- il y a 2 jours
Du 17 au 23 novembre a eu lieu la semaine de l’Industrie. L’occasion pour les invités de SMART TRENDS de revenir sur les enjeux de la réindustrialisation française et de ce qu’elle peut apporter en termes de souveraineté et d’écologie.
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00:00Smart Trends consacré aux défis de l'industrie. Je vous présente tout de suite mes invités à
00:10l'occasion de la semaine de l'industrie qui vient de se terminer. Lauren Talon, bonsoir,
00:14bonjour, bienvenue. Vous êtes directrice générale adjointe de Gobilab. J'accueille
00:18également David Lolo, bonjour. Bienvenue, économiste, chef de projet à la fabrique de
00:22l'industrie. Alice Vieillefos, bonjour. Vous êtes la directrice générale de Gravity et Pierre-Emmanuel
00:27Martin, bonjour. Bienvenue à vous aussi, le président de Carbone. Qu'est-ce qu'elle représente pour
00:31vous, Lauren Talon, cette semaine de l'industrie ? Est-ce que c'est un rendez-vous, l'occasion de
00:36faire passer un certain nombre de messages ? C'est la mise à l'honneur des entreprises qui fabriquent
00:40en France et c'est notre cas chez Gobilab depuis 15 ans. On fabrique des produits réutilisables en
00:45France, on crée de l'emploi en France, on a une dizaine de partenaires industriels sur tous les
00:49territoires, près d'Auxerre, près de Lyon, dans le massif central. On a créé ainsi une cinquantaine
00:55d'emplois indirects et indirects, donc on est très heureux de cette mise à l'honneur.
00:58C'est un engagement de produire en France ? Oui, on s'est créé il y a 15 ans et on a fait ce choix
01:05depuis le début parce qu'on voulait créer de l'emploi local, avoir des conditions de travail
01:08transparentes et puis on a fait le choix surtout d'inventer les produits qu'on fabriquait et on
01:14aurait pu les sourcer en Asie sur l'étagère et donc on a fait ce choix pour les entreprises, nos
01:21clientes, de fabriquer localement. Alors il y a clairement cette volonté de réindustrialisation
01:27David Lolo, portée par le Président de la République, par le gouvernement, c'est pas seulement en France,
01:31c'est dans d'autres pays européens qui sont peut-être un peu moins frappés par la désindustrialisation
01:37que nous, mais entre la volonté politique et la réalité, il y a un gap quand même, il y a un sacré gap.
01:44Effectivement, il y a un gros sujet sur la réindustrialisation, le contexte économique. L'industrie est clairement
01:52revenue sur le devant de la scène depuis quelques années avec à la fois un contexte économique qui a changé,
01:59un contexte géopolitique qui a également changé avec une volonté du coup de rapatrier nos chaînes de
02:06malheur, de les rapprocher de nos clients, avec également une volonté par la réindustrialisation de réduire notre
02:12empreinte carbone. Donc il y a aussi ce sujet-là qu'on pourra aussi traiter. Mais c'est vrai que
02:17réindustrialiser n'est pas simple. Je pense à plusieurs défis. En fait, le premier, c'est la compétitivité
02:24coût de l'industrie française qui a encore du mal à être acquise face à la concurrence internationale
02:30et notamment asiatique. Et également un deuxième vaste défi structurel qui attend l'industrie, c'est la
02:36rareté un peu des ressources, des ressources foncières parce qu'on tend vers un objectif de zéro
02:42artificialisation nette, une rareté des ressources également, des compétences et des matières
02:51premières.
02:52Alors vous avez posé un certain nombre de chapitres qu'on va aborder dans cette émission. C'est super.
02:55C'est pour ça que j'avais prévu de vous donner la parole assez tôt parce qu'effectivement,
03:00on va parler de ces enjeux de transformation et de transition environnementale. On va parler des
03:06enjeux de souveraineté. Évidemment, je me tourne vers vous très vite parce que vos entreprises,
03:10elles sont au cœur de ces enjeux. On va parler évidemment des terres rares parce que
03:16ça fait partie de la problématique de la souveraineté. Enfin bref, les collectivités
03:21locales aussi. Tiens ça, ça me semble être un événement, un élément très important
03:25de notre débat. Je veux bien que vous nous présentiez vos entreprises. Je commence avec
03:30vous Alice Vieillefosse et peut-être en faisant le lien avec la souveraineté. Gravity, c'est quoi ?
03:33Alors Gravity, c'est une entreprise qui a été créée en 2022 sur la base de trois
03:38convictions. La première conviction, c'est que si on veut décarboner l'économie, il
03:42faut qu'on décarbone la matière et donc la façon dont on produit aujourd'hui la
03:47matière. Et une des matières qui est la plus utilisée dans notre vie de tous les
03:50jours, c'est l'acier. L'acier, vous en avez partout. Vous en avez dans les voitures,
03:53dans les trains, dans les bâtiments. Et l'acier, aujourd'hui, il est responsable de 8%
03:58des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Donc il a un impact majeur en fait
04:02aujourd'hui dans le réchauffement climatique. Une des difficultés sur l'acier aujourd'hui,
04:08c'est cette utilisation du charbon. Alors que pourtant, l'acier, il est recyclable à
04:12l'infini. Et c'est quand même une vertu qui est incroyable. Et il faut arriver à le
04:17recycler. Mais il faut arriver à le recycler avec une dilution des impuretés. Et donc,
04:23on a besoin d'un produit intermédiaire, le DRI. Et c'est ce fameux fer réduit métallique
04:28pur que Gravity a décidé de produire en France. D'accord. Donc ça, c'est notre
04:33deuxième conviction. C'est que pour arriver à décarboner, ce n'est pas juste une
04:37décarbonation de l'usage final, mais c'est la décarbonation de la chaîne de valeur
04:41dont on parlait. Et cette chaîne de valeur, elle est essentielle pour arriver à avoir
04:44la souveraineté. Parce que si on a le produit final, mais qu'on n'a pas les ingrédients
04:48pour le produit final, ça ne fonctionne pas. Et à ce moment-là, on a une rupture d'approvisionnement
04:52et on n'a pas de souveraineté sur l'acier. La troisième conviction, c'est que si on regarde
04:57l'acier, en fait, la décarbonation, c'est l'avenir de l'acier européen. Et pourquoi ?
05:02Parce qu'en fait, on n'a pas d'énergie fossile en Europe. Et qu'aujourd'hui, on a des hauts
05:06fourneaux qui sont vieillissants. Et donc, finalement, c'est une opportunité aussi. Il faut
05:10qu'on saisisse ça. On a la capacité d'utiliser de la ferraille aujourd'hui recyclée, de produire
05:15ce DRI en Europe. Et donc, on aura l'opportunité de maintenir de l'acier fabriqué en Europe
05:22de façon décarbonée. Et donc, c'est ça que Gravity oeuvre au quotidien pour arriver
05:27à avoir une première usine à fosse-sur-mer et donc produire de manière décarbonée
05:31l'acier.
05:31Elle est ouverte déjà ou elle va ouvrir ?
05:33Alors, l'idée, c'est d'avoir la première production en 2030, avec un début de construction
05:38en 2027.
05:39On voit loin, c'est bien.
05:40On voit loin. Après, en fait, ça va assez vite. Parce que si vous voulez commencer
05:44à construire en 2027, c'est-à-dire avoir l'intégralité des financements, l'intégralité
05:49des contrats, d'un point de vue commercial.
05:51Avoir expurgé tous les recours.
05:53Avoir expurgé tous les recours. Aujourd'hui, on a aussi, d'un point de vue commercial,
05:59des lettres d'intention qui dépassent largement la production de l'usine. Parce qu'on voit
06:02qu'il y a un vrai intérêt, en fait, aujourd'hui, des sidérurgistes. Parce qu'il n'y a pas
06:06cette matière. En fait, il y a besoin de créer ce marché de DRI. Parce qu'aujourd'hui,
06:10le DRI produit dans le monde. Il est produit en Russie, en Iran, au Venezuela. Et demain,
06:16des pays faciles. Je suis en train de faire une mission géopolitique avec vous.
06:21Quand on parle de souveraineté, en effet, c'est indispensable.
06:25Effectivement. Même question pour vous, Pierre-Emmanuel Martin. Une présentation de carbone.
06:29Et puis, comment, finalement, votre entreprise, elle s'intègre complètement à ces enjeux
06:35de souveraineté dont on parle ?
06:36Carbone, effectivement, je l'ai créé. Nous l'avons créé en 2022. Sur la même thèse
06:41de souveraineté qui est celle... Alors là, on parle de solaire photovoltaïque.
06:44C'est quand même l'énergie qui est en train d'exploser partout dans le monde.
06:49Donc, carbone, c'est une thèse. C'est la relocalisation en France, qui fut quand même
06:53la terre, ou en tout cas là où on a créé le solaire photovoltaïque industriel, de
06:59relocaliser en France toute la chaîne de valeur de fabrication du panneau solaire.
07:02Donc, c'est à Foss-sur-Mer, sur la zone industrielle au portuaire.
07:05Vous allez être voisins.
07:05Nous sommes voisins, exactement. Donc, nous, c'est 45 hectares. Alice, c'est 75.
07:09Donc, le projet Gravity prend un peu plus de place. Mais nous, c'est deux usines.
07:14Une première usine, en 2028, qui fabriquera les cellules photovoltaïques et les encapsules
07:18pour faire des panneaux solaires. Donc, c'est 5 gigawatts, c'est-à-dire à peu près
07:2210 millions de panneaux solaires par an. Et une deuxième usine, 2030, qui, à partir
07:28de la matière première, le polysilicium, on cristallise et on fabrique les plaquettes
07:32de silicium qui, aujourd'hui, les plaquettes de silicium sont dominées ou fabriquées
07:36à 99% par nos amis chinois. Donc, c'est deux usines qui concourent à l'indépendance
07:44énergétique et à la souveraineté industrielle de notre pays. C'est un projet d'intérêt
07:48national majeur par décret ministériel de juillet 2024 et qui, aujourd'hui, a toutes
07:56ses autorisations purgées et toutes ses utilités, électricité et eau, pour pouvoir construire
08:03dans les temps, sachant que, évidemment, ce sont les questions de financement
08:07qui, aujourd'hui, nous occupent, puisque c'est quand même un plan à 1,5 milliard
08:13d'investissement. Je laisse Réalice expliquer comment, là aussi, Gravitis est dans ses
08:19ordres de grandeur. Et donc, c'est véritablement ça. Comment, dans un marché qui, aujourd'hui,
08:23est évidemment dominé par la Chine, avec des panneaux de très, très bonne facture,
08:28très bonne qualité, avec des acteurs industriels qui ont quand même des volumes
08:32importants et qui ont un avantage compétitif sur le marché, comment on se positionne. Et
08:39c'est là où l'Europe est là pour nous protéger. Donc, on est dans un cadre de
08:43relocalisation industrielle plus vaste européen, avec différents actes qui ont été posés
08:48pour relocaliser un certain nombre de chaînes. Et sur le solaire, en particulier, puisque
08:52l'Europe est le deuxième marché mondial, ça a été le marché natif de ce solaire
08:56industriel contemporain. On installe à peu près 80 millions de panneaux par an en Europe.
09:01Et donc, la volonté de l'Europe, c'est de dire que sur ces 80 millions, demain, 100,
09:06120, vu la croissance, qu'il y ait 40% de ces panneaux qui, au moins, proviennent
09:12d'usines fabriquées en Europe.
09:13Alors qu'aujourd'hui, c'est quasiment rien.
09:15Alors, il y a de l'assemblage, très peu, mais il n'y a absolument plus de cellules.
09:19Alors, seuls nos amis d'Enel en Italie, l'utilité italienne, a réussi à ramener, en tout cas,
09:26cette production de cellules, avec beaucoup, beaucoup d'efforts.
09:30Mais sinon, le polysilicium, les wafer, enfin, les plaquettes, tout ça, non, il n'y a plus rien.
09:37Alors, c'est bien l'enquête du défi, pour remonter à l'enquête.
09:39Et c'est là, l'ironie de l'histoire. Enfin, je dirais que la France a été vraiment le pays leader.
09:43Je viens de cette industrie, dans les années 90, et c'est un tout petit marché des applications hors réseau,
09:50avant que le solaire n'explose. Et c'est assez intéressant, d'ailleurs, je le dis souvent,
09:53en 2002, on produit deux fois plus de panneaux solaires en France qu'en Chine.
09:58Et c'est assez intéressant aussi de voir que les grands PDG que je côtoie, nos homologues chinois,
10:02certains ont été stagiaires ingénieurs en France, en particulier chez Photowatt,
10:07qui, malheureusement, a eu des difficultés que l'on connaît.
10:11Et c'est assez intéressant de se dire que, finalement, nous avons tous les atouts,
10:14et en tout cas, la France a beaucoup, beaucoup d'atouts pour ça.
10:17Après, il faut le marché. Petit pays, mais gros marché européen.
10:21C'est une petite histoire, David Lolo, de naïveté européenne, là, quand même.
10:25L'histoire des panneaux solaires et du photovoltaïque.
10:29Grand sujet. Clairement, l'Union européenne, elle s'est bâtie sur le néolibéralisme
10:35et également sur l'ordolibéralisme, c'est-à-dire le fait que la puissance publique
10:40doit aider les marchés, mais sans s'immiscer directement.
10:45Là, j'ai l'impression, peut-être qu'on pourra y revenir,
10:49que l'Union européenne cherche un peu à changer sa posture,
10:53en mettant, par exemple, des mesures protectionnistes sur l'acier,
10:56en faisant également avancer les sujets en matière de commandes publiques.
11:01Donc, on voit quand même qu'il y a une certaine inflexion presque idéologique
11:03à l'échelle européenne, mais voilà.
11:05Oui, effectivement.
11:06Alors, je voudrais qu'on consacre un peu de temps à une idée, peut-être,
11:11d'écosystème industriel.
11:13Il y a cette semaine de l'industrie, c'est aussi l'occasion de mettre en avant
11:18la French Fab, dont BPI France est l'un des membres fondateurs.
11:22Je crois que vous êtes membre des communautés coq vert, coq bleu, c'est ça, les deux ?
11:26On a la chance, avec BPI, de faire partie d'un certain nombre de communautés d'entrepreneurs.
11:30La communauté du coq vert, c'est pour les entreprises qui participent à la transition écologique.
11:35La French Fab, c'est plutôt les entreprises de l'industrie.
11:38Et c'est vrai que ces communautés nous permettent d'avoir des échanges entre pairs.
11:41Alors, c'était ça ma question. Qu'est-ce que ça vous apporte ?
11:43Alors, on a des formations, on a des échanges entre pairs.
11:47On va avoir de la valorisation aussi de nos entreprises.
11:51Et au final, ça nous permet de faire du business ensemble.
11:52C'est quand même important pour favoriser le Made in France.
11:55La fabrique de l'industrie, j'aurais pu commencer par là. C'est quoi, d'ailleurs ?
11:59Alors, la fabrique de l'industrie, c'est un think tank,
12:01qui a été fondé en 2011 à l'initiative des branches industrielles.
12:07Et notre mandat est de produire des études économiques sur l'industrie,
12:11les différents enjeux de compétitivité, bien entendu,
12:14de plus en plus de réindustrialisation,
12:16comment ça se traduit à l'échelle des territoires,
12:17comment la décarbonation de l'industrie peut être un véritable facteur de compétitivité.
12:23Voilà, ces sujets divers.
12:25Et cette notion d'écosystème industriel,
12:29qu'est-ce qu'on peut en dire ?
12:31À quel point c'est un accélérateur de réindustrialisation ?
12:34Puisque c'est ça l'objectif dont on parle aujourd'hui.
12:35Très clairement, à l'échelle locale,
12:37les entreprises, les industriels ont besoin d'avoir un écosystème,
12:41à la fois un écosystème économique,
12:42c'est-à-dire être au plus proche des clients finaux,
12:45et un écosystème public qui les aide,
12:48qui les accompagne dans la gestion de leurs fonciers,
12:51l'identification des ressources foncières.
12:54Toute la gestion des infrastructures a également une notion,
12:58un aspect écosystémique très important.
13:00Vous êtes tout là.
13:01Alors c'est marrant, parce que j'avais prévu d'en parler plus tard,
13:03mais on va parler de fausse-sur-mer là,
13:04parce que si ce n'est pas un écosystème,
13:06ce que vous êtes en train de nous décrire,
13:09à l'île fausse, pourquoi fausse-sur-mer ?
13:11Pourquoi vous choisissez cette localisation-là ?
13:14Nous, déjà, il y a eu plein de raisons pour choisir fausse.
13:17D'une part, pourquoi la France même ?
13:19C'est parce qu'en fait, on a de l'électricité décarbonée aujourd'hui,
13:22et en fait, nous, on a besoin de beaucoup d'électricité.
13:24Est-ce qu'en fait, notre produit, il a besoin d'hydrogène,
13:27qui est produit par électrolyse,
13:29et donc ça, ça nécessite de l'électricité.
13:31Et en France, on en a beaucoup, et ça, c'est une richesse.
13:35Le deuxième sur fausse, c'est que fausse, c'est un porc.
13:38Donc pour produire du fer, il faut du minerai de fer.
13:41Et donc, fausse fait partie des quatre grands ports français
13:44qui ont un certain tirando qui permet d'avoir des grands cargos
13:49avec des infrastructures qui existent déjà.
13:51Fausse, c'est également un berceau de la sidérurgie,
13:55parce qu'en fait, on a ArcelorMittal en face,
13:58on a Marseille Gaglia, qui est également notre voisin,
14:00donc sur le plateau télé, il pourrait être de ce côté-là,
14:03qui est également des actionnaires de Gravity,
14:06et donc un client tout à fait naturel.
14:08Et donc finalement, cet écosystème,
14:11c'est un écosystème logistique,
14:13mais c'est qu'il y a aussi beaucoup de projets immédiats à proximité.
14:17Donc nous, on a Marseille Gaglia,
14:18qui a aussi un projet d'expansion pour produire plus d'acier.
14:21Et on voit que du coup, il y a vraiment une structuration
14:23autour de tous ces nouveaux projets
14:25qui sont en train de se faire sur la zone,
14:27et qui sont essentiels, parce qu'en fait,
14:29aujourd'hui, les ports, ils sont très dépendants
14:30des énergies fossiles.
14:32En 2050, avec la neutralité carbone,
14:34tout l'import sur le pétrole, le gaz,
14:38il a voué à disparaître.
14:39Donc pour les acteurs locaux,
14:42c'est absolument essentiel d'avoir des relais.
14:44C'est essentiel pour le port,
14:45mais c'est aussi essentiel, en fait,
14:47pour tous les acteurs existants.
14:49Et c'est quand on a fait notre concertation locale,
14:51c'était vraiment le retour des populations,
14:52qui disaient, en fait, nous,
14:53on veut que nos enfants aient du travail,
14:55on est très fiers d'être un berceau d'industrie,
14:58et on veut que ça reste comme ça.
15:00Et donc, il faut qu'il y ait des projets,
15:01aussi, qui prennent le relais.
15:03Pierre-Emmanuel Martin ?
15:04Oui, la destination de Fos-sur-Mer,
15:08c'est évidemment, c'est un des grands ports français.
15:12Donc pour nous, ça a été ce choix-là aussi.
15:14D'abord, on a à peu près 500 000 tonnes
15:16entrées-sorties,
15:17donc du verre qui rentre
15:18et des panneaux qui sortent.
15:20Donc il faut quand même qu'on soit
15:21sur une intermodalité forte.
15:24Après, quand même, il y a une chose,
15:26c'est que quand on a un projet industriel,
15:28enfin, nous, nous n'avons regardé
15:29que la géographie française, je ne suis pas allé
15:31ailleurs en Europe, mais en tout cas,
15:33il y a la collectivité locale aussi.
15:36Et là, je dois dire...
15:37Oui, dans l'écosystème, n'entend pas...
15:38La région Sud a su, en tout cas,
15:41parmi les autres régions, en tout cas,
15:42et là, je dois rendre vraiment un grand merci
15:46à la région et à son président,
15:48ils ont su, en tout cas, faire en sorte
15:50que ce projet puisse être extrêmement bien accueilli.
15:52Et effectivement, parce qu'il y a des enjeux aussi
15:54sur FOS, qui, effectivement, est une vieille terre
15:56d'industrie, pétrochimique, industrie,
16:00l'acier, chimie, et là-dessus, on voit
16:04qu'effectivement, dans le cadre de la décarbonation,
16:06c'est le projet de décarbonation
16:08et Marseille-en-Grand aussi derrière,
16:10c'est qu'il y a des enjeux de transformation majeure.
16:12Et nous, on arrive quand même avec 3 000 emplois
16:14sur une terre d'industrie où il y a 45 000 emplois
16:16quand même qui sont en jeu.
16:17Et donc, il y a aussi ça, c'est la transformation,
16:20mais en même temps, pouvoir se pluguer sur un lieu
16:22où il y a des compétences, des compétences humaines,
16:25fortes, où finalement, le solaire, c'est quoi ?
16:27Ça va être de la sidérurgie, on fait du silicium,
16:31c'est de la chimie, mais fine,
16:33puisque c'est une cellule photovoltaïque,
16:35ce sont des process chimiques,
16:36et c'est de l'assemblage et, évidemment,
16:38de la logistique.
16:40Et donc, on est sur les 3 traditions,
16:42je dirais, de la zone, qu'on transforme
16:44et qui seront mises en valeur dans cette usine.
16:48Alors, si on regarde ce que les Français ressentent
16:53quand on leur dit « réindustrialisation »,
16:56en l'occurrence, c'est même, je vais être plus précis,
16:58les ingénieurs.
16:59Le dernier observatoire, IFOP Arts et Métiers,
17:02qui questionne les ingénieurs,
17:04est-ce qu'ils ont confiance ou pas
17:05dans cette reconquête industrielle ?
17:06Malheureusement, ils sont 84% à dire
17:08qu'on a perdu confiance dans la reconquête industrielle du pays.
17:12Donc, on va essayer, là, tous ensemble,
17:14de leur redonner confiance.
17:16Lorraine Talon, vous l'avez dit tout à l'heure,
17:19c'est possible de produire en France dans la durée.
17:22Comment ?
17:23Et là, voilà, c'est le moment de convaincre
17:25les futurs ingénieurs que vous pourriez embaucher.
17:28Donc, c'est possible de fabriquer en France.
17:30On le prouve depuis 15 ans.
17:32On a créé cette chaîne de valeur territoriale
17:34qui fonctionne et qui est par essence
17:35non délocalisable.
17:37Je voudrais rassurer parce qu'aujourd'hui,
17:40les entreprises qui sont nos clientes,
17:42nos acheteurs, sont très sensibles
17:44à cet argument du Made in France.
17:46D'une part, parce que leurs collaborateurs,
17:47quand ils arrivent, ils attendent une RSE
17:49qui soit incarnée.
17:51Ils ne vont pas recevoir, quand ils arrivent,
17:53un kit de bienvenue
17:53où, par exemple, leur gourde est fabriquée
17:55à l'autre bout de la planète.
17:58Donc, il y a une vraie attente.
18:00Il y a les collectivités territoriales aussi
18:02qui, voilà, la commande publique,
18:03on en a parlé tout à l'heure,
18:05met un peu de temps à bouger.
18:06Mais quand même, on voit de plus en plus
18:07de critères sociaux et environnementaux
18:09qui arrivent dans les appels d'offres.
18:10On essaie, nous aussi, en tant que PME,
18:12engagés de les accompagner
18:13pour que les appels d'offres
18:15soient mieux allotis, etc.
18:16Et puis, il y a une traction, quand même,
18:18au niveau de l'Europe et nationale
18:20sur la réglementation sur ces sujets.
18:23Donc, ce sont des secteurs porteurs
18:25et c'est positif.
18:27Ce pessimisme des ingénieurs,
18:29ça vous surprend ?
18:31Ou alors, c'est le vieux fonds
18:34un peu ronchon et pessimiste français ?
18:36C'est-à-dire que plus la question est nationale,
18:37plus on est pessimiste,
18:38et puis plus on resserre le maillage
18:41et plus les gens se disent,
18:41finalement, je ne vis pas si mal chez moi.
18:44Je pense qu'il y a quand même
18:45un enjeu d'état d'esprit collectif,
18:46juste sur les ingénieurs.
18:48Et ce qui m'a frappée,
18:49c'est qu'on a fait notre levée de fonds
18:51pour notre série A.
18:52On a été voir des pays dans le monde entier.
18:54Et on faisait des calls
18:56avec des Américains,
18:58des Asiatiques,
18:59des pays du Moyen-Orient.
19:00Ils nous disaient,
19:01votre projet, il est génial,
19:03il est super.
19:04À la fin, certains disaient,
19:05bon, on n'investira quand même pas.
19:06Mais on sortait,
19:07on avait quand même l'impression
19:08d'avoir accompli quelque chose.
19:09Il y avait vraiment un positivisme.
19:11Et ensuite, quand on faisait des calls
19:12avec des investisseurs français,
19:14généralement, ils disaient,
19:15alors on a trouvé les 50 raisons
19:16pour lesquelles ça ne va pas fonctionner.
19:18Et donc, voici.
19:20Et donc, c'est intéressant sur l'état d'esprit.
19:21C'est intéressant l'état d'esprit, en fait.
19:23Et je pense que c'est aussi
19:23un côté d'esprit entrepreneur.
19:25Je pense qu'on a un peu perdu.
19:27On n'a pas eu beaucoup de nouvelles industries.
19:29Donc, c'est normal, en fait.
19:30C'est quelque chose de nouveau.
19:32On a perdu cet état d'esprit-là.
19:33Et pour moi, ce renouveau industriel,
19:36je pense qu'on le voit tous
19:37comme une vraie opportunité, en fait.
19:39Parce que si on n'arrive pas
19:41à réindustrialiser,
19:42qu'est-ce qui va se passer ?
19:43En fait, toute la valeur ajoutée,
19:44elle va partir à l'étranger.
19:46On sait très bien, en plus,
19:47et on l'a vu,
19:48même sur les énergies,
19:51fossiles, il peut y avoir
19:52des chocs sur le Covid
19:54où on n'a pas les éléments.
19:56Et donc, ça a un impact majeur
19:57sur la société.
19:58Et donc, c'est nécessaire.
19:59Après, il faut qu'on arrive
20:00à trouver les bonnes conditions.
20:02Je pense qu'il faut qu'on perde
20:03un peu la naïveté
20:04complètement libérale
20:05de dire qu'il n'y a pas de problème.
20:07L'Europe, on reste complètement ouvert
20:08alors que tous les autres pays
20:09sont fermés.
20:11Et il faut aussi qu'on arrive
20:12à trouver les bons outils
20:14et les bons cadres
20:15pour arriver à orienter les choses.
20:17Et puis, il y a aussi,
20:18c'est un peu schizophréique,
20:20notre rapport à l'industrie,
20:22David Lolo,
20:22parce qu'à la fois,
20:23on dit oui,
20:23il faut réindustrialiser,
20:24sauf qu'on ne veut peut-être pas
20:25que l'usine s'installe
20:27à côté de chez soi.
20:28Il y a ce syndrome
20:29NIMBY,
20:30not in my backyard,
20:31qui est quand même
20:31toujours présent.
20:32C'est aussi certainement
20:33l'une des explications
20:34de la désindustrialisation.
20:36C'est-à-dire qu'il y a
20:37des industries polluantes
20:38qu'on a préféré
20:38laisser partir ailleurs.
20:39Alors, oui,
20:41deux sujets.
20:42Effectivement,
20:43la désindustrialisation
20:44a été très forte en France,
20:45même plus qu'ailleurs
20:46que dans le reste de l'Europe.
20:49Elle a d'abord
20:49des raisons économiques
20:51face à l'augmentation
20:53de la concurrence internationale.
20:55C'est vrai qu'à ce jour,
20:57lorsqu'on cherche
20:57à réindustrialiser,
20:58on fait face à l'échelle locale,
21:00à un certain nombre
21:00de verrous,
21:01l'acceptabilité des projets,
21:04sujet très important
21:05pour lequel on va d'ailleurs
21:06publier une étude
21:07dans les prochaines semaines
21:08et majeure,
21:12ça porte essentiellement
21:13aussi sur les projets
21:14de production d'électricité,
21:16donc les parcs photovoltaïques,
21:18des éoliennes en mer
21:19qui font l'objet
21:21d'une forte contestation.
21:23C'est également le cas
21:23pour les projets miniers
21:24puisqu'on a parlé
21:25de sortie des énergies fossiles,
21:27mais en réalité,
21:28pour produire également
21:29des électrolyseurs
21:30ou pour produire des éoliennes,
21:32il faut des matières métalliques.
21:34Et en France,
21:35on a une filière de lithium,
21:36par exemple,
21:36qui s'apprête à émerger
21:38et pour laquelle
21:39il y a aussi
21:40beaucoup de gros enjeux
21:41d'acceptabilité.
21:42Votre avis,
21:44Pierre-Emmanuel Martin,
21:45sur cette question
21:46de l'acceptabilité
21:47et peut-être,
21:49alors,
21:49ce n'est pas seulement français,
21:50mais c'est bien français
21:51quand même.
21:52Oui,
21:52alors,
21:52ceci dit,
21:54sur la question
21:55de la désindustrialisation,
21:56quelles sont les expérations ?
21:57Je pense que la France,
21:58par contre,
21:58est championne du monde
21:59pour essayer de chercher
22:00beaucoup d'explications,
22:01mais on n'arrive pas,
22:01en fait,
22:02c'est le faire.
22:03C'est qu'on est finalement
22:04peut-être un pays d'intellectuels
22:05plus que d'un pays de faiseurs.
22:08Et ça,
22:08c'est ma première hypothèse
22:09parce qu'en plus,
22:10moi,
22:10j'appartiens à une génération
22:11et on en partageait ça
22:13avec Nicolas Dufour,
22:14que j'ai 60 ans.
22:15Moi,
22:15je suis un ingénieur
22:16et aussi docteur en économie.
22:20Moi,
22:20j'appartiens à une génération
22:21d'ingénieurs.
22:22J'ai fait Supélec.
22:24Je n'ai aucun ami
22:24qui travaille dans l'industrie.
22:25On a tous travaillé
22:26dans la banque,
22:26dans la finance.
22:28Pour moi,
22:28ça a été l'associatif,
22:30l'économie sociale
22:30et solidaire
22:31dans les énergies renouvelables.
22:32Et finalement,
22:33il y a toute une génération
22:34qui,
22:35dans les années 90,
22:36a quitté l'industrie.
22:37Et donc,
22:37c'est là où il faut peut-être
22:38s'interroger.
22:39C'est le vivier.
22:39Et je pense qu'aussi,
22:40l'industrie,
22:41c'est le rapport offert.
22:43Et on est dans un pays
22:43où les métiers manuels
22:45sont extrêmement dévalorisés.
22:47Enfin,
22:48des gens qui ne font pas d'études
22:49et qui vont,
22:49voilà,
22:50c'est quand même quelque chose.
22:52C'est pour ça qu'on veut
22:52qu'il y ait 80% des élèves
22:54ou 90% qui aient le bac,
22:55par exemple,
22:56parce qu'on peut l'interroger,
22:57etc.
22:58Donc,
22:58je pense qu'il y a
22:58cette première chose.
22:59La deuxième chose,
23:00pour moi,
23:01ce qui est clair,
23:02l'acceptation locale ou pas,
23:04je pense que c'est la façon
23:04dont un projet va être amené.
23:06Moi,
23:06j'ai fait beaucoup d'éoliens
23:06en France,
23:07beaucoup de parcs,
23:08donc je sais,
23:09et tous mes parcs ont été
23:09très bien acceptés.
23:11Comment vous avez fait ?
23:12En fait,
23:12si vous voulez,
23:13d'abord,
23:13c'est parce que moi,
23:14je n'ai pas la puissance publique
23:15derrière moi
23:15qui fait une déclaration
23:17d'utilité publique
23:18ou des expropriations,
23:19donc on est obligé
23:19de convaincre.
23:21D'accord ?
23:21Et puis après,
23:21un parc éolien,
23:22finalement,
23:23c'est l'utilisation privative
23:26d'un bien commun
23:27qui est le paysage.
23:28Donc,
23:28est-ce que moi,
23:29en tant que producteur d'éoliennes,
23:30j'ai le droit ?
23:31Voilà,
23:31et donc,
23:32en fait,
23:32c'est un débat
23:33et finalement,
23:33je vais me retrouver confronté
23:34et je m'aperçois souvent
23:35que ceux qui ne veulent pas
23:36d'éoliennes
23:37sont aussi quelque part,
23:39généralement,
23:39des retraités
23:40assez aisés
23:41et qui pensent
23:42que le paysage leur appartient
23:43et qu'il ne faut pas
23:43que ça bouge.
23:44Et donc,
23:44ça aide ce débat
23:45et ce combat
23:46qu'il faut mener
23:47et il faut convaincre
23:48et dès lors qu'on embarque
23:49toutes les forces vices
23:50d'un territoire
23:51sur le fait
23:52que c'est utile
23:53pour plein de raisons
23:53parce que beaucoup
23:54de mes éoliennes
23:55ou de nos éoliennes
23:56ont aidé,
23:56par exemple,
23:57le financement
23:58ou d'assurer le financement
23:59de maisons médicales,
24:01de projets de territoire
24:02qui font sens,
24:03à ce moment-là,
24:04on embarque la population
24:05et les grincheux
24:07et les opposants
24:08sont réduits
24:09dans un corner.
24:10Et puis après,
24:10il faut faire attention,
24:11il faut aussi accepter
24:12que tous les projets
24:13ne peuvent pas être faits.
24:14Donc,
24:14il y a beaucoup de projets
24:15que j'ai dû abandonner
24:16parce que je n'ai pas la majorité
24:17ou qu'il y a un vrai problème.
24:19Et ça,
24:20accepter quand on est
24:21un grand groupe
24:21et qu'on veut faire
24:22des éoliennes,
24:23on va chercher tous les moyens
24:24pour l'imposer.
24:25Donc,
24:26on va créer du phénomène
24:27de zadisme
24:29à mon avis là-dessus.
24:31Donc,
24:31la question sur...
24:32Moi,
24:32je dirais plutôt
24:33que c'est une question
24:33territoriale en France
24:35et on a du mal
24:35avec le territoire.
24:36Et en fait,
24:36on est peut-être
24:37à un moment
24:37où il faut décentraliser
24:39et moi,
24:40je fais l'hypothèse
24:40que la France
24:41qui s'est désindustrialisée,
24:43c'est aussi parce qu'elle a perdu
24:44le lien avec le territoire.
24:45Moi,
24:45je regarde l'Allemagne,
24:47je travaille beaucoup
24:47avec l'Allemagne,
24:48j'ai dirigé une grande
24:49entreprise italienne
24:50en France,
24:51je vois l'Italie du Nord,
24:52je vois l'Autriche,
24:53je vois la Suisse
24:53et en fait,
24:55il y a beaucoup d'ETI
24:56et beaucoup de territoires
24:57qui participent
24:59à l'économie.
25:00Et l'industrie,
25:01elle vient aussi
25:01quand même du territoire,
25:02de circuits plus ou moins courts,
25:04d'écosystèmes
25:05et la France,
25:06il faut le dire,
25:07on a saccagé ça.
25:08Oui,
25:08et puis on reste
25:09hyper centralisé.
25:10Et pour les ouvriers aussi,
25:11on a quand même
25:12cette tradition très dure
25:13en France de conflits sociaux,
25:15peut-être plus dure
25:16qu'ailleurs dans les autres pays,
25:17qui fait que les années 80
25:18ou 90,
25:19on a délocalisé à tout va,
25:20pour éviter le rempli social.
25:22Allez,
25:22j'ouvre le chapitre
25:23consacré à la transition
25:25environnementale.
25:26Évidemment,
25:26je commence avec vous,
25:27Lorraine Talon,
25:28parce que par essence,
25:30vous êtes une entreprise
25:32qui s'inscrit,
25:32qui promeut l'économie circulaire.
25:34Comment vous liez
25:35industrialisation
25:37et transition environnementale ?
25:40Est-ce que finalement,
25:41la plupart des grands projets
25:42aujourd'hui,
25:42ils ont forcément
25:44cette touche environnementale ?
25:46Est-ce que ça vous semble
25:46un prérequis d'une certaine façon ?
25:48J'ai l'impression
25:48de plus en plus
25:49une touche environnementale,
25:50une touche circulaire.
25:52Nous,
25:52l'avantage aussi
25:53de fabriquer en France,
25:54c'est qu'on peut collecter
25:55la data
25:55et la donner
25:56à nos clients.
25:57Ils en sont friands
25:58pour nourrir
25:58leur bilan carbone,
26:00pour même communiquer
26:01auprès de leurs salariés.
26:03Et moi,
26:03j'aimerais juste revenir
26:04sur une chose,
26:04c'est qu'en fait,
26:05aujourd'hui,
26:05c'est possible
26:05de fabriquer en France
26:06et ça reste accessible.
26:08Nous,
26:08on a parfois l'impression
26:09que le Made in France
26:10est forcément plus cher
26:11que le Made in Loin,
26:12mais aujourd'hui,
26:14par exemple,
26:14sur une gourde,
26:14on a entre 8 et 14 euros
26:16le produit,
26:17ce qui me semble
26:17tout à fait correct
26:18pour un produit
26:19qui, en plus,
26:19va durer de nombreuses années
26:20aussi longtemps
26:21qu'on en prend soin.
26:23Et même sur la partie,
26:24les particuliers,
26:26on a beaucoup parlé
26:27des entreprises,
26:27parce que nous,
26:28on sert les entreprises,
26:29on a plus de 20 000
26:30organisations clientes,
26:31et même sur les particuliers,
26:32à l'occasion du Black Friday,
26:33nous,
26:34on lance le Bleu-Blanc-Rouge Friday
26:35et donc,
26:35c'est un collectif
26:36de marques engagées
26:37qui fabriquent en France
26:38et qui permet des réductions
26:39pour choisir local
26:41pour ces cadeaux de Noël.
26:42Donc,
26:43c'est vraiment possible.
26:45David Lolo,
26:46on peut réindustrialiser
26:47tout en respectant,
26:49on va fêter les 10 ans
26:50des accords de Paris,
26:51c'est-à-dire les engagements
26:52que la France a pris
26:53à l'occasion des accords de Paris ?
26:54Alors,
26:55peut-être en propos liminaires,
26:57je dirais que réindustrialiser
26:58permet déjà de réduire
26:59les émissions
27:00à l'échelle mondiale,
27:01les émissions de gaz
27:01à effet de serre,
27:03par le jeu
27:03à la fois de nos réglementations
27:05environnementales
27:06qui sont plus strictes
27:07qu'à l'étranger,
27:07hors Europe,
27:09par le jeu
27:10du raccourcissement
27:11de nos chaînes
27:11d'approvisionnement,
27:12de nos chaînes logistiques
27:13et aussi par le jeu
27:14de nos mixes électriques,
27:15nos mixes,
27:15nos productions énergétiques
27:17qui sont globalement
27:17moins carbonées
27:18en Europe
27:19et en particulier
27:20en France,
27:21on l'a soulevé.
27:23Mais c'est vrai
27:23qu'il y a un sujet
27:24sur la conciliation
27:27entre l'accroissement
27:28de la production,
27:29donc continuer à produire
27:31en France,
27:32et la réduction
27:33des émissions,
27:34donc ce qu'on appelle
27:35dans la littérature
27:36le découplage.
27:38Et là,
27:39il y a véritablement
27:41un sujet
27:41sur le fait
27:42de faire
27:43de la décarbonation
27:44un levier
27:45de compétitivité,
27:47un investissement
27:47qui soit rentable
27:48pour les industriels.
27:50Et là,
27:50peut-être que je pourrais
27:51prolonger,
27:52mais...
27:52Allez-y,
27:52allez-y.
27:53en réalité,
27:55au vu de l'asymétrie
27:57des politiques climatiques
27:57dans le monde,
27:58le fait d'investir
27:59à ce jour
27:59dans la décarbonation
28:00à l'échelle française
28:02et européenne,
28:03c'est essentiellement
28:04un levier de compétitivité
28:05hors prix,
28:05donc qui va permettre
28:06de se distinguer
28:07de la concurrence.
28:09Il reste maintenant
28:10à vraiment emporter
28:12les aspects vraiment
28:13compétitifs
28:14en termes de prix,
28:16et ça passe par
28:17des prix compétitifs
28:18de l'énergie,
28:19par exemple,
28:19peut-être qu'on pourra
28:20en parler,
28:21ça passe par une politique
28:22commerciale
28:23qui peut aussi protéger
28:23le tissu,
28:25ça passe par une taxe carbone
28:27aux frontières,
28:28ça c'est aussi
28:29un sujet collatéral
28:30qui est très important,
28:32c'est le fameux mécanisme
28:34d'ajustement carbone
28:34aux frontières,
28:35et après,
28:36à long terme,
28:37on envisage,
28:38enfin il faudrait envisager
28:38des politiques industrielles
28:40de long terme
28:41avec vraiment
28:41une vision stratégique,
28:43et là on est vraiment
28:44sur un sujet institutionnel
28:45de taille.
28:46Oui,
28:46Alizier,
28:47il faut aussi
28:47on reste sur cette notion
28:49là de réaction,
28:50industrialisation
28:51compatible
28:51avec la transformation
28:54environnementale,
28:56on voit quand même
28:57en ce moment
28:57à l'oeuvre
28:58au niveau européen,
29:00alors je ne sais pas
29:00quel terme vous employez,
29:02est-ce qu'il faut employer
29:03le terme que tout le monde
29:03emploie de bâclage
29:04de retour de bâton,
29:06est-ce que c'est plutôt
29:07un ajustement
29:08sur les réglementations
29:09environnementales
29:10qui étaient peut-être
29:10un peu trop complexes,
29:12comment vous,
29:12vous percevez ce moment
29:14qui est peut-être
29:14un moment charnière
29:15sur l'identité de l'Europe
29:17en matière d'industrie verte
29:19et ou verteuse
29:21face à des Etats-Unis
29:24dont le président
29:25est devenu le porte-parole
29:26des climato-sceptiques mondiaux ?
29:29C'est qu'on voit
29:30au niveau européen
29:31quand même
29:31un changement
29:32un peu de paradigme.
29:33il y a 15 ans,
29:36on avait l'impression
29:37que parce qu'on allait
29:38avoir une stratégie,
29:40ça allait être
29:40complètement autoréalisateur
29:42et parce que
29:43les têtes pensantes
29:44avaient dit
29:44on va enlever
29:46les émissions de CO2,
29:48ça fonctionnera
29:49et qu'il suffisait
29:50de faire du papier
29:50pour construire.
29:51Et je pense que là,
29:52progressivement,
29:53on se rend compte
29:53qu'on a produit
29:54beaucoup de papier,
29:56probablement bien plus
29:57qu'un certain nombre
29:58de continents,
29:59mais qu'on n'a pas
30:00produit autant.
30:01Voire même,
30:01on a quand même
30:02des contre-exemples
30:03qui parfois
30:04sont un peu inquiétants.
30:05Je lisais par exemple
30:06ce matin un article
30:07des Echos
30:07sur le recyclage
30:08du plastique
30:09qui expliquait
30:10qu'en ce moment,
30:10il y avait énormément
30:11d'usines qui fermaient.
30:13Pour autant,
30:14je pense qu'on est aussi
30:15sortis d'une certaine
30:16naïveté
30:17sur l'industrie
30:19et on s'est aussi
30:20rendu compte
30:20que là où avant
30:21on voulait avoir
30:22un marché
30:22complètement ouvert
30:24parce qu'on était
30:25persuadés que ça allait
30:26apporter un vrai
30:28bien intellectuel commun,
30:29on s'est rendu compte
30:30qu'en fait,
30:30la Chine était quand même
30:31bien plus capable
30:32d'avoir réduit
30:34les coûts
30:35par sa stratégie
30:36qui a été quand même
30:37sa stratégie industrielle
30:38qu'on peut quand même
30:39trouver comme remarquable
30:40parce qu'ils ont réussi
30:42à construire ça
30:43à l'échelle de 20-25 ans.
30:45Ils ont des produits
30:45aujourd'hui
30:46qui sont objectivement
30:47très bons,
30:48voire meilleurs
30:49parfois que les produits
30:51européens.
30:52Ils ont une automatisation
30:52des usines
30:53poussée à son paroxysme,
30:56etc.
30:56Moi, ce que je trouve
30:57très bien,
30:57c'est que ça permet
30:58aussi de se dire
30:58qu'un continent
31:00peut, en 25 ans,
31:01se réindustrialiser
31:02et devenir très largement
31:04un...
31:06Oui, sauf qu'on en arrive
31:07à la problématique
31:08du règlement.
31:09Chez nous,
31:09il y a beaucoup
31:10de règlements,
31:10on est des démocraties,
31:11la Chine n'a pas
31:13exactement les mêmes valeurs
31:15et les mêmes critères.
31:15C'est ça.
31:16Et là, en tout cas,
31:16quand je vois par exemple
31:17sur l'acier,
31:18les gens quand même
31:18sont convaincus
31:19que oui,
31:20il va falloir qu'au moins
31:21pour le moment,
31:21on rétablisse des barrières
31:23sur la partie assise.
31:25En fait,
31:25il va falloir exercer
31:26d'un côté
31:26un protectionnisme
31:28et d'autre part,
31:29une montée en charge
31:30progressive
31:30pour être capable
31:31d'atteindre une rentabilité.
31:33Et ce qui est clair
31:34et essentiel,
31:35c'est que la rentabilité
31:36de long terme,
31:37elle va être basée
31:38sur les prix de l'énergie
31:39pour arriver à maintenir
31:41en fait,
31:42sur la partie matière,
31:43etc.
31:44à la fin,
31:44c'est un prix de l'énergie
31:45et c'est des mesures
31:46de protection.
31:47Et ça, en fait,
31:47on a beau le tourner
31:48dans tous les sens,
31:50c'est quand même
31:51le point qui va driver
31:52le plus à ces sujets.
31:54Pierre-Emmanuel Martin,
31:54ça veut dire faire
31:55de la réglementation
31:56environnementale
31:57un bouclier.
31:58C'est ce que je comprends
31:59en fait,
31:59d'une certaine façon.
32:00D'une certaine façon,
32:01ça a été,
32:02et là je rejoins assez
32:03ce que vient de dire Alice,
32:05on a effectivement,
32:06il y a 15 ans,
32:07l'Europe est quand même
32:07un moteur économique,
32:09qui est un géant économique
32:09et la Chine est encore
32:10un peu loin.
32:11Et en fait,
32:12ce qui a manqué,
32:13ou je pense peut-être
32:13qu'il y a aujourd'hui
32:16le changement de paradigme,
32:17c'est que l'Europe
32:18a été très libérale
32:19et pensant que le marché
32:20allait tout régler.
32:21C'est du commerce.
32:22On ouvre tout.
32:23D'accord ?
32:23La Chine, elle,
32:24elle a gardé
32:25un axe stratégique,
32:26ce qu'avait peut-être
32:27la France d'ailleurs
32:27dans les années 60, 70,
32:29a gardé un axe
32:30de planification.
32:31Et la Chine a tout de suite
32:31compris que dans le monde
32:33qui s'écrivait,
32:34la question climatique
32:36et au-delà
32:36la question écologique
32:37était absolument nécessaire.
32:39Et donc, eux,
32:39ils ont pensé
32:40le saut d'après,
32:41le leapfrog,
32:41c'est-à-dire les technologies
32:42qui permettront,
32:44tout en ayant
32:45un confort
32:46et la possibilité
32:49pour les Chinois
32:50d'améliorer
32:52leurs conditions de vie,
32:53d'avoir des leaderships,
32:55parce que le marché
32:55est énorme,
32:56d'avoir un leadership
32:57technologique
32:58sur les nouvelles technologies.
33:00Et nous,
33:00on a oublié un petit peu ça,
33:01c'est-à-dire qu'on est resté
33:02dans nos conflits
33:04et nos divisions européennes.
33:06Moi, je parle
33:07des énergies renouvelables,
33:08on connaît le débat,
33:09faut-il du nucléaire
33:10ou des renouvelables ?
33:11Il y a des logiques
33:12orthogonales qui fait que...
33:14Et la Chine a d'ailleurs
33:15très bien agi
33:15sur nos antagonismes internes
33:18pour pouvoir proposer aujourd'hui
33:19pour d'abord
33:21pour fournir à l'Europe
33:22ce qu'elle voulait
33:22et maintenant
33:23à imposer à l'Europe
33:24ce qu'il faudra demain.
33:26Et la question de l'énergie
33:27est assez passionnante
33:28puisqu'on s'aperçoit
33:29qu'aujourd'hui,
33:30toutes les technologies,
33:31la Chine maîtrise
33:31à peu près toutes les technologies
33:32et peut permettre
33:33son financement
33:34pour avoir
33:35des coûts d'énergie.
33:36Donc oui,
33:37il va falloir maintenant
33:37que l'Europe pense
33:38à se protéger.
33:39Et peut-être se dire,
33:41après avoir été
33:41l'Europe de la paix
33:42qui est la première
33:43des années 50
33:44aux années 80,
33:45l'Europe de la liberté,
33:46peut-être que maintenant
33:48il va falloir penser
33:49à l'Europe puissance
33:50et comment on arrête
33:51de se dévitaliser.
33:52Comment on garde
33:53la démocratie ?
33:54Donc la question
33:54de la réglementation
33:55environnementale
33:57plus largement,
33:58la question de
33:58qui sommes-nous,
33:59que voulons-nous consommer,
34:01quels sont les liens
34:02de proximité,
34:02quels sont nos nouveaux ennemis
34:04et nos nouveaux amis
34:05et il va falloir créer ça.
34:07Le Made in Europe
34:07en tout cas doit s'imposer,
34:09absolument.
34:09Et derrière peut-être aussi
34:10on va peut-être
34:11réintroduire la question
34:12du fédéralisme.
34:13Oui,
34:13parce que c'est ce que
34:14vous disiez tout à l'heure
34:15finalement,
34:15on a l'impression
34:15que les États
34:16avec une structure
34:17un peu fédérale
34:18sont parfois
34:19plus efficaces.
34:20Ils arrivent à mieux
34:20commercer parce qu'ils savent
34:21qu'il faut qu'ils s'entendent
34:22entre eux.
34:23Dans cette logique
34:25de souveraineté européenne
34:27et d'utilisation
34:28finalement
34:29des arguments
34:31environnementaux
34:32pour fabriquer
34:32cette souveraineté européenne,
34:33on peut dire
34:35que l'économie circulaire
34:36dont vous êtes
34:37une représentante
34:38ici,
34:40c'est une économie
34:41qui est non délocalisable,
34:44qui coche un certain
34:46nombre de cases
34:46en termes de souveraineté.
34:48Complètement,
34:48puisque l'idée
34:49c'est de pouvoir
34:49utiliser la fin de vie
34:51des produits
34:52pour que ça soit
34:54complètement circulaire.
34:55L'économie circulaire,
34:56on parle beaucoup
34:56des déchets,
34:57c'est aussi
34:57le début,
34:59l'éco-conception,
35:00l'analyse du cycle
35:01de vie, etc.
35:01Ça commence à se développer
35:02et c'est formidable.
35:03On a été précurseurs
35:04il y a 15 ans
35:05aidés par l'ADEME.
35:08Comment d'ailleurs ?
35:09C'est intéressant
35:10de raconter comment
35:11dès le départ
35:12vous vous êtes dit
35:13on va éco-concevoir
35:14nos produits.
35:15En fait,
35:15nos produits sont là
35:16pour remplacer le jetable
35:17dans les organisations,
35:18les gobelets,
35:19les bouteilles d'eau.
35:20On s'est dit
35:20très bien,
35:21on veut fabriquer un produit
35:21pour impulser ce changement
35:22dans les organisations
35:23mais est-ce que le produit
35:25qu'on va fabriquer
35:25va être plus vertueux
35:26que le jetable
35:27que l'on va remplacer ?
35:28On s'est quand même
35:28posé la question,
35:30on a analysé
35:31le cycle de vie
35:32du jetable,
35:33on a analysé
35:33son impact environnemental
35:34et on a vérifié
35:35que le produit
35:35qu'on imaginait,
35:36son design,
35:37sa fabrication en France,
35:38etc.
35:39allait être plus vertueux.
35:40Donc ça,
35:41on a un cas pratique
35:42assez emblématique
35:44mais il y en a d'autres
35:44et c'est formidable
35:45que ça se développe
35:46parce que je pense
35:47que ça c'est l'avenir
35:48de l'industrie aussi.
35:49Puisqu'on parle
35:50industrie,
35:51industrialisation,
35:52souveraineté,
35:53il faut forcément
35:53ouvrir un chapitre
35:54consacré aux terres rares.
35:56Je commence avec vous
35:56David Lolo
35:58parce que là aussi
35:59on a un peu le sentiment
36:00de se réveiller.
36:03Alors j'espère
36:03qu'on n'est pas
36:04après la bataille,
36:05je ne veux pas être défaitiste
36:06mais de se réveiller
36:07un peu tard
36:07au niveau européen.
36:09C'est-à-dire qu'on a
36:09laissé petit à petit
36:11là encore la Chine
36:12se créer
36:13un quasi-monopole
36:14sur les terres rares.
36:15Si on rajoute
36:16production et raffinage
36:17c'est un quasi-monopole
36:18aujourd'hui.
36:18Tout à fait.
36:20Alors je pense
36:21qu'il faut replacer
36:22dans le contexte
36:23si aujourd'hui
36:24la Chine est leader
36:25mondial dans
36:26les industries vertes
36:27et également
36:27dans les industries
36:28métalliques,
36:29c'est parce qu'elle
36:31a anticipé,
36:32elle s'y a engagé
36:32depuis des décennies
36:33dans le cadre
36:34de ces plans quinquennaux
36:35mais c'est ce que vous
36:35suggériez.
36:38Aujourd'hui
36:39on a environ
36:4020 ans
36:40de retard
36:41sur la Chine.
36:42L'Europe a 20 ans
36:43de retard sur la Chine.
36:45Donc qu'est-ce qu'il faut
36:45faire à ce jour ?
36:46Il faut à la fois
36:47sécuriser ses approvisionnements
36:49en diversifiant
36:50ses approvisionnements,
36:51ses fournisseurs.
36:52Donc aller chercher
36:53des fournisseurs
36:54ailleurs dans le monde
36:55ce qui n'est pas
36:56forcément chose aisée
36:57puisque quand on sait
36:58que la Chine
36:59représente
36:59entre 80 et 90%
37:03du raffinage
37:04de terres rares
37:04et il faut
37:06tenter
37:07de rapatrier,
37:08de reproduire
37:09des terres rares,
37:10de reproduire
37:11des métaux
37:12en Europe
37:13et ça rejoint
37:14le sujet
37:14de la relocalisation
37:16des activités minières
37:16qui est quand même
37:17un sujet majeur
37:20avec également
37:20le maillon suivant,
37:22la relocalisation
37:22du raffinage,
37:23là on parle vraiment
37:24d'industrie lourde.
37:26Oui mais là aussi
37:27à la fin des années 80
37:29la France était leader
37:31du raffinage
37:32des terres rares
37:33mais pourquoi on a
37:34du sélicium,
37:36de tout ?
37:36Oui,
37:36c'était des industries
37:37polluantes
37:38et donc c'est aussi
37:39pour ça qu'on
37:40les a laissées
37:41et puis les enjeux
37:42du marché
37:42n'étaient pas les mêmes,
37:43ça on est bien d'accord
37:44donc c'est aussi pour ça
37:45qu'on les a laissées filer,
37:46non ?
37:46Alors il y a
37:47systématiquement
37:49des questions de coût,
37:50il y a effectivement
37:52un enjeu de coût
37:53environnemental également
37:54et peut-être que
37:55collectivement
37:56il y a eu une volonté
37:56de faire l'économie
38:00de secteurs
38:01qui sont très émetteurs,
38:02la fabrication
38:03de terres rares
38:04elle émet,
38:05enfin c'est une activité
38:06très polluante
38:07donc il y a effectivement
38:08peut-être cet arbitrage
38:09historique,
38:10après pour reboucler
38:11sur la question
38:12des politiques,
38:14il n'y a pas eu
38:14sur les dernières décennies
38:16de politique
38:17vraiment qui a permis
38:18de sécuriser
38:19ces activités
38:21mais peut-être
38:21un dernier élément
38:22pour nuancer,
38:24l'usine en question
38:25en France
38:26solvée à La Rochelle
38:27a annoncé quand même
38:29un plan d'investissement
38:30de plusieurs,
38:32enfin un lourd plan
38:34d'investissement
38:34donc c'est quand même
38:35un point encourageant
38:37pour cette relocalisation.
38:38Oui, on est dans ce mouvement
38:41de relocalisation
38:41et avec un défi,
38:43si je prends l'exemple
38:44de carbone,
38:44comment vous allez
38:45sécuriser l'approvisionnement
38:47en silicium ?
38:48Alors, nous on a la chance,
38:49il n'y a pas de terres rares
38:50dans le moteur voltaïque
38:51donc ça on tient à le dire
38:52donc nous c'est quand même
38:53des matériaux assez communs,
38:55c'est du quartz
38:56et de l'aboxyde
38:56donc ça on peut,
38:59puisque l'aboxyde va servir
39:00sur les cadres d'aluminium
39:01et puis finalement
39:02le quartz c'est le verre
39:03et le silicium
39:04dont on a besoin.
39:05Par contre ça va être
39:06les technologies de raffinage.
39:08Comment à partir d'un quartz
39:09on arrive à en faire
39:11un silicium métallurgique
39:12puis après le raffiner
39:13pour en faire du silicium
39:14de qualité solaire
39:15ou en le raffinant un peu plus
39:16de qualité électronique ?
39:18Voilà, donc nous on commencera
39:19à partir de là.
39:20Il se trouve qu'effectivement
39:21après c'est des problématiques
39:22qui sont extrêmement complexes
39:23puisqu'on a en France
39:25un producteur de silicium métallurgique
39:28qui est la base,
39:28qui est ferroglobe,
39:29qui a d'énormes difficultés
39:30puisqu'il est sur quelques usines
39:31et j'en connais une en tout cas
39:33dans ma région natale de Grenoble
39:35qui est aujourd'hui
39:37en très mauvaise posture
39:38mais on a la capacité
39:41dans le solaire photovoltaïque
39:42à avoir du sourcil.
39:43Le truc c'est que
39:44la chaîne,
39:45à partir du polysilicium
39:47et jusqu'au panneau solaire,
39:48là la Chine
39:48elle a tous les brevets,
39:49elle avance vite,
39:50elle va vite.
39:50Donc comment on fait ça ?
39:52Comment on relocalise ?
39:53Nous on a notre thèse,
39:55en tout cas
39:55c'est celle qu'on défend,
39:57c'est d'abord
39:58il faut regarder,
39:59il faut faire comme les Chinois.
40:00Donc c'est déjà
40:01produire gros.
40:02On ne va pas produire petit
40:03qui fait qu'on aura un petit pouvoir
40:06sur le marché
40:06et donc on n'aura pas de bon prix.
40:08Donc produire gros,
40:09intégrer verticalement,
40:10c'est-à-dire qu'on s'aperçoit
40:11que les leaders chinois
40:12maîtrisent la totalité des métiers.
40:15Ensuite,
40:15je pense qu'il faut aussi
40:17garder à l'esprit
40:18qu'on n'y arrivera pas
40:19pour une simple bonne raison.
40:21relocaliser,
40:22ça veut dire
40:23recréer des capacités
40:24de production,
40:25remobiliser du capital privé
40:27pour recréer des usines.
40:28Donc il y a ça,
40:29une usine ça coûte
40:30des centaines de millions,
40:31les utilités ça,
40:33rien que ça,
40:33il faut mobiliser de l'argent
40:35et ça,
40:36il va bien falloir le payer
40:37parce qu'on va arriver
40:38dans un marché
40:38face à des concurrents
40:40qui ont déjà amorti
40:40leur usine.
40:41Donc il va falloir créer
40:42un cadre protecteur
40:43qui permet dans le Made in Europe
40:45de rassurer des investisseurs
40:47qui diront
40:47on ne va pas faire
40:48un investissement échoué
40:49à soutenir ces usines.
40:51Et ensuite,
40:52après,
40:53il n'y a aucune,
40:54dès lors qu'on a,
40:55enfin notre thèse en tout cas,
40:56dès lors qu'on aura amorti
40:57nos usines,
40:58on est capable
40:59d'être compétitif
40:59et on sera capable
41:01d'être compétitif
41:02et de suivre,
41:03on va dire,
41:05la tendance
41:06ou en tout cas
41:06les progrès technologiques
41:07puisqu'on a encore
41:08la chance d'avoir des labos,
41:10les Chinois utilisent
41:11beaucoup nos labos
41:12de recherche européens
41:14et donc là,
41:15il n'y a aucune fatalité,
41:16il n'y a absolument
41:16aucune fatalité.
41:17Puis après,
41:17on s'aperçoit
41:18que le panneau solaire
41:19finalement,
41:19ce n'est pas ce qui coûte
41:20le plus cher dans un projet.
41:21C'est très emblématique,
41:22il faut le relocaliser
41:23mais finalement,
41:24derrière le panneau solaire,
41:26ça va être plutôt
41:26tous les appareils
41:27électrotechniques,
41:30électroniques,
41:30ça va être un certain
41:31nombre de choses
41:31qui fait que,
41:32voilà,
41:32mais le panneau solaire,
41:33c'est le flagship,
41:34l'emblème.
41:35Il faut y arriver
41:36parce que c'est
41:37non seulement l'avenir
41:38mais c'était aussi
41:39une tradition,
41:40une compétence française
41:40et la France,
41:41c'est aussi,
41:42je le dis souvent,
41:43c'est ce pays en Europe
41:44qui a quand même
41:45une verticale industrielle
41:46dans l'électricité
41:47parce que que l'on prenne
41:48les artefacts,
41:50l'électrotechnique,
41:51les lignes,
41:51les opérateurs,
41:52les distributeurs,
41:53on n'a que des leaders mondiaux
41:54et on est à peu près
41:55dans tout.
41:56On était dans le solaire,
41:58bon,
41:59pour une raison historique,
42:00on n'en a pas là,
42:00on a loupé le coche
42:01mais il faut le redevenir
42:02dans le solaire.
42:03Voilà.
42:04Et c'est ça que nous,
42:06on prône,
42:07il faut une protection,
42:08bien évidemment,
42:08on ne sera jamais compétitif
42:10en soi
42:11dès lors que vous intervenez
42:12dans un marché
42:12où le prix est formé
42:13par des gens
42:14qui ont amorti
42:14leurs actifs de production,
42:16vous ne serez jamais compétitif.
42:17Donc il faut protéger
42:18et c'est la même chose
42:19pour toutes les usines
42:21qui se recréent,
42:22il faut protéger
42:22ce capital
42:23que des gens vont investir
42:24dans des nouvelles usines.
42:25Merci beaucoup,
42:26merci à toutes et à tous
42:27d'avoir participé
42:28à ce Smart Trend
42:29qui était passionnant,
42:31on le croit,
42:31en la réindustrialisation
42:33à la française.
42:35Salut et à très bientôt.
42:35Sous-titrage Société Radio-Canada
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