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  • il y a 9 heures
Où l’on voit qu’il est assez imprécis de dire que les jeunes sont accros au téléphone. Le téléphone, dans son utilisation première - c’est-à-dire pour converser à distance - beaucoup d’entre eux n’aiment pas cela.

Retrouvez « En toute subjectivité » avec Anne Rosencher sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00France Inter, le 6-9.
00:03Lors de votre chronique signée Anne Rosencher, bonjour Anne.
00:06Bonjour.
00:07Un phénomène vous intrigue ce matin, les jeunes téléphonent de moins en moins.
00:11Où l'on voit qu'il est assez imprécis de dire que les jeunes sont accros au téléphone.
00:16Le téléphone dans son utilisation première, c'est-à-dire pour converser à distance.
00:21Beaucoup d'entre eux n'aiment pas cela.
00:23D'ailleurs, quand on tend le combiné à une ou un adolescent,
00:26il peut y avoir un petit mouvement de délégation muette.
00:30Et s'il est vraiment obligé d'accepter la conversation en cours,
00:33il met l'objet sur haut-parleur, le tien devant son menton,
00:36avant de raccrocher le plus vite possible.
00:39Ce n'est pas que du vécu, c'est aussi renseigné par les études.
00:44Je vous en cite une, parue en France en 2024,
00:47à l'initiative de l'entreprise Uswitch,
00:49selon laquelle les trois quarts des moins de 30 ans
00:52ressentiraient de l'anxiété au seul retentissement de la sonnerie de leur mobile.
00:56Un quart admet même ne plus y répondre du tout.
01:00Bon, après tout, à chaque génération s'hérite.
01:03Pour les plus jeunes qui nous écoutent,
01:04sachez qu'il a existé une période pas si lointaine,
01:08où nombre d'entre nous, alors adolescents,
01:10passions des heures pendues au téléphone familial,
01:13entortillant le fil tire-bouchonné du combiné
01:17à nous dire je ne sais plus quoi.
01:19Des heures de conversation avec les amis, les amoureux,
01:23les entre-deux justement,
01:24ou l'ambiguïté d'une formule.
01:26La chaleur inattendue d'une voix ouvrait
01:28mille scénarios au cœur palpitant.
01:31Il y avait là des amitiés qui se crétaient,
01:33des secrets qui s'échangeaient,
01:35des « c'est fou, ça fait déjà une heure qu'on parle ».
01:38Et dans chaque silence surmonté,
01:40dans chaque blanc évité,
01:42le triomphe sur la gêne adolescente.
01:44Bon, mais aujourd'hui, Anne, les ados se font d'autres souvenirs.
01:47Oui, bien sûr, tout n'est pas matière au long lamento du « c'était mieux avant ».
01:51Les ados de 2025 préfèrent les messages écrits,
01:53ou encore plus les vocaux après tout,
01:56s'ils aiment cela.
01:57Mais il y a quand même quelque chose qui m'a fait tiquer.
02:00Selon ces mêmes études,
02:01la dégringolade de l'appel vocal s'explique par la volonté d'éviter
02:05l'inconfort psychologique provoqué par la conversation téléphonique.
02:09Et là, oui, je vous avoue que la tendance,
02:12pas seulement chez les jeunes,
02:14à l'évitement de tout inconfort psychologique,
02:17ne me dit rien qui vaille.
02:18Je suis très contre, par exemple,
02:21les « sensitivity readers »,
02:22vous savez, ces relecteurs que certaines maisons d'édition
02:26emploient pour déminer ce qui pourrait potentiellement
02:28offenser les lecteurs.
02:30Tout comme je ne suis vraiment pas fan de l'idée des « safe space »,
02:34ces bulles de paroles sécurisées.
02:36Elles ont été pensées à l'origine pour les victimes de traumatismes,
02:39mais leur diffusion tend davantage à prévenir
02:42tout embarras psychique dans la conversation ou le débat.
02:45Pourtant, le fait de surmonter l'inconfort
02:48est selon beaucoup de psychologues
02:50l'un des mécanismes centraux de la croissance
02:53et de la constitution de l'identité.
02:56Alors s'il faut bien sûr protéger les enfants
02:58des vrais dangers qui les menacent,
02:59notamment sur les réseaux sociaux,
03:01je crois qu'il faut aussi leur dire,
03:03pour les choses moins graves,
03:05qu'ils sont plus solides qu'ils ne le croient.
03:07Merci Anne Rosanchère.
03:09Signée Anne Rosanchère,
03:10vous êtes directrice déléguée de la rédaction de l'Express.
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