00:02Place à votre signature Europe 1 du jour. Bonjour Charlotte Dornelas.
00:05Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06C'est donc le concert du Nouvel An sur les Champs-Elysées qui est annulé pour des raisons de sécurité.
00:12Mais comment cette décision a-t-elle été prise ?
00:14Eh bien pour des raisons de sécurité. Il y a la menace terroriste évidemment, le risque de cohue qui n'est pourtant pas nouveau.
00:21Mais il y a également l'épée de Damoclès d'une délinquance qui s'invite désormais à chaque fois que nous tentons de célébrer quelque chose ensemble.
00:27Alors on peine à regarder en face l'évolution de la situation française et parisienne en particulier.
00:32Il suffit franchement d'avoir quelqu'un que vous invitez à Paris pour vous rendre compte de la manière dont nous vivons.
00:37Paris est devenu un théâtre fait de barrières, de plombs en béton, de détecteurs, de militaires, de sentinelles, de patrouilles, de police.
00:44D'une sécurité privée recrutée un peu partout et de sirènes hurlantes du matin au soir.
00:48Difficile de penser que la décision réclamée par la préfecture et acceptée par la mairie est absurde ou déraisonnable dans les circonstances.
00:54Mais impossible de ne pas songer à y remédier.
00:58Nous ne sommes plus maîtres de nous-mêmes, contraints de punir l'ensemble, par crainte de trop punir les atomes qui brisent le contrat social de manière répétitive.
01:05Pire encore, par crainte de ces quelques-uns, l'ensemble finit par plébisciter, réclamer et même exiger ces contraintes permanentes,
01:13par peur de l'insécurité qu'ils savent malheureusement bien réelles et non sentimentales.
01:17Mais au seul respect de ces nouvelles exigences.
01:19Pour le reste, on minimise en permanence, on s'inquiète davantage d'un éventuel brainwashing.
01:24On répète qu'il est inutile d'en rajouter, que l'on risque de discriminer.
01:27On finit par retransmettre un concert à la télévision, enregistré fin novembre, en présence de figurants.
01:33Au diable la réalité, elle est Potemkin, mais Paris est toujours une fête.
01:37Vous dites si bien les choses Charlotte, il y a beaucoup de gens qui se sont reconnus dans vos mots.
01:41Pourquoi dire que ces décisions contraignantes sont le résultat de la crainte de punir ?
01:45La France Info, qui a révélé cette information, cite un commissaire de police.
01:49L'an dernier, on a eu plus de frayeur en deux heures de réveillon sur les champs qu'en trois semaines de Jeux Olympiques.
01:55Or quoi de particulier pendant les JO ?
01:57Des frontières à chaque rue, sous forme de QR code, et une identification précise de profils ultra connus et empêchés de venir.
02:04Alors que garder de cela ? Certainement pas le confinement sécuritaire pour tous.
02:07Alors sans doute, l'idée des frontières et de la sévérité à l'endroit de profils connus, mais apparemment impunis.
02:13Certains cherchent des excuses, des esquives, des circonstances sur les plateaux de télévision, soit.
02:18Mais d'autres les ont intégrés dans nos textes, rendant le travail de la police et de la justice absolument insurmontable.
02:24A chaque acte, son recours. A chaque décision, son appel. A chaque acte d'enquête, son lot de droits associés est sans cesse augmenté.
02:31Toujours plus de travail, de paperasse, de délai, de précautions.
02:34Alors le temps file, les dossiers s'accumulent, le parquet classe, les policiers recommencent.
02:38Le tribunal avertit, les policiers recommencent.
02:41Le tribunal condamne mais aménage, les policiers recommencent.
02:44Le tout entrecoupé de scandales trop souvent imprudents sur le dos d'une police exaspérée et d'une magistrature découragée.
02:51Alors tant pis pour le réveillon.
02:52On sent votre lassitude Charlotte, mais pourtant les ministres, quand on les écoute, sont déterminés à lutter contre la délinquance, voire cette criminalité.
02:59Et bien alors que cette information était révélée, deux autres passaient beaucoup plus inaperçues.
03:04Trop techniques, sans doute. Elles expliquent pourtant en partie ce qui nous arrive.
03:08La première concerne une ordonnance du 19 novembre dernier portant réécriture du code de procédure pénale.
03:13On annonce un droit d'accès élargi aux pièces du dossier, un renforcement du droit à la traduction,
03:18le droit de prévenir au moins un tiers et non plus seulement une personne en garde à vue.
03:22Tout cela c'est du temps au moins pour l'enquête, des risques de fuite et des papiers à remplir pour les enquêteurs.
03:27Il faudra également que les enquêteurs remettent à la fin de la garde à vue un document sur les modalités de contestation de l'arrestation par exemple.
03:34L'exigence est européenne et le résultat c'est une complexification, là où chacun promet de la simplification et des dossiers qui risquent de s'affaiblir encore.
03:43La deuxième information, elle, vient de la Cour des comptes, qui nous apprend en gros que 257 millions d'euros ont été perdus
03:49dans un logiciel décrié par les enquêteurs depuis longtemps, qu'ils devaient pourtant aider.
03:53Soyons concrets, il était par exemple impossible d'intégrer des fichiers supérieurs à 5MO sans dégrader leur qualité.
04:005MO c'est une photo dans une enquête par exemple.
04:03Résultat, les photos devenaient, je cite, inexploitables par les magistrats.
04:08Bon ça n'a l'air de rien mais on comprend que la chaîne pénale d'investigation s'interroge de bout en bout sur la révolution promise.
04:13Signature européenne Charlotte Dornelas, merci beaucoup Charlotte.
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