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00:00– Bonjour et bienvenue en Tête à Tête,
00:10l'émission de grandes interviews de France 24.
00:13Notre invité pour cette interview exclusive
00:16est le ministre des Affaires étrangères de la République islamique d'Iran,
00:19Abbas Haaretchi.
00:20Merci beaucoup, monsieur le ministre.
00:23– Merci à vous.
00:25Cela me fait très plaisir d'être invité dans votre émission.
00:28– Alors, vous êtes ici à Paris.
00:30Les Français Cécile Collère et Jacques Paris,
00:32condamnés pour espionnage en Iran,
00:34sont sortis de prison le 28 octobre,
00:36après trois ans et demi de captivité.
00:39Ils sont depuis à l'ambassade de France à Téhéran
00:41et ils attendent une autorisation de sortie du territoire iranien.
00:45Vous demandez, en échange, à ce qu'une citoyenne iranienne,
00:48Madhye Esfandiari, qui a été arrêtée ici en France en février
00:52pour apologie du terrorisme
00:54et qui a été libérée sous caution, soit échangée.
00:57Mi-septembre, vous aviez affirmé que nous étions tout proches
01:01de la phase finale de cet échange.
01:04est-ce que vous êtes ici à Paris pour véritablement finaliser cet échange ?
01:10– Échange de prisonniers sur la base des intérêts nationaux,
01:19c'est quelque chose d'assez courant au niveau des relations internationales.
01:22Ça n'a rien de ni étonnant ni nouveau.
01:25Cet échange entre nous et la France a été négocié,
01:30il y a eu un accord et en effet, nous attendons que toute la procédure juridique
01:35et judiciaire se fasse dans les deux pays.
01:38Et j'espère et je pense qu'au cours des un ou deux prochains mois,
01:41en fonction des processus judiciaires, se fera.
01:44Et je pense que ça va s'achever et l'échange se fera.
01:47– L'échange se fera.
01:48Donc, Madhye Esfandiari doit avoir son procès normalement mi-janvier en France.
01:54Qu'en est-il de Jacques Paris et Cécile Collère ?
01:56Quand est-ce que les procédures judiciaires seront terminées pour eux ?
02:00– Leur procès a déjà eu lieu, c'est déjà fini, le verdict a été prononcé.
02:07Mais comme je vous l'ai dit, sur la base de la loi iranienne
02:10et de la loi dans pas mal d'autres pays,
02:12les prisonniers sur la base des intérêts nationaux peuvent être échangés.
02:16Et le processus de l'échange est décidé dans le cadre du Conseil suprême
02:20de la sécurité nationale iranienne et tout est prêt.
02:23Nous nous attendons que le processus judiciaire s'achève en France.
02:25– Donc, mi-janvier, l'échange aura lieu, au plus tard ?
02:30– Je l'espère, tout dépend de la décision du tribunal français.
02:34– Et est-ce que vous avez l'accord formel du gouvernement français
02:37que la décision ira en ce sens ?
02:40– Encore une fois, regardez, l'échange de prisonniers se fait entre les pays.
02:47Il y a toujours deux parties.
02:48C'est la décision politique, d'une part, qui se fait entre les autorités
02:53et puis la décision judiciaire qui doit se faire par les pouvoirs judiciaires.
02:57Et ce sont deux pouvoirs complètement indépendants.
03:00Certes, il doit y avoir une forme de coordination.
03:02Du côté iranien, la coordination a déjà eu lieu.
03:05Maintenant, nous attendons la partie française.
03:07– Vous êtes ici aussi pour parler d'un autre sujet, le nucléaire.
03:13Les négociations sur ce sujet sont rompues, que ce soit avec les États-Unis ou avec l'Europe.
03:17Donald Trump, le président américain, dit régulièrement espérer négocier avec l'Iran,
03:22que lui aussi y est prêt.
03:26Est-ce qu'il y a des négociations avec les États-Unis en ce moment ?
03:30Vous aviez négocié avant la guerre de juin avec son envoyé spécial, Steve Whitcoff.
03:36Est-ce que vous avez des contacts avec lui, avec d'autres membres de l'administration américaine
03:40pour reprendre ces négociations ?
03:42– Regardez, aujourd'hui, il n'y a pas de négociation,
03:46mais les canaux de dialogue existent entre nous, entre moi et M. Whitcoff, ça existe.
03:53Il y a différents intermédiaires qui échangent aussi les messages.
03:58Mais aujourd'hui, nous n'avons aucune décision pour négocier.
04:02Pourquoi ? Parce que le processus du côté américain pour une négociation qui soit réelle,
04:07qui soit équitable, n'existe tout simplement pas.
04:09Nous, nous sommes prêts à négocier. On a toujours été prêts à négocier.
04:13En 2015, on a négocié. On est arrivés à l'accord nucléaire.
04:18En 2025 aussi, on était en train de négocier.
04:21Lorsque les États-Unis et l'Israël nous ont attaqué, nous sommes toujours prêts pour négocier.
04:25Mais de véritables négociations qui soient sérieuses.
04:28Négocier n'a rien à voir avec dicter quelque chose.
04:34À chaque fois, et lorsque le gouvernement américain dira qu'ils acceptent de laisser tomber sur leur désir de dicter,
04:42qu'ils sont prêts pour une vraie négociation sérieuse.
04:45pour arriver aux intérêts bilatéraux, pour arriver à un échange qui soit gagnant-gagnant de part et d'autre,
04:52pour que les deux parties soient ravies du résultat des négociations.
04:55Si nous avons le sentiment que du côté américain, ils sont prêts d'aller dans ce sens,
05:00nous n'avons jamais dit non à une négociation.
05:03Mais à l'instant où je vous parle, on n'a pas cette interprétation du côté américain.
05:06Est-ce que vous pouvez confirmer que vous avez échangé ces dernières semaines avec Steve Witkoff ou avec Marco Rubio
05:11qu'il y a quand même toujours des discussions, même s'il n'y a pas de négociations ?
05:17Non, ça fait quelque temps qu'on n'a aucun contact ni aucun échange.
05:23Pourquoi ? Parce qu'encore une fois, nous sommes arrivés à cette conclusion que du côté américain,
05:27il n'y a pas le désir réel de négociation.
05:29Dès qu'ils auront ce désir, on peut rapidement revivifier les canaux.
05:36Mais là où on n'est pas pressé, on attend.
05:38On attend que les Américains soient prêts pour une vraie négociation
05:41et non pas seulement pour demander sans arrêt des choses exagérées.
05:47Alors, le président iranien, Amasoud Pézekian, a adressé une lettre au prince héritier d'Arabie saoudite,
05:52Mohamed Ben Salman, juste avant que celui-ci aille à la Maison-Blanche,
05:55dans laquelle il aurait affirmé être ouvert à la résolution du différent nucléaire par la voie diplomatique.
06:01Le prince héritier saoudien a déclaré qu'il ferait tout son possible
06:04à ce qu'il y ait un accord entre les États-Unis et l'Iran.
06:07Est-ce que l'Arabie saoudite, avec qui vous avez eu des relations parfois très difficiles,
06:12est aujourd'hui un des intermédiaires entre Washington et Téhéran ?
06:16Plusieurs points.
06:21Premièrement, le courrier que notre président a adressé à son exégeance, M. Ben Salman,
06:29n'avait rien à voir au nucléaire.
06:31Cela concernait l'histoire du pèlerinage à la Maison-Blanche et c'était des remerciements
06:38pour l'accueil vraiment parfait de l'Arabie saoudite par rapport aux pèlerins iraniens
06:43l'année dernière et notre préparation pour les prochains pèlerinages.
06:47Concernant le nucléaire, par rapport à l'Arabie saoudite, nous avons une confiance totale en l'Arabie saoudite.
06:54Aujourd'hui, cela fait des années que nos relations vont dans le bon sens
07:00et chaque jour, la confiance s'accroît entre les deux pays.
07:06Il y a une compréhension de très bon niveau entre nous et les Saoudiens pour la paix et la stabilité régionale.
07:14Nous savons que la coopération de tous les pays de la région, en particulier l'Iran et l'Arabie saoudite,
07:19en tant que deux grandes puissances de la région, sont impliquées dans la paix et la stabilité régionale.
07:25Mais sur la question nucléaire, aujourd'hui, notre problème, ce n'est pas d'avoir un intermédiaire.
07:31Non, notre problématique, c'est l'attitude américaine, comme je viens de vous le dire.
07:35Tant que cette attitude américaine ne change pas, comment voulez-vous qu'il y ait de négociation ?
07:41Et cela n'a rien à voir avec les intermédiaires.
07:45Il y a pas mal de pays dans la région qui sont tous nos pays, des pays amis, ont essayé de jouer ce rôle d'intermédiaire.
07:53Et nous, nous sommes en contact avec tous ces pays.
07:57Nous remercions leur confiance.
07:59Mais encore une fois, le problème est d'ailleurs.
08:02Le problème, ce n'est pas l'intermédiaire.
08:05Le problème, c'est aussi l'Agence internationale pour l'énergie atomique, la IEA.
08:09Le Conseil des gouverneurs a passé une résolution la semaine dernière demandant à l'Iran une coopération complète et rapide
08:17en fournissant l'état de ses stocks d'uranium enrichis et l'accès à ses installations nucléaires.
08:23Pourquoi est-ce que vous refusez cela ?
08:25La raison est très claire.
08:33Le Conseil des gouverneurs est un organe politique.
08:37L'Agence internationale, au contraire, c'est une agence technique.
08:41Mais le Conseil des gouverneurs, c'est une instance politique.
08:44La résolution en question était une décision politique unilatérale.
08:50Cette résolution du Conseil des gouverneurs a été éparue telle qu'il n'y a pas eu de modification,
08:57telle que ça donnait l'impression qu'il n'y a pas eu de guerre à cause de nos installations civiles n'ont pas été attaquées.
09:05Le fait est que lorsque vous avez une telle résolution sans prendre en compte les réalités du terrain, c'est une erreur.
09:11Nous, nous avons déjà montré notre bonne volonté pour coopérer avec l'Agence suivante, aller au CAIR,
09:18avec le rôle joué par nos amis égyptiens, M. Guérussi et Venou.
09:24On a eu un accord avec l'Agence qu'on appelle l'accord du CAIR.
09:29Il y a eu un cadre de coopération qui a été déterminé.
09:32M. Guérussi et l'Agence, eux-mêmes, sont d'accord.
09:35Dans le cadre du protocole du CAIR, ils ont dit qu'en effet, la réalité du terrain est différente
09:41et qu'il faut une coopération dans le cadre de cette réalité nouvelle du terrain.
09:45J'ai dit à M. Guérussi, est-ce que vous avez un quelconque protocole
09:48pour visiter des installations nucléaires civiles dans le cadre du protocole de l'Agence
09:55qui ont été attaquées ?
09:56Il a dit non, tout simplement parce qu'il n'y a jamais eu ce cas.
09:58Ce cas ne s'est jamais produit, donc on s'est mis d'accord pour mettre en place de nouvelles modalités.
10:04Et cet accord, c'était l'accord du CAIR.
10:07Il va de soi.
10:10Le fait est qu'aujourd'hui, il est dangereux d'approcher nos installations nucléaires
10:15parce qu'il y a des dangers sécuritaires.
10:18Il y a toujours le danger de l'attaque américaine.
10:21Il y a le danger d'un certain nombre de munitions qui n'ont pas explosé.
10:25Il y a de plus des inquiétudes, pour moi, sécuritaires,
10:30le danger d'une possibilité de l'existence de la radioactivité, des produits chimiques.
10:37Croyez-moi, ce n'est pas facile de s'approcher de ces installations qui ont été bombardées.
10:42Donc, il faut un cadre, une modalité.
10:45Et les gens de l'Agence sont d'accord avec cette réalité.
10:51Donc, dans le cadre de la résolution, ça n'a pas été pris en compte ?
10:54Les inspecteurs, est-ce que vous allez leur permettre,
10:57est-ce que vous négociez un retour des inspecteurs en Iran ?
11:01Regardez, des inspections des installations nucléaires civiles
11:11qui n'ont pas été attaquées, ça continue, ça n'y a aucun souci.
11:16Maintenant, si on parle des installations civiles qui ont été attaquées,
11:20encore une fois, je vous le dis, il faut un cadre,
11:23il faut une nouvelle modalité, un nouveau protocole.
11:26Et ça, il faut le négocier avec l'Agence internationale.
11:29Et mon histoire, c'est que le Conseil des gouvernants,
11:32les pays membres du Conseil des gouvernants,
11:34ne prennent pas des décisions erronées
11:37et ne mettent pas en défi cette négociation avec l'Agence.
11:40Ne le rend pas difficile.
11:42Selon vous, est-ce qu'Israël prépare des nouvelles frappes
11:44sur les sites nucléaires iraniens ?
11:46On a vu qu'ils ont fait ça avec beaucoup de facilité,
11:49si j'ose dire, au mois de juin.
11:51Est-ce que c'est toujours une crainte ou est-ce que vous pensez
11:53que désormais, des nouvelles frappes sont exclues ?
11:57Le régime israélien, au cours des deux dernières années,
12:02ont attaqué sept pays différents.
12:04Donc, la possibilité d'une nouvelle attaque, d'une nouvelle guerre,
12:08oui, ça existe.
12:09Je pense que l'existence même de ce régime est liée à leur désir de lancer des attaques.
12:18Mais s'ils attaquent l'Iran, est-ce qu'ils vont avoir la moindre victoire ?
12:23Je pense que si vous avez déjà fait quelque chose et que ça a été un échec,
12:29la logique voudrait que vous ne le refassiez pas.
12:31Le fait est que la dernière fois, notre système antiaérien n'a pas bien fonctionné,
12:38mais le système israélien n'a pas bien fonctionné non plus.
12:41Et nos missiles ont obtenu leurs objectifs,
12:45surtout les derniers jours de la guerre.
12:47Nos missiles ont réussi à atteindre leurs objectifs de manière beaucoup plus puissante,
12:52beaucoup plus précise.
12:53Et les Américains et les Israéliens qui, le premier jour,
12:57parlaient d'une capitulation sans condition,
13:00au cours du deuxième jour, ont demandé un cessez-le-faux sans condition.
13:04Donc, c'était une expérience que maintenant ils ont.
13:07Lors de cette guerre des 12 jours, l'Iran est sorti victorieux.
13:10On a pu se défendre.
13:11On a pu attaquer des objectifs très importants en Israël.
13:16Et on a montré notre capacité défensive.
13:18Honnêtement, je ne pense pas qu'ils veuillent réitérer cet échec.
13:24Alors, malgré tout, l'Iran est quand même affaibli
13:26par ce qui s'est passé au Liban, en Syrie.
13:28Alors, au Liban, récemment, Israël a éliminé à Beyrouth
13:30un chef militaire du Hezbollah, Heitan Al-Tabatabai.
13:34Les gardiens de la révolution iranienne ont demandé une vengeance.
13:38Est-ce que vous voulez des frappes du Hezbollah sur Israël
13:40ou est-ce que vous pensez que ce n'est pas le moment
13:42parce que le mouvement est très affaibli ?
13:44Concernant le Liban, nous n'avons jamais eu
13:55la moindre ingérence dans les affaires intérieures libanaises.
13:58C'est l'armée libanaise, c'est le Hezbollah
14:00qui prennent leurs propres décisions.
14:02Les autorités libanaises, le président, le premier ministre,
14:06ils ont tous condamné cette attaque,
14:08d'après ce que j'ai vu dans l'actualité.
14:10Ils ont dit qu'ils utiliseraient tout moyen et tout instrument
14:13pour défendre les ressortissants libanais.
14:16Maintenant que l'Iran soit affaibli
14:18par rapport à ce qui s'est passé au Liban,
14:21non, je pense que cela ne correspond pas à la réalité.
14:25C'est justement ce type d'erreur
14:27qui a amené l'Israël à nous attaquer.
14:29C'est exactement cette vision erronée
14:31que vous exprimez qui a amené l'Israël
14:35à penser qu'ils peuvent nous attaquer.
14:37Mais ce qu'ils ont vu, c'est un Iran puissant.
14:38– Alors en Syrie, le nouveau président Ahmed El-Chara
14:41a été reçu à Washington, une visite historique.
14:44Il veut se joindre à la coalition antiterroriste contre Daesh,
14:47lui qui est un ancien djihadiste.
14:49Depuis son arrivée au pouvoir,
14:50il a expulsé ce qu'il appelle les milices iraniennes.
14:53Il n'a pas condamné les frappes israéliennes sur l'Iran.
14:58Est-ce que, pour vous, c'est un danger pour l'Iran
15:03ou même un ennemi de l'Iran ?
15:07– Regardez, nous ne voulons pas nous ingérer
15:11dans les affaires syriennes.
15:14Je pense que la Syrie, aujourd'hui,
15:18a tant de soucis et fait face à tant de problématiques.
15:23Donc, du coup, c'est l'appel à la stabilité régionale
15:25qui est mis en danger.
15:27Ce que nous voulons, c'est une Syrie unie
15:29avec une autorité unique, avec la stabilité.
15:36Sinon, c'est l'ensemble de la région qui est mis en danger.
15:38Ce qu'on vaut, c'est la fin de l'occupation de la Syrie par l'Israël.
15:42Malheureusement, après la chute de Bachar Assad,
15:45l'Israël finalement s'est lancé dans l'occupation de la Syrie.
15:50Les parties qu'ils ont occupées en Syrie
15:52dépassent largement le territoire de la bande de Gaza.
15:56Donc, aujourd'hui, la Syrie est occupée par l'Israël.
16:00L'Israël occupe la bande de Gaza, la Palestine et la Syrie.
16:06Le véritable danger, c'est l'Israël
16:08qui, avec ses actions, est mis en danger la région.
16:11Par rapport à la Syrie, on est seulement observateurs.
16:14Ce qu'on vaut, c'est l'unité, l'intégrité syrienne.
16:17C'est ça que nous défendons.
16:20Et notre espoir le plus cher, c'est que la Syrie
16:23devienne de nouveau un centre, non pas de crise, mais de stabilité.
16:27Mais Ahmed El-Chara négocie avec Israël.
16:30Il critique l'Iran.
16:31C'est devenu un acteur hostile à Téhéran.
16:34Comme pas mal d'autres personnes, ils se trompent.
16:40Merci beaucoup, monsieur le ministre,
16:42d'avoir répondu aux questions de France 24.
16:45Et merci à vous d'avoir regardé cette interview exclusive sur nos antennes.
16:50Sous-titrage Société Radio-Canada
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