00:00Espaces Durables, c'est parti. Aujourd'hui, on découvre le projet Gadez l'appli, porté par l'entreprise Prédict Service et accompagné par l'Observatoire Spatial pour le Climat, une alliance internationale qui catalyse des solutions concrètes d'adaptation au changement climatique.
00:19Alors, Alex Roumaniac, président de Prédict Service, est avec nous. Bonjour.
00:25Bonjour.
00:25Alors, vous êtes dans un lieu assez impressionnant. C'est les locaux de Prédict Service ?
00:30Oui, c'est le sémaphore, c'est la salle de Prédict Service depuis laquelle on fait le suivi de tous les événements climatiques à risque sur l'ensemble de la planète.
00:41Alors, effectivement, j'ai zoomé derrière moi sur Haïti pour parler de Gadez l'appli, mais depuis ces outils, on observe ce qui se passe sur l'ensemble du globe.
00:52Alors, vous l'avez dit, prévenir les événements climatiques extrêmes, comme par exemple les inondations, c'est ce que vous avez mis au point,
00:59avec ce projet Gadez l'appli et ce terrain d'expérimentation que vous avez cité, c'est Haïti.
01:05C'était le début de l'histoire du projet. Racontez-nous un petit peu.
01:10Oui, on le sait malheureusement.
01:13Il y a encore ces derniers jours, Haïti est fréquemment touchée par des épisodes extrêmes lorsque les cyclones passent à portée de l'île.
01:22Et ce territoire qui est très vulnérable connaît régulièrement des conséquences très graves d'inondations torrentielles qui touchent les différentes communes du pays.
01:37Et c'est pour cela que depuis, à l'issue d'un projet que l'on a mené, qui a démarré avant le séisme de 2010,
01:48on a travaillé avec les autorités haïtiennes, la protection civile, pour essayer d'imaginer des solutions.
01:54Et puis récemment, effectivement, avec le CNES et le projet du SCO, on a imaginé de développer un outil, une plateforme Gadez l'appli
02:05pour utiliser les données du spatial dans l'anticipation des risques extrêmes
02:10et permettre aux autorités de mettre en sécurité les populations avant que les événements touchent les territoires.
02:17Comment ça fonctionne concrètement ?
02:18Vous recevez ces données satellites que vous avez appris à modéliser pour prédire le plus tôt possible en événements extrêmes ?
02:27Oui, c'est tout à fait ça.
02:29En fait, aujourd'hui, l'intérêt du spatial, c'est de pouvoir récupérer de la donnée sur l'ensemble du globe.
02:36Et notamment dans le cadre d'un projet avec l'Agence spatiale européenne,
02:39on a mis en place un produit qui s'appelle Cosparine,
02:43qui estime les précipitations 4 km par 4 km sur l'ensemble du globe toutes les demi-heures.
02:49Et ce produit nous permet, en le mettant sur des modèles numériques de terrain en trois dimensions,
02:54comme on l'a vu, de pouvoir anticiper les bassins versants sur lesquels il peut y avoir des inondations
03:00et du coup les villes sur lesquelles il va y avoir des conséquences,
03:03et activer des plans d'action.
03:04C'est toute la base de ce qu'on appelle l'alerte précoce.
03:07Et on a développé toute cette plateforme et on l'a mis à disposition des services haïtiens,
03:12que ce soit les services d'hydrométéorologie, les services de la protection civile,
03:16les services de la cartographie.
03:18Et à tout événement, en fait, on va anticiper les messages pour leur dire,
03:23attention, il y a un cyclone qui s'approche, il y a des fortes pluies qui vont arriver,
03:26c'est plutôt tel secteur qui va être impacté,
03:29de manière à ce que les protections civiles mettent en place
03:32toutes les actions de mise en sécurité des populations sur le terrain.
03:36Et une demi-heure pour ça, c'est suffisant ? Ça fonctionne ?
03:41Alors, les mesures se font toutes les demi-heures,
03:44et du coup, en fait, ça veut dire qu'on anticipe.
03:46C'est-à-dire que comme avec les données satellites,
03:48on voit les pluies au large dans l'océan,
03:53on peut anticiper leur venue.
03:55Par exemple, lorsque Mélissa est passée à proximité de l'île,
03:59trois jours avant, on leur dit, attention,
04:01ça va arriver plutôt sur la presqu'île du côté sud de la région des Cailles.
04:08Un jour avant, on a dit, ça se confirme.
04:11Quatre heures avant, on dit, ça y est, les pluies vont se mettre en place.
04:14Et il y a un protocole progressif qui se met en place pour faire l'alerte des populations.
04:18C'est un exemple très concret.
04:20Ça veut dire que cet outil que vous aviez développé à Haïti,
04:24aujourd'hui, il est fonctionnel et il est déjà au service des territoires,
04:27notamment en France.
04:28Oui, tout à fait.
04:30En fait, c'est tout ce qui se passe autour de l'herbe précoce.
04:35En France, on travaille avec plus de 25 000 communes françaises
04:39en enclenchant un peu tous ces mêmes processus.
04:42En France, ça s'appelle le déclenchement des plans communaux de sauvegarde.
04:45Et à l'échelle internationale, aujourd'hui, on est fortement sollicité
04:48pour transférer ce savoir-faire de salles comme ça,
04:51de méthodologie, d'utilisation des données satellites dans ces systèmes-là.
04:56Et notamment, il y a un grand projet mondial qui s'appelle Early Warning for All.
05:02Le secrétaire général des Nations Unies a fait le constat en 2022
05:06que moins d'un pays sur deux sur la planète disposait de systèmes d'alerte
05:09avec ses quatre piliers, connaître le risque, se préparer, monitorer et disséminer de l'action.
05:15Et donc, il a fixé un objectif en disant dans cinq ans, en 2027,
05:20tout citoyen du globe doit être concerné par un système d'alerte.
05:25Et c'est notamment ces avancées, ces outils qu'on a mis en place,
05:29toutes ces procédures qui sont utilisées pour aller faire de la formation,
05:33du transfert de savoir-faire au Maroc, en Tunisie, en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Comores.
05:39Et donc, on continue la démarche.
05:43Et pour Haïti, Gadé-la-Pli était un projet, un projet qui s'est terminé.
05:48Mais on continue aujourd'hui les services avec les autorités haïtiennes
05:54parce que chaque fois qu'un événement arrive,
05:56ils comptent sur tout cet ensemble pour pouvoir activer leurs actions.
06:00Ça veut dire qu'il y a aussi une bascule des projets qui peuvent être menés,
06:05au travers du SCO notamment, vers un objet commercial
06:08que vous pouvez aller vendre et proposer à tous les États,
06:12à tous les gouvernements, à tous les territoires.
06:15Oui, l'idée vraiment, c'est de disposer d'outils,
06:19de disposer de plateformes, de disposer de solutions
06:21et après de trouver les modèles économiques qui vont bien
06:25pour pouvoir continuer à porter et à faire vivre ces services dans la durée.
06:30Et c'est toute la particularité de Prédit qu'il y a aujourd'hui 20 ans
06:34et qui a su trouver en fait un modèle économique qui dépend de financements
06:38effectivement soit de collectivités, soit d'État, soit du monde de l'assurance aussi.
06:42Le monde de l'assurance intervient beaucoup dans ces sujets-là
06:46parce que lorsqu'on finance la prévention, lorsqu'on fait de l'alerte,
06:50la première des choses c'est qu'on sauve des vies,
06:53c'est vraiment notre raison d'être.
06:54Mais on peut arriver à faire diminuer les sinistres
06:56et ce modèle économique qui empêche la destruction de valeurs
07:00et qui permet de financer de la prévention,
07:03c'est quelque chose de très vertueux que l'on a mis en place.
07:06Sauver des vies, vous l'avez dit, grâce à de la donnée spatiale.
07:09Ça paraît assez impressionnant et ça ramène aussi l'usage de la donnée spatiale,
07:14de la technologie spatiale à la réalité.
07:16Et au service de l'humanité aujourd'hui,
07:20ça prouve à quel point on a besoin d'un écosystème spatial ?
07:26Oui, c'est au quotidien que dans cette salle,
07:29et comme je le disais, depuis 20 ans, on se rend compte,
07:32dans le prédict, il y a trois partenaires qui ont assisté à la création,
07:37BRL sur l'hydraulique, Météo France pour les données météo
07:40et Airbus pour le spatial.
07:41Et on se rend compte depuis 20 ans qu'effectivement,
07:43on peut apporter de la valeur ajoutée depuis le spatial
07:47sur de la vie du citoyen, sauver des vies depuis le spatial, vous l'avez dit.
07:52Et aujourd'hui, à l'échelle de la planète,
07:53avec ces enjeux énormes liés au dérèglement climatique,
07:57c'est une solution qui permet très rapidement
07:59d'avoir des solutions homogènes sur l'ensemble du globe.
08:02Et c'est extrêmement utile, c'est extrêmement valorisant,
08:05d'où l'importance de continuer à avoir cet écosystème
08:09et de continuer à innover sur ces solutions.
08:12Et d'ailleurs, ces outils de prédiction, ils servent aussi à alimenter la recherche.
08:17Vous le mettez au service peut-être de la donnée que vous arrivez à récupérer ?
08:22Dans l'écosystème haïtien, par exemple, la Gadel Appli,
08:25les universités étaient présentes.
08:27Et on a par ailleurs de très nombreux projets de R&D au sein de Prédic,
08:32parce que l'innovation fait partie vraiment de l'ADN.
08:35On doit être toujours en pointe sur ces sujets.
08:38Et on fait extrêmement souvent des travaux avec des laboratoires de recherche français, internationaux.
08:44En ce moment, on travaille à l'échelle méditerranéenne sur un projet qui s'appelle Go Beyond,
08:48avec l'Université Polytechnique de Catalogne,
08:52avec tout un tas de chercheurs italiens, grecs, portugais.
08:55Et dans cette idée, on développe une plateforme qui s'appelle Early Warning for Med pour la Méditerranée,
09:01où justement on partage tous ces savoir-faire autour de la Méditerranée,
09:05le nord, le sud, l'est, l'ouest, de la recherche, de l'opérationnalité.
09:09Et tout ça est sur la base du spatial.
09:12Merci beaucoup Alix Roumaniac, présidente de Prédic Service,
09:15d'avoir pris le temps de nous présenter ce projet Gadel Appli,
09:18et puis votre technologie de prédiction des événements météorologiques extrêmes.
09:23Merci à tous de nous avoir suivis.
09:25On se retrouve dès le mois prochain sur Bsmart pour votre émission dédiée au secteur spatial.
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