00:00D'un côté les discours volontaristes des ministres, de l'autre le constat excédé des français, plus rien ne prend, aucune action, aussi XXL qu'elle soit ne trouve grâce à leurs yeux.
00:11Plus de 7 français sur 10 tirent à boulet rouge sur la politique de lutte contre l'insécurité, en particulier concernant le trafic de drogue.
00:18Fermeture des points de deal, quartier de haute sécurité dans les prisons, saisie d'armes illégales, tout cela est jugé largement insuffisant.
00:27A cette défiance s'ajoute une certaine résignation et une inquiétude qui gagne du terrain, du terrain de manière littérale et géographique.
00:3565% des sondés affirment que le trafic de drogue est présent là où ils vivent, une réalité qui touche aussi les habitants des zones rurales et des villes moyennes.
00:44Les statistiques officielles, elles, estiment à 80% du territoire qui est aujourd'hui gagné par le narcotrafic.
00:51Cette réalité est donc devenue inévitable.
00:53Alors, l'autre enseignement de ce sondage, ça c'est très intéressant, c'est que les Français appellent de leur vœu des solutions radicales.
01:01Ils ne veulent pas du dur en même temps, ils ne veulent pas des solutions meules.
01:06Plus de tièdeur, on touche au deuxième décalage entre la parole politique et l'aspiration des Français.
01:12Ce qui est jugé extrême, voire radical dans l'hémicycle et dans les rédactions parisiennes, ne l'est pas du tout pour nos concitoyens.
01:18Recours aux drones, armement des polices municipales, agents de sécurité dans les halls d'immeubles, durcissement des sanctions pénales, y compris pour les consommateurs.
01:27Voici quelques-unes des idées qui rencontrent une très forte adhésion.
01:31Un consensus existe bel et bien sur ce sujet.
01:35On est loin des débats dogmatiques de la classe politique.
01:38Les sympathisants de gauche ne dérogent pas à cette aspiration largement partagée de la nécessité d'une réponse ferme à l'insécurité.
01:47On pourrait ajouter que dans les mêmes proportions, c'est-à-dire entre 7 et 8 Français sur 10, le recours à l'armée, l'inspiration de l'état d'urgence, tout ça n'est plus du tout tabou pour les Français.
01:57Alors la question maintenant, c'est comment les politiques peuvent répondre à cette aspiration ?
02:01Alors il n'y a pas une bonne façon de répondre, mais il y a indéniablement une méthode qui ne prend plus, celle de l'hypercommunication, celle des discours musclés qui accouchent de souris,
02:10celle des déplacements ministériels qui servent qu'à appuyer l'illusion de l'action alors que la réalité reprend ses droits après le départ du cortège officiel et des caméras.
02:18Ce constat, je note d'ailleurs qu'il a été exprimé très directement par Gabriel Attal hier soir dans une forme d'aveu de la limite de la communication politique comme seule réponse.
02:27Emmanuel Macron a installé un concept fumeux dans l'esprit de beaucoup de responsables politiques, ce concept de la parole performative.
02:34Cette idée selon laquelle le discours vaut l'action et c'est un poison lent qui a influencé la classe politique.
02:41La vérité, c'est que s'attaquer aujourd'hui à la question du narcotrafic nécessite le courage d'affronter les troubles suscités par une action résolue.
02:48Entrer dans les quartiers pour les nettoyer, c'est assumer d'affronter des vents contraires, assumer les critiques de l'intelligentsia parisienne,
02:56assumer que l'état de droit n'est pas sacré et que peut-être la justice n'est plus adaptée à la dangerosité de la menace.
03:02Avant d'entrer dans cette phase d'action que les Français attendent, l'heure est à la prise de conscience politique
03:07et il serait temps parce que les Français, eux, ont une longueur d'avance en matière de lucidité sur la situation du pays.
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