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00:00Et on passe à notre focus de ce dimanche soir. On s'intéresse à un sujet qui fâche les prix des billets d'avion en Afrique.
00:08À l'heure où l'intégration régionale est un objectif affiché, se déplacer d'un pays africain à un autre coûte parfois plus cher qu'un vol intercontinental.
00:17La faute à un cocktail explosif, de taxes élevées, d'un marché fragmenté ou d'une faible concurrence.
00:23Pourquoi ces prix sont-ils si élevés ? Surtout, comment faire pour changer la donne ? Pour en parler, on reçoit Paul Quimbaretto, professeur à la Montpellier Business School,
00:36directeur de la chaire Pégase sur l'économie du transport aérien. Merci à vous de nous rejoindre sur France 24.
00:43Merci pour cette invitation.
00:45Alors vous travaillez sur l'économie du transport aérien depuis des années. Expliquez-nous d'abord en quelques mots pourquoi les billets d'avion sont si chers vers l'Afrique, mais aussi entre pays africains ?
00:57Absolument. En Afrique, en moyenne, les billets d'avion sont 30 à 40% plus chers à distance équivalente par rapport à ce qu'on pourrait trouver en Asie, en Europe ou aux Etats-Unis.
01:07Et c'est une conjonction de facteurs qui est assez intéressante. Ça s'explique à la fois par des facteurs relatifs au coût de l'énergie, au coût du kérosène, tout simplement,
01:14qui est beaucoup plus élevé en Afrique que dans d'autres pays, à la prépondérance des taxes aussi, qui sont significativement plus importantes en Afrique.
01:23On va avoir aussi des problèmes qui sont liés au volume de passagers. Après tout, l'Afrique, c'est 12% de la population, mais c'est seulement 2% des passagers.
01:30Donc en fait, on n'arrive pas à générer suffisamment d'économies d'échelle pour faire baisser les prix.
01:34Et puis surtout, malheureusement, c'est le manque de libéralisation, le manque de concurrence en Afrique.
01:40Et c'est ce cocktail un peu de facteurs qui explique les prix beaucoup plus élevés en Afrique.
01:45Alors aidez-nous à comprendre, sur un billet d'avion, quelle part revient en moyenne à la compagnie ?
01:51Quelle part est absorbée par les taxes et les redevances ?
01:55Alors ça va dépendre, mais globalement, ce qu'il faut retenir, c'est qu'en Afrique, les taxes et les redevances,
02:00elles vont représenter jusqu'à 60-70% du prix du billet, alors que, de manière générale, dans le monde, on est plutôt autour de 45-50%.
02:09Donc ça veut dire que ces taxes, elles sont beaucoup plus importantes. C'est énorme, exactement.
02:12Alors, qui fixe les taxes ? Est-ce que les gouvernements africains ont une marge pour alléger ces taxes ?
02:21Alors, il y a des taxes qui sont liées aux États, en tant que telles, et après, vous avez les redevances.
02:26Les redevances, elles sont finalement payées par les compagnies aériennes, par les passagers, aux aéroports,
02:32pour l'utilisation de leurs infrastructures, à chaque fois qu'un avion va atterrir, qu'un avion va décoller,
02:37qu'un avion va être au contact du terminal.
02:40Et en fait, ce qui est assez paradoxal, c'est que les aéroports africains sont relativement petits en taille,
02:45et donc, résultat, ils ne génèrent pas beaucoup d'argent pour les recettes qui sont non-aéronautiques,
02:51c'est-à-dire les duty-free, les restaurants, les parkings pour les voitures.
02:55Et finalement, les aéroports africains sont obligés d'aller chercher de l'argent uniquement sur les recettes aéronautiques,
03:01ces redevances-là, et donc, résultat, ça coûte beaucoup plus cher.
03:04Et aussi, un des enjeux, c'est que finalement, vu qu'il y a peu de passagers, en tant que tels,
03:09dans les avions ou dans les compagnies africaines, ces coûts qui sont souvent des coûts fixes,
03:14il faut les répartir sur un nombre plus faible de passagers,
03:17et donc, résultat, ça contribue à attirer à la hausse les prix.
03:20Alors, quelle est la solution, finalement ? Comment est-ce qu'on peut s'en sortir ?
03:27Alors, la solution principale, même s'il y en a plusieurs sûrement à travailler,
03:32mais en tout cas, l'axe principal d'amélioration, c'est la libéralisation du transport aérien africain.
03:38Actuellement, le marché africain n'est pas assez libéralisé,
03:41il y a eu des premiers accords qui ont lieu à la fin des années 90,
03:45les accords de Yannick-Sokro.
03:47Il y a eu un accord, après, en 2018, mais qui n'a pas été ratifié par l'ensemble des pays
03:52et qui n'est pas encore totalement mis en place.
03:54C'est le fameux projet du ciel unique africain ?
03:57Absolument, tout à fait.
03:59C'est le ciel unique africain.
04:01Actuellement, vous n'avez qu'une douzaine de pays qui l'appliquent véritablement,
04:04et toutes les études montrent que, si cet accord était mis en place,
04:09on arriverait à faire baisser les prix de l'ordre de 25 % dans les deux années qui suivent la signature.
04:15Donc, ça veut dire que c'est un véritable levier de pouvoir d'achat
04:18pour les passagers aériens africains, cette libéralisation.
04:21Puis, cette libéralisation, elle va générer plus de vols
04:24et qu'elle va permettre l'entrée de nouvelles compagnies,
04:26dont, entre autres, les compagnies à bas coût.
04:28Justement, pourquoi, très rapidement, pourquoi il n'y a pas plus de compagnies low-cost pan-africaines,
04:34notamment, comme c'est le cas ailleurs dans le monde ?
04:36Absolument, tout à fait.
04:38Alors, il y a quelques compagnies aériennes low-cost africaines,
04:41mais globalement, elles sont peu représentées.
04:44Elles représentent à peu près 10 % du volume de passagers en Afrique
04:47contre à peu près 35-40 % dans le reste du monde.
04:50Donc, c'est relativement peu.
04:52Pourquoi ? Parce que les taxes sont très élevées, trop élevées.
04:55Et ça, qu'on soit low-cost ou une compagnie aérienne traditionnelle,
04:57on ne peut pas baisser les taxes.
04:58Et donc, finalement, les marges de manœuvre sont plus faibles.
05:01Il n'y a pas assez de passagers aussi pour pouvoir permettre aux avions
05:04de voler suffisamment dans la journée,
05:06donc d'améliorer la productivité, d'une certaine façon, de ces avions.
05:10Le carburant coûte très cher aussi, et c'est un des postes principaux.
05:14Donc, résultat, les marges de manœuvre sont pour l'instant limitées.
05:17Mais surtout, c'est la barrière légale,
05:18l'impossibilité de pouvoir rentrer sur ces marchés
05:21qui sont trop souvent protégés pour protéger, en fait, la compagnie aérienne nationale.
05:25Merci beaucoup, merci beaucoup, Paul Kian Barreto.
05:28Merci beaucoup d'avoir été avec nous dans ce journal de l'Afrique.
05:31C'est la fin de ce journal.
05:32Merci à tous ceux qui nous ont suivis partout dans le monde.
05:34De Bissau à Tannanarive, en passant par Montpellier.
05:37Restez avec nous, car l'actualité continue sur France 1.4.
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