00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1, 10h-11h30 avec Thomas Hill et votre invité ce matin, Thomas.
00:05Oui, je reçois ce matin l'animatrice Laurence Boccolini.
00:08Vous avez publié un livre très cash, un showtime dans lequel j'ai appris beaucoup de choses sur vous,
00:12les épreuves que vous avez traversées, on en parlera tout à l'heure.
00:15Mais d'abord, vous venez de lancer sur YouTube un format original intitulé sillage.
00:20Vous recevez des personnalités avec un fil rouge intéressant, les odeurs, la mémoire olfactive.
00:25Et ça, c'est un bon prétexte à la confidence que vous avez trouvé.
00:28C'est tout, ça ouvre la conversation, c'est incroyable.
00:31Parce qu'il faut savoir que vos souvenirs olfactifs sont les souvenirs qui resteront avec vous toute votre vie.
00:37Ils ne meurent pas. Il y a très peu qui meurent.
00:39En fait, c'est pour ça que quand vous passez dans la rue, vous sentez quelque chose,
00:43d'un coup vous êtes téléporté vers une époque de votre vie, vous vous dites
00:47« Oh, ça sent, je ne sais pas, ça sent quelqu'un que j'ai connu. »
00:50Ça ne meurt jamais dans votre cerveau.
00:52Il y a d'ailleurs cette question que vous posez à tous vos invités, quel est le parfum de votre enfance ?
00:56Et on a tous quelque chose en tête à ce moment-là.
00:59Quel est le parfum de votre enfance ?
01:00Moi, c'est le parfum des pains à l'île de Léon, où on traversait les pains pour aller à la plage, par exemple.
01:06Vous diriez quoi, vous, à cette question, Laurence ?
01:09À moi, c'est le pain grillé.
01:13En fait, il y avait du pain grillé partout, le matin chez moi, chez mes grands-parents.
01:17En fait, on a une fausse culture du gris-pain chez nous, il y avait des gris-pains.
01:21Il n'est pas grillé, d'accord.
01:23Il n'est pas grillé, j'ai l'impression qu'il m'a suivie pendant des années.
01:26D'accord, moi je dirais que c'est le parfum très particulier.
01:28Mon grand-père habitait avec nous, c'est lui qui m'élevait.
01:32Il avait un atelier de tailleur, et j'étais tout le temps avec lui dans son atelier de tailleur.
01:37Et quand il repassait, le tissu chauffait, et c'était des tailleurs pour hommes.
01:42Et ça sentait un peu le brûler.
01:43Et ce truc-là me rassurait, ça voulait dire que j'étais à la maison, j'étais avec lui,
01:46je me mettais contre lui, j'étais toute petite.
01:48Et il chantait, il faisait les costumes, et ça sentait un peu le tissu brûler.
01:53Et donc voilà, ça montre bien qu'on va tout de suite dans des souvenirs.
01:56Ah oui, tout le monde !
01:57D'ailleurs, si vous lancez une conversation comme ça avec vos amis,
02:02tu te rappelles du parfum de ta maman, tu te rappelles du parfum de l'école,
02:05les gens vont partir dans des choses très positives et parfois très dures.
02:09Et souvent, je sens quand il y a eu un petit souci au niveau de la famille,
02:15quand souvent les gens se rappellent très très bien du parfum de leur papa,
02:19et rien du parfum de leur maman, ou le contraire.
02:22C'est-à-dire que tout d'un coup, je ne sais pas, mon père ne sait pas avec quoi il se parfumait,
02:26je me souviens, ma mère mettait ça, c'est fou !
02:28Et donc vous pouvez aller creuser, comme ça vous avez déjà reçu 5 invités,
02:31Catherine Lara, Vincent Dodienne, Vincent Magdoum, Isabelle Morizet, Agustine Gagliana,
02:36et Michel Bernier, samedi.
02:38Et Michel Bernier, voilà, qui arrive là, et ce qui doit vous faire très bizarre,
02:41c'est que vous avez du temps, vous pouvez passer une heure avec eux sans être interrompu par de la pub ou je ne sais quoi.
02:46Alors c'est très perturbant au début, parce qu'il n'y a personne justement qui te dit ce que tu dois faire.
02:50Il n'y a pas un producteur dans l'oreillette qui te dit, passe à la question, tu nous saules avec ça,
02:54il nous saule, allez il arrête, c'est trop long, il est trop long.
02:56C'est souvent ça dans les interviews, quand quelqu'un à l'oreillette te dit,
03:01allez arrête, passe à autre chose.
03:02Là tu peux prendre du temps, tu programmes qui tu veux, tu le reçois quand tu veux,
03:06tu arrêtes quand tu veux, c'est une liberté.
03:09Je pense que c'est beaucoup, c'est cette raison pour laquelle beaucoup de gens de télé font leur podcast,
03:14parce qu'il y a une grande liberté.
03:16Et depuis quand vous n'aviez pas mené d'interview comme ça, je me suis demandé,
03:19parce que vous, c'est vrai qu'on vous associe au jeu, au divertissement,
03:22dans les enfants de la télé, j'ai vu beaucoup de monde sur le plateau, je ne pouvais pas vraiment parler,
03:26que j'en ai fait à Europe 1, dans les années 90, tous les après-midi,
03:32j'avais une émission avec des gens que je recevais, beaucoup des gens de théâtre.
03:35Et les gens qui font du théâtre ont des anecdotes, vous pouvez les tenir, c'est pendant 10 heures.
03:39Ce qui se passe sur scène, ce qui se passe en police, ce qui se passe en tournée.
03:42Donc ça c'est génial, je me suis même demandé si je n'allais pas faire un truc spécial au théâtre,
03:45mais vous avez des gens comme Patrick Préjean, qui sont des mines, et vous faites 3 heures.
03:50Mais ici, 2018-2019, vous faisiez les deux, vous animiez un jeu et vous receviez des invités actus.
03:55Et c'est pour ça que ça n'a pas marché, c'est que tu ne peux pas faire un jeu et avoir un des gens en même temps.
04:00Surtout sur une heure.
04:02Entre deux questions, on remet des boules.
04:04C'était un peu ça, c'était allez vas-y, envoie les questions.
04:06Mais non mais je suis en train de lui poser, comment quand il a perdu ?
04:09Non, non, voilà, c'est très compliqué.
04:10Il faut se concentrer sur un fil conducteur et une ligne éditoriale un peu claire.
04:15Et pour moi, je ne voulais pas faire un podcast juste pour faire un podcast,
04:19interviewer des gens, je les ai interviewés depuis 40 ans.
04:21Je voulais savoir ce dont ils se souviennent en parfum.
04:24Pour moi, c'était important.
04:25Et est-ce que ça vous donne envie cet exercice de proposer ce type d'émission à une chaîne, à une radio ?
04:29On ne le prendrait jamais.
04:30Vous dites, je ne suis pas attendu pour ça.
04:32Jamais vous arrivez avec ça, on va vous dire, alors Laurence, déjà, tu ne peux pas citer de marque.
04:37Ah oui.
04:38Donc, les noms départements, tu ne peux pas, admettons.
04:42Mais ce n'est pas quelque chose qui est dans l'air du temps.
04:46Enfin, moi, j'aurais adoré le faire en télé, ça.
04:48Parce que, déjà, en télé, on aurait eu un peu plus de moyens, on aurait pu sortir du studio,
04:52on aurait pu visiter des choses.
04:54Mais moi, je l'ai déposé, je vous dis tout de suite, le format est déposé pour la télé,
04:57parce que je me dis, il y a quelqu'un qui va me le piquer.
04:58Mais oui, on aurait pu le faire, mais moi, je me vois...
05:00D'abord, si vous ne passez pas par une énorme boîte de prod, un énorme groupe de production,
05:05vous pouvez arriver avec vos projets, on vous dit, il est très gentil,
05:07mais voilà.
05:08Donc, c'est pour ça que vous vous êtes dit, je vais le faire moi-même.
05:10Je vais le faire moi-même avec mes doigts et le peu de sous qui me reste.
05:12Je me finance moi-même.
05:13Je finance tout.
05:14Et alors, la télé, vous en êtes où ?
05:16Est-ce que vous avez complètement coupé les ponts avec France Télévisions ?
05:19Est-ce que vous discutez encore de projets ?
05:20Ah non, non, non, non, je suis partie.
05:22Non, non, je suis partie.
05:23Est-ce que vous avez proposé la présentation d'autres émissions après l'arrêt des enfants de la télé ?
05:27Euh...
05:27En tout cas, c'est ce qui a été dit.
05:29Oui, oui, il y a eu des propositions, mais il y a eu...
05:32Je l'ai dit dans le communiqué, dans la dépêche AFP, c'est clair que j'ai voulu mettre les choses au clair, voilà.
05:39Moi, on me demandait une clause d'exclusivité non rémunérée, c'est impossible.
05:44Et les choses qu'on me proposait, déjà, ça n'avait pas la même équivalence que ce que j'avais perdu avec les enfants de la télé.
05:54Mais non, enfin, voilà, c'était très confus, et surtout, cette clause d'exclusivité, et surtout, voilà, moi, je me sentais plus libre, je ne me sentais pas désirée, je ne me sentais pas...
06:09Il y a plein de choses que je ne comprenais pas, et je me suis dit, je ne peux pas rester, je ne peux pas rester dans ces conditions-là, c'est impossible.
06:18Est-ce qu'aujourd'hui, avec un peu de recul, vous avez compris pourquoi ça s'est arrêté, les enfants de la télé ? Parce que nous, on n'a pas très bien compris, on va dire.
06:23Moi non plus, je ne comprends pas. Ça ne peut pas être les audiences, parce que les audiences étaient excellents, donc je peux tout imaginer, mais je n'ai aucune...
06:31Je n'ai pas plus de réponses que ça, je ne sais pas, je me pose beaucoup de questions, je peux tout imaginer.
06:38Alors, il y a eu toutes les rumeurs aussi, on a dit, par exemple, vous pouvez peut-être y répondre ce matin, Laurence, que vous ne vous entendiez pas très bien avec la prod.
06:44Moi ?
06:44Est-ce que c'était le cas ?
06:45Non, du tout, Andemol était la prod de Money Drop, c'était la même équipe.
06:50Vous les connaissiez bien ?
06:50Bien sûr, oui, oui, oui.
06:52Il n'y avait pas de problème là-dessus.
06:53Mais il n'y avait aucun problème, on a fait une fin de tournage en se disant, on se revoit le 30 août pour tourner, je connaissais de l'équipe technique, je connais le directeur de prod, Jean-Louis Bleau, le patron d'Andemol, je le connais depuis avant qu'il soit le patron d'Andemol, je n'ai aucun problème avec la prod, non, non, non.
07:08Et alors, moi, j'ai mieux compris aussi d'où pouvez venir ces rumeurs, parfois, en lisant votre livre Showtime, Laurence Boccolini, parce que vous y racontez, par exemple, ce geste que vous pouviez avoir sur les enfants de la télé, où tout le monde veut prendre sa place, où vous appuyez votre tête sur votre coin.
07:21Et je me souviens, moi-même, en vous voyant faire ça à la télévision, me dire, ah, dis donc, Laurence, elle a l'air un peu de s'emmerder, là, bon.
07:28Et non, en fait, vous étiez en train de souffrir.
07:31Oui, oui.
07:31C'est ce que vous nous expliquez dans le livre.
07:32En fait, quand je fais ça, là, je le fais, ou quand je souffle comme ça, c'est parce que j'ai la tumeur qui tape dans mon oreille, donc pour enlever le bruit, pour que je puisse vous entendre, il faut que je bloque ici un gros passage de sang, de flux sanguin.
07:46Donc, il n'y a que comme ça que je peux faire, c'est-à-dire que je mets ma main, et là, je vous entends.
07:50Vous posez votre main sur votre...
07:52Sur votre menton.
07:53Oui, si vous posez votre main sous le menton, vous arrêtez le flux sanguin.
07:56C'est là qu'on sent les battements du cœur, donc moi, je la pose comme ça, et ça, ça bloque, et tout d'un coup, j'avais plus l'orchestre dans mon oreille.
08:05Et ça, vous n'en parliez pas à l'époque.
08:05Donc, c'est vrai que les gens me disent arrête de poser ta main, mais voilà.
08:07Vous n'en parliez pas à l'époque, vous serriez les dents, quoi.
08:12Oui, j'ai continué, mais je voulais montrer aussi qu'on peut travailler en souffrant, et bien, en plus, mais que tout n'est pas que sourire, voilà, que de temps en temps, c'est compliqué.
08:26Et puis, que vous aviez cette peur, tout le temps, d'être remplacée.
08:29Oui.
08:30C'est-à-dire que vous vivez tout le temps avec ça.
08:32Oui, mais oui, mais on vous le dit, ce n'est pas non plus un secret.
08:35Moi, j'ai travaillé très longtemps en radio, je ne suis jamais partie en vacances.
08:39Le compagnon avec qui j'étais, il y a très longtemps, me disait, mais on ne part pas.
08:42Je disais non, parce qu'on me disait, tu peux partir, mais bon, tu sais, si tu pars plus longtemps, machin, machine, ils aimeraient bien te remplacer.
08:53Même avec des records d'audience que vous faisiez, vous avez cette peur.
08:56Alors, en télé, on sait difficilement, on ne peut pas te remplacer en télé, parce que quand je faisais monnaie droite pour le maillon, c'est très compliqué.
09:03Mais il y a toujours une épée de Damoclès qui est, ça c'est parce que je ne suis pas animatrice productrice, je serais, genre, un gros truc, on ne te parle pas, on ne te parle pas, on ne te parle pas comme un chien.
09:15Mais non, c'est un peu toujours, écoute, ne te plains pas, voilà.
09:20Parce qu'il faut le dire, dans ce métier, dans beaucoup de métiers, quand on est une femme, quand c'est un homme qui dit, je suis en dépression, on dit, c'est un héros, il a enfin ouvert la voie à la santé mentale.
09:31Quand il dit, moi je me bats parce que ça, ce n'est pas bien, ce n'est pas juste, je ne suis pas payée comme je devrais, alors que je rapporte ça, on se dit, c'est un mec qui tape sur ses droits.
09:40Quand il dit, je souffre, etc., on se dit, il va bosser, il souffre.
09:46Quand c'est une nana, c'est, je souffre, elle chouine, elle se plaint tout le temps, et quand vous parlez d'argent et que vous dites, ce n'est pas juste, ça, ce n'est pas juste, parce que je veux mener mon entreprise.
09:55Moi, j'ai des choses à payer, j'ai l'oursable, j'ai pas ça, etc. On se dit, chiante, elle pense qu'au fric.
09:58Voilà la situation dans laquelle on est.
10:01Laurence Boccolini, très cash, je le disais, dans son livre Showtime, on va continuer à en parler de ce livre parce qu'il y a beaucoup de révélations intéressantes, ce sera dans un instant sur Europe 1.
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