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  • il y a 10 minutes
Le frère du journaliste Christophe Gleizes est notre invité, alors que ce dernier vient d'être condamné à nouveau en appel à sept ans de prison en Algérie. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-04-decembre-2025-6004150

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Transcription
00:00Votre invité est le frère du journaliste Christophe Gleize.
00:04Bonjour Maxime Gleize.
00:05Bonjour.
00:06Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter.
00:08Après le choc, votre frère Christophe, journaliste en prison en Algérie pour avoir fait son métier,
00:13a vu hier sa peine de 7 ans d'emprisonnement pour apologie du terrorisme confirmé en appel.
00:17Je rappelle que la justice lui reproche d'être rentré en contact avec un responsable sportif militant de l'autonomie en Kabylie.
00:24Comment est-ce que vous avez réagi en apprenant cette nouvelle condamnation hier soir ?
00:28Ce matin, vous êtes sidéré, vous êtes en colère.
00:32Voilà, c'était un abattement total parce qu'on ne s'attendait pas du tout à ça.
00:37Bien sûr qu'il y avait des risques que la peine soit poursuivie,
00:42mais les bruits de couloir nous annonçaient qu'avec la diplomatie entre la France et l'Algérie,
00:49tenait à s'apaiser, donc on avait beaucoup d'espoir et on a été sous le choc.
00:53C'est un peu comme si on se prend un KO dans un ring de boxe.
00:56Et là, on essaye de se relever, de remonter avant le décompte,
01:00mais le combat continue et c'est pour ça que je suis là ici et merci de m'inviter en tout cas.
01:05Mais c'est normal et on pense bien sûr à Christophe Glez.
01:07Vous disiez votre optimisme relatif qui était aussi celui de l'avocat de Christophe Glez lundi à ce micro,
01:15parce que, dites-vous, vous entendiez des bruits de couloir,
01:17parce qu'il y avait aussi cette idée d'une forme de détente entre la France et l'Algérie,
01:21qui avait notamment abouti à la libération de Boalem Sansal.
01:24C'est ça qui vous donnait de l'optimisme ?
01:25Vous avez l'impression de vous être...
01:27qu'il y a eu une forme de tromperie, en fait, sur la détente entre la France et l'Algérie,
01:31qui fait que votre frère a été condamné de nouveau ?
01:34Je pense que l'apaisement entre la France et l'Algérie est réel.
01:38En tout cas, on a ce sentiment d'être un peu trahi, trompé,
01:42parce qu'on a eu une campagne médiatique dans le tact, dans le respect,
01:47à l'image de mon frère, qui est un homme juste et bon.
01:52Et donc, c'est vrai qu'on a cru à sa libération hier soir.
02:00Et là, on a ce sentiment d'avoir été mené un peu en bateau.
02:06Donc maintenant...
02:07Mené en bateau par qui ?
02:08Par qui est-ce que vous avez l'impression d'être trahi,
02:11trompé par ceux qui vous ont dit, il ne faut pas parler trop fort,
02:14il faut y aller avec tact pour ne pas le mettre en danger ?
02:16Le problème, c'est que c'est un peu comme une hydre avec beaucoup de têtes.
02:21On ne sait même plus par quel canal, maintenant, se fier.
02:26Donc en fait, il n'y a pas un visage d'une tromperie.
02:29C'est un ensemble de facteurs qui me dépassent.
02:33Je suis désolé, je ne suis qu'un pauvre citoyen.
02:36Je n'ai pas accès au dossier épineux.
02:41Mais voilà, j'ai l'impression d'être un peu donkey shot
02:45qui se bat contre les moulins à vent.
02:47Mais bon, en tout cas, on est encore là, on est encore vivant.
02:50Et donc, on se mobilise.
02:52Qu'est-ce que vous espérez maintenant ?
02:55Est-ce que vous espérez qu'il y ait une grâce présidentielle ?
02:57C'est ce qui avait permis de libérer Boilem Sansal.
02:59Est-ce que vous allez, vous, la famille, par le biais de l'avocat,
03:03vous pourvoir en cassation ?
03:04Puisque c'est aussi une option judiciaire.
03:07Qu'est-ce que vous espérez pour obtenir enfin la libération de votre frère ?
03:10On va essayer l'option la plus courte parce que c'est un enfer, un cauchemar que l'on subit depuis un an et demi.
03:19Et donc, la grâce présidentielle serait la possibilité de liberté la plus proche.
03:25Sauf qu'on a appris il n'y a pas longtemps que si on passe en cassation,
03:30une grâce aussi présidentielle pourrait être possible.
03:34Mais il faudrait arrêter la procédure de cassation.
03:36Donc, en fait, on est en discussion avec RSF, Soprès et ma famille,
03:40pour savoir quelle sera la meilleure procédure.
03:42Mais donc, vous avez cet espoir que votre frère bénéficie du même traitement que Boilem Sansal,
03:46c'est-à-dire une grâce présidentielle qui pourrait arriver relativement rapidement ?
03:50Totalement. En tout cas, si on n'a pas cet espoir-là,
03:54de savoir mon frère pendant 7 ans, ça va être trop difficile.
03:57Donc oui, on appelle à la grâce présidentielle, on appelle à la libération dès demain.
04:02Et vous appelez aussi à une mobilisation, Maxime Glaze.
04:05C'est ce que vous avez dit hier soir quand vous avez appris cette nouvelle condamnation en appel.
04:10Mobilisation notamment du monde du sport.
04:12Est-ce que vous considérez que cette mobilisation a été trop faible ?
04:16Trop timide. Est-ce que maintenant, il faut passer à une étape supérieure ?
04:19Timide, trop faible, je ne sais pas.
04:21En tout cas, on remercie énormément les clubs de Ligue 1 qui se sont prononcés,
04:24que ce soit Rennes, Montpellier, Nantes.
04:27Mais c'est vrai que maintenant, là, c'est un cri de désespoir, un cri d'appel.
04:31Et je me dis que si les diplomaties sont un peu en...
04:37Comment ça s'appelle ? Un peu...
04:39Quand on est sur...
04:41Quoi ? Impuissante.
04:42Impuissante.
04:43Si la juridiction est close, il n'y a plus qu'un contre-pouvoir, que ce soit le foot.
04:50Et j'espère que le foot pourra sauver mon frère.
04:51Donc j'en appelle à tous les clubs de France, tous les clubs d'Algérie, tous les clubs du monde,
04:57peu importe, à soutenir cette cause.
04:59Et peut-être que le foot libérera mon frère.
05:00En juillet dernier, votre famille, vos parents, en avaient appelé à Zinedine Zidane.
05:05Oui.
05:05Il n'y avait pas eu de réponse.
05:07Vous en appelez à lui de nouveau ?
05:09Je ne veux pas le fustiger, lui, personnellement.
05:12Mais en tout cas, oui, si des personnes de son envergure pourraient se mobiliser avec joie.
05:17Et je crois vraiment que le foot a ce côté magique de pouvoir qui pourra redorer, mettre du baume au cœur sur tout le monde.
05:27Donc en fait, si la jurisprudence et la diplomatie ne marchent plus, peut-être que le foot sauvera des vies.
05:33Je voudrais parler, Maxime Glaisse, de vos parents qui ont assisté au procès hier, qui sont encore en Algérie.
05:40Qu'est-ce qu'ils vous ont raconté de ce procès, de la façon dont cette journée s'est déroulée ?
05:44C'était une journée très, très intense parce que ça a commencé très tôt à 9h et ça a fini à 17h.
05:51Ça a été une journée bouleversante.
05:53En tout cas, tout ce que je sais, c'est qu'il y a eu énormément de questions abordées sur mon frère, sur le dossier.
05:59Il a répondu avec dignité, avec vérité.
06:04Il a fait mea culpa sur les petites fautes qu'il a pu faire.
06:10Mais en tout cas, il a eu un discours absolument prodigieux et sincère.
06:14Et je tiens aussi à saluer les plaidoiries extraordinaires des deux avocats, de Maître Daoud et Maître Bakoury,
06:20qui ont essayé de défendre mon frère par tous les moyens.
06:24Malheureusement, ça n'a pas suffi.
06:28Il a été fait état de, évidemment, et on le comprend, de vos parents effondrés au moment du verdict,
06:35au moment où on a appris ces 7 ans de prison confirmés en appel.
06:37Est-ce qu'ils ont pu échanger des mots, des gestes avec votre frère dans la salle d'audience ?
06:43Malheureusement, non, parce que la sentence a été subite.
06:48Il a été entouré de policiers.
06:50Et donc, il n'a pas trop compris.
06:51Mes parents ont essayé d'intervenir, de lui faire un câlin et d'essayer de le voir.
07:06Mais tout ce que je sais, c'est qu'il a fait un petit signe avec la main de cœur au loin.
07:12Et donc, pour montrer qu'il n'y avait pas de souci et que ça va bien se passer.
07:17Et on pense très fort à lui ce matin.
07:18Merci beaucoup.
07:18On pense à son courage.
07:20On parle beaucoup de lui, de son amour du journalisme, de son talent, de son courage.
07:27On voit ses photos qui sont affichées à la télévision.
07:30Qu'est-ce que vous pouvez nous dire de lui, de votre frère,
07:33et de ce courage qui lui permet aussi de tenir en prison ?
07:37Il était emprisonné depuis cinq mois.
07:39Je le connais bien, vu que c'est mon grand frère.
07:41Il a toujours été là pour moi.
07:42Et c'est sans langue de bois, je peux vous dire, que c'est un être absolument magnifique,
07:48d'une grande empathie du monde et des autres, une grandeur d'âme.
07:53Bon, il a des petits défauts.
07:54Il peut être un peu taquin, des choses comme ça.
07:57Mais globalement, c'est un être pur.
08:01Donc, c'est vrai que de le savoir en prison pendant sept ans,
08:04c'est comme les cordonniers sont les plus mal chaussés.
08:08J'ai envie de dire ça.
08:10Donc là, c'est un journaliste qui est condamné pour de l'injustice
08:13parce qu'il racontait juste des vies de personnes.
08:16Donc, je trouve ça un peu dur.
08:19Mais il tient.
08:20C'est ce que nous disait son avocat lundi.
08:24En disant qu'il réussit à tenir en prison, il joue aux échecs.
08:28Exactement.
08:29Il lit beaucoup.
08:30Il lisait Le Maître et Marguerite de Boulgakov,
08:33Pot de Chagrin de Balzac et Salombo de Flaubert.
08:36En tout cas, quand la dernière fois que je l'ai vu, en octobre,
08:40je l'ai vu changer.
08:43Au-delà du physique, il était resplendissant, bronzé.
08:46Mais, je ne sais pas, j'ai senti une grandeur d'âme.
08:50On parlait de Navalny.
08:51Enfin, je ne compare pas mon frère à Navalny.
08:54Mais je pense que quand on est confronté à ça,
08:58on peut en ressortir plus grand.
09:01et mon frère n'avait aucun ressentiment
09:04ni envers l'Algérie, ni envers ce qui lui arrive.
09:06Et on va essayer d'être digne jusqu'au bout, jusqu'à sa libération.
09:10Merci beaucoup.
09:10Merci, Inglès.
09:11Et on pense ce matin très fort à Christophe.
09:13Là encore, un journaliste qui fait son métier,
09:16n'a évidemment pas sa place en prison.
09:17Merci infiniment.
09:18Merci infiniment.
09:20Et merci Benjamin Duhamel à tout à l'heure pour le grand entretien.
09:23Il est 7h58 sur Inter.
09:25Merci à tous.
09:26Merci à tous.
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