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  • il y a 6 minutes
Amélie de Montchalin, ministre de l’Action et des Comptes publics, est notre invitée, alors que le projet de budget 2026 est plus que jamais incertain, face à l'opposition notamment de plusieurs alliés du gouvernement, dont Édouard Philippe. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-03-decembre-2025-5675927

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00:01France Inter, la grande matinale.
00:04Il est 7h49 sur France Inter et Benjamin Duhamel, votre invité et ministre de l'Action et des Comptes Publics.
00:11Bonjour Amélie de Montchalin.
00:12Bonjour.
00:13Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter.
00:15Vous avez la responsabilité d'une mission quasi impossible, marier les contraires et faire adopter le budget.
00:21Et ce n'est pas franchement bien parti.
00:23Edouard Philippe a indiqué qu'en l'état, ses députés horizon ne pouvaient pas voter le budget de la sécurité sociale.
00:29Ils hésitent entre un vote contre et une abstention.
00:31On parle là de vos propres alliés.
00:34Amélie de Montchalin, ils vous lâchent en race campagne ?
00:36Vous savez, ce qui est en jeu, ce n'est pas de savoir si on lâche ou pas le gouvernement.
00:39Ce qui est en jeu, c'est ce qu'on lâche les Français et ce qu'on lâche le déficit.
00:43Je m'explique.
00:45On parle d'un budget de la sécurité sociale.
00:47On vient de parler de démographie, on vient de parler de natalité, on vient de parler de retraite.
00:52C'est l'édito qui vient de se terminer.
00:54Le budget de la sécurité sociale, il fait deux choses.
00:56D'abord, il permet d'avoir plus de moyens pour des droits que les Français et des besoins que les Français ont.
01:01Je pense à l'hôpital, 3,4 milliards de plus de moyens pour l'hôpital, pour les soignants, pour les infirmières.
01:07On parle du handicap, on parle de l'autonomie, on parle des EHPAD, on parle des retraites des femmes.
01:12Ça, c'est ce qu'on peut faire avec le budget.
01:14Et surtout, ce budget, s'il n'est pas voté, et je veux le dire avec beaucoup, beaucoup de calme,
01:19mais surtout de gravité, c'est 29 milliards de déficit.
01:24S'il est voté, c'est 6 à 9 milliards de déficit en moins.
01:28Donc ceux qui s'intéressent au déficit doivent bien voir que sans budget, il y a plus de déficit.
01:33On va parler de ce qu'il y a dans ce budget de la sécurité sociale,
01:36mais sur le fait que celui qui a été votre Premier ministre, Édouard Philippe,
01:40dise qu'on ne peut pas voter ce budget.
01:43Qu'est-ce que vous lui dites ? Qu'est-ce que ça dit ?
01:44Que celui qui est censé être l'un de vos principaux alliés ne votera pas ?
01:48Il dit à ses députés « Ne votez pas le budget de la sécurité sociale ».
01:51J'ai été la ministre d'Édouard Philippe.
01:54J'ai été aussi la députée qui a porté, à l'époque, j'étais beaucoup plus jeune,
01:58les premiers budgets d'Édouard Philippe en 2017-2018.
02:02Il y a une chose que je sais qu'il a vraiment au fond de lui,
02:05c'est l'importance d'avoir des comptes publics en ordre.
02:09Et ce que je peux dire ce matin, c'est que ceux qui veulent réduire le déficit,
02:13savent que s'il n'y a pas de budget de la sécurité sociale, il y aura plus de déficit.
02:17Donc on ne peut pas vouloir réduire le déficit et ne pas voter ce budget.
02:22Moi, vous voyez, le vote, il est mardi prochain.
02:25Il est mardi prochain pour l'année prochaine.
02:27Et donc ça veut dire que d'abord, on a beaucoup de temps pour continuer à négocier,
02:30à améliorer, faire des propositions.
02:34Heureusement, le débat a commencé hier.
02:35On en a pour jusqu'à la semaine prochaine.
02:38Donc moi, je ne prends pas, vous voyez, les déclarations du début de l'examen.
02:41Donc vous espérez faire changer d'avis Édouard Philippe ?
02:43J'espère, mais pas que lui, que l'ensemble de l'hémicycle voit bien que...
02:47Vous savez où est-ce que je vois une majorité, moi ?
02:48Dans la rue, des Français.
02:51Tous les Français, majoritairement, nous disent
02:53« Mettez-vous d'accord, occupez-vous de nous maintenant.
02:572027 viendra. Dans 18 mois, on aura les grands débats,
03:00on aura les grands choix, on aura les grandes confrontations. »
03:03Mais là, on a un moment de clarification.
03:05Est-ce qu'aujourd'hui, dans l'hémicycle,
03:06il y a une majorité pour s'occuper de la France,
03:08et des Français, et des soignants, et du handicap, et des retraites ?
03:11Aujourd'hui ?
03:12Ou est-ce que tout le monde se dit
03:13« Finalement, on ne fait rien, on attend 2027,
03:15et entre-temps, le déficit est beaucoup plus grand
03:18que ce qu'il serait sans budget ? »
03:19Vous réussissez avec une forme de talent
03:21à ne pas répondre sur Édouard Philippe.
03:22C'est un homme qui veut être président de la République,
03:24qui est candidat à l'élection présidentielle.
03:26Est-ce que, quand on veut exercer les plus hautes fonctions,
03:29on peut dire
03:30« On ne vote pas le budget de la Sécurité sociale »
03:32dans le moment dans lequel on est ?
03:33Moi, je vais répondre à Édouard Philippe et à votre question.
03:35Si on veut être candidat à la présidentielle,
03:37il faut que les élections présidentielles se passent,
03:40et le débat présidentiel se passe dans un pays quand même en ordre.
03:43Et je pense que si nous n'avons pas de budget l'année prochaine,
03:46si nous avons un déficit qui est fil,
03:48si nous avons des soignants qui sont encore plus en manque de moyens,
03:52l'élection présidentielle, le débat à la présidentielle,
03:54ne se passera pas bien.
03:55Donc c'est un facteur de désordre ?
03:58Ce qui est certain, c'est que
03:59si on veut avoir un débat dans de bonnes conditions,
04:01sur des grands choix,
04:03il faut qu'il y ait de l'ordre.
04:04Il faut qu'il y ait de l'ordre dans les comptes,
04:05et ce budget y contribue un peu.
04:07Peut-être pas assez, j'entends que certains disent
04:09« On devra aller plus loin ».
04:09Très bien, c'est le mot pour ça.
04:10Donc s'il ne le vote pas, il contribuera au désordre ?
04:12Ce qui est certain, c'est qu'il faut qu'on ait de l'ordre, oui.
04:14Un mot avant de parler du fond de ce budget,
04:16comment est-ce que vous pouvez espérer une seule seconde
04:17convaincre les socialistes, les écologistes,
04:19de faire un geste en votre faveur,
04:21si celui qui est là encore votre principal allié
04:23dit lui-même « Je ne peux pas voter ».
04:25C'est-à-dire que vous dites aux socialistes
04:26« Votez ce budget que même celui avec lequel je travaille
04:28ne veut pas voter ».
04:29Vous savez, je le redis,
04:30et vraiment, ce n'est pas une figure de style.
04:33Ce qui est en jeu, ce n'est pas faire un geste pour nous,
04:35ce n'est pas faire un geste pour Sébastien Lecornu,
04:37Amélie de Montchalin.
04:38Les Français ont d'autres choses ce matin
04:41dans leur radio à écouter
04:43que de savoir ce qu'ils pensent de nous.
04:44C'est qu'est-ce qu'on fait pour eux ?
04:46Qu'est-ce qu'on fait ?
04:46Je peux vous faire la liste pour le congé de naissance.
04:48On vient d'en parler.
04:49On a un problème démographique.
04:50Est-ce que, oui ou non,
04:51les femmes, l'année prochaine,
04:52ont plus de temps avec les jeunes pères
04:54et les jeunes mères pour accueillir les enfants,
04:56pour précisément soutenir les jeunes familles ?
04:58Est-ce que, oui ou non,
04:58on lance un plan massif de prévention
05:01des maladies chroniques ?
05:02On a 14 millions de Français
05:03qui ont une maladie chronique.
05:04Est-ce que, oui ou non,
05:05on a ce plan de prévention ?
05:06Amélie de Montchalin, je vous propose
05:06qu'on comprenne un point très précis,
05:07justement, qui concerne
05:08l'action du gouvernement
05:10sur la question des franchises médicales.
05:12Il s'avère que,
05:13pour que les socialistes se décident
05:14éventuellement à voter
05:15pour le budget de la Sécurité sociale,
05:16ils disent, nous,
05:17on est prêts à regarder ça,
05:19notamment à condition
05:20que le gouvernement renonce formellement
05:21à doubler les franchises médicales,
05:23c'est-à-dire ce qui vous reste à payer
05:25quand vous allez chez le médecin
05:25ou quand vous achetez des médicaments.
05:27Est-ce que, ce matin,
05:28sur France Inter,
05:28vous êtes en capacité de dire
05:29« On les a entendus,
05:30on ne doublera pas, par décret,
05:32je précise,
05:33ces franchises médicales ? »
05:34Ce que je peux vous dire,
05:35c'est que pourquoi on prendrait les décrets
05:37et pourquoi on serait obligé de les prendre,
05:38c'est s'il n'y a pas de budget.
05:40Donc, ce que je peux vous dire,
05:40c'est que si on a un budget,
05:41on a beaucoup, beaucoup,
05:42beaucoup moins de besoin
05:43de prendre ces décrets,
05:45alors que s'il n'y a pas de budget voté.
05:46Oui, sauf que si vous ne dites pas
05:47qu'il n'y aura pas de doublement,
05:48il n'y aura peut-être pas de budget.
05:49Oui, mais vous voyez,
05:50les franchises, on a bien compris,
05:52il y a un débat des genres de fonds,
05:53c'est qui les paye ?
05:54Aujourd'hui, il y a 18 millions de Français
05:55qui ne payent pas les franchises.
05:56C'est les mineurs,
05:57c'est les personnes qui ont
05:58des très faibles revenus,
05:59c'est les personnes qui sont éligibles
06:00aux minima sociaux,
06:01c'est les femmes enceintes.
06:02Moi, je trouve qu'un bon débat,
06:03c'est est-ce que, par exemple,
06:04les jeunes, on veut aller
06:05jusqu'à 21 ans, jusqu'à 25 ans
06:06pour ne pas payer les franchises ?
06:07Donc, vous ne pouvez pas dire
06:08ce matin, Amélie de Monchalin,
06:09on renonce à doubler
06:10les franchises médicales.
06:11Je veux dire qu'on peut discuter
06:12de beaucoup de choses,
06:14mais ce qui est certain,
06:14c'est que s'il n'y a pas de budget,
06:16à la fin, et je pense que
06:17c'est très antidémocratique
06:18et que ce serait un mauvais choix
06:19pour le pays,
06:20s'il n'y a pas de budget,
06:21je ne peux pas vous dire,
06:21vous voyez, les franchises,
06:22il n'y en aura jamais.
06:23Elles ne seront jamais doublées.
06:25Parce que je le redis,
06:33ce sera très antidémocratique,
06:34mais ce sera la seule solution.
06:36Moi, je pense que dans une démocratie,
06:37les parlementaires sont là pour voter
06:38et qu'ils ont dans leurs mains,
06:41mardi prochain,
06:42un bulletin de vote
06:42qui a une immense valeur.
06:44Est-ce que, oui ou non,
06:45justement, peut-être
06:46on évite ces mesures.
06:47Peut-être on les remplace
06:48par d'autres économies.
06:49Donc, s'il y a un budget,
06:51vous ne doublerez pas
06:51les franchises médicales ?
06:52Je dis que,
06:53si on s'engage
06:53d'une négociation
06:54et qu'à la fin,
06:55on fait d'autres choix
06:56par le vote
06:57et qu'on construit autre chose
06:58de manière, par un compromis,
07:00on peut effectivement
07:01faire autrement.
07:03Et je vous le redis,
07:03que les Français comprennent.
07:04Si les parlementaires ne votent pas,
07:06s'ils disent,
07:07au fond,
07:07on ne prend pas nos responsabilités,
07:08on laisse le gouvernement se débrouiller
07:09et oui, le déficit,
07:10il va vers 30 milliards.
07:11Qu'est-ce qu'on fera, nous ?
07:12Mais je vous le dis,
07:13on sera obligés
07:13de faire des choses par décret.
07:15Ça ne me semble pas
07:16être la bonne manière
07:17de gouverner le pays.
07:18Mais je suis frappé,
07:18Amélie de Monchérlin,
07:19par le discours que vous tenez ce matin
07:20sur les risques
07:21que court la France
07:22si ce budget n'est pas voté.
07:24Vous avez dit aussi,
07:25s'il y a une loi spéciale,
07:27c'est-à-dire si le budget
07:27est reconduit de 2025 à 2026,
07:29on risque une crise financière
07:31et économique très grave.
07:32Il y a un an,
07:33Elisabeth Borne disait,
07:34s'il n'y a pas de budget,
07:35si c'est une loi spéciale,
07:36les cartes vitales,
07:36elles arrêteront de fonctionner
07:37au 1er janvier.
07:38Est-ce que c'est le discours
07:39du gouvernement
07:39de dire que ça va être
07:40une pluie de sauterelles
07:41et une catastrophe pour l'économie
07:43si le budget n'est pas voté ?
07:44Je ne vous parle
07:45ni des sauterelles
07:46ni des cataclysmes.
07:47Je vous parle
07:47de ce qui ne se passera pas
07:48s'il n'y a pas de budget.
07:50Ce qui ne se passera pas,
07:51c'est que l'hôpital,
07:52je ne pourrai pas
07:53et je n'aurai pas
07:54le droit constitutionnel
07:55d'y mettre
07:56les 3,5 milliards d'euros
07:57qui sont nécessaires.
07:57Mais qu'est-ce qui s'est passé
07:58il y a un an ?
07:59Il s'est passé
07:59qu'on a eu un budget
08:00en février,
08:01on a eu ensuite
08:02un budget en mars
08:02et vous savez que le budget
08:03de la Sécurité sociale...
08:04Mais donc là,
08:04si le budget n'est pas voté
08:05en décembre,
08:05ce n'est pas forcément
08:06une catastrophe.
08:06C'est là qu'il faut
08:07qu'on explique aux gens.
08:08Ce qui s'est passé
08:09entre M. Barnier
08:09M. Bayrou,
08:10c'est que le gouvernement
08:11est tombé
08:12mais lui,
08:12le budget,
08:13il est resté à l'Assemblée
08:14et on a repris,
08:15vous vous souvenez,
08:16en janvier,
08:16les discussions sur ce texte.
08:18Si là,
08:19dans les prochains jours,
08:20les députés rejettent le texte,
08:22il n'y aura plus rien
08:22sur la table.
08:23Ça veut dire
08:24qu'on commencera l'année
08:24sans budget
08:25mais qu'il faudra
08:26qu'il y ait un gouvernement
08:26qui réécrive
08:27toute une proposition,
08:29qui aille ressaisir
08:29le Conseil d'État,
08:31tous les hauts conseils
08:31et ça veut dire
08:32qu'on n'aura pas de budget
08:33avant le mois de mars,
08:34c'est le mois d'avril
08:34et oui,
08:34je peux vous dire
08:35que si la France
08:36le 1er janvier se réveille
08:37en disant
08:38vous voyez,
08:38on a rejeté les textes,
08:40on n'a aucune perspective
08:40de comment on va faire,
08:42oui,
08:42ce jour-là,
08:43nos créanciers,
08:43nos partenaires
08:44et les Français,
08:46oui,
08:46on aura une crise,
08:47un affaiblissement
08:48et qui se réjouira ?
08:49Eh bien,
08:49ceux qui veulent notre échec
08:50et je pense qu'on voit bien tous
08:52que ce n'est pas
08:52ce que nous pouvons
08:53et nous devons faire,
08:54nous avons la responsabilité
08:55de réussir.
08:56Merci beaucoup Amélie de Montchalin,
08:57ministre du Budget
08:58d'être venu sur France Inter.
09:00Et merci Benjamin Duhamel,
09:01il est 7h58.
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