit être
00:54:30juste
00:54:30on arrive
00:54:31dans l'entrée
00:54:32il y a les pop-corns
00:54:33et puis après
00:54:34on va
00:54:34dans la salle de cinéma
00:54:36ou bien
00:54:37est-ce que le cinéma
00:54:38doit être intégré
00:54:39à des espaces
00:54:39disons de divertissement
00:54:41plus large
00:54:42à inventer
00:54:44c'est des belles pistes déjà
00:54:45enfin moi
00:54:47alors ça je dirais
00:54:48que c'est mon côté
00:54:48banquier d'affaires
00:54:49qui reprend le dessus
00:54:51et donc là
00:54:52c'est l'analyse stratégique
00:54:53de qu'est-ce qu'il faut faire
00:54:55pour continuer
00:54:56à être en face
00:54:56avec le marché
00:54:57qui bouge
00:54:58avant de passer au roman
00:55:00et à l'écriture
00:55:01j'ai une question
00:55:02de transition
00:55:03pour vous
00:55:03un peu plus
00:55:04un peu plus personnel
00:55:05pour savoir un petit peu
00:55:06avec quelle croyance
00:55:07peut-être avec quelle valeur
00:55:08vous avez grandi
00:55:09parce qu'on a parlé
00:55:10des valeurs
00:55:10dans le monde du cinéma
00:55:11on a parlé de la confiance
00:55:12du facteur humain
00:55:14je voulais savoir
00:55:14vous dans quel
00:55:15univers milieu
00:55:16avec quelle croyance
00:55:17vous avez grandi
00:55:18qu'est-ce qui vous a porté
00:55:19ben oui ça
00:55:20et puis l'amour
00:55:22je dirais l'amour
00:55:22du travail bien fait
00:55:24je pense que c'était
00:55:26ça d'abord
00:55:27et puis avec comme conséquence
00:55:29que si on veut
00:55:30que ça soit bien fait
00:55:31comme on n'est jamais
00:55:33tout seul
00:55:33c'est jamais un one man show
00:55:36enfin à part quand on est
00:55:37sur scène
00:55:37et qu'on raconte des histoires
00:55:39mais quand on fait
00:55:40un métier disons normal
00:55:41vous êtes entouré
00:55:42d'autres personnes
00:55:43parce qu'un film
00:55:44ça se fait pas tout seul
00:55:45ça se fait
00:55:46c'est une équipe
00:55:46c'est comme le cirque
00:55:48un film c'est
00:55:49on arrive
00:55:50on pose le chapiteau
00:55:51c'est une troupe
00:55:52c'est une troupe
00:55:53donc il faut
00:55:55essayer de faire en sorte
00:55:56que ça fonctionne
00:55:57de la manière
00:55:58la plus harmonieuse possible
00:56:00ce qu'on n'arrive jamais
00:56:02à faire totalement
00:56:03parce qu'on connait pas
00:56:04tous les secrets
00:56:04des uns et des autres
00:56:05mais je pense que c'est ça
00:56:07c'est le dépassement
00:56:09je pense que
00:56:09c'est être en permanence
00:56:11en train de se dire
00:56:12d'abord avoir confiance en soi
00:56:14et puis
00:56:15et puis de se dire
00:56:16oh ce truc là
00:56:17c'est trop compliqué pour moi
00:56:19c'est une belle montagne
00:56:20à gravir
00:56:20mais j'y vais quand même
00:56:21et puis si je me donne
00:56:23les moyens
00:56:23j'y arriverai
00:56:25et moi
00:56:26c'est dans cette situation là
00:56:28que je me suis retrouvé
00:56:29quand Francis Bouygues
00:56:30m'a dit
00:56:31Jean-François
00:56:31demain matin
00:56:32c'est vous le patron
00:56:33parce que j'avais rien
00:56:34qui me prédestinait
00:56:35à tout ça
00:56:37donc c'est accepter le défi
00:56:38et travailler
00:56:39et les relever
00:56:40et puis donc
00:56:42pour ça
00:56:42travailler
00:56:42justement
00:56:45après cette carrière
00:56:46cinématographique
00:56:46vous n'en êtes pas resté là
00:56:48vous avez voulu
00:56:48vous lancer un autre défi
00:56:50avec l'écriture d'un roman
00:56:52qui s'appelle
00:56:53Le goût de la pomme
00:56:54alors quand j'entends ça
00:56:56je pense au film
00:56:56du réalisateur
00:56:57Abbas Kiarostami
00:56:59qui a écrit
00:57:00Le goût de la cerise
00:57:01que j'ai produit
00:57:02que vous avez produit
00:57:03pour lequel vous avez reçu
00:57:04une palme d'or
00:57:05donc ça a été un succès
00:57:06c'était en 97 à Cannes
00:57:08je voulais savoir
00:57:09si le titre de ce roman
00:57:10d'abord est un clin d'oeil
00:57:11au film ou pas
00:57:12Non
00:57:13ça c'est ce que tout le monde croit
00:57:16mais
00:57:16Vous lancez un petit piège aussi
00:57:18avec ce titre
00:57:19Il faut bien qu'on soit
00:57:20à plusieurs niveaux de lecture
00:57:21mais non
00:57:23mais l'origine de ce titre
00:57:25bon il se trouve
00:57:26qu'à l'arrivée
00:57:26ça peut effectivement
00:57:28être interprété comme ça
00:57:29mais moi ça n'a pas été
00:57:29pour trouver ce titre
00:57:31ça n'a pas été ma démarche
00:57:33d'abord si j'étais obligé
00:57:35de trouver ce titre
00:57:35c'est parce que le premier titre
00:57:36que j'avais trouvé
00:57:37mon éditeur m'a dit
00:57:39ça ça va pas du tout
00:57:40il faut changer ici
00:57:42C'est souvent ça
00:57:42que les éditeurs
00:57:43font changer les titres
00:57:44Non mais
00:57:44j'ai dit ok d'accord
00:57:45je vais essayer de réfléchir
00:57:47et puis
00:57:48je me suis dit
00:57:50mais finalement
00:57:51ce livre
00:57:52il parle de l'existence
00:57:54il parle de
00:57:55pareil de relever
00:57:56des défis
00:57:57des difficultés
00:57:58et à un moment
00:57:59il y a une allusion
00:58:00puisque un des personnages
00:58:02dit à son
00:58:04enfin puisque c'est une femme
00:58:05elle dit à son amant
00:58:06mais finalement
00:58:07dans toute cette histoire
00:58:09j'ai merdé
00:58:10et je suis comme Ève
00:58:11j'ai foutu la merde
00:58:12il lui dit
00:58:13mais non
00:58:14t'as pas foutu
00:58:14oui t'as peut-être foutu la merde
00:58:16au départ
00:58:16mais t'as fait que ça a généré
00:58:18des choses bonnes
00:58:19par ailleurs etc
00:58:20et je me suis dit
00:58:20mais attends
00:58:21le goût de la pomme
00:58:22c'est Ève
00:58:23c'est elle
00:58:24donc naturellement
00:58:25ça m'est venu
00:58:26c'est le goût de la pomme
00:58:28mais c'est la référence
00:58:29c'est une référence
00:58:30biblique
00:58:32et donc avec quelque part
00:58:33cette ambiguïté
00:58:34entre le négatif
00:58:36ou le péché
00:58:37et puis ce qui peut en sortir
00:58:38de positif
00:58:39de choses
00:58:40d'erreurs
00:58:42il peut sortir de bonnes choses
00:58:43il ressemble à quoi alors
00:58:44ce goût de la pomme
00:58:45pour vous ?
00:58:46bah ce qui est dans le livre
00:58:47ça dépend des personnages
00:58:50ils peuvent considérer
00:58:51que c'est un goût amer
00:58:53ou que c'est un goût sucré
00:58:54après au lecteur
00:58:57de se faire sa propre opinion
00:58:59sur tout ce qui se passe
00:59:00en fait le point de départ
00:59:02c'est quand même un couple
00:59:02qui explose
00:59:04justement
00:59:04que raconte un petit peu ce roman
00:59:06si vous deviez juste
00:59:06dresser les grandes lignes ?
00:59:08bah c'est un couple qui explose
00:59:09pour une raison
00:59:11mais parfaitement futile
00:59:12pas si futile que ça
00:59:14pour la fille
00:59:15mais en réalité
00:59:16pour quelque chose de futile
00:59:18ça on va y revenir
00:59:18parce que vous avez
00:59:19quelques citations sur l'amour
00:59:20qui m'ont interpellé
00:59:21j'ai envie d'en parler avec vous
00:59:22ensuite on suit
00:59:24donc les deux personnages
00:59:25donc qui sont au départ
00:59:27qui sont ensemble
00:59:27et qui se séparent
00:59:28donc un couple de trentenaires
00:59:30dont l'un évolue
00:59:31dans le milieu du cinéma
00:59:31l'autre part
00:59:32il y en a un qui évolue
00:59:32dans le milieu du cinéma
00:59:33l'autre part
00:59:34et ensuite
00:59:36on va suivre leur parcours
00:59:39et les rencontres
00:59:40qu'ils vont faire
00:59:40à partir de là
00:59:41parce que quand même
00:59:42ça leur crée
00:59:45quand même
00:59:45quelques problèmes
00:59:47émotionnellement parlant
00:59:48c'est quelque chose
00:59:49qui est toujours
00:59:49un peu compliqué
00:59:50et de voir comment
00:59:52eux
00:59:53chacun de leur côté
00:59:55ils essayent
00:59:56de relever
00:59:56les défis
00:59:59auxquels
00:59:59ils sont progressivement
01:00:00confrontés
01:00:00et comment ils les surmontent
01:00:02ou ils ne les surmontent pas
01:00:03avec la toile de fond
01:00:04d'une personne
01:00:05qui évolue dans le cinéma
01:00:06ce que j'aime bien aussi
01:00:07avec cette métaphore
01:00:08de la pomme
01:00:08vous dites que parfois
01:00:09il faut la laisser mûrir
01:00:11donc il y a aussi
01:00:12cette idée de temps
01:00:13et que l'expérience
01:00:15seule forge
01:00:15une personne
01:00:16c'est la vie
01:00:16c'est l'école de la vie
01:00:17il n'y en a pas d'autre
01:00:18enfin si
01:00:19on apprend à l'école
01:00:21pour avoir les bases
01:00:22mais après
01:00:22quand tout ça
01:00:24n'est pas confronté
01:00:24à l'expérience de la vie
01:00:25il n'y a rien
01:00:26ça ne vaut pas grand chose
01:00:27je voulais revenir
01:00:27sur quelques citations
01:00:28avec vous
01:00:29l'un des personnages principaux
01:00:30l'homme du couple
01:00:32qui s'appelle Raphaël
01:00:33vous dites lui
01:00:34par rapport au cinéma
01:00:35la production de film
01:00:36aura été pour lui
01:00:37une parenthèse
01:00:38enchantée
01:00:38même s'il a pu découvrir
01:00:40que le cinéma
01:00:40c'est aussi du vent
01:00:42de l'illusion
01:00:43des bulles
01:00:44du bidon
01:00:45je voulais savoir
01:00:46est-ce que c'est
01:00:47ce qu'a été le cinéma
01:00:48pour vous
01:00:49une parenthèse
01:00:50enchantée
01:00:51et parfois illusoire
01:00:52non
01:00:52parce que
01:00:53moi j'étais
01:00:54j'étais pas dans l'enchantement
01:00:56moi je suis arrivé
01:00:57avec une mission
01:00:58je reviens toujours là-dessus
01:00:59parce que c'est le fil rouge
01:01:00il fallait effacer la tâche
01:01:03donc j'ai effacé la tâche
01:01:04donc vous justement
01:01:05vous êtes arrivé dans ce milieu
01:01:06avec une part rationnelle
01:01:08et une mission
01:01:09très claire
01:01:09que rationnelle
01:01:10il était hors de question
01:01:11que
01:01:12cette
01:01:13disons
01:01:14dernière création
01:01:15envisagée par
01:01:16par Francis Bouygues
01:01:18soit un échec
01:01:19donc il fallait
01:01:19que ça soit un succès
01:01:21donc moi
01:01:21c'était ça
01:01:22disons que
01:01:23si on fait pas attention
01:01:25c'est un métier
01:01:26dans lequel on peut
01:01:27facilement
01:01:27se laisser attraper
01:01:29et aller vers
01:01:30des choses superficielles
01:01:32et vous
01:01:33vous n'êtes pas
01:01:34tombé dans ce piège
01:01:35j'avais les fondations
01:01:37qui me permettaient
01:01:38de pas trop vaciller
01:01:39quoi
01:01:40donc moi les paillettes
01:01:41ça m'a jamais
01:01:42je veux dire
01:01:43mais ça fait quoi
01:01:43de côtoyer ce monde là
01:01:44de paillettes justement
01:01:45c'est on en rit
01:01:46on arrive à prendre du recul
01:01:47bah oui
01:01:47faut pas être dupe
01:01:48mais en même temps
01:01:49c'est passionnant
01:01:49parce qu'on rencontre
01:01:51des gens
01:01:51ce que je disais tout à l'heure
01:01:52qui ont des amplitudes
01:01:53qui sont pas celles
01:01:54de la normale
01:01:55et qui donc de ce fait
01:01:57peuvent être intéressants
01:01:58parce qu'ils ont
01:01:59enfin pour ceux
01:02:00qui en valent la peine
01:02:01parce que tout le monde
01:02:02n'en vaut pas la peine
01:02:02mais de même
01:02:03que dans la vie normale
01:02:04tout le monde
01:02:05ne vaut pas la peine
01:02:06d'être rencontré
01:02:07mais quand ce sont des gens
01:02:09et puis en général
01:02:10les gens de talent
01:02:11donc c'est pour ça aussi
01:02:12que je suis plutôt allé
01:02:13vers des gens
01:02:13qui avaient du talent
01:02:14parce qu'on a jamais
01:02:16de problème
01:02:16avec les gens qui ont du talent
01:02:17on a des problèmes
01:02:18avec ceux qui en ont pas
01:02:19quand on est avec
01:02:20des gens de talent
01:02:21on s'aperçoit
01:02:22qu'ils ont
01:02:22c'est pas par hasard
01:02:24c'est qu'ils ont
01:02:24une capacité de réflexion
01:02:26une vision de la vie
01:02:28des choses
01:02:28qui là sont intéressantes
01:02:30et qui
01:02:30de leur point de vue
01:02:32fait réfléchir
01:02:34et moi c'est ça
01:02:35que j'ai apprécié
01:02:36les gens que j'ai pu rencontrer
01:02:37dans le cinéma
01:02:37je pense qu'ils m'ont aussi
01:02:39fait mûrir
01:02:40alors que si j'étais resté
01:02:43dans la banque
01:02:43je pense que
01:02:44l'homme que je suis aujourd'hui
01:02:46il serait pas
01:02:48le même
01:02:48ouais
01:02:49il serait différent
01:02:50à mon avis
01:02:51un peu plus étriqué
01:02:52probablement
01:02:52il vous en fait mûrir
01:02:53à quels endroits ?
01:02:55sur
01:02:55les réflexions
01:02:57qu'il faut avoir
01:02:58par rapport à des événements
01:02:59dans les comportements
01:03:01parce que c'est des métiers
01:03:02enfin je veux dire
01:03:02le cinéma
01:03:02c'est des métiers
01:03:03exigeants
01:03:04épuisants
01:03:05émotionnellement
01:03:06personnellement aussi
01:03:07mais à tout point de vue
01:03:08même physiquement
01:03:09réaliser un film
01:03:10le metteur en scène
01:03:11à l'arrivée
01:03:12il est lessivé
01:03:13la réalité de ce métier
01:03:16elle est beaucoup
01:03:17plus dure
01:03:18que simplement
01:03:19les paillettes
01:03:20les gens à la télé
01:03:21quand il faut faire
01:03:22la promo
01:03:23la promo
01:03:24et le truc à la télé
01:03:25pour être connu
01:03:26c'est 10%
01:03:28du truc
01:03:28donc justement
01:03:30à travers
01:03:31ce monde du cinéma
01:03:32dans lequel
01:03:32vos personnages
01:03:34évoluent
01:03:34votre roman
01:03:35évoque aussi
01:03:36cette dualité
01:03:36entre la réalité
01:03:37et les illusions
01:03:38et vos personnages
01:03:39naviguent
01:03:39entre des dualités
01:03:42entre par exemple
01:03:43les secrets
01:03:44et les vérités
01:03:45les mensonges
01:03:46et les révélations
01:03:46les fausses croyances
01:03:48et les prises de conscience
01:03:49la crédulité
01:03:50et la lucidité
01:03:51est-ce que c'est le lot
01:03:53de toutes et tous ?
01:03:54je pense que n'importe qui
01:03:55quel que soit son métier
01:03:58quel que soit son environnement
01:03:59a les mêmes questionnements
01:04:01justement je voulais savoir
01:04:03si pour vous
01:04:03le chemin de la maturité
01:04:04et le chemin de la vie
01:04:05c'était celui
01:04:06qui consistait
01:04:06à lever le voile
01:04:07et à sortir
01:04:08de la caverne
01:04:09parce que vous faites
01:04:10une référence d'ailleurs
01:04:11au mythe de Platon
01:04:11dans votre livre
01:04:12vous parlez du cinéma
01:04:13du besoin d'aller
01:04:14au fond des choses
01:04:14de l'essentiel
01:04:15on sent chez vous
01:04:17en tout cas
01:04:17ce besoin de profondeur
01:04:18est-ce que pour vous
01:04:20c'est ça la maturité
01:04:20c'est ça le chemin
01:04:21de la maturité ?
01:04:22c'est l'expérience
01:04:23qu'on acquiert
01:04:24par tout ce qui nous arrive
01:04:25tout au long de notre vie
01:04:26et que je pense
01:04:27qu'on est plus riche
01:04:30pas financièrement
01:04:31mais on est plus riche
01:04:33dans sa tête
01:04:35avec un peu d'expérience
01:04:38que sur beaucoup de choses
01:04:39et moi je le vois
01:04:41même pour moi
01:04:42je réagis aujourd'hui
01:04:44sur des choses
01:04:46de manière très différente
01:04:48de ce que je réagissais
01:04:49quand j'avais 30, 40
01:04:51et des choses
01:04:53qui me paraissaient évidentes
01:04:55à 30 ou 40 ans
01:04:57aujourd'hui je me dis
01:04:58attends Coco
01:04:59t'aurais dû réfléchir
01:05:00à deux fois quand même
01:05:01on s'en sache
01:05:02chez vos personnages
01:05:02et toutes ces évolutions
01:05:03parce qu'il leur arrive
01:05:04quand même beaucoup de choses
01:05:05il y a beaucoup de mouvements
01:05:06et justement
01:05:08les destins des personnages
01:05:09se croisent
01:05:10on sent ça
01:05:11on sent cette volonté
01:05:12de montrer
01:05:13non pas seulement
01:05:14les événements
01:05:14mais comment ils réagissent
01:05:15on sent que c'est ça
01:05:16que vous avez voulu aussi montrer
01:05:17c'est-à-dire
01:05:18l'important c'est
01:05:19évidemment ce qui leur arrive
01:05:20mais ils nous arrivent
01:05:20à toutes les choses
01:05:21c'est ce que vous disiez
01:05:21mais il arrive des choses
01:05:22à tout le monde
01:05:23après c'est ce qu'on en fait
01:05:24oui ça me paraît
01:05:25l'élément fondamental
01:05:26qu'il arrive des choses
01:05:27à tout le monde
01:05:28toute sa vie
01:05:28c'est le lot de chacun
01:05:29c'est le lot de chacun
01:05:30ce qui devient moins banal
01:05:31c'est comment
01:05:32à partir du même événement
01:05:34il y en a un qui va réagir
01:05:35d'une certaine manière
01:05:36et il y en a un autre
01:05:36qui va réagir différemment
01:05:37ou qui ne va pas réagir
01:05:38et c'est ça
01:05:39qui me paraît important
01:05:41et il va réagir
01:05:43de telle ou telle manière
01:05:44parce qu'il aura été éduqué
01:05:48d'une certaine manière
01:05:48et en fait
01:05:50tout ça démarre
01:05:51avec l'éducation
01:05:52c'est fondamental
01:05:53c'est les fondations
01:05:54sur lesquelles
01:05:55ensuite se construit
01:05:56j'allais dire
01:05:58l'immeuble de la vie
01:05:59mais s'il n'y a pas
01:06:00des bonnes fondations
01:06:00l'immeuble il s'écroule
01:06:01on a un nouveau personnage
01:06:02Sarah
01:06:03qui souhaite devenir actrice
01:06:04mais qui vient d'un monde
01:06:05où elle n'a pas du tout
01:06:06reçu cette éducation
01:06:07elle comment faire
01:06:08d'autres rencontres
01:06:08qui lui permettent
01:06:09de prendre conscience
01:06:10de ses erreurs
01:06:10en plus elle ne fait pas
01:06:11les bonnes rencontres
01:06:12le problème
01:06:13c'est que quand on n'a pas
01:06:15les bases
01:06:16on ne peut pas faire le tri
01:06:17pour faire une petite pause
01:06:18dans le contenu
01:06:19j'aimerais qu'on revienne
01:06:20sur la genèse de ce roman
01:06:22pour comprendre en fait
01:06:23qu'est-ce qui vous a donné
01:06:24l'envie d'écrire un roman
01:06:26et la question que je me suis posée
01:06:27tout de suite
01:06:28c'est pourquoi pas un scénario
01:06:29pourquoi pas partir
01:06:29dans l'écriture d'un film
01:06:30par exemple ?
01:06:32non parce que
01:06:32c'est deux choses
01:06:33totalement différentes
01:06:34l'écriture d'un scénar
01:06:37ça obéit à des règles
01:06:39c'est pour l'essentiel
01:06:41enfin une fois
01:06:43qu'on a dessiné
01:06:44la trame de l'histoire
01:06:45au-delà de ça
01:06:46ce qui fait la différence
01:06:47c'est des dialogues
01:06:48qui tiennent la route
01:06:49c'est tout
01:06:50un roman c'est autre chose
01:06:51déjà dans sa structure
01:06:52mais là aussi
01:06:54où il y a une différence
01:06:55c'est qu'un scénario
01:06:56vous l'écrivez
01:06:57parce que vous savez
01:06:57que derrière
01:06:58ça va devenir des images
01:06:59donc la façon dont il est écrit
01:07:02à la limite
01:07:03le style
01:07:04on s'en tape
01:07:05on se concentre uniquement
01:07:07sur les dialogues
01:07:08parce que c'est la seule chose
01:07:09qui va rester à l'écran
01:07:10le reste
01:07:10c'est le metteur en scène
01:07:11qui va magnifier tout ça
01:07:12un roman
01:07:14non
01:07:14on le lit
01:07:14et on doit générer
01:07:16avec ce qu'on a écrit
01:07:17un imaginaire
01:07:18donc qui va être
01:07:20l'imaginaire
01:07:20de chaque lecteur
01:07:21parce que chaque
01:07:22les images vont
01:07:23diverger
01:07:24les images vont pouvoir
01:07:24être différentes
01:07:25d'un lecteur à l'autre
01:07:26en fonction de son propre vécu
01:07:27donc il y a eu
01:07:29je dirais une exigence
01:07:30stylistique
01:07:31quelque part
01:07:32je ne prétends pas
01:07:33être Victor Hugo
01:07:34ce n'est pas le débat
01:07:35mais au moins
01:07:36d'écrire en français
01:07:37et que ça soit intelligible
01:07:39et facile à lire
01:07:41par n'importe quel lecteur
01:07:43ce n'est pas le scénario
01:07:44qui m'a interpellé
01:07:45écrire un roman
01:07:49c'est quelque chose
01:07:50à laquelle j'avais pensé
01:07:52depuis longtemps
01:07:53mais compte tenu
01:07:54de mes activités diverses
01:07:55et variées
01:07:55je n'avais jamais eu
01:07:56le temps de mener à bien
01:07:58donc il se trouve
01:07:59qu'à un moment donné
01:08:00ce temps est venu
01:08:03je me suis retrouvé
01:08:04avec du temps disponible
01:08:05à la suite d'un problème
01:08:08de santé assez grave
01:08:09donc je n'avais plus rien
01:08:11à faire
01:08:11j'étais en dehors
01:08:12de toute vie sociale
01:08:13je ne pouvais plus bouger
01:08:14mais la tête
01:08:16elle continuait à fonctionner
01:08:16donc je me suis dit
01:08:17bah tiens
01:08:17c'est peut-être le moment
01:08:20il faut d'un truc négatif
01:08:23en faire un truc positif
01:08:24toujours comment réagir
01:08:26à l'événement
01:08:26voilà
01:08:26t'as qu'à te mettre
01:08:28et relever ce défi
01:08:30tu te mets au travail
01:08:31et tu relèves ce défi
01:08:32donc c'est ce que j'ai fait
01:08:33et puis une fois
01:08:35que j'ai pu à nouveau
01:08:36marcher normalement
01:08:39bah je suis passé à autre chose
01:08:41je l'ai mis de côté
01:08:42sans avoir terminé
01:08:43voilà
01:08:44je ne l'avais pas terminé
01:08:45j'ai fait autre chose
01:08:46et puis
01:08:47est arrivé le Covid
01:08:48je me suis dit
01:08:48attends là
01:08:49je vais devenir dingue
01:08:50parce que si je passe
01:08:51toutes mes journées
01:08:52en prison
01:08:52chez moi
01:08:54ça ne va pas le faire
01:08:55et donc je me suis dit
01:08:56mais t'as un truc
01:08:57que t'as laissé
01:08:57dormir
01:08:58dans le chantier
01:08:59qui est en train de dormir
01:09:00bah reprends-le
01:09:01et puis
01:09:01et puis va au bout
01:09:02et bah je me suis remis
01:09:03à l'écriture
01:09:04et j'ai fini
01:09:05ce que j'avais à faire
01:09:06et ça a été quoi
01:09:06ce processus créatif
01:09:07donc un processus
01:09:08en plusieurs étapes
01:09:09à quoi vous avez été
01:09:10confronté
01:09:11est-ce que vous aviez
01:09:11une méthode
01:09:12des versions
01:09:13il y en a eu
01:09:14je ne sais pas
01:09:15peut-être 50 ou 60
01:09:16oui vous avez réécrit
01:09:18retravailler les péripéties
01:09:20rencontrées par le couple
01:09:21de votre roman
01:09:21après leur rupture
01:09:23chacun empruntant
01:09:24des chemins différents
01:09:26donc elle
01:09:26qui rencontre
01:09:28un autre garçon
01:09:29dans la banque
01:09:31oui qui est dans la banque
01:09:33et qui tombe enceinte
01:09:35et puis lui
01:09:36qui a un accident
01:09:37de scooter
01:09:37donc il se retrouve
01:09:38confronté
01:09:39à quelque chose
01:09:39de grave
01:09:40et bon
01:09:41donc là je me suis
01:09:42un peu inspiré de moi
01:09:42mais pas différemment
01:09:44mais disons que
01:09:44ce ressort là
01:09:45je le connaissais
01:09:46et qui rencontre
01:09:47quelqu'un
01:09:47qu'il n'aurait jamais
01:09:48dû rencontrer
01:09:49et qui lui fait découvrir
01:09:50des choses
01:09:51qu'il n'aurait jamais
01:09:51dû rencontrer
01:09:52non plus
01:09:52parce que la différence
01:09:53de milieu social
01:09:54fait qu'il n'y avait
01:09:56aucune raison
01:09:56qu'il fasse cette rencontre
01:09:58j'aimerais revenir
01:10:00justement sur la relation
01:10:00amoureuse
01:10:01puisque comme vous le dites
01:10:02votre roman s'ouvre
01:10:03sur la rupture
01:10:04et vous évoquez
01:10:05la relation amoureuse
01:10:06et l'amour
01:10:07entre deux personnes
01:10:08votre roman d'ailleurs
01:10:09s'ouvre avec une citation
01:10:11une citation en anglais
01:10:12qui dit
01:10:13sometimes the greatest journey
01:10:14is the distance
01:10:15between two people
01:10:16d'où vient cette citation
01:10:17c'est ce qui va faire
01:10:19que deux êtres
01:10:19vont se rencontrer
01:10:20ou pas
01:10:20en fait j'ai repris
01:10:21cette formule là
01:10:24c'est celui
01:10:25qui avait fait
01:10:26l'affiche
01:10:26de Painted Veil
01:10:27le film que j'ai produit
01:10:29avec Naomi Watts
01:10:30avec Naomi Watts
01:10:31et Edward Norton
01:10:32qui est sur l'affiche
01:10:33du film
01:10:34et je trouvais
01:10:35que ça s'accordait
01:10:36assez bien
01:10:36puisqu'en fait
01:10:37Painted Veil
01:10:38c'est une adaptation
01:10:40d'un roman
01:10:40de Somerset Mogan
01:10:42mais qui raconte
01:10:44l'histoire
01:10:44d'un médecin
01:10:45finalement le film
01:10:46n'a pas été monté
01:10:47comme ça
01:10:47mais en fait
01:10:48le roman
01:10:49il démarre
01:10:49avec un médecin
01:10:51qui découvre
01:10:51que sa femme
01:10:52couche avec
01:10:53quelqu'un d'autre
01:10:54et donc
01:10:55il décide
01:10:56de partir
01:10:57en Chine
01:11:00pour aller sauver
01:11:03des gens
01:11:05qui sont
01:11:06parce qu'il y a
01:11:06une épidémie
01:11:07parce qu'il veut
01:11:08s'éloigner de sa femme
01:11:10parce qu'il supporte pas
01:11:10l'idée
01:11:11qu'elle ait couché
01:11:12avec quelqu'un d'autre
01:11:13finalement elle
01:11:14lui dit
01:11:15non mais moi
01:11:15je pars avec toi
01:11:16et donc
01:11:18ils vont partir
01:11:18ensemble
01:11:19tous les deux
01:11:19et c'est ce voyage
01:11:21qu'ils vont faire
01:11:21et lui
01:11:22en sauvant
01:11:24des gens
01:11:25en tant que médecin
01:11:26va attraper
01:11:28la maladie
01:11:28et donc
01:11:29va mourir
01:11:30et c'est quand
01:11:32tout d'un coup
01:11:33il est sur le point
01:11:34de mourir
01:11:35qu'elle se rend compte
01:11:36qu'en réalité
01:11:36elle aime
01:11:38c'est pour ça
01:11:39qu'il y avait
01:11:39cette formule
01:11:40on part
01:11:41d'une situation
01:11:42où en réalité
01:11:44il y en a un
01:11:45qui trompe l'autre
01:11:47et à l'arrivée
01:11:48quand elle s'aperçoit
01:11:50qu'elle va le perdre
01:11:51c'est trop tard
01:11:53et c'est donc
01:11:54tout ce qui se passe
01:11:55dans sa tête
01:11:55qui est intéressant
01:11:56qui est intéressant
01:11:57dans votre roman
01:11:59aussi
01:12:00vous partagez
01:12:01quelques expressions
01:12:02deux expressions
01:12:04et j'aimerais
01:12:04vous m'expliquer
01:12:05ce que ça veut dire
01:12:06pour vous
01:12:06vous dites
01:12:08à un moment
01:12:08l'amour ne rend pas aveugle
01:12:10mais presbyte
01:12:11et vous dites aussi
01:12:13les fautes sont grandes
01:12:14seulement quand l'amour
01:12:16est petit
01:12:16qu'est-ce que ça veut dire
01:12:18Jean-François ?
01:12:19l'amour
01:12:21c'est une formule
01:12:23consacrée
01:12:25que tout le monde connaît
01:12:26là c'est une espèce
01:12:28de plaisanterie
01:12:29que je me permets
01:12:30en disant
01:12:31non ça ne rend pas aveugle
01:12:32c'est juste
01:12:32qu'on est presbyte
01:12:34on n'a plus
01:12:34la distanciation
01:12:35nécessaire
01:12:36parce qu'en réalité
01:12:37on n'est jamais aveugle
01:12:38et la deuxième
01:12:39que j'aime bien
01:12:40et c'est vrai
01:12:40que j'aurais voulu
01:12:41vous expliciter
01:12:42un petit peu
01:12:42ce que vous voulez dire
01:12:42par là
01:12:43c'est les fautes
01:12:43sont grandes
01:12:44seulement quand l'amour
01:12:45est petit
01:12:46mais oui
01:12:46parce que
01:12:47quand on aime
01:12:49on pardonne
01:12:49vous dites que
01:12:50quelque part
01:12:50la séparation
01:12:51et l'explosion du couple
01:12:52au début
01:12:53elle se fait
01:12:53sur quelque chose
01:12:54d'assez futile
01:12:54oui
01:12:55mais après
01:12:55ce qu'il faut
01:12:56c'est arriver à pardonner
01:12:57après
01:12:58ça arrive de faire des fautes
01:12:59donc quand l'amour est grand
01:13:00le pardon
01:13:01il arrive derrière
01:13:02et bien oui
01:13:03si on n'est pas capable
01:13:05de pardonner
01:13:06c'est que l'amour
01:13:07il n'est pas si grand que ça
01:13:08toujours la même idée
01:13:09on se met à la place
01:13:10de l'autre
01:13:11si il s'est produit ça
01:13:13pourquoi ?
01:13:14parce que c'est jamais
01:13:14tout noir
01:13:15tout blanc
01:13:15c'est gris clair
01:13:17griffon c'est
01:13:17c'est la vie
01:13:19aussi on a
01:13:21donc tous ces personnages
01:13:22qui font face
01:13:23tous sans exception
01:13:24à l'incertitude
01:13:26l'angoisse de vérité
01:13:27l'inexplicable
01:13:29l'impensable
01:13:30l'inattendu
01:13:31l'imprévisible
01:13:32le désordre
01:13:33ce sont des mots
01:13:34qui traversent
01:13:35votre roman
01:13:36qui m'ont aussi interpellé
01:13:37comment est-ce qu'on vit
01:13:38avec ça ?
01:13:40je crois que tout le monde
01:13:41vit avec ça
01:13:42maintenant que j'ai
01:13:43un âge avancé
01:13:44je prends un peu de recul
01:13:46par rapport à tout ça
01:13:47puisque je suis plus près
01:13:47de la mort
01:13:48que de la naissance
01:13:49donc
01:13:49j'essaye de prendre du recul
01:13:53par rapport à la vie
01:13:53d'une manière générale
01:13:54mais on est en permanence
01:13:57et tout le monde
01:13:59est confronté
01:14:00à ce genre de
01:14:01questionnement
01:14:03alors on se les pose
01:14:04ou on se les pose pas
01:14:04mais la vie
01:14:06elle est faite
01:14:06d'incertitude
01:14:07je dirais c'est inhérent
01:14:09à la vie
01:14:09l'incertitude
01:14:10on a essayé de nous expliquer
01:14:11que la vie
01:14:12n'était pas incertaine
01:14:13mais non
01:14:14c'est pas vrai
01:14:15si je prends l'exemple
01:14:18quand on nous a vendu
01:14:19le risque zéro
01:14:19ça n'existe pas
01:14:20le risque zéro
01:14:21c'est antinomique
01:14:23avec la vie
01:14:23celle-ci
01:14:24le risque zéro
01:14:24et c'est même pas sûr
01:14:26puisque personne n'en est revenu
01:14:27pour nous expliquer
01:14:28mais c'est
01:14:29c'est quand on vit plus
01:14:30mais le risque zéro
01:14:32c'est une illusion
01:14:33de l'esprit
01:14:34ceux qui pratiquent
01:14:35les chirurgiens
01:14:36qui pratiquent
01:14:37ils savent eux
01:14:37chaque fois qu'ils rentrent
01:14:38en salle d'opération
01:14:39ils savent que le risque zéro
01:14:40ça n'existe pas
01:14:41chaque fois qu'ils rentrent
01:14:42en salle d'opération
01:14:43et qu'ils ouvrent un corps
01:14:44ils savent que
01:14:45le risque zéro
01:14:46il est très très très
01:14:47très loin d'eux
01:14:48dans votre livre
01:14:49il y a plusieurs scènes
01:14:50qui se déroulent
01:14:51d'ailleurs dans un hôpital
01:14:52au contact de la maladie
01:14:53et de la mort
01:14:54je sais que vous êtes
01:14:55issu d'une famille de médecins
01:14:57c'est peut-être pas
01:14:57une coïncidence
01:14:58que le milieu médical
01:14:59apparaisse
01:15:00et cette situation romanesque
01:15:01vous donne l'occasion d'écrire
01:15:02les esprits brillants
01:15:03ne cherchent plus
01:15:03à donner un sens à la vie
01:15:05mais à la prolonger
01:15:06la mort est devenue
01:15:07un problème technique
01:15:08est-ce que c'est le prolongement
01:15:10de cette même idée
01:15:11liée à la volonté de contrôle ?
01:15:13ça ça va plus loin
01:15:13je veux dire
01:15:14le progrès technologique
01:15:16a fait
01:15:16que les gens
01:15:17ont pu penser
01:15:18que l'homme
01:15:20deviendrait immortel
01:15:21et que donc
01:15:22là où
01:15:23traditionnellement
01:15:24et c'est tout
01:15:26pas le combat
01:15:27mais disons
01:15:28l'écartèlement
01:15:29entre
01:15:30ce qui faisait
01:15:31qu'avec les religions
01:15:32les gens avaient un cadre
01:15:34etc
01:15:34c'est progressivement
01:15:36la science
01:15:36qui a pris le dessus
01:15:38il suffit
01:15:39de faire
01:15:40des progrès scientifiques
01:15:41et puis
01:15:42peu à peu
01:15:43l'homme
01:15:43il va d'ailleurs
01:15:44la preuve en est
01:15:45c'est que l'espérance de vie
01:15:46elle augmente
01:15:47elle augmente
01:15:48jusqu'à un certain point
01:15:49mais là
01:15:50on nous a vendu
01:15:51enfin je caricature un peu
01:15:53mais on nous a vendu
01:15:54mais attendez
01:15:55avec les progrès de la science
01:15:56finalement on va arriver
01:15:56à jamais mourir
01:15:57donc l'homme est éternel
01:15:59ben non
01:16:00mais la mort en tant que telle
01:16:02elle fait partie de la vie
01:16:04votre personnage Raphaël
01:16:05qui justement a un accident
01:16:07vous en parliez tout à l'heure
01:16:08échappe de justesse à la mort
01:16:09et cet événement
01:16:11devient le fondement
01:16:12du sens de sa vie
01:16:13vous dites
01:16:13est-ce que c'est la conscience
01:16:15de la fragilité de la vie
01:16:16et de la mort
01:16:16qui nous permettent
01:16:17de donner un sens
01:16:18parce que
01:16:19quand vous avez
01:16:20comme ça un accident
01:16:21et que vous faites
01:16:22l'aller-retour
01:16:23c'est-à-dire qu'il y a un moment
01:16:24parce qu'en plus
01:16:25ça je l'ai vécu
01:16:26donc
01:16:26votre personnage
01:16:28vous en parlez
01:16:29dans le roman
01:16:29de cette lumière
01:16:31moi c'était un accident
01:16:33de voiture
01:16:33lui c'est un accident
01:16:34de scooter
01:16:35mais je me suis inspiré
01:16:36de ce qui m'était arrivé
01:16:36et de ce que j'avais ressenti
01:16:38à partir de ça
01:16:40je dirais
01:16:42la grille de lecture
01:16:43elle n'est plus la même
01:16:44tant qu'on n'a pas eu
01:16:45d'accident
01:16:45enfin d'accident
01:16:46de maladie
01:16:48enfin peu importe
01:16:50on ne pense pas
01:16:51enfin je veux dire
01:16:51on ne pense pas
01:16:53à la mort
01:16:54on ne pense pas
01:16:54que ça peut s'arrêter
01:16:55du jour au lendemain
01:16:56on ne pense pas à tout ça
01:16:58et heureusement d'ailleurs
01:16:59puis quand ça vous arrive
01:17:00puis moi ça m'est arrivé
01:17:01plusieurs fois
01:17:02donc je suis bien placé
01:17:03pour en parler
01:17:04mais je me dis
01:17:05ça ça aurait pu s'arrêter
01:17:06mais bon ça ne devait pas
01:17:07être mon heure
01:17:08parce que je suis toujours là
01:17:09et en plus avec du bol
01:17:10parce que je ne suis pas
01:17:11trop esquinté
01:17:11donc là
01:17:12votre perception
01:17:13de la vie
01:17:14elle change
01:17:15du tout au tout
01:17:16vous êtes
01:17:17à ce moment là
01:17:18assez rapidement
01:17:19en tout cas c'est comme ça
01:17:20que ça s'est passé
01:17:21c'est de se dire
01:17:21mais attends
01:17:22tout ça c'est pas important
01:17:23on s'en fiche
01:17:24pourquoi on ne va pas
01:17:24perdre son temps avec ça
01:17:25et donc les choses essentielles
01:17:27auxquelles on doit
01:17:28continuer de s'attacher
01:17:29on s'aperçoit
01:17:30qu'il n'y en a pas tant que ça
01:17:31et puis tout le reste
01:17:32c'est la rigolade
01:17:32on revient à l'essentiel
01:17:33on va à l'essentiel
01:17:35c'est tout
01:17:35donc on élague
01:17:37on ajoute et on élimine
01:17:38parce qu'on ajoute
01:17:39de la force
01:17:39mais on élimine
01:17:41les choses sans intérêt
01:17:42dans votre roman
01:17:44vous écrivez aussi
01:17:44cette phrase
01:17:45faire un bout de chemin
01:17:47avec le temps
01:17:48s'impose
01:17:49j'ai beaucoup aimé
01:17:50cette phrase
01:17:51est-ce que ça veut dire
01:17:51que le temps
01:17:52est un sage compagnon de route
01:17:53certaines fois oui
01:17:55là c'est au moment
01:17:56où il lui arrive
01:17:57plein d'emmerdes
01:17:58et il ne sait plus
01:17:59ce qu'il doit faire
01:18:00donc il va se promener
01:18:03donc il va faire
01:18:05un petit bout de chemin
01:18:06sans rien faire
01:18:08juste le temps qui passe
01:18:09et puis comme ça
01:18:10ça lui permet
01:18:11de se remettre d'aplomb
01:18:13et vous demandez
01:18:14au sujet de ce personnage
01:18:16Raphaël toujours
01:18:17après son accident
01:18:18donc après ce temps de pause
01:18:20sa vie pourra-t-elle
01:18:21devenir plus belle
01:18:22sans une remise en cause
01:18:23de son mode de vie
01:18:24sans être contraint
01:18:26de se réinventer
01:18:27il faut élaguer
01:18:28quoi donc
01:18:29voilà
01:18:30jusqu'où on va après
01:18:31deux champs lexicaux
01:18:34qui s'affrontent
01:18:34que je trouve
01:18:35assez intéressants
01:18:35dans votre roman
01:18:36toujours par rapport
01:18:37à ces destins
01:18:38qui s'entrecroisent
01:18:39le champ lexical
01:18:40de l'action
01:18:41du choix
01:18:41de la décision
01:18:42qui s'oppose
01:18:43à l'attentisme
01:18:44à l'inertie
01:18:45à la fixité
01:18:46on sent en fait
01:18:47des mouvements
01:18:48comme ça
01:18:48d'action
01:18:49et des mouvements
01:18:49d'inertie
01:18:50et c'est ce qu'on disait
01:18:51tout à l'heure
01:18:52l'essentiel ça reposerait
01:18:53pas tant sur
01:18:53tous les événements
01:18:54qui bousculent vos personnages
01:18:55finalement qui peuvent être
01:18:56tels ou tels
01:18:57mais sur leur réaction
01:18:58face à ces événements
01:18:59leur manière de rebondir
01:19:00ou pas
01:19:01est-ce que c'est ça
01:19:02finalement l'important
01:19:03dans la vie
01:19:03c'est cette capacité
01:19:04à rebondir
01:19:05à être dans l'action
01:19:06et à pas subir
01:19:07il y a des choses
01:19:08qu'on est obligé de subir
01:19:09puis d'autres sur lesquelles
01:19:10on a une certaine maîtrise
01:19:12et moi je me souviens
01:19:13c'était une amie
01:19:14qui un jour
01:19:14m'avait dit
01:19:15mais Jean-François
01:19:16il ne faut pas perdre son temps
01:19:17à se préoccuper
01:19:18de choses sur lesquelles
01:19:19on n'a pas de prise
01:19:21parce que tu n'as pas de prise
01:19:22donc elles sont ce qu'elles sont
01:19:23et puis tu les subis
01:19:24puis tu vas de l'avant
01:19:26il ne te préoccupe
01:19:27que des choses
01:19:28sur lesquelles
01:19:29tu as une vraie prise
01:19:30parce que ça
01:19:31tu peux faire changer les choses
01:19:32voilà
01:19:32c'est cette première déjà
01:19:34distinction
01:19:34est-ce que je peux
01:19:35quelque chose ou pas
01:19:36si je ne peux pas
01:19:37j'oublie
01:19:38puis je passe à autre chose
01:19:39et donc tout au long de sa vie
01:19:40de faire ce partage
01:19:42et puis quand on est confronté
01:19:43à un gros pépin
01:19:44d'être capable
01:19:45de dire bon
01:19:46la vie elle peut être courte
01:19:47donc je vais me consacrer
01:19:49plus à l'essentiel
01:19:50qu'à l'accessoire
01:19:51j'aimerais juste finir
01:19:53avec l'écriture
01:19:54savoir ce que ça a été
01:19:55que l'écriture pour vous
01:19:56pour qui vous avez écrit
01:19:58pourquoi vous avez écrit
01:20:00et qu'est-ce que ça a changé
01:20:02et transformé chez vous
01:20:03j'ai écrit en espérant
01:20:04qu'il y aurait des gens
01:20:05qui liraient déjà
01:20:06quel que soit leur avis
01:20:08après derrière
01:20:09parce que ça il faut accepter
01:20:10que des gens aiment
01:20:12n'aiment pas
01:20:12enfin bon voilà
01:20:13ça c'est le principe même
01:20:14de toute création
01:20:15c'est comme dans le cinéma
01:20:16les gens aiment les films
01:20:17ils n'aiment pas
01:20:18et pourquoi je l'ai fait
01:20:19parce que c'était un nouveau défi
01:20:20à relever
01:20:21et que ça m'amusait
01:20:22de le relever
01:20:23parce que dans votre roman
01:20:24vous dites que la réalisation
01:20:25c'est douter
01:20:26créer
01:20:27et réveiller les esprits
01:20:28et donc est-ce que c'est pareil
01:20:29avec l'écriture du roman
01:20:30pareil
01:20:30on a perçu le mystère
01:20:32on a perçu le mystère
01:20:33et pour finir quand même
01:20:34avec l'art
01:20:35qui réunit à la fois
01:20:36l'écriture et aussi le cinéma
01:20:38vous citez Malraux
01:20:39dans votre roman
01:20:40et vous dites
01:20:40l'art est le plus court chemin
01:20:42de l'homme à l'homme
01:20:43vous le pensez ?
01:20:44est-ce que c'est l'art
01:20:45qui permet de surmonter
01:20:46les crises ?
01:20:47pour moi quand il parle de ça
01:20:49je pense
01:20:49c'est l'art
01:20:50la culture
01:20:51parce que c'est une dimension
01:20:52presque philosophique
01:20:54quelque part
01:20:54s'il n'y a pas ça
01:20:55comment les gens
01:20:56peuvent communiquer ?
01:20:57d'ailleurs on voit bien
01:20:58tout ce que l'histoire
01:21:00nous transmet
01:21:01ça commence dans les cavernes
01:21:04avec les dessins
01:21:05qu'il faisait sur les murs
01:21:06voilà
01:21:07et puis ça
01:21:08ça reste à travers
01:21:09les âges
01:21:11et donc ça permet
01:21:12de comprendre
01:21:13plein de choses
01:21:14donc je pense que
01:21:15oui il a raison
01:21:16c'est une part de l'essentiel
01:21:17oui
01:21:18bon et votre roman
01:21:20s'achève par deux mots
01:21:21à suivre
01:21:22il ne se termine pas
01:21:23c'est comme dans un film
01:21:25c'est à dire que c'est une fin ouverte
01:21:26alors est-ce qu'on doit
01:21:26attendre une suite
01:21:27est-ce que
01:21:28vous avez déjà réfléchi
01:21:30potentiellement
01:21:31à un deuxième roman
01:21:32ou pas ?
01:21:32il y en aura peut-être un
01:21:33oui mais
01:21:34je n'ai pas envie
01:21:34que ça soit
01:21:35une suite banale
01:21:36oui je pense que
01:21:38j'en écrirai un autre
01:21:39mais pour l'instant
01:21:39je n'ai pas encore
01:21:40trouvé l'accroche
01:21:42je n'ai pas encore
01:21:43assez de temps
01:21:43pour pouvoir
01:21:44parce que moi
01:21:45quand je me mets à l'écriture
01:21:46ça démarre tôt le matin
01:21:48ça finit tard le soir
01:21:49donc pour moi
01:21:49c'est obligatoirement
01:21:50une mono-activité
01:21:51et justement
01:21:52pour finir peut-être là-dessus
01:21:54si vous aviez
01:21:54des projets
01:21:55ou des rêves
01:21:56pour demain
01:21:57c'est quoi la suite
01:21:58Jean-François
01:21:59pour vous ?
01:22:00que ce qui me reste à vivre
01:22:01soit le plus
01:22:02le plus agréable possible
01:22:03et puis que
01:22:05qu'autour de moi
01:22:06les gens soient contents
01:22:07après le reste
01:22:10ça n'a plus
01:22:10beaucoup d'importance
01:22:11encore avec un peu d'art
01:22:13au cœur de la vie
01:22:15avec toujours un peu
01:22:16de cinéma
01:22:17toujours de l'écriture
01:22:18oui oui
01:22:19oui oui
01:22:19et puis un peu de golf
01:22:20de temps en temps
01:22:21et puis voilà
01:22:22merci beaucoup
01:22:24Jean-François
01:22:24pour votre temps
01:22:25merci à vous
01:22:26d'avoir partagé
01:22:27tout ça avec nous
01:22:28et puis on a toujours
01:22:28vos films
01:22:29à voir et revoir
01:22:30et puis le livre
01:22:31à découvrir
01:22:32et le livre
01:22:33merci Jean-François
01:22:34merci à vous
01:22:35merci à vous
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