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Déplacement d'Emmanuel Macron en Chine : quels enjeux commerciaux et diplomatiques pour cette quatrième visite d'Etat du président à Pékin ? Regardez Laure Pallez, spécialiste des relations sino-américaines et directrice associée de Mascaret.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 03 décembre 2025.

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Transcription
00:00Il est 7h42.
00:01Thomas Soto, RTL Matin.
00:04Alors qu'Emmanuel Macron entame aujourd'hui une visite d'Etat de trois jours en Chine,
00:06on va essayer de comprendre les enjeux nombreux de ce voyage avec vous,
00:09Laure Palaise, spécialiste des relations sino-américaines,
00:12directrice associée chez Mascaré et qui a vécu dix ans là-bas en Chine.
00:15Bonjour et bienvenue sur RTL, Laure Palaise.
00:17Bonjour Thomas Soto.
00:18Déjà, en quoi une visite du Président de la République, de notre Président en Chine, est-elle un événement ?
00:22C'est un événement pour nous ou c'est un événement pour les Chinois ?
00:24Alors, c'est un événement pour les deux pays.
00:25Oui, le Président s'est engagé en 2017 à maintenir un dialogue régulier avec ce pays
00:30dans une relation qu'il qualifie d'exigeante et respectueuse.
00:34Donc, la Chine est un grand partenaire de la France.
00:37Donc, cette visite s'inscrit dans ce contexte,
00:41sachant que la Chine est, pour l'Union Européenne, je vous le rappelle,
00:44un rival systémique, un partenaire et un concurrent.
00:47Comment vous qualifiez aujourd'hui les rapports entre Emmanuel Macron et le Président chinois, Xi Jinping ?
00:51Ils sont cordiaux, ils doivent se parler.
00:53Et la Chine, évidemment, regarde la France et l'Union Européenne de près dans sa rivalité avec les Etats-Unis.
01:00Et la Chine nous regarde de près ou nous regarde de haut, très honnêtement ?
01:03Parce que j'ai vu qu'avant la visite, les Chinois ont appelé à un renforcement des liens entre nos deux pays.
01:07Ça, c'est pour être mal ou c'est une vraie stratégie ?
01:09Il y a un vrai enjeu pour eux ?
01:10Il y a un vrai enjeu parce qu'aujourd'hui, globalement, au plan macroéconomique,
01:15ce qu'il se passe, c'est que les Chinois exportent beaucoup, comme vous le savez,
01:18près de 20% des exportations mondiales viennent de la Chine quand c'était seulement 10% en 2010.
01:22Et le Made in China qu'on retrouve dans nos rayons.
01:24Et en plus, 2025, c'est une année charnière en Chine parce qu'il y a eu un plan en 2015
01:30qui a établi l'indépendance et la priorisation des secteurs clés en Chine.
01:34Donc, il y a cet enjeu. Les Européens, eux, épargnent beaucoup, ils ne produisent pas assez.
01:40Donc, il y a un déséquilibre commercial.
01:42Déficit commercial, 306 milliards de dollars.
01:45Pour l'Union Européenne, pour nous, c'est 47 milliards.
01:47Vous avez, voilà, 47 milliards, c'est-à-dire la moitié de notre déficit commercial,
01:52rien que pour la France, quand l'Allemagne, elle, a près de 90 milliards d'euros de déficit.
01:57Voilà, donc c'est un moment important.
01:592025, pour moi, c'est un point de bascule.
02:01Parce que, pour la première fois, on a des dirigeants européens
02:05qui théorisent le retour des technologies de la Chine vers l'Europe.
02:10Et qui disent, aujourd'hui, la Chine est tellement avancée dans certains domaines,
02:14les batteries, l'intelligence artificielle, les drones,
02:17qu'il est temps de partager les fruits de l'innovation.
02:19Alors, les entreprises n'ont pas attendu, évidemment, les dirigeants pour ce faire.
02:23Néanmoins, on constate que 2025, c'est une année vraiment importante.
02:26Il y a quand même quelque chose qui a changé, pardon de vulgariser peut-être un peu trop,
02:29mais il y a quelques années, on disait, la Chine, tiens, ils nous copient et ils font pareil.
02:33Aujourd'hui, ils sont très forts en technologie et ils n'ont plus rien à nous envier.
02:37Que ce soit sur, vous le disiez, l'intelligence artificielle, les voitures électriques,
02:41peut-être les avions aussi, ils font faire leurs avions.
02:42Alors, justement, la Chine, elle en passe de devenir le plus grand marché mondial de l'aviation
02:46et elle a acheté pour près de 3 milliards de dollars de moteurs d'avions à la France cette année.
02:50Donc, on leur envoie quand même ?
02:51On leur envoie. Donc, ça, c'est un domaine où on est encore fort.
02:55Et de toute manière, dans la mondialisation qu'on connaît, il faut des échanges mutuellement bénéfiques.
03:03Mais vous avez tout à fait raison, on vit aujourd'hui 40 ans de transferts technologiques
03:07et j'ai envie de dire même encore peut-être pire, on subit une double dépendance.
03:13Parce qu'à l'époque, quand on leur vendait un Airbus, on leur vendait aussi le savoir-faire pour qu'ils le fabriquent là-bas.
03:17Alors, tous négociaient, les Chinois adorent négocier, mais c'est vrai qu'on a transféré beaucoup de choses,
03:22beaucoup de savoir-faire, de technologies sensibles qui ont été développées à l'échelle par la Chine.
03:28Il n'est pas tout seul dans son avion qui le mène à Pékin en ce moment.
03:30Emmanuel Macron, il y a 6 ministres et environ 35 patrons.
03:33On va signer quoi ? Alors quoi ? Des moteurs d'avion ? Quoi d'autre ?
03:35Il va y avoir plein d'accords commerciaux parce que derrière les sourires et les rubans coupés,
03:40bien sûr, il y a énormément d'accords dans la finance, l'aéronautique, le développement durable, l'énergie, l'intelligence artificielle.
03:47Donc c'est utile quand même cette visite à Pékin.
03:49Mais c'est tout à fait utile. Il faut maintenir un dialogue.
03:51Cela dit, j'imagine que ça n'a pas échappé aux Chinois.
03:53Il y a un Chinese bashing en France, on l'a vu avec Chine.
03:57Est-ce que les Chinois prennent ombrage de ça ou est-ce que ça leur passe au-dessus de la tête ?
04:01Non, non, ils sont extrêmement...
04:02Je suis allée vérifier un petit peu sur les réseaux sociaux chinois, en chinois, comment ça se passe en Chine.
04:09Parce qu'effectivement, ils sont quand même très embêtés, très gênés d'être accusés de déverser vraiment les plus mauvais produits chez nous.
04:19Par ailleurs, ils sont très précautionneux sur ces fameux transferts de technologies.
04:23On disait, attendez, nous, on a beaucoup progressé, donc on ne va pas tout rendre.
04:27Et effectivement, moi, je pense que la question, c'est pourquoi ces produits ont un tel soft power en Europe ?
04:33Que ce soit attractif.
04:37Que ce soit TikTok, BYD, les voitures, Chine, vous en avez parlé, Huawei.
04:43Donc, voilà.
04:45BYD, j'entendais une pub pour une voiture électrique en venant cette nuit.
04:48Ils annoncent une voiture avec une autonomie de 1016 kilomètres.
04:51Ah oui.
04:52Une voiture électrique, ça prouve bien qu'ils ont pris de l'avance sur nous.
04:55Et les droits de douane qu'on va mettre sur les petits paquets en provenance de Chine, ça ?
04:59Ça leur fait peur ou ça les fait sourire ?
05:02Ce n'est pas du Trump ce qu'on fait, nous.
05:04Non, ce n'est pas encore du Trump.
05:05Après, à quelle échelle ?
05:07Est-ce qu'on va se mettre d'accord entre nous les 27 ?
05:10Comment on va vérifier la valeur des paquets ?
05:13Il y a beaucoup de questions qui se posent autour de ces quotas.
05:16Et pour l'instant, comme il n'y a pas de solution locale alternative,
05:20ils se disent qu'on est tranquille.
05:22Alors, il y a le volet économique et puis évidemment un volet politique à ce déplacement, à cette visite d'État.
05:27De qui la Chine est-elle l'alliée aujourd'hui ?
05:29Est-ce que Xi est plus proche de Poutine ou de Trump ?
05:32La Russie ou des États-Unis ?
05:33Xi Jinping, elle dit que la Chine est un partenaire.
05:40Elle est proche de Poutine, en particulier sur le dossier ukrainien qu'on regarde tellement.
05:47La Chine n'a jamais condamné l'invasion russe en Ukraine.
05:49Il dit qu'on est neutre.
05:50Non, alors ce qu'il dit, c'est qu'il n'y a pas de vainqueur dans un conflit,
05:53mais il n'y a pas de perdant dans une négociation.
05:54Voilà le discours un peu officiel de Pékin.
05:56Est-ce qu'il était assez proche de Trump, finalement ?
05:58Oui, vous avez raison.
06:00Oui ?
06:01Oui.
06:01Est-ce que Pékin pèse sur Vladimir Poutine ?
06:03Est-ce que quand Xi Jinping appelle Poutine pour dire « là, tu arrêtes » ou « là, tu fais ça »,
06:07Poutine l'écoute ? Parce qu'on sait que nous, il ne nous écoute pas.
06:09On sait qu'il n'écoute pas forcément Trump.
06:10Est-ce qu'il écoute Pékin ?
06:11En tant que membre du Conseil de sécurité de l'ONU, la Chine, elle pèse sur le jeu international sécuritaire.
06:19Donc, on peut espérer, oui, qu'elle va contribuer au cessez-le-feu et à trouver une solution de paix.
06:24En tout cas, les deux pays ont une relation plus forte qu'avant parce qu'on a aussi un peu abandonné ce terrain-là, vous voyez.
06:30Et puis aussi, il y a le sujet qui fâche.
06:32Alors, on ne sait pas s'il sera abordé par Emmanuel Macron, c'est Taïwan.
06:34Pékin considère comme faisant partie intégrante de la Chine.
06:37C'est ce qu'ils appellent le principe d'une seule Chine.
06:40Emmanuel Macron n'a pas marqué des points quand il a comparé la situation en mer de Chine, précisément à la guerre en Ukraine.
06:44Est-ce que dans ces visites d'État, on aborde tous les sujets ou on va se concentrer sur l'économique pour ne pas se fâcher et ne pas contrarier des négociations ?
06:51Alors, les sujets durs vont être traités à Pékin.
06:54Les sujets plus faciles, on va dire culturels, académiques vont être traités dans le Sichuan.
07:00Vous avez vu que l'État se déplace dans le Sichuan à l'université de Chine.
07:04Et les pandas ?
07:05Les pandas et les étudiants aussi parce que les échanges humains, dans des moments tellement compliqués qu'on vit, c'est important.
07:10Donc, il va y avoir des moments forts, des moments plus durs.
07:13Évidemment, Taïwan est un élément extrêmement important dans l'opinion publique chinoise.
07:19Et vous savez, c'est un peu le caillou dans la chaussure de Xi Jinping Taïwan.
07:21Donc, c'est un dossier qu'il va regarder de près.
07:24Il veut effectivement que la France tienne le statu quo.
07:27On a l'impression qu'il va falloir marcher sur un fil pendant cette visite.
07:30Ça ne doit pas être simple d'arranger tous les bidons.
07:33Non.
07:33Et nous, vraiment notre enjeu, c'est d'avoir cette double dépendance au hardware chinois et au software américain.
07:39Et de trouver, quelque part, une porte de sortie en construisant une dépendance réciproque.
07:46Leur palais, on l'oublie un peu, mais la Chine est une dictature.
07:49Le sujet des droits de l'homme, c'est devenu hors sujet.
07:51C'est le tabou. On fait même plus semblant d'en parler.
07:53Il y a quelques années, quand Nicolas Sarkozy, François Hollande se rendaient là-bas, on disait, ah oui, je parlerai des droits de l'homme aujourd'hui.
07:59C'est un sujet extrêmement politique.
08:01C'est à nos politiques de mettre le curseur, je pense, entre éthique, valeur et intérêts commerciaux.
08:07Je le disais, pour finir, vous avez vécu dix ans en Chine, c'est ça ?
08:10Oui.
08:10Comment vous regardez, vous, la Française ? Quel regard ont porté sur vous ?
08:15Alors, on a la cote.
08:17En Chine, les Français sont vraiment perçus comme un peuple romantique, un peuple sympathique.
08:25Et on a beaucoup de choses en commun.
08:27C'est vrai que beaucoup de mandarins, alors je dis les mandarins, c'est vraiment les hauts dignitaires chinois, ont été formés au XXe siècle à Paris.
08:33On a vraiment un héritage entre nos deux pays qui est très important et qu'il faut continuer de construire.
08:40Merci beaucoup, Laure Palace, d'être venu ce matin mettre en perspective cette visite d'État.
08:43Je vous rappelle que l'avion présidentiel français se posera à 10h10, heure de Paris.
08:47Il arrivera à Pékin pour commencer.
08:49Dans un instant...
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