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00:00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est le grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique,
00:00:16émission que j'ai le plaisir de co-présenter avec la chef du pôle économie de Jeune Afrique, Aurélie Mbida.
00:00:23Bonjour Aurélie.
00:00:24Bonjour Bruno, bonjour à tous.
00:00:25Nous recevons ensemble un acteur devenu majeur de la finance sur le continent, son pays c'est le Cameroun,
00:00:32mais ses ambitions dépassent largement les frontières de ce géant d'Afrique centrale.
00:00:38Bonjour Marc Akamgueng.
00:00:40Oui, bonjour Aurélie, bonjour Bruno.
00:00:42Merci de nous avoir choisis pour cet entretien où nous allons parler d'argent, mais pas que d'argent,
00:00:48de votre vision de l'économie, de la finance, de son utilité pour chacune et chacun d'entre nous.
00:00:56D'abord, votre parcours personnel résumé par Aurélie.
00:00:59Alors Marc Akamgueng, la finance, les bas de laine et autres économies sous le matelas,
00:01:04vous avez fondé et dirigé actuellement Arvest Asset Management, une société de gestion indépendante,
00:01:10lancée en 2017 à Douala, qui vient récemment d'atteindre un portefeuille d'actifs sous gestion d'environ 480 milliards de francs CFA
00:01:18dans la zone CEMAC pour Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale.
00:01:23Votre entreprise collecte l'épargne de particuliers, d'institutionnels pour l'investir dans l'économie,
00:01:30dans des entreprises, des projets avec l'objectif de la faire fructifier.
00:01:34En clair, vous transformez l'épargne en investissement, c'est exactement votre métier Marc Akamgueng.
00:01:40Au tout début, qu'est-ce qui vous a amené à ce secteur de la finance sous cette forme, la gestion de portefeuille ?
00:01:47Est-ce que c'est le côté mathématique ? Est-ce que vous étiez bon en maths ? Ou est-ce que c'est le côté business ?
00:01:53Écoutez, Diya, merci encore pour l'invitation.
00:01:56Pour répondre assez directement à votre question, c'est une conjonction de facteurs, on va dire personnel et professionnel.
00:02:03personnel parce que moi, je suis issu d'une famille relativement nombreuse et j'ai vu mes parents à leur retraite avoir pas mal de difficultés en termes de planification financière.
00:02:15Donc, d'un deuxième point, d'un point de vue professionnel, j'ai découvert la gestion d'actifs.
00:02:19C'est vrai que j'ai fait un peu de science exacte, on m'en dit en France.
00:02:22Et j'ai découvert la gestion d'actifs dans le Maghreb au Maroc, où je travaillais pour une société de gestion marocaine qui avait un footprint sur tout le continent.
00:02:32Et malheureusement, on n'aurait pas du tout su ma zone de naissance qui était le Cameroun.
00:02:36Alors justement, qu'est-ce qui vous a amené à le faire au Cameroun ?
00:02:40C'est ce souvenir familial de vos parents ?
00:02:44Exactement, il y a ce souvenir familial.
00:02:46Et des voisins peut-être ?
00:02:47De l'environnement globalement, qui manquait cruellement de planification d'un point de vue global.
00:02:53Et aussi du besoin local de créer, de dynamiser les marchés financiers.
00:02:58Donc, comme je disais, je travaillais dans le groupe marocain.
00:03:00Je gérais un fonds africain investissé sur quasiment toutes les places de marché du continent.
00:03:04Mais malheureusement, pas dans ma zone d'où je venais.
00:03:06Du coup, l'idée est venue avec pas mal de rencontres d'essayer de mettre en place ce que je faisais déjà partout derrière dans le continent.
00:03:13Aurélie.
00:03:14En effet, vous venez un petit peu de l'expliquer.
00:03:16Avant cette aventure entrepreneuriale, vous avez construit une solide carrière dans la gestion d'actifs et les assurances.
00:03:22Après des études à Paris et en Europe, vous avez travaillé chez le marocain RMA Capital.
00:03:28Au sein du groupe BMCE, vous avez aussi exercé la fonction de directeur de la trésorerie.
00:03:33Puis vice-président finance chez Activa Assurance.
00:03:36C'est en 2012 que vous avez quitté Activa pour vous consacrer pleinement la gestion d'actifs.
00:03:42Une vie de salarié donc.
00:03:44Puis de dirigeant.
00:03:47Et puis vous êtes passé à l'entrepreneuriat.
00:03:49Pourquoi cette transition ?
00:03:52Et pourquoi au cœur de l'Afrique centrale ?
00:03:55Écoutez, moi, je pars sous le principe qu'il faut être utile.
00:04:00Il faut être utile et rendre service autant que possible à notre continent.
00:04:05À notre cher continent.
00:04:05Donc je le faisais déjà en tant que salarié au sein du groupe BMCE chez RMA Capital.
00:04:11Et ensuite, personne ne regardait l'Afrique centrale qui était relativement en retard sur ces sujets.
00:04:17Et il fallait que quelqu'un s'y mette.
00:04:18Il y a eu des conjonctions de facteurs, des rencontres, des personnes qui m'ont encouragé ou qui ont déclenché en nous.
00:04:25Je ne veux pas dire en moi parce qu'on est nombreux derrière cette aventure à Arvest.
00:04:29Et déclencher en moi l'idée d'aller faire quelque chose pour notre...
00:04:31Et plutôt le faire tout seul qu'à l'intérieur d'un grand groupe ?
00:04:35Écoutez, le vrai sujet est que personne ne croyait à l'Afrique centrale.
00:04:40Et personne ne croit d'ailleurs au potentiel de l'Afrique centrale.
00:04:44À cette époque, en 2015-2016, tout est concentré sur l'Afrique de l'Ouest en termes de développement de marchés capitaux.
00:04:52Mais il y a quand même des prérequis que l'Afrique centrale n'avait pas.
00:04:54Du coup, on s'est dit qu'il fallait que quelqu'un s'y mette, qu'on y aille et qu'on essaie de développer.
00:04:58Il y a eu un moment clé à ce moment-là, 2015-2016, pour justement faire de ce secteur de la gestion d'actifs un gros secteur en Afrique centrale ?
00:05:08Effectivement, il y a eu un moment clé. À la fin des années 2016, la zone Afrique centrale était en crise.
00:05:14Vous vous souvenez, il y a eu une réunion de tous les organismes internationaux à Yandé.
00:05:20Une crise liée aux réserves de change.
00:05:21Parce qu'on pensait que la zone devait être allée en...
00:05:25Devait complètement être... Le franc CFA devait être évaluée sur cette zone à l'époque.
00:05:28Et une des solutions que les États avaient mises en place, c'était de créer un coussin d'épargne local.
00:05:34Du coup, les États avaient déjà cette volonté.
00:05:37Les organismes internationaux, la Banque africaine de développement, le FMI, la Banque mondiale, avaient aussi cette volonté.
00:05:42Mais il fallait des gens derrière pour accompagner sur le terrain cette dynamique.
00:05:45Donc, pour moi, ça a été un déclencheur.
00:05:47Et aussi, d'un point de vue personnel, dont je ne l'ai peut-être pas dit, mais je suis allé aux États-Unis.
00:05:51Et aux États-Unis, les Américains ont cette notion de « get it done », il faut le faire.
00:05:56Donc, voilà.
00:05:57Un de mes profs m'a dit « pourquoi tu ne le fais pas ? »
00:05:59Et je me suis dit « bon, voilà, peut-être tous ces facteurs font qu'il faut se jeter à un moment. »
00:06:04Ou « just do it », comme disait un ancien grand basketeur.
00:06:07On parlera peut-être de basket tout à l'heure.
00:06:09Aurélie.
00:06:10En tout cas, les chiffres parlent, puisque sous votre direction,
00:06:13Harvest s'est imposé comme leader dans la zone CEMAC en Afrique centrale.
00:06:17Donc, avec un petit peu plus de 40% de parts de marché en 2024,
00:06:22selon la Commission de surveillance financière locale.
00:06:24Vous avez notamment pinoté le lancement de fonds actions et obligations,
00:06:28s'adressant aux investisseurs locaux et aussi à la diaspora.
00:06:31En 2021, vous évoquiez un objectif de mobilisation de près de 10 milliards de francs CFA,
00:06:36environ 15 millions d'euros, pour un fonds actions dans la zone.
00:06:39Cette forte croissance, ça a changé votre vision de votre pays et de la région dans son ensemble.
00:06:49Vous la voyez comme un nouveau terrain d'investissement ?
00:06:53Le fait que vous, vous ayez réussi, ça peut inciter d'autres ?
00:06:57Je pense que, bon, il y a eu un effet d'entraînement.
00:07:01En 2016, on était deux, donc à se lancer dans la gestion d'actifs.
00:07:05Et aujourd'hui, on est sur l'Afrique centrale, parce que l'activité est régionale.
00:07:09Et aujourd'hui, on est un peu plus de 15, 16 exactement acteurs.
00:07:14Il y a eu une accélération de création d'entreprises dans le domaine.
00:07:17Mais ce que je veux quand même préciser, c'est que pour nous,
00:07:20on ne considère pas pour l'instant que c'est un succès en tant que tel,
00:07:24pour la simple raison que le coussin d'épargne en CEMAC est assez important.
00:07:28Et du coup, en termes de taux de pénétration de notre activité sur ce coussin,
00:07:31il y a encore de la marge.
00:07:33Du coup, la mission reste encore longue.
00:07:36Et il faut qu'on garde la même détermination, le même engagement.
00:07:39Et même de façon relative, 480 milliards de milliards de francs s'efface.
00:07:44C'est moins d'un milliard d'euros.
00:07:46Du coup, quand on compare avec les assets managers dans des pays développés,
00:07:49ça reste très loin des standards, très loin des radars.
00:07:53Potentiel à exploiter, selon vous.
00:07:55En tout cas, ce parcours vous place au croisement de plusieurs dynamiques.
00:07:59L'épargne privée en Afrique, la structuration des marchés financiers domestiques,
00:08:04et puis le financement du développement économique.
00:08:06Pour nos auditeurs, nos internautes, vous symbolisez cette génération d'entrepreneurs gestionnaires africains
00:08:12qui cherchent à transformer l'épargne nationale en investissement productif.
00:08:16Marc Kamgueng est le grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique.
00:08:21C'est un petit entretien à découvrir sur JeuneAfrique.com
00:08:24et en vidéo sur les chaînes YouTube de RFI et de Jeune Afrique.
00:08:29Nous allons donc parler ensemble de l'argent des ménages,
00:08:33de celui des entreprises.
00:08:34Question très directe.
00:08:37Est-ce que vous diriez que les Africains, dans la zone subsaharienne,
00:08:41ces dernières années, se sont plutôt enrichis ?
00:08:44Qu'ils mettent davantage d'argent de côté ?
00:08:47Je pense que les Africains, de façon, en Afrique centrale particulièrement,
00:08:53sont de grands épargnants.
00:08:55Donc tous les phénomènes, comme les tontines, c'est très prospère en Afrique centrale.
00:09:01Et aujourd'hui, l'idée était simplement de leur montrer,
00:09:04créer l'environnement de confiance pour qu'ils draignent cette épargne
00:09:07sur les marchés financiers, afin qu'ils accompagnent le développement des économies.
00:09:11Aujourd'hui, Mme Bida parlait de Badlen.
00:09:14Dans son discours introductif, les gens gardaient beaucoup d'argent,
00:09:17soit en banque, soit sous leur matelas, dans les faits.
00:09:20Aujourd'hui, simplement, c'était de dire, cet argent peut être utile pour vous.
00:09:24Vous pouvez être aussi vous-même acteur de votre développement.
00:09:27Dans le monde entier, l'épargne locale finance les autoroutes,
00:09:30finance les routes, finance les hôpitaux.
00:09:32Donc avec les États qui ont compris cette démarche,
00:09:35il fallait créer ce cercle vertueux où l'épargne finance notre environnement direct.
00:09:40Selon le FMI, le taux d'épargne privé n'ont pas augmenté.
00:09:44Pendant la période de la crise Covid, pourtant l'activité économique était un petit peu ralentie
00:09:49dans beaucoup de pays africains.
00:09:51Si l'on prend le cas spécifique de la zone franc en Afrique centrale,
00:09:56qui fait partie de Cameroun, quels produits d'épargne,
00:09:58quels investissements sont disponibles aujourd'hui pour les épargneurs locaux ?
00:10:02Qu'est-ce qu'on fait quand on a de l'argent ?
00:10:04C'est une très bonne question.
00:10:06Je veux un peu aller dans la genèse des épargnants,
00:10:09de leur évolution en termes de comportement vis-à-vis de l'épargne.
00:10:15Historiquement, on a dit bad land, beaucoup de gens avaient de l'argent chez eux,
00:10:18ou utiliser la banque exclusivement de logique de sécurité.
00:10:21Ce qu'on a apporté, et les banques utilisaient cet argent pour financer des projets,
00:10:25ou financer directement les États.
00:10:26Ce qu'on a apporté, c'est qu'on a gardé la même sécurité,
00:10:28en disant, voilà, via le secteur bancaire, vous avez la même sécurité,
00:10:31mais vous avez un rendement supérieur à votre compte courant,
00:10:35ou à vos plans d'épargne classiques.
00:10:37Donc c'était le premier shift,
00:10:38parce que naturellement, quelqu'un qui a 1% de rendement,
00:10:40si vous le promettez 5, il fait le calcul rapidement,
00:10:43et il se dit, voilà, tout en gardant la même sécurité.
00:10:45Donc un des enjeux importants, c'était de convaincre que la sécurité était toujours présente,
00:10:50et simplement de rajouter du rendement.
00:10:52Et ce qui a été aussi facile, c'est que la plupart de notre,
00:10:56le plus gros de nos investissements aujourd'hui,
00:10:57étaient drainés vers les États,
00:10:59dont les États ont encouragé cet écosystème,
00:11:01dans un environnement où, comme vous l'avez dit, en 2016,
00:11:03le coût du pétrole avait impacté fortement les besoins en financement de ses propres États.
00:11:09Vous faites aussi de l'éducation financière,
00:11:11quand vous parlez de l'évolution des comportements des Africains,
00:11:15vous faites connaître ces produits d'épargne,
00:11:19vous observez l'évolution des mentalités.
00:11:22Et c'est ça, c'est le plus gros enjeu pour nous.
00:11:24Pour nous, je dis toujours que notre mission va au-delà des gains financiers.
00:11:30Mais vraiment, la mission, c'est créer cette logique de planification,
00:11:35d'éducation financière, d'inclusion financière.
00:11:38Les ressources sont là, l'épargne est là.
00:11:41Il faut juste entraîner les populations, les institutions,
00:11:44à placer leur argent de façon efficace,
00:11:47pour justement avoir un impact sur nos économies.
00:11:49Et donc, l'éducation financière, pour reprendre notre question,
00:11:52est vraiment un axe fondamental de notre démarche.
00:11:54D'ailleurs, on parcourt toute la zone d'Afrique centrale.
00:11:57On n'est pas que basé à Douala.
00:11:58On fait beaucoup du Tchad, beaucoup du Congo, du Gabon.
00:12:00On va dans les villages pour vulgariser cette logique d'épargne
00:12:05via les banques, via les marchés capitaux.
00:12:07Sur les images, là, on a vu des femmes, effectivement,
00:12:11avec qui vous échangez.
00:12:13L'inclusion financière des femmes, c'est une priorité aujourd'hui,
00:12:20aussi pour une société comme la vôtre ?
00:12:23C'est clairement un point d'entrée dans les familles.
00:12:26Aujourd'hui, la femme dans les familles en Afrique,
00:12:28surtout en Afrique centrale, je pense que dans tout le continent,
00:12:31sont quand même celles qui s'occupent de la maison,
00:12:34quand le papa va la chasse, entre guillemets.
00:12:36Donc, pour nous, c'est très important qu'elle soit consciente,
00:12:40qu'elle soit partie prenante de cette démarche.
00:12:43Et d'ailleurs, ça marche très bien.
00:12:45Un autre taux de dépargne via les femmes en croissance perpétuelle,
00:12:51même si, en nombre de souscripteurs, on va dire,
00:12:54en termes de pouvoir, capacité, ça reste quand même assez masculin dans notre zone.
00:12:58Que pensez-vous du système des tontines que vous avez évoqué tout à l'heure ?
00:13:03Cette épargne associative villageoise familiale,
00:13:06qui est une sorte de solidarité financière, de redistribution.
00:13:10On parlait de l'émancipation des femmes et de l'inclusion financière,
00:13:14mais c'est aussi parfois source d'arnaques, voire de rendements qui sont faibles.
00:13:20Qu'en pensez-vous ?
00:13:21Écoutez, moi, je suis rentrant au Cameroun en 2016 pour créer, lancer ce projet.
00:13:28Le phénomène des tontines, c'est qu'on ne peut pas l'ignorer quand on parle de la SEMA,
00:13:31qui est même pour draigner l'épargne.
00:13:33Il y a eu pas mal de livres, d'écritures de livres, de bouquins sur ce phénomène.
00:13:38Donc, à la base, je ne suis pas quelqu'un de tontine.
00:13:39Je suis entré dans certaines tontines pour comprendre comment ça marchait.
00:13:44Et j'ai réalisé qu'en réalité, une tontine, c'est une mini-banque.
00:13:48Donc, c'est des gens qui se financent entre eux.
00:13:50Et effectivement, dans le cas de ces groupes de personnes,
00:13:54il peut y avoir des casses importantes.
00:13:56Sachant que la majorité, quand même, dans ces milieux,
00:13:58veulent garder, préserver leur capital.
00:14:01Du coup, c'était très facile, on va dire, de leur dire,
00:14:04tout en gardant le côté social, parce que le côté social qui est très important,
00:14:07les rencontres de façon régulière, mensuelle, dans la plupart des cas,
00:14:10garder ce côté social tout en préservant le capital via les marchés financiers.
00:14:15Mais il faut aussi de la traçabilité.
00:14:17Il faut que les choses soient transparentes.
00:14:19Et ça peut être le défaut de ce type de système.
00:14:23C'est exactement un point que je vais peut-être évoquer pour l'instant,
00:14:25c'est le reporting.
00:14:26Donc, même les banques, historiquement, dans la gestion de l'épargne classique,
00:14:30avaient du mal à être de façon régulière, présente auprès de leur clientèle.
00:14:35Nous, ce qu'on a apporté en plus, c'est le reporting, c'est le suivi,
00:14:39cette visibilité de ce que fait votre épargne.
00:14:42Donc, cette transparence a été aussi un enjeu important.
00:14:45D'ailleurs, c'est une des valeurs d'Arvest, la transparence.
00:14:47Marc Kangen, l'épargne, c'est une chose, c'est nécessaire.
00:14:51Encore faut-il la convertir en investissement.
00:14:54Quel rôle, selon vous, dans le financement de l'économie ?
00:14:58Est-ce que c'est pour la production, avant tout, pour les infrastructures,
00:15:01si on est à l'échelle d'un État, est-ce que c'est pour financer des entreprises,
00:15:07y compris des petites ?
00:15:09En fait, de notre point de vue, on est dans une démarche graduelle,
00:15:14graduelle mais plutôt descendante.
00:15:17D'un premier temps, ce qu'on fait de façon dynamique,
00:15:2099% de nos actifs sont investis sur les souverains,
00:15:24parce qu'il y a la logique de sécurité.
00:15:26Les États ont mis en place, avec la Banque centrale,
00:15:29en Afrique centrale, des mécanismes de sécurité,
00:15:31de sûreté, des remboursements liés au financement sur les marchés.
00:15:36Vous prenez un individu ou une entité
00:15:38qui, historiquement, avec son argent en banque,
00:15:40de façon sécurisée, a un rendement faible.
00:15:43Il faut que vous gardiez cette sécurité via des placements sur les États.
00:15:46Donc, c'est un peu le plus gros.
00:15:48Mais la deuxième tendance, on a parlé du fonds Action,
00:15:50qu'on a anticipé depuis 2021,
00:15:51c'est le financement du secteur privé via le marché financier.
00:15:56La dynamique, nous, on la voyait.
00:15:58Mais elle n'a pas été au rendez-vous, il faut le dire.
00:16:00Elle n'a pas été au rendez-vous.
00:16:01On espère que dans les prochaines années, prochains mois,
00:16:05il y a des IPO, des introductions prévues,
00:16:07qu'on espère qu'ils vont pouvoir dynamiser vraiment ce volet Action,
00:16:12le financement des entreprises par le marché.
00:16:14Est-ce que vous avez des exemples concrets de mécanismes,
00:16:17de produits que vous avez mis en place,
00:16:19que ce soit au niveau d'aide souveraine ou au niveau secteur privé,
00:16:24qui montrent qu'on peut réorienter l'épargne vers quelque chose de concret ?
00:16:28De façon concrète, pas mal de projets d'infrastructure,
00:16:33même s'ils sont financés pour la plupart par les baires internationaux,
00:16:37ils demandent toujours une cote-pargne locale.
00:16:40Donc, par exemple ?
00:16:41Par exemple, le barrage de l'autoroute de la Yandé,
00:16:45le barrage de Natigal, au Cameroun, je parle,
00:16:49plein de projets d'infrastructure au Congo,
00:16:51des projets à venir au Tchad,
00:16:53les investisseurs internationaux demandent une cote-pargne locale.
00:16:56Donc, aujourd'hui, ils sont de plus en plus eux-mêmes confortables
00:16:59de savoir que le tissu économique local participe
00:17:03de façon dynamique à ces projets-là.
00:17:05D'ailleurs, dans le discours des gouvernements,
00:17:09on constate qu'ils tiennent compte de plus en plus de cet effet.
00:17:12Aujourd'hui, tous les États font des roadshows,
00:17:13et dans les roadshows, au niveau local,
00:17:15ils invitent les asset managers à participer, à écouter.
00:17:18Et on constate aussi que, d'ailleurs, dans leur communication,
00:17:21il faut attention de montrer le progrès des projets.
00:17:24Avant, quand vous prenez un État,
00:17:26ils mettaient le même projet sur cinq ans,
00:17:28et maintenant, ils parlent plus de phase.
00:17:29On est en phase 1, phase 2.
00:17:31Ça montre que le projet évolue quand même dans son temps,
00:17:33parce qu'ils savent qu'il y a des acteurs locaux qui regardent.
00:17:34Mais au-delà de la rhétorique et puis des roadshows,
00:17:37il y a quand même un cadre législatif, réglementaire,
00:17:40qui est nécessaire.
00:17:41Est-ce que vous estimez qu'il est suffisant aujourd'hui,
00:17:44ou il faut encore travailler si on veut pouvoir faire
00:17:47des investissements propres qui vont loin ?
00:17:49C'est une très bonne question.
00:17:51Et je pense que, n'oubliez pas quand même,
00:17:53je regarde un peu les choses,
00:17:55nous, on investit via les marchés capitaux,
00:17:56via les marchés financiers,
00:17:58et il y a eu vraiment un grand boom,
00:18:01un grand boom, une bonne volonté.
00:18:03Et je profite de cet espace pour remercier encore
00:18:05les présidents des régulateurs,
00:18:07M. Raphaël Thon ou M. Nagoum Yamoussoum,
00:18:09qui ont vraiment poussé la réglementation
00:18:12pour drainer, attirer, créer le cadre réglementaire.
00:18:15Maintenant, il faut que ceux qui ont repris
00:18:16les rênes aujourd'hui continuent la même dynamique.
00:18:19On pense que ce volet,
00:18:21et même fiscal, qui n'est pas encore abordé,
00:18:24est très important pour créer l'écosystème
00:18:25et drainer cette épargne dans notre marché.
00:18:27C'est la question des avoirs dormants,
00:18:31comme ils sont appelés,
00:18:32comme on les voit à la lune de la presse,
00:18:34ces comptes dormants.
00:18:37Est-ce que c'est le même phénomène
00:18:38en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale ?
00:18:41Et est-ce qu'il y a cette mobilisation,
00:18:43y compris d'un point de vue législatif ?
00:18:46Aujourd'hui, les États ont vraiment pris du poil,
00:18:51ont vraiment pris en main ce sujet.
00:18:53D'ailleurs, vous avez vu au Cameroun,
00:18:54la Caisse de dépôt et consignation est en train d'être mise en place.
00:18:57Elle était déjà existante au Gabon, au Congo,
00:19:00même s'ils n'étaient pas encore dynamiques.
00:19:02Mais ces affaires en déshérence doivent être vraiment drainées,
00:19:06comme en Europe.
00:19:06La Caisse de dépôt finance tout le social via ces produits-là.
00:19:11L'écosystème se met en place de façon visible
00:19:14et on est assez confortable sur la tendance à l'avenir sur ces sujets.
00:19:20Marc Kangen, vous ne bougez pas.
00:19:22Pour échanger sur toutes ces questions,
00:19:24nous sommes en ligne et en duplex avec un observateur assidu
00:19:29de ces questions d'épargne, de gestion des pensions,
00:19:33aussi en Afrique.
00:19:34Bonjour, c'est DreamBank.
00:19:37Bonjour.
00:19:38Vous êtes en ligne d'Abidjan,
00:19:40vous êtes un expert des systèmes financiers,
00:19:43vous êtes Gabonais de nationalité,
00:19:45vous êtes un fonctionnaire international
00:19:47et auteur de plusieurs essais sur la finance africaine.
00:19:51Quelles sont, selon vous, ces DreamBank,
00:19:54les réformes nécessaires pour mobiliser davantage l'épargne privée
00:20:00et combattre les freins qui existent,
00:20:04qui peuvent être du domaine des habitudes,
00:20:08du domaine culturel parfois aussi,
00:20:10pour mobiliser cette épargne ?
00:20:12C'est très intéressant.
00:20:15Il faut noter déjà,
00:20:17moi je travaille sur ces questions depuis 20 ans,
00:20:20lorsque je commençais,
00:20:22on avait sur les marchés obligataires,
00:20:24les marchés de titres publics,
00:20:26un peu moins de 40 milliards de dollars
00:20:28en cours global pour le continent.
00:20:32Aujourd'hui, pour les 10 marchés les plus liquides,
00:20:35nous sommes à plus de 800 milliards de dollars équivalents.
00:20:39Là, c'est pour les 10 marchés,
00:20:42et si on compte les marchés les moins liquides,
00:20:44ça veut dire que c'est un marché
00:20:45de plus de 1000 milliards de dollars.
00:20:47Donc ça veut dire qu'il y a eu un boom,
00:20:48il y a eu des réformes dans ce pays,
00:20:50et un levier important de la mobilisation de cette épargne,
00:20:54ce sont les réformes des rentrées.
00:20:58Lorsque vous regardez le continent,
00:21:00vous avez davantage ces réformes qui ont été faites
00:21:02dans la zone Afrique australe,
00:21:04Afrique de l'Ouest, essentiellement Nigeria et Ghana,
00:21:07maintenant un peu plus à Côte d'Ivoire,
00:21:09et puis côté Afrique de l'Est,
00:21:11vous avez le Kenya et les autres pays.
00:21:15Donc c'est vers ce type de réformes
00:21:18où il faut vraiment densifier les acteurs locaux.
00:21:22Je vous donne juste en termes de rendement
00:21:24de performance de ces marchés.
00:21:26Si vous prenez le marché des eurobonds,
00:21:28les pays africains qui ont émis à les eurobonds
00:21:31tout au long de ces années, à peu près 22 pays,
00:21:33vous avez l'indice de performance des eurobonds
00:21:36qui est autour de 16 % en dollars.
00:21:39Si vous prenez le même indice maintenant
00:21:40pour les marchés en monnaie locale
00:21:43sur les 10 marchés des politiques,
00:21:44vous êtes à plus de 26 % en dollars.
00:21:47Et là, en fait, c'est plus de 40 %,
00:21:49mais lorsqu'on tient compte de la dépréciation des monnaies,
00:21:52on se retrouve autour de 26 %.
00:21:53Pour montrer que, en fait,
00:21:57là où il n'y a plus de rendement,
00:21:59c'est effectivement les marchés locaux,
00:22:00et donc il y a des réformes en cours,
00:22:03des formes à faire dans les sociétés des marchés.
00:22:05Je parle des 10 marchés,
00:22:06il n'y a plus de liquide,
00:22:07mais l'Afrique, c'est 54 pays.
00:22:09Alors, si on cherche les gros réservoirs financiers potentiels,
00:22:16on pense aussi aux pensions, aux retraites.
00:22:20Là encore, une gestion à moderniser,
00:22:23et c'est à relier aussi avec l'évolution démographique du continent,
00:22:29avec une explosion démographique,
00:22:32et beaucoup de jeunes qui sont à même de financer ces systèmes de retraite.
00:22:40Tout à fait.
00:22:42Il faut voir, il y a un essor démographique,
00:22:45mais lorsqu'on regarde la densité humaine,
00:22:46l'Afrique est tellement grande,
00:22:47c'est 30 millions de kilomètres carrés,
00:22:49donc il y a assez de place.
00:22:50Lorsque vous avez un âge médian de la population subsaharienne
00:22:55autour de 19 ans,
00:22:56le continent africain est la zone au monde
00:23:00qui a la croissance potentielle positive.
00:23:03Donc croissance potentielle, c'est-à-dire en macroéconomie,
00:23:07la croissance économique maximale qu'une économie peut obtenir
00:23:11en utilisant le maximum de ses facteurs de production
00:23:14avec un faible effet d'inflation.
00:23:16Lorsqu'on regarde cela,
00:23:17la structure démographique de l'Afrique va faire en sorte
00:23:19que ce sera le continent de l'avenir,
00:23:22le continent où l'épargne sera possible de collecter.
00:23:25Vous avez 800 millions d'Africains qui vont passer à l'âge
00:23:29où ils sont capables de travailler,
00:23:31donc population active, sur les 20 prochaines années.
00:23:34Cela donne la possibilité de dépasser la population active chinoise,
00:23:38la population active indienne,
00:23:40donc une possibilité de mobiliser davantage d'épargne
00:23:43sans avoir la pression des pays matures qui ont des besoins
00:23:49de payer aujourd'hui leur retraite.
00:23:53Pour les jeunes Africains, on aura 10 personnes dans la tranche d'âge active
00:23:57pour une personne au-dessus de 65 ans.
00:23:59Donc ça représente un réservoir, un potentiel énorme.
00:24:03Pour l'instant, l'Afrique du Sud, l'Afrique australe,
00:24:06les réformes ont été faites.
00:24:08Nous sommes à 100% pour couvrir les pensions,
00:24:11mais pour le reste du continent, nous sommes à une moyenne en dessous de 10%.
00:24:15Donc c'est un challenge,
00:24:18mais en même temps, ça représente un potentiel de croissance qui est énorme.
00:24:21J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt les chiffres indiqués par Marc sur le plateau,
00:24:28mais lorsque vous prenez une zone comme l'Afrique centrale,
00:24:31les réformes de retraite n'ont pas vraiment commencé.
00:24:34Il y a quelques réformes timides,
00:24:35mais il faut aller davantage sur ce volet-là.
00:24:38Et lorsque ces réformes seront faites
00:24:40et que le potentiel d'épargne de ce segment,
00:24:43donc les pensions, sera fait,
00:24:45ça lui donnera à d'autres gestionnaires de fonds
00:24:48beaucoup plus de ressources en termes d'épargne privée
00:24:50pour faire leur placement
00:24:52et rendre l'épargne plus dynamique pour l'économie.
00:24:55Je crois qu'il est temps de faire réagir Marc Kammgang.
00:25:00Que pensez-vous des commentaires de ces Dreambanks
00:25:04que l'on remercie naturellement ?
00:25:07Que pensez-vous des solutions avancées
00:25:10et puis aussi des paradoxes mis en lumière
00:25:13à la fois cet énorme potentiel
00:25:15et puis quand même ces retards,
00:25:19par exemple, dans les systèmes de retraite ?
00:25:21Déjà, Serge, je le connais très bien, c'est un ami.
00:25:24Je l'appelle Alexander Hamilton du continent
00:25:28parce qu'il a écrit un livre « Financer l'Afrique » en 2016
00:25:31et un deuxième livre « Libérer le potentiel de l'Afrique ».
00:25:34Ce bouquin, surtout le premier « Financer l'Afrique » que j'ai lu,
00:25:38a été aussi un livre assez important.
00:25:42Quasiment toutes les thèses qui sont appliquées dans ce livre
00:25:45correspondent à ce qu'on essaie de faire sur le terrain.
00:25:47Donc, il y a des gens qui réfléchissent et il y a ceux qui essaient de courir pour mettre en œuvre
00:25:53et c'est-à-dire que ça fait partie vraiment des gens qui nous ont inspirés dans ce cadre-là.
00:25:57Ce que je pense des réformes de retraite, c'est des sujets qu'on aborde.
00:26:02Aujourd'hui, un des gros investisseurs institutionnels de la zone CEMAC,
00:26:06c'est la Banque centrale qui avait une caisse de retraite,
00:26:08l'une des rares structurées qui existait depuis 1999
00:26:11et qui était investie à 100% en France.
00:26:15Donc, un des gros points de création de confiance, c'était de leur dire
00:26:17« Écoutez, on ne peut pas parler de marché si vous, le grand régulateur de marché,
00:26:21vous investez par votre propre retraite au niveau local ».
00:26:24Donc, en 2000, en 2000, en 2000, ils ont décidé de rapatrer une partie
00:26:29qu'on gère aujourd'hui en local.
00:26:31Il y a eu un effet de l'entraînement.
00:26:33Pas mal de sociétés pétrolières, par exemple, ont décidé aussi
00:26:37qu'ils étaient déjà structurés appartenant à des groupes internationaux
00:26:40où la logique de retraite existait déjà, était déjà structurée dans ce sens-là.
00:26:44Il y a une vraie vocation de ces dirigeants à ramener l'épargne locale.
00:26:48Maintenant, là où je le rejoins aussi, c'est tout ce qui est réglementaire, fiscal.
00:26:52Il faudrait qu'il y ait un cadre plus incestatif
00:26:54où créer vraiment des plans d'épargne salariales
00:26:56pour attirer encore le plus grand nombre d'entreprises dans cette dynamique-là.
00:27:00Justement, pour revenir sur la gestion des pensions,
00:27:03le fait qu'il y ait une si grande disparité,
00:27:05vous avez expliqué le cas de l'Afrique centrale, ça marche aussi autrement.
00:27:08en Afrique de l'Ouest, je pense aussi au Maroc, en Afrique du Nord.
00:27:13Vaudrait-il pas mieux qu'il y ait une meilleure couverture, peut-être harmonisée ?
00:27:16Je ne sais pas si c'est dans le cadre de l'ASLECAF,
00:27:18si c'est un point qui devrait être abordé,
00:27:21puisque quand on veut épargner et convaincre les Africains
00:27:25qu'il faut mettre de l'argent de côté pour ces vieux jours,
00:27:29peut-être sécuriser en harmonisant, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:27:33Je suis d'accord avec vous, mais aussi je pense que,
00:27:35comme disait mon grand-père, qu'on se lave mieux soi-même,
00:27:38on peut se laver mieux soi-même.
00:27:39Donc je crois que, d'un premier temps, il faudrait peut-être déjà
00:27:43qu'au niveau local, au niveau pays, au niveau régional,
00:27:48au niveau vraiment institutionnel, que les plans d'épargne existent.
00:27:53Et par la suite, que ces plans d'épargne aient un impact direct
00:27:56sur notre écosystème le plus proche.
00:28:00Et effectivement, dans une logique de diversification,
00:28:03réfléchir à des passerelles.
00:28:05En CEMAC, c'est fait naturellement, parce qu'on est une zone économique communautaire.
00:28:09Maintenant, les ponts vers l'Afrique de l'Ouest sont des sujets aussi à aborder.
00:28:14Mais je pense qu'il faudrait déjà commencer à créer des blocs solides localement,
00:28:19au niveau régional, et ensuite penser à l'expansion de l'ASDK,
00:28:23fait un bon point à bord de ces sujets au sein de l'Union africaine.
00:28:28Mais on se dit, je suis convaincu qu'il faudrait, d'un premier temps,
00:28:33c'est mal qu'on a beaucoup de retard sur ces sujets d'épargne locale,
00:28:36de financement de l'économie.
00:28:37M. Benn a parlé du chiffre, même si on en avance sur le potentiel,
00:28:41on est sur les marchés capitaux à peu près à 10 000 milliards de francs CFA.
00:28:44Donc ça reste pas grand-chose, 1,5 milliard d'euros.
00:28:49Ça reste pas grand-chose quand on constate les besoins d'infrastructures.
00:28:53Une belle route, ça coûte trois fois plus, par exemple.
00:28:56Donc voilà un peu mon avis sur le sujet.
00:28:59Quand on vous écoute, on entend beaucoup les mots « retard »,
00:29:02« il faut démarrer », « il faut structurer », etc.
00:29:05Finalement, il ne serait pas plus simple aujourd'hui,
00:29:07face à tous ces défis, de faire de l'intermédiation entre les banques et les États
00:29:12pour qu'il y ait un financement de l'économie et du tissu entrepreneurial ?
00:29:16Écoutez, c'est un très bon point.
00:29:17Et je partage à moitié pour la somme raison que je pense que les banques le faisaient déjà.
00:29:23On l'a dit un peu au début, les banques avaient de l'épargne et investissaient directement.
00:29:26Aujourd'hui, le sentiment de responsabilité n'était pas diffusé.
00:29:31Aujourd'hui, l'épargne, je prends le cas de la France,
00:29:33un PEA finance des hôpitaux, finance des routes,
00:29:35donc chacun se sent un peu responsable de son environnement.
00:29:38Nous, on pense qu'il faudrait diffuser cette logique,
00:29:42il faudrait diffuser vraiment à l'échelle humaine,
00:29:44que chacun se dise que son excédent en trésorerie finance sa route.
00:29:50Et du coup, il sera même peut-être, cette personne sera peut-être plus enclin à considérer et à respecter,
00:29:55ce qui n'est pas le cas.
00:29:56Quand il y a des problèmes, souvent les gens ne se comportent pas comme il faut.
00:29:59Mais si vous savez que ça vous appartient, vous faites un peu plus attention.
00:30:02Alors ça, c'est le financement des infrastructures ou des projets collectifs.
00:30:08Et puis, il y a le remboursement des dettes publiques dans beaucoup d'États africains.
00:30:14Est-ce qu'il n'y a pas aussi un risque, si on relie ça aux questions macroéconomiques,
00:30:18que cette épargne domestique soit captée par les États pour rembourser leurs dettes,
00:30:24et cela au détriment du financement de projets ou d'entreprises ?
00:30:28Ça, c'est un très bon point que vous remarquez.
00:30:30Particulièrement dans le contexte du moment où on voit qu'il y a vraiment des États qui sont la tête sous l'eau.
00:30:35C'est un très bon point.
00:30:37Bon, après, il faut juste qu'on se rappelle que les États, particulièrement de la CEMAC,
00:30:41sont des États qui dépendaient en grande partie des matières premières.
00:30:46Donc, la logique marché financier était assez rédhibitoire dans le fonctionnement de l'État en lui-même.
00:30:51Ce qu'on essaie de faire, c'est de leur dire, écoutez, il faudrait, en France, par exemple,
00:30:56le budget de l'État français à 50% est géré par les bons du trésor, par le marché financier.
00:31:01On leur dit, écoutez, il y a une source de financement qui existe.
00:31:03Il faut travailler ensemble à la rendre plus ouverte à tout le monde.
00:31:08Et pour cela, il faut créer le cadre de confiance.
00:31:10D'où l'entrée en jeu de la Banque centrale.
00:31:11La Banque centrale, en 2017, a décidé de créer ce qu'ils appelaient des débits d'office.
00:31:17C'est-à-dire que pour tout ce qui est endettement via le marché financier, l'État sort de la boucle.
00:31:22Du coup, les remboursements sont faits de façon automatique, prélevés dans les comptes du trésor pour rembourser les épargnants.
00:31:29Donc, depuis 2017 que ce mécanisme existe, on n'a eu ni retard, ni problème de remboursement.
00:31:38D'ailleurs, si vous faites attention à l'accélération de notre activité,
00:31:41entre 2017 et 2020-2021, il n'y avait pas du tout de confiance.
00:31:45Donc, tout le monde observait. Est-ce que les États vont rembourser ?
00:31:48Est-ce qu'il y aura vraiment ce sert vertu efficace ?
00:31:52Et les gens ont compris que ça marchait.
00:31:55Et d'ailleurs, la cote-part des investisseurs en direct, indépendamment au produit, ne fait qu'augmenter.
00:31:59Donc, avant, il n'y avait pas du tout de personnes qui achetaient de façon directe des bons du trésor.
00:32:03Et de plus en plus, les gens le font eux-mêmes.
00:32:05On voit que la dette américaine, par exemple, est financée par des investisseurs japonais.
00:32:11Donc, voilà, tout est possible.
00:32:13Est-ce que c'est un risque dans un pays comme le Sénégal, aujourd'hui, qui est en grande difficulté budgétaire ?
00:32:21C'est une situation que vous suivez de près ?
00:32:23Un peu de loin, parce que nous, on est plutôt...
00:32:26De loin géographiquement, mais intellectuellement.
00:32:28Bien sûr, intelligemment, on suit de près.
00:32:31Mais on pense que, dans le cas du Sénégal, il y a eu un souci, enfin souci, une volonté de transparence.
00:32:37Donc, pour nous, ça va plutôt dans le bon sens.
00:32:40Même s'il y a un impact à court terme qui est important pour le niveau d'endettement du pays.
00:32:45Mais l'idée, aujourd'hui, c'est d'ouvrir les livres.
00:32:47C'est d'ouvrir les livres et que l'investisseur ait une bonne appréciation du risque du pays.
00:32:52Donc, c'est ce que les autorités ont décidé de faire.
00:32:54Donc, ça peut être un mal pour un court terme.
00:32:58Mais sur le long terme, la dynamique, c'est la transparence.
00:33:00Et sans transparence, on ne bâtit pas un sujet solide.
00:33:04Mais tout le monde doit participer à la gestion de la dette, au remboursement de la dette sénégalaise ?
00:33:10Non, le trésor. Dans chaque pays, chacun est responsable de son douleur à l'administration.
00:33:18Je pense que c'est à chaque État de s'organiser pour que les responsabilités ou alors la collecte pour faire face à ses engagements soient respectées.
00:33:28Donc, ça, c'est une question d'organisation interne.
00:33:29Beaucoup de questions fiscales, effectivement. Aurélie ?
00:33:31Est-ce qu'au Cameroun, on ouvre les livres, justement, est-ce que l'État mobilise l'épargne locale pour gérer ces questions d'endettement ?
00:33:39Oui, bien sûr. Aujourd'hui, la taille, en regardant le budget du Cameroun, le poids de l'endettement via le marché est passé de 0%, 1%, aujourd'hui, à près de 10%.
00:33:50Donc, quand je disais qu'en France, c'est 50%, il y a quand même une tendance à la hausse.
00:33:54Et d'ailleurs, on le dit, chaque fois que les différents ministres font leur roadshow pour présenter le plan de financement,
00:34:00on leur dit, écoutez, vous avez eu besoin, disons, de 200 milliards de francs CFA l'année précédente.
00:34:05Ils ont été entièrement souscrits et on a encore de l'épargne résiduelle.
00:34:08Et donc, eux aussi, ils regardent, ils observent à chaque fois, ils augmentent la taille de l'épargne locale, de l'investissement par l'épargne locale.
00:34:14Pour nous, ça va dans le bon sens. Il faut vraiment que les États s'appuient sur l'épargne locale
00:34:21et pour pouvoir avoir, d'ailleurs, des ressorts plus solides vis-à-vis de l'extérieur, vis-à-vis des changements, des dévaluations.
00:34:28En local, vous n'êtes pas du tout impacté par tout ce qui se passe à l'extérieur.
00:34:32Marc Hamgeng, vous étiez récemment à Washington lors des dernières assemblées du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.
00:34:40Est-ce que vous trouvez que ces grandes institutions financières internationales s'informent suffisamment auprès d'acteurs comme vous,
00:34:51de sociétés comme la vôtre, des praticiens de la finance ? Est-ce que vous pensez que la prise d'information est bonne ?
00:34:57En fait, on l'a vu, on le voit. On était vraiment acteurs du changement de paradigme concernant la conversation avec le FMI et la Banque mondiale.
00:35:06Aujourd'hui, on est invités systématiquement à leur assemblée annuelle. Et au-delà de ça, quand ils font les revues pays,
00:35:13ils passent systématiquement chez nous pour écouter, comprendre. Ils ont compris et je pense que c'est important d'avoir des relais locaux
00:35:21en termes de compréhension macroéconomique, en termes d'enjeux, souvent qui sont perçus différemment à distance.
00:35:28Aujourd'hui, même au niveau de ces instances, pas qu'au FMI, à la Banque mondiale, l'AFC, toutes ces institutions ont de plus en plus d'écoute.
00:35:36Parce que d'ailleurs, dans leur logique, un des objectifs, c'est de partager le risque.
00:35:40Donc, ils sont en train de partager le risque entre les fonds internationaux et les fonds locaux.
00:35:44Du coup, il faut de plus en plus écouter ce qui se passe en local.
00:35:46Donc, l'écoute, la prise d'information, oui. Après, il y a quand même pas mal de critiques qui sont émises en permanence sur l'action de ces institutions.
00:35:55Sur l'action de ces institutions, oui. Parce que, vous savez, c'est des institutions que je découvre aussi
00:36:00qui ont des procès de décision assez administrativement lourds, qui sont souvent, en termes de timing, décalés par rapport aux problématiques ponctuelles de pays.
00:36:11Mais qui, ce que j'aime, restent quand même une vision assez long terme.
00:36:14Une vision long terme et surtout une vision comparative.
00:36:19C'est-à-dire, aujourd'hui, quand ils regardent l'Afrique, ils ont des proxys, l'Amérique du Sud, l'Asie du Sud-Est,
00:36:23qui sont passés plus ou moins par les mêmes étapes de développement.
00:36:26Donc, ça, c'est aussi enrichissant pour nous de voir ce qui s'est fait ailleurs.
00:36:30Sachant que, de mon point de vue, on ne réinvente pas la roue.
00:36:32Donc, on essaie de la refaire à l'adaptant à la source locale.
00:36:35Même si les contextes sont différents.
00:36:36Marc Hamgeng, Harvest Asset Management, est le grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique.
00:36:43Ce Cameroun, où vous êtes basé dans un contexte politico-économique tout de même très particulier.
00:36:51Il y a cette présidentielle du 12 octobre 2025 que l'on va qualifier de mouvementée.
00:36:57Paul Biya déclarait vainqueur avec 53% des suffrages.
00:37:01Devant Issa Chiroma Bakary, candidat de l'opposition, qui conteste les résultats.
00:37:07Ce scrutin, on le sait aussi, a été suivi par un certain nombre de violences dans des villes comme Douala, comme Garoua.
00:37:16Des appels à des villes mortes, des activités bloquées dans la ville portuaire de Douala, par exemple.
00:37:23Quels sont, selon vous, les effets de cette instabilité politique sur le cours de l'économie camerounaise ?
00:37:30Je vais essayer de regarder les choses sur le prisme de l'épargnant.
00:37:34Parce que, comme vous l'avez dit, un des enjeux pour nous, c'est de changer le paradigme local.
00:37:39De changer vraiment la démarche, le comportement des épargnants.
00:37:43Et cette mission est vraiment supérieure aux soubresauts politico-économiques sur le court terme.
00:37:51Un plan d'épargne-retraite se prépare sur 25 ans et plus.
00:37:55Du coup, pour nous, les impacts sont assez, on va dire, minimes, pour être clair.
00:38:02Parce qu'au niveau de l'humain, quels que soient les soubresauts, à long terme, on réfléchit à comment est-ce qu'on va planifier sa vie sur le long terme.
00:38:10Donc, hormis des sujets peut-être ponctuels, de déplacement, mais d'un point de vue business, on va dire ça.
00:38:18Pour nous, il n'y a pas eu de gros impacts, on va dire ça.
00:38:20C'était peut-être sur le court terme, mais peut-être à plus long terme, cette crise peut engendrer aussi des réflexions sur...
00:38:28Maintenant, il faut davantage soutenir les entreprises camerounaises pour qu'elles soient armées sur l'avenir, peu importe ce qui se passe.
00:38:40Est-ce que vous sentez ça dans le tissu économique à Douala, aujourd'hui ?
00:38:44Écoutez, ce que nous, on ressent localement, l'idée, c'est d'amener les entreprises à se financer via le marché capitaux.
00:38:51Ce qu'on constate, c'est qu'il y a des rôles modèles.
00:38:55Vous savez, il y a une introduction en bourse qui est prévue bientôt.
00:38:59Je pense qu'elle changera et donnera vraiment l'élan en termes de capacité du marché local à accompagner les entrepreneurs sur le long terme.
00:39:07Et aussi, on constate qu'il y a un changement générationnel.
00:39:09Aujourd'hui, les hommes d'affaires, c'est des enfants qui sont en train de reprendre les affaires familiales.
00:39:13La deuxième génération.
00:39:14La deuxième génération qui est de plus en plus à l'écoute de l'ouverture du capital de société à d'autres investisseurs parce qu'ils ont compris que seuls, on ne va pas très loin.
00:39:23Ensemble, on va vraiment découvrir et aller beaucoup plus loin que notre zone de préjection.
00:39:28Le Cameroun, l'Afrique centrale, les visions sont vraiment de plus en plus globales dans nos échanges.
00:39:35Ça vient aussi de la formation de cette deuxième génération qui est partie du Cameroun, se former à l'étranger et qui est revenue ?
00:39:41Je pense que ça vient de la formation et ça vient aussi des médias parce que quand vous regardez les success stories, les champions africains, on a de moins en moins de champions africains locaux.
00:39:50Par exemple, le groupe Dangote, il est présent dans plusieurs pays, le groupe bancaire Tijari Wafa, quasiment toutes les grosses entreprises, éco-banques, c'est des groupes panafricains.
00:39:58Donc, ils comprennent que de façon pérenne aussi en termes de durabilité, pérennité de nos activités, il faut diversifier et sans compter qu'il y a aussi des cas de grands groupes d'affaires locaux qui ont aujourd'hui disparu.
00:40:11Donc, les enfants réfléchissent de plus en plus dans cette logique long terme planification à ouvrir le capital, à comprendre que comme Facebook, Mars du Cabana n'a que 16%, pourtant c'est un groupe international, comme Apple, Jeff Bezos n'a que 5%.
00:40:25Donc, c'est vraiment un nouveau comportement dans ce volet-là et on est pris en prison pour accompagner cette dynamique.
00:40:32Mais ça ne vous inquiète pas quand même cette difficulté dans beaucoup de pays africains à avoir des transitions par les élections, d'avoir à la fois parfois ces pouvoirs un peu cadenassés et puis dans d'autres pays, des coups d'État qui se multiplient.
00:40:52On l'a vu récemment en Guinée-Bissau. En tant qu'acteur économique, quand même, cette situation globale de l'Afrique, avec des élections qui ne se passent quand même pas souvent très bien,
00:41:04ce n'est pas un peu inquiétant ?
00:41:05Écoute, moi je reviens toujours à l'humain. C'est inquiétant, c'est vrai d'un point de vue global, mais je ne pense pas que ça change la volonté d'une personne à préparer sa retraite.
00:41:15Je ne pense pas que ça change la volonté d'une personne à organiser quelqu'un qui...
00:41:20Individuelle, non. Mais pour l'investissement, pour le climat des affaires, pour...
00:41:25Attirer les sociétés étrangères, attirer les capitaux étrangers.
00:41:27En fait, aujourd'hui, je pense que mon avis est un peu différent. Pourquoi ? Parce que... Pas différent. Mesuré. Parce qu'on a commencé par le fait de développer l'économie locale par l'épargne locale.
00:41:42Donc c'est un sort qui n'est pas encore assez mature. Je crois que le travail de le rendre dynamique, M. Ben a parlé d'enborder, d'attirer tous les...
00:41:53Créer et structurer les fonds de pension locaux. Ça donne quand même énormément de travail. Et dans tous les cas, les sous-bossos sont toujours ponctuels.
00:42:00Mais c'est un... Même dans les pays où ça s'étire, ça ne va jamais à plus d'un an. Et pourtant, on est là à vouloir résoudre des problématiques sur des décennies.
00:42:10Du coup, cette logique long terme, cette vision, cette mission est vraiment au-delà de ces sous-bossos au ponctuel.
00:42:16Et vous pensez que le monde économique peut s'affranchir d'une certaine manière de la politique ?
00:42:22Je pense que...
00:42:24Ou de la gestion publique de l'État ?
00:42:28Je pense que dans le cadre de la gestion de l'épargne, les liens sont assez minimes.
00:42:33Ils sont assez minimes. Dans le cadre de la gestion de l'épargne, je veux dire, revendons ça toujours au prisme de la personne ou de l'entreprise.
00:42:41Essayons toujours de se mettre au niveau de quelqu'un qui veut préparer sa retraite, qui veut préparer l'éducation de ses enfants,
00:42:47qui veut préparer la construction de sa future maison.
00:42:50Donc, sur ce prisme-là, notre travail, c'est accompagner cette planification.
00:42:55Derrière, c'est vrai que l'enjeu de prendrement et politique est important.
00:42:58Mais à la fin de la journée, les ambitions, la vision de la personne, au niveau humain, de cette inclusion financière,
00:43:04pour nous, dépassent les sous-bossos ponctuels.
00:43:07Et vous disiez que pour cette épargne, vous travaillez sur les marchés.
00:43:12Aujourd'hui, on sait que la profondeur des marchés, c'est un vrai sujet, notamment en Afrique centrale.
00:43:16Vous diriez que c'est suffisant néanmoins pour pouvoir avancer, avec cette épargne, vers des investissements ?
00:43:25Très bon point. En fait, d'un point, on pense qu'il faut regarder que le vert soit à moitié plein.
00:43:31M. Beny a parlé de 10 milliards sur le continent.
00:43:34En Afrique centrale, même Roland Berger, en 2016, a fait une étude sur la profondeur de l'épargne.
00:43:40Et eux-mêmes, ils voyaient, sur 2025, à peu près 1 200 milliards.
00:43:45Aujourd'hui, en Afrique centrale, on est à près de 10 000 milliards d'épargne, aujourd'hui, collectée et investie sur les États.
00:43:51Donc, pour nous, on pense que le potentiel est immense.
00:43:55On pense que c'est notre travail de le faire, parce que personne ne le fera à notre place.
00:43:59Il faut que nous-mêmes, on aille sur le terrain pour aller dans les villages, comme vous avez vu,
00:44:03rencontrer les personnes individuellement.
00:44:05Et aussi, les besoins des États, le gap infrastructurel est connu.
00:44:10Aujourd'hui, les institutions internationales demandent un mixte.
00:44:13Donc, on a un vrai sujet de drainer cette épargne pour accompagner les États sur ces projets.
00:44:18Est-ce qu'au Cameroun, le marché est toujours dominé par les banques commerciales,
00:44:23avec des possibilités d'investissement plutôt à court terme et pas suffisamment à long terme ?
00:44:32Est-ce que vous trouvez que les banques sont encore trop frileuses pour permettre à des entreprises
00:44:39de programmer leurs activités et leurs plans à 3, 5, 10 ans ?
00:44:44Exactement. Je pense que c'est notre rôle, justement, de prendre le relais.
00:44:48Le poids des banques dans le financement de l'économie était, via les marchés capitaux,
00:44:53était d'à peu près 100%.
00:44:55Aujourd'hui, le poids des banques est passé à 70%.
00:44:58Les investisseurs institutionnels, dont font partie les asset managers, ont aujourd'hui 20% de cette taille.
00:45:05Donc, on voit vraiment une croissance de plus en plus importante.
00:45:08Et je vous ai dit, les personnes physiques étaient absentes.
00:45:10Aujourd'hui, c'est 3% du financement de l'économie en direct, via les marchés capitaux.
00:45:15Donc, cette dynamique, pour nous, elle est irréversible.
00:45:18Et on est en train de l'accompagner de façon pratique sur le terrain.
00:45:21Ça permet de moduler, effectivement, les projets dans le temps,
00:45:25quand tout le monde n'a pas exactement les mêmes objectifs de rentabilité.
00:45:29Exactement.
00:45:30Et surtout de tenir compte de l'horizon de temps des projets.
00:45:34Une retraite, c'est 20 ans.
00:45:35Et les projets, s'ils s'en sont alignés avec ces problématiques d'investissement.
00:45:39Les banques, elles sont de plus en plus concurrencées par d'autres acteurs financiers.
00:45:44On pense au mobile monnaie.
00:45:46Dans de nombreux pays, est-ce que c'est plutôt une bonne chose, selon vous,
00:45:51qu'il y ait d'autres instruments, peut-être plus accessibles, parfois, avec son téléphone ?
00:45:56Aujourd'hui, on pense que c'est en termes de pénétration de l'activité financière.
00:46:03Le mobile monnaie a réussi ce que les banques ont eu du mal à établir depuis 60 ans.
00:46:07On a vu qu'aujourd'hui, le nombre de comptes mobiles a quasiment doublé, dépassé le nombre de comptes bancaires.
00:46:14Et c'est un canal de distribution qu'on ne peut plus ignorer.
00:46:17Mais derrière, il faut qu'on s'assure, on pense qu'il faut quand même s'assurer de la solidité.
00:46:21Parce que derrière, l'épargne, il y a aussi du réel, la vie des gens.
00:46:26Donc, il faut s'assurer que ces modèles marchent et soient robustes pour accompagner dans la durée,
00:46:30en sécurité, en rendement et en liquidité, les épargnants.
00:46:35Si je vous dis les marchés des capitaux locaux, les placements obligataires, les fonds d'infrastructure,
00:46:41ou bien la fiscalité, qu'est-ce qu'il faut actionner en premier ?
00:46:44Qu'est-ce qu'il faut réformer en premier pour faire croître ce marché financier,
00:46:49cet écosystème financier en Afrique centrale ?
00:46:53Écoutez, moi, je dirais en deuxième, parce que la réglementation, on en a parlé.
00:46:58Il y a eu une vraie volonté de créer, avec la fusion, en CEMA, qu'il y avait deux marchés, deux places.
00:47:03Il y a eu une fusion.
00:47:05Les régulateurs successifs ont vraiment poussé le développement en créant des produits.
00:47:09On est passé d'un acteur d'asset manager aujourd'hui 16.
00:47:12En termes de véhicules de placement, on y avait trois.
00:47:15Aujourd'hui, on y a une quarantaine.
00:47:17Donc, je pense que la réglementation doit continuer d'encourager, de favoriser l'essor de nouveaux acteurs,
00:47:24l'essor de nouveaux produits.
00:47:26Aujourd'hui, je me souviens à l'époque, pour faire agréer un produit, on le faisait en six mois.
00:47:30Aujourd'hui, on met près de deux ans pour agréer un produit.
00:47:33Donc, il y a quand même ce côté formation, lourdeur, administrative,
00:47:37et aussi continuité dans l'engagement à développer le marché.
00:47:41Souvent, lors des changements de dirigeants, on peut observer des ralentissements.
00:47:48Moi, je vois que la réglementation a un rôle hyper important.
00:47:50La deuxième chose qui est clé, c'est la fiscalité.
00:47:53Donc, tenir compte de l'harmonisation fiscale pour des zones comme l'Afrique centrale,
00:47:57où chaque pays a un peu sa fiscalité.
00:48:00Mais ce sont des sujets qui sont abordés aujourd'hui,
00:48:01qui sont pris aujourd'hui bras le corps par les régulateurs locaux,
00:48:06et même par notre banque centrale qui joue en rôle central.
00:48:08Marc Kamgang, vous dites que le potentiel de cette Afrique centrale est sous-exploité.
00:48:16Le Tchad, par exemple, voisin du Cameroun,
00:48:20vous voulez accompagner ce pays dans son plan de croissance,
00:48:23son plan national de développement, malgré ses difficultés.
00:48:27Le Tchad qui s'est tourné récemment vers les Émirats arabes unis
00:48:31pour trouver des financements.
00:48:33C'est une possibilité, c'est une solution, aller dans le Golfe
00:48:38pour justement aller chercher des capitaux.
00:48:41Je pense que le Tchad, particulièrement, a fait,
00:48:43on a parlé de la transparence, a fait l'exercice important de transparence.
00:48:47C'est un État qui n'était pas noté, qui est aujourd'hui noté par S&P et Mojiz,
00:48:51avec une des meilleures notes d'Afrique centrale.
00:48:53C'est un État qui est de plus en plus dynamique sur le marché des capitaux locaux.
00:48:56On observe en termes de croissance de besoins de financement local.
00:49:00Le Tchad est le premier en termes de croissance sur une période de cinq ans.
00:49:05Et c'est un État, comme on l'a dit, qui a besoin, même pas qu'un État,
00:49:08notre zone a besoin d'un mix d'épargne locale et d'épargne internationale.
00:49:13Donc c'est une étape.
00:49:14Le Tchad était aussi à Washington, le ministre des Finances était à Washington aussi,
00:49:17quand on y était pour les assemblées annuelles.
00:49:19L'idée, c'est d'essayer de toucher toutes les poches mondiales
00:49:24pour accompagner les besoins de financement de ce pays et de la zone.
00:49:28Parce qu'il y aura un impact, forcément, sur toute la zone CEMAC.
00:49:31Avec un pays, quand même, qui a des difficultés,
00:49:36qui est confronté aussi au terrorisme, à la pauvreté dans beaucoup de ces régions.
00:49:40Il ne faut pas l'occulter.
00:49:42Il ne faut pas l'occulter.
00:49:44Vous savez, nous, on est des optimistes avérés.
00:49:48Donc on pense que les problèmes, il y en aura toujours,
00:49:52sur toutes différentes formes.
00:49:54Mais on envisage, on voit un Tchad avec des autoroutes qui fonctionnent.
00:49:59Et ça, ça nous fait nous rever tous les jours à 3h du matin
00:50:02pour accompagner nos états de la CEMAC.
00:50:05Vous cherchez aussi des nouveaux marchés,
00:50:07notamment en Afrique de l'Ouest et notamment en Côte d'Ivoire.
00:50:10La Côte d'Ivoire, la finance, ce marché n'est pas déjà saturé ?
00:50:13Qu'est-ce que vous espérez y trouver ?
00:50:16En fait, concernant la Côte d'Ivoire, l'Afrique de l'Ouest,
00:50:20historiquement, du Maroc, en couvrant tous les pays,
00:50:24effectivement, cette zone était déjà relativement en avance.
00:50:28Ce qu'on a développé en Afrique centrale, là, je parle un peu de part d'Harvest,
00:50:32en termes de proximité, en termes de reporting, en termes de transparence.
00:50:37Vous savez, il y a pas mal de compagnies d'assurance particulièrement
00:50:39qui sont présentes dans les deux zones.
00:50:41Et notre expansion vers la UMOA, c'est vraiment une demande de ces clients
00:50:45qui disent, voilà, vous avez aujourd'hui un accompagnement,
00:50:49une qualité de service qui nous convient.
00:50:51On est d'ailleurs, peut-être, je pense, les seuls à être certifiés ISO 90001.
00:50:55Du coup, c'est eux qui nous disent, voilà, on est aussi présents dans cette zone-là.
00:50:58On aimerait que vous soyez à nos côtés pour continuer à développer votre activité.
00:51:04On peut demander un agrément.
00:51:05Voilà, on est dans la démarche de cette zone, on est dans la démarche.
00:51:09Que pensez-vous des débats monétaires en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale
00:51:14sur la réforme du franc CFA ?
00:51:17Les conséquences que ça pourrait aussi avoir sur votre secteur, le secteur financier ?
00:51:23C'est une très bonne question.
00:51:25Nous, on pense qu'au point de vue local,
00:51:29quel que soit, parce qu'une monnaie, c'est les échanges,
00:51:33une monnaie, c'est la relation avec l'extérieur.
00:51:37On pense que quel que soit le nom de la monnaie,
00:51:40quelle que soit la réforme,
00:51:41elle aura beaucoup plus d'impact à l'extérieur,
00:51:44dans la relation avec l'extérieur.
00:51:47Mais je reviens encore à notre mission,
00:51:49qui est de créer l'environnement, l'écosystème vertueux d'épargne locale.
00:51:55Donc ça, quel que soit le nom de la monnaie,
00:51:58ça ne changera pas cette mission.
00:52:00Du coup, on se concentre vraiment sur ce volet-là.
00:52:02C'est vrai que, comme on a aussi dit,
00:52:04la perception des investisseurs internationaux
00:52:06peut être biaisée ou brouillée par ces réformes.
00:52:12Mais on se dit aussi qu'il ne faut pas oublier
00:52:15quel est notre rôle primordial.
00:52:19Développer l'épargne locale,
00:52:20créer des structures de fonds de pension,
00:52:23accompagner cette dynamique,
00:52:25reste quand même la priorité des priorités pour Arvest.
00:52:27Donc si on vous écoute,
00:52:28le moteur prioritaire, ce n'est pas changer la monnaie,
00:52:31changer ce franc CFA,
00:52:32mais peut-être changer le fonctionnement des marchés
00:52:35qui mobilisent l'épargne, notamment.
00:52:38C'est exactement ça.
00:52:39C'est vraiment...
00:52:41Il n'y a pas de...
00:52:42Les marchés de capitaux sont, pour nous,
00:52:45l'épargne locale,
00:52:46l'investissement par des produits,
00:52:47l'épargne locaux,
00:52:49sont des gages de pérennité,
00:52:51de solidité,
00:52:52de toutes formes de modèles.
00:52:53Du coup,
00:52:54on est encore loin
00:52:56de cet état,
00:52:57de fait.
00:52:58On a encore beaucoup de travail
00:52:59au niveau local.
00:53:00On essaie de structurer,
00:53:01on a déjà vu la banque centrale,
00:53:03on le fait avec des compagnies pétrolières,
00:53:05on essaie de le faire avec des compagnies de télécom,
00:53:07pour vraiment créer,
00:53:07toutes ces sociétés qui ont une masse salariale
00:53:09assez importante,
00:53:10en termes de nombre de personnes,
00:53:11de créer des plans d'épargne
00:53:13pour que ce n'était pas une finance
00:53:15de nos états.
00:53:17On parle de l'Afrique,
00:53:18on parle d'un continent
00:53:19qui a l'habitude de faire,
00:53:21je vais utiliser exceptionnellement
00:53:22en anglicie ce que je vais expliquer,
00:53:24de leapfroguer,
00:53:25c'est-à-dire de faire des bonds
00:53:26en avant
00:53:28pour ne pas avoir à rattraper
00:53:30tout le retard.
00:53:31Ça a été le cas, par exemple,
00:53:32sur les télécoms,
00:53:33mais c'est aussi le cas
00:53:35dans le secteur financier.
00:53:37Et si aujourd'hui,
00:53:38en fait, les épargnants,
00:53:39ils décidaient
00:53:40d'investir massivement
00:53:42dans la crypto, par exemple,
00:53:44dans les cryptoactifs.
00:53:45Alors, on sait qu'en Afrique centrale,
00:53:46la Banque centrale
00:53:47s'est prononcée ses noms.
00:53:50Plutôt que sur les marchés locaux,
00:53:52qu'est-ce que ça représenterait
00:53:53pour vous une menace
00:53:54ou c'est une opportunité ?
00:53:55Écoutez, nous, on est aligné
00:53:56avec l'avis de la Banque centrale.
00:53:58Et je ne dirais pas plus clairement,
00:54:00on pense que ce phénomène de crypto
00:54:03est important
00:54:04dans la diversification
00:54:05de portefeuilles,
00:54:07de gestionnaires,
00:54:09où ça représente encore
00:54:10à peine 1%.
00:54:11Aujourd'hui, même aux États-Unis,
00:54:14ces activités ne représentent
00:54:15quasiment rien
00:54:16dans la taille globale des actifs.
00:54:18Les mettre en Afrique centrale
00:54:19au centre de la réflexion,
00:54:21c'est vraiment donner un coup
00:54:22en termes de retard
00:54:24pour le développement
00:54:25des infrastructures.
00:54:26Aujourd'hui,
00:54:26la transformation de l'épargne
00:54:28en actifs réels
00:54:29pour aider les Africains
00:54:31dans leur quotidien,
00:54:32elle doit être la priorité.
00:54:34On n'est pas contre
00:54:34cette diversification
00:54:36sur long terme,
00:54:37dans une vingtaine,
00:54:38trentaine d'années,
00:54:39mais à court terme,
00:54:40il ne faut pas qu'on oublie
00:54:41les fondamentaux.
00:54:41On a besoin d'hôpitaux,
00:54:42on a besoin d'infrastructures,
00:54:43on a besoin de routes,
00:54:45et ça, ça doit être la priorité
00:54:46pour l'instant
00:54:47dans notre zone.
00:54:48Pour vous,
00:54:48c'est surévalué
00:54:50ce mouvement récent
00:54:52vers les stable coins,
00:54:54vers cette diversification
00:54:56monétaire
00:54:57aux États-Unis,
00:54:59mais aussi
00:55:00dans d'autres grandes puissances
00:55:02de la planète ?
00:55:03Je pense que
00:55:04à notre niveau,
00:55:06il faut revenir à l'utilité.
00:55:07Aujourd'hui,
00:55:09je ne sais pas
00:55:10à quoi sert
00:55:10le Bitcoin.
00:55:12Je ne sais pas
00:55:13quel est l'impact
00:55:13que le Bitcoin
00:55:15ou les cryptos
00:55:15ont dans la vie des gens,
00:55:16hormis la rentabilité,
00:55:18hormis le fait
00:55:18de multiplier
00:55:20son patrimoine.
00:55:22Pour certains, ça.
00:55:23Pour nous,
00:55:24en CEMAC,
00:55:25c'est rendre
00:55:26l'épargne utile,
00:55:27rendre l'épargne utile
00:55:28pour le développement
00:55:29de notre quotidien.
00:55:30Et donc,
00:55:31pour nous,
00:55:31on est aligné
00:55:32pour ça à 100%
00:55:33avec la Banque centrale
00:55:34et on le combat,
00:55:36je vous garantis
00:55:37qu'on se bat
00:55:38pour que ça ne devienne
00:55:40pas une activité pérenne.
00:55:42Et on espère
00:55:42que la Banque centrale
00:55:43gardera le cap
00:55:44sur ce sujet
00:55:45tant que les gaps
00:55:46en infrastructures
00:55:47seront aussi importants.
00:55:48Il n'y a pas d'aéroport
00:55:49en ligne
00:55:51avec les besoins
00:55:52de transport
00:55:53que le Cameroun peut avoir.
00:55:55Quand vous allez
00:55:56dans les pays,
00:55:57même en France,
00:55:58vous avez dans une seule ville
00:55:59deux grands aéroports
00:56:00internationaux.
00:56:01Je ne parle pas
00:56:02des États-Unis.
00:56:03donc je peux citer
00:56:04plein de gaps
00:56:05en termes d'infra
00:56:06que nous avons
00:56:07et pour nous,
00:56:09ça doit rester la priorité
00:56:10et vraiment la vision centrale
00:56:11pour toute la zone.
00:56:12Mais sans la vision,
00:56:13c'est une question politique
00:56:14mais il y a une question pratique.
00:56:16Quand on est dans un contexte
00:56:18un peu d'incertitude,
00:56:19de crainte,
00:56:20les marchés,
00:56:21on voit qu'ils réagissent à ça
00:56:22et les gens,
00:56:23les épargnants,
00:56:24ceux qui ont de l'argent,
00:56:25font ça,
00:56:25réagissent.
00:56:26Il y a le retrait
00:56:28des flux traditionnels.
00:56:30Les États-Unis
00:56:30qui sont largement désengagés
00:56:32de partout dans le monde
00:56:33depuis le retour
00:56:35de Donald Trump
00:56:36à la Maison Blanche
00:56:37dont d'Afrique
00:56:38et donc
00:56:39les cryptoactifs,
00:56:41les bitcoins
00:56:41comme vous disiez,
00:56:42c'est devenu
00:56:43rassurant
00:56:45pour un épargnant,
00:56:46pour un investisseur
00:56:47qui a beaucoup
00:56:48d'argent à investir.
00:56:50Alors que du coup,
00:56:50qu'est-ce qu'on fait
00:56:51au lieu de dire juste
00:56:52c'est interdit,
00:56:53il faut
00:56:54investir dans les routes.
00:56:57Concrètement,
00:56:58qu'est-ce qu'on offre aux gens
00:56:58alors qu'il y a
00:56:59ce contexte d'incertitude ?
00:57:01Ça c'est un bon point
00:57:02mais je pense que
00:57:04la démarche centrale
00:57:07doit être d'utilité.
00:57:08L'utilité de notre épargne.
00:57:10Et aujourd'hui,
00:57:11je vous redis,
00:57:12je n'arrive pas
00:57:12à avoir l'utilité
00:57:14de l'investissement
00:57:16dans le bitcoin.
00:57:17Je n'arrive pas.
00:57:18Peut-être que vous...
00:57:19C'est comme l'investissement
00:57:20dans l'or,
00:57:21c'est une valeur refuge
00:57:21peut-être pour certains.
00:57:23Pour certains.
00:57:23Un message politique
00:57:25pour d'autres.
00:57:26Ok, ok, ok.
00:57:27Je comprends bien
00:57:28mais je vous dis,
00:57:30désolé,
00:57:31je vais peut-être
00:57:31insister dessus,
00:57:32mais je suis convaincu
00:57:34que pour l'Afrique
00:57:36en général,
00:57:38le paradigme
00:57:39ne doit pas être
00:57:40brouillé
00:57:40par ce qui se fait
00:57:43ailleurs.
00:57:44On doit ne pas oublier
00:57:45quel est notre
00:57:46environnement direct
00:57:46et de façon directe,
00:57:48il nous faut des routes.
00:57:50Moi, j'étais ce week-end
00:57:51dans mon village
00:57:52et je m'étais avant
00:57:54trois heures de temps
00:57:55pour faire la route
00:57:57de l'Ouest à Douala.
00:57:59Aujourd'hui,
00:58:00j'ai mis sept heures
00:58:01de temps
00:58:01parce qu'il y a
00:58:02un sujet d'infrastructure
00:58:04compte tenu
00:58:05du nombre de personnes
00:58:06qui font la même route,
00:58:07compte tenu
00:58:07des besoins
00:58:08les plus importants.
00:58:09Ça, c'est du concret,
00:58:11du réel.
00:58:11Donc, quand on me parle
00:58:12de crypto,
00:58:13je ne vois pas du tout
00:58:13comment ça m'aidera
00:58:14à faire une autoroute
00:58:16entre Douala
00:58:17et notre village,
00:58:19par exemple.
00:58:20Donc, j'ai des amis
00:58:22qui vont dans des hôpitaux.
00:58:23La prise en soins
00:58:24est encore
00:58:25pas mal de gaps
00:58:28par rapport
00:58:28à une prise de soins
00:58:29en Europe.
00:58:32Donc, voilà,
00:58:32il faut qu'il y ait
00:58:33des hôpitaux
00:58:33pour prendre en charge.
00:58:35Donc, pour moi,
00:58:36ça reste vraiment
00:58:36l'utilité
00:58:37et toute personne,
00:58:38le bon sens
00:58:38devrait faire
00:58:40que chacun se dise
00:58:41où est-ce que va mon argent.
00:58:43aux États-Unis,
00:58:45je vous dis encore,
00:58:46ou en Europe,
00:58:47ceux qui investissent
00:58:48dans ces actifs
00:58:49ne le feront pas
00:58:50100% de leur portefeuille.
00:58:51Ils ont déjà
00:58:52des matelasses
00:58:53dans l'immobilier,
00:58:54dans les obligations,
00:58:56dans les PEA,
00:58:57dans les livrets A.
00:58:58Et c'est une poche additionnelle.
00:59:00Nous, on entend
00:59:00construire l'immobilier,
00:59:02les PEA,
00:59:02les livrets A.
00:59:03Donc, voilà.
00:59:04Chaque chose en son temps.
00:59:05Chaque chose en son temps.
00:59:06Marc Kammeng,
00:59:08on arrive au terme
00:59:09de cette émission
00:59:10puisque nous parlons
00:59:10des États-Unis,
00:59:11de Donald Trump.
00:59:12Parlons de l'une
00:59:14de vos autres passions,
00:59:16le basket et la NBA,
00:59:18votre équipe de cœur.
00:59:20Les Detroit Pistons.
00:59:21Les Detroit Pistons
00:59:22qui sont en pleine forme
00:59:23d'ailleurs cette année.
00:59:26Vous passez
00:59:26quelques nuits blanches
00:59:27à les regarder,
00:59:28on imagine.
00:59:30Ils ont fait
00:59:30leur gloire passer
00:59:32leur titre NBA
00:59:34sur le physique,
00:59:36sur le collectif.
00:59:38On va se remémorer
00:59:39une archive
00:59:40de 1989.
00:59:42L'année dernière,
00:59:42les Pistons
00:59:43ont eu un 3-2 lead.
00:59:46Ils ne pouvaient
00:59:46gagner
00:59:46l'un des dernières
00:59:48deux.
00:59:49Maintenant,
00:59:49ils le font.
00:59:53Le champ de monde.
00:59:54Les Lakers
00:59:55sont les standards
00:59:55de la sport
00:59:56des années 1980
00:59:57avec 5 titres.
00:59:58Mais c'est
00:59:59le Pistons Detroit.
00:59:59On voit votre plaisir
01:00:03de revoir
01:00:04ces images
01:00:05des bad boys
01:00:06de Detroit
01:00:07contre Jordan,
01:00:10contre Magic Johnson,
01:00:12le collectif
01:00:13contre les individualités.
01:00:15Exactement.
01:00:16Avec quand même
01:00:17ce côté très physique,
01:00:18un peu bad boy.
01:00:19Un côté déterminé,
01:00:21un côté engagé.
01:00:22Pour nous,
01:00:22ça fait partie
01:00:24d'un modèle
01:00:25qu'on pense
01:00:26que le collectif
01:00:26est plus fort
01:00:27que les individus.
01:00:30Ce que j'aime
01:00:31dans les Detroit Pistons,
01:00:32que je continue
01:00:33de suivre
01:00:34avec la même passion,
01:00:35c'est l'une
01:00:35des rares équipes
01:00:36NBA
01:00:36qui est un sport
01:00:38aux Etats-Unis
01:00:38assez individuel
01:00:39autour d'une personne.
01:00:41C'est l'une
01:00:41des rares équipes
01:00:42qui a été championne
01:00:43en 2009,
01:00:44en 1990,
01:00:45aussi en 2004,
01:00:46sans qu'il y ait
01:00:47de superstars
01:00:48autour de l'équipe
01:00:50en question.
01:00:51Pour moi,
01:00:51ça reste vraiment
01:00:52un modèle.
01:00:54Je pense qu'en Afrique,
01:00:55on ne peut pas
01:00:55aller loin seul.
01:00:57on peut aller
01:00:57vite seul,
01:00:59mais on peut
01:01:00aller loin
01:01:01ensemble.
01:01:02Vous n'avez pas
01:01:02envie d'investir
01:01:03dans une équipe
01:01:04de basket
01:01:04en Afrique
01:01:05quand on voit
01:01:06par exemple
01:01:06qu'ils se professionnalisent
01:01:07avec la balle ?
01:01:09Ça ne vous intéresse pas
01:01:10justement ?
01:01:11Ça fait partie
01:01:12sur le long terme
01:01:13de la diversification
01:01:17en termes de...
01:01:18Peut-être pas
01:01:18dans le basket
01:01:18directement
01:01:19parce qu'on fait
01:01:19ce que nos investisseurs
01:01:20demandent.
01:01:21Mais à long terme,
01:01:23c'est accompagner
01:01:23le sport en général,
01:01:25accompagner le loisir,
01:01:27le divertissement
01:01:27dans tout ce qui est
01:01:30de nouvelles classes
01:01:30d'actifs
01:01:31avec une prise de risque
01:01:32légèrement supérieure.
01:01:34Ce que l'avantage
01:01:35aujourd'hui des États,
01:01:36c'est la sécurité.
01:01:37On doit tenir compte
01:01:37du point de vue
01:01:39de nos investisseurs
01:01:40qui ont pour l'instant
01:01:41besoin de sécurité.
01:01:42Mais on a de plus en plus
01:01:43certains qui,
01:01:44depuis cinq ans
01:01:46sont avec nous
01:01:46et qui ont compris
01:01:48que la sécurité
01:01:49marchait.
01:01:50Et sur leur excédent
01:01:51de gains en sécurité,
01:01:52nous demandent de plus en plus
01:01:53de prendre des risques.
01:01:54Après, il faut que
01:01:55la réglementation suive,
01:01:56il faut que les équipes
01:01:57se structurent
01:01:58pour accompagner,
01:01:59pour ouvrir leur capital
01:02:00à ces initiatives.
01:02:01Mais pourquoi pas donc.
01:02:02Un très grand merci
01:02:03Marc Akamgang
01:02:04d'avoir été notre invité.
01:02:06C'est moi qui vous remercie
01:02:07encore pour l'honneur
01:02:08que vous nous avez fait
01:02:09de recevoir notre société.
01:02:10Merci.
01:02:11Le grand invité
01:02:12de l'économie RFI
01:02:13Jeune Afrique,
01:02:14un entretien
01:02:14à découvrir
01:02:15ou à redécouvrir
01:02:17sur notre chaîne YouTube
01:02:18et en toutes lettres
01:02:19sur jeuneafrique.com.
01:02:21Merci Aurélie.
01:02:22Merci Bruno.
01:02:23Et merci à nos équipes
01:02:24de réalisation.
01:02:25Merci.
01:02:26Merci.
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